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[RP] Vadrouille, Sueur et Pipe.

Arioce
Chapitre XLIII – Épisode 5

    Fragment de Vie – Loches, Touraine – Nuit du 21 au 22 novembre – Entrouverte.

Mon égo était touché, mais pas que, bien malheureusement. Sentiment que je détestais avoir et qui pourtant me collait un peu trop, ressurgissant à chaque once de doute qui pouvait se former envers et contre moi. Saloperie. Que je haïssais du plus profond de mon être cela. Paraitre si faible et peu sûr de soi. Bordel. Je faisais des efforts, combattais, mais à chaque fois que je venais à faire des progrès, il fallait qu’un évènement les balayent comme poussière au vent. Et ce soir, Hope jouait, de nouveau, avec mes nerfs.
Les yeux plantés sur elle, je me faisais intransigeant. Je restais de marbre lorsqu’elle vint se poster à califourchon sur moi. L’heure n’était pas aux tendresses.
Pupilles dans pupilles, le silence s’installa de nouveau. Que pouvais-je lire dans son regard ? De la gêne, des excuses, de l’agacement, un désir de s’expliquer ? Elle me sondait elle aussi. Que pouvait-elle lire dans mon regard ? Mmmh… Certainement un peu de colère, de l’étonnement, pas mal d’interrogation, et peut être, un brin d’inquiétude. Si je pouvais l’étouffer cette inquiétude de merde. Un manque de confiance, voilà ce qu’il clochait. En moi, en l’être humain faible et corruptible, aux sentiments si changeant. Mais bien sûr, cela, je le garderais bien pour moi. Je sais que cela pouvait transparait, de temps en temps, lorsque c’était plus fort que moi et surtout lorsqu’elle effleurait les limites. Et pourtant, une petite voix me soufflait que je n’étais pas assez dur, que je pourrais l’être bien plus, mettre les points sur les i et envoyer bouler tous ceux et elle qui en seraient froissés. Peut-être oui. Quel bordel tout de même, elle et les enchères d’Aphrodite à la con.
Être plus dur ou avoir plus confiance ? Mmmh… surement la solution se trouvait dans un juste milieu, que je n’avais pas encore discerné.

Ses doigts contre ma peau, bordel, qu’est ce qu’elle peut avoir de l’effet sur moi. Mais malgré son geste, mon corps resta braqué, ne cédant pas à l’entrecroisement.
Et alors, les réponses tombèrent.
« Personne d’autre », mmmh.
« Oui », ah bon ? Et pourquoi donc ?
« Toi ! », la seule réponse valable.
« J’ai voulu te donner une leçon. », oh…

    - Une leçon ?

Bordel mais ! Et toutes les méninges se remirent à fumer, alors que j’assimilais sa dernière phrase. De quoi ? Dans quel but ? N’y a-t-il pas une manière plus simple de procéder ? Qu’avais-je fait ou dit pour mériter qu’elle me fasse « la leçon » ? Courte réflexion, avant de l’interrompre brutalement, de grogner puis d’ajouter.

    - Je ne suis pas un enfant, Hope. On ne me donne pas de leçon de cette manière. Si tu as quelque chose à redire sur ce que j’ai dit ou fait, qui t’as blessé ou contrarié, tu m’en parles simplement. Il n’y a pas besoin de faire toute une mise en scène.

Je ne dis pas que parfois, cela peut être plus percutant et donc utile. Mais bordel, n’est-ce pas aussi plus facile de discuter directement ? Moi j’aime discuter ; parler, c’est bien. La communication.
Reprise des réflexions afin de déterminer ce qu’elle avait à me reprocher, tout en me réinstallant plus confortablement, dos bien contre la tête de lit, redressé, réajustant par la même occasion l’assise d’Hope sur moi. La pression diminua. Mes doigts se refermèrent sur les siens avec douceur, mes pouces effleurant le verso de sa main.
Bien, là on serait mieux pour parler.

    - Je t’écoute Hope.

Yeux dans les yeux, marrons dans jades, la lueur des flammes nous éclairaient. Si je n’avais pas apprécié la mise en scène, éveillant bêtement mon vieux démon, elle avait le mérite d’avoir réussi à capter toute mon attention.
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Hope
Chapitre XLIII – Épisode 6

    Fragment de Vie – Loches, Touraine – Nuit du 21 au 22 novembre – Ouverte à la volée.




Il a beau se radoucir, prendre une posture plus détendue, ouvert à la discussion, à mesure qu'il ouvre la bouche, elle pince les lèvres, le nez retroussé, signes évidents d'un profond agacement qu'elle lui fait comprendre par le ton plus froid de sa voix :

    - Tu n'es plus un enfant, hein ? Alors pourquoi faut-il que je t'explique plusieurs fois les choses ?

Poussant un profond soupir de dépit, face à cette évidence, qu'il ne tient aucun compte de leur dernière mise au point, elle retire ses mains et les pose sur ses cuisses nues en émettant un petit rire grinçant.
Il veux une conversation ?
Il ne va pas être déçu.

Inspiration.


    - Tu m'écoute hein ? Et bien sache que j'en ai marre ! Ras le bol d'entendre toutes ces greluches qui ne cessent de me foutre en pleine face volontairement ou non, à quel chaud lapin j'ai à faire !

Il l'a voulu, il l'a eut.
Voilà !
C'est lâché.

Pleine vérité qui explose dans un langage qu'elle emploie rarement, vulgarité qui se dévoile, lorsqu'elle perd le contrôle suite à une blessure plus béante qu'il n'y parait.
Jades lumineux virent à l'obscur, la colère enfle, l'amertume monte et brûle sa gorge comme un reflux de bile verte.
Une intense sensation de dégoût l'envahit soudain, et qui se matérialise sur ses traits devenus renfrognés.
Les vannes sont grande ouvertes, elle enchaîne plus durement.

Inspiration
.

    - Sérieusement Arioce, imagine l'inverse.... tu viens une fois en taverne, seul, plusieurs hommes sont présents, tu en connais de vue deux ou trois, et ils savent que nous sommes en couple. Puis tout à coup la conversation dérive, et ils en viennent à parler de moi, de mes frasques, réels ou imaginaires, ça tu ne le sais pas, te faisant profiter au passage de leurs rires gras.

Ne lui laissant pas l'opportunité d'ouvrir la bouche, elle sait de toutes manières, ce qu'il va lancer pour sa défense, elle prend alors les devants :

    - Tu vas me dire de ton air offusqué que tu ne les laisserais pas faire, que tu vas me défendre, quitte à en venir au poings, etc... etc... Mais  Arioce, regardes moi bien dans les yeux et réponds-moi franchement.

Elle, reconnue pour sa placidité et ses manières laconiques, ne parvient plus à faire taire ce flot de paroles intarissables.
A chaque mot vomit, elle se sent pourtant plus légère, mais c'est qu'il y en a tellement à déverser.


Inspiration.
Le ton monte d'un cran.


    - Comment te sentirais-tu réellement après ça ? N'y aurait-il pas une once d'inquiétude en toi, même si au fond, tu sais à quel point je t'aime. Surtout que des semaines plus tard, la situation est réitérée, cette fois, nous sommes tous les deux présents, et là encore ça dévie, et l'on vient parler à mon sujet, d'anecdotes semblerait-il croustillantes. Comment prendrais-tu cela ?

Inspiration.
Le coeur s'emballe.


    - On s'était promis de ne plus laisser les autres interférer dans notre vie, tu te souviens ? Et toi qu'est ce que tu fais ? Tu ris, et me provoque par des boutades et petits regards en coin, taquins ?


Inspiration.
Tension à son maximum, le sang bouillonne.


    - Alors voilà, le pourquoi de toute cette mise en scène. Et je sens que ça t'a fait mal. Et bien, je vais te confier le fond de ma pensée... j'en suis ravie Mon Amour !


Voilà !
C'est lâché.
Oeil pour oeil, dent pour dent.

Complètement furax, elle se redresse, prend appui sur le torse velu en plantant ses ongles au passage, soulève sa jambe, et quitte sa position à califourchon sur lui, pour se retrouver debout et marcher en direction de son coffre.
Sortant une chemise, elle recouvre sa nudité, comme elle enfilerait une armure, carapace indispensable, alors qu'elle se sent tout à coup blessée, désemparée, fragile.

L'a t-il seulement déjà vu dans cet état ? 
Sur le point de craquer, elle sent les larmes lui monter aux yeux, mais trop fière petite Riddermark, elle se retient.
Immobile au pied du lit, elle plante son regard noir sur lui, et de sa voix feutrée :


    - Je me sens humiliée...

Refermant les nœuds de sa chemise, elle se détourne avec mépris, s'approche de la porte qu'elle déverrouille, ouvre en grand et quitte la chambre sans un mot.
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Arioce
Chapitre XLIII – Épisode 7

    Fragment de Vie – Loches, Touraine – Nuit du 21 au 22 novembre – Pour être mieux refermée.

La soirée avait pourtant si bien commencé… Mais tombant dans le ravin, c’était loin d’être fini, cela ne faisait que commencer.
Les oreilles grandes ouvertes, la bouche, pour l’heure, fermée, j’écoutais les mots et paroles d’Hope. Le tout, c’était de rester de marbre, jusqu’à la fin de ses explications. Je lui laissais l’entièreté du dialogue, ne voulant l’interrompre – et puis de toute manière elle ne le laissera pas vraiment l’occasion – et de ne répondre que si question il y avait réellement posées.
En théorie. Car dès sa première phrase, l’agacement ressurgit. Bien nous serons donc deux dans cet état. Oh oui, je savais qu’elle l’était aussi, tout dans ses gestuelles et traits le montraient. Je la connais bien la Hope et je sais que certain ton, certaine phrase ne passaient pas ; certainement pour cela que je continue d’ailleurs à les employer.
Le mental. Voilà ce qui faisait toute la différence. Ce qui m’évitait de l’envoyer balader durement alors que je m’étais efforcé d’instaurer un climat neutre.
Pas un haussement de sourcil, pas un micro tic du visage, rien. J’attendais la suite avec une certainement impatience, savoir le pourquoi du comment, enfin comprendre toute cette mascarade.

«Marre, greluches, volontairement, chaud lapin». Alors il était question d’encore de ça. Bordel mais cela n’avait pas déjà été réglé ? Pourquoi mettre de nouveau ça sur la table… Peut-être que c’était l’effet retour en Touraine, lieu de la diffamation.
Mais ce n’était pas fini. Alors, j’écoutais.
Que j’imagine ? Certes, je veux bien me prêter à l’exercice. Oui effectivement, selon leur comportement et leur attitude, je pourrais me montrer violent, belliqueux, mettant un terme à leurs moqueries. Cependant…
Comment le prendrais-je ? Mmmh… Indubitablement mieux que toi en tout cas.
Mais je restais silencieux, l’heure n’étant pas vraiment à un échange pour l’instant.
L’on avait ri, oui, avec Lilye. D’une vieille relation ? Peut-être. À vrai dire, je ne me souvenais même plus exactement… Avec les litres de bière ingérés… Bon. Soit.
Grognements sourds alors que son grand final était joué. Bordel ! Encore et toujours cet esprit de vengeance. Merde. Ne pouvais-je donc pas tomber amoureux d’une femme qui n’aurait pas cette attitude rancunière, cherchant toujours à faire le coup bas pour « donner une leçon » ? À croire que c’était le propre de la femme. Mmmh… je commençais à me poser sérieusement la question.

Ainsi, Hope était donc blessée, elle se sentait même humiliée…
Bordel… Mine de rien, c’était bien la première fois que je voyais Hope ainsi. Enfin, lorsque le sujet avait été abordé la première fois, elle avait été dans tous ses états également. Mais pas à ce point-là. Là, la tension était si haute, sa colère visible de par ses traits, mais aussi ses gestes, ses mots.
Et pourtant, je restais là, statue, mes yeux la suivant. Peut-être pourrait-elle prendre cela pour de l’indifférence ? Mais il en était tout autre. Bordel que je brûlais moi-même. Assimilation, réflexions, tentative de mémoire puis de compréhension.
Ca me rappelait, le soir où – lorsque nous étions encore que maitre et élève – elle avait débarqué dans ma chambre, me lançant mon barda pour ensuite m’inviter à la rejoindre en lice, en pleine nuit. Ça c’était si mal terminé et ça m’avait mis si fou de rage. Bon, à l’exception près que cette fois ci, je suis un peu fautif.

Mais alors, est-ce que je vais la poursuivre ? Bordel que oui que je vais la suivre ! Foutus sentiments qui nous tiraillent et qui nous poussent à ne pas laisser l’être aimé fuir ainsi.
Alors bien évidemment que je vais me lever d’un bond, que je vais attraper mes braies, que je vais sauter dedans sans prendre le temps de les attacher. Pas besoin de chemise, les émotions volcaniques de cette nuit suffiront à me maintenir au chaud !
Et cette belle porte de merde créatrice de problème, bordel que j’aurais aimé la fracasser d’un bon coup de botte. La démonter, la taillader de mon épée ! En faire du petit bois et la balancer au feu. Mais je n’ai pas le temps bordel ! Y a Hope qui s’enfuit je ne sais où !
Alors bordel que oui, oui et oui, que je vais sortir vivement de la chambre et que je vais débouler dans le couloir comme un forcené, déterminé à chopper Hope. Aucune chance qu’elle m’échappe.
Ce n’était pas terminé.

    - Hope !

Coup d’œil à droite, coup d’œil à gauche. Là ! Plus loin dans le couloir, revenant direction la salle principale. Elle avait certainement tenté de trouver une chambre inoccupée, en vain.
Je me postais de toute ma carrure au milieu et l’interceptais vivement, mes deux mains ceinturant sa taille, la bloquant de toutes échappées.

    - Hope, attends !

Elle se débattrait très certainement, cherchant à briser ses chaînes. Cependant, ma prise était solide et chaque coup serait reçu sans broncher.
Et comme je ne comptais pas continuer la suite de notre conversation là, alors que toute l’auberge devait déjà dormir, je la soulevais, ses pieds quittant le sol et l’emportais dans notre chambre.
Je la posais et sans attendre, fermais la porte à double tour, gardant la clé en ma possession, fermement tenue dans ma patte.
Regard braqué sur elle, enfin, je répondais.

    - J’ai manqué d’attention à ce sujet, il est vrai. Je n’avais pas saisi à quel point cela te fait souffrir. Et pourtant, toi qui as rappelé de ne plus laisser les autres interférer, pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit. Peut-être ai-je fait un peu trop d’humour sur le sujet, ce soir, avec Lilye. Je veillerais à ce que cela ne soit plus. Néanmoins, ça ne devrait pas tant d’affecter.

J’aurais pu encore en ajouter, entrer plus dans les détails, sur ce que je pensais de tout cela. Mais à quoi envenimer les choses ? Non. Une chose à la fois.
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Hope
Chapitre XLIII – Épisode 8

    Fragment de Vie – Loches, Touraine – Nuit du 21 au 22 novembre – A double tour.




Elle déambule dans le couloir à la recherche d'une chambre libre, en vain, son nez ne se heurte qu'à des portes verrouillées. 
Sont-elles toutes occupées ou tout simplement pas mises à la disposition de la clientèle, elle n'en a aucune idée, mais ça la contrarie fortement.
C'est qu'elle n'a pas du tout envie de passer la nuit avec l'Horn dont le j'm'en foutisme la met en rogne.

Et quand on pense au loup... elle l'entend l'appeler de sa grosse voix bourrue à travers toute l'auberge, et lève les yeux au ciel.
Profond soupir, demi-tour, elle revient sur ses pas à sa rencontre pour éviter qu'il ne réveille toute la maisonnée, lui donnant cette satisfaction de croire qu'il a une quelconque autorité sur elle, alors que toute sa carcasse envahit la largeur du corridor.

Allez zou, soulevée comme une plume et jeter comme un sac de grains sur son épaule velue, elle se laisse emporter jusque dans leur chambre et reposée avec délicatesse sur le parquet.
Son perceptible du loquet de la serrure, elle le laisse lui raconter son baratin sans broncher, jades soutenant son regard perçant.

Haussant les épaules, elle se détourne de lui et lance avec ironie :


    - Tu me séquestres toi maintenant ?
Elle cherche dans un des coffres une étole chaude et duveteuse qu'elle enroule autour d'elle, se dirige vers la table, remplit deux coupes d'un bon vin d'Anjou, lui en tend une et vient s'enfoncer dans le fauteuil rembourré et confortable. Levant les yeux vers lui, elle ajoute dans un sourire résigné :

    - Je suppose que nous allons en avoir pour toute la nuit.

Elle trempe ses lèvres dans le breuvage, le contemplant, son cœur se serre, de le voir si beau, de tant l'aimer et de ressentir cette petite pointe perfide qui s'amuse à la torturer.
Affecter... le mot en lui même est douloureux, et de l'entendre le prononcer, rajoute à cette humiliation ressentie bien malgré elle.


    - J'ai bien conscience que toi, tout cela te passe par dessus la jambe.

Il lui faut trouver une parade pour justifier de cette petite crise de jalousie...
Haussement de sourcil, prête à prendre une nouvelle gorgée, elle suspend son geste, surprise. et décontenancé par cette révélation.
Jalousie.
Elle, femme qui se prétend libre, sans attaches, et imperturbable se découvre... jalouse.

C'est donc cela ?
Ce poison qui s'infiltre et se distille lentement ?
Cet impression de perdre le contrôle total d'elle-même.
De se ridiculiser.
Rougeurs se diffusent sur ses joues, elle espère qu'il ne s'aperçoit de rien tente de reprendre contenance comme sait le faire une Riddermark.

Soudain, une idée jaillit, éclat de génie, l'explication sort de sa bouche sans aucune maîtrise de sa part très calmement :


    - Arioce, j'en souffre, car il m'est difficile d'imaginer ces langues de vipère, balançant des railleries du genre...

Prenant une petite voix de mégère :

    - Hin-hin, voilà la prochaine poule qu'il va engrosser. Et ça viendra encore allonger la liste des bâtards.

Imite un gloussement, puis reprend son sérieux, gorgée de plus dans le gosier, elle plante ses prunelles dont la couleur herbeuse vire à l'acier :

    - Je suis une Riddermark, Arioce, et je ne peux laisser mon nom être associé à ce genre de colportages et de méchancetés.

Douleur de la honte.
De ce petit mensonge.
Et comment il lui est difficile de partager avec lui, ce mal qui la ronge.

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Arioce
Chapitre XLIII - Episode 9

    Fragment de Vie – Loches, Touraine – Nuit du 21 au 22 novembre – A double tour.

Je l’observais alors que mes mots semblaient avoir eu autant d’effet qu’un caillou jeter dans un grand lac… Mmmh, je commençais à m’y faire de ce genre d’attitude qu’elle pouvait avoir et qui était – ma foi – assez agaçant à la longue. Moi qui prenais le temps de l’écouter et de prendre en considération ses paroles – même lorsqu’elles sont partiellement compréhensibles – elle n’en avait souvent rien à faire de mes mots. Du moins, en premier abord. Il fallait alors la matraquer pour qu’enfin, elle ouvre ses oreilles. Soupir intérieur…

    - Pour ta sécurité.

Ironie par ironie.
Je la suivais du regard, alors qu’elle se mettait confortable, semble-t-il enfin prêt à écouter ou du moins, à relancer les hostilités plus sérieusement. Enfin… sérieusement…
J’approchais pour m’emparer de la coupe mais je choisis de rester debout, pour l’heure.
Je bus une gorgée avant d’hausser un sourcil et de la regarder assez froidement.

    - Si tu m’avais écouté, tu saurais que ce n’est pas le cas.

Mais bon, c’est ça la jeunesse, ça aime s’entendre parler, ne prête que peu d’attention lorsqu’on leur parle pour ensuite nous faire répéter ou nous faire chier. Soit, c’est un boulet que j’ai accepté en développant mes sentiments pour elle.
Voyant qu’elle semblait se triturer les méninges, je resterais silencieux, lui laissant toute la liberté de s’exprimer. Certainement que j’en saurais ainsi plus, que j’aurais droit à plus de détails pour éclaircir toute cette affaire et enfin la régler une bonne fois pour toute.
Attentif, j’écoutais, sirotant mon vin, les marrons pointés sur elle, sur ses manières, ses lèvres, ses jades.
L’imitation me convainc que très peu, cela ne lui ressemblait pas vraiment.
Par contre, la dernière partie…
Mon visage s’assombri, alors qu’un flot de pensées m’envahit. Comment osait-elle !? Eh bien soit. Mettons les choses au clair.
Une dernière lampée, vidant la coupe, que je reposais sur le guéridon. Bras croisés, je fis entendre de ma voix, irrité.

    - Mmmh… Pourquoi apporter autant d’importance à ce que tu as entendu il y a de ça plusieurs mois ? Ce ne sont que les paroles de commères, très certainement jalouses, dont la vie de couple ne doit pas être palpitant – tant et si peu qu’elles en aient une – et qui passent le temps libre comme elles peuvent.
    Et des commères y en a et y en aura toujours, Hope. On ne devrait même pas leur prêter attention. Si cela les amuse de dire que je suis un chaud lapin avec 40 bâtards à mon actif, pensant absolument tout connaitre de ma vie, qu’elles fassent. Oui ça peut être blessant, même pour moi, en sachant qui elles peuvent être. Mais, je ne vais pas plus me formaliser pour cela. Je leur dirais bien ma façon de penser – et même plutôt de frapper – mais faut-il encore que j’ai des noms et que je les recroise.

Très courte pause, me radoucissant quelque peu.

    - À vrai dire, je ne me souviens pas de ce que j’ai pu dire avec Lilye tout à l’heure. J’imagine que cela concernait soit la relation que j’avais avec sa mère, soit les bêtises qu’a pu dire ou faire Lilye concernant la gente féminine que j’ai pu fréquenter.
    Mais là, on était que tous les trois et jamais Lilye ne me mépriserait, du moins volontairement, en public. J’ai confiance en elle.
    Alors je ne comprends pas bien. Que veux-tu que je fasse exactement ? Ou que je ne fais plus ?

Puis, changement de regard, de ton, plus dur.

    - Et c’est bien la première fois que tu fais appel à ton nom. D’habitude, von Riddermark ou pas, tu n’en fais à peine mention et cela t’importe que peu…
    Alors… Ça te pose donc problème, entant que von Riddermark, que l’on crache dans mon dos, que l’on dise que je suis un coureur de femme et que tu es simplement ma nouvelle lubie et donc salissant ta personne et donc par la même occasion le nom des von Riddermark.
    Mais… lorsque tu te rends dans un bordel de luxe réputée sur Paris, te mêlant à des gens de tous bords de la hautes pour, de surcroit, un évènement où tu as osé miser… Dans ce cas-là, être une von Riddermark, ça n’a plus d’importance, mmmh ?
    C’est quoi ? Ça ne se positionne pas à un même niveau ? Que ton visage ait été vu dans un tel lieu et que l’on pourrait bien maintenant te reconnaitre ailleurs ? Et moi alors, de quoi pourrais-je bien avoir l’air, si ça venait à se faire savoir auprès de personnes qui nous connaissent et que des petites voix se mettaient à murmurer dans notre dos ? Ca n’entacherait point le beau nom des von Riddermark et par la même occasion mon nom et ma personne ?

J’aurais préféré ne pas aborder ce sujet-là maintenant. Cependant, c’était un peu trop gros de sa part et il fallait bien qu’elle comprenne qu’on ne peut pas me prendre pour une bille et que ses actes ont aussi des conséquences.
Je décroisais les bras, les laissant pendre, mains jointes, un poing fermé. Et continuais, d’une voix plus posée.

    - Sache que ça m’a blessé que tu sois allée dans un tel lieu et surtout que tu aies participé aux enchères. Que tu me l’aies annoncé comme s’il s’agissait d’une bagatelle pour en plus me mettre ensuite sur le dos un manque de confiance en toi.
    J’aurais pu me mettre bien plus en colère que je l’ai été. Mais les choses été faite, je ne pouvais revenir en arrière, alors à quoi bon me mettre dans tous mes états…

Enfin, je pris place dans le second fauteuil, légèrement penché en avant, vers elle.

    - Je comprends que tu sois blessée et je ferais des efforts pour faire attention à ce que je dis et à l’image que je renvoie en public. Cependant, j’aimerais que tu en fasses tout autant. En soi, aller dans un lupanar n’est pas un problème, mais on y va à deux, ensemble, main dans la main.
    Je me fiche bien de ce que l’on peut dire sur moi – bon peut-être pas toujours – mais j’essaie de ne pas y prêter grande attention. Néanmoins, je sais aussi qu’il est important de ne pas salir ton nom, mon nom, que l’on soit respectueux, toi comme moi. Les von Riddermark ne sont pas n’importe qui et il y a déjà bien assez de commérages pour qu’on en rajoute une couche.
    Mais j’admets ne pas bien comprendre, là ce soir, pourquoi tu t’es mise dans cet état ? Il ne s’agissait pas de commérage, puisqu’on était entre nous. Alors, qui a-t-il exactement ?

Je ne comptais pas tenter de trouver la réponse verbalement. Je voulais que ça vienne d’elle. Et puis, très certainement que sa réponse et réaction risque d’être enflammée. Foutu caractère von Riddermarkien.
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Hope
Chapitre XLIII - Episode 10

    Fragment de Vie – Loches, Touraine – Nuit du 21 au 22 novembre – Clé en main.



Elle le laisse parler sans interruption, plongée dans une écoute silencieuse, pas une seule émotion ne transparaît dans son attitude ou sur les traits de son visage.
Pour sa sécurité dit-il ?
Quel homme protecteur !

Un long soupir s'échappe de ses lèvres, ils pensaient tous deux avoir réglé certains problèmes, grossière erreur, ceux ci reviennent à la surface, comme l'arme du crime qu'on aurait soigneusement enterré, pensant être à l'abri.
Et à boire ses paroles avec bien plus d'attention qu'il ne croit, il semble évident que l'incompréhension prédomine, sans doute dû à la différence de leur âge.
Fougue de la jeunesse VS Prudence de la maturité.


    - Pourquoi accorder tant d'importance à tout ce que j'ai entendu ? Parce que je sais le mal que peut faire la médisance. Ma mère était noble, belle, un beau parti, tombée follement amoureuse d'un soldat, un gueux. Je ne leur ai jamais avoué mais je savais ce qui les avait poussé à se retrancher dans une maisonnette dans la forêt Argonnaise. J'ai donc conscience de la méchanceté d'autrui, et de ses effets destructeurs. Voilà pourquoi cela m'affecte autant.

Blessé, oui, elle le sait que cette histoire de cancanières l'avait quelque peu dérouté peut-être un des torts qu'elle regrettera toute sa vie. 
Celui de sa franchise si abrupte, qui peut faire mal.
Quant à en divulguer leurs noms , elle n'en voyait pas l'utilité malgré ses insistances.
Il aborde ensuite l'épisode des fameuses railleries de la jeune Duranxie.


    - Dans ce cas précis, ce n'est pas du tout Lilye le problème, elle te provoque, c'est un petit jeu qu'elle aime jouer, et je sais qu'il n'y aucune once de vilenie en elle. Le souci c'est ton comportement. Mais bien évidemment, de cela tu ne peux comprendre. Sache pour ta gouverne qu'un dossier qui parait classé pour toi, ne l'est pas forcément pour l'autre.

Haussant les épaules, elle lève le coude pour laisser le liquide rubis glisser entre les lèvres, et constate avec dépit qu'elle arrive à la fin de la coupe.
Un coup d'oeil derrière elle, la bouteille trône sur la table à son plus grand désespoir.
Elle va devoir se lever, alors qu'elle se sent bien en repli dans ce fauteuil assez confortable pour son popotin.
Pas envie.

Aucune surprise lorsqu'il aborde sur un ton dur, sa petite excursion à l’Aphrodite, temple du stupre, à proximité du Louvre, réputé pour son luxe et sa discrétion.
Elle se doutait bien qu'il finirait par lui lancer cet épisode malencontreux dans la face, et en colère de plus, ce qui ne fait que renforcer sa froideur.
Non dupe, alors qu'il lui avait assuré du contraire, cette page-là n'est clairement pas tourné pour lui.


    - Mon nom... oui. Un nom que je porte bien malgré moi, qui a surgit de nulle part, et que je dois arborer avec fierté sans l’entacher. Une famille de haute noblesse, une dynastie, composée de grandes personnalités, au parcours incroyable, de véritables conquérants.

Impossible de passer outre quelques uns de ses ressentis, l'heure de lui révéler certaines choses, vient après tout, peut-être de sonner.
Jades ne le quittent pas, lasse, elle décide de déposer les armes, toujours calmement.


    - Pourquoi crois-tu que je ne me présente jamais ? Je suis une Riddermark oui, mais sans aucun doute la plus insignifiante, la plus "sage", et ne te méprends pas sur mes dires, ça me convient très bien d'être perçue ainsi. Il y a les êtres de lumières dont toi tu fais partie, ceux qui laissent une empreinte, ceux dont le nom perdure, et dont les moindres faits et gestes sont passés au crible. Puis... tu as les autres, les ombres de la nuit, comme moi, qui ne font que passer, sans le moindre éclat, secrets, anonymes et qui tomberont dans l'oubli rapidement. C'est pourquoi, tu n'entendras pas parler de moi. Que tu ne connaîtras pas ce genre de situation, que d'autres viendront te relater mes frasques ou te confier des faits me concernant.

Petite gorgée de vin, elle hésite marque un temps d'arrêt, l'idée de passer aux aveux comme une criminelle, ne l'enthousiasme pas du tout. 

    - Et c'est exactement ce qu'il s'est passé avec le bordel. A ce que je sache, personne n'est entré en contact avec toi pour te prévenir. Et tu sais pourquoi ? Parce que j'y suis allée de manière anonyme. Tu parles de visage, c'est vrai, deux individus au moins m'ont reconnu et connaissent mon identité. Mais là encore, as-tu eu un quelconque retour de leur part ? Non, parce qu'ils n'en ont rien à faire, que je ne leur ai laissé aucun souvenir impérissable. C'est l'avantage d'être transparente, je passe inaperçu et peut vivre plus pleinement et plus librement.

Installé face à elle, affable, comportement qui l'incite à se confier un peu plus à lui, d'autant que ça le concerne directement.
Elle reprend de sa voix feutrée, doucement :


    - Je t'ai déjà raconté, ce que j'avais ressenti lorsque que je t'ai aperçu la première fois au repas de famille à Buzon Ce que je ne t'ai jamais avoué c'est...

En manque du goût fruité du vin, elle se relève, en profite au passage pour caresser sa joue mangée par sa barbe, elle s’empare de la bouteille, revient à sa place et fait le service avant de la reposer au sol à ses côtés.
Assise au bord du fauteuil, à son tour de se pencher vers lui, sa main libre posée sur son genoux, elle enchaîne en plantant son regard jadéite dans ses prunelles brunes.


    - ... Lorsque je t'ai vu au mariage d'Elvyna,  tu m'as conforté dans mon trouble, toi, pour ce que tu étais ce jour là, ce que tu dégageais, pour ta posture, ton charisme, ton charme fou, pour, toi, Arioce Horn... qui paradait avec à ton bras une future Reine, une Grande Dame. Les mois, les années ont passés, et aussi improbable que cela puisse paraître, nous nous retrouvons tous les deux, nous nous bagarrons, et nous tombons amoureux. A aucun moment, je n'aurais pensé que nous en arriverions jusque là.

Combien de fois a t-il fait part de son incompréhension, elle va donc en jouer et marteler les mots qu'il aime tant prononcer.

    - Oui Arioce, tu ne comprends pas... Tu ne comprends pas qu'à la seule évocation de ta relation avec la mère de Lilye, je puisse me sentir toute petite. Tu ne comprends pas que ce n'est pas tant les petites piques ironiques de Lilye que ta propre indifférence face à un sujet que tu sais qu'il me perturbe. Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit, j'ai peur. J'ai peur de ce que je ressens pour toi, j'ai peur de cet amour que j'éprouve pour toi qui ne fait que grandir de jour en jour, de seconde en seconde. Et ces allusions à tes anciennes conquêtes me rappellent ô combien tout cela peut être éphémère. Qu'à tout moment je peux tout perdre, te perdre.

L'étole glisse, dévoilant ses épaules, un frisson la parcourt, alors que regard se fait plus voilé :

    - Arioce, tu ne comprends pas que je puisse manquer de confiance en moi, que je puisse douter, que j'ai un grand besoin d'être rassurée, et que pour m'éviter de souffrir, j'ai mis bien involontairement en place cette attitude qui s'apparente à de la... jalousie.

Qu'il est dur de parler de soi, de se mettre à nu, de révéler sa vulnérabilité surtout à l'être aimé quand on est une jeunette impétueuse et excessive.
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Almaric.
Chapitre XLIV - Épisode I : Un Nouvel Espoir ou La Menace Fantôme ?


https://www.youtube.com/watch?v=mIMgSVuW0y0


Berry - Trou du *** du monde - Mi Décembre - Sois Beau, Tais-Toi et Suis !




Il y a dix jours exactement, je m'ennuyais fermement dans le Maine. Seul.
Aujourd'hui, Je me retrouve à me faire trimballer, tel un colis, entre Touraine et Berry. Ce n'est pas mieux niveau destination, mais à la différence que j'ai intégré un groupe de voyageurs.
J'ai trouvé l'escorte qui est sensée me ramener en Empire.
Cependant, entre péripéties et évènements inattendus tels qu'un membre tête en l'air qui a omis de suivre (et que je laisserais moisir en Berry si j'étais le chef de groupe), j'ai fais une rencontre des plus étranges et surprenantes : une autre Riddermark. Hope de son prénom.

Nous serions donc issus de la même famille ? Mais à quel titre ? quel lien ? C'est étrange, je ne sais rien d'elle. Ni même avoir souvenir qu'un autre membre ait évoqué son prénom jadis ?
En même temps, j'ai quitté le cocon familial à l'âge de sept ans pour me forger et acquérir une éducation militaire. Loin, très loin, en des terres barbaresques en proie à moultes croisades depuis des siècles.
Elle ne sait rien de moi ni de mon existence non plus. Plutôt étrange là aussi.
Du coup, une certaine méfiance s'est installée entre nous. Et son compagnon le seigneur Arioce Horn aussi à inclure dans le lot.

L'on essaie d'apprendre à se connaitre, à s'apprivoiser. Difficilement.
Il faut avouer que Hope & moi-même avons un caractère bien trempé et dur. Mais aussi les traits physiques des Riddermark.
En clair : Nous sommes Beaux et têtes de cons. Ou cochons, si vous préférez, pour éviter la censure et de choquer les âmes sensibles.

La route promet d'être longue d'ici à ce que l'on atteigne l'Empire. Remarque, c'est le temps nécessaire pour essayer de tisser des liens et lever le voile de nos soupçons sur l'un et l'autre.
Les entendre, Hope et Arioce, user de termes tels que : usurpateur ou autres synonymes de ce genre, m'agace, m'horripile.
Je prends sur moi. Difficilement. Ravaler ma fierté de Riddermark n'est point chose aisée et que je maitrise encore totalement du haut de mes dix-sept ans.

Si nous étions en Orient, où j'ai grandi et fait mes armes, ces deux-là ne pourraient plus prononcer un seul mot, privés de leur langue..
Hélas, nous ne sommes plus en Orient, mais en territoire Françoy, régit par des Loys et un système judiciaire plus ferme que ce soit envers la gueusaille qu'un Noble.
Je dois m'y faire et m'adapter. Ronger mon frein. Attendre que nous atteignons les terres familiales en Empire pour prouver mon identité et réclamer des plates excuses de leur part. Voir même qu'ils ploient ? Comment ? J'abuse ? Bon un peu... je l'admet.

Pour l'heure, car ce n'est pas demain la veille que nous arriverons à destination, nous sommes obligés de retourner sur nos pas pour aller récupérer la jeune fille perdue et en détresse (en plein Berry, on peut la comprendre).
J'espère que c'est la première et dernière fois que nous connaissons un tel désagrément car le jeu du "si quand j'avance, tu recules..." (suite censurée volontairement) n'est l'occupation que je préfère.

Lorsque l'on a du temps à perdre, comme c'est le cas actuellement, autant s'occuper par un petit échange épistolaire avec la "Chef" du groupe :



Citation:
De Lilye de la Duranxie
Le 15 Décembre 1467,


Bonjour,

Une fois encore je me glisse dans la peau du chef parce qu'il faut avouer que cela me va à ravir.

Suite à un problème de chargement mal conditionné nous avons perdu la charette ainsi que l'escortée sur Saint Aignan, cela est contraignant et emmerdant pour nous tous mais malheureusement il nous faut donc faire demi tour.

Nous repartons donc ce soir pour St Aignan et on suit comme jusqu'à présent sans faut jusqu'à Tours...

Désolée pour ce petit détour,
N'hésitez pas à sortir en taverne les Berrichons ne sont finalement pas si chiants que ça et même qu'ils offrent à boire.

Bien à vous.

Lilye.



Citation:
De Almaric Von Riddermark,
A Lily de la Duranxie,


Voilà un contretemps fâcheux qui Nous oblige à supporter la vie misérable qui règne dans le Berrichon.

Aussy, Nous suggerons que l'escortée égarée, qui est la cause de ces & ses malheurs, Nous offre dédommagement en écus sonnant et trébuchant ou bien sa Virginité si celle-ci est estimée à hauteur d'une vingtaine d'écus.
Au départ Nous avions misé 15 mais Nous nous montrons davantage généreux le dimanche qu'en semaine.

Puisse le Très Haut nous garder et surtout nous épargner de ce genre d'évènements à l'avenir.





C'est osé, et envoyé. Voilà qui risque de faire du bruit et provoquer un peu d'action. Cependant, il vaut peut-être mieux espéré recevoir des écus n'ayant aucune idée sur l'état physique de la concernée.
Et bien quoi ? Si ça se trouve c'est un laideron et si elle accepte la coucherie, je serais perdant sur les deux tableaux. Ce qui serait purement et simplement inacceptable.
Arioce
Chapitre XLIII - Episode 11


    Fragment de Vie – Loches, Touraine – Nuit du 21 au 22 novembre – D'une porte, aux cœurs.

Je le savais. Je savais qu’un jour, bientôt, nous aurions eu une telle discussion. Lorsqu’un couple se construit, grandit, s’épanouis ou du moins est en voie, il y a des conversations qui deviennent alors essentielles à avoir. Loin de parler de l’avenir, des gouts de chacun, des projets communs. Le sujet porte sur certains problèmes, des non-dits – volontaires ou involontaires – des tensions ; ce qui doit être résolu pour que l’Amour puisse croître toujours plus dans un environnement sain et uni.
L’heure des confidences sonnait.
Le flambeau était entre ses mains et comme elle m’avait laissé m’exposer sans m’interrompre, j’en ferais de même. Tous mes sens portés vers elle, je me devais d’être particulièrement attentif, à l’écoute et surtout mémoriser. Je savais que ce que se disait ce soir était d’une importance capitale et que donc, je ne devais rien laisser passer, bien entendre et assimiler tous, comme j’avais pris soin de choisir mes mots pour formuler ma pensée, certes parfois la colère venait y apporter sa petite touche personnelle, mais dans l’ensemble, j’avais tenté au plus de me faire comprendre et de soulever tous les points qui me tenaient à cœur.
Cependant, il était difficile de rester au plus concentré. Certaines de ses paroles créaient une vive réaction neuronale où moult pensées fusaient de toutes part. À plusieurs reprise j’eus très envie de répondre, entrouvrant la bouche pour vite me raviser et de nouveau porter toute attention sur la suite de son développement. Maitrise de soi, alors qu’instinctivement je changeais de position sans réel but, jouant avec ma coupe, m’accoudant, me désaccoudant, écartant les jambes, les rapprochant, regard froncé, doux, de nouveau froncé, neutre. Le tout sans la quitter du regard.
La caresse apporta de cette tendresse qui adoucit les mœurs et calme la tempête. Elle allait aborder un sujet qui semblait des plus importants, qui lui tenait à cœur, qui apporterait les réponses à mes questionnements. Je me détendis, affichant une expression tant facial que corporel plus ouvert et doux. J’étais prêt à entendre ce qu’elle avait à dire. Prêt à comprendre.

Je restais sans voix. Aucun mot, aucune parole ne pouvait exprimer les sentiments que je ressentis à ce moment-là. Incroyable. L’on se ressemble. Si différent et pourtant si semblable. Je comprenais alors mieux les adages « Qui se ressemble s’assemble » et « Les contraires s’attirent ». Cela était vrai, on se complémentait.
Finalement, on est tous deux très humain. Mais il était toujours assez cocasse lorsque l’évidence venait à frapper.
Quelques secondes passèrent, alors qu’Hope avait prononcé son mot final, « jalousie ». Moi qui pensais qu’elle était femme à ne pas être jalouse, je me fourvoyais bien. Cela dit, moi-même, j’aime dire que je ne suis pas des plus jaloux, alors que la vérité est souvent tout autre. Possessif, méfiant, parfois même sang chaud, qu’un homme ose porter trop d’attention à l’Élue de mon cœur, je ne pouvais rester indifférent. Et il en allait de même si Hope venait mettre un peu trop son charme en avant face à un homme ou bien une femme – bien qu’à mes yeux, la hiérarchie n’était pas la même.
Dans mes réflexions, je laissais couler mes yeux jusqu’à la main de la jeune femme, posée sur mon genou, et un sourire s’étira presque imperceptiblement. Léger, fin, court. Le sérieux repris bien vite dominance. J’avalais plusieurs gorgées de vin puis relevais le regard vers elle. Doucement, je vins replacer son étole, puis ma main vint couvrir celle de mon Amour, mes doigts se referment légèrement.

    - Je ne m’attendais pas à une telle révélation. J’ai tant à te dire sur cela, qu’il m’est difficile de revenir sur tes paroles précédentes. Mais je vais tout de même rapidement le faire.

Oui, car je n’allais pas faire l’erreur de laisser en suspend mes réflexions, histoire que les choses soient bien aux clairs, qu’elles soient dites.

    - Sache que je comprends bien le côté destructeur des bassesses crachés qui peuvent entacher une réputation voire contraindre à se cacher. J’en suis tout à fait conscient et même si je suis d’accord sur le fait qu’il ne faut pas y prêter trop d’importance, ignorer les effets est chose stupide voire dangereux.

Là était toute la difficulté d’ailleurs.

    - Et justement, tu dis que le souci c’est mon comportement. Et en effet, après ce que tu viens de me dire, de me faire comprendre, mon comportement n’était pas des plus correctes. Mais le tient non plus. Et ce n’est pas parce que tu te qualifies comme une ombre de la nuit, que tes actions ou paroles n’ont aucune conséquence. Certes, pour l’heure, je n’ai eu aucun retour de ta petite aventure à l’Aphrodite, mais cela ne veut pas dire qu’un jour, je ne vais pas en entendre parler, qu’un jour je ne vais pas croiser quelqu’un qui t’a vu et qui alors, nous voyant tous les deux, va faire le rapprochement et va se demander si à l’époque, nous étions déjà ensemble. Tu comprends ? Ce n’est pas parce qu’on ne te remarque pas autant que moi – et ça je n’en suis pas si sûr, parce que tu es loin d’être banale, au contraire –, que tu peux tout te permettre. Tu n’es plus seule Hope, on est un couple, on est deux qui forme un. Penser aussi fermement que tes actes passent inaperçu aux yeux des autres est stupide et naïf. Attention, je ne dis pas que tu l’es, mais c’est ta façon de penser sur ce sujet qui l’est.

Elle allait surement mal le prendre, mais il était essentiel qu’elle saisisse, qu'importait si cela la bousculait.
Bon, ça n’avait peut-être pas été si rapide, mais c’était chose à faire.
Allons…
Je délaissais mon verre de vin, le posant de nouveau sur la table, et ainsi libre, je concluais notre union, posant ma main sur son genou, remontant par de douces caresses sur sa cuisse. Marrons dans jades, jades dans marrons.

    - Je comprends Hope.

Quoi dire ? Devais-je la rassurer ? Devais-je moi aussi passer aux aveux ? L’égo en prendrait un coup de le dire à haute voix. Cependant, c’était pour elle, pour nous.

    - Tu ne me perdras pas Hope. Je t’aime, réellement, d’un amour sans borne. Il n’est pas éphémère, au contraire. Je ne t’abandonnerais pas. Je sais que dire cela ne va surement pas totalement te rassurer, car cette peur est bien souvent très ancrée et il est difficile de s’en séparer complétement… j’en sais quelque chose…

Le début est entamé, je ne pouvais me défiler à présent. Et puis, elle avait déjà eu un avant-gout, en ayant déjà parlé, il y a de ça quelques temps. Inspiration, expiration.

    - Il faut que je te dire… j’ai l’expérience des relations de couple et indubitablement, j’ai celle des douleurs qu’elles ont engendrées. Des douleurs qui ont laissés place à des craintes, de plus en plus grandes. Et également, des méfiances.
    Tu as un manque de confiance en toi ; j’ai aussi un manque de confiance en moi mais surtout aux autres. Par expérience, et tu l’as vu, je me montre plus méfiant, je prends le temps nécessaire et aussi… parfois, je manque de confiance en toi. Et ce n’est pas vraiment volontaire, c’est juste que j’ai besoin de preuve qu’il n’y aura pas de faux bonds.

Bordel… que c’est laborieux de mettre des mots sur un ensemble de pensées, émotions, ressentis…

    - J’ai moi aussi la crainte de te perdre, Hope.

... Faiblesse. Que je détestais cela.

    - Mais je sais que crainte disparait peu à peu. Plus le temps passe, que tu es à mes côtés, qu’on partage la vie à deux, et plus la peur se dissous.
    Et je veux qu’il en soit de même pour toi. Que plus tu passes du temps avec moi, que tu me connais, que cette peur disparaisse totalement.

Je serrais sa main entre la mienne et continuais.

    - Et je suis prêt à tout pour que cela se fasse. Qu’il n’y ait qu’amour, confiance et complicité. Que tu ne ressentes plus cette peur.
    On est une équipe, on va s’en sortir ensemble.

Bordel, qu’est ce qu’il fait chaud.
Je lui adressais un beau et vrai sourire. Je me penchais alors vers elle, pour unir nos lèvres dans un baiser amoureux, fusionnel, ampli d’espoir.
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Hope
Chapitre XLIII - Episode 12


Fragment de Vie – Loches, Touraine – Nuit du 21 au 22 novembre – D'une porte, aux cœurs.



Les querelles d'amour s'éteignent toujours dans un baiser. 
(Citation de Adolphe Ricard ; L'amour, les femmes et le mariage)



Un baiser.
Bouche devient captive de ses lèvres ourlées, pleines et avides, aussi douces que conquérantes.
Ivresse d'un baiser qu'il prend ou offre, qu'importe.
Un baiser ardent dans lequel il la plonge sans retenue, comme une trêve, pour unir leurs âmes soucieuses, rassurer son cœur épris et affolé, effacer l'ardoise aux dettes qui s''accumulent.
Le temps de cette échange labial, culpabilité de certains actes et mots prononcés, colère face aux non-dits et comportements jugés désinvoltes, source de craintes insoupçonnées s'envolent et laissent place à l'ardente passion qui les anime toujours. 

Paupières closes, dextre posée sur la joue barbue, réponse buccale lui est rendue sans détours, furieusement, intensément, dans le but d'oublier quelques précieuses secondes, la discussion houleuse, dont elle sait que l'issue dépendra de sa propre attitude.

Lippes se séparent enfin, elle recule son buste, et s'enfonce dans le fauteuil avant-bras en appui sur les accoudoirs, après avoir repris sa coupe de vin déposé sur le guéridon à proximité.

Paraîtrait-il que la la meilleure défense c'est l'attaque.
D'un reproche lancé à l'autre, le retour de flamme ne se fait attendre très longtemps.
"Tu as fait ceci ! Oui, mais toi tu as dit cela !"
Chacun campant sur ses positions, plus par souci d'éviter de contrarier son ego que de tenter de résoudre ce qui va inévitablement tourner en conflit.
Qui en amène souvent d'autres, jusqu'à l'explosion du couple.

Chercher à noyer le poisson pour tenter de garder la tête hors de l'eau, réaction humaine dont elle use et abuse sans scrupules.
En règle générale.
Mais pas avec lui.
Elle n'y arrive pas.

Cependant, elle l'avait laissé parler, sans interruption, gardant un visage impassible malgré les réflexions désobligeantes qu'elle avait encaissé sans broncher.
Tressaillements avaient parcouru son corps, lorsqu'il s'était mis à nu, dévoilant ses propres inquiétudes concernant leur couple.
Puis, paroles criantes de sincérité qui s'étaient voulues plus rassurantes, empreintes de douceur, l'avaient touché en plein coeur.
Jusqu'au baiser...

Elle se sent lasse tout à coup, et l'envie d'en terminer se fait ressentir, alors autant aller droit au but.


    - Je constate que tu juges tes comportements inappropriés alors que tu qualifies les miens de stupides. Un mot que tu associes assez fréquemment à mes actes, d'ailleurs. Sois assuré Arioce que j'en perçois la subtilité.

Remarque cinglante lancée dans un sourire qui se veut ironique.
Elle enchaîne calmement sur un ton plus ferme après avoir bu une longue gorgée :


    - Sache que je ne me considère nullement comme "banale" pour reprendre ce joli mot sorti de ta bouche, mais qu'intentionnellement, je ne souhaite attirer l'attention sur moi. Pour justement, tout, me permettre. Nous sommes en couple, oui, et tu crois que je l'oublie ? Je suis entrée dans ce bordel, j'y ai enchéris, et je suis repartie, curiosité assouvie, page de mon histoire tournée, mes pas battant le pavé, pressée de te rejoindre, mon coeur débordant d'amour pour toi. Si j'étais ce genre de femme à tromper allègrement son compagnon, je peux t'assurer que je n'aurai pas besoin de me rendre dans ce genre d'endroit et débourser le moindre écu.

Elle se penche pour attraper le vin et verser à nouveau du nectar dans sa coupe, et de lui tendre la bouteille pour qu'il en fasse autant s'il le souhaite, elle reprend tout en plantant ses jades intransigeantes dans ses brunes prunelles.
Ce qu'elle peut l'aimer.


    - Il n'y aura plus de peur, ni de prochaine fois que ce soit mes virées douteuses et compromettantes, tout comme ces railleries te concernant. Je t'en fait la promesse. Celui ou celle qui se permettra la moindre allusion perfide à ton sujet devant moi, se verra ouvertement remis à sa place. Et toi y compris, s'il te venait à l'idée de prendre cela avec légèreté. Et si je dois en passer par les armes, je le ferai. Personne ne viendra se mettre en travers de nous, je ne le permettrai pas.

Regard se porte sur le contenu de la coupe qu'elle fait tourner entre ses doigts, boit l'intégralité d'un seul trait, un désir brûlant la consumant subitement, elle se lève du fauteuil, avance d'un pas pour se planter devant lui, et murmurer de sa voix feutrée tout en dénouant les liens de sa chemise, sans le quitter des yeux :

    - Tu veux tout comme moi qu'il n'y ait qu'amour, confiance et complicité ? Prouve-le moi.

Et l’étoffe de glisser le long de son corps nu, pour finir gisante à ses pieds.
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Arioce
Chapitre XLIII - Episode 13

    Fragment de Vie – Loches, Touraine – Nuit du 21 au 22 novembre – D'une porte, aux cœurs.

Il y a des baisers qui ne trompent pas. De colère et irritation, elle aurait très bien pu s’écarter vivement, rejeter le baiser et s’offusquer que j’ose alors que dispute fait rage, enfin dispute, mise au clair. Il y des baisers qui ne trompent pas et celui-là en était un. Malgré l’agacement, les mots durs, les recadrages et l’énervement, nos lèvres s’unissaient et nos âmes s’enivraient d’un baiser du feu de Dieu. Bordel, que j’aime cette femme, même si je savais que ce n’était pas encore fini.
Si l’on avait lâché nos épées et boucliers, nos dagues étaient encore à portée de main. Alors qu’elle se radossait contre le fauteuil, j’attendais la suite. Mine de rien, j’étais un peu à cran, certes plus calme, mais il faudrait un peu de temps pour que ça cesse de bouillonner.
Léger froncement de sourcils lorsqu’elle reprenait la parole, qu’allait elle pouvoir dire, ajouter qui pourrait, ou non, mettre de l’huile sur le feu.
De sa première partie, je restais muet et placide. Il était vrai que je trouvais certains de ses comportements ou agissements stupides. Ce n’était pas pour être méchant ou la blesser, juste que je le pensais. Cela étant dit, je ne m’excluais absolument pas de pouvoir en faire également, loin de là… Je sais dont je suis capable de la bêtise et c’est justement pour cela que je fais attention. Néanmoins, la plus part de mes erreurs étaient donc plus inapproprié que stupide. Appuyer sur le fait était inutile et serait contre-productif. Alors, je décidais de laisser passer. Et puis, elle n’en avait pas fini.
Léger soupir face à son monologue. Mmmh… Entêtement et raisonnements vains. Elle ne semblait pas vouloir comprendre ou admettre. Tant pis. J’aurais d’autres occasions d’aborder le sujet, sous d’autres angles, qui, peut-être, seront être plus percutants.
La suite était bien plus intéressante et concrète. Il allait réellement falloir que je fasse attention à ce que je dis et fais. Je n’ai aucun mal de parler de mes anciennes compagnes ou amantes, mais je sais que ce n’est pas chose à faire et surtout pas à sa femme actuelle. Je faisais déjà des efforts pour ne pas la comparer à Alysson et à vrai dire, c’était d’une facilité que je n’avais encore jamais ressenti. Elles se ressemblent pourtant beaucoup mais sont aussi très différentes. Enfin, avec Hope, je me sens si bien, c’est comme… une évidence.

Je refusais la bouteille tendue alors que j’étais plongé dans ma semi réflexion. Oui, je ferais tout pour ne pas gâcher ma relation avec Hope. À bas les limites, les barrières, les craintes. L’on renouvelait nos engagements, certes pas encore fait devant le Très Haut et les Hommes, en cette nuit, les renforçant. Certes, tout n’était pas encore entièrement réglé, mais beaucoup de choses ont été dites, importantes, essentielles, et bien que les esprits se fussent pas mal échauffés et qu’ils l’étaient encore, nous avions sécurisés notre relation.
Je revins sur terre lorsque je perçus du mouvement de son côté, entrouvrant la bouche pour clore la discussion sur des dernières paroles. Cependant, elle me coupa l’herbe sous le pied, alors que levée, devant moi, elle me perçait de ses si beaux yeux vert, étincelants particulièrement. Était-ce les flammes de la cheminée qui se reflétaient dans son regard ou était ce celles de son cœur…
Mmmh… Quelle belle façon d’avoir le dernier mot et mettre un terme à l’échange.
Mes pupilles glissèrent suivant la trajectoire de son vêtement. De ses mains s’écartant tout juste dévoilant si magnifiquement sa poitrine, sa taille si parfaite sublimant ses hanches, jusqu’à sa féminité, offerte. Mmmmh…
« Prouve-le-moi. » Expression qu’elle aime utiliser de temps à autre. Mais ai-je seulement à le prouver ? Ce que je suis et ce que je fais pour elle tous les jours ne suffirait pas à lui prouver l’amour que j’ai pour elle ? Je sais que c’est une façon de dire. Mais alors, pourquoi ne simplement pas dire « Arioce Horn, fais-moi l’amour. »
Bordel… L’Indifférence elle-même ne pouvait fermer les yeux face à pareil preuve de sentiment. Qu’elle est belle…
Et pourtant… Toute cette soirée m’avait mis sur les nerfs et bien qu’elle se finissait positivement, j’en restais pas moins tendu et grognon.

Mes yeux quittèrent leur admiration, mains serrant les accoudoirs, je me redressais et me levé, déterminé. Le pas nous séparant fut fait et nos deux corps, superbes, se firent face. Mes marrons retrouvèrent ses jades, alors que quelques courtes secondes s’envolèrent. Je lisais son âme, elle lisait la mienne.
Mes pattes conquirent alors ses hanches et son fessier, entre emprise et caresses possessives, collant mon buste contre le sien. Lèvres effleurées, frisson, je les capturais d’autorité. Et d’un baiser exalté nous plongeais dans un océan fiévreux de passion, fougue, vigueur et amour.
Confiance omniprésente, complicité rugissante, amour béant.

𝒯𝒽𝑒 ℰ𝓃𝒹

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Arioce
Chapitre XLIV – Episode 2

    Fragment de Vie – Sur la Loire à bord du « Oui, je le veux » – Fin Décembre.

Notre séjour en Touraine s’était globalement très bien passé, contrairement au dernier. Revoir Lilye m’avait fait grandement plaisir, la retrouver elle et son caractère de peste. Ça m’avait fait du bien de nouveau rire de ses bêtises, sans avoir à me soucier d’une quelconque éducation à lui apporter. Elle était maintenant adulte, et même sur le point de se marier, son comportement n’était plus de mon ressort. Et tant mieux. J’en avais suffisamment sué comme ça, il y a de quelques années. Le temps passe si vite…
Mais le séjour avait su nous réserver également quelques autres surprises de tailles et petites mésaventures. Il en faut toujours un peu, histoire d’épicer, de saler, le voyage.
Tout d’abord, un jeune homme – que j’avais malencontreusement percuté de toute ma masse – se disait être un von Riddermark. Pas commun comme annonce, surtout en pays Français. Enfin, Almaric, de son prénom, pouvait le répété aussi souvent qu’il le souhaitait, tant que je n’avais pas la confirmation par écrit ou oral du chef de famille, Debenja, il ne serait à mes yeux qu’un simple jouvenceau, certes bien éduqué, mais du peuple.
Et pour ne rien facilité, Hope et lui ne s’entendaient pas au mieux. À vrai dire, et étrangement, je m’entendais bien mieux avec et lui-même semblait bien m’apprécier. Et ça, Hope avait du mal à l’accepter, être quelque peu mise à l’écart. Moi je n’allais certainement pas m’en plaindre, il était assez rare de croiser des hommes avec qui une amitié pouvait naitre. Et pourtant, cela n’enlevait rien à ma méfiance sur ses soit disant origines.
Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’une telle situation arrivait, du moins, qu’une personne sortie de nulle part se révélait être un membre de la puissante famille von Riddermark. Il y a de ça pas mal d’années maintenant, j’avais fait la connaissance d’une jeune femme, Laure-Victoire, tout aussi jeune qu’Almaric, que j’avais rapidement pris sous mon aile. Douce, fragile, souriante et timide, je veillais sur elle. Puis un jour, elle m’avait montré un médaillon – unique possession et héritage de sa naissance lorsqu’elle fut abandonnée à des nonnes – marqué du blason de la grande famille. Et cela, seule preuve, avait suffi à me convaincre pour l’amener auprès du patriarche pour en avoir le cœur net. Je mettais alors montré bien plus doux, rassurant, ne l’accusant de rien, au contraire, l’encourageant. Certainement mon côté paternel, protecteur. Enfin, cela s’était très bien terminé, lors d’un repas de famille des von Riddermark, où je l’avais présenté. Le médaillon inspecté et les questions posées, il s’était avéré qu’il s’agissait bien de la fille d’Hostense, une cousine.
Depuis, je m’entendais toujours aussi bien avec la jeune fille, elle intégrée et appréciée au sein de sa famille.
Est-ce cela qui attend également Almaric ? Mmmh…

Cela étant dit, je ne voulais pas que ce voyage soit désagréable. Alors, je tendis la main à Almaric, discutant avec, apprenant à le connaitre, lui proposant même de venir s’entrainer avec nous chaque jour. Certes méfiance il y avait toujours et je ne lui laissais pas faire tous ce qu’il souhaitait sur le navire, mais il était plus ou moins libre et je partageais volontiers avec lui quelques chopes ou à pêcher quelques poissons.
Et puis, les quelques passes d’armes furent les bienvenues, activité plus viril où l’on pouvait faire parler notre maitrise des armes, avec respect mais aussi vigueur. De quoi se taper dessus, lâcher la pression, exacerbant le brin d’animosité, mais pour mieux s’apprécier, sourire, voire parfois rire, claques amicales données en fin d’effort.
Almaric est un bon gars. Au fond, j’espérais qu’il ne mente pas. La vérité ne tardera pas à trancher.
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Arioce
Chapitre XLV – Episode 1

    Fragment de Vie – 22 Janvier – Nevers.

Nouvelle destination de notre périple pour trouver une ville portuaire qui pourrait nous accueillir. Jusqu’alors, cela avait été plutôt infructueux… Faut dire nombre des villes étaient assez désertiques. À la fois bonne et mauvaise chose, puisqu’une ville peu habitée offrait bien souvent nombre de place dans son port. Cependant, l’ennui nous guetterait bien vite…
Pour l’heure, j’avais habitation à Moulins, une charmante petite ville, très peu animée, mais où l’on pouvait être surs que notre navire ait une place. De plus, les règles qui régissent le port étaient, ma foi, plutôt intéressantes, contrairement à beaucoup d’autres endroits, bien trop strictes ou, à l’inverse, trop clémentes.
Montpensier était une ville intéressante, où j’y ai croisé de la vie en la personne de deux jeunes femmes qui m’avaient été sympathiques et accueillantes. Malheureusement, pas de port…
Montbrison, désert, mais un tout nouveau port, un peu trop petit cependant. Il risquerait de vite être complet, nous obligeant à régulièrement quitter les quais. Or, nous voulions être libre de laisser notre bateau à quais au moins deux mois, le temps de souffler un peu, aller visiter la famille en Savoie ou tout simplement pouvoir travailler dans les diverses activités qu’on lancerait : champs, ateliers.
La difficulté dans les recherches était également que j’étais seul à pouvoir me faire l’avis. Hope, très occupée, ne pouvait pas sortir en taverne pour constater d’elle-même. Je lui faisais donc des rapports de mes sorties et l’on discutait ensemble des conclusions à en tirer.
Je trainais donc, seul, en ville et en taverne, cherchant à déceler le potentiel que pouvait offrir les lieux.

En ce jour, nous étions donc à Nevers et cela pour encore deux trois jours. Ville que l’on connaissait déjà pour y avoir séjourné il y a de ça quelques mois, mais qui avait pas mal changé. Comme souvent, en quelques temps, un bourg pouvait complétement se vider ou gagner en population active, et cela pour x ou y raisons.
C’était un peu le cas pour Nevers, bien qu’il semble qu’elle reste une ville animée.
Hier soir, j’ai passé une bonne soirée, en bonne compagnie. Cependant, les deux individus avec qui je discutais, étaient des voyageurs, juste de passage et donc pas réellement représentatif de l’ambiance que la ville possèdent. Plus tard dans la soirée, une habitante débarqua, qui me fournis quelques informations.
Et comme le monde est relativement petit, je fis la connaissance d’une jeune fille, Lilye, et de son escorte, un homme silencieux, qui étaient liés à une amie, Lyanéa, maitresse de Montpellier. Coup de chance qui nous permis de discuter plus aisément, mais aussi m’apprendre que la Rousse semblait gagner en notoriété et pouvoir. Un de ces jours, faudrait qu’on aille lui rendre visite en son domaine.
Nevers était donc une ville qui entrer dans le podium, surtout que son port, assez conséquent, ne semblait pas très fréquenté. Située pas trop loin de Bourg et donc de la famille de Mon Amour, elle entrait en compétition avec Moulin et Montpensier.
Mmmh…

Finalement, la période qu’on aurait voulu n’être qu’à nous, était tout de même loin d’être tranquille. Sur les routes, à chercher, analyser, peser les « pours » et les « contres ». Rien de bien reposant. Et il nous faudra bientôt reprendre la mer… Et ensuite on sera de nouveau pris dans les flots de la vie, à aller à gauche à droite, pour aider, pour voir des amis, la famille, pour le travail. Quoique…
Sous peu, nous serons unis devant le Très Haut. Bordel que j’étais impatient. Et la tradition veut qu’après mariage il y ait lune de miel. Mmmh. Une bonne raison pour faire durer le répit. Il va falloir que j’en touche mot à Hope. Peut-être, elle, y avait déjà pensé.
Enfin… Chaque chose en son temps. Le mariage et ensuite l’on verra bien.
Bientôt… oh bordel, que je suis impatient !
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Hope
Chapitre XLVI – Episode 1


    Fragment de Vie en Chanson – 25 Janvier – J-4 : Elle panique.



Seule à errer dans cette ville fantôme, le moral dans les chausses, elle sent qu'elle perd pied à mesure que The Date approche.
On est quel jour déjà ? 
Oh bordel ! 
Ca passe si vite !

Elle se repasse le film de cette année écoulée, leur rencontre, programmée certes, leurs entraînements, leurs défis, leurs engueulades, leurs fous rire - plus rares de son côté - leur complicité, leurs rendez-vous.
Ce qui est devenu une demande (qu'il soit mon maître d'arme) s'est mué en obligation (les entraînements à la dure), puis en besoin vital (Oh oui des entraînements ! Rien que pour te voir...) pour finir par une évidence (je t'aime).
Il est Son Evidence.
Depuis le début, depuis toujours.
Comment en est-elle arrivée là ?
Et pourquoi est-elle si tétanisée ?...
Pourtant, elle est sûre, certaine, à 100% !

Suryaaaaaaa ! Au secours, aides-moi...

Tout s'embrouille dans sa tête, la peur s'installe, pernicieuse, elle s'interroge.
L'engagement, l'échec, l'infidélité, la routine, la dépendance... tout ça quoi !
En bref...



Elle panique à l'idée de L'épouser
De se tromper méchamment
Elle panique à l'idée d' se faire blouser
Ou d'hésiter un instant

Elle a peur qu'Il s'en ailles
Peur de ces épousailles
Elle a peur d'être sa partenaire
Elle a peur, peur pour son derrière

Fous-moi la paix ma sale caboche
Tu ne me feras pas sombrer
Je t'aurai à grands coups de pioche
Si tu ne laisses pas tomber

Elle frémit qu'Il ne l'aime plus
Elle tremble de s'aimer un jour
Ça pressure, ça la tue
Ça estompe ses jolis contours

Elle veut pas finir seule et moche
Elle veut qu'Il s'inquiète pour elle
Elle veut pas avoir de reproches
Ni se laisser aller devant l'autel

Fous-moi la paix ma vieille caboche
Je suis émoussée
Tu ne me fous pas la pétoche
Et je ne veux plus t'écouter

Fous-moi la paix ou j'te taloche
Je me sens toute disloquée
Sur moi tes questions ricochent
Inutile de te fatiguer

(Chanson d'Olivia Ruiz légèrement remaniée : Elle panique)



Surtout ne rien Lui montrer, faire bonne figure, garder le sourire, faire comme tous les jours, rester la même, flipper grave.

Arioce Horn... je panique.



Retrait de toute allusion géographique pour plus de cohérence avec la suite

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Ainarik

Mercredi 29 Janvier, matinée, de l'eau partout sauf au ciel...


Ainarik, p'tit vieux cureton en chef de la Teste de buch, avait reçu tôt ce matin un petit pigeon tenant dans ses papattes un message de Hope... les lignes étaient quelques peu troubles.... la cumulation avec le métier de tavernier conduisait le curé de plus en plus tard dans les nuits arrosées du village. Cependant il comprit aisément que la future mariée avait grande hâte à s'unir.

Sautillant comme une puce en lisant le courrier, il prit sa plume pour lui expliquer toute son excitation de la journée ! Il tournoya sur lui même, tout fou et heureux. Puis, après avoir lu que la mariée était bien consciente du jour tant attendu, il s'empressa d'aller voir le fameux bateau où la cérémonie devait avoir lieu.


Meuh non meuh noooonnn !! Ça ne va pas du tout du tout !!

Le vieux croût... cureton siffla bien fort et une flopée de petits apprentis débarqua ou plutôt embarqua avec lui sur le bateau.

Bon les p'tits loups ! Il faut me changer tout ça ! Un mariage va avoir lieux ici et je veux me sentir comme à la maison !!!

Les petits disciples, bien malins et travailleurs commencèrent à s'atteler au chantier pendant qu'ainarik enfila sa belle robe faite uniquement pour l'occasion. Une robe insubmersible avec bouées intégrées qui le sauveraient en cas de baffes de la mariée ou étreinte trop poussée du futur époux !

En un rien de temps il changèrent le beau bateau en... et bien quelque chose d'un peu plus approprié...




Parfait, parfait les p'tits gars !! Je suis sûr que ça va plaire à tout le monde ! Enfin... en tout cas à moi ça me plait, félicitation !!

Le ptit vieux continua ensuite de s'occuper de sa tenue. Il se sentait un peu serré dans toutes ces bouées mais bien en sécurité !

Et alors mes enfants, que pensez vous de moi ? Ainarik tournoya dans sa jolie tenue telle une gamine...



Un tonnerre applaudissement s'en suivit... du moins dans la tête du vieux curé... car les apprentis étaient plus occupés à finir les préparations que d'admirer la prestance et l'élégance du curé.

Des pouces levés par tous les disciples indiquèrent que les préparatifs étaient enfin finis. Ainarik se plaça donc pour recevoir le marié qui devait finir les décorations... sûr qu'il serait ravi de voir son "nouveau" bateau.
Il attendait aussi tous les invités, tapotant du peton, assez pressé de marier son amie et surtout de profiter du banquet.

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Arioce
L’Union de deux Êtres


    Moulins – Puis sur le « Oui, je le veux » – le 29 Janvier 1468.

En ce jour béni, je me marie. Alchimie dans mon corps, moult émotions et pensées se mêlent et se mélangent.

Levé aux aurores – et ce malgré une soirée bien arrosée en compagnie de Timothée et de mes deux plus grands enfants, Richard et Ariane – le mal de crâne, dû au trop plein d’alcool, fut très vite remplacé par celui de la tension, de l’excitation, d’une légère pointe de crainte et surtout d’une énergie volcanique. Et comme il m’est interdit de voir ma future femme – épouse, comme elle préfère que je dise – j’avais devant moi pas mal de temps pour me préparer et surtout chapoter les dernières préparatifs pour l’organisation. Hope devait avoir très certainement passé la nuit dans son navire, donc, je ne m’y rendrais pas de suite. Chemise, braies, bottes, veste chaude, je quittais ma demeure pour faire un peu d’exercice. Je n’allais pas réveiller les cuistots aussi tôt, ni le reste de la maison, il fallait donc que je m’occupe. Un peu de course, mais surtout des exercices au sol, de poids, jouant sur la musculation. Une petite heure plus tard, maintenant que les rayons du soleil se montraient moins timides, je revins pour mettre au pas toute la maisonnée.
J’étais en grande forme, impossible de m’arrêter. Je bouillonnais littéralement sur place, envie de bouger, de faire, de ne jamais m’arrêter. Et dans ma tête… les rouages de mon cerveau faisaient un tel vacarme, qu’il m’était difficile de profiter d’un moment de silence, alors même que j’étais seul. Seul avec Moi-Même. A cogité, réfléchir, planifier moult plan et actions à faire afin l’heure.
Oh bordel ! Flash, soudaine pensée, tel un pic qui traversa mon conscient. Mariage, remariage, dissolution, pénitence… Bordel, bordel de bordel ! Cela m’avait complétement échappé.
Vite, j’attrapais du papier, de l’encre et une plume et je noircis la feuille. Signature, appel d’un coursier et je lui transmis le mot lui ordonnant de l’apporter au plus vite au curé du village, à qui j’avais déjà pris contact. Bordel ! Comment avais-je pu oser oublier… Soupir, pression qui monte d’un cran, fallait que je m’occupe. Avec un peu de chance, je pourrais être reçu par le curé avant la cérémonie et le tour serait joué. Sinon… Non, je me devais d’être optimiste.


    Deux jours avant, un mot, en plus de l’invitation, avait été envoyé aux invités pour leur donner quelques indications en plus.

    Pour les parents de Jerez et Horn ainsi que Oldtimer :
    Citation:
    La cérémonie aura lieu sous les coups de la 15ième heure de la journée. Rendez-vous aux quais un peu avant pour monter à bord du navire. Nous ne disposons pas assez de chambre en notre demeure, il vous faudra donc demander la suite à l’auberge qui vous est réservée.


    Pour les témoins et leur compagnon :
    Citation:
    _ Version Surya : La cérémonie aura lieu sous les coups de la 15ième heure de la journée. Rendez-vous aux quais un peu avant pour monter à bord du navire. Une cabine t’est réservée pour te préparer et te reposer à bord du navire. Si tu as besoin de quelques choses, Hope et Arioce seront sur place avant l’heure.

    Citation:
    _ Version Elvyna/Nerval : La cérémonie aura lieu sous les coups de la 15ième heure de la journée. Rendez-vous aux quais un peu avant pour monter à bord du navire. Normalement une cabine vous est réservée pour vous préparer et vous reposer, mais sachant que le bateau et toi font deux, une chambre en notre demeure vous est ouverte. Vous y serez relativement tranquille.


    Et pour les amis déjà sur place, en la personne de Kate et Timothée, ainsi que le curé Ainarik, ils avaient été informés.


Les enfants réveillés, je leur donnais les quelques informations et instructions : déjeuner, se laver de la tête aux pieds, s’habiller et surtout être heureux. Si toute la pression était sur mes épaules, je ne voulais pas que ça soit le cas de mes oursons, qui eux, devaient passer une agréable journée. Tout allait bien se passer.
Je m’approchais alors des cuisiniers – le mien et celui d’Hope qui collaborons ensemble avec leur équipe respectif, enfin, les deux aides en cuisine – pour m’entretenir avec eux sur leurs besoins, s’il leur manquait quelque chose ou si tout était bon. La nourriture et la boisson est un sujet des plus sérieux et sensible ; on ne rigole pas avec. Il fallait que ça soit délicieux, en quantité suffisante, sans pour autant en faire des tonnes et surtout accompagné du parfait breuvage. On s’était décidé avec Hope pour un petit banquet libre-service, salé et sucré, avec bière, vin et spiritueux pour les plus courageux. Breuvages et mets locaux mais aussi de nos réserves personnels. Petit avant-gout de ce que pourrait être le plus large banquet de fête du mariage avec amis et familles, qui viendraient plus tard.
Inspiration, expiration. Ce frisson, cet emportement, ravissement aux notes et rythme d’une balade. La musique. Présente par petite touche dans la vie quotidienne, elle occupe toutefois une place importante. Entrainante, festive, elle est une autre manière de s’exprimer, profonde, pleine d’émotion. Je fis ma demande alors qu’elle chantait notre amour, il était alors impensable qu’on s’unisse sans elle.
J’avais donc pris soin d’engager un petit groupe de musiciens qui nous accompagnerait tout au loin de l’aventure, de la cérémonie au festoiement. Vent, cordes, percussion et surtout, harmonie.

Seul, dans mon bain, je repensais à cette année passée. Spéciale. De maitre d’arme à compagnon, amant, Amour. Incroyable.
Je souris, nageant en plein bonheur, sans vouloir faire un mauvais jeu de mot.
Propre comme un écu fraichement frappé, je vins m’assoir devant le miroir, lame en main. Bien… Touffue, épaisse et d’une bonne longueur, il était temps. Temps de la raccourcir, de lui redonner une forme plus distinguée. Hope ne l’aime pas longue et en ce jour, la raison pour la couper était bonne. Plusieurs coups de ciseaux, précis, puis de rasoir, gestes maitrisés sur la peau, pour parfaitement bien délimiter la barbe. Peigne, brosse et huile. Mmmh… Je souris au reflet que renvoyait la glace. Je tentais de me rappeler l’époque où j’étais imberbe, ou du moins, je me rasais de près. Une époque bien lointaine. Le jeune Arioce sans poils avait laissé place à l’Arioce d’âge mûr surnommé, de par sa pilosité, l’Ours. Une belle évolution.
Place aux cheveux… Soupir et soupir. Mmh, mmh, mmmh… Belles boucles, certes. Mais longues… Aaah, il serait temps de tout couper. Ricanement, j’imaginais la tête d’Hope si elle me voyait de nouveau chauve, ah ah. De quoi longuement rire avant d’amèrement regretter.
Pas le temps de se couper les cheveux, puis je ne suis pas coiffeur-barbier, donc quelques coups de peigne, de l’huile, les doigts pour arranger le tout. Voilà !
J’enfilais alors pantalon et chemise de circonstance, laissant de côté pour l’heure la tunique et la cape. Je les mettrais le moment venu. Mais avant, j’avais encore quelques détails à régler et il valait mieux ne pas se salir bêtement.

Il était temps de me rendre sur le « Oui, je le veux », afin de finaliser les préparatifs et voir Ainarik. Le curé nous réservait une surprise en prenant en charge la décoration du navire. Tant mieux, ce n’était vraiment pas mon fort. Ainsi, je n’aurais qu’à installer les braseros qui nous tiendraient chaud et qui, si nous tardions sur le navire, nous éclaireraient.
Mmmh… Un mariage sur un bateau. Bordel, quel magnifique cadre ! Et comme j’allais certainement devoir passer à l’église de Moulins avant l’union, je me rendis plus tôt que prévus sur les quais, la onzième heure n’ayant pas encore sonnée.
Accompagné de Timothée et de mon fils Richard, ainsi que d’une charrette pleine, nous arrivâmes sur place, là où aurait dû se trouver le navire. Sauf que… Bordel mais !
Mâchoires décrochées, sous nos yeux, le fier « Oui, je le veux » avait laissé place à une sorte de… de chapelle flottante. Mmmh… décoration donc. Le curé n’était pas allé avec le dos de la cuillère…
Grimace, alors que, derrière moi, Timothée était mort de rire, je montais sur le pont principal, du moins ce qu’il en restait, et m’approchais de celui qui devait être l’investigateur de tout ce changement. Mmmh, belle bure.

    - Bonjour. Je présume que vous êtes le curé Ainarik. Arioce Horn, ravi d’enfin pouvoir vous rencontrer.

Serrage de mains, sourire franc, et mon regard se porta vers, bah autour de moi, détaillant la « décoration ».

    - Vous n’avez pas chômé. C’est… original. Un peu trop peut-être. Je ne suis pas totalement contre les modifications que vous avez apporté, et je doute que cela plaise à Hope ; ça fait un petit peu trop chapelle et plus tellement bateau, comme on aurait aimé.

Y avait au moins le mérite d’être à l’abri.

    - Je vous propose de faire quelques ajustements. On garde le thème église, mais tout en laissant la structure principal du navire. Qu’il s’agisse plus d’un rappel, d’un clin d’œil et non d’une bâtisse entière.

Heureusement, on avait encore beaucoup de temps devant nous, enfin, eux, moi je devais me barrer.

    - Bon… Les braseros sont dans la charrette, je vous laisse les installer là où il convient. Timothée, mon bras droit et ami, restera avec vous pour vous aider à parfaire le décor. J’ai en lui une totale confiance de la vision que j’ai de la chose. Je dois m’absenter quelques temps, j’ai oublié un détail très important. Je reviens au plus vite.
    Ah oui et… !

Je glissais les doigts dans ma besace, sortant une petite pochette en cuir que je tendis à l’homme d’Église.

    - Les alliances.

Parfait anneaux d’or, gravés de nos initiales ainsi que de la date.
Je me tournais alors vers mon fils, pour me quérir de ce qu’il souhaitait faire.

    - Tu restes ici ou tu rentres à la maison ?

Dès que la discussion sera finie, je filerais chez monseigneur le curé du village.


Petits ajouts et modifications

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