[Montpellier, l'arrivée]
Après un petit voyage d'une semaine pour gagner le sud du royaume, le groupe était enfin arrivé à Montpellier, ville du vice paraissait-il, comme sa dernière visite remontait à plusieurs mois, voire ans maintenant, c'était l'occasion rêver de voir si la réputation de la ville sulfureuse était fondée ou s'il ne s'agissait que d'une légende urbaine comme tant d'autres choses. Étrangement cette fois la fauvette ne s'était pas plainte qu'il n'y avait pas eu de pause en route, pourtant la route était beaucoup plus difficile, plus sinueuse, plus pentue, plus tout en fait, malgré cela il ne l'avait jamais entendu se plaindre. Enfin ... se plaindre si, le contraire aurait été synonyme qu'elle était mourante, mais en tout cas elle ne s'était pas plainte de la vitesse à laquelle ils avaient parcouru toutes ces lieux pour gagner le Languedoc. Sans doute parce que quand il s'agissait de sauver son bébé elle avait oublié d'y penser, trop préoccupée à se demander si elle allait le retrouver. Par contre, quand il s'agissait du bébé des autres, là elle en avait strictement rien à foutre, elle chouinait tout ce qu'elle savait pour prier qu'on fasse une pause, qu'importait si son enfant à lui avait un problème.
S'il avait su la première fois, il l'aurait laissé attaché à sa chaise, dans la ville voisine de Nîmes où ils s'étaient rencontrés, sur le coup ça avait été un bonheur de trouver la parfaite petite victime mais aujourd'hui c'était devenu son plus grand regret, il aurait mieux fait de rester coucher ce jour là. Cruel destin. Malgré cela il avait quand même lancer à la fauvette qu'il faudrait y aller pour fêter leur un an et demi de presque amitié fraternel, au moins par un saucisonnage en mémoire du passé, mais même ça elle n'avait pas voulu. Puis ça avait commencé à s'échauffer, la trêve était terminée, elle se risquait à chercher les ennuis avec lui alors qu'elle n'avait toujours pas de nouvelles de son nabot, quelle inconsciente, non pas que l'idée de se venger lui avait échapper mais pour le coup il avait mieux à faire que de perdre son temps avec elle et son pote qui jouait les preux chevaliers en s'interposant.
Et où est ce qu'il avait mieux à faire ?
Dans la taverne où il y avait son ex-épouse ! Évidemment !
La tenue du parfait poitevin niais revêtue, il était tout prêt et disposé à aller à sa rencontre. Cela faisait plusieurs jours qu'il s'était habillé ainsi pour s'essayer à la gentillesse, bien que ça lui paraissait étrange de devoir être aimable avec tout le monde il s'y était habitué et pouvait désormais aller rattraper son erreur de deux semaines plus tôt. Pour faire simple et paraitre aussi crédible que possible dans ce nouveau lui, il entre et va directement coller sa langue contre la joue de la danoise pour la saluer à sa façon avant de prendre place face à elle, un large sourire lui donnant un air béat coller aux lèvres. Ca aurait pu paraitre ridicule, peut être même insensé, pourtant, malgré quelques illades d'incompréhension à ce soudain revirement elle joue le jeu. Ils se parlent, aussi simplement qu'ils puissent, ils se taquinent, aussi complices qu'ils l'aient toujours été, ils se font des passes de bébé, aussi responsables qu'ils soient, et tout se passe bien. S'en est presque trop louche. Pas de coups, pas de méchancetés, pas d'insultes, rien, juste quelques piques lancées pour s'assurer que c'est bien l'autre et qu'aucun d'eux n'allait mourir d'un surplus de gentillesse.
Ils discutent, de tout, de rien, se racontent leurs derniers jours, tout naturellement, sans a-priori, ils passent un agréable moment, peut être avec la crainte que ça dérape à un moment parce que c'est trop étonnant que ça se passe aussi bien alors que ça fait des mois qu'ils n'arrivent pas à finir une discussion sans que ça se termine en baston ou en envolée lyrique, mais non, même la fin se termine sur une bonne note. Pour preuve il repart même tout souriant et se donne la peine de venir lui coller une léchouille sur l'autre joue pour la saluer. Même Tartine en est restée bouche bée, c'est quand même pour dire que cette discussion était mémorable.
[Montpellier, le départ]
Le lendemain.
Il reçoit une lettre. De la veille certes, mais comme il a été faire une partie de pêche nocturne, il ne la découvre que le lendemain matin alors qu'il s'en allait à la messe du dimanche tandis qu'un petit coursier la lui livre en chemin. Rapidement il en fait la lecture. Une fois. Il secoue la tête, il rêve. Alors il recommence une deuxième fois. Toujours pas. La truite qu'il a pêché l'a ensorcelé. Il relit une troisième fois. Non mais c'est toujours écrit la même chose. Bordel ! Heureusement qu'à ce moment là il était assis sur un banc de l'église parce qu'autrement il se serait évanouit, petite nature qu'il est. Ça le tracasse, il est grillé, ou plutôt on l'a balancé. Alors il note, en gros, gras et souligné qu'il faudra vraiment qu'il fasse la peau à Fanette la grosse balance. Puis il va trainer en ville pour réfléchir, chercher l'inspiration, trouver le courage parce qu'il n'a plus le choix, il est au pied du mur, il doit jouer cartes sur table. Sur ce coup elle a géré la danoise, il n'a pas le choix, elle ne lui a pas laissé de choix, ou il avoue, ou il avoue ... Il n'y a pas d'autres issues possible. La question est ... comment avouer l'inavouable ? Les sous-entendus elle ne comprend pas, les blagues elle ne comprend pas, les dessins elle ne comprend pas non plus, il a quand même essayé de plusieurs façons avant ça mais aucune n'a été fructueuse alors ...
Alors le Zilo opte pour la méthode simple. Il introduit, il développe et il conclut.
Il mise tout sur la conclusion. Il ne pourra pas faire plus clair. Il s'abstient même le post scriptum habituel pour pas la distraire sur la fin et que sa conclusion perde de son ampleur. Il balance tout, grillé pour grillé, il y va franco, il n'a rien à perdre et au moins ça aura le mérite d'être clair pour tout le monde une bonne fois pour toute. Il plie le vélin et va rapidement trouver un coursier pour le faire parvenir à la destinataire, la connaissant elle doit être au bout de sa vie de devoir attendre autant de temps pour avoir une réponse, s'il avait été plus cruel il aurait pu la faire languir une journée de plus en faisant le mort pour qu'elle bouillonne intérieurement, seulement il n'était pas sûr de savoir si elle serait bien cuite ou s'il se brûlerait en la revoyant, alors quand certains ne jouent pas avec le feu, lui ne joue pas avec la danoise.
Sauf que la danoise est enflammée, un petit souffle et c'est le brasier. Ce soir il a rencart !
C'est pas le petit rencart montpelliérain là, non non, c'est un rendez vous galant messieurs, dames, et j'insiste sur le galant ! Svan sort carrément le grand jeu, elle va dépoussiéré sa garde robe pour dégoter des habits rouges, rouge vif pour bien représenter l'animosité de la flamme, pire même, elle ose la jupe ! Ça l'avait laissé sur le cul. La voir en jupe c'était bien la première fois que ça lui arrivait, elle qui auparavant trouvait tout un tas d'arguments pour pas en mettre se présentait aujourd'hui face à lui avec une ... Il restait stupéfait autant de l'évènement que de la voir ainsi, et le pire c'est que ce n'était pas un rêve, il avait vérifié plus tôt en allant se plonger la tête dans un baquet d'eau fraiche. Bien évidemment ce n'était pas tout, même si ça restait le plus surprenant elle n'avait omis aucun détail, les cheveux avaient été coiffé soigneusement en nattes avant d'être eux même noués à un ruban, rouge bien sûr, si les mots étaient importants, la couleur faisait tout aussi bien passer le message qui ne manqua pas de marquer le normand. Le "Wahou" avait été lâché, si elle avait eu l'intention de le surprendre, c'était très réussit, il s'attendait à tout sauf à ça. Ce rendez-vous s'annonçait dors et déjà intéressant.
Et il l'a été, bien plus qu'il ne l'espérait. En toute chasteté.
En toute chasteté vous dis-je ! Personne ne le croira et pourtant ... Les paris ont même été ouverts à cette occasion. Qui cèdera le premier à la tentation ? L'avenir nous le dira. Pourtant ils font un plan à trois quand même. Même si le troisième avis se cure le nez et fait des gazouillis avec sa bouche, il compte. C'est pas la taille qui compte dit-on. Elle a l'arme fatale. Le caca'tomique. Faut pas tester. Alors ils partent. Ailleurs. Gouter de la tortilla, danser le flamenco, porter des sombreros et surtout ... ils vont s'aimer !