Xandrya
~ Limoges, Nuit du 17 au 18 juin 1468~
I see the look in your eyes,
I know you're thirstin' for blood
I feel it stirring inside,
But you got nothing on us
You want a war,
You don't know what you're asking for
(*)
I know you're thirstin' for blood
I feel it stirring inside,
But you got nothing on us
You want a war,
You don't know what you're asking for
(*)
~ Quand Le Mal gronde ~
- Fin d'un jour et orée d'un autre, Matines sonnaient déjà au clocher de l'église de Saint-Michel-des-Lions, adossée contre un arbre en bord de Vienne, le regard d'eau de la rouge se perdait dans les reflets lunaires miroitant sur l'onde de la rivière, songeuse autant qu'inquiète.
L'incendiaire n'était ni devin, encore moins de ces voyantes fantasques, mais elle le connaissait, et si le doute aurait pu être sien au sortir de cette boucherie qui avait eu lieu dans cette taverne au nom étrange de "Boite à Meuh", l'entrevue, si fugace soit-elle, dans le bouge de Déa confirma ses appréhensions, rien de bon ne sortirait de tout ça, pour ne pas dire le pire.
Le laconisme du grison et l'ambré de ses pupilles perdus ailleurs, sa caresse sur ce bout de chair sanguinolent portant son G, tout ceci n'offrait à comprendre qu'une foutue tempête intérieure, envers sa chose autant que l'infâme qui avait osé arracher sa marque.
Tenter de le raisonner quand elle sentait sa rage bouillir ?
Xandrya n'avait jamais été du genre suicidaire, et se mettre entre Gerceval et sa proie aurait été un très mauvais calcul.
Pourtant son impulsivité, ou peut-être bien autre chose, la poussa à lui dire de ne rien faire d'inconsidéré sous le coup de la colère. Le regard qu'il lui avait offert à cet instant et le poing se refermant sur le morceau de peau ensanglantée, avant de le voir disparaître sans un mot de plus, ne put que la faire soupirer, autant que gronder.
Plusieurs heures s'étaient écoulées, partager quotidien depuis plus d'un an permettait de savoir que les deux étaient à éviter lorsque l'ire était au rendez-vous, de l'un ou de l'autre, la solitude pour exutoire, laissant parfois cadavre dans le sillage.
Noctambule au coeur de Limoges, voilà sans doute ce que certains auraient pensés à la croiser seule à cette heure, remontant la rive pour rejoindre son appartement, mais temps était venu.
Et même si, comme chaque nuit, le sommeil ne viendrait pas, l'alcôve de la sorcière, comme il la nommait en voyant ses décoctions médicinales, verrait sa flamboyance capillaire rejoindre la couche luxueuse de sa demeure limougeaude, plus que probablement déserté par la chevelure argentée du barbu pour ce soir.
Crinière de feu enfouie sous sa capuche, le phénix avait passé la voute de pierre donnant sur la cour de son appartement, léger coup d'oeil se portant, comme en réflexe, vers le box de sa jument, indéfectible compagne de toujours.
Le paisible se dégageant de l'endroit la rassura, occultant l'étonnante présence d'une chandelle allumée, avant de gravir le quatuor de marche donnant sur le palier de son logis.
Bien des secrets renfermés icilieu, d'évènements importants joués entre eux dans cet endroit, de soins qui ne furent pas prodigués par celle qui était médecin, à un baquet dont le souvenir des remous lui tira un léger sourire. Sans omettre ce moment d'ébriété du barbu, déliant les langues d'un confidentiel dont même lui ignorait la teneur exacte, mémoire capricieuse laissant à la rouge ce secret.
Une longue inspiration fût alors prise, se remémorant ce soir là, et ce qui avait probablement scellé leur destin, alors que la dextre de la rouquine se posait pour ouvrir une porte, non close.
La main arrimée sur la poignée de porte, le corps figea sur place au spectacle se dévoilant à son regard, phalanges blanchissant à la pression exercée sur le fer de voir le carnage qui avait eu lieu ici.
Bordel...
Lâchant la porte d'entrée, le pas de la rouge se fit minutieux, alors que poignard accroché à sa hanche avait rejoint dextre, jamais trop prudente, même si l'ouragan, quelque soit son engeance, semblait hors de ces murs.
Qui ? Oui, la question lui avait effleuré l'esprit après ce qui c'était passé ce soir, supposant les deux bruns et la chose en capacité de ça, même si trouver son logis n'était pas chose aisée au demeurant.
Son labo retourné, potions, bandages, onguents éparpillés et la bassine au liquide rougi, lui firent plisser un instant les paupières. Somme toute vraisemblance quelqu'un avait pris temps de se laver si pas soigner, confirmant son idée : Lui, il ne pouvait s'agir que de lui...
Et puis...
Un simple pivotement sur elle même, les saphirs se posant sur son lit... Le léger doute persistant devint certitude... La certitude se faisant inquiétude à voir cette marque apposée au drap, ce G sanglant, bras lui en tombant presque à le regarder.
Interprétations multiples se firent en un temps si infime que s'en était effrayant, se bousculant au creux de la tête rousse, repensant à cette phrase prononcée lors de leur dernier échange, une des rares... Non... Impossible... Si leur relation avait toujours intrigué, interpellé, lui comme elle s'en amusant d'ailleurs grandement, il était tout bonnement inconcevable que le doute se soit instillé en lui, quoi que... le connaissant... rien n'était moins sûre.
Approchant de la couche à pas lents, pulpes de ses doigts vinrent effleurer le sang imprimé sur son drap, le message carmin encore humide tâchant le bout de ses phalanges, index et majeur en appréciant la viscosité, dans un léger frottement, en revenant vers son visage, azurés se perdant sur le résiné maculant ses empreintes.
Soudain les sourcils se froncèrent en réalisant un détail qui clochait : le barbu n'était pas blessé quand ils s'étaient quittés.
D'où venait le sang de ce message laissé à son attention ?
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(*)"Invincible"Ruelle
Je vois le regard dans tes yeux,
Je sais que tu as soif de sang
Je le sens vibrer à l'intérieur,
Mais tu n'as rien sur nous
Tu veux une guerre,
Tu ne sais pas ce que tu demandes