Lison_bruyere
Ce jourd'hui, Fanette avait dix sept ans. Enfin, possiblement, car, si le douze mai avait depuis longtemps été retenu, la date exacte restait incertaine, et même son oncle ne savait être plus précis. Un azur sans nuage s'était levé sur la cité bourguignonne, promettant quelques heures agréables à flâner au bord de l'eau, d'autant que le sieur Kelmet avait précisé à la jeune fille que cette journée était pour elle et qu'il ne saurait exiger qu'elle la passe à travailler derrière le comptoir de son auberge.
Fanette, l'âme légère et le sourire aux lèvres, comptait donc bien profiter du chant des oiseaux, et du clapotis des eaux du lac. Sauf que, rien ne se passe jamais comme on le prévoit, et un courrier de la brune en quelques instants, avait suffit à couvrir ses frêles épaules d'une chape de plomb qui l'avait clouée sur place. Celle qu'elle aimait comme une sur avait besoin d'elle, et la jeune fille aurait tant voulu l'assurer de son soutien, faire route dans l'instant vers la Normandie, mais elle était terrifiée à l'idée de croiser encore celui dont la danoise était éprise. Elle ne pouvait ignorer la mise en garde du mercenaire qui avait promis de la tuer quand il recroiserait sa route. Elle avait passé quelques heures, désemparée, à tourner et retourner la lettre dans ses mains, avant d'y apporter réponse, espérant que ses mots suffiraient à apaiser son amie.
Ses tristes pensées s'étaient égarées, par delà les murs de la cité, cherchant quelques raisons de sourire encore. Presque instinctivement, ses doigts glissaient sur le parchemin roulé dans sa besace, celui d'un danseur italien qui faisait route vers Nevers. C'était une imprudence peut-être, mais lirrépressible envie de partir s'imposa soudain comme une ultime solution pour laisser derrière elle ses chagrins et ses inquiétudes. Et si elle allait demain retrouver ce presque inconnu, regagner l'insouciance d'un soir en glissant de nouveau dans son regard de lichen ?
Roman,
Je ne sais si je dois me réjouir de ne plus vous savoir au service de Dame Isaure. Je regrette que votre réputation ait à souffrir de cette tâche que vous n'avez pas assurée ainsi que vous l'auriez voulu. Et pourtant, j'ai honte à vous l'avouer, mais égoïstement, je me plais à croire que vous pourrez à présent disposer de votre temps comme vous le voulez.
Roman, j'ai bien étudié ma carte, et je crois savoir à vos indications, par où vous passerez. A quelques lieues de Bourges, les bois s'ouvrent sur une large clairière. Vous la reconnaîtrez car en son centre s'élève un grand frêne qui doit bien faire plus de trente cinq toises de haut, et à ses pieds, chante un ruisseau. Je connais cet endroit car c'est là que j'ai dis au revoir à Yohanna et à son fils il y a quelques jours, quand Nevers devenait dangereux pour lui. J'ai tenu à les accompagner un bout de chemin, au nom de l'amitié qui nous lie. Je sais que je peux l'atteindre en quelques heures de marche, et si vous vouliez, je pourrais me mettre en route dès ce soir, pour vous y retrouver demain. J'ai souvent voyagé sans escorte Roman. A la faveur de la nuit, il est aisé de se dissimuler, je l'ai déjà fait, et j'ai ainsi toujours évité les mauvaises rencontres à chaque fois que j'étais seule sur la route.
Acceptez Roman, vous n'avez qu'un mot à dire et vous me trouverez sur votre chemin dès demain.
Je pense à vous.
Fanette
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Fanette, l'âme légère et le sourire aux lèvres, comptait donc bien profiter du chant des oiseaux, et du clapotis des eaux du lac. Sauf que, rien ne se passe jamais comme on le prévoit, et un courrier de la brune en quelques instants, avait suffit à couvrir ses frêles épaules d'une chape de plomb qui l'avait clouée sur place. Celle qu'elle aimait comme une sur avait besoin d'elle, et la jeune fille aurait tant voulu l'assurer de son soutien, faire route dans l'instant vers la Normandie, mais elle était terrifiée à l'idée de croiser encore celui dont la danoise était éprise. Elle ne pouvait ignorer la mise en garde du mercenaire qui avait promis de la tuer quand il recroiserait sa route. Elle avait passé quelques heures, désemparée, à tourner et retourner la lettre dans ses mains, avant d'y apporter réponse, espérant que ses mots suffiraient à apaiser son amie.
Ses tristes pensées s'étaient égarées, par delà les murs de la cité, cherchant quelques raisons de sourire encore. Presque instinctivement, ses doigts glissaient sur le parchemin roulé dans sa besace, celui d'un danseur italien qui faisait route vers Nevers. C'était une imprudence peut-être, mais lirrépressible envie de partir s'imposa soudain comme une ultime solution pour laisser derrière elle ses chagrins et ses inquiétudes. Et si elle allait demain retrouver ce presque inconnu, regagner l'insouciance d'un soir en glissant de nouveau dans son regard de lichen ?
Roman,
Je ne sais si je dois me réjouir de ne plus vous savoir au service de Dame Isaure. Je regrette que votre réputation ait à souffrir de cette tâche que vous n'avez pas assurée ainsi que vous l'auriez voulu. Et pourtant, j'ai honte à vous l'avouer, mais égoïstement, je me plais à croire que vous pourrez à présent disposer de votre temps comme vous le voulez.
Roman, j'ai bien étudié ma carte, et je crois savoir à vos indications, par où vous passerez. A quelques lieues de Bourges, les bois s'ouvrent sur une large clairière. Vous la reconnaîtrez car en son centre s'élève un grand frêne qui doit bien faire plus de trente cinq toises de haut, et à ses pieds, chante un ruisseau. Je connais cet endroit car c'est là que j'ai dis au revoir à Yohanna et à son fils il y a quelques jours, quand Nevers devenait dangereux pour lui. J'ai tenu à les accompagner un bout de chemin, au nom de l'amitié qui nous lie. Je sais que je peux l'atteindre en quelques heures de marche, et si vous vouliez, je pourrais me mettre en route dès ce soir, pour vous y retrouver demain. J'ai souvent voyagé sans escorte Roman. A la faveur de la nuit, il est aisé de se dissimuler, je l'ai déjà fait, et j'ai ainsi toujours évité les mauvaises rencontres à chaque fois que j'étais seule sur la route.
Acceptez Roman, vous n'avez qu'un mot à dire et vous me trouverez sur votre chemin dès demain.
Je pense à vous.
Fanette
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