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[RP] Allright. Ole-raille-te ? Non pas du tout ole-raille-te

Lison_bruyere
    Nîmes, 10 mai 1468

Quand la cité antique se dévoila au détour d'un chemin, un sourire s'invita discrètement au visage taché de son de la fauvette. Elle reprit son fils contre elle pour enjamber le dosseret du chariot et venir s'asseoir sur le banc du meneur à côté de l'Anglais. Elle lui offrit un sourire. Elle lui était reconnaissante d'être resté présent pour préserver sa sécurité et celle de son fils sur les sentiers qui l'avaient éloignée de la périlleuse Limoges. La jeune Valhalla dormait encore à l'arrière, sa tête oscillait doucement au rythme des cahots de la route.

– Regarde Milo. C'est là que vit ton grand-oncle Dalerand.

Elle gardait un espoir bien ténu de retrouver ici le frère de sa mère, seul membre de sa maigre famille qui avait toujours pris d'elle le même soin affectueux. Elle ne doutait pas qu'il lui offrirait le refuge de sa maison et sa protection s'il apprenait la succession d’événements qui l'avait contrainte à fuir la vie qu'elle s'était construite en Limousin. N'avait-il pas cherché déjà à la dissuader d'épouser le Corleone trois ans plus tôt, pour venir vivre ici ? Si seulement elle avait su l'écouter alors.

La vie prenait parfois des détours inattendus, et finalement, elle revenait là, dans cette cité où, quand elle n'était encore une jeune pucelle insouciante, elle avait connu tant de petits bonheurs près de cet oncle impossible qu'elle avait doucement appris à connaître et à aimer. Elle espérait bien renouer, sinon à l'insouciance, au moins aux plaisirs simples, loin des drames de Limoges et des menaces du clan italien.

Les rencontres du jour s'avérèrent agréablement surprenantes, surtout ce couple, un homme à la quarantaine sombre, abrité sous un capuchon et une jeune ingénue de moins de la moitié de son âge. Elle avait trouvé la seconde affable et divertissante, et s'était méfiée du premier, plus encore quand il s'était intéressé à son fils. Fanette s'était méprise, mais la malaventure qui lui avait valu quelques ecchymoses quatre jours plus tôt restait trop ancrée à sa mémoire pour qu'elle laisse un inconnu approcher le mini Corleone. Pourtant, cet homme-là allait lui offrir son visa de séjour dans la cité antique.

Fanette devait travailler. La mine ou les champs, ce n'était pas pour elle. Outre sa frêle constitution, et l'enfançon sans père qui bientôt, arrondirait son ventre, elle devait trouver un emploi qui lui permette de s'occuper de Milo. Elle avait de l'expérience comme tavernière, et longtemps sa maison de Limoges avait été la plus fréquentée de la ville. Bien des paysans y passaient au retour des champs pour prendre un repas simple qu'elle préparait chaque jour en quantité. Au soir, on louait parfois ses talents de conteuse, mais surtout, elle pouvait assurer le service dans la salle commune, tout en gardant un œil sur son petit, ou le faire dormir dans la pièce voisine, en ayant l'assurance de l'entendre s'il se réveillait. Hélas, la prospection dans les auberges existantes n'avait rien donné, et la relevée touchait à sa fin sans qu'elle n'ait pu trouver embauche.

L'homme sombre lui avait alors fait une proposition surprenante. Il était propriétaire de plusieurs auberges, et il allait hâter les démarches afin d'en ouvrir une nouvelle, ici même, avant son départ prévu au soir. La jeune mère l'avait écouté, un peu incrédule, mais il fallait forcer sa chance, alors, quand il lui avait proposé le poste de tenancière, elle avait accepté, évidemment. En quelques heures, aussi incroyable que ça puisse être, elle avait poussé la porte d'une belle bâtisse, qui semblait avoir été construite pour devenir auberge. La lourde porte de bois clair s'ouvrait sur une vaste salle commune. Derrière un comptoir de chêne, un étroit couloir qui mesurait moins de deux toises de long donnait sur une grande réserve et une chambre. Enfin, l'étage, auquel on accédait par un escalier un peu raide, desservait quelques chambres de taille différente. Dans presque toutes, on avait installé un baquet derrière un paravent.

Fanette, tenant son fils par la main, s'était étonnée en découvrant cette maison, où désormais elle vivrait et travaillerait, suffisamment longtemps, si la chance voulait bien continuer encore à la garder dans ses bonnes grâces. Son propriétaire n'avait pas lésiné sur les moyens, et s'était débrouillé pour meubler et remplir la réserve de vivres en un temps-record. Elle avait négocié son salaire. Il avait revu à la baisse les ambitions de la jeune mère mais lui avait octroyé le gîte et le couvert, et pour prévenir son absence, il lui avait alloué une confortable avance de cent-vingt écus. Et plus encore, il lui avait permis de choisir le nom de l'établissement, et l'avait fait peindre sur une enseigne de bois suspendue devant la porte. La Stellina. Elle n'avait pas hésité, donnant ainsi à cette maison le surnom de sa petite fille, qui reposait en Limousin.

Alors, dès le soir, elle avait passé un tablier sur sa cotte de laine et se tenait prête à accueillir ses premiers clients, en espérant qu'ils soient nombreux.


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Vahllala
Seuls, l'allumeur de l'unique réverbère du pôle Nord, et son confrère de l'unique réverbère de pôle Sud, menaient des vies d'oisiveté et de nonchalance : ils travaillaient deux fois par an.
Le Petit Prince de Saint Exupéry - Saint Exupéry



Quoi de mieux que'une charrette pour faire la sieste, recouverte d'une chemisette, rien! Ici tout avance, le cheval, les roues et... Fanette. Il se passe des chose étranges ici, c'est qu'elle a l'air grave, un aire gravement sérieux. Et ça, la grande perche n'y comprendra jamais rien. Elle a beau avoir 13 ans, la blonde flaire le soucis, le gros soucis. Et elle comprend donc que la petite, la Fanette, elle a encore un soucis.

Dormant d'un œil, elle écoute les sons extérieurs à la tente, les roues couinent, les oiseaux de nuits hulules et sa protectrice du moment cogite tellement fort qu'elle pourrait entendre ses multiples nœuds se créer et serrer. Une enfant arrivant à la charnière de l'âge ingrat s'étonne de tous ces gens qui s'acharnent contre la jeune mère. Les ragots, elle en a entendu, et exagérément. Mais, l'instinct de la blonde lui indique qu'elle n'a d'autres choix de protéger à sa manière Fanette, et donc, la nuit, elle récite des incantations revenant de sa prime enfance, des mots interdits ici que seuls les derniers héritiers des traditions perdu se repassent en chuchotant.
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