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[RP] Vadrouille, Sueur et Pipe.

Hope
Chapitre XXVII - Episode 3

    Fragment de vie – Banquet à Ossaranh – Soirée du Vendredi 3 Mai.



Seigneurie d'Ossaranh charmant petit domaine de son maitre d'armes, leur ouvre ses portes pour profiter d'un peu de confort et de bien-être salutaires pour toute la troupe, blasée, de ces séjours dans des auberges, certes bien entretenues, mais n'offrant pas toujours toutes les commodités nécessaires.
Fourbue, elle se détend dans son bain, se délectant de la douce chaleur de l'eau dénouant ses tensions, apaisant son esprit.
Luxe, calme et volupté... un plaisir sans fin, surtout lorsque l'on s'est affronté lors d'un duel musclé quelques heures auparavant, et contre toute attente qu'elle avait emporté... de justesse.

Quelques minutes plus tard, elle sort du baquet, et à travers le petit miroir de la table de toilette aperçoit les quelques meurtrissures infligées à son corps, ces derniers mois.
Les entrainements, les combats avaient mis à rude épreuve toute sa carcasse, mais elle doit au moins reconnaître de leur efficacité.
En pleine contemplation narcissique, elle jauge sa silhouette redessinée, plus musclée et paradoxalement plus féminine.
Elle avait d'ailleurs dû avoir recours à une couturière pour retoucher ici et là la plupart de ses tenues.

Et justement, elle contemple les trois posées sur le lit, hésite sur celle à porter pour la soirée, et opte pour une cotte de soie argentée, et d'une robe à tassel en velours violet.
Puis, brossage soigneux de sa longue crinière corbeau retombant en cascade dans son dos, rehaussée d'un cerclet fleuri en laiton plaqué argent, elle sort enfin de sa chambre pour rejoindre les autres.

Des éclats de voix parviennent jusqu' à elle, alors qu'elle descend l'escalier la menant vers la Grande Salle de réception, et tendant l'oreille, elle comprend de suite qu'elle est la dernière à pointer le bout de son museau.
Un fin sourire étire ses lèvres, lorsqu'elle les rejoint, son regard glissant sur chacun d'eux, se portant avec plus d'insistance sur Elvyna, très élégante, Ariane au visage plus lumineux et sur le seyant maitre des lieux.

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Hope
Chapitre XXVIII

    Fragment de vie – La Teste de Buch, le paradis terrestre – Jeudi 9 mai.


Mmmh... La Teste de Buch.
Sa grande Dune.
Son arsenal.
Son écrin de verdure.
Son lac.
Son village.
Son chez elle.
Son petit coin de paradis.

Arrivée sur le pas de la porte, elle se retourne, et scrute d'un air toujours aussi émerveillé, son petit jardin tapissé de blanc, avec ici et là quelque touche de jaune d'or.
En pénétrant à l'intérieur, ses narines frémissent au doux parfum diffusé par les différents bouquets disséminés un peu partout.

Faisant le tour de la propriété, c'est le cœur ravi, qu'elle redécouvre cette vue splendide sur le lac, un peu en contrebas, encerclé de sa forêt si majestueuse, un chemin partant du jardin, et traversant gracieusement la prairie et menant au petit ponton, où se trouve amarrée sa barque de fortune.

C'est sans surprise, qu'elle constate que sa demeure peut sans soucis recevoir ses compagnons de route.
La jeune Manaut, qui pourrait bien emporté la palme de l'employée du mois, s'est, durant son absence, occupée à la perfection du foyer, accueillant, et d'une propreté éclatante - tout part, tout brille, et on se voit même dedans !
Tout à fait digne de recevoir une Princesse et sa suite, sauf qu'il n'y a pas assez de place pour tout le monde.

Donc, exit les employés en trop et... Sirius, - le pauvre... - qui devra se contenter de l'auberge située non loin de là - 'fin si elle existe toujours, pas eu le temps de vérifier.
Sa propre chambre pour la cousine, l'autre pour l'Horn et, elle - dans la fosse à purin ? - meeeeuh non hein, dans son petit labo aménagé un peu en retrait de la maison - prudence est mère de sureté, elle est bien capable de tout faire péter.
Mmmh, d'autant que ces derniers jours, elle est comme qui dirait... étourdie.

Donc, tout ça pour dire, que nous sommes loin du faste de Marnay et du confort d'Ossaranh, ses invités devront se contenter d'un lieu cosy et bourré de charme.

En attendant leur venue, elle fait emporter ses malles dans le labo, et s'y enferme pour commencer à faire le décompte des nombreuses bottes de végétaux, rangées par espèce, et fabriquer les potions, qui deviendront des essences, qui à leur tour évolueront en remèdes.

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Arioce
Chapitre XXIV – Episode 5


    Fragment de vie – Trajet de la nuit du 25 au 26 Avril, entre Saint-Bertrand de Comminges et Tarbes.

Plus détendu, je remis mes braies correctement et revins sur mes pas. Bottes foulant le chemin à nouveau, je remarquais que Jupiter n’était plus là où je l’avais laissé… Mmmh. Bon, c’était un cheval libre et certainement qu’un buisson a du attiré son estomac. Portant mon regard sur la route, je vis lui et Hope, tranquillement marcher vers moi. Tant que je n’avais pas à courir après, qu’elle en profite ne me dérangeait absolument pas. Une fois à mon niveau, je levais la tête et l’observais, dans la clarté lunaire.

    - Si vous souhaitez vous balader avec Jupiter à l’occasion, n’hésitez pas à me le demander. Il est assez docile et vous verrez, c’est un très bon cheval de vitesse.

Une fois l’animal complétement à l’arrêt, je lui caressais la tête, lui montrant son affection en renâclant. Brave bête !
Un pied à l’étrier, je me hissais avec aisance – et ce malgré la présence de la jeune femme à l’avant de la selle – m’asseyant sur la partie arrière. Mon second pied se cala dans l’autre étrier. Faut le dire, on était proche, très proche même.

    - Installez-vous bien.

C’est que je ne voulais pas risquer autre chute malheureuse. Quant à moi, je passais mes bras autour d’elle afin d’accéder et de prendre la bride.
La proximité avait de cela qu’elle réchauffait, maintenait au chaud. Ainsi disposés, je me demandais pourquoi je n’y avais pas pensé plus tôt. C’était bien plus confortable et pratique. Enfin… Dans la logique de défense, non. Mais pour celle d’apprécier le contact avec la jeune femme… Indubitablement, je ne pouvais dire non. Et puis, si jamais danger il y avait, je me débrouillerais ; ça ne serait pas la première fois que passager était à l’avant de la selle.
Fin prêt, j’ordonnais à mon cheval de reprendre la route, à un pas plus rapide, afin de rattraper le groupe.
Et à mon tour, mon nez vint se délecter du parfum de mon élève, qui – en d’autres circonstances et lieux – m’aurait agréablement bercé.

𝒯𝒽𝑒 ℰ𝓃𝒹

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Arioce
Chapitre XXVII - Episode 4


    Fragment de vie – Banquet à Ossaranh – Soirée du Vendredi 3 Mai.

Large sourire en apercevant Elvyna arriver dans une belle robe. Bordel qu’est-ce que j’étais heureux de la voir ! Ce qui pourrait paraitre étrange, puisque cela faisait maintenant plusieurs mois que l’on voyageait ensemble. Et pourtant, toujours ce plaisir que de la voir, pouvoir passer un temps ensemble, un temps que je sais sera joyeux. D’autant plus qu’en ce moment, ce n’était pas des plus faciles avec elle. Alors, pouvoir profiter d’une soirée comme celle-ci, ça ne se refuse pas.
Le baiser sur la joue est reçu avec grand plaisir, alors que je la serrais dans mes bras, lui murmurant comme j’étais heureux qu’elle ait accepté d’être parmi nous. Allez Arioce, maintenant il faut la relâcher. Elle que je considère comme ma fille. Ahlala… Toujours aussi souriant, je la libérais de mon étreinte pour la laisser saluer les autres et discuter avec eux.
Ne restait plus qu’une…

Seconde chose étrange. Je savais qu’elle allait venir, que d’un moment à un autre, elle allait descendre les escaliers pour se joindre à nous. Et pourtant, j’avais une boule au ventre. Une impatience. Impossible de quitter des yeux plus dix secondes les escaliers. Mes yeux passaient du groupe qui conversait, au cadeau, aux escaliers, pour revenir au cadeau, à ma famille, avec qui j’essayais de suivre et participer – mine de rien – à la conversation, aux musiciens, ainsi de suite.
Enfin – oui enfin – des bruits de pas, craquement de bois, celle qui avait remporté, quelques heures plus tôt, le duel, arrivait. Elle fut accueillie, bien entendu, par un sourire particulièrement affable et ravi. Mais alors… Un baiser main ? Non, pas si formel. Bise sur la joue ? Ça serait une première. Je l’embrasse à pleine bouche devant toute l’assistance ? Ah ah, sacrées pensées. Rien de tout ça, juste mon sourire et un signe de main l’invitant à approcher.
Je pris le temps de remplir les coupes de tout le monde en vin, excepté Ulrich qui eut droit à du jus de raisin. Amuses-bouches et autres bouchées étaient disposés sur la table, pour cette première partie de soirée.
Lorsque tous eurent verre en main, je demandais le silence, mon regard se posa tour à tour sur chacun d’eux.

    - Je suis très heureux de vous avoir tous ici, à Ossaranh, pour ce petit banquet. C’est un honneur et une joie d’avoir ma suzeraine, son Altesse Princière Elvyna von Riddermar…

Petit sourire esquissé, je savais que ça allait la faire râler.

    - … que je considère, comme vous le savez tous, comme ma propre fille. Mais surtout, ce banquet est en l’honneur de mon élève, Hope von Riddermark, qui est arrivée au terme de son apprentissage et qui, ce matin, m’a mis une belle rouste en lice !

Court rire franc et sincère. Une jeune femme pleine de ressource, il en était certain. M’adressant plus à elle.

    - Vous avez été une élève téméraire, ne se plaignant pas sous les efforts. Une jeune femme forte et courageuse. Je suis très fier de vous, de votre progression dans les armes et de la maitrise que vous avez acquise. Vous le savez, ce n’est pas une finalité, au contraire, cela ne fait que commencer. Il vous faudra continuer à vous entrainer dur et régulièrement. Mais je sais que vous n’y manquerez pas.

Petite pause, le temps que j’attrape le présent, toujours dissimulé dans la longue pièce de tissu.

    - Et pour vous encourager mais aussi car vous avez choisi l’apprentissage des armes pour protéger votre suzeraine, Elvyna. Je tenais à vous offrir ce présent, qui vous accompagnera et vous aidera dans votre mission.

Je lui tendis, avec sourire, l’arme. Et quelle arme ! De très bonne facture, une épée courte, spécialement conçu pour de la garde rapprochée, en tenue de civile. D’une longueur totale de 72 centimères, donc 55 de lame, elle n’en reste pas moins légère avec son petit kilo. La lame, dont la gouttière est noircie, fortement taillée pour l'estoc est trapue et extrêmement puissante avec une grande rigidité, ce qui ne l’empêche pas d’être une bonne trancheuse. La garde courte et courbe est finement forgée. Elle est de section hexagonale sur le milieu et les quillons se changent peu à peu en section ronde. La fusée est en chêne recouvert de cuir bouilli. Le pommeau à roue est forgé lui aussi. Ses pans sont concaves et sont moyeu central est concave et à fond plat. En somme, une très belle épée, plus que parée pour le combat. Et pour sublimer le tout – du moins je l’espérais – y est gravée, sur un tranchant « Au Peryl de vos vies ». Sans oublier son fourreau, en cuirs et métal, très simple mais de très bonne qualité ; pour passer inaperçu.

Et alors qu’elle découvrait son cadeau, je levais mon verre.

    - À nous ! A Hope ! Santé ! Que la soirée soit bonne !

Et de trinquer avec tous, joyeusement, gardant un œil plus qu’attentif sur Hope. Allait-elle apprécier le présent ? Sans aucun doute, mais la gravure ? J’étais déjà moins sûr.
J’invitais tous à se servir dans les petits mets, le temps que la suite arrive et que tous ait pris place. Bien sûr, Elvyna à la place d’honneur à ma droite et Hope à ma gauche. Et pour le reste, chacun choisissait.
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Arioce
Chapitre XXII – Episode 8


    Fragment de vie – Nuit du 14 Avril – Plage de Narbonne.

Une douce et agréable chaleur s’installait, le feu prenant en maturité. Et bien que la nuit ne fût pas des plus fraiches, le vent qui soufflait pouvait en rafraichir plus d’un.
Le silence et les vagues. Bordel que c’est plaisant d’être là.
Je prêtais l’oreille à la von Riddermark, d’autant plus après qu’elle ait demandé ce que nous faisions là. J’écoutais, sans l’interrompre, attendant qu’elle ait fini d’exprimer tous ce qu’elle avait en tête. Et il fallait le dire, la question qu’elle me posait était légitime. Et pourtant, quelque peu maladroite. Qu’avais-je à répondre à tout ça ?
Plus que soutenir son regard, je l’observais. Mmmh… Court silence, mettant de l’ordre dans mes pensées pour savoir quoi lui répondre.

    - Mmmh… La raison ? Profiter de la plage et de son ambiance lorsque le soleil s’est couché. Certes c’est une plage où j’ai des souvenirs particuliers, mais ça en reste une plage.
    Des lieux chargés de souvenirs, j’en ai plein ; vous savez que je suis un baroudeur. Alors si je devais m’interdire de créer de nouveaux souvenirs partout où j’en ai déjà, je serais mal barré.

Un coup d’œil aux flammes dansantes, avant de revenir sur elle et de reprendre.

    - Et pourquoi vous ? Eh bien… parce que l’idée est venue avec vous. Comme beaucoup de nos idées qui germent lorsque nous sommes ensemble, après quelques chopes dans le nez. Et puis, j’aime passer du temps avec vous ; vous être de très bonne compagnie. Je trouve qu’on forme un bon duo.

Je lui souris, un brin amusé.

    - Pour le reste… je ne sais quoi dire de plus. Mon but était de passer du bon temps, un bel après-midi tous ensemble et une soirée plus tranquille et toute aussi agréable, juste nous deux. Mmh… je suis désolé si vous trouvez cela dérangeant.

Étais-je clair ? Je ne crois pas. Est-ce que ma réponse lui conviendrait ? Aucune idée. Tout ceci me paraissais superflu, pas utile à expliquer.
J’attendais la suite, buvant une bonne gorgée de la liqueur.
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Elvyna
Chapitre XXIX - Episode 1

    Fragment de vie – La Teste de Buch, au port – Samedi 18 mai.


    L'aube se levait sur une silhouette menue et solitaire, posée sur une pierre assez large sur une vue imprenable sur le port de la Teste de Buch. Quel drôle de nom pour un village, si Hope ne l'avait pas emmené là, elle n'aurait jamais cru qu'un tel nom existait. Mais le lieu était assez agréable il faut dire. Calme mais en même temps actif. Les bateaux ne cessaient d'affluer sur le port pour venir déposer les marchandises ou hommes qu'ils transportaient. Comment une telle carcasse en bois pouvait flotter dans cette eau monstrueuse alors que son propre corps coulait? A cette pensée, un long frison vint secouer son échine. Elle détestait l'eau, elle était terrifiée par elle. Et puis elle était déjà monté dans un de ces monstres de mer, pour une traversée d'une seule journée. Heureusement que ce n'était pas plus long, elle avait tellement vidé ses entrailles qu'elle pensait en mourrir. Plus jamais elle ne mettrait un pied dans un bateau. Pourtant cela la fascinait. C'était tellement grand, imposant, prestigieux. Elle en voulait un juste par caprice qui irait fendre les eaux en portant son nom par delà l'horizon. Bien évidement elle payerait un capitaine et tout un équipage pour le faire, elle ne profiterait pas du voyage. Mais c'était un de ces rêves qui se trouvait dans un coin de son esprit. Et puis elle avait entendu dire qu'on ne trouvait pas que des poissons au fond des mers ou océans, mais des étranges êtres que l'on nommait sirènes. Personne n'en avait encore ramené une sur la terre ferme, mais elle le ferait, elle en voulait une et elle l'aurait.
    Promenant ses vermeilles sur une voile gonflée par le vent, ses pensées se tournèrent sur la révélation qui la tourmentait depuis des jours. Hope et Arioce. Comment avait-elle fait pour ne rien voir? La question ne se posait pourtant pas. Depuis des mois elle s'était renfermée sur sa seule existence pour se retrouver. Elle avait fait son égoïste a s'en foutre de ce qui l'entourait, se mettant dans un état second toute la journée et une bonne partie de la nuit pour se protéger de ses pensées. Mais elle avait oublié que la vie autour continuait de tourner. Elle soupira et resserra sa cape épaisse autour d'elle, en pensant qu'elle devrait leur parler et se forcer à s'excuser sur sa vive réaction. Mais elle n'arrive pas à exprimer ce qu'elle ressent vraiment, c'était son plus gros défaut. Bien sur qu'elle est ravie de les voir heureux et c'est ce qu'elle souhaite vraiment. Mais si la situation dégénérait elle avait peur de ne plus voir l'un des deux, ou les deux d'ailleurs. Ils devront comprendre qu'elle ne pourrait pas prendre parti de l'un ou de l'autre. C'était impossible à gérer. Pour le moment, elle ne souhaitait plus penser à cette histoire, mais à une autre encore trop lointaine, observant les vagues rouler, le sourire aux lèvres, son esprit maintenant occupé aux mots qu'elle ne cessait de lire chaque jour.

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Hope
Chapitre XXVII - Episode 5

    Fragment de vie – Banquet à Ossaranh – Soirée du Vendredi 3 Mai.



Elle discute le bout de gras avec les uns et les autres, lorsque tout à coup...
Attention, on ne rigole plus, le Seigneur d'Ossaranh réclame le silence.

Chut ! Chut ! Chut !

C'est parti !

Et vas-y que je te passe la pommade sur les pieds de la cousine..., et que je m'adresse ensuite à toi, petite Hope, qui m'a foutu une bonne raclée - oui et qu'elle n'hésitera pas à recommencer le moment venu.

Levant les yeux au ciel, elle l'observe d'un air ennuyé, alors qu'il se lance dans un discours qu'elle juge pompeux, car c'est une sale petite emmerdeuse, comme il a su si bien la qualifier, et qui est assurément mérité.
Les éloges fusent, ce qui l'embarrasse grandement, et plutôt que des mots, elle aurait sans aucun doute préféré l'option "je t'embrasse à pleine bouche", après tout ce n'est pas comme si c'était la première fois...
Comment ? Vous n'êtes pas au courant ?

Héhé.

Sur les lèvres du maitre, a t-elle osé déposer un baiser alcoolisé.
Dans une taverne à Pau, lors d'une soirée bien arrosée, l'instant fût cristallisé.
Une erreur ? Un dérapage - ça arrive... - ou révélation ?

Et dire que la veille de ce vendredi, ils avaient remis ça.
Et dire que même la barbe ravagée par ses soins - très fière de son œuvre !-, malgré sa colère, la course-poursuite à travers le château, l'empoignade musclée, ils avaient remis ça.

Interruption de ses pensées, qui lui amènent un sourire, elle croise le regard de la mère d'Arioce, fixé sur elle.
Moment de flottement...
Vite détourné, son attention est reporté sur le maitre des lieux qui tel un magicien sortant un lapin blanc de son chapeau, lui tend sous le nez - un cadeau!? - une épée...
Elle en reste un instant totalement interdite, qu'elle en lâche sa coupe chutant au sol et le contenu se déversant sur ses chausses.
De ses mains légèrement tremblantes, elle attrape l'arme, n'en croyant pas ses yeux, elle la découvre sous ses doigts, la retourne en tous sens, en apprécie la ligne, le tranchant, la prise en main, et s'apprête à lever ses jades sur Arioce, lorsqu'elle aperçoit l'inscription "Au Peryl de vos vies"...

Peryl... son surnom... si peu utilisé dorénavant, et pourtant essentiel pour elle, puisque c'est ainsi que son père adoptif l'appelait lorsqu'elle était petite, la cause à son intrépidité.
Vague souvenir d'avoir échangé ensemble avec l'Horn à ce sujet, elle ne s'attendait pas à ce qu'il s'en souvienne.

Envahie subitement d'une intense émotion, les yeux larmoyants qu'elle tente de camoufler à la vue de tous, en laissant pendouiller sa chevelure de jais le long de ses joues, elle tente de se reprendre en poussant un long soupir.
Se tournant vers lui, un sourire qui se veut mesuré étirant ses lèvres, histoire de garder contenance devant l'assistance, elle plonge néanmoins un regard intense dans le sien, et dont elle le sait, il en comprendra la signification.

    - Merci maitre...

Elle repose avec délicatesse l'arme sur un guéridon, et s'installe à sa gauche, puisque visiblement, c'est la place qu'il lui a attribué.
Le cœur à l'envers, de le sentir si proche d'elle, la vue de tous les mets exposés sur la table lui noue l'estomac.
Il faut évacuer la pression, alors, se penchant vers lui, elle lui murmure à l'oreille :


    - J'ai une envie folle de vous embrasser.

Les tergiversations, ce n'est pas son truc, elle dit, elle fait, elle ose... enfin presque, car ce n'est ni le lieu, ni le moment.
Et parce qu'il lui vient autre chose en tête, elle enchaine toujours à voix basse :

    - Vous inviterez Elvyna et votre fille à danser, ett pendant ce temps là, je virevolterai au bras de votre père...

Provocatrice jusqu'au bout, le sourire espiègle qu'elle lui adresse s'efface, lorsqu'elle sent les pupilles de la Dame Horn posées de nouveau sur elle, puis glisser subrepticement vers lui.
A son tour, elle la fixe d'un air interrogateur et sans aucune animosité, lorsqu'une pensée traverse son esprit.
Et si la mère avait surpris leur étreinte ? - qui eût lieu dans la cour du château, il est bon de le préciser.

Gloups...

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Hope
Chapitre XXX

    Fragment de pensées – Sur le Blackjewel, port de la Teste de Buch – Matin du Mardi 28 Mai.


Seule sur le pont de son navire, le soleil dardant ses pâles rayons matinaux sur l'océan, elle profite de cet instant de solitude, avant l'arrivée de tous les passagers.
Départ sera donné probablement en début de soirée, elle a donc toute la journée pour s'assurer que tout est en ordre.
L'état du bateau ayant été vérifié quelques jours plus tôt, et les réparations et ajustements nécessaires effectués, il ne reste plus qu'à apporter les diverses marchandises et biens de premières nécessité, et le bateau sera prêt à prendre le large.
Elle observe les trois gamins qu'elle a embauché pour remplir les cales de vivres,
deux femmes du village quant à elle s'occupent de la propreté et l'amnéagement des cabines.

Accoudée au bastingage, elle se remémore ses deux dernières semaines particulièrement éprouvantes, riches en émotions intenses entre rires, colères, incompréhension entrecoupées de tendresse, d'amour, d'amitié.
Son retour à la Teste de Buch, revoir sa soeur d'âme, Surya, son suzerain Oldtimer... un peu, déambuler dans son village, retrouver sa maison au bord du lac et jouir de la tranquilité des lieux, travailler enfin dans son laboratoire, devoir supporter les caprices de sa cousine Elvyna - qui s'avérèrent ne pas en être finalement.
Avec pour cerise sur le gâteau, leur rapprochement, maitre et élève, de leurs coeurs, l'intensification de leurs sentiments dont la réciprocité ne fait plus aucun doute.

Alors qu'elle porte son regard émerveillé sur l'immensité marine, les souvenirs affluent, comme cette première nuit de leur arrivée dans la cité, passée sur sa nave, avec lui, en cachette et surtout dans l'intimité.
Esquisse d'un sourire ému et quelque peu douloureux à cette image empreinte d'une certaine magie.
Passion, bon vin, tendresse, jeux, désir, baisers et caresses, les avaient accompagnés durant toute cette soirée, avec pour témoins le ciel étoilé et la pâleur de la lune se dévoilant à la faveur des nuages qui s'écartaient parfois.
Blottie dans ses bras, elle était parvenue par elle ne sait quelle volonté, à maitriser ce feu dévorant qui la consumait, alors qu'il ne faisait que l'effleurer de ses doigts, de ses lèvres.

Elle, femme passionnée, sensuelle, avait accepté de renoncer à s'abandonner à cette lascivité qui l'habite, à mettre en veille son désir exacerbé.
Au prix d'un effort titanesque, certes...
"Pas comme ça... repousse-moi", l'avait-elle supplié, n'arrivant pas à le croire elle-même.
La première fois.
Pour lui.

Et les journées ont succédé aux nuits, avec pour même trame, ce besoin de se regarder les yeux dans les yeux, de s'étreindre, de partager, de planifier, de se révéler.
Une phrase qu'il a prononcé quelques jours plus tôt lui revient alors à l'esprit :
"Et depuis que notre relation a basculé, c'est fou comme les choses paraissent naturelles, évidentes, entre nous."
C'est si bien résumé.

Tout étant limpide, coulant de source, comme allant de soi.

Même pour des questions plus épineuses, plus profondes, que peuvent se poser tout couple dans la construction d'une relation stable, la discussion débouche inévitablement sur un lendemain possible.
Aucune peur, aucune contrainte, un avenir en commun se dessine, sans hésitation et d'un tracé net et sans bavures.

Ses pensées sont interrompues par un mouvement dans son dos, elle se tourne et le voit.
Et comme à chaque fois, son coeur manque un battement puis se met à cogner follement contre sa poitrine.
Il se tient devant elle, le sourire aux lèvres, son visage reflêtant cette douceur si rassurante, et son beau regard brun posé sur elle et qui la fait vaciller.

En cet instant, elle prend conscience de l'ampleur des sentiments qu'elle lui porte.
Touchée...
Chamboulée, l'Effrontée.

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Arioce
Chapitre XXXI - Episode 1


    Fragment de vie – Mois de Mai – Péripéties d’un poème.

Stylet en main, je fixais ma tablette d’argile. Regard vide. Seul le battement de mes paupières perturbait ce semblant de paralysie. L’entièreté de mon être était focalisée sur une seule et même chose. Concentration… Imagination… Inspiration… Néant.

Pas après pas, mains dans les poches, direction : face à moi. Les yeux perdus, tout comme l’esprit, j’avançais dans un but bien précis… Des mots, des lettres, des sons… Dommage que les idées n’étaient pas de sorties elles aussi. Mes bottes auraient beau s’user que ma page resterait vierge de toute idée.

Mmmh… Belles poutres apparentes ça. Ça était quoi, chevillé ? Il semblerait oui. C’est quoi ? Du chêne ? II faudrait que je me renseigne sur les arbres de la région. Du bon boulot en tout cas. Avec ça, aucune crainte que le toit vous tombe sur la tête. Je devrais en toucher un mot à l’aubergiste, il a de quoi être fier. Mmmh… Il est, cependant, regrettable que le lit ne soit pas confortable… J’ai manqué de « ça » de concevoir les premiers vers. De « ça ».

BORDEL DE MERDE ! VA BIEN TE FAIRE ! PUTAIN ! SALOPERIE DE TÊTE A LA CON ! TU ME FAIS CHIER ! TU ENTENDS ! TU M’EMMERDES ! TU M’EMMERDES PROFONDÉMENT DE NE RIEN TROUVER, MÊME PAS UN THÈME, RIEN ! PUTAIN ! C’EST POURTANT PAS SI COMPLIQUE ! BORDEL ! CA DEVRAIT TE VENIR TOUT SEUL ! TU ENTENDS ! TOUT SEUL ! TU PENSES A ELLE ET PAF ! PAF !
Charpies de copeau. Tas informe. J’essuyais mon front coulant de sueur. Loin d’être calmé, je décidais de remettre à plus tard ma séance d’écriture. À bon entendeur.

Long et profond soupir… Bon. Si jamais su dans quel état cela me mettrait, j’y aurais réfléchit à deux fois avant d’accepter de lui écrire un poème. À l’épée, j’aurais fait des merveilles. Mais la plume… « La plume plus forte que l’épée », bah bordel, ça n’avait jamais été aussi vrai. Néanmoins, de ces quelques jours de réflexions intensifs, quelques bonnes pistes s’étaient finalement dégagées. Un bon début.
Navigation, nature, sentiments, parcours, combat, chope et discussion, nuit.
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Arioce
Chapitre XXVII - Episode 6


    Fragment de vie – Banquet à Ossaranh – Soirée du Vendredi 3 Mai.


Je fus ravi de constater que l’épée lui plaisait. Son regard, son visage, impossible de se tromper. Bordel ! Quelle joie. J’avais travaillé personnellement à sa réalisation, donnant des instructions claires au forgeron. Et il avait fait un travail des plus remarquables. J’étais très heureux du résultat et encore plus qu’Hope l’aime. J’étais parvenu à faire mouche, ce qui ne pouvait que me rassurer mais aussi me conforter sur ce que j’ai retenu de la von Riddermark.
La soirée commençait donc très bien. Chacun ayant trouvé place, j’ouvris le diner.

    - Servez-vous ! Les différents services se succéderont tranquillement.

Les premiers plats sur la table n’attendaient que d’être entamés. Pour l’occasion, j’avais décidé que les proportions seraient raisonnables, très raisonnable même. Mon père et moi sommes de très bons mangeurs, mais le reste du groupe pas tellement. Alors autant éviter le gaspillage, bien que s’il y a restes, cela serait redistribué aux gens de la maison. Seul aspect qui fut épargné, la boisson ! Vin coulait à flot.
D’ailleurs, c’est alors que je remplissais les coupes de mes deux voisines, que mon oreille gauche se fit chatouiller par quelques chuchotements. Un coup d’œil lui fut adressé. Bordel… Ce n’était vraiment pas le moment de se murmurer ce genre de délicatesses. Mais il fallait bien l’admettre, je n’aurais pas été contre. Mmmh… plus tard dans la soirée.
J’esquissais un sourire à sa seconde phrase. Je pris le temps de finir ce que j’avais commencé – le vin d’abord – bu une bonne gorgée avant d’à mon tour me pencher sur elle.

    - J’ai une meilleure proposition à vous faire… Je danse avec Elvyna et ma fille, peut être ma mère, vous avec mon père, pour les premières danses… Puis je vous demanderais votre main pour danser et vous accepterez, et cela pour le restant de la soirée...

Je sentis alors un long et lourd regard sur moi. Tient donc, ma mère. Je lui souris, sourire qu’elle me rendit. Mmmh… m’étonnerait pas qu’elle ait découvert le poteau rose. Comme toutes mères, elle a quelque chose de magique, une sorte de sens accru lorsque ça concerne ses enfants. L’idée étira d’autant plus mes lèvres, mes yeux se teintant d’amusement. Assurément qu’elle se doute de quelque chose, la question est, en a-t-elle parlé avec mon père…

    - Père, me ferais tu l’honneur de couper le cochon ? Je sais que tu aimes faire ça.

Le porc patientait, parfaitement cuit, délicieux, juteux. Bordel que je me ferais une joie de le dévorer. Le grand homme, se leva, prit l’immense couteau qui passait pour un jouet dans sa main, la fourchette à deux dents, et entrepris soigneusement de découper l’animal. Aucun doute sur son expertise.
Coup d’œil à Elvyna, j’espérais qu’elle profiterait bien de la soirée et que cela lui remonterait le moral. La voir en tout cas à mes côtés était un ravissement.
Nous mangerons bien ce soir et nous danserons jusqu’à ivresse ! Et demain, repos.
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Elvyna
Chapitre XXXII - Episode 1

    Fragment de vie – En pleine mer c'est l'enfer – Gnéé papotib, ne sait même plus ce qu'elle fait là - Droguée à mort - Trahit par ses vassaux - Un estomac ça contient plus que ce qu'elle pensait - Le 28 Mai, jour qu'elle n'oubliera jamais ou qu'une partie.


    Les paupières lourdes se lèvent avec difficulté, la tête est douloureuse, mais il semble faire encore nuit. La Riddermark ne sait plus où elle se trouve, chez elle? Dans une auberge quelconque? Sur la Seigneurie de son vassal Arioce? A la Teste de Buch? Les souvenirs ont du mal à revenir. Elle posa une main sur son visage, se frotta les yeux de ses doigts. Elle avait du encore trop boire ou trop fumer, elle avait la nausée. Elle pensait arrêter ses bêtises mais à chaque fois elle retombait dedans, c'était irrésistible. Clignant des yeux elle regarda le plafond, trop sombre, trop bas, elle étouffait par l'oppression. Mais où était-elle donc? Puis elle paniqua. Elle était dans un cercueil? Enterrée vivante? Quelle horreur! Et puis ça sentait mauvais, le poisson? Et c'était quoi ces bruits constants? Et ce mouvement continu? Elle avait tellement envie de vomir..
    Elle se redresse d'un coup et se cogne la tête contre le plafond avant de retomber dans sa couche.
    Nooooon non non non ! Elle se souvenait de la lettre qu'elle avait reçu, de prendre le bateau, puis elle était allée en taverne pour parler de cette histoire avec Hope et Arioce. Ce n'était pas du tout prévu de monter dans un bateau pour le reste du voyage. Elle avait été très clair à ce sujet, elle ne mettrait pas un seul orteil. Pourtant.. il semblerait que... Elle se pencha vivement sur le côté et lâcha une partie de son estomac dans le vide. Elle ne savait pas où c'était tombé, mais elle s'en fichait bien. Mais l'odeur remonta a ses narines et l'envie revenait. Elle devait sortir d'ici, ce n'était peut-être pas trop tard encore. Elle se redressa à nouveau en prenant soin de ne plus s'assommer cette fois et descendit de la couche, la tête lui tournait en plus des mouvements de droite à gauche. Elle se retient aux parois pour se diriger vers l'escalier en bois, grimpant les quelques marches en s'arrêtant parfois pour se secouer la tête et enlever ce brouillard.

    La porte s'ouvrit sur le pont d'un navire. Elle n'arrivait pas encore à savoir si il était gros ou petit, tout ce qu'elle voyait au delà, c'était de l'eau, encore de l'eau et toujours de l'eau à perte de vue. Profonde, noire. Soudain un mal être, la respiration courte, une crise de panique. Elle ne pouvait pas rester sur ce bateau, elle devait descendre a tout prit, rejoindre la terre ferme.
    Ses pieds arrivèrent sur le pont, une bourrasque de vent vint frapper son visage lui coupant encore plus le souffle. Son corps bougea sans qu'elle ne s'en rende compte, venant rencontrer le bord du bateau, s'accrochant des deux mains le bois humide et salé. Des râles sortirent de ses lèvres pour retrouver sa respiration, son regard tomba en contre-bas les vagues cognant contre la coque avec violence, faisant tanguer davantage le monstre marin. Elle allait mourrir, elle ne pouvait pas survivre, des larmes roulaient sur ses joues, puis un jet sorti à nouveau de ses lèvres pour se perdre parmi les poissons qui se trouvaient surement en dessous. Se laissant ensuite tomber sur le sol, tremblante de peur, toujours accrochée sur le bord, fermant les yeux, elle les détestait, il y aurait des conséquences qu'ils devront assumer.

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Arioce
Chapitre XXXII - Episode 2


    Fragment de vie – 28 Mai, le jour où j’ai fait monter Elvyna de force.

Cette traversée aurait pu être parfaite. Cela faisait quelques temps déjà que je n’étais pas monté sur un navire pour le plaisir – bien qu’escorte il y avait. Et quelle joie de partager cela avec celle que j’aime, Hope, ainsi que mes enfants et la bonne compagnie qu’est Sœur Antoynette et Mère Ellya. L’océan, les vagues, l’odeur marin, le vent, les cris des oiseaux. Bordel… La liberté !
Et pourtant, bien que ravissement il y avait, je ne pouvais m’enlever de l’esprit l’acte terrible que j’ai dû faire. Au départ, je n’étais pas d’accord, lorsque l’idée était venue de naviguer. Je connaissais la peur, la phobie qu’Elvyna avait pour l’eau et tous ce qui pouvaient y naviguer. J’étais alors contre l’idée de la faire monter de force. Mais à ce moment-là, prendre le bateau n’était pas une priorité. Puis les jours passèrent et l’escorte se conclu. Et même deux escortes. Alors, un choix s’offrait à nous : à pieds ou par la mer ? Pas besoin de réfléchir longtemps, plus vite la destination sera atteinte, mieux cela serait. Et Elvyna dans tout ça ? Bordel…
Dans une taverne, seuls – comme souvent – nous discutions, comme souvent. Un nouveau choix s’offrait à nous : se séparer ou rester ensemble et donc obligé notre suzeraine à monter à bord. La première option nous semblait une torture. Alors…
Laisser seule Elvyna ? Bordel que non ! Impensable. Son suzerain nous avait fait fortement comprendre que ça ne devait pas arriver. Et puis, moi, je ne l’accepterais pas. Si elle devait rentrer en Savoie, ça serait accompagné, escorté. Point.

Mais alors… comment la faire monter ? Le premier plan avait été d’attendre qu’elle soit endormie pour que je la porte jusqu’à sa cabine, ni vu, ni connu. Plan assez foireux, mais qui avait de ça qu’on ne la blesserait pas. Cependant, par une lettre envoyée à tout le groupe, elle avait été mise au courant que nous projetions de prendre le bateau. Alors, elle était sur ses gardes.
Second plan – et bordel que je me sentais mal de le mettre à exécution – la droguée, ou du moins, la faire boire. Vin au coquelicot. L’arme de la trahison… Simple, on échange le contenu de sa bouteille de vin entamée par le vin falsifié, et on attend que son ivresse fasse le reste. Sale coup, mais efficace.
Complétement torchée, il n’eut pas été difficile de la transporter jusqu’à la nave génoise le Blackjewel et de la déposer, en douceur, dans sa couche.

Inquiétude, angoisse. Faire monter de force quelqu’un qui ne désire pas être sur ce navire, bordel de mauvaise idée. La dernière fois - ce n'était pas Elvyna -, ça s’était mal passé. Si mal passé… Je ne l’y avais pas forcé, c’était elle qui l’avait proposé, quelques mois auparavant. Cependant, les choses avaient évoluées entre temps et j’aurais dû être attentif, renoncer… Jamais je n’aurais pu l’imaginer, non. Ça ne m’avait absolument pas effleuré l’esprit. Bordel, et pourtant, avec ses antécédents, j’aurais dû y penser.
Une nuit, elle a sauté.
Disparue dans les abysses si je ne l’avais pas rattrapé…
Angoisse, inquiétude. Je ne laisserais jamais plus cela arriver. Jamais.
Je ne dis rien à Hope de mes craintes, cela soulèverait trop de questions, je me devrais très certainement lui révéler la source de ces peurs et ce n’était pas le moment. Alors, je les gardais pour moi. Je veillais sur Elvyna et si je ne le pouvais, Timothée l’avait toujours à l’œil.

Cette journée du 28 Mai, sur le pont supérieur, mes yeux ne quittaient pas la von Riddermark qui recrachait tout son estomac dans le flot noir de la mer. Me maudissait-elle ? Surement. Et c’était mérité. J’aimerais qu’elle s’y fasse, qu’elle parvienne à combattre sa hantise. Mais pour cela, il faudrait déjà qu’elle le veuille. Et peu certain qu’elle soit dans un tel état d’esprit, loin de là…
Je m’approchais d’elle à pas d’ours, décrochais ma cape et la déposais avec douceur sur ses épaules. Puis je mettais à ses pieds ma gourde. Je m’attendais à une vive réaction de sa part, me vomissant toute sa colère au visage. Mais que le Très Haut en soi témoin, elle retrouvera la terre ferme sans malheur.

𝒯𝒽𝑒 ℰ𝓃𝒹

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Hope
Chapitre XXII - Episode 9

    Fragment de vie – Nuit du 14 Avril – Plage de Narbonne.


Exit la gamine effrontée et quelque peu prétentieuse, la voilà gentiment remise à sa place, et de la manière la plus efficace.
Douceur, sincérité et implacable logique.
Et que répondre à cela ?
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'Horn mouche et pique au vif la Riddermark, la laissant sans voix, le nez retroussé et le regard noir.

Alors que le feu crépite, plus elle l'écoute et plus elle se renfrogne, non pas la faute de la réponse en elle-même, mais bien plutôt à cause de sa question, reflet de sa propre sottise.
Sottise ?Peut-être pas tant que cela...

Une conversation avec Elena sa mère adoptive lui revient subitement en mémoire : La complexité des relations homme-femme.
Ses jades porté sur celui qui lui tient lieu de maître d'arme depuis des mois, bercés par le bruit des vagues s'échouant sur la plage, elle tente de transfigurer les propos de sa mère sur leur propre cas.
Exercice particulièrement subtil, surtout lorsque la vision des choses n'est pas la même des deux côtés.
Ainsi, il parvient à distinguer les souvenirs vécus avec une autre sur cette plage, de ce moment présent passé ensemble ?
Bien qu'elle n'ai jamais vécu ce genre de situation, elle s'interroge sur le pragmatisme de l'homme.
Et l'émotionnel dans tout cela ?

Pour la seconde partie, elle ne peut s'empêcher de sourire, il est vrai que très souvent leurs idées fusent après quelques chopes, qu'une inexplicable connexion coexiste entre eux, les faisant la plupart du temps, tombés d'accord.
Qu'ils forment un bon duo ? Aucun doute là-dessus,
Qu'elle soit de très bonne compagnie ?
Aïe, là ça coince.
Elle se sait particulièrement difficile à suivre, notamment avec ses fréquentes volte-faces, son imprévisibilité, qu'elle ne parvient pas toujours à maîtriser.
Ma foi... si ça lui convient...
Remarque au passage une chose qu'elle se doit de signaler non sans une certaine insolence.


    - Enfin vous utilisez le mot "aimer", vous progressez, vous aussi.

Elle le regarde alors qu'il s'explique de manière très simple sur ce qu'il attendait de cette journée, comme si tout coule de source.
Plusieurs émotions livrent bataille en elle, entre l'envie de lui balancer la liqueur en pleine tronche, l'insulter, le frapper, alors qu'il ne semble rien vouloir comprendre cet idiot.

Haussant les épaules d'indifférence, elle attrape la bouteille de gnôle en boit une bonne rasade, qui la fait crachoter - bordel, pas de la piquette ce truc - et lève sur lui un regard larmoyant du genre "t'as pas intérêt à te moquer".
Désirant elle aussi, passer un peu de bon temps avec lui, elle décide de refermer ce chapitre, du moins, pour le moment, et resserrant la cape autour de ses épaules, elle lui répond :


    - Alors, passons une bonne soirée.

Et de lui accorder un sourire tout en entamant la conversation sur tout et rien au commencement, pour évoluer sur des discussions plus enrichissantes, entrecoupées parfois de fous rire.
Pour une qui visiblement était contrariée par des questions loin d'être futiles - de son avis -, elle passera finalement un très agréable moment en compagnie de cet homme qu'elle apprendra peu à peu à connaitre, et dont la présence se révélera au fil du temps de plus en plus importante dans sa vie.




𝒯𝒽𝑒 ℰ𝓃𝒹

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Hope
Chapitre XXVII - Episode 7

    Fragment de vie – Banquet à Ossaranh – Soirée du Vendredi 3 Mai.



Alors qu'elle observe presque subjuguée, le Grand Papa Ours - c'est quoi son nom déjà ? - découpé de sa grosse patte le pauvre cochonou, elle repense aux mots prononcés par l'Horn, un sillon se creusant entre ses sourcils.

Certes, ils ont échangé deux ou trois baisers, pas de quoi en faire un plat non plus, bien qu'une forte attirance entre eux se révélant au fil du temps.
Mais de là à accepter de danser avec lui pour le restant de la soirée... et sous le regard plus que malicieux de sa mère...

Heureusement, elle n'en est pas encore là... et contre toute attente, elle devient vorace, engloutissant viande, légumes, et autres plats, plus pour se changer les idées que par réel besoin d'assouvir une faim quelconque.
Tout cela, arrosé copieusement d'un vin plus que fameux.
Le repas se passe dans une ambiance chaleureuse, chacun y allant de sa petite histoire ou anecdote, Ariane et Ulrich prenant part à la conversation, les éclats de rire fusent entre deux bouchées, et trois gorgées, du moins pour sa part.

Un peu décontenancée par toute cette allégresse, elle si peu habituée de se retrouver à table "en famille", son regard se porte sur un point invisible au mur en face, elle reste songeuse.
Depuis combien de temps n'avait-elle vécu ce simple instant d'un partage de repas, entouré par ceux qui vous aiment, et remplissent votre vie de bonheur.
Ses jades se troublent d'un voile de tristesse, le souvenir du dernier en date, revenant à plus d'un an, chez elle à Beaufay en compagnie de son suzerain et de son épouse, et de sa pétillante soeur d'amour Surya.

Elle se prend à dévisager les Horn, un éclat envieux dans le fond des yeux, fidèle réplique de la famille parfaite, où les trois générations se côtoient diffusant l'amour qu'ils se portent à tout va.
Reposant bruyamment ses couverts dans un geste exaspéré, elle s'essuie la bouche, puis recule sa chaise, prête à quitter l'assemblée, le moral dans ses chausses.
Inutile de tourner la tête vers sa droite, elle sent ses beaux yeux bruns interrogateurs posés sur elle, ce qui ne fait qu'accroitre son malaise.
Et son hésitation.

Bordel, pourquoi faut-il qu'il soit... ben, ce qu'il est ?
Troublée, elle pousse un long soupir, et lui lance un regard quelque peu irrité, et se lève.
Faisant le tour de la table, elle rejoint les musiciens pour leur donner quelques consignes, puis revient cette fois auprès du grand patriarche et de son épouse, non sans jeter un sourire entendu vers Elvyna pour qu'elle fasse de même, bien que ce ne soit pas gagné.
Ses jades se plantent ensuite dans les yeux de Maman Ours, ignorant superbement le fils :


    - Dame Horn, acceptez-vous que votre époux m'accorde le plaisir de virevolter durant deux ou trois danses ?

Non, elle se démonte jamais, la Riddermark, un défi restant un défi.
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Ulrich.horn
    Fragment de vie - Auberge d'Alençon - Petites heures du matin du 11 juin




Un grondement de tonnerre. Le ciel s'éclaire d'une lumière blanche, menaçante. La petite chambre s'éclaire, éveillant l'un de ses jeunes locataires. Le petit corps s'est éveillé d'un vive sursaut, alors que le coeur bat la chamade dans les tympans. La main se dirige lentement envers l'iris vert, qui s'est à peine ouvert. Le corps se redresse lentement, tentant de saisir la source de se bruit. La pluie semble battre de toute fureur contre les volets. Les mèches rebelles se tournent en direction de la seconde couche, ou repose le corps de sa soeur aînée. Elle ne semble pas s'être éveillée de cette menace du ciel. Personne ne le serait, normalement. Dans cette petite tête d'enfant, l'orage est effrayant. Les bras attrapent la couverture pour la remonter sous son menton, alors que les jambes se replient contre elles-même. Douce sensation de protection. Ulrich ne l'avait jamais avoué, mais sa peur pour les orages était irrationnel. Il ne le démontrait pas, voir jamais, l’orgueil de l'enfant de cinq ans ne lui autorisait pas. Il ne pouvait que chercher le réconfort que lorsqu'il se retrouvait seul, comme maintenant. Ce monstre ne semblait vouloir se calmer, figeant l'ourson dans son lit. Il savait qu'il ne pourrait refermer les yeux que lorsque le ciel cesserait de gronder. Il serait beaucoup plus sage d'occuper son crâne à quelque chose de divertissant, pour tenter de faire la sourde oreille.

Les pieds se balancent désormais sur le bord de la couche, dans l'hésitation de sauter le pas au sol. Le petite garçon compte jusqu'à cinq, murmurant à peine chacun des chiffres. Il du recommencer quelques fois afin de trouver le courage de sortir de la couverture réconfortante. La nuit était plutôt chaude, quoique humide. Sa chemise de nuit lui est amplement suffisante, alors qu'Ulrich se dépêche de sortir de la chambre, évitant de justesse de claquer la porte. Il ne faudrait surtout pas qu'il éveille Ariane, il ne voudrait pas qu'elle manque de sommeil, surtout maintenant. Ses yeux s'habituent rapidement à la noirceur du corridor, parfois éclairer par la fureur du ciel. Première petite victoire, il avait réussi, mais que faire maintenant ? Comment allait-il pouvoir oublier le cauchemar à l'extérieur ? Son père, il pourrait facilement le rejoindre. Sa chambre est tout juste adjacente à la sienne. Bien à y penser, c'était hors de question qu'il aille le réveiller, à moins que se soit une bonne raison. C'est là que l'idée lui vient. Rapidement, il longe le couloir contre les murs afin d'atteindre les escaliers. Il les descend rapidement et s'arrête sur la dernière marche. Il observe les alentours. C'est bien calme, personne en vue. Il s'engage dans la salle, et tente d’apercevoir l'objet de sa quête.

La cuisine, voilà ce qu'il cherchait. Rapidement, il trottine jusqu'aux portes battantes pour les traverser. La cuisinière ne semble toujours pas présente devant ses fourneaux. Ça inquiétait grandement Ulrich. Que faire alors. Risquer de se faire engloutir par les cris du ciel ou alors risquer de se faire prendre dans les cuisines alors que le voile noir de la nuit n'a toujours pas céder sa place aux rayons du soleil. L'orage, à ce moment, lui semble beaucoup plus menaçant que la tenancière. Les mains ouvrent rapidement les différents panneaux, cherchant de quoi faire un repas. Quelques fruits, une miche de pain vieille de la veille, des saucisson... Tout ce qui semblerait faire plaisir à son paternel comme déjeuner matinal. Rapidement, il tente de trouver une assiette qu'il dépose tant bien que mal sur un des comptoirs. La main vient glisser à la hanche dans l'espoir d'y trouver son petit couteau, mais il n'est pas là. Le visage se transforme en petite moue, alors que sa présente quête semble de trouver un couteau. Il tente de se faire discret, mais essayez donc de l'être lorsque l'on doit traîner un banc un peu partout afin de se grimper à la hauteur des adultes. Maintenant qu'il a trouvé l'objet de métal, il est prêt à concocter un bon repas. Il en oublie presque l'orage qui fait rage, alors que les fruits, maladroitement couper, joignent rapidement le plat.

    -On peut me dire ce que vous faites ici, jeune homme ?


Oups. Il est prit en flagrant délit. Les pupilles émeraudes se tournent vers l'entrée, détaillant ainsi le cuisinière qui éclaire doucement la pièce de la lumière de sa bougie. Ulrich sent ses joues devenir rouges, alors que son esprit tente à toute vitesse de se sortir hors de ce pétrin.

    -Je... euh... Je... Je n'arrivais plus à dormir avec l'orage... Ne le dites pas à mon père s'il vous plait, c'est pour lui que je voulais faire un repas. J'ai quelques piécettes dans ma chambre, s'il vous plait...


Par chance, Ulrich avait hérité du sourire charmeur de son père. Il l'offrit à l'aubergiste, espérant qu'elle ne le gronde pas, voir pire, qu'elle le dise à Arioce. Elle semblait réfléchir. L'angoisse et la peur tenaillait les entrailles du petit, alors que les doigts roulent le bas de la chemise afin de calmer ses craintes. Les quelques secondes avant que la dame lui réponde semblaient une éternité aux yeux de l'enfants.

    -Je t'aiderai, c'est un bien beau geste pour ton père. Toutefois, je vais devoir lui dire, tu comprends ? On le fera ensemble plus tard, lorsqu'il viendra le temps de rendre vos clefs. Marché conclu ?


Bref soulagement, il n'a pas d'autres choix que d'accepter le marché de la cuisinière.

    -Marché conclu !


Le marché était désormais scellé. Pendant qu'Ulrich tentait de couper d'autres morceaux de fruits, la femme faisait rougeoyer le feu de sa cuisinière. Rapidement, elle vint prendre le contrôle du couteau pour continuer de garnir l'assiette selon les directives de l'enfant. Ulrich passait un bon moment, jusqu'à oublier la peur du violent orage. Il eu même quelques rires, lorsque la tenancière lui racontait des blagues. Trop rapidement au coût du gamin. Solennellement, elle lui tendit le plat rempli de victuailles, lui exigeant de monter le tout avec prudence jusqu'à la chambre. Ravie, la petite tête brune se faufile jusqu'aux escaliers, puis dans la chambre du paternel. Il tente de ferme la porte le plus silencieusement possible et de déposer l'assiette sur la table de nuit. Une grande hésitation se faisait désormais sentir. Est-ce qu'il allait être gronder parce qu'il avait réveiller l'ours en plein milieu de son hibernation ? Ou peut-être parce que l'ourson se serait balader aux petites heures du matin un peu partout dans l'établissement. Le petit avale difficilement, retrouvant le courage d'énoncer qu'un seul petit...

    -Papa ?
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