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[RP] Ange ou Démon ?

Lison_bruyere
Fanette endurait ce procès, recluse sur son banc, attachée comme une chèvre à son piquet en attendant de se faire bouffer par le loup. Elle écoutait, immobile, tête baissée, se contentant simplement de lever les yeux vers ceux qui parlaient quand un mot l'interpellait.

Pourtant, elle se redressa un peu quand Claquesous fut appelé à la barre. Elle était mal à l'aise, plus aussi certaine de le vouloir mort, ou bien était-ce le manque de ses enfants et ses conditions de détention qui affaiblissait ses convictions et sa volonté ? Ses mâchoires se contractèrent lorsqu'il évoqua les tortures subies par son frère. Elle n'avait appris que récemment qu'il en avait été le témoin. La compassion qui aurait dû être sienne était sans doute tronquée par les souffrances endurées depuis, car au-delà de la privation de son fils, c'est toute sa vie qui avait volé en éclat le seize juin mille-quatre-cent-soixante-six. Un regain de vigueur s'empara de sa voix, et tant pis si ce n'était pas à elle de parler.

– Mon laxisme face à l'atrocité des Corleone ? Roman m'a intimé l'ordre de l'attendre, j'ignorais les atrocités qu'il allait commettre avec son frère. Je ne les ai apprises qu'après. Puis, enfin Claque, tu sais parfaitement que ces raisons que tu n'as pas étalées, et pour lesquels ton frère a subi la colère de Roman et de Gabriele, c'est pour le viol de leur cousine, une enfant qui n'avait même pas douze ans !

Après ça, elle s'abîma de nouveau dans un silence résigné. N'avait-il pas tenu promesse après tout ? Allait-elle continuer à justifier toutes les mauvaises actions de l'homme qu'elle avait sans doute bien trop aimé, et bien plus qu'il ne l'avait aimé elle ? Ce n'était de toute façon, ni le procès de Montparnasse, ni celui de Claquesous, juste le sien. Elle s'affaissa, perdue aux sentiments contradictoires qui tiraillaient son âme.
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Claquesous
Blandin de secouer la tête et de la regarder avec lassitude.

C'est ce que tu m'as dit oui. Mais je n'ai jamais eu la preuve que mon frère était coupable et combien même, pour moi, il était mon aîné, mon sang, celui qui me nourrissait et me protégeait. Même s'est-il rendu coupable, moi je ne l'étais pas. Ton mari n'a pas seulement le sang de mon frère sur ses mains, mais le mien également et ceux de bien d'innocents. Lorsqu'il pillait une ville, il le faisait sans pitié. Lorsqu'il châtiait quelqu'un c'était sans la moindre hésitation et compassion. Aurait-il eu de la patience et de la douceur pour ce fils que j'ai enlevé? En a t'il eu pour toi quand il t'a abandonné toi et tes gosses? Ou est-il en ce jour alors que tu es en geôles ?

Il soupira et planta son regard clair dans le sien, dur.

Je veux que tout ceci s'arrête. C'est sans fin. Tu devrais t'estimer heureuse que je ne cherche pas à nier les faits et que je me contente pas de t'accuser. Tu as attenté à ma vie alors que j'ai simplement voulu protéger ton fils et que ho jamais, je ne lui ai fais du mal. Toute colère contre moi est légitime, mais la mienne contre toi l'est toute autant. Pourtant, je pardonne alors que ma vie ne sera plus jamais la même. Je resterai mutilé à vie et toi, tu as tout l'avenir à construire devant toi, si la cour veut bien prendre en compte ma demande.

Lutin se renferma sur lui-même et se mura dans le silence. Après tout, Fanette avait retrouvé son fils en bonne santé et l'avait reperdu de par son agression. Lui son frère, il ne le reverrait jamais et il vivrait le reste de ses jours avec un souffle court et douloureux. La justice de la vie avait déjà bien sévi.
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Lison_bruyere
Quand Claquesous reprit la parole, elle ne souleva pas la tête, ni même le regard, mais malgré les apparences, elle écoutait. Roman n'était pas un pilleur de mairie. En presque trois ans, il n'en avait pris qu'une, une seule, celle de Châteauroux, avec son frère et pour venger leur père. Il ne prenait jamais part aux exactions du clan. Mais il était autre chose, aussi peu avouable, un assassin à la solde des Medici. Il se chargeait ici, en France, d'éliminer les ennemis de la puissante famille de sa mère.
De la patience et de la douceur, il en avait eu pour son fils aux premiers jours de sa vie. Il en avait encore depuis qu'il s'était rappelé, à l'été qu'il était un père, et, il avait fini par en avoir aussi pour sa fille, quand il s'était enfin décidé à la considérer autrement que comme une bâtarde. Mais pour elle, il y avait plus d'un an qu'il n'en avait plus aucune. Depuis qu'elle lui avait avoué avoir égaré un baiser à d'autres lèvres que les siennes. Il savait pourtant combien il en était tout aussi responsable qu'elle, il l'avait déjà bien trop abandonnée quand elle avait eu besoin plus que jamais de son soutien.
Elle ne sut que répondre, baissant plus encore la tête, enfonçant son nez dans la couverture puante qui la couvrait. Elle fondit en larmes trop éprouvée par ses souvenirs et peut-être aussi par ce que tentait de lui faire entendre le jeune homme.
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Lucas_storm
Il avait prit la décision d’aller rendre visite à Fanette dans sa prison, qui attendait que le jugement soit rendu. Lutécien l’avait fait déjà. Lui, n’avait trouvé encore le courage de se trouver face à la femme qui avait failli lui enlever si violemment son Ange. Il s’était trouve devant elle, de l’autre côté des barreaux, c’était d’abord laissé glisser contre le mur, s’asseyant en tailleur afin de se trouver au niveau de la jeune femme recroquevillée contre le mur. Il s’était rapidement relevé, afin de lui faire apporter une autre couverture alors qu’elle grelottait de froid, puis s’était réinstallé, pour l’observer encore quelques instants avant de se présenter et de prendre la parole .

Lutécien avait survécu, il allait mieux. Rien n’était plus comme avant cependant. Cet acte atroce avait tout changé. Est-ce qu’il lui en voulait ? Bien sûr. Il ne pouvait en être autrement. Est-ce qu’il lui voulait du mal ? Il lui avait été difficile trouver réponse à cette question, question qu’il se posait encore d’ailleurs, parfois. Vouloir du mal c’était en quelque sorte désirer vengeance, non ? Il avait toujours considéré que la vengeance ne menait à rien de bon. C’était… un cercle sans fin… Bien sûr, c’était facile à dire pour qui n’avait raison de se venger. Il s’en rendait compte maintenant. Mais une souffrance telle que celle qu’il avait ressentie, pour la deuxième fois de vie déjà, était tellement insupportable. Et cette souffrance, c’était elle qui la lui avait infligée. Quelle ne se méprenne, il ne lui avait pardonné cet acte. Mais il avait eu le temps d’y réfléchir, de nombreuses fois.

Il avait écouté les souvenirs de Lutécien. Ce dernier avait agi par vengeance, touchant également par son acte, d’autres personnes que celle qu’il visait, tout comme cette femme, qui s’était vengé à son tour, et qui avait elle aussi touché d’autres personnes que celle qu’elle visait. C’était comme cela que fonctionnait la vengeance, Lucas en avait toujours eu conscience. Elle agissait comme un ouragan, emportant dans ses vents violents tous ceux qui se trouvaient autour, sans distinction. Et il fallait que cela s’arrête. Maintenant. Pour Lutécien. Pour les enfants innocents de Fanette aussi. Car le souffle de la vengeance les emporterait à son tour, si cela ne s’arrêtait. Et ces enfants étaient si jeunes, et innocents… Ils ne méritaient pas ça.
Le femme devant lui n ‘avait compris pas la raison de sa présence, après le mal qu’elle lui avait fait, elle s’en était étonnée après qu’il lui ai dit tout le mal et la souffrance que cela lui avait causé, à lui aussi.

Il s’était senti en devoir de lui expliquer… lui faire comprendre. Elle souffrait d’être séparé de ses enfants ? Quoi de plus normal ? Elle voulait une bonne vie pour eux ? Comme toutes les mères. Il lui fallait comprendre que la vengeance ne la leur apporterait pas.

Elle avait semblé trouver normal de se venger de la douleur qui lui avait infligée. Alors Lucas lui avait demandé ce qu’elle aurait pensé si lui se vengeait à son tour, du mal qu’elle lui avait fait… Ce qu’il serait advenu alors de ses enfants qu’elle chérissait. Si ils mériteraient de vivre une vie privée de leur mère. Il avait espéré que ces arguments aiderait la jeune mère à comprendre que la voie de la vengeance était semée d’embûches, et qu’il valait mieux s’en tenir éloigné. Il ne savait cependant si elle avait compris le message. Sans doute y réfléchirait-elle, il l’espérait en tout cas. Car il fallait briser le cercle.

Il l’avait rassurée ensuite, lui assurant que même s’il ne l’avait pardonnéee, il n’était là pour lui faire de mal. La femme qu’il voyait devant lui avait continué de trembler. Il avait pris conscience alors qu’elle allait mal et l’avait interrogée sur sa santé. Elle lui avait raconté l’arrestation, le trajet, l’enfermement dans cette geôle si froide et humide.Elle avait quelque chose de terrible, certes, mais… il s’était senti en devoir de faire quelque chose pour elle.

La laisser comme cela, n’était-ce pas la condamner ? Et ce… avant même que le verdict soit prononcé ? Ce n’était pas acceptable. Il y avait une autre cellule, moins humide, moins froide, l’un des murs étant chaud au toucher grâce à la présence de l’autre côté, d’une cheminée. Il lui avait alors promis de faire son possible afin qu’elle y soit transférée. Lutécien l’avait informé qu’il souhaitait que Fanette soit relaxée. A quoi servirait-il de la relaxer si la maladie finissait finalement par l’emporter ?
Lucas lui avait fait amener d’autres couvertures, puis il avait quitté les lieux, laissant la jeune mère seule. Déjà elle avait commencé à s’endormir, la fièvre peut-être, ou les émotions, ou même ces paroles qu’il avait eues et qui devaient la perturber.



Aussitôt rentré, il prit la plume et écrivit à la procureure Elvire Acoma, afin de l’informer de la situation.




Procureure Elvire Acoma,

J'ai ce jour visité Fanette Loiselier dans les geôles où elle a été installée.
Et je voulais faire porter à votre connaissance que cette dernière m'est apparue souffrante des conditions de son rappatriement et de son placement en cette geôle si humide et si froide.

Malgré le ressentiment que je peux avoir à son égard après ce qui s'est produit, je ne peux cependant rester de marbre devant son état.

Aussi, vous demandé-je de lui accorder, si c'est à vous qu'en incombe la décision, un transfert dans cette première geôle non utilisée pour l'heure, dont l'un des murs comporte à son revers la cheminée qui réchauffe la salle des gardes. Ce mur est chaud au toucher et rend le sol plus sec que dans les autres geôles.

Le procès n'est encore terminé, le jugement non encore prononcé, il ne faudrait que la maladie se fasse juge en lieu et place des hommes de notre tribunal.

En espérant que vous pourrez accéder à ma demande.

Respectueuses Salutations,

Lucas Storm


Il avait reçu réponse : elle ferait en sorte de la faire transférer de cellule. Il en avait été satisfait
.






Le jour de témoigner Procès était arrivé.

Cela avait été à son tour de parler. Lucas s'avança à la barre, livide, et prit une pause afin d'essayer de chasser ces images qui le hantaient encore, de Lutécien, luttant pour sa vie, dans une mare de sang. Il prit la parole d'une voix chargée d'émotions.


Je suis Lucas Storm, seigneur de La Tanche,maire de la ville et ami de la victime.
J'étais arrivé depuis peu à la taverne de l'Aigle de Jupiter cette soirée là. L'accusée ici présente y avait prit une chambre et descendait justement l'escalier après avoir couché ses enfants à l'étage quand je suis entré. Je l'ai accueilli, comme tous les étrangers de passage. Sieur Zhou-yu et Dame Sirelna étaient là également.
Peu de temps plus tard, Lutécien a fait son entrée, se dirigeant vers moi. Tout a été si rapide alors... Il n'eut le temps de prendre place pour s'attaquer aux gaufres que j'avais apportées à son intention.
Je l'ai vu s'écrouler... au sol... devant mes yeux... atteint au torse par la lame d'un couteau... du sang s'échappant de sa plaie béante. Il... gisait là... je n'avais ... même pas eu le temps de... rattraper son corps dans sa chute. Le sang coulait...
J'ai entendu l'accusée évoquer un enlèvement d'enfant, mais en quels termes, je ne saurais dire. Je n'étais plus apte à entendre quoi que ce soit devant l'horreur de la situation.
Mon attention n'était plus fixée que sur Lutécien... près duquel je m'étais agenouillé pour presser les mains sur son torse... priant pour que le sang... s'arrête de quitter son corps frêle.
Je suis rapidement sorti... l'emportant hors de cette taverne, dans mes bras, afin de lui faire porter secours et le soustraire à cette folie meurtrière.



Qu’y avait-il de plus à dire, il n’avait vu grand-chose, tout avait été si vite. Le tour de Lutécien et d’autres viendrait ensuite.

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Maxrogulien
    [ En soirée du 24 Octobre, une auberge à Alençon ]
    ( en marge du procés)


Alençon, je m'y trouvais depuis deux journées à présent, et malgré mes petites visites dans les quelques auberges du coin, je n'avais su obtenir aucunes informations. Questionner sans dévoiler le but précis des questions était tout un art que je savais manier. C'était bien pour cette raison qu'on m'avait engagé. Pourtant je savais que si je tardais, ou si j'échouais, les Beaurepaire ne seraient pas tendre en mon endroit. Ils avaient ce regard tous, du plus vieux aux deux semblables qui m'avaient surpris en frappant chez moi pour me rappeler une vieille dette. Ce regard implacable, froid dénué d'humanité. Enfin c'est ce que j'aurai pu continuer à croire si ce soir là, je n'avais pas vu l'un d'eux revenir pour me confier une seconde mission qui primerait sur la première. Ce soir là, le regard que j'avais rencontré était loin d'etre celui d'un homme sans coeur, mais plutot celui d'un homme inquiet. Alors oui j'avais pas rechigné à prendre part à des possibles recherches, ce qui m'a amené ici.

Cette auberge était un peu plus luxueuse que les autres, fort heureux j'avais troqué mes vêtements de voyage pour quelque chose de plus confortable et acceptable. Lentement, saluant quelques visages qui se tournèrent vers moi, je m'avance vers le comptoir pour m'y installer. On y servait une soupe de légumes au lard. Parfait, j'en commende une assiette. Une fois celle ci entre mes mains je goute, savoure même le met est bon avant de regarder le propriétaire des lieux devant moi.


- Complimenter la personne qui a préparé cette soupe, elle est délicieuse ...

Une entrée en matière qui sembla ravir le gros bonhomme devant moi qui se lança sur un monologue pour vanter les talents de cuisinières de sa brave épouse. Mina. Aimable j'affichais un sourire en l'écoutant. En soi son histoire ne m'intéressait pas mais s'il fallait en passer par là, autant l'écouter en ponctuant de temps à autre de questions pour raviver les paroles de ce brave tenancier. Et finalement, se glissant là dans la conversation, je parviens à poser la question qui pourrait amener le sujet qui m'intéresse.

- Et sinon mon brave, quelles sont les nouvelles en ville ? A t-il quelque chose de particulier ces jours ci ?
- A mon ami, rien de bien notable, il y a eu un petit incident au marché pas plus tard que hier, deux marchands de draps se sont battus comme des chiffoniers ! Des chiffoniers je vous dis ! N'est ce pas un comble pour des drapiers ?
- Si Si vous avez raison ..
- Sinon il y avait bien ce procés !
- Un procés dites vous ?
- Oui une femme aurait tenté d'assassiner un garçon devant témoins, ah mon ami, il ne fait pas bon parfois de trainer là ou il ne faut pas.

Se pourrait-il que ... Je me le demande, prenant quelques cuillerées de soupe, je fais mine de m'en désintéresser.

- Il y a hélas de tout dans nos rues.
- Nous sommes d'accord, elle mériterait d'être pendu moi je vous le dis ! Un exemple pour prévenir les autres comme elle
- Elle a un nom ? Vous piquez ma curiosité
- Pour sur, Fanette Loiselier ... nous autre on parle souvent de ce qui se passe en ville, mon ami Michel aime bien
- Ah...

Sans doute que mon visage marqua un arrêt sur le nom donné qui interpella mon interlocuteur. Il me demanda si je connaissais, je secouais la tete lentement

- Pas personnellement non, mais c'est elle que je devais retrouver...
- Ah d'autres crimes ? Navré mon ami, mais je crains que vous arriviez trop tard, elle paiera pour ses autres crimes.

Une assassin donc ? Venant des beaurepaire, surtout leur père, je ne serai pas étonné. Arsène avait bien dit qu'elle travaillait pour eux et qu'il tenait à la revoir, devait-elle une mission à ces hommes ? Dans un sens je m'en moque, ça me regarde pas, en revanche dans des géoles, cela allait etre fort complexe de la voir. Je ne prie pas la peine de répondre au tenancier pour profiter de ma soupe déjà tiédie. J'allais devoir en savoir plus si je voulais écrire à mes "patrons". Après avoir payé mon du, je me retire. Bien j'allais devoir trouver le tribunal désormais. Bien décidé à repérer l'endroit avant de m'y rendre dés le lendemain, je me dirige vers la sortie sans voir cette silhouette qui vient barrer mon chemin, limite j'aurai pu lui rentrer dedans.

- Excusez moi ! J'allais sortir.
Elvire_acoma
Au fil des explications de la prisonnière, Elvire haussa un sourcil, puis les deux, pour finir par jeter un regard perdu au juge. Il ne s'agissait plus d'un acte gratuit ou d'un coup de folie, mais d'une vengeance qui pouvait tout à fait se comprendre pour qui avait -ou n'avait pas d'ailleurs- un enfant. Se faire voler la chair de sa chair devait être une souffrance inimaginable, même si cela n'excusait, bien sur, pas le geste commis.

Le témoignage du jeune Lutécien acheva de la sidérer, tant elle était loin d'imaginer toutes les horreurs pouvant être commises par certains mécréants. Et celui de Lucas lui rappela la douleur qui fut la sienne lorsqu'elle avait compris que sa mère vivait ses dernières heures.

Après les témoignages, la séance fut levée, et la salle d'audience refermée une fois que tout le monde l'eut quittée. La prévenue fut ramenée dans sa cellule, le procureur déposa ses dossiers dans son bureau avant de rejoindre l'armée prévue pour la défense de la ville durant la nuit.
Après avoir dormi presque toute la matinée, elle prit un léger dîner, puis rejoignit son bureau pour y rédiger son réquisitoire, et traiter les autres demandes de plaintes parvenues la veille, tard le soir, puis tôt le matin, suite aux poutrages de l'armée Barbac, qui semblait vouloir prendre racine aux portes de Verneuil.

Un courrier portant la signature de l'un des témoins attira son attention, et sa lecture la laissa songeuse. En tant que procureur, elle aurait pu répondre que l'accusée aurait du réfléchir aux conséquences de ses actes et que les conditions de détention étaient une partie de sa condamnation. En tant que humaine dotée d'une âme par la grâce du Tout Puissant, elle pouvait comprendre le malaise du maire d'Alençon. Et puis, si Fanette succombait avant le verdict, il n'y aurait pas de jugement, et tout le monde aurait été éprouvé pour rien lors de l'audience.
Adoncques, elle rédigea sa réponse et la fit prestement parvenir à la mairie.




Sieur,

Votre bonté d'âme vous honore, en effet, après l'acte que Fanette a commis envers l'un de vos amis.
Je vais faire transférer l'accusée dans la première geôle, je vais également lui faire porter de quoi se laver, ainsi que des vêtements propres, sur mon propre compte. Il ne sera pas dit que le duché aura laissé mourir quelqu'un en prison.

Que Ste-Illinda veille sur l'Alençon.
Elvire d'Acoma


Au page chargé des correspondances, elle manda qu'une servante soit envoyée à la geôle de Fanette, avec une bassine d'eau chaude, du savon, une tunique et une robe en lin, ainsi que l'ordre de se tenir à la disposition de la prisonnière si celle-ci avait besoin d'aide pour sa toilette. Le tout sous la bonne garde des geôliers, bien évidemment, afin d'éviter toute tentative d'évasion.

24 Octobre, réquisitoire de l'accusation

La salle d'audience avait été rouverte, les protagonistes de nouveau convoqués, les portes laissées ouvertes au tout venant afin que quiconque puisse venir écouter la fin de ce procès peu ordinaire.

Le moment venu, la petite brune se leva et s'exprima.


Nous sommes là face à une affaire peu banale. Fanette, je ne jugerai pas l'enlèvement de votre enfant, ce n'est pas l'objet de ce procès, en revanche, je comprends mieux votre geste. Sous l'effet de la rancœur, d'un désir de vengeance, vous avez sans doute voulu faire justice vous-même. C'est humain, mais ce n'est pas la meilleure solution au regard des lois. Le mieux aurait été de déposer plainte auprès du tribunal, afin qu'une enquête soit ouverte.

Se retournant vers le juge, la petite brune inspira un bon coup avant de prononcer son réquisitoire.

Votre Honneur, j'aurais tendance à dire que, si l'acte commis est grave, et si son auteure mérite d'être condamnée, nous devons prendre en compte le fait que cela répondait à un autre acte, peut-être aussi douloureux qu'un coup de poignard. De plus, à ouïr le témoignage de sieur Lutécien, il appert que cette affaire est plus compliquée qu'il n'y paraissait au premier abord, et que nous n'en avions pas tous les tenants et aboutissants.

Je ne dis pas qu'il faut l'absoudre pour autant, car un crime a été perpétré sur les terres du duché, mais je prononcerai une peine symbolique, étant donné que la victime est sortie de l'inconscience et n'en gardera aucune séquelle, qu'elle réclame de son propre chef la clémence ; et que j'ai moi-même oublié un détail dans mon acte d'accusation.

Je requiert donc une amende d'un écu envers le duché, d'un écu envers l'Eglise pour les soins aux indigents, et une confession auprès d'un clerc de l'archidiocèse de Rouen dont dépendent les paroisses de notre duché.
Lison_bruyere
En deux jours, les conditions de détention de la fauvette s'étaient améliorées. Le procès avançait. Voilà deux jours déjà qu'on la conduisait dans la salle d'audience du tribunal. Le procureur avait finalement rendu un réquisitoire favorable, mais le juge ne s'était pas encore prononcé. En la ramenant dans les geôles ducales, on l'avait changé de cellule et rapprochée de la salle de garde. La terre battue n'était pas encore souillée d'immondices et d'excréments comme le sol de la précédente geôle. L'odeur y était plus respirable et, si le soupirail laissait passer le froid et un peu de pluie, elle pouvait imaginer à la tiédeur du mur de pierre, les flammes qui dansaient dans l'âtre appuyé à l'autre côté de la cloison. Elle avait désormais un endroit sec où s'allonger, et si elle se sentait toujours fiévreuse, au moins pouvait-elle s'enrouler dans une couverture propre. Elle s'était presque endormie quand le bruit métallique de la clef la réveilla. A la lueur d'une torchère tenue par le geôlier, une femme se faufila par la grille entrouverte, portant un seau d'eau chaude d'un côté et un drap et quelques vêtements propres de l'autre. Fanette se redressa, glissant son regard de l'un à l'autre. La femme était sobrement vêtue, d'une chainse en toile de chanvre couverte d'une cotte de laine épaisse d'une teinte brunâtre. Un bonnet retenait sa chevelure mais quelques mèches brunes parsemées d'argent s'en échappaient négligemment. Un affable sourire se dessina sur son visage, creusant des fossettes à ses joues piquées de couperose.

– C'est l'procureur qui m'envoie m'dame, pour que vous puissiez faire un brin d'toilette. J'vous aide ?

Avant d'attendre sa réponse, elle avait posé son seau et s'était déchargé du linge, puis elle avait déplié le drap et cherché un endroit pour le poser, mais la pièce était dépourvu du moindre meuble. Elle le coinça dans les barreaux et prit un air plutôt revêche pour faire signe au geôlier de se retourner. L'homme acheva de rechigner quand elle énonça quelque menace à faire remonter au procureur. Fanette la regardait faire, un peu interdite, mais l'occasion était trop belle de pouvoir enfin se laver. Elle ne savait même plus depuis quand ne s'était pas défait de la chainse crasseuse qui lui collait au corps, une semaine au moins, peut-être plus. Sa propre odeur l'incommodait tant elle était sale. Elle laissa tomber au sol les vêtements souillés et les poussa du pied vers un coin de la cellule. Elle grelottait de froid mais le parfum du savon sur sa peau était si agréable qu'il valait bien quelques frissons de plus. Emmitouflée dans le drap, elle quémanda l'aide de la femme pour laver sa chevelure. L'eau du seau n'était plus aussi propre qu'à son arrivée, mais ce serait toujours mieux que de garder ainsi la masse blonde de ses boucles.

Quand la femme était repartie, Fanette allait un peu mieux. Les vêtements étaient un peu grands pour elle, mais au moins ils sentaient bon et ils étaient secs. Elle se réinstalla contre le mur tiède.
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Sakou
Sakou avait été nommé juge qu'il y a peu et avait eu la tâche d'étudier le dossier. Se dossier n'était pas une mince affaire. Une tentative de meurtre sur les terres d'Alençon. C'était-il déjà passé quelques choses de plus affreux?

Lorsque Sakou avait ouvert le dossier, elle vit le nom de Lutécien, mieux connu sous le nom de Claquesous. Elle remit son attention sur le dossier.

Il était clair que la prévenue, Fanette, avait attaqué l'homme parce que celui-ci lui avait enlevé un de ces fils. C'était triste en faites, car son action était poussé par la rage, d'une mère, qu'on ressent lorsque l'on perd un enfant. Si de surcroît cet enfant a été enlevé et que par tous les hasards elle tombe sur lui.

Et si Sakou tombait sur Montparnasse? N'avait-elle pas entendu qu'il était mort? Elle ne sait plus. Par contre, elle aimerait bien savoir se qui c'était passé dans le bureau du directeur quand son fils fût amené en état de choc et blessé. Ce jour-là, son frère Marquis lui avait expliqué que son fils, Lionel, avait disparu pendant un an et qu'après il n'était plus le même. Sakou comprenait la douleur de cette Fanette.

Elle écrit donc son verdict et décida de se rendre au geôle. Elle tomba face à face avec un gros dur qui semblait avoir manqué d'oxygène à la naissance.Celui-ci ne voulait pas la laisser passer.

Écoutez bien Garde! Je suis dame Sakou Duméry de Léonide du Mont-Lozère, Juge d'Alençon et j'ai tous les droits de venir rencontrer la dénommée Fanette durant son incarcération. Si vous tenez à votre place, laissez-moi passer sinon je demande au Prévôt de vous trouver une nouvelle affectation.

L'homme confus au regard bête laissa passer la juge.

Se n'est que quelques instants plus tard qu'elle se trouva devant une jeune femme, amaigrie et adossé contre un mur...


Est-ce que l'on vous traite bien, Fanette? Car si il y a quoi que ce soit que je peux faire, faut me le dire.

Un regard étrange vers le juge de la part de la femme qui se trouve derrière les barreau.

Je suis dame Sakou Duméry de Léonide du Mont-Lozère, Juge d'Alençon. C'est moi qui va rendre le verdict plus tard aujourd'hui. Je suis venu vous annoncer, d'avance, ce à quoi vous attendre.

Pour le Trouble à l'Ordre Public pour la tentative de meurtre de messire Lutécien, vous êtes condamné à mort par pendaison.

Je suis consciente que cela peut vous troubler et j'ai bien entendu la victime demander grâce pour vous, mais un crime reste un crime.

Par contre, j'ai tenu compte de l'intervention du procureur et nous irons pour une peine symbolique de six (6) jours de prison, ainsi qu'une amende symbolique de cinq (5) écus pour les frais de dossier et vous devrez aussi faire un don d'au moins un (1) écu à l'Église d'Alençon.

Sachez que vous serez mise à l'épreuve et vous vous engagerez à respecter la paix, dans tous les royaumes, pour une durée d'une année. Si vous manquez à cet engagement vous devrez faire face de nouveau à la justice. Vous devrez aussi faire du bénévolat dans un hôpital de votre choix, durant une période de trente (30) jours.

Pour finir, je tiendrais compte que vous avez déjà été incarcérée durant votre procès et que je demande votre libération immédiate des geôles puisque votre durée de détention est considérée comme faite. Cela s'appliquera une fois que j'aurais rendue ce verdict au tribunal.

Avez-vous des questions?


Correction faites dans le but de garder une logique RP, car j'étais entrain de faire du mélangisme

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dame Sakou de Franchimont Duméry de Léonide du Mont-Lozère
--Fanette_loiselier


Recroquevillée contre le mur, Fanette profitait de la tiédeur des pierres chauffées par la cheminée de la salle de garde, de l'autre côté de la cloison. Elle ne prêta pas tout de suite attention à la silhouette qui s'avançait dans le couloir. C'est quand la femme lui posa une question sur ses conditions de détention qu'elle la détailla avec un peu plus d'attention. Elle était bien vêtue, d'un mantel de laine azur bordé de fourrure. Ses cheveux sombres étaient tirés en arrière, dégageant un grand front pâle sur lequel retombaient quelques mèches ondulées et l'éclat de ses yeux révélait une fermeté enrobée de douceur.
La captive se redressa légèrement, mais ne sut répondre que par un haussement d'épaules, résignée à vivre depuis plusieurs jours dans la crasse et le froid. Par chance, les geôliers autorisaient parfois les visites et quelques personnes, après Claquesous, étaient venues lui apporter un peu de nourriture ou des couvertures.

La femme déclina son identité, surprenant un peu plus la fauvette, peu au courant des us de la justice. Ou peut-être n'était-ce que par compassion que la magistrate était venue la préparer au verdict qu'elle s'apprêtait à rendre un peu plus tard, dans la salle d'audience. Une seule phase s'imprima à son esprit : "pour la tentative de meurtre de messire Lutécien, vous êtes condamnée à mort par pendaison. "

Son cœur cessa de battre, tout son sang reflua, pour ne laisser que des lambeaux vides, amorphes et glacés. C'est du moins l'impression qu'elle eut en entendant la sentence. Elle pouvait sentir ses membres s'engourdir, ses mains retombèrent au sol, de part et d'autre de ses jambes et son menton s'affaissa sur sa poitrine. Elle ferma les yeux. La femme continuait à lui parler, de ce même ton régulier, presque doucereux mais Fanette ne comprenait plus. Elle n'entendait qu'un flot de mots dont elle ne saisissait plus le sens. Sa tête bourdonnait, et, derrière ses paupières closes, c'est l'image de ses enfants qu'elle voyait, ce sont leurs cris qu'elle entendait, tandis que se dessinait au-dessus la silhouette sinistre d'une potence.

Elle n'aurait plus le temps pour eux. Elle allait mourir, c'est tout ce qu'elle avait compris des propos que la juge était venue lui confier à travers la grille de sa cellule. Elle mourait de la même façon que Montparnasse, accrochée à un gibet, comme si ses crimes pouvaient être l'équivalent des siens. Elle mourrait sans revoir ses enfants, sans les serrer une dernière fois contre elle sans même leur laisser une trace de l'amour qu'elle avait pour eux.

Les larmes roulèrent à ses joues quand elle rouvrit les yeux, et elle tourna vers la magistrate un regard où l'incompréhension se tourmentait de chagrin. Elle buta sur l'expression interrogative de la femme de loi, mais sa gorge refusait de laisser passer un son. Alors, elle lui tourna le dos, ignorant sa question qu'elle n'avait pas plus entendu que le reste et se laissa tomber mollement le long du mur. Ses mains tremblantes saisirent la couverture, la remontèrent jusqu'à son nez et la jeune femme désespérée s'y roula en boule, marquant ainsi sa volonté qu'on la laisse seule pour affronter l'idée de sa mort prochaine.
Sakou
Sakou venait à peine de finir, que la jeune femme l'a regarda d'un air d'incompréhension et de chagrin. Sakou était tout à coup perplexe. Avait-elle écouté tout se qu'elle venait de dire? Elle ne savait pas trop, mais compris rapidement que la réponse était non. Fanette n'avait pas écouté le verdict jusqu'au bout. La bouche ouverte, mais aucun son ne semblait sortir de sa gorge...

GARDE! GARDE!!!!

Fanette lui tournait le dos maintenant et tomba comme un chiffon au sol...

GARDE! Grouillez-vous... Ouvrez-moi cette porte immédiatement.

-Désolé, m'dame la Juge! J'ai ordre...

Je me fous des ordres, ouvrez-moi cette porte immédiatement. Vous ne voyez pas que cette femme est en détresse...

Le garde regarda la jeune femme, puis le juge et rebroussa chemin en grommelant un truc du genre : Ah ces femmes quand elles ont le pouvoir.

Sakou regarda de nouveau la jeune dame. Ces mains tremblantes prirent une couverture et s'y cacha la moitié du visage avant de se rouler en boule...

Le garde revient avec un autre homme aussi corpulent que lui et ouvrit la cellule de Fanette.


Nous restons avec vous, m'dame la Juge. Au cas, ou elle voudrait vous tuer... vous aussi.

D'un signe de tête, Sakou remercia l'initiative des deux hommes, même si elle savait qu'elle ne serait pas en danger.

Sakou entra dans la cellule et s'approcha de Fanette. Elle enleva son mantel de laine azur bordé de fourrure avant de se mettre à genou. Puis, elle déposa son mantel sur le corps de la jeune femme. Peut-être pour la réchauffer, peut-être est-ce pour la réconforter. Sakou voulait juste que Fanette comprenne qu'elle n'était pas son ennemi dans cet histoire. Ne venait-elle pas juste de lui dire qu'elle serait enfin libre?

Sakou déposa sa main sur sa tête et lui flatta les cheveux. Son instinct maternelle venait de prendre le dessus devant cette pauvre femme qui avait vécu l'enfer. Fanette pourrait être sa fille, elle était si jeune. Puis, elle leva la tête, légèrement de la jeune femme et la déposa sur ces jambes et continua de caresser ces cheveux pour la réconforter.


Je dois avouer que je suis dans ce groupe de femme qui peut comprendre le geste que vous avez commise. Mon fils, alors qu'il tentait de me retrouver est malheureusement tombé sur le pire ennemi de ma famille. Laisser pour mort, il est allé se réfugier dans l'Orphelinat Ste-Catherine et il a disparut pendant toute une année. La dernière personne qu'il a vu ce jour-là c'était le directeur de l'orphelinat. Un dénommé Montparnasse. Est-ce qu'il a un lien avec sa disparition? Je ne le serais jamais. Mon frère me dit que non, mais comment le prouver puisque l'individu est mort aujourd'hui.

Je suis terriblement désolée pour l'enlèvement de votre enfant, mais peut-être que je pourrais vous aider à le retrouver en vous offrant des écus nécessaire pour que vous puissiez le rechercher?

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dame Sakou de Franchimont Duméry de Léonide du Mont-Lozère
--Fanette_loiselier
Une main maternelle lui caressait doucement les cheveux, l'extirpant des limbes du désespoir dans lesquels elle venait de se murer, persuadée de sa mort prochaine. Elle se redressa légèrement à la sollicitation, retrouvant l'appui du mur. La voix était bienveillante. De nouveau son regard de noisette accrocha celui de la juge accroupit à sa hauteur. Elle ressentit de la gêne à cette proximité. Elle n'avait plus peigné sa chevelure depuis son arrestation, on ne lui avait accordé de se laver qu'une seule fois, et les vêtements qu'on lui avait remis alors, un peu trop grands pour elle, s'étaient déjà sali, à force de vivre à même le sol comme les rats qui, la nuit, tentaient de venir voler sa nourriture. Elle s'était accoutumée à l'odeur, mais elle ne la trouvait pas moins pestilentielle. Que pouvait bien penser une belle dame comme celle qui tentait de la rassurer, malgré l'austérité du lieu ?

Elle s'efforça d'occulter ses peurs pour écouter ce qu'elle avait à lui dire et les traits de son visage se chiffonnèrent à l'évocation de Montparnasse et de l'orphelinat des miracles. Elle se contenta d'un hochement de tête, peinant à retrouver ses mots, pour confirmer la mort de son directeur, pendu lui aussi. Elle avait ressenti du soulagement quand elle avait appris son trépas, et elle n'espérait qu'une chose, c'est que l'Alzo, qui la terrifiait sans doute bien plus encore que ses fils, ne suive le même chemin.
Elle ignorait ce qui s'était passé pour l'enfant de la magistrate, peut-être son nom était-il dans le petit carnet qu'elle avait dérobé. En cet instant, elle ne savait même plus dire ce qu'elle en avait fait. Sans doute avait-il fini dévoré dans les flammes d'une des cheminées de l'auberge à Limoges.

Elle l'écouta jusqu'au bout cette fois-ci. Elle aurait voulu lui exprimer sa compassion mais elle en était tout bonnement incapable, tant parler lui semblait difficile. Sa voix restait prisonnière de sa gorge, et c'est au prix d'un effort qu'elle parvint à répondre à sa proposition, d'un mince filet de voix.

– Pas la peine m'dame, je l'ai retrouvé, mais ça m'a pris dix mois. Dix mois durant lesquels ce que j'ai perdu de ma vie, je ne le retrouverais plus.

Elle laissa son regard s'échouer sur le sol. Voilà pourquoi elle avait eu cette rage de vengeance, ainsi qu'elle l'avait expliqué déjà. Elle avait raté la première année de la vie de son fils, son mariage s'était brisé, son auberge avait accumulé les dettes et, pour échapper aux menaces d'un homme qui la terrifiait, elle avait fini par accepter d'en épouser un autre, qui, en plus d'être bien plus âgé qu'elle, s’avérait être dur et inflexible. Puis, quelle importance cela pouvait bien revêtir, quand on énoncerait tout à l'heure sa sentence dans la salle d'audience du tribunal.
Sakou
Sakou ne peut pas raconter tout se qu'elle aimerait lui dire. Un frisson parcourt son dos jusqu'à la base de ces cheveux. Un mauvais souvenir du passé, revient lui dire bonjour. Un souvenir de la prison des Malcombre, celle qui devait la casser il y a de cela plus de quinze années. Aussi douce qu'elle peut l'être, Sakou peut devenir impitoyable quand cela est nécessaires. Cette jeune femme devait elle, lui briserait le cœur si elle en avait un. Elle a de la peine, de la tristesse. Se demandant comment elle pourrait l'aider pour que Fanette puisse se sentir mieux.

– Pas la peine m'dame, je l'ai retrouvé, mais ça m'a pris dix mois. Dix mois durant lesquels ce que j'ai perdu de ma vie, je ne le retrouverais plus.

Sakou est perplexe. Pourquoi Fanette ne se sent pas mieux si elle l'a retrouvé. Elle va pouvoir aller le rejoindre dès ce soir, retrouver sa famille...

En effet, dix mois que vous ne pourrez jamais rattrapée. Je suis d'accord avec vous, mais vous avez été chanceuse que l'Architecte Créateur me guide sur votre route. Qu'est-ce que dix mois, alors que vous aurez le reste de votre vie pour le voir grandir?
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dame Sakou de Franchimont Duméry de Léonide du Mont-Lozère
--Fanette_loiselier

Fanette releva un visage fatigué vers la magistrate. Elle posa son regard pailleté d'or dans le sien. De quoi pouvait-elle bien lui parler, quelle vie évoquait-elle ? Elle avait la sensation que son crâne allait exploser, ses tempes étaient douloureuses et elle les massa du bout de l'index. Sa tête bourdonnait. Elle baissa les yeux de nouveau, toujours recluse au silence, et, elle se rallongea contre le mur. Si le verdict devait être énoncé un peu plus tard au tribunal, elle avait besoin de se reposer et de dormir pour affronter cette dernière audience.
Sakou
Sakou ne pouvait rien faire de plus. Sans compter qu'elle devait aller se préparer. Dans quelques heures, elle rendrait le verdict contre Fanette.

Poliment, Sakou s'excuse et quitte la cellule de la prisonnière avec les deux malabars à ces talons. Ils devaient surement avoir hâte qu'elle sorte.

Elle remercie les deux hommes pour leur bon travail et quitte la geôle en direction du tribunal.



[Quelques heures plus tard]

Tout le monde avait été rassemblé dans la salle d'audience. Le huissier s'adressa à eux.

Veuillez-vous lever pour l'honorable Sakou de Franchimont Duméry de Léonide du Mont-Lozère, Juge d'Alençon...

Sakou entre dans la pièce et vint s’asseoir sur son siège. Fanette était présente et lui sourit.

Sakou regarde la procureur et l'accusée puis...


Après avoir longuement réfléchie à cette situation, voici donc le verdict que je vais rendre aujourd'hui.

Vu les principes du Droit Coutumier en vigueur en Alençon ;

Qu'il soit entendu que le Procureur du Duché d’Alençon s’est saisi du tribunal de justice dans le cadre de l’affaire opposant une ressortissante étrangère envers un habitant du Duché. Il était alors reproché à la dénommée Fanette un motif de Trouble à l'Ordre Public, pour avoir tentée de tuer Lutécien.

Attendu que le déroulement des faits a préalablement été détaillé par le Procureur ;

Attendu que la prévenue a préféré ne pas recourir au droit de se défendre par un avocat;

Considérant que cela ne saurait garantir l'innocence de la prévenue;

Attendu que la prévenue a refusé son droit à une dernière plaidoirie;

Attendu que la preuve a été faite et que la prévenue n'a pas nié avoir attaqué le dénommé Lutécien dans le but de le tuer;

Attendu que la victime demande la grâce de la prévenue;

Attendu qu'a ma connaissance, il n'existe pas de jurisprudence pour la situation que nous avons entendu au sein de ce tribunal. Un crime reste un crime et ce même si la victime a de la compassion pour son agresseur.

Considérant le fait que la victime avoue elle-même être à l'origine d'un enlèvement, il y a quelques mois, d'un enfant de la prévenue;

Attendu que messire Lucas Storm a subit un choc post-traumatique en ayant assisté à l'attaque de la prévenue sur la victime;

En ce lundi 28 octobre 1467 et en vertu des pouvoirs qui m'ont été conférés par Sa Grâce la Duchesse Léana de Blauzac-Lannoy, moi, Sakou de Franchimont Duméry de Léonide du Mont-Lozère, Juge d'Alençon, déclare que la dénommée Fanette est coupable de Trouble à l'Ordre Public pour avoir tenté de tuer messire Lutécien.

L'accusée Fanette, fait donc face à la peine de mort. Par contre, je tiendrais compte de l'intervention du procureur et nous irons pour une peine symbolique. Soit le nombre maximal de jour de prison qui est six (6) journées, ainsi qu'une amende symbolique de 5 écus pour les frais de dossiers et un don d'au moins 1 écus doit être fait à l'Église.

L'accusée Fanette fait face à une mise à l'épreuve et s'engage à respecter la paix dans tous les royaumes pour une durée d'une année. Si elle fait un manquement à cet engagement, elle sera accusée aussitôt et risquera la peine de mort.

Elle s'engage aussi à faire du bénévolat dans un hôpital de son choix, pour une durée de 30 jours.

Pour finir, je tiendrais compte que l'accusée Fanette a déjà été incarcérée durant son procès et que je demande sa libération immédiate des geôles puisque sa durée de détention est considérée comme faite.

Dès à présent, les parties impliquées dans ce procès disposent pour une durée de deux semaines du droit de faire appel à ce jugement auprès du Tribunal de Paris

Tel en est décidé.


Toc, Sakou venait de marteler de son marteau de juge, pour rendre le verdict officiel.
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dame Sakou de Franchimont Duméry de Léonide du Mont-Lozère
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