Lison_bruyere
Embrun, le 24 août 1467
Accrochée à son promontoire rocheux, Embrun se devinait. Les lueurs de l'aube teintaient d'or les arêtes rocheuses des hautes montagnes qui abritaient la ville à l'ouest. Les remparts dominaient la Durance dont le groupe suivait le cours depuis le petit bourg de Prunières. L'étape de la nuit s'était avérée bien plus longue que les précédentes et bêtes et hommes étaient harassés. Milo chouinait depuis un moment, et son père l'avait pris en selle devant lui. L'enfant fatigué mais fier d'être à cheval, s'était calmé, pour se rendormir finalement, bercé au pas de la monture dans les bras qui le soutenaient fermement. Siena boitait bas. Fanette ne s'en était pas rendue compte, calée avec sa dernière-née à l'arrière de la charrette, et Tyrraell n'avait rien dit. Il fallait bien que la jument parvienne jusqu'à la ville prochaine.
On leur indiqua la forge, tenue par un solide gaillard roux, au teint rubicond et aux mains noircies de charbon et de flammes. Il avait, dit-on une solide expérience des chevaux, qu'il prenait d'ailleurs en pension, moyennant quelque écus, dans un petit enclos qui jouxtait son échoppe. L'homme fit d'abord marcher la jument, et, une fois localisée l'atteinte, il en chercha la cause, examinant le sabot incriminé. La pince à pied eu l'effet escompté, et il se tourna d'un air entendu vers l'Africain et la fauvette, à présent inquiète pour sa bête.
- C'n'est qu'une bleime, l'pied n'est pas encore très chaud, on évit'ra trop d'mal. Dans que'ques jours, elle s'ra comme neuve.
Il déferra l'animal et entailla la tache un peu plus sombre qui s'était formée sur la sole, entre les barres et la paroi du sabot. Immédiatement, le sang se mit à couler, libérant sans aucun doute l'hématome à l'origine de la boiterie.
- L'a dû s'faire mal sur un caillou. Les ch'mins sont secs par ici.
Quelques instant plus tard, Siena, de bonne composition, tentait de se faire accepter des autres roncins du forgeron. Ils s'étaient massés autour d'elle, saluant la nouvelle venue d'oreilles couchées, de menaces auxquelles la jument ne répondait pas, pour que finalement, les tentions retombent et que chacun retourne brouter, surveillant l'intruse du coin de lil. Ses allures n'étaient toujours pas franches mais elle semblait moins souffrir. Fanette tenait son fils assis sur la barrière de bois, et les regardait, un peu inquiète. Quand Tyrraell les rejoignit, après avoir payer le forgeron. Elle lui glissa un regard résigné.
- Il va falloir que j'oublie la Provence ?
_________________
Accrochée à son promontoire rocheux, Embrun se devinait. Les lueurs de l'aube teintaient d'or les arêtes rocheuses des hautes montagnes qui abritaient la ville à l'ouest. Les remparts dominaient la Durance dont le groupe suivait le cours depuis le petit bourg de Prunières. L'étape de la nuit s'était avérée bien plus longue que les précédentes et bêtes et hommes étaient harassés. Milo chouinait depuis un moment, et son père l'avait pris en selle devant lui. L'enfant fatigué mais fier d'être à cheval, s'était calmé, pour se rendormir finalement, bercé au pas de la monture dans les bras qui le soutenaient fermement. Siena boitait bas. Fanette ne s'en était pas rendue compte, calée avec sa dernière-née à l'arrière de la charrette, et Tyrraell n'avait rien dit. Il fallait bien que la jument parvienne jusqu'à la ville prochaine.
On leur indiqua la forge, tenue par un solide gaillard roux, au teint rubicond et aux mains noircies de charbon et de flammes. Il avait, dit-on une solide expérience des chevaux, qu'il prenait d'ailleurs en pension, moyennant quelque écus, dans un petit enclos qui jouxtait son échoppe. L'homme fit d'abord marcher la jument, et, une fois localisée l'atteinte, il en chercha la cause, examinant le sabot incriminé. La pince à pied eu l'effet escompté, et il se tourna d'un air entendu vers l'Africain et la fauvette, à présent inquiète pour sa bête.
- C'n'est qu'une bleime, l'pied n'est pas encore très chaud, on évit'ra trop d'mal. Dans que'ques jours, elle s'ra comme neuve.
Il déferra l'animal et entailla la tache un peu plus sombre qui s'était formée sur la sole, entre les barres et la paroi du sabot. Immédiatement, le sang se mit à couler, libérant sans aucun doute l'hématome à l'origine de la boiterie.
- L'a dû s'faire mal sur un caillou. Les ch'mins sont secs par ici.
Quelques instant plus tard, Siena, de bonne composition, tentait de se faire accepter des autres roncins du forgeron. Ils s'étaient massés autour d'elle, saluant la nouvelle venue d'oreilles couchées, de menaces auxquelles la jument ne répondait pas, pour que finalement, les tentions retombent et que chacun retourne brouter, surveillant l'intruse du coin de lil. Ses allures n'étaient toujours pas franches mais elle semblait moins souffrir. Fanette tenait son fils assis sur la barrière de bois, et les regardait, un peu inquiète. Quand Tyrraell les rejoignit, après avoir payer le forgeron. Elle lui glissa un regard résigné.
- Il va falloir que j'oublie la Provence ?
_________________