Leo.nie
- ♝Rohan le 29 décembre 1467 ♝
Vous voulez jouer Arsène ? Très bien, alors pas un mot à Fanette avant ce jour-là !
Cette nuit-là, la jeune fauve ne sétait pas reconnue. Cette part dombre quavait éveillé en elle le jumeau maléfique en lacculant navait fait que sétendre telle une tornade en son noyau. Depuis, elle essayait de retrouver ce semblant de sérénité, car elle lavait bien compris, dinnocence, il ne restait plus que des lambeaux. Repliée sur elle-même et ses envies, elle avait cessée dagir égoïstement lorsque le lendemain, il était venu la rejoindre pour un entretien. Lui larrogant avait su, plus quelle, mettre de côté son ressentiment pour lui parler simplement. Cette liberté recherchée, de vestige en temple retrouvé, la lionne avait cédé. Elle lui remettait en main propre à défaut de collier et de laisse, serment de laider. Si lentreprise semblait folle, elle voulait surtout effacer cette image de monstre assoiffé de sang quelle avait entrevu à Saint-Brieuc. Elle calmerait ses ardeurs en apprenant à connaître cet homme auquel elle venait de se lier. Elle ne cherchait rien si ce nest de faire amende honorable, preuve pour une fois daltruisme.
Maintenant que la discussion avait eu lieu, quun semblant de paix profilait entre le Beaurepaire et la lionne, il lui fallait à présent dire la vérité à Fanette. Elle avait bien tenté la veille daller la voir un peu sans pour autant lui révéler la vérité, elle avait donné sa parole à lhomme de lui laisser le répit dun jour pour profiter. Malgré son caractère, elle navait rien de cruel. Elle ne voulait pas se voir comme quelquun comme Dante, elle avait même peur de finir par ne plus rien ressentir. Alors, la peur au ventre, prête à assumer ses actes, elle avait suivi Arsène jusquà lIsil où la blonde devait être en train de sactiver. Elle était soulagée de ne plus avoir à lui mentir, depuis quil avait découvert son identité, elle narrivait plus à faire semblant, comme si ce poids quelle avait revêtu était en train de se délester.
Sa parole en étendard, elle attendit que le couple se soit retrouvé et présent pour enfin se dévoiler. Larrivée dune amie de la femme lempêcha tout dabord de le faire, un peu comme si sa présence à elle, Léo nétait pas désirée, mais il fallait quelle le fasse. On pouvait lui reprocher beaucoup de choses, mais en rien dêtre lâche. Le jeune fauve ignora volontairement les regards de Fanette vers le Beaurepaire, ils discuteraient une fois quelle serait partie. Si elle ne le faisait pas maintenant, elle sen voudrait de cette faiblesse. Elle plongea ses onyx dans le regard fuyant de Fanette et lui dit dune voix quelle voulait ferme :
- Je m'appelle Léonie Isodora dé Dannan. Je tenais à vous le dire moi-même, puisque c'est moi qui ai menti.
Elle se crut même obligé de rajouter " Mais tout le monde m'appelle Léo." comme si cela allait changer quelque chose. Après cela, le silence qui régnait déjà dans la pièce fut plus lourd. Lanimale attendait une réaction, nimporte laquelle, des reproches, du dédain, du mépris, une gifle, une parole blessante, nimporte quoi, elle était prête à encaisser. Mais rien narriva, la tavernière se contentait de regarder son compagnon, le visage défait comme si la jeune fille était transparente. Léonie pouvait tout endurer, tout, non, pas lignorance. Elle haïssait la froide indifférence et cest ce quelle avait reçu de la part de la jeune mère. Cruelle erreur de jugement de la part de la fauve qui avait cru que pour une fois Fanette aurait une réaction normale. Une claque sur linstant aurait été préférable, car en une fraction de seconde, lhumeur féroce du fauve sétait réveillée. La peur et la culpabilité brûlés sur lautel de la colère. Si elle avait un regret, cest que la femme navait rien retenu de leur conversation sur le bateau, regret quelle garderait pour elle. Son regard devint froid, sa bouche repris ce pli cruel dont elle avait découvert lexistence face au châtain. Le fiel de la rage en une phrase fut lancé.
- Vous savez quoi, vous m'agacez tous les deux !
Si le Beaurepaire sadressa à elle, de son côté la fauve fixait la fauvette. La rage bouillonnante dans ses veines, elle quitta la taverne et le couple la tête haute, du mépris plein le ventre.
Et lorsquelle se rendit à son logement, lauberge municipale, elle arriva malgré la mâchoire serrée à aboyer des ordres pour préparer sa monture, car il était à présent hors de question quelle sallie à cet homme et sa poupée. Une fois dans sa chambre, elle tenta en vain de calmer sa fureur dont le mobilier fut le témoin malheureux de son effet dévastateur, car tout ce qui pouvait être lancé, défoncé déchiré, lavait été sauf le lit. Miroir, verre, table, commode, rien ne résista au fauve et sa fureur. Et ce qui avait survécu, trônait sur le lit pour y être rangé dans lattente dun départ plus quimminent. Peut-être que sur la route finirait-elle par faire évacuer sa rage en un cri, après tout, nétait-elle pas ce féroce félin dont la puissante colère devait se faire payer.
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