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Info:
Changement d'identité pour une fauvette et son fils, 1468

RP [Brouillard]

Milo_amalio
L'heure n'est plus aux projets, regrets passés oubliés rêves et délires
La route est là, ton pas claque pour de vrai pour ne plus revenir
(JJ Goldman – Brouillard)

    Nîmes, 5 juin 1468

Milo tisse des liens avec ses compagnons de route. Il a réclamé quelquefois Oliver quand il est parti, mais Fitz, très souvent a pris la relève, suppléant la figure masculine que l'enfançon semble rechercher. Encore ce jourd'hui, son visage s'éclaire d'un large sourire quand il le voit apparaître, et il court sans crainte au-devant de lui, pour jouer ou se faire câliner. Sa mère n'ose rien dire, le sachant bien à l'abri du danger, et refusant de s'expliquer sur un fait qu'elle veut occulter.
Milo est encore en phase d'observation avec Eirik, fraîchement arrivé quand la fauvette a mandé son conseil pour aider la jeune fille qu'elle a prise sous son aile depuis Limoges. Elle espère que le grand blond saurait lui rendre le Nord. Son fils le toise encore parfois d'un regard méfiant mais, doucement, le géant barbu, par une délicatesse qui contraste avec la rudesse de sa voix et de ses manières, l'apprivoise. Milo s'est étonné de découvrir à quel point sa figurine de bois est la copie conforme du chien-ours du Nordique. Il ignore que c'est Eirik qui l'avait taillé, plus tôt dans l'hiver, quand il ramenait sa mère auprès de lui.
L'enfant porte peu de cas à Terrence, mais davantage à sa fille Myrrha. Il retrouvait auprès du bébé, les gestes tendrement maladroits qu'il avait avec sa sœur. Malheureusement, depuis l'entrée en Languedoc, la petite fille souffre d'un mal inconnu qui a contraint son père à s'éloigner un temps du groupe.

Enfin il y a Val, cette jeune fille qui n'est plus une enfant, ni tout à fait une adulte. Longue et fine comme une liane, elle est déjà aussi haute que bien des hommes. Milo l'adore. Elle sait prendre part à ses rires, se plonger dans ses jeux et l'emmener dans des univers dont il est le héros. Elle connaît tous les bons coins à framboises ou à mûres et souvent, elle le ramène à sa mère, la bouche barbouillée et les vêtements souillés de carmin. Fanette grommelle pour la forme, mais au fond, elle est heureuse. Milo grandit à vue d’œil et il semble chaque jour faire de nouveaux progrès. Une fois sa méfiance endormie, il est un enfant rieur et insouciant.

Cette nuit, quand il dormira profondément, sa mère viendra sans bruit le soulever, emballé dans une couverture. Il percevra quelque bruit étouffé, des voix qui chuchotent puis, se rendormira, blotti contre elle, bercé par les cahots de l'attelage, pour un nouveau village. Qu'importe, tant que les visages familiers et rassurants sont là autour de lui, le monde peut bien rouler sous ses pieds, et les collines céder place à la mer, il y a toujours des aventures à vivre quand on a deux ans et qu'on est aimé.
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Lison_bruyere
Quand Milo s'était réveillé de sa sieste, Val prit le relais et l'enfant ne s'était pas fait prier pour la suivre. Fanette avait retenu le chien par le collier pour les empêcher de les suivre.

– Non Huan, toi, tu viens avec moi.

Elle avait réglé au matin les détails concernant sa jument. Siena était un joli palefroi aux attaches solides et à la belle robe bai cerise. Elle toisait au garrot cinq pieds et trois pouces*, et, si Fanette comptait bien, elle avait pris huit ans au printemps. Elle se souvenait encore du fracas des sabots martelant le sol, et de l'air canaille de l'Italien quand il lui avait annoncé que sa nouvelle monture l'attendait devant l'auberge du sanglier farci. Elle n'était encore qu'une pucelle insouciante, tombée amoureuse d'un loup bien trop dangereux pour elle. La vie s'était chargée de lui apprendre depuis, mais elle s'était toujours débrouillée pour garder la jument. Elle n'était pas vraiment bonne cavalière mais l'animal, doux malgré ses jeunes années, s'était montré un professeur patient. Montée tant qu'attelée, elle savait faire preuve d'écoute et de docilité. Il y a quelques semaines encore, quand elle voyait son fils disparaître sous une brassée de foin pour nourrir Siena qui semblait faire attention à ses pas pour ne pas bousculer l'enfant, elle l'imaginait dans quelques années, apprenant à devenir cavalier sur le dos de la jolie baie.

Fanette soupira en tapotant la tête du dogue, se chargea d'un caillou un peu spécial et sortit, le chien sur ses talons. Elle ignorait dans quelle maison logeait Taurin quand il séjournait à Nîmes, alors, elle prit la direction de la maison d'Herminna. Elle avait souvent fait ce chemin quand elle était plus jeune. La chaumière de la Nîmoise était bâtie tout près de celle de son oncle. Peut-être est-ce cette proximité, qui, à la mort de son épouse, avait contribué à rapprocher Dalerand de sa voisine. La charmante brune n'était pas encore rentrée chez elle. La jeune femme déposa son caillou au pied de la marche et s'y installa. Huan s'allongea tout près d'elle, posant comme à son habitude sa lourde tête sur les jambes de sa maîtresse. Elle esquissa un maigre sourire en caressant l'animal. Elle s'y était attachée, tout autant qu'à Siena, depuis que Yohanna lui avait demandé, comme un service de garder pour elle ce jeune chien dans l'âge ingrat. Deux ans et demi plus tard, l'animal à l'arrière-main plus haute que l'avant, mal soudé, et aux allures décousues était devenu un dogue de forte race, à la belle robe gris plomb, et à la musculature harmonieuse roulant avec grâce sous son poil luisant. Mais de ses fortes mâchoires, il n'avait pas compris l'usage. Ce chien aimait tout le monde, animaux, hommes, femmes, avec une préférence marquée pour les enfants. Jamais Fanette ne l'avait entendu grogner, même lorsqu'elle s'était retrouvé en mauvaise posture, Huan n'avait jamais fait preuve du moindre instinct de protection. Malgré tout, ce qu'elle s'apprêtait à faire lui crevait le cœur, et, baissant ses yeux sur l'animal qui s'abandonnait à ses caresses, quelques larmes roulèrent à ses joues.



* 1m60

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Vahllala
“Il n’est pas nécessaire de parler quand on a un regard qui en dit long.”


Et son regard à elle, peut percer l'âme des menteurs. ceux qui parlent, ceux qui ne se méfient pas de dévoiler leurs secrets en taverne devant une enfant. Elle en perçoit des mensonges, énormément. De la manipulation aussi. mais face à ses yeux de feuilles de menthe, soulignées par du kholl, elle s'infiltre dans la pupille de son interlocuteur. Et cet après midi là, il était question de vouloir, de souhaiter une mort! La jeune connait la mort, elle se souvient de son goût de fer, de son odeur putride. A 13 ans, on ne devrait pas connaitre ces choses de la vie.

Ainsi quand ces voyageurs, bien agréable ma fois discute, c'est naturellement que la petite s’immisce dans la conversation. Cela lui change de l’accueil très froid, malpolie et voir humiliant de la famille Malemor de Limoges. Plus hautain, pète cul qu'eux, tu meurs. Une ville à fuir. Mais ici, à la Trémouille, cette princesse change des autres. Elle soigne un homme à terre qui gémit et maudis une femme. Fanette. Il parait qu'elle est folle, qu'elle a changé et.... qu'elle serait mieux morte. Toute l'assemblée clame cette bonne résolution, se venger. Lui ne prodigue t'il pas la mort? Il la donne mais ne supporte pas une baston? Un piètre soldat qui celui qui aime donner les coups sans en recevoir. Et donc, pour une histoire de baston,, l'assemblée jure qu'ils lui feront des misères, qu'ils se vengeraient d'une mère ayant perdu un bébé. Soit, normal venu d'un tueur manipulant son monde, ils sont tous à ses pieds et sa compagne la princesse avec.


Ainsi quand elle rencontre ladite mauvaise mère, elle se méfie. Fanette elle, n'est pas cette femme décrite par ces voyageurs. De suite elle s’aperçoit que la jeune fille en proie à des pédophiles est en danger. Elle la prend en charge car si pour les autres voyageurs, une gamine peut se faire violer par des vieux dégueulasse, c'est limite normal et excitant pour eux. Elle, la mène, ne conçoit pas ceci. Et voila le commencement d'une histoire, la gosse ne veut pas qu'une famille se brise pour une histoire de mensonges d'un homme aux yeux faux. Elle la nordique en connait du monde, Soldats, corsaires, malfrats.... qui se méfient d'une gosse.


Elle s'assure que le gamin n'oublie rien, ses petites poupées qu'elle a cousu de ses mains, la famille, le papa, la maman, milo et elle la Nordique.
Lison_bruyere
    Comté du Languedoc, à quelques lieues de Nîmes, 7 juin 1468

Le réseau Corleone était important, et sans doute plus encore celui des Medici, pourtant, deux ans plus tôt, aucun des nombreux hommes déployés par Roman, puis Gabriele, quand le premier avait abandonné les recherches, n'était parvenu à retrouver la trace de l'enfant. Contre toute attente, c'est la jeune mère qui, avec l'aide de sa marraine et d'Eirik Gjermund avait mis la main sur le registre de Montparnasse. Le petit carnet noir, dérobé dans un tiroir de l'orphelinat des miracles, avait conduit la fauvette sur trois pistes. Avec l'aide de la nonna, elle avait pu n'en garder qu'une, qui, dix mois plus tard lui avait permis de retrouver son fils.

Fanette ressassait tout cela depuis que la jeune Lola de Malemort s'était présentée à la Stellina, quelques jours plus tôt. Elle devait disparaître, comme Milo à l'été 66. Les espions Italiens ne connaissaient pas son visage, tout au plus un nom, un signalement, des blondes aux cheveux bouclés, des enfants bruns, il y en avait d'autres. Elle avait donné son chien, bien trop voyant, et s'était résignée à vendre la jument. Elle avait eu plaisir à revoir la jeune princesse, mais elle faisait partie d'une vie trop dangereuse dont elle devait se défaire. L'idée faisait doucement son chemin, même si elle lui déchirait le cœur.

Le plus difficile était sans nul doute le deuil à faire de Limoges et de sa maison. Pour la première fois, elle détesta Roman, non d'avoir souhaité sa mort dans une taverne de la Trémouille, mais de l'obliger à renoncer au lupo, qui restait l'écrin précieux de ses souvenirs et aux occasions qui lui manqueraient d'aller se recueillir sur la petite tombe de Stella, que seul, veillerait à présent le jeune hêtre à qui on avait confié sa dépouille.
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Lison_bruyere
Le voile sombre de la nuit s'étendait sur la campagne environnante. Milo s'était endormi sans rechigner, fatigué sans doute par une journée de voyage où il n'avait guère eu l'occasion de dormir. Le silence se troublait parfois du cri d'un rapace nocturne, ou d'un froissement dans les broussailles proches, trahissant le passage d'un renard ou d'un blaireau. Hunt, à l'attache entre deux arbres, grattait le sol en tirant sur sa longe, trouvant sans doute meilleure l'herbe qui n'était pas à sa portée. Autour du feu, les voyageurs achevaient un frugal repas. Fanette n'avait pas faim, comme à chaque fois que quelque chose la contrariait. Adossée à une souche, jambes ramenées à sa poitrine, tant que son ventre le lui permettait encore, elle réfléchissait en observant silencieusement ses compagnons de route.
Une seule décision semblait raisonnable et trottait dans sa tête sans qu'elle ne sache s'y résoudre. L'annoncer à haute voix l'aiderait peut-être à se convaincre qu'il n'y en avait pas d'autre possible. Rassemblant son courage, elle s'éclaircit la voix, pour attirer l'attention des autres.

– Ça ne suffira pas.

Les regards surpris convergèrent sur elle. Elle hésita un instant avant de poursuivre.

– Partir comme je le fais, ça ne suffira pas. Ils ont des oreilles partout, qu'une Fanette Loiselier s'installe quelque part, ils finiront par le savoir, un jour ou l'autre. Je dois devenir une autre.

Elle les regarda tour à tour, réfléchissant à l'image qu'elle pouvait offrir d'elle, une jeune femme, mère d'un petit enfant. Veuve ? Ce n'était pas de chance avec celui qui s'annonçait et finirait par se voir plus aisément dans le profil de ses jupes.

– Je m'appelle Lison Bruyère, et je suis de Niort. Je suis la mère de Malo.

Malo, elle n'avait pas trouvé mieux. Elle rechignait à changer le nom de son fils, de crainte de le perturber plus encore. Elle imaginait que, si petit qu'il fut, ce serait difficile pour lui aussi. Ils avaient laissé Huan chez Herminna, alors que le chien était le compagnon inséparable du bambin. Il allait devoir apprendre à cesser d'user des quelques mots italiens qui lui venaient naturellement. Alors, elle s'était appliquée à trouver un prénom qui ne soit pas trop différent de celui qu'on lui avait donné par baptême.

– Lison Bruyère, je pourrais être veuve ... et ...

Et pour le reste, elle ne savait pas. Si on lui demandait pourquoi elle avait quitté son village, que répondrait-elle ? Elle n'en savait fichtre rien. Tout cela semblait si difficile. Elle chercha l'approbation dans le regard de ses compagnons de route et peut-être aussi quelques idées pour étoffer son histoire. Son visage restait grave et ses yeux ourlés du chagrin d'une décision lourde de conséquences. La vie lui semblait soudain si dure quand elle aurait pu au contraire y voir l'occasion de nouveaux espoirs.
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Eirik_gjermund


Fanette. Encore elle. Eirik commençait à croire qu'ils avaient une destinée commune.
Milo. Charmant garçonnet, timide, qui avait fini par décocher un ou deux sourires à Eirik.
Vahllala. Jeune Suédoise encore mystérieuse. Une gamine ! Qui ne s'en laissait pas conter. Adulte, ce serai une rude femme du Nord.

Il y avait eu Huan, le chien de Fanette. Elle l'avait donné, non sans déchirement. Il restait Hund, l'immense chien-ours d'Eirik. Ce n'était pas une peluche, ni un jouet de bois. Le maître avait prévenu la mère ; que Milo ne s'approche JAMAIS de Hund seul. Jamais. Le Berger du Caucase n'avait pas l'habitude des enfants.
Il faut un peu de temps pour qu'il vous considère sous sa protection. Avait dit Eirik.
L'avertissement valait aussi pour la flèche blonde. Seule Fanette pouvait l'approcher ; Hund la connaissait.

Quant au lourd Hunt... Hunt voulait dire "cheval" en allemand, pays ou Eirik l'avait acheté. Hund signifiait "chien" en suédois.
Hunt était un cheval caractériel qui mordait facilement. Là aussi, personne ne devait s'en approcher. Il tentait même d'attaquer Fanette, qu'il connaissait ! C'était pourtant un cheval très efficace. Il saurait traîner une lourde charrette et ses occupants.

Tout les quatre, ils faisaient route. Hund venait parfois renifler Milo et Val. C'était bon signe.


[ Halte ]


Milo était endormi. Eirik trouvait une paix intérieure à voir un enfant sommeiller.
Ils étaient réunis autour du feu. Eirik ignorait toujours l'âge de Val. Même celui de Fanny. Et elles ignoraient le sien. La blonde aurait pu être sa fille. Comme Fanny. Eirik avait eu son premier enfant à seize ans. Il approchait des quarante. Sa barbe tressée se paraît de blanc. Il en touchait les bagues d'argent lorsqu'il réfléchissait...

Ça ne suffira pas.
Partir comme je le fais, ça ne suffira pas. Ils ont des oreilles partout, qu'une Fanette Loiselier s'installe quelque part, ils finiront par le savoir, un jour ou l'autre. Je dois devenir une autre. Dit Fanny d'un ton décidé.
Eirik ne dit rien. Il la regardait, son godet de vin dans la main.
Je m'appelle Lison Bruyère, et je suis de Niort. Je suis la mère de Malo.
Fanette hésitait malgré son attitude ferme en apparence.
Lison Bruyère, je pourrais être veuve ... et ...
Veuve de Pierre Bruyère. Un honnête commerçant de tissus. Je serai l'homme lige de feu ton époux. Il m'aurait sauvé de la noyade, je ne sais pas nager, et j'aurais une dette envers lui. Mon allégeance te serai revenue. J'aurais emmené ma fille Val à ta suite. Inventa Eirik, d'un trait.
Il but encore et poursuivit :
Lison veut rejoindre un cousin, le parrain de Malo. Dans le village qu'il nous plaira d'inventer.

Eirik couva des yeux la petite forme endormie sous une couverture légère. Puis regarda Fanette. Il fallait les protéger. Ses yeux de glace se posèrent sur Valhalla.
Tu es d'accord, ma fille ?

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Sa langue natale
Vahllala
Le Cochet, le Chat et le Souriceau

Mon fils, dit la Souris, ce doucet est un Chat,
Qui sous son minois hypocrite
Contre toute ta parenté
D’un malin vouloir est porté.
L’autre animal tout au contraire
Bien éloigné de nous mal faire,
Servira quelque jour peut-être à nos repas.
Quant au Chat, c’est sur nous qu’il fonde sa cuisine.
Garde-toi, tant que tu vivras,
De juger des gens sur la mine.

Jean de La Fontaine, Les Fables, VI


Voilà ce qu'elle pense lorsqu'on lui demande de changer de nom. La duperie! Mais pas n'importe comment, une mise en conformité de son apparence, devenir tout autre. Elle ne changera rien d'existant, elle n'a pas de nom. la sans nom. Donc revêtir la peau d'une autre se glisse naturellement dans son esprit. La seconde peau est son nom. Elle sera la fille d'Ereik le temps d'une fuite. La blonde n'a aucuns états d'âme, elle ne fait de tord à personne sinon à son véritable nom qui n'est plus. Qui se cache derrière son visage ne saurait réclamer de vivre. Tu sera une autre encore une fois val.

Sans rien dire, un rictus se voulant sourire, elle acquiesce sans mots, continuant son jeux de marionnette avec ses mains. Elle brasse l'air négligemment, ne montrant pas Son intérêt dans cette conversation de grand.

Veuve de Pierre Bruyère. Un honnête commerçant de tissus. Je serai l'homme lige de feu ton époux. Il m'aurait sauvé de la noyade, je ne sais pas nager, et j'aurais une dette envers lui. Mon allégeance te serai revenue. J'aurais emmené ma fille Val à ta suite

Découvrir des paysages différents chaque matin, glisser dans un sommeil du juste, bercé par les couinements répétitifs des roues sur les chemins de campagne. Elle ne se lasse pas, la jeunesse d'une vagabonde forge sa force, elle puise dans ces voyages les fondations d'une vie riche en rebondissement.

Lison veut rejoindre un cousin, le parrain de Malo. Dans le village qu'il nous plaira d'inventer.

Un frisson dans le dos, retenir toutes ces informations ne se fera pas d'un claquement de doigts, elle doit se fondre dans la peau d'une guerrière, une jeune et solide guerrière. Eux n'ont pas le même sens des valeurs que ces habitants du royaume.

Tu es d'accord, ma fille ?

Il a parlé et tranché, l'homme c'est lui, le patriarche. Ses mots s'enfonce dans son cœur, la serrant fugacement. Prendre ce qui lui est donné, ce serait-ce le temps d'un trajet en charette. Et sous un regard froid, elle relève ses yeux vert, aussi froid et ne baisse pas le regard. Tout ce fait avec ce face à face, les émotions passent aussi pas le lien visuel. Rien d'autre à ajouter sinon :

Ja pappa.

Tranchante comme la promesse d'une lame glissante si on touche à Malo.
Lison_bruyere
Fanette hésitait entre le sourire et les larmes. Les deux s'invitaient sur son visage à cet instant où Eirik parlait. Il actait dans ses mots cette nouvelle vie, et elle mesurait ce qu'elle abandonnait. Pour beaucoup la fauvette n'avait connu qu'une vie de misère, mais elle voyait les choses différemment. Elle avait été heureuse malgré tout. Elle avait connu l'insouciance et l'amour. Elle avait eu des enfants. Aussi jeune soit-elle, elle avait vu de beaux endroits, entendu de belles légendes. Elle avait une maison dans laquelle elle aimait vivre et travailler, et surtout, elle était la fille d'Orphée et de Pierre, la nièce de Dalerand, et la maman de Stella.

Ce soir, elle avait l'impression de tous les renier et ça lui faisait mal. Elle imagina l'air froissé qu'adopterait son père s'il était présent. Il ne comprendrait pas et jurerait encore qu'elle avait honte de lui ou qu'elle ne l'aimait pas, comme il lui en avait si souvent fait le reproche, sans se soucier de lui faire de la peine, elle qui avait tant manqué de lui. Elle ne pourrait jamais oublier Stella, et elle resterait toujours la piccolina qu'elle chérirait au creux de son cœur, mais qu'en serait-il de Milo ? Elle lui parlait souvent de sa petite sœur, craignant qu'il n'oublie les précieux instants qu'ils avaient passés tous les trois. Il était bien trop petit pour garder des secrets, et elle devrait cesser d'entretenir son souvenir dans la mémoire de l'enfançon, si ce n'est par ce simple conte qu'elle avait écrit pour lui. Elle avait la cruelle sensation de donner la mort à sa fille une seconde fois et elle en ressentait un profond chagrin. Et puis, Milo avait la chance d'avoir un père bien vivant, un assassin qui rêvait de voir sa mère morte, mais, un père tout de même. Elle devrait lui faire croire qu'il était orphelin, lui faire connaître la brisure de n'avoir pas eu le temps de connaître celui qui aurait dû l'aimer et en prendre soin. Elle se demanda s'il serait capable de comprendre la raison de tous ces mensonges plus tard, quand elle le jugerait suffisamment grand pour apprendre la vérité et ça l'effrayait.

Pourtant, elle ressentit du soulagement. Le Nordique rendait plus crédible sa nouvelle identité, répondant aux questions pour lesquelles elle n'avait pas de réponse. A l'entendre, tout semblait bien plus simple et fluide qu'elle se l'était imaginé. Elle les regarda tour à tour. Fitz avait le regard sombre. Il fixait les flammes, mais même si elle ne l'avait pas convié à suivre, il était là malgré tout, désireux de prêter son bras et sa lame pour se racheter auprès de l'Angevine. Val écoutait Eirik. Elle approuva quand il lui demanda son avis, et Fanette sentit son cœur se gonfler de reconnaissance pour eux. Elle balançait toujours entre chagrin et apaisement, s'efforçant de retenir ses larmes en s'appliquant à leur accorder le sourire qu'ils méritaient. Les mots lui semblaient fades au regard du remerciement qu'elle leur devait. Ils avaient tous parfaitement saisi la gravité de l'instant et l'importance du soutien qu'ils offraient à la jeune mère. Elle ne reprit la parole qu'en espérant alléger un peu le poids de ce qui venait de se jouer.

– Je crois que cette année encore, je vais devoir oublier mes rêves de calanques.

Son regard se voila d'une nostalgie un peu rêveuse. Elle songeait depuis plus d'un an à ces criques d'eau claire dans lesquelles plongeaient des falaises blanches coiffées de pins. Maintes fois elle en avait imaginé les parfums de résines et d'embruns, les reflets d'argent du soleil se brisant sur les vagues. Elle soupira en s'efforçant de plaisanter.

– Je ne saurais jamais si on ressort avec la peau du même bleu turquoise que la mer une fois qu'on a plongé dedans.
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Eirik_gjermund


Ici, dans ce pays, Eirik n'était personne. Peu de gens connaissaient son nom. Un seul sa personnalité. Son seul ami. Et deux femmes. Deux femmes qu'il apprenait à connaître, et vice-versa. Une mince roussette et une blonde pulpeuse. Les autres n'avaient été que de passage.
Eirik n'avait de compte à rendre à personne. Il faisait ce qu'il voulait, où il le voulait, avec qui il le voulait. N'était-ce pas ça, la liberté ? Fanette n'avait rien de ces trois choses essentielles.

Elle était en proie à de sérieux tourments, mais elle les tut. Ce devait être grave pour qu'elle garde sa langue dans sa bouche.
Eirik savait être imaginatif... Mais ce n'était pas un rêveur. Sauf.. lorsqu'il songeait à son pays. Franc et entier, il mentait rarement. Sa vie le lui permettait. Pas Fanny. Qui courait sans cesse. S'inventer une vie nouvelle pourrait lui donner du répit. Triste, triste solution...

Regard vers Vahllala. Une mioche sous ses airs de grande fille. Eirik, pourtant, ne doutait pas de ses capacités. Jouer avec ses mains pendant une discussion sérieuse ne l'avait pas empêchée d'écouter. Son potentiel ne se voyait pas encore. Eirik distinguait dans ses yeux verts le froid des neiges et le fer d'une lame. Espérons qu'elle n'ai pas à montrer ses talents cachés...
Ja pappa.
Ta mère est morte en couche, si on te demande.

Retour à Fanette...
Je crois que cette année encore, je vais devoir oublier mes rêves de calanques.
Varför ? Je veux dire, pourquoi ?Marseille ne fait pas partie du Royaume. Ce serai un détour.
Je ne saurais jamais si on ressort avec la peau du même bleu turquoise que la mer une fois qu'on a plongé dedans.
Eirik eut un faible rictus. L'idée du petit détour était lancée. Fanette restait la patronne du voyage. Lui n'était qu'un protecteur. Comme sa nouvelle fille.

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Sa langue natale
Vahllala
Ta mère est morte en couche, si on te demande.

Sans un mot, continuant ses jeux, elle opine, s'imprégnant de son rôle de fille d'un géant blond, personne ne pourra douter du contraire. Ils se ressemblent.


Je crois que cette année encore, je vais devoir oublier mes rêves de calanques.

Pauvre Fanette, elle la verra bien cette calanque, trop de tracas encore dans les yeux de cette maman. La mer, Ce petit coin de paradis qui nous transporte loin derrière l'horizon, les oiseaux peuvent voler mais eux, ils restent à pied. Mais l'imaginaire transcende, nous emporte, nous apaise. Et la mer, celle de sa jeunesse, la blonde s'en souvient. Il est des milles lumières et son... peut être pourrait'elle emmener Fanette la-bas? Du moins, comme les oiseaux, dans l'imaginaire.

Varför ? Je veux dire, pourquoi ?Marseille ne fait pas partie du Royaume. Ce serai un détour.
Je ne saurais jamais si on ressort avec la peau du même bleu turquoise que la mer une fois qu'on a plongé dedans.

Elle se redresse pour aller près de la fauvette, regardant à travers une pierre transparente. La pierre de soleil. les éclats peuvent donner la direction du soleil même lorsqu'il y a des nuages et du brouillard.

Regarde la lumière du soleil. C'est une pierre que j’emporte avec moi. Cette pierre, je m'en souviens, elle appartenait à ma famille, comme mon collier et mon bracelet. En regardant dans cette pierre, tu verra les hommes qui sont revenu nous conter des histoires qui nous reviennent maintenant par transmissions. Il est des histoires de vikings, de navigateurs et de géants blonds. Il y a très longtemps, les ancêtres partaient faire des raids dans les pays éloignés. Oh, ce n'était pas des voyages de complaisances. Ils partaient sur des drakkars en laissant femmes et enfants quand il faisait soleil, quand le froid étaient partie. D’où je viens, la mer était gelée quelques fois et des milliers îles ponctuaient le fjord, une grande rivière se jetait dans la mer.

Elle lève la pierre, et tente de la faire s'illuminer. Un regard, concentrée sur cette tâche. Jamais elle n'a réussit à la faire s'allumer mais elle l'a vu pourtant. Des reflets blanc pures, les Dieux ne sont plus présent dans cette pierre, elle doit être morte.

Ferme les yeux et écoute le vent.. il siffle, il chante quand ses humeurs sont bonnes. Le ciel pure, le sel... et au loin, des terres fertiles. Tu es avec tes amis prêt à conquérir les richesse qui te tendent les mains.

Elle se relève, s'enveloppe dans une peau de bête, prend de la cendre et se recouvre le visage avec, conquérante et s'élance vers Eirik et fronce les sourcils. Elle ressemble bien à une sorcière avec ses tatouages. Une petite danse devant l'homme, le combat des premiers conquérants. Elle le montre de la main et regardant Fanette.

Vois tu sur nos visages la mer? Nos yeux sont la mer, nos cheveux le sable, et nos bouches le souvenir de ces hommes, les Vikings. Nous partons sur un bateau et nous voila ici, face à toi. Nous t'enlevons et tu montes avec nous sur le drakkar, pour être vendu comme cuisinière avec Malo. Et nous allons faire comme ceux qui ont vu au travers de cette pierre, les voyages, pour trouver une terre fertile.

Elle course le petit, jouant à la grosse bête, le charge sur son épaule et sautille comme une chèvre pour le transporter vers le bateau imaginaire.

Malo ! Tu es Malo maintenant, comme les petits blonds. je t'enlève avec ta maman et nous allons vers la mer pour t'emmener chez moi et mon père ici. Au pays de la mer qui brille. Et puis je te barbouille comme moi, avec des tatouages! Car nous les géants blonds, nous mettons ça sur nous.

Elle le barbouille de cendre et fait de même avec Fanette. les voila tous près pour aller rejoindre l'étendue d'eau.
Lison_bruyere
Fanette était un peu perdue. Elle écoutait Val à présent, levant les yeux sur la pierre. Des reflets irisés couraient à sa surface, provenant des mille paillettes orangées qui semblaient s'ourler d'or quand la lumière de la lune ou des étoiles la traversait. Milo ouvrit un œil, et se redressa en bâillant. Val attendait une chose de son héliolite que l'Angevine ignorait. Elle la trouvait déjà si belle ainsi. Elle resserra son étreinte autour de son fils, caressant doucement ses cheveux en espérant le rendormir, mais quand la jeune fille se couvrit d'une peau, il poussa un cri amusé et se tortilla hors de l'étreinte maternelle.
Tout comme la fauvette, il la regardait faire et détala comme un lapin quand elle se rua sur lui. Milo pouvait rire aussitôt réveillé, et c'est ce qu'il fit quand Val le souleva. Il riait, et sa mère souriait, même quand elle le reposa entre ses bras, même leurs visages souillés de cendres.

Elle avait bien quelques hésitations encore. Si Lola parlait à sa tante, on la saurait dans le sud. N'était-ce pas dangereux alors de faire ce crochet par la Provence ? Les joues barbouillées de noir, elle avait pourtant envie de suivre les rêves fous de la jeune Nordique.
Elle baissa les yeux vers le regard pétillant de son fils. La fatigue et l'excitation brûlaient dans ses prunelles de lichen. Elle glissa un index sur son nez et lui en montra la trace sombre qui s'était imprimée au bout de son doigt.

– C'est vrai que cet enfant a besoin d'un bon bain ! plaisanta-t-elle.

Elle réprima un soupir. Tout se bousculait dans sa tête, ses envies, la raison, les dangers, les rires de Milo. De nouveau, elle attarda longuement un regard sur chacun d'eux.

– Allons-y mais, évitons les villes et les villages, d'accord ? Je ne veux pas risquer de croiser des hommes des Corleone, si la princesse leur avait révélé ma présence dans le sud.

Elle se leva pour aller chercher de quoi nettoyer les ombres au visage de son fils comme au sien. Elle se sentait étrangement plus légère. C'était sans doute la décision la plus déraisonnable qu'elle ait prise depuis leur départ. Mais, choisir une destination sans autre but que d'exaucer un rêve, de prendre du bon temps et d'en faire prendre à son fils, n'était-ce pas l'occasion de s'accorder un peu de bonheur dans ce merdier ? N'était-ce pas vivre, tout simplement ?

Entourée de ses compagnons de route, allongée près d'un feu en tenant son fils dans ses bras, elle s'endormit assez vite cette nuit-là, comme si, l'espace d'une veillée, elle avait enfin réussi à poser un sac trop lourd d'inquiétudes et de chagrins. Il serait temps de le porter de nouveau, demain, ou après-demain mais ses rêves cette nuit sentiraient la garrigue écrasée de soleil et seraient bercés par le ressac des eaux claires dans les criques sauvages du sud.
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Eirik_gjermund


Enfin il la voyait. La fameuse pierre de soleil. D'apparence rugueuse, certains savaient la rendre toute lisse. Ce qui gâchait sa beauté brute, pour le Nordique. C'était bien une héliolite, Vahllala ne s'était pas trompée. Le contraire l'aurait étonné.
Eirik observa ses tatouages. Étaient-ils uniques ? Il n'en avait jamais vu de tels. D'autres, oui. La Suède était très vaste.
Lui n'était pas marqué. Lorsqu'il avait combattu dans des arènes pour gagner sa croûte et divertir la populace, il barrait ses joues de deux épais traits noirs, rajoutant à son aspect de sauvage.

La Gamine se lança dans un beau discours. Pas si amnésique que ça... Une fille de guerriers ? Lui était fils de pêcheur et d'éleveur de rennes. Sa lignée paternelle - suédoise - était prestigieuse. Dans le temps. Le temps des conquêtes et des pillages étaient loin, pour les Gjermund. Seul son père descendait des Vikings. Sa mère était une Sami de moitié. Dire "Lapon" était l'insulte que les Suèdois et Norvégiens leurs donnaient.
La grand-mère maternelle d'Eirik pratiquait l'ancienne magie. A présent, elle était forcément morte. Elle avait eu des souvenirs d'un passé qu'elle n'avait pas vécu. Serai-ce le cas de Vahllala ?

Prolixe, elle parlait à Fanette, puis tartina Milo et la mère avec de la cendre. Eirik eut un faible sourire. Ce qui équivalait à une vraie banane, chez lui.
La Roussette donna son aval pour le détour par Marseille. Une bonne chose. Elle en avait bien besoin. Se détendre. Tenter d'oublier, juste quelques instants.


Eirik fut le dernier à s'endormir. Il pensait à la Gamine. Hund vint se coucher près de lui. Tôt ou tard, Val et Milo allaient devoir se frotter à lui... Mais pas de trop près. Il lui faudrait être très vigilant. Hund pouvait être féroce. Il fallait qu'ils en restent éloignés. Le chien devait apprendre à les connaître avant. Par l'odeur et le temps.

Eirik fut le premier éveillé. Il remua les braises mourantes et se recoucha, somnolant.

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Sa langue natale
Milo_amalio
    Provence, juin 1468

La fauvette a donné son aval et le groupe a aussitôt bifurqué vers le sud. La Provence, les calanques, Milo les connaît déjà. Il avait dans les six mois, et celle qui prenait alors soin de lui l'appelait Flavio. Dans son mas de Marseille, il avait une chambre pour lui, et chaque jour, elle l'emmenait voir les petits chevaux gris qu'elle élevait dans la garrigue qui s'étendait autour de la propriété.
Mais de tout cela, Milo n'en garde sans doute aucun souvenir, peut-être simplement des sensations, des sons ou des parfums. Il a un peu plus de deux ans à présent, et depuis quelques jours, c'est un autre cheval, plus grand et plus sombre que les petits Camarguais, qui l'intéresse, et un chien aussi, un énorme chien ours qui ressemble comme deux gouttes d'eau à une figurine de bois avec laquelle il aime jouer.
A plusieurs reprises il a gambillé vers l'un ou l'autre des deux animaux, mais sa mère l'a empêché de les approcher. Il se demande bien pourquoi, et, plus on lui interdit, plus l'idée de les approcher lui trotte dans la tête.

L'occasion est donnée enfin. L'après-midi est tranquille, il fait doux. Le soleil de juin n'est pas trop fort à l'abri des arbres. Milo est allongé près de sa mère sur une couverture. Il a dormi un peu, mais il est bien difficile de faire une sieste ailleurs que dans le calme d'une chambre d'auberge dont on a rabattu les battants sur la croisée pour la plonger dans l'ombre. Pourtant Fanette y parvient bien, en proie aux subits coups de fatigue d'une grossesse encore jeune, mais son fils lui s'extrait maladroitement du giron maternel. Il se relève, l'Angevine ne bouge pas. Alors il jette un œil autour de lui et aperçoit à l'attache de l'autre côté de la clairière l'immense cheval du Nordique. Entre les deux, son propriétaire est assis, il tourne le dos. Son chien ours se tient immobile à deux ou trois toises de lui.

L'enfant observe un instant, hésitant sur la direction qu'il va prendre, puis sa curiosité l'emporte. Voilà déjà quelques jours qu'il observe Eirik. Il ne l'intimide plus, et surtout, l'homme possède une chose qui l'intéresse. Il semble avoir l'amitié de l'énorme chien ours. Huan manque sans aucun doute au bambin, alors, il saisit sa petite épée de bois et la figurine représentant le chien et gambille vers le Nordique. Peut-être le surprend-il quand il prononce son prénom en mangeant la première syllabe, mais si l'enfant parle peu, il écoute beaucoup, et il a associé le prénom qu'il a entendu prononcer plusieurs fois par sa mère, Val et même Fitz au grand blond.

– 'rik

Sans manière, il laisse tomber ses jouets près de l'adulte et se tourne vers le chien qui observe la scène. Les muscles de l'animal se sont légèrement tendus et il s'est sensiblement redressé, guettant les expressions qui passent sur le visage de son maître comme sur celui du petit homme, prêt à réagir s'il en était besoin. L'enfançon ne connaît pas les signaux. Des chiens, il n'a connu que le dogue de sa mère qui a toujours été le patient compagnon de ses jeux. Alors, il jette à peine un regard à Eirik avant d'avancer d'un pas sûr vers l'énorme animal.

– Han !

S'il a enregistré le prénom du Nordique, il ne sait pas celui du chien mais qu'importe, pour lui c'est Huan, et c'est ainsi qu'il l'appelle en estropiant la prononciation. Encore quelques pas ...
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Eirik_gjermund


Fanny et Milo faisaient une sieste. Eirik montait la garde. Il regardait le printemps qui laissait place à l'été. Quelle idée, d'aller au Sud ! C'était le contraire de ses projets. Il pensait monter vers Bruges pour les beaux jours. Eirik avait séjourné un certain temps à Béziers. Bruges était bien loin. Pas Fanny. Ni Marseille. Ce détour ne le dérangeait pas. Il s'était quasi habitué à la chaleur française.
Et puis il y avait Fanette. Désormais Lison. Avec le temps, la jeune-femme était devenue comme sa petite-sœur. Eirik devait veiller sur elle. Au moindre appel, il viendrait à elle.
Et maintenant, il y avait Milo. Malo. N'était-ce pas une ville française, Malo ? Eirik ne savait pas trop... Il manquait quelque chose.

Le Nordique occupait son temps libre en taillant du bois. Pour faire des pièges, des jouets et des figurines diverses. Il avait déjà confectionné un arc, mais il était dur de trouver le bon arbre pour ce faire.
Hund leva la tête.

'rik Dit une petite voix.
Malo était derrière lui. Le regard de glace se porta au delà. Lison dormait. L'enfant laissa tomber ses jouets aux pieds du Scandinave.
Han !
Hund. Ce chien s'appelle Hund.
Eirik sourit au gamin. Le seul à recevoir un vrai sourire... On distinguait même ses dents. Miracle !
Malo s'avança vers le chien-ours, maintenant debout. Eirik retint l'enfant par la main. Il fallait bien que ça arrive... L'homme se leva et s'adressa à son animal :
Klok *, Hund !
A regret, le chien s'assit. Dans la nature, Hund aurait pu dévorer une proie comme Malo, et même bien plus grosse et rapide. D'un coup de dents, plus de main ! Voire plus de bras. Et Hund n'avait pas l'habitude des enfants... Malo avait, lui, l'habitude d'un chien carpette ; Huan.
Eirik fit pivoter le garçonnet vers lui.
Il faut faire doucement. Il doit d'abord sentir ta main. Je vais te montrer.
Eirik tentait de rester simple dans ses mots.
Il prit la main de Malo qu'il dirigea vers son nez et il la renifla comme un gentil animal. Puis, toujours avec la petite main, il fit passer les petits doigts dans ses cheveux blonds, tout doucement.
Il faut faire comme ça avec le chien, d'accord ?
Hund regardait la scène, assis. Eirik, légèrement au devant, fit s'approcher Malo.


* Sage, en suédois.

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Sa langue natale
Milo_amalio
Le mini Corleone cavale vers le chien mais une main le retient. Il se retourne, sourcils froncés assombrissant ses yeux d’émeraudes émoussées, visage impassible, lèvres serrées. Il toise le géant blond comme s’il le défiait, avec une détermination qui porte à sourire. Mais la réaction de l’homme a vite fait de transformer le regard de tueur du bambin en amusement. Quand il renifle sa main, l’enfant esquisse un sourire amusé, et quand sa petite menotte glisse dans sa chevelure blonde, il rit. Il se rapproche et, d’un geste maladroit vient parcourir la tignasse du nordique de sa seconde main. Ses doigts s’emmêlent dans les longues mèches. Il tire plus ou moins adroitement pour les dégager. Puis, pointant l’animal assis il commente :

– Hand !

Accroupi à la hauteur de l’enfançon, Eirik s’est approché du chien, s’assurant de pouvoir contrôler l’un et l’autre. L’animal n’a pas bougé, mais son regard fixe rivé au petit, témoigne qu’il n’est pas à son aise. Il reste malgré tout aux ordres de son maître. Milo, ou, à présent Malo, s’approche. Il semble hésiter un instant, réalisant peut-être la masse du chien-ours. Huan était grand, mais celui-ci, en plus de l’être tout autant, est bien plus large et osseux. Assis de la sorte, sa tête énorme, nimbée d’une épaisse fourrure semble plus haute que la sienne, et il doit lever légèrement les yeux pour le voir. Alors, moins rassuré sans doute, il vient se caler si près du Blond qu’il peut poser une main sur l’avant-bras de ce dernier. D’un coup d’œil, il s’assure d’avoir toute son attention, avant de tendre sa main vers le museau du chien. L’animal a un imperceptible mouvement de tête vers l’avant, sa truffe humide se laissant effleurer par les petits doigts curieux, comme pour quérir toutes les informations olfactives qu’il peut tirer de ce léger contact. L’enfant s’enhardit, sa main glisse de la truffe sur la babine pour venir s’enfoncer dans la crinière du chien-ours. Milo se retourne vers Eirik, puis, se baisse rapidement pour arracher au sol une poignée d’herbes et la tend fièrement devant l’énorme gueule du chien qui la sent d’un air dédaigneux.

Une moue déçue plisse le minois enfantin, et au bout de son bras toujours tendu vers le chien, les brins d’herbe et quelques cailloux sont toujours posés dans sa paume ouverte. Il tourne un regard contrarié vers Eirik et lui baragouine quelques mots incompréhensibles, mais qui marquent sans doute sa déception d’avoir vu le chien refuser son offrande. Puis il avance d’un pas et tend son autre main en direction de l’épaisse fourrure.
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