Valyrian
[Limoges, le 29 Janvier 1468, au soir.]
_________________
- Une douloureuse et terrible semaine venait d'abattre les dernières forces du brun, depuis deux jours déjà. Et Dôn avait su le lui faire remarquer au travers d'un pli plein d'attention et de délicatesse qui avait su ne pas laisser le grand brun indifférent. Partir. C'était ce qu'elle lui demandait. Pas pour elle, mais bien pour lui. Il avait déjà fait tout son possible, et hormis n'être qu'un soutien pour Fanette, bien que très fragile, il n'allait, selon la brune, qu'aller se détruire un peu plus encore. Il savait que ces événements l'affectaient plus qu'ils ne devraient. Par souvenirs de son fils, disparu à cause de la maladie. De sa femme, même refrain. Pour tous les sentiments qu'il éprouvait et encore un peu aujourd'hui, pour la jeune Mère. Parce qu'il prenait cette mission à cur, comme à chaque fois, et n'en dormait presque plus tant il avait cherché à soigner le Mal de l'enfant. Désormais c'était la culpabilité et les remords qui l'empêchaient de fermer lil, la nuit, quand il venait à rejoindre sa couche improvisée, et rallongée pour que son Apprentie, inquiète, et souffrante de terreurs nocturnes, puisse lui tenir compagnie. C'était un moindre mal pour lui éviter la défaillance. Le Burn Out, voilà vers quoi il courait à pas sûrs.
Ce soir là, après avoir salué Fanette, trouvé un peu de sommeil, quelques heures, puis préparé ses affaires à lueur d'une mèche, et conseillé Alisa d'en faire de même, il s'était attardé un moment, assis au bureau qui dominait leur chambre de fortune, à rédiger quelques mots, à destination de l'Amie.
Remords, regrets, tant de mauvais sentiments qui l'envahissaient. Et encore ce soir, il avait pleuré. Abattu, démoralisé, et impuissant, encore une fois. Plume tremblante, et yeux encore rouges, les mots se devaient de couler sur le papier, afin d'apaiser son cur.
Citation:
C'est avec de grands regrets que je pars. Mais il le faut. Ma présence ne vous aidera pas. Que pourrais-je vous apporter si je ne peux, comme hier au soir, tenir mes sanglots, ma déception, et que je m'écroule face à vous ? Admettons-le, tous les deux. Je ne peux plus vous aider. Et je ne l'ai jamais pu. A mon grand regret.
C'est Dôn qui m'a fait remarquer le lamentable état que je me traîne ces derniers jours. Elle me pousse à partir, pas pour elle, pas pour Alisa, mais bien pour moi. Et je crois, avec le recul, qu'elle a raison. Des jours que j'essaie de libérer votre petite de ce Mal, et des jours que j'échoue, encore et encore, lamentablement. Je suis à bout Fanette. Je n'en peux plus. Et je ne pourrais continuer de voir votre enfant souffrir comme j'ai vu le mien souffrir alors qu'il était condamné. Mais comme vous, à l'époque, j'ai refusé cette acte que l'on me proposait. Quel parent pourrait accepté de toute façon... Je vous comprends, tellement, et je vous offre tout mon soutien. Mais de loin. C'est préférable pour vous, comme pour moi.
Je vous sais également entourée. Ne le niez pas, il y a bien des personnes bienveillantes envers autour de vous. Il vous suffit d'ouvrir l'oeil, et les oreilles. Vous les verrais, tous. Et cela m'aide à prendre la route, je vous l'avoue. Car je n'ai envie de partir et de vous laisser. J'aurais aimé être ce soutien et ce pilier inébranlable... Mais il semblerait que j'en sois incapable tant la situation m'est douloureuse. Un parallèle avec Lucas. Et certainement que de vous avoir vue porter cette petite, et l'avoir rencontrée pas plus grande que l'avant-bras m'a aidé à imaginer limpensable.
Vous souvenez-vous de notre rencontre ? Lorsque je vous affirmais être capable d'aimer une femme déjà mère. Je ne mentais pas. Et je pensais, à ce moment là, à vous. Aujourd'hui, voyez, j'ai réussi à m'ouvrir, enfin m'ouvrir... Les choses se sont faites sans que je ne comprenne réellement... A Dana. Et pourtant, elle a porté cinq fois la vie.
Tout ça pour vous dire que... Qu'il faut croire que mon esprit vous a liées, vous et Stella, à moi, inconsciemment. Certainement que je l'ai vu comme une petite que j'aurais pu, et du, aimer comme ma propre fille. Peut-être oui. Et je suis certain que cela aurait été possible, si la vie avait permis à nos routes de se croiser à de meilleurs moments. Mais la vie étant ce qu'elle est, nous en sommes là, aujourd'hui, vous et moi. Amis. Vous pouvez compter sur moi, et je suis persuadé que l'avis est réciproque.
Je suis venu en ami de Touraine, dans la précipitation, ne prévenant ma Dame et mes confrères que d'un mot lancé au hasard, laissé sur un bureau, comme celui-ci, mais n'ayant de noirci qu'une ou deux lignes. L'Hospice, mes obligations... Je n'en ai eu que faire lorsque j'ai reçu votre mot. J'ai su où était ma place. A vos côtés, car je m'inquiétais. Et bien que je n'ai rien pu faire, incompétent que je suis, j'étais là, j'ai essayé. Et comme je vous l'ai déjà écrit, j'aurais aimé pouvoir faire plus, beaucoup plus. Mais pour ça, j'ai bien une petite idée. Et je vous prierais de ne pas rechigner à ce geste. Embauchez quelqu'un pour prendre du repos. D'Ami à Amie, ou plus... D'un homme à une femme qu'il aime. A aimé. Et aimera encore. Vous aurez toujours cette petite place dans mon cur, quoiqu'il se passe à l'avenir.
Je sais bien que ce pli est décousu au plus haut point mais... Mon esprit est trop embrouillé pour pouvoir vous servir de belles lignes. J'ose espérer que vous me pardonnerez pour ça, et pour mon départ. J'aurais au moins pu vous embrasser avant mon départ.
Et je profite de ces dernières lignes pour vous faire une promesse. La prochaine fois que nous nous verrons, ce sera dans un cadre plus joyeux, et je vous ferais danser, comme à l'époque. Nous parlerons de choses plus joyeuses, sans évidemment oublier ce passif vécu l'un à côté de l'autre.
N'hésitez pas à m'écrire. A Tours ou à Vendôme. Mon courrier me sera remis depuis là-bas. Où que j'aille. Alors faites le. Par pitié.
Et n'hésitez pas non plus à venir, ma porte vous est grande ouverte, à vous, et à votre famille.
Je m'en vais retourner prier les étoiles pour Stella.
Je vous embrasse, tendrement, et avec toute l'affection que je vous porte.
Prenez soin de vous Fanette. Et pardonnez moi, encore...
Votre Ami.
Valyrian.
PS : Vous trouverez des écus, pour vous, Milo et Stella. Ne rechignez pas. Et une écharpe, la mienne, pour vous tenir compagnie les prochains jours, et y sécher vos larmes. Je n'aime pas vous voir pleurer, je vous préfère votre beau sourire, celui qui vient à illuminer votre petit minois si charmant.
- Fanette.
Ma tendre et chère, très chère Amie.
C'est avec de grands regrets que je pars. Mais il le faut. Ma présence ne vous aidera pas. Que pourrais-je vous apporter si je ne peux, comme hier au soir, tenir mes sanglots, ma déception, et que je m'écroule face à vous ? Admettons-le, tous les deux. Je ne peux plus vous aider. Et je ne l'ai jamais pu. A mon grand regret.
C'est Dôn qui m'a fait remarquer le lamentable état que je me traîne ces derniers jours. Elle me pousse à partir, pas pour elle, pas pour Alisa, mais bien pour moi. Et je crois, avec le recul, qu'elle a raison. Des jours que j'essaie de libérer votre petite de ce Mal, et des jours que j'échoue, encore et encore, lamentablement. Je suis à bout Fanette. Je n'en peux plus. Et je ne pourrais continuer de voir votre enfant souffrir comme j'ai vu le mien souffrir alors qu'il était condamné. Mais comme vous, à l'époque, j'ai refusé cette acte que l'on me proposait. Quel parent pourrait accepté de toute façon... Je vous comprends, tellement, et je vous offre tout mon soutien. Mais de loin. C'est préférable pour vous, comme pour moi.
Je vous sais également entourée. Ne le niez pas, il y a bien des personnes bienveillantes envers autour de vous. Il vous suffit d'ouvrir l'oeil, et les oreilles. Vous les verrais, tous. Et cela m'aide à prendre la route, je vous l'avoue. Car je n'ai envie de partir et de vous laisser. J'aurais aimé être ce soutien et ce pilier inébranlable... Mais il semblerait que j'en sois incapable tant la situation m'est douloureuse. Un parallèle avec Lucas. Et certainement que de vous avoir vue porter cette petite, et l'avoir rencontrée pas plus grande que l'avant-bras m'a aidé à imaginer limpensable.
Vous souvenez-vous de notre rencontre ? Lorsque je vous affirmais être capable d'aimer une femme déjà mère. Je ne mentais pas. Et je pensais, à ce moment là, à vous. Aujourd'hui, voyez, j'ai réussi à m'ouvrir, enfin m'ouvrir... Les choses se sont faites sans que je ne comprenne réellement... A Dana. Et pourtant, elle a porté cinq fois la vie.
Tout ça pour vous dire que... Qu'il faut croire que mon esprit vous a liées, vous et Stella, à moi, inconsciemment. Certainement que je l'ai vu comme une petite que j'aurais pu, et du, aimer comme ma propre fille. Peut-être oui. Et je suis certain que cela aurait été possible, si la vie avait permis à nos routes de se croiser à de meilleurs moments. Mais la vie étant ce qu'elle est, nous en sommes là, aujourd'hui, vous et moi. Amis. Vous pouvez compter sur moi, et je suis persuadé que l'avis est réciproque.
Je suis venu en ami de Touraine, dans la précipitation, ne prévenant ma Dame et mes confrères que d'un mot lancé au hasard, laissé sur un bureau, comme celui-ci, mais n'ayant de noirci qu'une ou deux lignes. L'Hospice, mes obligations... Je n'en ai eu que faire lorsque j'ai reçu votre mot. J'ai su où était ma place. A vos côtés, car je m'inquiétais. Et bien que je n'ai rien pu faire, incompétent que je suis, j'étais là, j'ai essayé. Et comme je vous l'ai déjà écrit, j'aurais aimé pouvoir faire plus, beaucoup plus. Mais pour ça, j'ai bien une petite idée. Et je vous prierais de ne pas rechigner à ce geste. Embauchez quelqu'un pour prendre du repos. D'Ami à Amie, ou plus... D'un homme à une femme qu'il aime. A aimé. Et aimera encore. Vous aurez toujours cette petite place dans mon cur, quoiqu'il se passe à l'avenir.
Je sais bien que ce pli est décousu au plus haut point mais... Mon esprit est trop embrouillé pour pouvoir vous servir de belles lignes. J'ose espérer que vous me pardonnerez pour ça, et pour mon départ. J'aurais au moins pu vous embrasser avant mon départ.
Et je profite de ces dernières lignes pour vous faire une promesse. La prochaine fois que nous nous verrons, ce sera dans un cadre plus joyeux, et je vous ferais danser, comme à l'époque. Nous parlerons de choses plus joyeuses, sans évidemment oublier ce passif vécu l'un à côté de l'autre.
N'hésitez pas à m'écrire. A Tours ou à Vendôme. Mon courrier me sera remis depuis là-bas. Où que j'aille. Alors faites le. Par pitié.
Et n'hésitez pas non plus à venir, ma porte vous est grande ouverte, à vous, et à votre famille.
Je m'en vais retourner prier les étoiles pour Stella.
Je vous embrasse, tendrement, et avec toute l'affection que je vous porte.
Prenez soin de vous Fanette. Et pardonnez moi, encore...
Votre Ami.
Valyrian.
PS : Vous trouverez des écus, pour vous, Milo et Stella. Ne rechignez pas. Et une écharpe, la mienne, pour vous tenir compagnie les prochains jours, et y sécher vos larmes. Je n'aime pas vous voir pleurer, je vous préfère votre beau sourire, celui qui vient à illuminer votre petit minois si charmant.
Le parchemin n'est pas plié, et laissé bien ouvert au centre du bureau, à vue si elle venait à s'approcher. Sa plume est déposée sur un coin, souvenir de son passage, cadeau à la Fauvette. Le brun laisse à côté du papier une bourse, 300 écus, comme indiqué dans son pli. Il ne connaissait que tristement la finalité de l'événement. Elle en aura besoin. Qu'elle puisse payer une mise en terre à sa fille, convenable. N'importe qui ou presque accepterait de creuser un trou et de consacrer la terre en échange d'une généreuse poignée d'écus.
Le temps de laisser échapper un soupir ampli de tristesse, après les nombreux sanglots qui ont menacé de lui échapper et de venir tâcher le papier, et d'échanger un regard avec sa Disciple et voilà qu'ils quittaient les lieux, sans bruit, dans le noir, pour prendre la route retour vers Vendôme...
_________________