Dans les bois, la nuit....
Étrange silhouette qui se faufile à travers les branches et les fougères, n'empruntant pas les sentiers afin de ne laisser aucun trace... Sentiment étrange qui l'envahit, souvenir réminiscent d'une époque révolue ou elle était à la poursuite de sa victime...
Ode avançait vite, suivant à la fois son instinct et les quelques signes qui dénotaient une présence en ce lieu. La lune qui jouait à cache cache avec les nuages l'arrangeait.
Un bruit, quelques lueurs, des odeurs de métal à laquelle se mélange celle plus acre d'une chair roussie à peine perceptibles....Elle est sur la bonne piste...Son allure ralentit...ses pas se font velours...Écartant les branches d'un buisson, elle peut enfin apercevoir le clan...son clan devant elle.
Un grand feu brille en son milieu, des tentes autours, des chevaux qui digèrent et des hommes, des femmes et quelques enfants qui discutent et jouent.
De l'extérieur, un banal clan de gitans, pour Ode il en est tout autre.
Derrières ses visages souriant et ses rires illuminés par le rougeoiement des flammes se cache un mal profond, dissonance aigüe entre le paraitre et la réalité.
Son cur s'arrête de battre, une grande femme aux cheveux long argentés, portant "ses" griffes à la taille vient d'apparaitre dans son champ de vision....la matrice.
Le silence se fait, brisé par des hurlements terrifiés dont elle n'arrive à déterminer la source.
Devant le brasier où un corps inanimé se consume en produisant des petits grésillements , La Mère va commencer son rituel. Sa seule présence impose le respect de ses compères. Malgré sa silhouette frêle, elle dégage une puissance quasi mystique de par son attitude et son regard maléfique. Elle semble les toiser, telle une déesse impie, les regardant tour à tour.
Les hommes massifs s'inclinent et semblent en extase, transcendés par une force qu'ils ne peuvent comprendre. Elle est La Voie... D'un mouvement sec et rapide, elle fait un signe.
Les hurlements reprennent plus intenses et plus terrifiés que jamais...Deux hommes trainent par les cheveux deux silhouettes sanguinolentes tordues par la peur et la souffrance....
Une main devant sa bouche, Ode regarde horrifiée, ce rituel qu'elle ne connait que trop bien.."la Bénédiction de Khorne"....
Une autre silhouette féminine prend place à coté de La Mère portant une grande urne. Elle la dépose en s'inclinant devant celle çi et retourne chercher cinq coupes.
Ode les reconnait de loin, l'urne, la fameuse Urne remplit d'os réduits en poudre et les coupes, cranes scalpés de suppliciés aux orifices bouchés ...
Commençant son incantation, La Mère se saisit d'une poignée de poudre, la lançant dans les flammes, s'en suit un sifflement aigu provoqué par l'embrassement du feu, illuminant davantage la scène. Les regards de l'assemblée sont extatiques, a contrario des suppliciés qui sont révulsés.
Se tournant vers eux, froide comme le marbre, La mère sort de son fourreau la Lame Ecarlate, dague sacrificielle au reflet noir. Poursuivant son incantation plus fort, elle s'entaille l'avant bras gauche puis léchant son propre sang sur la lame, la brandit haut devant elle. L'assemblée commence à pousser des cris bestiaux, indescriptibles
L'odeur du sang se fait plus tenace, plus acre que jamais, la lame s'est réveillée...
Paralysés par la terreur, les deux suppliciés ont cessé de bouger, ils semblent comme envoutés par l'arme et se prosternent face à elle, réclamant son contact froid et salvateur. D'un geste fluide et rapide, La Mère égorge la première victime, la vie qui s'échappe dans d'horribles gargouillis est aussitôt recueilli dans les cranes tenus par Crystal. La dépouille à peine vidée de son sang est immédiatement trainée dans les flammes provoquant une puanteur sans nom.
Les cranes circulent dans l'assemblée, chacun se badigeonnant le visage et le corps. Les enfants sont aussi marqués.
Les yeux suppliants, le deuxième sacrifié tend son cou vers la lame dont la soif n'est pas encore apaisée. La Mère exécute à nouveau le même mouvement ample et précis et le sang recueilli est cette fois mélangé à de la poudre d'os.
A la grande horreur de Ode, ils commencent à le boire, Hommes, femmes et enfants goutant avec délectation cet odieux breuvage. Elle se retient avec peine de ne pas vomir, et détourne le regard.
Le breuvage rendant les hommes frénétiques, ils partent alors vers leur terrain de chasse....
Serrant son épée dans sa main, Ode attends le bon moment pour surgir et s'attaquer à La Mère, sa mère..