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[RP] Vadrouille, Sueur et Pipe.

Hope
Chapitre XII - Episode 6

    Fragment de vie – Mars – Château de Marnay.



Elle sent le regard pénétrant de son maitre d'armes, posée sur elle, la suivant dans ses moindres déplacements, comme s'il cherche à lire en elle, voir à s'immiscer jusqu'aux tréfonds de son âme.
Remarque au passage qu'il n'est pas d'humeur à plaisanter non plus, et ce moment de partage distrayant qu'elle pense passer avec lui tourne en une solennité dérangeante.

Pour l'essayage, c'était une boutade, maitre... je verrai cela plus tard, des retouches seront à prévoir. Il y en a toujours...

Ben oui, une femme reste une femme.
A reculons, elle se dirige vers le fauteuil occupé par Arioce quelques minutes auparavant et s'y installe confortablement - disons-le carrément elle lui pique la place.

Effectivement je veux vous parler, ça va être long, et je suis certaine que vous avez votre petite idée du sujet abordé.

Elle attend qu'il s'assied à son tour et qu'il porte son attention sur elle pour pouvoir commencer :

Sans surprise, il s'agit de cette fameuse nuit où les évènements ont quelque peu... échapper à mon contrôle.

Esquisse d'un sourire plus embarrassé qu'amusé, elle enchaine tout en faisant tourner son vin dans la coupe :

Je pourrai me trouver des tas d'excuses, la fatigue due aux entrainements, au voyage, mon inquiétude au sujet d'Elvyna, l'éloignement de ma sœur d'âme, etc... etc..
Bien que tout cela ai un impact certain sur mon comportement, je ne peux qu'admettre que j'ai agis sous le coup d'une 'impulsion... totalement irréfléchie.

Ses jades quittent le tourbillon rubis de son verre pour se porter sur Arioce.

Et j'en m'excuse pour ça. C'était d'une stupidité sans nom. Croyez-bien que j'ai retenu la leçon.

Sourire qui se transforme en rictus, pour se finir en ricanement sarcastique :

Sacrée bel enseignement oui... faillit perdre la vie de cette façon... quelle absurdité !

Elle se reprend et enchaine tout en le regardant de la tête aux pieds :

Mais vous avez raison, j'ai fait appel à vous pour une raison précise, suivre vos entrainements pour me perfectionner dans l'art du combat, et dorénavant je ne m'emporterai plus à chaque fois que vous me prendrez par surprise par des duels hors de nos exercices habituels.

Elle parle beaucoup, beaucoup trop même à son goût, mais à mesure que les mots franchissent ses lèvres, elle se sent délestée, soulagée.

Autre chose...

Long soupir, c'est qu'avec tout ce bordel, elle en avait oublié l'essentiel.

Merci pour les soins...

Montre du doigts sa tête et ajoute dans un sourire qui se veut plus doux, avec un brin de complicité :

Et merci de ne pas m'avoir tuée.
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Elvyna
Chapitre XII - Episode 10

    Fragment de vie – Mars– Au Château du Comté de Marnay.



    De retour, les derniers jours de voyage avaient été silencieux, chacun dans son coin, laissant de tant à autre les gazouillis de Freyja perturber la tranquillité des uns et des autres. Depuis la dispute concernant les écarts de l'impétueuse, elle ne voulait plus les voir. Ecouter sans cesse les reproches sur ses consommations l'agaçaient vraiment. Elle était adulte et aimerait qu'on puisse la laisser tranquille. Au fond, ils avaient raison, elle devrait arrêter, elle était vraiment en excès, mais pour le moment, ce n'était pas au programme.

    Enfin Marnay en vu, sa terre, chez elle. Elle avait prit de l'avance avec des courriers pour demander à ce que plusieurs chambres soient prêtes. Elle avait parlé avec Sauron et il était convenu qu'il loge dans son appartement à Dole avec Freyja. N'aimant pas le luxe et préférait être tranquille, elle les avait fait installé là bas en attendant les ordres pour la levée de ban.

    Elle avait informé à tous que les serviteurs étaient à leur disposition et qu'ils pouvaient faire comme chez eux. Puis elle les avait planté là pour monter dans les étages et s'enfermer dans sa chambre. Quand la porte se ferma, elle soupira de soulagement. Enfin tranquille, plus de regard en coin ou de murmures. Elle avait décidé de se couper d'eux dans l'attente d'une action soudaine suite à un courrier lui informant de bouger militairement.

    En attendant, elle resta enfermée, travaillant sur quelques dossiers en retard, de s'informer des dernières nouvelles du coin via Valentine, de se détendre avec les herbes qu'il lui restait, provenant de son vassal qui lui en avait octroyé en douce. Mais le sachet était de plus en plus vide et elle devrait tôt ou tard sortir pour s'en procurer à nouveau.

    Elle passa donc son temps à rédiger des rapports, à répondre aux demandes des hérauderies dont elle était affectée, s'occupant ci et là pour ne plus penser à autre chose, assise à son bureau, ne se rendant plus compte du temps qui passait, laissant les assiettes de nourriture à peine entamées retourner dans les cuisines et fumer, s'embrumant l'esprit de chanvre le plus souvent possible et éviter de se torturer l'esprit à se questionner pour changer d'avis sur divers décisions pas faciles à prendre.

    Posant un point avec sa plume sur un parchemin, elle tendit sa main d'un geste sur et machinal sur le sachet de drogue qui semblait bien plat au touché. Merde, il était vide. Se pressant l'arrête du nez elle se planta la pointe de la plume dans le front. Elle pesta en balançant l'objet sur son bureau et se frotta l'endroit douloureux. Comment allait-elle faire? Si elle sortait par la porte, elle serait surveillée.

    Puis son regard se porta sur la fenêtre. Et si.... Se levant, elle s'approcha, regardant l'extérieur, puis ouvrit en grand pour laisser entrer l'air froid. Elle frissonna. Quelle idée.. Mais pourtant, enfant elle l'avait déjà fait alors.. Penchant son buste, elle regarda le sol qui semblait vraiment trop loin. Puis son regard se décala sur la gauche, le long du mur. Bon, le lierre était toujours là, avec le temps il s'était bien étendu et les branches avaient grossis. Souriant légèrement, elle se rappelait son enfance, quand son père possédait cette Vicomté, quand elle en avait assez de broder ou d'écouter les cours de ses précepteurs, elle se réfugiait ici, puis elle passait par la fenêtre pour rejoindre l'extérieur et la liberté. Son petit secret n'avait pas été révélé. Elle s'était juste fait prendre une fois par son oncle Green, mais vu qu'il était plutôt pressé de rejoindre le père Debenja pour vider la cave, il avait omit de tout répéter.

    Se frottant les mains l'une sur l'autre, elle se prépara. Posant un pied sur le rebord de la fenêtre, elle attrapa d'une main une branche et la testa un peu avant de s'accrocher et de lâcher ses jambes dans le vide. Elle sentit les articulations de ses épaules souffrir. Merde, elle était trop vieille à ce jeu maintenant. Elle espéra ne pas se retrouver coincée contre le mur, elle aurait l'air con à appeler de l'aide. Soufflant profondément, elle descendit petit à petit le long du mur, posant ses pieds sur la pierre et se blessa plusieurs fois les doigts à se retenir aux longues tiges rigides. C'est que ça coupait à force de les laisser glisser entre ses mains. Continuant sa progression, elle sentit soudainement un craquement. Sous son poids, la plante avant cassée. Tombant donc dans le vide en retenant un hurlement, la réception fût assez violente, mais heureusement, elle n'était plus trop loin du sol. Sa cheville se tordit et elle s'étala dans la boue.

    Comme on disait, on ne pouvait pas tomber plus bas. Se relevant en boitant, elle regarda à gauche, puis à droite, si personne ne l'observait. Se sentant tranquille, elle s'éloigna, clopin-clopant dans la ville en contrebas du château. Sans le savoir, elle venait de découvrir le secret de sa cousine Myelie pour venir directement dans sa chambre sans passer par la grande porte. En arrivant, elle s'arrêta donc chez quelques commerçants, faisant ses emplettes.

    Puis reprit le chemin du retour, il faisait déjà nuit, le pied douloureux mais endormis par l'engloutissement d'une bouteille d'Hypocras, se léchant les lèvres sucrées, elle arriva devant la fenêtre de sa chambre d'un pas incertain. Levant la tête en tanguant et manquant de tomber en arrière sous un vertige soudain en se rendant compte de la hauteur, éclairée par la lune. Tirant sur une tige, elle posa un pied sur le mur et par la force de ses cuisses essaya de grimper, mais se retrouve le séant sur le sol froid. Bon sang! Comment elle allait remonter! Elle se mit à rire sur le sol et se releva en se retenant contre la brique. Second essai, puis trois, puis quatre.. au dernier, elle resta affalée sur le sol en regardant le ciel, posant une main sur son visage boueux pour se gratter la joue. Finalement, elle était bien là, un peu froid, mais une belle vue sur le ciel, se mettant à compter les étoiles en levant son doigt en l'air. Elle décida de s'occuper ainsi et en chantant pour passer le temps avant de pouvoir arriver à se relever et à remonter par cette foutue fenêtre.

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Arioce
Chapitre XIII – Episode 2


    L’Ours et le Corbeau – Un peu avant midi – 10 Mars.

Quel magnifique jour pour se battre.
Monté sur Jupiter – père de dieux – je me rendais aux pas en ville. Il était amusant de constater que je prenais habitude de défier les Êtres qui me sont chers à peine retrouvés. Peut-être une nouvelle tradition qui s’instaurait peu à peu et qui n’était pas pour me déplaire, au contraire. Il y a-t-il une activité plus forte en émotions et sensations que de se retrouver sur le sable de l’arène, cherchant à s’entre-tuer – du moins, marquer des points – le tout avec corps et âme ? Je n’en connais qu’une autre et elle est réservée à une toute autre catégorie d’Êtres chers.
Ce voyage était vraiment d’un grand bienfait. Passer du temps avec Elvyna et sa fille, avec Hope et l’entrainer, avec mes enfants – bien que Richard n’était pas là et que cela me pesait – puis maintenant, Solyaane. Une sacrée équipe ! De quoi retourner bien des tavernes, fouler biens des lices et fumer bien des pipes ; malheureusement pour les pipes, pour l’heure j’évitais toutes sortes d’activités de ce genre, voulant stopper l’accoutumance d’Elvyna…

Arrivant à Dole, je pris le chemin de la lice. Mmmh… Est-ce que Solyaane s’était améliorée depuis notre dernière rencontre sur l’herbe ? Certainement. Je fis accélérer ma monture, quelque peu impatient de sortir les armes.
Il faut dire, notre premier duel avait été interrompu, ne nous laissant pas la possibilité de savoir qui de nous deux l’avait remporté. Cela avait dégénéré en une rixe générale lorsque plusieurs individus avaient décidé de se joindre à notre petite fête. Cependant, j’avais largement pu constater que Solyaane était une très bonne combattante. Elle était un peu comme moi, à s’entrainer quotidiennement, ce qui en faisait une adversaire redoutable ; pour mon plus grand plaisir.
Ainsi, ce midi, nous nous affronterons une seconde fois, sans aucune pitié, sans aucun frein. Seule règle, ne pas blesser gravement. Et comme l’on ne peut le faire durer éternellement, il sera limité en temps également. De quoi faire plusieurs passes décisives. Suffisant pour bien se fendre la poire !

La barrière fut passée, et je mis pieds à terre à quelques pas de ma partenaire. Elle semblait déjà s’être échauffée. Je ne disposais que de peu de temps avant que midi sonne. Je fis signe à ma famille – Ariane, Ulrich et Timothée – de prendre place à leur aise. Ariane s’occupa de sortir mon barda.

    - Bon matin Solyaane. Je suis impatient de croiser le fer avec toi ! Et surtout, ne soyons pas avare dans l’intensité du combat.

En somme on frappe et on frappe fort.
Je lui serrais avec amitié l’avant-bras lui adressant un large sourire. Et sans plus attendre, je fis quelques exercices d’échauffement musculaire après avoir enfilé le haubert par-dessus mon gambison. Mmmh… ce doux poids sur mes épaules. Oui, impatient de revêtir le reste et de tirer l’épée.

𝒯𝒽𝑒 ℰ𝓃𝒹

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Arioce
Chapitre XII – Episode 7


    Fragment de vie – Mars – Château de Marnay.

Je disais souvent que l’observation était primordiale. Observer ce qui nous entoure, le comportement des gens, leurs gestes, leurs non-dits, les mouvements autour de nous, l’environnement, etc… Une bonne observation, et examen, permettait de ne pas se laisser surprendre ainsi que de prévoir certains agissements ou comportements avant qu’ils n’aient lieu. Mais également, apprendre à mieux connaitre et saisir la personne en face.
Mmmh… Mais peut être qu’à cet instant, j’étais trop focaliser sur cela, omettant les règles de bienséances et instaurant, peut-être, une atmosphère gênante… Mais qui sait si ce n’était pas la boisson qui me faisait penser n’importe quoi. Alors !
Quoique, ne point desseller l’humour était un bon point de départ à penser qu’il était temps de me remplir la panse afin de limiter les dégâts. Ou bien… boire plus.
Quittant immédiatement le visage d’Hope pour celui de bois du mannequin, j’hochais la tête.

    - Bien sûr… une boutade. C’est qu’avec les femmes, on ne sait jamais lorsqu’il est question vêtement.

Stéréotype ? Non, fait.
Revenant à ma coupe pour y puisé encore quelques gorgées, je ne fis que vaguement attention au mouvement de la jeune femme, qui – l’air de rien – venait de prendre mon fauteuil. Geste délibéré ou non, il n’en restait pas moins que je me retrouvais debout sans avoir nulle part où poser mon musculeux fessier. Enfin nulle part… C’était sans compter que l’on se trouvait chez une Duchesse.
Je pris donc un autre fauteuil – disposé un peu plus loin dans la pièce – et le déposais à côté de celui qu’occupait Hope. Je m’y assis sans tarder, alors qu’elle s’apprêtait à dévoiler le sujet – connu de tous dans cette salle – de la conversation. La tragique nuit du 5 au 6 Mars.

    - Vous avez toute mon attention.

Échos… ? Pour faire bon impression – et surtout parce que je constatais de plus en plus que continuer à boire n’était pas la meilleure des solutions – je déposais mon verre sur le guéridon. Et parce qu’on change difficilement les habitudes, je posais mes yeux dans les siens et l’écoutais avec… attention.
Je ne l’interrompis, souhaitant qu’elle ait tout le temps et l’espace nécessaire afin de s’exprimer comme bon lui semblait. Et je fus ravi de la conclusion, lui répondant d’un sourire chaleureux et satisfait. Cette conversation était une bonne chose, sans aucun doute.

    - Finalement, vous n’êtes peut-être pas aussi effrontée qu’il n’y parait.

Un nouveau sourire, amical et légèrement taquin.

    - Je vous apprécie Hope, en tant qu’élève mais aussi en tant que personne. Et j’admets préférer qu’il y ait bonne entente entre nous. C’est important pour que vous vous donniez à fond, qu’il n’y ait pas de barrière à votre progression. L’apprentissage est déjà assez difficile comme cela, ne nous mettons pas plus d’obstacles qui nous nuiraient.

Je saisis ma coupe, mais laissais mon avant-bras sur l’accoudoir.

    - Je ne comprenais pas votre réaction et encore moins vos raisons. J’étais peut être un peu trop renfermé sur comment je vois et définis votre apprentissage. Alors qu’il semblait justement qu’il y ait un certain malaise qui se muait en une certaine colère vis-à-vis de moi et de mes méthodes.
    J’en ai discuté avec Solyaane, qui m’a apporté un point de vue qui ne m’avait à peine effleuré l’esprit.

Comme quoi, il m’arrivait aussi de foncer tête baissée.

    - Je ne veux pas que vous vous sentiez humiliée ou rabaissée. Ce n’est pas mon but. Il faut que vous compreniez que tous ces affrontements, duels, durant les heures d’entrainements ou, plus informellement, à l’extérieur, ne sont pas fait pour vous diminuer, au contraire. Oui, c’est beaucoup de défaite, mais c’est tout à fait normal. C'est ainsi que l'on se perfectionne, en pratiquant encore et encore. Cela passe forcément par quelques rixes plus ou moins musclées. Et si mon attitude vous semble un peu trop détaché ou taquin, dites le moi. Bon… je ne dis pas que j’arrêterais, mais j’essaierais de faire attention.

Cette fois ci, je levais le coude, avalant une bonne gorgée.

    - Encore une fois, ce n’est pas le fait d’avoir été réveillé tard dans la nuit qui me dérange, mais bien la manière dont vous l’avez fait.
    Je suis entièrement ouvert et disposé à discuter avec vous, si quelque chose vous dérange, vous énerve, etc…

Un nouveau sourire.

    - Moi ça me fait plaisir d’avoir une élève. Et mon désir c’est que vous parveniez à être une très bonne combattante. Et pour y parvenir, il faut plus que savoir manier les armes. C’est aussi beaucoup de mental.

J’esquissais un petit sourire, qui se voulait entre taquin et complice, évoquant tous les supplices que je lui ai fait subir afin d’accroitre son mental. Mmmh… pas forcément de très bons souvenirs, du moins, lorsqu’elle les a subi. Mais qui sait, maintenant, peut-être pourrait-elle en échanger un sourire, un petit.
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Hope
Chapitre XII - Episode 11

    Fragment de vie – Mars – Château de Marnay – Belle nuit pour une petite virée, Elvyna.



Aussitôt après sa discussion avec son maitre d'armes, elle était retournée dans sa chambre, pour en premier lieu répondre à sa soeur de coeur Surya, traiter différentes obligations concernant son fief à Beaufay et procéder aux essayages de la fameuse tenue, aidée d'une servante.
C'est totalement surprise qu'elle avait constaté que les mesures étaient absolument conformes à sa morphologie, la robe épousant ses formes à la perfection, bien plus élégante et confortable que le premier modèle.
Et la question s'impose : Comment connaissait-il ses mensurations ?

Balayant toute interrogation, qu'elle jugea superflu, seul comptait le résultat, elle décida de prendre l'air, de respirer, alors que la nuit commençait à tomber sur Marnay.
Elle changea donc de toilette pour une plus propice à une longe ballade, s'emmitoufla dans un mantel bien chaud et sortit du domaine sous le regard perçant des gardes postés à l'entrée.

Les rayons froids de l'astre éclairant le chemin, contraste étonnant face à la lumière jaune d'or projetée par la flammes des torches et des braseros, et celle plus douce provenant des bougies brûlant à l'intérieur du logis.
Déambulant dans les allées du château, propice au calme, par cette belle nuit claire, étoilée, un quartier de lune jouant à cache-cache avec quelques nuages épars, elle savoure cette douce quiétude, l'esprit apaisé... enfin presque, une émotion, nouvelle, s'insinuant en elle peu à peu depuis quelques jours.

Alors qu'elle cherche les raisons de ce trouble importun, son attention est soudain attiré sur sa gauche par le mouvement d'une ombre.
Plissant ses yeux pour les habituer à l'obscurité, il lui semble apercevoir une silhouette accroché au lierre tapissant le mur du chateau, et glissant vers le sol tel une salamandre ^^ géante.
Bordel ! Elle s'approche en catimini, sortant sa dague de son fourreau, prête à sauter à la gorge de l'intrus, lorsque celui-ci lâche prise, et s'écrase au sol dans un ploc étouffé, à peine une seconde plus tard.
Sacrée chute !

A pas feutrés, elle se dirige au pied du mur, camouflée par la multitude de massifs de fleurs appauvris en feuillage, mais assez denses, pour la dissimuler, et observe la chose allongée et gémissante, prête à bondir, lorsque...

Elvyna...

Elle se mord la lèvre au sang pour ne pas éclater de rire et s'apprête à sortir de derrière les broussailles pour se manifester, quand soudain une révélation, traverse son esprit.
Pour quelles raisons la Comtesse, la maitresse de ces lieux, en viendrait à s'échapper par la fenêtre de sa chambre, plutôt que par la porte, comme toute personne sensée, si ce n'est pour commettre un quelconque forfait.
Et quel délit ?
D'accord, d'accord, d'accord..

Fronçant légèrement les sourcils en constatant qu'elle boitille, alors qu'elle vient de se relever avec peine, elle décide de la suivre tout en discrétion, comme elle sait si bien le faire.
C'est qu'étant petite, son père avait très vite compris, qu'elle avait une capacité assez exceptionnelle de se fondre dans la masse, de se mouvoir avec agilité, furtive et silencieuse, sans se faire repérer.
Aptitude qu'il avait développé par des entrainements et des mises à l'épreuve la plupart du temps nocturnes pour aiguiser ses sens, ressentir toute forme de danger jusqu'au plus profond de ses tripes.

Alors qu'Elvyna entre dans la ville, elle toujours en embuscade pas très loin derrière, sans étonnement, la surprend à commercer avec quelques marchands.
Une fois la négoce terminée, l'Impétueuse se rend dans une autre échoppe et ainsi de suite...
Elle décide alors de se renseigner, tout en gardant à l'oeil sa cousine, interpelle un môme qui passe par là, et contre quelques écus le missionne pour partir à la pêche aux informations auprès des revendeurs.
Il revient quelques minutes plus tard pour lui faire un rapide compte-rendu et lui remettre en cachette deux ou trois petits sacs de tissus, qu'elle glisse dans sa besace, alors qu'Elvyna terminant enfin son shopping, reprend la route vers la maison, cahin-caha.

Tel un félin aux pattes de velours, elle la piste toujours sans se faire repérer, avise la bouteille d'alcool que sa cousine tiens en main et qu'elle porte régulièrement à la bouche, sa démarche prenant une certaine assurance, sa douleur sans doute atténuée par le vin et l'effort.
Pour sûr que le réveil le lendemain matin allait être une véritable torture pour cette cousine, décidemment engagée sur pente bien trop savonneuse, et terriblement obstinée.

La revoilà au point de départ, s'essayant à la grimpette à plusieurs reprises, la faiblesse de sa cheville, et sa probable ivresse l'empêchant d'escalader le mur.
Tapie dans l'ombre, de son regard de lynx, elle suit avec grand intérêt les tentatives de la casse-cou, jusqu'à capitulation de l'Impétueuse restant étendue sur le tapis végétal froid et humide.
Elle se résous finalement à sortir des fourrés, s'approche sans bruit, et tout naturellement s'allonge à ses côtés, ignorant la stupéfaction de sa cousine, ses jades en pleine contemplation céleste, elle chuchote :

Belle nuit pour une petite virée, Elvyna...

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Hope
Chapitre XII - Episode 8

    Fragment de vie – Mars – Château de Marnay.



Le poids des mots - le choc des photos ^^ - ce pouvoir, qui d'un coup de baguette magique éclabousse l'autre, et dont les conséquences peuvent se révéler catastrophiques, surtout lancé dans un certain contexte.
Stupéfaction, indifférence, colère, humiliation, peur... tant de sentiments négatifs qui surgissent sans crier gare, par la force d'un seul mot.
Et ne parlons pas de l'attitude, du ton employé...

Elle l'écoute, tantôt buvant une gorgée de vin, sans doute pour faire passer la pilule, tantôt serrant les dents sans broncher.
En y regardant bien, avec "ces mots" qu'elle n'acceptent pas, mis bout à bout, elle pourrait en faire une belle phrase avec sujet, verbe et complément.
Et zou ! retour à l'envoyeur !
Elle pourrait aussi pour chacun d'eux envoyer une belle riposte, à la manière d'un combat martial, qui fait mouche, laissant l'adversaire désarmé et totalement désemparé.

Mais bien qu'elle ne soit qu'une gamine, l'éducation reçue étant enfant associé à un certain bon sens, l'invite à encaisser sans rétorquer.
Il y a bien longtemps qu'elle a compris que les paroles peuvent être plus assassines que l'épée à la lame la plus effilée et la plus tranchante.

Observant l'homme assis à ses côtés, elle remarque que son égo est satisfait des excuses sincères qu'elle vient de lui présenter.
Sincère ? Mais pour qui ?
Pas pour lui c'est certain, mais de cela il ne le saura jamais.
Savoir reconnaitre ses erreurs, ses égarements pour mieux se pardonner, atteindre un certain apaisement, et se sentir libre et libéré, un exercice qu'elle maitrise plutôt bien.

Au moins, il est content.

Elle se lève de son fauteuil, il est temps pour elle de prendre congé :

Bien...

Tout est dit... enfin presque.
S'approchant du guéridon, elle attrape la bouteille, et pose son regard sur lui :


Puisque, comme vous le dites, vous êtes ouvert et disposé à discuter avec moi de ce qu'il me dérange, je vais effectivement vous demander une faveur.

Insistant sur ce dernier mot, elle sait qu'il en comprendra l'allusion :

Pourriez-vous à l'avenir, éviter de prendre ce ton et ces airs paternalistes avec moi, s'il vous plait ?
Je ne suis plus une enfant...
Vous êtes mon maitre d'armes, je suis votre élève.
Quant à la bonne entente qui doit régner entre nous pour faciliter les entrainements, je m'engage à faire de mon mieux.

Ne voyant rien d'autres à ajouter, elle se dirige vers la double porte, la carafe de vin et sa coupe en main et lance :

A demain, en lice.

Et de le laisser seul pour se rendre dans sa chambre, d'un pas curieusement alerte, toute ivresse étant envolée.
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Arioce
Chapitre XII – Episode 9


    Fragment de vie – Mars – Château de Marnay.

Oh bordel ! Comment pouvais-je réussir de passer aussi vite d’un côté à un autre… D’une bonne entente à une colère palpable… Décidément, je n’y comprenais rien. Qu’avais-je dit pour la faire changer d’attitude comme ça. Je n’en avais foutrement aucune idée. Je soupirais intérieurement profondément. Tant pis… Certaine personne reste un mystère.
Je décidais donc de ne pas la retenir pour s’expliquer. Je me montrais particulièrement attentif lorsqu’elle exprima le désir d’une faveur. Mmmh… j’allais enfin entendre et comprendre une des choses qui l’énervait. Oh bordel…
S’il y avait bien une chose que je pouvais difficilement changer, c’était bien mon comportement paternaliste. Combien de fois me l’avait on reproché ? Assez pour que cela passe de qualité à défaut… Je soupirais encore plus intérieurement. Elle n'aurait pas pu me faire un autre reproche, plus simple pour moi à régler ? C’était que… je ne parvenais pas à distinguer exactement quoi dans mon attitude et façon d’agir ou parler pouvait se voir comme paternaliste. Selon la personne en face telle chose ou autre pouvait l'être... J’avais déjà fait des efforts, lors d’une de mes dernières relations ; ma compagne me l’ayant admonesté. Mais il était vrai que depuis, je ne faisais pas bien attention. J’agissais comme bon il me semblait, sans me poser ce genre de question.
Soit ! Alors qu’Hope quittait la pièce, je lui répondais d’une voix portante.

    - J’essaierais ! Mais je ne peux rien promettre.

La porte se referma.
Mmmh… Bon, cette discussion ne s’est pas trop mal passée… La fin un brin tendue, mais j’avais imaginé des scénarios bien pires. Alors… J’étais satisfait. Restait plus qu’à appliquer ce qui en était ressorti. Bordel… paternaliste… fait chier.
Je me levais, terminant du même coup mon verre.

    - Allez… cuisine puis arc.

Je me rendis donc au cuisine – c’est que j’avais toujours le creux au ventre – manger un bout et prendre quelques mets pour le reste de la journée. Puis, je rejoignis mes enfants leur proposant de tirer à l’arc. L’idée fut bien accueillie et nous nous rendîmes donc dehors, dans le jardin, arcs, flèches et cibles en main. Une certaine concentration étant de mise, cela me permettrait de m’aérer l’esprit et décompresser.
Une bonne chose de faite !
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Arioce
Chapitre XIV - Episode 1


    Suer Sang et Eau – Mars.

Les jours et les semaines passèrent et l’enseignement continuait. Depuis notre arrivée à Dole, mon amie Solyaane avait rejoint les séances, faisant office d’adversaire à Hope. Une très bonne chose, ça lui permettait d’affronter quelqu’un d’autre que moi avec une technique autre que la mienne. Cependant, Solyaane était loin d’être une débutante, au contraire, elle frôlait mon niveau. Ainsi, il ne serait pas plus aisé pour Hope de la combattre que de me combattre. Mais je me disais que ça lui changerait et qu’ainsi, elle aurait moins de ressenti envers moi. Et puis, surtout, cela me permettait d’avoir une vision extérieure des combats et d’ainsi mieux voir, rectifier et conseiller mon élève. En somme nous étions tous gagnants. Solyaane et Hope s’entrainaient, et moi, je faisais mon travail de maitre d’arme en profondeur.
Après une semaine consacré à la technique défensive, Hope m’avait demandé de passer la difficulté d’encore un cran. Ce qui me fit fort plaisir. Habituellement, lorsque j’annonçais que les entrainements se durcissaient, cela n’était pas franchement bien accueilli par la jeune femme. Cette fois, c’était elle-même qui avait expressément demandée. Comment lui refuser ?

Ainsi donc, j’avais réfléchi à quelques exercices qui pourraient la mettre violemment à l’épreuve. De quoi l’obligée à puiser dans ses ressources et mettre en pratique tous ce dont elle avait appris ces derniers temps.
Premièrement, une bonne course en forêt accrochée à une montagne, qui, bien sûr, devra être grimpé, suivi d’un peu d’escalade, pour monter toujours au plus haut. Ensuite, une série d’exercices avec poids, toujours dans le but de muscler son corps. Échauffement des articulations et étirement des muscles ; évitons les blessures internes. Épreuve de résistance à la douleur avec un peu de lutte et pugilat. Et enfin, duel ! Cependant… avec une petite particularité… Elle devra nous affronter, tous les deux. Solyaane et son maitre d’arme dans un même combat. Pas en même temps ; je ne veux pas la tabasser. Mais successivement, sans interruption et sans qu’elle sache lorsque changement il y aura. Ainsi, elle devra sans cesse s’adapter aux deux type d’adversaires et rester constamment vigilante d’où les attaques pourraient venir. Mmmh… Protections seraient de mise, mais mes avis que ça n’empêcherait pas le sang de couler… Prions que ça soit à petite dose.
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Hope
Chapitre XIV - Episode 2

    Suer Sang et Eau – Mars.



Elle avait demandé, il fallait maintenant assumer et jusqu'au bout.
Comme à son habitude, il lui réserve une petite surprise, bien qu'elle ait l'idée de ce qui l'attend.
Se réveillant brusquement, elle saute de son lit, enfile une tenue, décide de se revigorer en se baignant quelques minutes dans le Doubs, et revient à l'auberge se prendre un repas énergétique pour tenir le choc face à cette journée qui risque d'être particulièrement éprouvante.

Ces derniers temps, les entrainements se poursuivent avec l'aide de Solyaane, qui n'a pas grand chose à envier à son maitre d'armes.
Les duels se font malgré tout dans une relative délicatesse, plutôt plaisante, les coups étant bien évidemment dispensés, cependant avec un peu plus de retenue qu'avec l'Ours à la rudesse affligeante.

Alors, oui, elle préfère et de loin combattre contre la jeune femme, dont elle tire certains enseignements, rien qu'en l'observant et en reproduisant certains de ses gestes.
Elle, le sait, la clé se trouve dans sa mobilité.
Légère et vive, elle peut parvenir à surprendre son adversaire par des déplacements furtifs, et des attaques foudroyantes.

Bien qu'elle se soit musclée au fil du temps, la force ne sera jamais son atout.
Cependant, au fil des semaines, elle gagne en résistance et en endurance, ses articulations devenant plus souples et solides.
Tous les jours, elle rentre au bercail avec quelques hématomes, une plaie par- ci par-là, mais aucune blessure grave à déplorer.

Ce matin, les choses vont se gâter, elle en certaine...
Arrivée en lice, lui est déjà là, paré au combat, et visiblement c'est de pieds fermes qui l'attend.
Sourire goguenard pour donner le change, elle lui lance en guise de bonjour :

Alors ? Quand est-ce qu'on commence ?

A l'éclat étincelant dans le regard brun de l'Ours, elle en a la certitude, ce jour, son sang va réellement couler.
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Elvyna
Chapitre XII - Episode 12

    Fragment de vie – Mars– Au Château du Comté de Marnay.



    Le regard trouble sur le ciel, les lèvres bougeant pour continuer d'émettre un chant épouvantable tout en claquant des dents sous la morsure du froid de la nuit. Elle ne souhaitait plus bouger, tout était calme et apaisant. Puis une présence vint troubler cette tranquillité. Elle tourna la tête, fonça et clignant des yeux. Devenait-elle folle? Sa soeur ainée et défunte depuis longtemps, venait d'apparaître. Elle était peut-être morte elle aussi. Tombée de la fenêtre pour s'être écrasée sur le sol dur et froid? Alors la mort c'était cela? On pouvait encore sentir les cailloux dans son dos? Son corps trembler à la température? Être ivre? Mais en plus, voir les autres morts. Finalement ce n'était pas si mal. Elle lui sourit avec tendresse, les yeux humides. Qu'est-ce qu'elle lui manquait. Levant un bras lourd, elle remit une mèche derrière l'oreille de Hope.

    - Nayenna, je ne pensais plus jamais te revoir. Tu es là, à côté, je sens la chaleur de ton corps contre le mien. Tu peux rester un moment? Que je puisse profiter de ta présence, te parler de tout ce que tu as pu rater. Où alors, tu as tout vu de là haut? Dit moi ce qu'est la mort? Je veux connaître chaque détail pour savoir ce qui m'attends. Mère est avec toi?

    A ses dernières paroles, elle releva la tête vivement pour espérer voir le regard maternel, mais fût déçue et se remit en position initiale, la tête lui tournait.

    - Est-ce qu'elle va bien? Vous me manquez tellement toutes les deux. Mais maintenant, je suis enfin avec vous n'est-ce pas?

    Sous l'émotion des retrouvailles, les larmes coulèrent doucement sur ses joues. Elle retrouvait enfin une partie de sa famille longtemps disparue.

    - Raconte moi pourquoi tu es morte, comment cela s'est passé, j'ai besoin de le savoir, c'est une torture de me questionner depuis toutes ses années, d'organiser des enquêtes sans que cela ne mène à rien.

    Reprenant sa respiration et détournant le regard sur les étoiles. C'était un peu une libération de parler enfin de tout ça, depuis toutes ces années, elle allait enfin avoir une réponse, enfin elle l'espérait.

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Roxane_cardinal
      Suer sang et eau – Mars.


    Les mains posées à plat sur la commode, Solyaane releva les yeux vers son reflet. De l’autre côté du miroir, une version un peu trop pâle d’elle-même la fixait sévèrement.


      T’as une sale tête…


    Ses traits étaient un peu plus tirés qu’à l’ordinaire, ses cernes à peine plus prononcés. Personne ne saurait remarquer la différence, hormis elle, forcée de croiser son regard chaque matin. Ses lèvres frémirent d’un soupir amer, et elle s’aspergea le visage d’eau glacée. Un frisson courut le long de sa peau et acheva de l’arracher à la torpeur de l’aube. Le sommeil avait encore une fois déserté sa nuit. Elle en connaissait les raisons, en subissait les conséquences. Quant à les assumer… c’était une autre histoire. L’entraînement ce jour-là ne serait pas une mince affaire, et ce n’était pas le moment de faiblir.
    Boucles noir corbeau ramenées en une habituelle tresse, vêtements souples enfilés, quelques équipements dans un sac au cas où… sans un regard pour son double, Solyaane referma un peu trop brusquement la porte de sa chambre, et déambula dans les couloirs à la recherche de la sortie. Ce château était grand. Beaucoup trop pour elle, qui n’avait vécu ces dernières années que dans des tavernes n’excédant pas un étage et un grenier plein de toiles d’araignées. Mais au fil des jours, elle s’était habituée à Marnay, se surprenant même à prendre goût au luxe dont elle jouissait. Mauvaise idée ; le retour à la réalité n’en serait que plus âpre.

    Dernier gardien de l'hiver déchu avant le retour d'un printemps qu'elle n'était pas pressée de retrouver, le vent frais qui lui cingla les joues acheva de la revigorer. La langueur des beaux jours ne plaisait guère à Solyaane, qui leur préférait le mordant de la saison froide.
    Longue bouffée d’air inspirée, elle hâta le pas vers le terrain d’entraînement, lieu désormais familier. Chaque matin, elle affrontait Hope, et tentait de lui transmettre ce qu’elle avait appris auparavant. Que le combat était un rapport de force autant qu’une valse perpétuelle dans le cercle de l’arène, que les pas s’enchaînaient aussi inlassablement que les envolées d’acier, que les regards de défiance échangés valaient souvent mieux que mille mots.
    Elle s’appliquait, se découvrant un rôle à la lisière du mentor, elle qui était d’habitude celle qui recevait l’apprentissage. Elle n’était pas encore certaine d’aimer sa position, mais elle devait reconnaître une certaine satisfaction en constatant les progrès de Hope. Au fil des jours, la jeune élève d’Arioce s’endurcissait, signe que les efforts consentis portaient leurs fruits. Elle empruntait à Solyaane des attitudes plus particulières, légèrement dansantes, ce qui n’était pas pour lui déplaire.


      “- Arioce, Hope… bonjour à vous deux.”


    Sourire et signe de tête escortaient ce bonjour devenu quotidien lorsque Solyaane rejoignit ses deux acolytes. Sac sur l'épaule fut descendu à ses pieds, regard tourné vers Arioce avec une lueur d'interrogation. Elle savait qu'il avait prévu de donner du fil à retordre à Hope, et qu'elle participerait de près à la mise à l'épreuve de la jeune femme. La montagne et ses forêts deviendraient une sorte d'arène sans frontières, la nature serait une alliée autant qu'une potentielle ennemie pour chaque protagoniste. Elle s'en réjouissait d'avance : sous le couvert des arbres, elle était aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau, et l'exercice serait sensiblement plus exaltant que les entraînements matinaux.


      “- Qu'attend-on ?”
Elvyna
Chapitre XIV - Episode 4

    Suer Sang et Eau – Mars.



    Elle avait besoin d'air, enfermée depuis des jours, l'extérieur lui manquait. Les yeux s'étrécirent à la lumière vive du soleil, ou était-ce dû à la veille sous le trop plein d'alcool habituel. Qu'importe, tout ce qu'elle ressentait, c'était un bon mal de crâne. Elle se traina sur le chemin au hasard, boitant encore suite à son escapade nocturne. Quelle idée d'être passée par la fenêtre. Mais l'idée semblait bonne au début. Elle se pensait encore souple et agile comme à l'époque. Mais quelques années étaient passées, puis sa grossesse, son manque d'entrainements avaient rendu les choses plus compliquées.

    Trainant les bottes sur le sol humide de la fonte du gèle de la nuit, sous la température plus clémente, elle se dirigea sans le savoir au terrain d'entrainements. Elle fuyait cet endroit comme la peste depuis que Arioce et Hope avaient décidé d'établir ici leurs exercices quotidiens. Elle n'avait pas envie de participer, trouvant toujours une excuse pas du tout crédible. Mais comment la forcer sans l'emmener de force? Et sur place, elle se serait assise sur le sol sans bouger jusqu'à ce que la lassitude du maître d'armes lui fasse baisser les bras. Elle pouvait être patiente et peste quand elle voulait.

    Elle releva la tête en entendant des voix. Merde.. vite, il fallait se cacher, pourquoi elle avait prit cette direction. Elle plongea donc dans le premier buisson qu'elle trouva en se piquant le corps par les branches acérées d'un épineux. Ni vu, ni connu, ou pas, vu le raffut des branches craquantes. Elle observa le petit groupe et remarqua une femme qu'elle ne connaissait pas, enfin il lui semblait. Mais c'était qui elle? Depuis quand on invitait des personnes chez elle sans lui demander? Elle était tellement perdue dans ces moments de sobriété et lucidité. Peut-être qu'ils en avaient parlé devant la Riddermark, mais qu'elle ne s'en souvenait plus.

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Arioce
Chapitre XIV - Episode 5


    Suer Sang et Eau – Mars.

Oh, si impatiente de commencer, ah ah. Voyez comme on finit toujours par apprécier ces entrainements, aimer souffrir, cracher du sang, bruler nos muscles, finir trempé de sueur. Bien sûr, une raison à accepter et désirer tant de douleurs : constater son évolution, sa progression. Ce que la jeune femme avait enfin pu expérimenter.

    - Sous peu…

J’arborais mon visage de maitre d’arme, c’est-à-dire sérieux, impassible et fort. Un seul témoin à mon excitation, la lueur dans mes yeux, dont je n’avais aucun contrôle et cela malgré mes efforts. C’était que contenir tant de joie, ce n’était pas tâche aisée.
Aucune autre parole fut échangée jusqu’à l’arrivée de Solyaane, très peu de temps après celui d’Hope. Toujours à l’heure, les deux jeunes femmes formaient un duo de combattantes intéressant. Je saluais mon amie d’un signe de tête.

    - Bon matin Solyaane.

Oh ! Aussi impatiente ! Eh bien, je sens que l’on va bien s’amuser.

    - Nous pouvons commenc…

Mon attention fut détournée. À quelques pas de là, des bruits de branchage plus que suspect s’était fait entendre. Le vent ? Non, aucune rafale. Un gros animal ? Peut-être, après tout, nous étions sur le domaine de Marnay, la nature nous entourait. Ou alors… un intrus.
Faisant mine de rien, je repris.

    - Nous pouvons commencer.

Un signe discret fut donné en direction du buisson louche. Elles avaient très certainement aussi bien entendu que moi les craquements un peu trop sonores pour que cela soit normal.

    - Barda sur le dos, et l’on me suit.

Je pris mon énorme sac et l’installais sur mon dos, sanglé à mes épaules. Puis m’approchant des deux jeunes femmes, sans m’arrêter pour les dépasser, je leur dis à voix basse.

    - À hauteur du buisson, Hope vous vous chargez de voir ce qu’il en est, Solyaane et moi on vous couvre.

Voilà un exercice improvisé donné à point nommé. Sans plus de cérémonie, je partis en petite foulée direction où s’était produit le bruit.
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Hope
Chapitre XII - Episode 13

    Fragment de vie – Mars – Château de Marnay – Tu as pris une cuite et tu as la gueule en vrac – Et qu'est ce que tu me fais flipper !



Il ne manque plus que ça !
Voilà que la cousine perd totalement la tête !

Figée, de froid et surtout de stupeur, elle l'écoute déverser toute sa tristesse, son désarroi, torturée par des questions dont elle ne peut lui apporter réponse.
Que dire à cette jeune femme, son propre sang même lointain, qui quelques jours auparavant n'avait pas hésité à s'interposer entre elle et l'Horn, croyant la sauver de la colère et d'une probable raclée de l'Ours.
Si étrangères l'une pour l'autre, ne se connaissant qu'à peine, n'ayant jamais cherché, éprouvé ou tout simplement pensé à se rapprocher par le biais de confidences plus intimes, leur relation se bornant à un attachement certain, mais manquant totalement de profondeur.

Pourtant, grâce à ce voyage à travers le Royaume de France et l'Empire, elles apprennent à se découvrir, du moins en surface, en partageant un peu de leurs tourments quotidiens, qui sans conteste sont bien plus lourds à porter du côté d'Elvyna, ayant trouver refuge dans l'alcool et la drogue.
Une phrase prononcée par son maitre d'armes, au sujet des jeunes femmes de la famille Riddermark, malmenées par un destin souvent cruel, lui revient en mémoire.
Elle fronce les sourcils, ne voulant pas céder à cette facilité que celle de croire à une fatalité, voir une malédiction.
Elle sait Elvyna orpheline de mère, et que sa sœur ainée est décédée, jeune, beaucoup trop jeune...et visiblement dans d'obscurs circonstances.

La tête qui pivote dans sa direction, elle reste muette, l'observant avec attention, cherchant à déceler une étincelle dans les vermillons, lui indiquant un quelconque retour à la réalité.
Comment gère t-on des visions, des hallucinations ?
Elle son job, c'est réparer des corps en morceaux ou quand il le faut avoir recours à l'amputation, soigner des bobos, soulager des maux courants... mais les blessures de l'âme ?

Elle se redresse, et assise sur le sol gelée, désarmée face à ces larmes de détresse, qu'elle capte de son index, elle réfléchit à comment se sortir de cette situation délicate.
Le froid ambiant devient subitement insupportable, le vent cinglant leurs visages plus glaçant que jamais, que l'instinct de survie prévaut sur tout le reste.

Mentir, se faire passer pour cette sœur disparue ?
Impossible pour elle, et surtout qu'elle en serait l'intérêt sinon la plonger dans un plus grand désarroi encore.
Instinctivement, elle la prend dans ses bras, la serrant fortement contre son cœur, et en profite pour passer sa main dans les bouclettes brunes de sa cousine, tâter le crâne pour y déceler une éventuelle plaie.
Rien.
Ce qui confirme ce qu'elle pense depuis un bon moment.
Un regard vers la bouteille d'alcool posée à ses côtés..., elle ferme les yeux un instant, et les rouvre instantanément.
Quelque chose cloche...

Elle attrape délicatement le menton de l'Impétueuse et murmure d'une voix qui se veut apaisante :


Elvyna... c'est Hope... Regarde-moi...
On va rentrer au chaud... et regarder à ta cheville.


Le tutoiement, elle n'y prête aucune attention, sorti de sa bouche comme une évidence, faisant tomber les barrières une à une.
Puis, dans un réflexe prudent, elle se recule d'une bonne distance, se méfiant d'une éventuelle giclée du contenu stomacal de sa cousine ou de toute autre réaction violente et se relève, tendant la main mais toujours à distance respectueuse.

Viens, on rentre...
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Hope
Chapitre XIV - Episode 6

    Suer Sang et Eau – Mars – Quand un sanglier veut se faire aussi gracieux qu'une biche.



Le calme plat avant la tempête voir l'ouragan destructeur et assassin.
Elle ne le lâche pourtant pas des yeux, malgré son apparente impassibilité cachant une véritable satisfaction.
Sur le point de lui lancer une vacherie dont il commence sans doute par s'accomoder, elle est interrompue par Solyaane, la guerrière, ce petit bout de femme, effectivement capable de se défendre toute seule, et souhaitant parvenir un jour à son niveau.
Point stupide, elle sait que c'est à force d'entrainements et de volonté qu'elle y parviendra.
Salut de rigueur, il ne brode pas le maitre d'arme et lance déjà les hostilités lorsque...

Oreilles à l'affût elle perçoit tout à coup un bruit suspect derrière son dos, et visiblement elle n'est pas la seule.
Hochement de tête discret à l'attention d'Arioce pour l'avertir qu'ils sont bien sur la même longueur d'ondes, elle décide de jouer le jeu, et attrape son sac d'entrainement.
Alors qu'il passe à sa hauteur pour murmurer ses ordres, elle lui lance un regard mauvais, qui semble dire "Et pourquoi moi ?"
Ahahahah, nan mais quel dégonflé !
Et après, il dira, "mais c'était un test pour mesurer vos capacités" et gnagnagna...

La prunelle abyssale, elle se dirige vers le buisson d'épineux à pas feutrés, genoux fléchis, tous ses sens en alerte, main sur sa dague, alors que les deux autres...
Haussement d'épaules de mépris, qu'en a t-elle à fichtre, elle se retrouve à être la sacrifiée, alors autant ne compter que sur elle-même.
En approche... tout dou-ce-ment... un pied après l'autre...
Quand soudain !

Poignard prêt à attaquer, elle reste une fraction de secondes, bras levé, totalement stupéfaite.
Son regard, croisant celui de...
Bordel !
Passé l'instant vif d'ébahissement, elle est soudain prise d'un énorme fou rire, qu'elle doit se mordre la lèvre au sang pour ne pas exploser.
Sacrée Elvyna ! Ayant encore probablement la gueule de bois.
Replaçant sa dague dans son fourreau elle s'exclame :


Tout va bien, il n'y a rien, et je dirai au vu des branches cassées et des dégâts occasionnés, que se tenait ici un gros sanglier bien gras et pataud.

Et d'ajouter sans quitter Elvyna des yeux, un brin ironique :

En tous les cas, ce n'était pas une gracieuse ongulée comme une biche !

Après un regard empli de sous entendus du genre "je viens de te sauver les miches !" planté dans les vermillons, elle se retourne et se dirige vers ses deux comparses d'entrainement l'air tout à fait tranquille :

Il a filé.
On peut donc commencer.


Et sans plus attendre et surtout pour attirer leur attention loin de sa cousine, elle se commence à courir, ayant subitement une impression de déjà-vu ^^.
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