Jo_anne
L'aveugle belle-mère était là. Assise pas bien loin des autres demoiselles... La journée avait été longue, la nuit tout autant. Et Joanne ne pouvait s'empêcher de bavasser, et de dire des idioties. Il fallait bien détendre l'atmosphère. La matrone avait dit ! Aussi racontait-elle des vieilles histoires drôles pour essayer d'occuper les pensées fauvettes et svanettes. Elle avait remarqué, la vieille, que les deux jeunettes n'en menaient pas bien larges. L'avantage d'être aveugle, c'est qu'elle ne voyait pas la pâleur de deux jeunes femmes, la grosseur du ventre, l'étroitesse des hanches, la quantité de sang, ... Bien sûr elle sentait certaines choses, elle entendait les gémissements. Mais la faculté d'occulter les mauvais détails est parfois aidante.
Bref, Joanne racontait la fois où, après avoir manger des champignons et picoler, elle et deux de ses amies avaient fini nue dans la mer en fin d'hiver, et s'étaient faites martyriser par des méduses... Elle racontait la fois où avec une amie, elles avaient passé une journée à tenter de vendre fort cher une touffe de cheveux arraché à un type brigandé sur la route, en prétextant qu'il s'agissait d'une relique d'un saint. Elle raconta bien d'autres anecdotes, toutes plus stupides et honteuses les unes que les autres - il faut dire qu'elle en avait vécu des tas... Et que, vu le stress des participantes, celles-ci ne se souviendraient probablement de rien. Parfois elle tendait une carotte crue, ou une pomme à Fanette pour qu'elle croque dedans, mélange de bienveillance - il fallait qu'elle garde des forces - et de taquineries - en comparaison à la mise bas d'une jument.
Tout en racontant des âneries, Joanne songeait à ses propres accouchements... Roman était venu facilement... Eleus ce fut une autre histoire. Mais une belle histoire. Elle avait fini par délaisser le souvenir des douleurs, de l'attente, de la solitude de ces accouchements pour garder en mémoire le soulagement à la fin du travail, le bonheur de serrer son fils dans ses bras, et le repos bien mérité, la satisfaction d'avoir fait ce qu'il fallait, et cet sensation de se sentir enfin complète, entière... Un enfant change une vie... Elle songea alors à Roman, surement mort d'inquiétude dans la pièce voisine et regretta quelques secondes qu'Am' n'ait pu être présent à ce point pour elle... Autre époque, autre vie, autres obligations, sentiments, nécessités. Elle songea à son amant, et à l'inquiétude qui l'étreignait et dont il lui avait fait part quelques jours plus tôt... Si l'enfant ou Fanette mourrait, Roman ne s'en remettrait pas... Pauvre fils qui partageait avec sa mère la douleur de deux bébés morts bien trop tôt...
Aussi, à l'annonce de l'arrivée du bébé, l'Italienne se tut, se rapprocha de Fanette pour lui offrir une autre main à serrer, griffer, planter, afin de l'aider à pousser au mieux. Elle libéra sa main ensuite, laissant les deux amies entre elle, songeant à ses fils, et attendant anxieusement quelques minutes les pleurs du petit fils tant attendu. Qui finirent par se faire entendre. Rassurée, Joanne pousse un léger soupir, avant d'aller aider son fils à secourir la douce Fanette. Elle se rapprocha donc du lit pour tenir les jambes de sa belle fille écartées. Chaque paume posée sur une jambe de la nouvelle maman, et elle patiente, silencieuse. Elle se remémore ses paroles des derniers jours pour tenter de s'en convaincre maintenant : "Tout se passera bien, tout ira bien". Une fois le travail terminé, la jeune grand-mère dépose un baiser sur la tempe de son fils aîné, avant d'aller tapoter avec douceur le dos de Svan, qui doit être aussi épuisée que Fanette. Elle s'approche d'Aliénor, lui demandant le sexe de l'enfant, qu'elle ignorait encore alors. Tant qu'il était vivant, peu importait... Puis, elle s'éloigne à pas lents, suivant sa canne, pour aller leur chercher à tous à boire, et à manger pour les jeunes parents quand Fanette reviendra à elle. Car elle reviendra à elle. Joanne ne peut l'imaginer autrement.
Les jeunes parents auront besoin de repos, et de tranquillité. Elle ferait de son mieux pour qu'il n'ait plus qu'à profiter un peu de ce temps en trio... Et elle irait prévenir Amalio des évènements de base... Le bébé allait bien. Roman irait bien... Et Fanette... devait se reposer.... Tout cet effort, ce sang perdu... Elle devait dormir. En serrant son fils dans ses bras pour retrouver juste l'énergie nécessaire à la survie.
Bref, Joanne racontait la fois où, après avoir manger des champignons et picoler, elle et deux de ses amies avaient fini nue dans la mer en fin d'hiver, et s'étaient faites martyriser par des méduses... Elle racontait la fois où avec une amie, elles avaient passé une journée à tenter de vendre fort cher une touffe de cheveux arraché à un type brigandé sur la route, en prétextant qu'il s'agissait d'une relique d'un saint. Elle raconta bien d'autres anecdotes, toutes plus stupides et honteuses les unes que les autres - il faut dire qu'elle en avait vécu des tas... Et que, vu le stress des participantes, celles-ci ne se souviendraient probablement de rien. Parfois elle tendait une carotte crue, ou une pomme à Fanette pour qu'elle croque dedans, mélange de bienveillance - il fallait qu'elle garde des forces - et de taquineries - en comparaison à la mise bas d'une jument.
Tout en racontant des âneries, Joanne songeait à ses propres accouchements... Roman était venu facilement... Eleus ce fut une autre histoire. Mais une belle histoire. Elle avait fini par délaisser le souvenir des douleurs, de l'attente, de la solitude de ces accouchements pour garder en mémoire le soulagement à la fin du travail, le bonheur de serrer son fils dans ses bras, et le repos bien mérité, la satisfaction d'avoir fait ce qu'il fallait, et cet sensation de se sentir enfin complète, entière... Un enfant change une vie... Elle songea alors à Roman, surement mort d'inquiétude dans la pièce voisine et regretta quelques secondes qu'Am' n'ait pu être présent à ce point pour elle... Autre époque, autre vie, autres obligations, sentiments, nécessités. Elle songea à son amant, et à l'inquiétude qui l'étreignait et dont il lui avait fait part quelques jours plus tôt... Si l'enfant ou Fanette mourrait, Roman ne s'en remettrait pas... Pauvre fils qui partageait avec sa mère la douleur de deux bébés morts bien trop tôt...
Aussi, à l'annonce de l'arrivée du bébé, l'Italienne se tut, se rapprocha de Fanette pour lui offrir une autre main à serrer, griffer, planter, afin de l'aider à pousser au mieux. Elle libéra sa main ensuite, laissant les deux amies entre elle, songeant à ses fils, et attendant anxieusement quelques minutes les pleurs du petit fils tant attendu. Qui finirent par se faire entendre. Rassurée, Joanne pousse un léger soupir, avant d'aller aider son fils à secourir la douce Fanette. Elle se rapprocha donc du lit pour tenir les jambes de sa belle fille écartées. Chaque paume posée sur une jambe de la nouvelle maman, et elle patiente, silencieuse. Elle se remémore ses paroles des derniers jours pour tenter de s'en convaincre maintenant : "Tout se passera bien, tout ira bien". Une fois le travail terminé, la jeune grand-mère dépose un baiser sur la tempe de son fils aîné, avant d'aller tapoter avec douceur le dos de Svan, qui doit être aussi épuisée que Fanette. Elle s'approche d'Aliénor, lui demandant le sexe de l'enfant, qu'elle ignorait encore alors. Tant qu'il était vivant, peu importait... Puis, elle s'éloigne à pas lents, suivant sa canne, pour aller leur chercher à tous à boire, et à manger pour les jeunes parents quand Fanette reviendra à elle. Car elle reviendra à elle. Joanne ne peut l'imaginer autrement.
Les jeunes parents auront besoin de repos, et de tranquillité. Elle ferait de son mieux pour qu'il n'ait plus qu'à profiter un peu de ce temps en trio... Et elle irait prévenir Amalio des évènements de base... Le bébé allait bien. Roman irait bien... Et Fanette... devait se reposer.... Tout cet effort, ce sang perdu... Elle devait dormir. En serrant son fils dans ses bras pour retrouver juste l'énergie nécessaire à la survie.