Le_rasconteur
- |Du côté des croisés volontaires, témoignage journalier de l'Abbé Réjus|
|Scène où le seigneur d'Assevillers est en prière|
Je me trouvais installé dans cette ancienne chapelle de la région, loin du tumulte des membres des dix-cordes qui semblait s'éterniser cette nuit-là. Le calme plat régnait au sein de ce cocon de pierre de style roman, sobre et sans fioritures excessives. L'on y voyait à peines, quelques cierges et chandeliers dispensant une lumière vacillante. Soudain j'entendis la porte de bois massif et grossier se refermer dans un bruit mat qui se répercuta dans le lieu. Un homme visible dans la lumière diffuse s'avança dans le couloir central. Je vis qu'il portait un tabard bleu frappé d'un croissant de lune distinctif sur son torse, sous une cape sombre qui le couvrait partiellement, une barbe encadrait son visage à peine visible. Et lui ne me vit point. Il alluma un cierge, et s'agenouilla. Sa posture était étrange. Sa main droite était dressée comme il se fait au cours des prières où l'on joint les deux mains. Et dans son cas, je vis qu'il n'usa pas de main gauche. C'est alors que je reconnus le seigneur Camille de Kermorial. Longtemps il resta ainsi, en silence. De murmures en murmures, sa voix devint audible. J'entendis alors qu'il priait et une partie de ses mots.
... donne leur force de parvenir à destination et préserve-les. Que la mer leur soit clémente, sans nul ennemi pour les retarder. Quant à nous autres, guide nos pas vers la victoire. Que la promesse originelle dite des royaumes renaissants se réalise et qu'émerge à nouveau la bonne et saine royauté d'antan. Celle qui boutera ces roitelets iniques hors des trônes dont il se sont rendus indignes par leur couardise et leur ventre mou.
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Donne-moi une bonne et noble descendance par elle. Prête-moi la force suffisante de maintenir sa joie. Amen.