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[RP] Vadrouille, Sueur et Pipe.

Arioce
Chapitre XV - Episode Unique


    Fragments de Pensées – Fin Mars.

Assis, chope à la main, dans une taverne quelconque, je l’observais. Discussions après discussions, conversations après conversations, mes yeux étaient portés sur elle. Et mes pensées, s’élevaient. Il y avait quelque chose. Quelque chose qui me faisait penser à Elle. Je lui souris, et l’on reprit nos échanges de mots, de paroles. Une soirée comme beaucoup d’autres passées ensembles. Souvent que tous les deux. Depuis la Franche Comté, avec d’autres. Puis les jours passèrent sans qu’elle y remette les pieds. Ou peut-être que l’on se ratait. Mais j’imaginais surtout dû à la fatigue des entrainements plus intense. Très certainement.
Et pour une raison que je n’arrivais pas encore à bien définir, je tombais dans la nostalgie. Nostalgique, je l’ai toujours été un peu, et quelquefois un peu plus. Les années passaient et me marquaient toujours plus celles précédentes. Chérir le passé n’est peut-être pas une bonne chose pour espérer avoir une bonne santé mentale. Et je me rendais compte que j’avais laissé de morceaux de moi-même au fil du temps. Et après, bon courage pour les retrouver et les réassembler. Comment vivre pleinement le présent lorsqu’une partie de nous se complait dans le passé. « Reviens ! » ai-je envie de crier. Mais pourquoi reviendrait-il, alors que son bonheur se trouve ailleurs.

Sur l’herbe fraiche de ce début de printemps, mes yeux la détaillaient. Elle s’entrainait de plus en plus dur et était passionnée à la tâche. Je souris. J’avais réussi mon devoir de maitre d’arme, parvenir à ce qu’elle soit pleinement investie et désireuse d’évoluer. Ainsi, les efforts ne se comptaient plus, les douleurs s’acceptaient et la découverte de son plein potentiel était alors manifeste.
Le feu qui brulait en elle, cette force de caractère, le cran qu’elle déployait lorsqu’elle me faisait face, prête à se battre, prête à se défendre – ou mettre les choses au clair. Il y avait quelque chose en elle qui me faisait penser à Elle. Je ne savais pas quoi exactement. Elles n’avaient pas grand-chose à voir lui et l’autre. Et pourtant, plus je passais du temps avec, plus je m’enfonçais dans cette évidence qu’elle lui ressemble.
Alors, je me surprenais à penser qu’elle pourrait être Elle dans sa jeunesse, avant notre rencontre. Elle avait un peu de ça.
Indubitablement, elle me faisait penser à Elle. Et je n’étais pas certain que cela soit une bonne chose…

Le dos droit sur la selle, mon regard portait vers elle. Cette ombre qui dans la nuit, se mouvait, marchant pas à pas, destination de villes en villages. Impassible. Elle m’avait, il y a quelque temps de cela, fait découvrir une part d’elle dont j’avais eu quelques soupçons. Je n’étais pas bien certain d’avoir vraiment compris ce qu’elle cherchait à me montrer, mais une chose était sûre, elle m’avait fait penser à Elle. Frappant, percutant, j’en ai été quelque peu dérouté. Personnalités différentes, histoires différentes, comportements différents, mais… Il y avait quelque chose. Une chose encore inconnue, qui n’a pas de nom, pas d’odeur, pas de forme. Une chose qui grandie, qui se fait plus flagrante, présente, mais dont je n’arrivais pas à mettre la main dessus, à l’attraper, la saisir. J’en restais méditatif, et surtout, nostalgique.
Peut-être que le temps m’apportera une réponse. Peut-être qu’il n’y a pas de réponse à avoir. Peut être - surement - n'était ce que passager, et avant même que je ne m'en rende compte, cela m'aura déjà quitté. Je ne savais si c’était une bonne chose ou une mauvaise chose. Comment évoluerait cette chose. Quel impact elle aura sur notre relation, sur mon état d’esprit… Et sur mon âme.

𝒯𝒽𝑒 ℰ𝓃𝒹

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Arioce
Chapitre XVI - Episode 1


    Suer Sang et Eau – Fin Mars – Bientôt minuit.

Après un peu plus d’une semaine intense, profitant des reliefs environnants pour des entrainements musclées, un désir de changement c’était fait ressentir. Enfin, un désir… Comme quelques décisions qui furent prises depuis que j’avais sous mon aile Hope, c’était plus au milieu d’une conversation, une idée lancée – pour rire ou pour défier – qui me plaisait et que je mettais alors en place. Et très souvent, la jeune femme s’agaçait de voir que ce qu’elle croyait être une pique s’avérait être reçu avec beaucoup trop d’enthousiasme par moi. Eh oui, elle apprendra que je n’ai pas froid aux yeux et que – me taquinant d’être vieux – ma « longue » vie incluait de nombreuses expériences diverses et variées. Il en faudra plus – ou mieux chercher – pour m’amener dans un environnement inconnu et mal à l’aise. Bien qu’elle ait déjà réussi un soir à Dole… Cependant, cela était plus dû à la grande surprise de son geste qu’au geste lui-même.
Ainsi, lundi, nouvelle série d’entrainement qui serait axé dans l’adaptation d’un milieu essentiel à maitriser pour tous gens d’arme qui se respectent. J’avais normalement prévu de voir cet aspect-là sur la fin, mais comment pouvais-je refuser une demande de mon élève adorée ? Impossible ! Et puis, je lui avais dit être à son écoute et prêt à apporter quelques changements à mes méthodes ou programme s’il le fallait. Donc…

Debout devant la porte de sa chambre, j’hésitais. Il n’aurait été que justice que je lui fasse le même coup – en plus réfléchi, bien sûr. Cependant, était ce bien mature ? Du moins dans la perspective d’une vengeance. Alors certes, il était prévu un type d’exercice comme celui-ci dans les jours ou semaines à venir, mais c’était dans le cadre de son apprentissage. Néanmoins… avancé l’échéance n’était pas forcément une mauvaise chose… Mais si on y réfléchissait bien, le faire ce premier soir pouvait être trop prévisible. Je pouvais m’attendre à ce qu’elle se soit préparé à cette éventualité et donc l’effet de surprise tomberait à l’eau. Mmmh… Oui, il valait mieux que je ne bouscule pas tout.
Est-ce que cela faisait quelques minutes que je me tenais là, toujours devant sa porte, en pleine réflexion ? Assurément. Et cela n’avait que trop durée.
Je frappais trois coups sur le bois. Trois coups secs, d’un rythme lent mais imposant.

    - Hope, il est l’heure.

Dans quelques instants, les cloches sonneront minuit et je n’aimais pas être en retard à un rendez-vous.
Sa porte était-elle verrouillée ? C’était très certainement la première question que j’aurais dû me poser avant de réfléchir à si oui ou non je l’attaquais dans sa chambre. Mmmh… Je patienterais dix secondes et si je n’avais point de réponse de sa part, je baisserais la poignée.
Mmmh… Bordel, c’était parti pour plusieurs jours où jour et nuit se confondront. M’enfin, c’était le plaisir – et le devoir – du maitre d’arme.
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Hope
Chapitre XVI - Episode 2

    Suer Sang et Eau – Fin Mars – Bientôt minuit.



Oublier... juste un instant.
Faire le vide.
Se détacher.

Oublier ces effroyables images qui la hantent depuis ce jour.
Faire taire ces hurlements qui résonnent violemment dans son crâne.
Panser ses blessures de l'âme, réveillées, à nouveau.

Et dire qu'à chaque évènement particulier et surtout déroutant, elle se retrouve dans cet état, laissant cette part sombre prendre le dessus.
Et quand elle domine, elle lui fait faire n'importe quoi., il est vrai.
Mais durant quelques heures, la douleur n'est plus, la souffrance disparaît, au profit d'un sentiment de légèreté, de grande sérénité.

Elle n'a pas vu la soirée défiler, pourtant elle sait qu'il l'attend pour un entrainement nocturne, dont, elle, avait fait la demande.
Ce soir, les visions sont plus violentes, les cris plus stridents que jamais, alors elle s'est décidée à sortir, se divertir.
Comme toujours en secret, sous une autre identité, elle s'est rendue dans ce genre de lieu qu'elle affectionne, lorsqu'elle va très mal, pour s'adonner à cette luxure si salvatrice.
Alcool coulant à flots, drogues en tous genre - mais ça, elle ne touche pas - et surtout, un large panel de partenaires divers et variés, pour assouvir ce feu qui la dévore.
Elle évolue dans son monde, tel un poisson dans l'eau.
Comique de se dire que celle qui prétend vouloir aider sa cousine à sortir de ses addictions, ne vaut finalement pas mieux qu'elle.

Entrant à l'auberge, éméchée, un brin grognon d'avoir dû s'extirper des bras de la superbe rousse, elle se sait en retard et accélère le pas.
Empruntant le corridor pour rejoindre sa chambre, elle l'aperçoit sur le pas de la porte, une main sur la poignée.
Dans un éclair de lucidité - et merde ! - elle s'arrête brusquement, se mordant la lèvre.
Jamais, elle n'aurait pensé que ça arriverait, jamais elle n'aurait pensé qu'il la verrait ainsi, débraillée, ébouriffée, son corps suintant l'alcool et une certaine sensualité lascive.
Elle qui jusqu' alors s'était toujours montrée prudente, gardant ce vice en secret, faisant bonne figure devant les autres, devant ceux qu'elle apprécient, ses proches.
Et ce soir, alors que minuit est sur le point de sonner, la voilà prise en flagrant délit.

Tant pis, le mal est fait, elle prend une grande inspiration, et se concentrant sur sa démarche pour ne pas tituber, elle s'approche, le repousse doucement pour se placer entre lui et la porte.
Tentant de garder sa belle assurance, elle pose son regard brillant sur lui et murmure d'une voix rauque de fêtarde mais posée :

Maitre... laissez-moi deux minutes, le temps que je me change.

Elle se retourne, glisse la clé dans la serrure, avec une surprenante maitrise, et referme doucement derrière elle.
La bouche pâteuse, elle se dirige vers la table, boit plusieurs grandes gorgées d'eau, se rafraichit le visage, et se fait un brin de toilette.
Tel un zombie, elle enfile des vêtements appropriés, attrape difficilement son pesant sac contenant l'équipement au complet, ouvre enfin la porte, lui adresse un rictus en guise de sourire, et le suit sans un mot.
Les cloches sonnent.
Il est minuit.

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Roxane_cardinal
      Suer sang et eau – Mars.


    L’expédition commençait bien. Le départ était tout juste donné qu’un bruit suspect résonnait déjà à quelques pas d’eux. Mais pas le genre de son qu’un animal aurait émis : celui-ci était trop… ostensible. Ce qui attira immédiatement l’attention de Solyaane. Les coins de ses yeux frémirent presque imperceptiblement, mais elle se focalisa sur les extrémités de son champ de vision. L’habitude. Elle avait, par le passé, vécu trop de mois à guetter le moindre mouvement, jusqu’à exacerber chacun de ses pour ne rien rater. Et surtout pas un ennemi potentiel.

    Hochement de tête pour acquiescer aux paroles d’Arioce, elle poursuivit sa marche comme si de rien n’était, surveillant Hope du coin de l’oeil. Néanmoins, le dénouement ne fut pas celui escompté, et se teinta d’une pointe de déception pour Solyaane. La jeune élève parlait fort et sembla soudain prise d’une hilarité incongrue, avant de s’éloigner avec un entrain suspect. Le Corbeau la suivit des yeux et fronça légèrement les sourcils. Quelque chose ne tournait pas rond.


      “- Un sanglier ?” reprit-elle sur un ton involontairement sarcastique. “Un sanglier aurait été encore moins discret.”


    Elle tourna brièvement la tête vers le buisson bruyant, hésitant à vérifier par elle-même. L’attitude de Hope n’avait rien de naturel, et un simple sanglier aurait tout saccagé plutôt que de simplement faire bruisser les branchages.
    Mais son habituelle et désinvolte indifférence la rattrapa bien vite. Haussement d’épaules pour toute réaction, et Solyaane emboîta le pas à Hope, glissant au passage un sourire désabusé vers Arioce.


      “- Bah. On en croisera à foison, des sangliers, en forêt. On pourra se faire des grillades entre deux combats !” railla-t-elle.


    Son regard se perdit dans la nature qui les environnait. Là où la fatigue entraînait le sarcasme, Solyaane ressentait un certain soulagement à l’idée de se perdre en pleine forêt, de grimper en haut des montagnes, d’oublier les murmures tracassés de la ville et de s’abandonner à quelques heures intenses d’effort et de défi.
Arioce
Chapitre XVI - Episode 3


    Suer Sang et Eau – Fin Mars – Empire – Minuit.

Je m’apprêtais à baisser la poignée lorsqu’une que je sentis une présence derrière moi. Son contact me fit légèrement sursauté alors que je tournais vivement la tête vers elle. Bordel ! Hope ? Enfin… une Hope qui semblait bien… éméchée. La surprise passée, je ne la quittais pas des yeux lorsqu’elle prononça quelques mots, l’odeur de l’alcool et… de la fête – certainement même de la baise – ne pouvant que confirmer qu’elle semblait s’être bien amusée. Hope fêtarde donc ? Mmmh… Je la savais aimant festoyer oui, mais je ne l’imaginais pas s’abandonner dans toute la luxure. Peut-être donc que le choix d’aller à Montpellier n’était pas si anodin. Aaah… faire la fête de tout son saoul, cela faisait bien longtemps que je n’y avais regoûté. La jeunesse... Un signe de tête lui fut donné comme approbation. J’attendrais.
Je souris doucement lorsque la porte se referma devant moi. Une pensée forte comique me vint, déclenchant un ricanement. Bordel, je me voyais ouvrir la porte – et même plutôt l’enfoncer d’un bon coup de botte, ne sachant crocheter les serrures, à l’époque comptant sur le talent de ma Brune – débarquer dans la chambre dague à la main et sauter sur un lit, vide. J’aurais eu l’air fin ! D’autant plus si, quelques secondes plus tard, Hope était arrivée, me prenant la main dans le sac, comme un con sur son matelas. Un rire plus distinct bien qu’étouffé me secoua. J’eus raison de ne rien faire ce soir.

Je m’adossais au mur en face de sa porte, laissant mon paquetage trainer sur le plancher. Peu d’attente, Hope ressortit de sa chambre, un peu plus – seulement un peu – prête pour crapahuter dans la nuit. Faut dire, si sa première partie avait été mouvementé et bien imbibée, elle risquait de finir raide avant la fin de l’entrainement.
Je lui répondis d’un sourire et sans un mot, nous quittâmes l’auberge accompagnés du tintement des cloches annonçant minuit.
J’admets que pas mal de questions me titillaient, curieux que je suis. Cependant, ce n’était pas le moment d’en apprendre plus sur ses activités nocturnes. Un parallèle de plus avec Elle. Je devais rester concentrer sur les exercices à venir. Pour le premier jour, j’avais prévu de rester assez simple. Je voulais voir comment elle se débrouillait avec pour seul éclairage, les astres du ciel. Je nous conduisîmes donc hors de la ville, direction les hauteurs. Arrivant aux pieds de la montagne, je me tournais vers la jeune femme.

    - On va grimper, hors sentier bien évidemment et avec le haubert. Faites attention là où vous mettez les pieds, restez attentive et vigilante.

Le silence de la nuit… Apaisant. La lune, haute, nous offrait une assez bonne visibilité une fois bien habitué à la noirceur. Je sortis ma cotte de maille et l’enfilais avec agilité. Le poids de métal sur mes épaules eu un effet rassurant. Épaules qui étaient depuis plusieurs années habituées à subir de lourde charge de jour comme de nuit. Épaules musclées, imposantes, usées qui m’offrait cette carrure de guerrier aguerri. Muscles, chair, tissu, métal, le parfait assemblage.
C’était donc sans trop de doute que je m’élançais d’une bonne foulée à la conquête du mont. Rochers, branchages, buissons, graviers, mousses, tant d’obstacles à surmonter où une bête erreur pourrait être fatale aux chevilles. Les sens aux aguets, mes yeux ne cessaient d’aller çà et là devant moi, essayant de trouver les meilleurs points d’appuis, le meilleur chemin parmi les dangers de l’obscurité, m’aidant parfois des mains pour escalader sur les rochers de taille. La progression se fait plus lente que sous le soleil, mais un bon rythme est gardé. L’ascension dura plusieurs longues minutes, une demie heure, je dirais, jusqu’à ce que l’on arrive à un versant où la forêt venait grignoter les hauteurs. Je bifurquais donc, pénétrant dans le sous-bois. Une fois que les arbres furent assez abondant, je ralentis jusqu’à faire halte. Sans aucune forme de douceur, je laissais tomber mon barda sur le sol et pris ma gourde pour boire plusieurs grandes lampées d’eau fraiche. J’en profitais pour lever le nez et admirer la magnificence du voile étoilé.

    - Les étoiles, témoins de nos efforts et souffrances.

J’esquissais un sourire entre nostalgie et plaisir de l’instant, puis cherchais des yeux mon élève.

    - Équipez-vous. Casque ouvert, armes en bois.

Je fis de même.

    - Premier exercice. Simplement voir si vous parvenez à bien voir les coups venir. Face à moi.

Et sans aucune autre forme de procès, j’attaquais. J’attaquais férocement, enchainant tailles, escots, tranchant du bouclier, coup de bottes, sans cesse, sans donner aucune occasion à la riposte. Chaque coup était tout de fois donné avec précision et force, allant jusqu’au bout du geste, frappant la jeune femme si elle ne parvenait à se protéger, esquiver ou parer. Tel un prédateur, je ne lâchais pas ma proie, tournant autour, l’obligeant à reculer ou se déplacer circulairement.
La nuit… tout autant de difficultés à prendre en compte qu’en pleine journée, sauf, qu’on ne les voit pas toutes… Gard aux chutes et ma lame !
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Elvyna
Chapitre XIV - Episode 8

    Suer Sang et Eau – Mars.



    Merde, elle s'était fait repérée. Pourquoi tant de haine contre elle. La Riddermark resta figée tel une chouette hulotte sur son arbre perché, ah non c'était un corbeau. Non non, ils allaient s'éloigner tranquillement. Elle ouvrit un oeil et se pencha légèrement pour regarder les silhouettes. Ouf, elles étaient parti. Quelle andouille de se mettre dans une situation pareil. Elle avait eu chaud. Elle s'apprêtait a sortir de sa cachette, quand deux grands yeux surgirent devant elle. Elle étouffa un hurlement en enfonçant son poing dans sa bouche. Mais elle était folle! Posa ensuite sa dextre sur son palpitant malmené, elle observa, figée, sa cousine qui venait de la dénicher de son trou. Son regard se porta sur la lame bien aiguisée qui s'apprêtait à lui déchirer la chaire. Bordel Hope, fait bien attention à ce que tu fais...

    Mais la tension se calma quand elle la reconnue. Emettant un soupire de soulagement, sa migraine reprenant de plus belle, lui faisant plisser les yeux. Avant qu'elle ne puisse émettre un son, soit pour lui demander si elle allait la dénoncer, soit pour lui hurler dessus de la peur qu'elle avait ressenti, Hope s'exprima. Mais non pas à elle, mais au groupe qui était non loin finalement. Elle s'était bien fait avoir.

    Un gros sanglier bien gras et pataud.... Il suffisait d'un coup de tête pour lui péter le nez, mais elle se révèlerait. Elvyna devait donc rester sage, gardant son regard planté dans le sien, l'assassinant. Mais comment lui en vouloir après tout, elle lui épargnait une journée terrible sous l'autorité du Maître d'armes. Malheur malheur, elle lui devrait un service après ça. Elle détestait devoir quelque chose à quelqu'un ! C'était elle qui avait le pouvoir pour détruire une personne, la menacer, pas l'inverse. C'était humiliant.

    Puis d'un coup, plus personne ne se trouvait devant elle, le danger était écarté. Elle vida ses poumons d'une expiration, puis les remplit à nouveau. Elle sortit prudemment des épineux, déchirant un peu plus sa robe. Mais elle s'en fichait. Ce qui l'intriguait maintenant, c'était la femme brune qu'elle ne connaissait pas, l'intruse, l'inconnue. Qu'est-ce qu'elle faisait là? Qui était-elle? Elle se trouvait sur la propriété des Riddermark, la Princesse devait savoir qui foulait sa terre sans autorisation. Elle seule en avait la responsabilité et le droit. Frottant son bras griffé sous le tissu, elle s'avança sur le chemin que le groupe avait rejoint. De loin, les filant discrètement, la proie était devenue le prédateur.

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Arioce
Chapitre XVII - Episode 1


    Fragment de vie – Dimanche.

Je m’étais réveillé en ce jour particulièrement en forme et de bonne humeur. L’entrainement de la nuit fut des plus intenses mais aussi fort excitant. Avec l’aide de Solyaane et Timothée, j’avais mis en place un simulacre de campement – qui était plus un feu de camp avec ronde –qu’Hope devait prendre d’assaut. Totale liberté lui avait été laissée et elle s’était admirablement bien débrouillée parvenant à tous nous tuer sans perdre la vie – bien que quelques blessures furent dénombrées. Loin du jeu, il s’agissait d’un réel exercice que nous prenions tous très au sérieux ne laissant rien au hasard. Le moindre bruit était source d’alerte, et la pitié n’était pas de mise. Ce fut donc avec la vigueur de ne pas trépasser que l’on se défendu causant forcément quelques dommages à chacun.
Satisfait du résultat, je m’étais coucher sur mes deux oreilles, content de voir les progrès d’Hope dans sa maitrise des armes. C’était donc un maitre d’arme ravi qui s’était endormi, épuisé par la longue nuit passée dehors dans le froid. Sommeil qui fut bien court mais réparateur. Je ne voulais pas rater la messe et espérait pouvoir me confesser. Car pour des raisons que je ne parvenais pas à déterminer, ces derniers jours, j’étais bouillant, mon corps, mon esprit exacerbé de désirs et envies qui faisait peser à mon âme des tentations de plus en plus insistantes. Était-ce le retour du printemps ? Peut-être bien. Dans tous les cas, pensées et regards étaient tournés vers le péché, me susurrant de m’abandonner à mes bas instincts. L’idée d’aller voir du côté des maisons closes me vint même à l’esprit. Hors de question que j’y cède. Je m’étais toujours tenu éloigné de ces établissements et ce n’était pas aujourd’hui que j’allais y tomber… Et pourtant… Bordel !

Par chance, et je remercie le Très Haut, messe eut lieu et confession aussi. Me déchargeant de tous ce que j’avais accumulés ces derniers jours, je pus soupirer de cette nouvelle légèreté de l’âme. Combien de temps cela aller durer ? Je ne le savais pas. Mais au moins, je pourrais avoir l’esprit tranquille quelques temps… Enfin… Je l’espérais. Ma foi était grande mais mes appétits prenaient de l’ampleur.
Avant de prendre le chemin de l’église, j’avais glissé une lettre sous la porte de la chambre de mon élève. La semaine dernière, je lui avais proposé de déjeuner avec moi, un dimanche. Elle avait d’abord déclinée mais j’insistais lui demandant de me donner sa réponse définitive dans la semaine. Réponse que j’eue peu en peu de temps, acceptant finalement mon invitation. Et j’en étais ravi ! Je ne cachais pas l’affection que j’avais pour la jeune femme qui était mon élève. J’appréciais passer du temps avec elle, les conversations qu’on avait ensemble et plus globalement, apprendre à la connaitre. Elle était d’une très bonne compagnie, parfois plus que d’autres jours. Elle avait certes un caractère et exprimait son agacement en mon encontre régulièrement, mais cela faisait partie de la relation. Et en ce qui me concernait, ça n’entachait rien au plaisir que j’avais de l’entrainer ou de lui parler.
Pour l’occasion – et n’étant pas en un lieu qui nous appartenait – j’avais demandé au cuistot de l’auberge où nous couchions – de ces auberges pour personnes aisées – de préparer un menu spécial sous mes directives. Directives qui en réalités laissaient par à une certaine liberté d’exécution et d’arrangement. J’avais réservé une table, dans un salon privé, donnant sur une cours et jardin intérieur également privé – appartenant à l’établissement bien évidemment. Ainsi, loin du brouhaha de la salle commune, nous serions tranquilles pour partager un bon et consistant déjeuner.
Je ne connaissais pas les gouts en termes de nourriture de la jeune femme, je savais – de par ses dires – qu’elle avait une petite faim, tout de moins, ne mangeait pas comme dix. Cependant, un soir, elle avait avoué ne pas avoir lésiné sur la quantité. Alors, comme je n’aimais pas le gaspillage, on avait convenu avec le cuisinier d’un entre deux. De bonnes portions, sans allez dans gargantuesque.

Quittant l’église avec mes enfants, nous fîmes un petit détour pour profiter de la douceur de la fin de matinée avant de rejoindre l’auberge. Midi sonnait alors que je prenais soin d’Ariane dont l’état de santé n’était pas au mieux. Elle mangea peu avant de se reposer, lisant dans un fauteuil. Source d’inquiétude, je priais qu’elle finisse par se rétablir complètement. Il y avait des jours où elle était en pleine forme et d’autres où le moindre geste l’épuisait…
Midi et demi approchait, heure du rendez-vous. Je me rafraichis le visage dans l’eau clair et fraiche et passais une main mouillée dans mes débuts de cheveux. Bordel, ça poussait vite. Dans quelques temps l’on pourra définitivement dire que je suis chevelu, du moins, pas chauve. Et quelques semaines après, les boucles referont leur apparition rendant mes cheveux difficilement coiffable. Les laisserais je cours ou opterais je pour de longues boucles ? Pour l’heure, je ne savais et cela m’importait assez peu. J’avais aimé ces mois avec le caillou rasé à ras, contre l’avis de tous. Cependant, toute bonne chose a une fin et je ne voulais pas trop jouer avec le feu, ne voulant pas découvrir – trop tard – que ça ne repousserait pas. Les années passaient et je ne savais pas si je garderais l’épais de ma tignasse.
Un petit coup de peigne dans la barbe et j’étais fin prêt pour aller déjeuner et ce n’était pas trop tôt, mon estomac commençant à réclamer. Ventre sur pattes !
Ce fut donc, endimanché, que j’attendais la demoiselle, au comptoir du lieu, un Ourson assis sur un tabouret, jouant avec ses figurines de bois. Ulrich avait insisté pour manger avec son père et non en même temps que sa sœur. Je ne pouvais le lui refuser. De ses grands yeux verts, il m’interrogea.

    - Papaaa ? Hope jouwa avek moi ? Elle pourra prende le griffon et moi l’ours.

Je souris amusé. Raaah, lui et ses jouets.

    - Tu lui demanderas. Mais après déjeuner.

L’enfant semblait satisfait de la réponse, me souris et repris son jeu en chantonnant. Comme dirait ma mère « un Arioce miniature ». Pas de doute, c’est bien mon fils !


Corrections

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Arioce
Chapitre XIV - Episode 9


    Suer Sang et Eau – Mars – Un Sanglier ?

L’action fut exécutée à peu près comme je l’avais ordonné. Hope s’approcha discrètement du buisson pendant que Solyaane et moi le contournions, restant en arrière de mon élève. Regards et attention braqués sur le potentiel danger, le temps en suspens. Suspension bien courte, Hope déclarant qu’il n’y avait rien. Comment ça rien ? Comment ça un sanglier ? Et il aurait magiquement disparu entre l’instant où nous avons tous entendu les bruits et maintenant que tu es devant ? Foutaise. Et Solyaane semblait du même avis que moi. Un sourire coulé vers elle.

    - Tu lis dans mes pensées. Peut-être devrions nous aussi partir à la traque de ce fameux… sanglier, mmh… Cela fera un bon exercice d’échauffement.

Ce qui ne fut pas de l’avis d’Hope qui s’était déjà mise en route. Mmmh… Bien étrange tout cela. Et ma barbe me dit que l’animal fautif n’était autre qu’une certaine maitresse des lieux, Elvyna von Riddermark. Et ça me titillait fort d’aller la pêcher pour l’obliger à nous suivre. Ça lui ferait le plus grand bien ! M’enfin… Pas le temps à consacrer à chasser l’Elvyna, têtue comme elle est, ça risquerait d’être surtout une grande perte de temps. Et du temps, on en avait déjà suffisamment perdu ! Les hauteurs de la montagne nous attendaient et mes bras me démangeaient de mettre à mal Hope.
Alors, sans plus attendre je m’élançais à la suite de la jeune femme, rattrapant la distance puis la dépensant pour guider le petit groupe. Il convainc, bien évidemment, que nous primes les chemins les plus tortueux, difficiles, où rochers et creux y étaient multiples, nous obligeant à toutes les vigilances et agilités. Tels des cabris franche-comtois, nous grimpâmes, faisant face à la pente de plus en plus escarpée. Le rythme était soutenu et la charge de notre équipement n’aidait en rien au franchissement des nombreux obstacles qui se dressaient sur nos chemins.
Les minutes filèrent alors que le soleil progressait lentement dans le ciel nous offrant ses chauds rayons. Entrant rapidement dans le bois clairsemé, le feuillage de ce bientôt printemps nous apportait l’ombre nécessaire pour ne pas déjà nous vider de notre eau, en tout cas, en ce qui me concernait. Arrivant sur un plateau, je ralentis et me tournais vers mes compagnes d’exercice.

    - Enfilez votre haubert, sac sur le dos et au sol.

Rapidement équipé, je me retrouvais genoux dans l’herbe. Pas besoin de plus d’explications, je débutais une série de pompe énergiques jusqu’à ce que les muscles de mes bras et mon torse ne puissent plus me porter. Un peu d’eau était alors la bienvenue. Plusieurs gorgées plus tard, ayant repris mon souffle et après quelques mouvements circulaires des épaules et avant-bras, je recommençais, invitant, évidemment, les jeunes femmes à en faire de même. De nouveau sur nos bottes, nous reprîmes le chemin, sans courir, mais faisant des fentes afin de faire travailler les muscles de nos jambes.
Ensuite, de nouveau direction la forêt pour nous amuser à escalader les arbres, toujours les hauberts sur le dos, mais nos sacs attendant sur la terre ferme.

    - Premier arrivé au plus haut gagne !

Gagne quoi ? Le respect de ses comparses ? Le gain n’était pas important.

    - C’est parti !

Un grand et large arbre avait été choisi pour le jeu. Esprit de compétition oblige, je bondis sur le tronc, cherchant prises et accroches, tentant d’atteindre les premières lourdes et longues branches situées à un bon deux mètres du sol. Les bras en compotes ? Un peu, oui. Le mental ! Et puis, les ours sont bon grimpeurs, hé hé.
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Hope
Chapitre XVI - Episode 4

Suer Sang et Eau – Fin Mars – Empire – Minuit.


Elle le sait qu'elle va en chier à mort cette nuit, sa gueule de bois, ne lui fera pas de cadeau, et c'est le coeur au bout des lèvres qu'elle enfile son haubert pesant beaucoup trop lourd sur ses épaules.
Pourtant fille de la nuit, la Riddermark attaque l'ascension de la montagne avec une certaine appréhension, la vue plus trouble que jamais, ses pieds se prenant dans une racine, heurtant une pierre ou glissant sur la mousse humide.
Combien de fois manque t-elle de se vautrer alors, que lui, loin devant grimpe le mont avec agilité.
Parvenue enfin jusqu'en haut, après une demi-heure de grimpette qui lui paru durer une éternité, la langue pendante, le souffle court, nauséeuse, elle espère pouvoir faire une pause, mais c'est sans compter sur le manque cruel d'empathie de son maitre d'arme.
Pour sûr, il veut lui faire payer ses écarts, la punir, et c'est sans même un regard compatissant vers elle, qu'il continue l'échauffement en traversant des bois de plus en plus denses ou la lueur de la lune perce difficilement à travers les branchages pourtant si peu feuillus en cette fin de mois de mars.

Enfin, une halte, très courte, mais essentielle pour reprendre son souffle, et s'hydrater.
A t-elle ingurgiter trop d'eau ?
Est-ce le prix de l'effort intense qu'elle vient de fournir ?
Un spasme violent surgit du fond des entrailles, lui faisant recracher l'entièreté du contenu de son estomac, composé en partie d'aliments liquides et alcoolisés.

Main en appui sur un tronc d'arbre, elle tourne la tête et l'aperçoit comme auréolé par un halo lunaire, observer la voute céleste, toujours cet air nostalgique se dégageant de lui.
Heureusement, accaparé par sa contemplation méditative, il ne semble pas avoir remarqué son état plus que lamentable.
Sortant un linge de son sac, elle se rince la bouche à l'eau et s'essuie, alors qu'il murmure quelque chose qu'elle ne comprend pas, percevant juste les mots "étoile" et "souffrance."
Le voilà poétique maintenant ?

Levant les épaules avec indifférence, elle exécute ses ordres et se place face à lui.
Une déferlante de coups pleut alors sur elle, disons deux sur trois, avec une telle force, et une telle précision, qu'elle ne parvient ni à éviter, ni à parer.
Genoux, ventre, poitrine, bras, tête, chaque partie son corps devient la cible des violentes attaques de son maitre d'arme.
Chaque frappe, est d'une douleur au delà du supportable, et au bout de quelques minutes, épuisée, meurtrie, elle n'est plus qu'une poupée de chiffon qui se fait malmenée par un sale gosse cruel et trop gâté.
Tout du moins, voilà son ressenti.
Mais pourquoi ne se défend-elle pas ?
Pourquoi se laisse t-elle ainsi maltraiter ?

N'est-ce pas plutôt pour se châtié elle-même de ses égarements, comme pour purger sa peine, de s'être laissée aller à ses plus bas instincts ?
La culpabilité...
Mais pourquoi ?
Elle ne lui doit rien à lui, rien du tout...
Et pourtant...
Alors qu'elle se prend un énième coup dans le ventre, la faisant tomber à genoux, pliée en deux, elle sent son âme rongée par d'implacables remords, qu'elle ne s'explique pas.

Mais où est passée, la petite Peryl, guerrière, combattante, celle qui enfant trainait avec son père la nuit pour s'adonner à ce genre d'exercices.
Loin d'être un univers inconnu pour elle, bien au contraire, c'est dans cette atmosphère sombre et quelque peu mystérieuse, qu'elle puise sa détermination.
Alors que le tyran lui intime de se relever, et qu'il tourne autour d'elle, il lui semble entendre la voix si rassurante de son père, agissant comme un catalyseur.

Baignée par les lumières célestes, elle lève les yeux un instant comme pour en capter l'énergie qui se diffuse en elle, la regonflant à bloc.
Ses jades étincelants fixés sur son adversaire, elle se replace face à lui, et brusquement, se jette sur lui, avec audace et témérité, enchainant les attaques, tout en se laissant aiguiller par tous ses sens à l'affût, son instinct.
Déplacement d'air, bruits des pas, souffle, elle perçoit très distinctement le moindre mouvement de l'Autre, et parvient à éviter et riposter presque chaque frappe.
Alors qu'ils se tournent autour, qu'ils se cherchent, une tension palpable entre eux, une étincelle quasi meurtrière dans son regard vert lumineux, la proie se rebelle pour devenir le prédateur, comme possédée, elle porte son attaque, assène un coup de pied au genou de l'ennemi pour le faire ployer, lui envoie un féroce coup de bouclier au bras pourqu'il lâche son épée, alors que sa lame est sur le point de s'abattre sur lui.



Petits ajouts et correction de fautes de frappe.

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Hope
Chapitre XVII - Episode 2

    Fragment de vie – Dimanche 7 avril - Montpellier.



C'est d'une humeur massacrante, qu'elle quitte sa chambre en claquant violemment la porte, et descend lentement les escaliers pour se rendre dans la grande salle des repas, où doit très certainement l'attendre l'Horn.
Pourtant la matinée avait plutôt bien commencé, sautant du lit, bien reposée malgré la courte nuit, son sommeil fût réparateur à souhait.
Il faut dire que la nuit fût très stimulante par un entrainement bien particulier, et c'est avec surprise, qu'elle s'était découvert des capacités jusque là totalement inconnues, révélées par l'intensité de l'exercice.
Satisfaction et grande fierté, qu'elle avait tenté de dissimuler pour ne point paraître trop orgueilleuse aux yeux de ses complices, elle s'était endormie le sourire aux lèvres.

Réveil donc, en pleine forme, avec l'intention de se baigner dans l'eau glacée de la rivière, lui apportant vigueur, tonicité, dénouant les tensions musculaires, apaisant les douleurs, elle s'était sentie revivre.
Retour à l'auberge, elle était passée par sa chambre pour se changer et revêtir une autre tenue pour se rendre à l'église, cette fois.
En ouvrant la porte, elle découvrit le morceau de vélin et l'invitation de son maitre d'armes à déjeuner avec lui.
Bordel, il n'avait pas oublié...
Ayant reçu une bonne éducation bien que sommaire pour une noble de sang, elle avait accepté, mais n'était pas certaine du tout que ce soit une bonne idée, envahie par un pressentiment.
Mais elle avait donné sa parole, alors...

Elle s'était rendu à l'église pour assister à la messe, comme toujours tapie dans un coin, et l'avait aperçu sortant du confessionnal.
Le prêche du cureton l'intéressant peu, elle s'était amusée à imaginer les pêchers de l'Ours confiés à l'un des confesseurs, créant tout un scenario dans sa petite tête, ce qui avait eu le don de la divertir.
Après l'office, elle était repartie en direction de l'auberge et de sa chambre et avait découvert une autre lettre reposant sur les lames du plancher.
Son cœur avait fait un bond dans sa poitrine en reconnaissant l'écriture et c'est d'une main fébrile, qu'elle avait brisé le sceau, et confortablement assise sur son lit, le dos calé contre les oreillers, avait parcouru la missive.

A mesure de la lecture, son humeur pourtant si joyeuse, avait progressivement évolué pour devenir franchement execrable.
Qu'Aristote en soit témoin, pourtant elle l'aime sa sœur d'amour de Surya, mais là, elle exagère !
Et gnagnagna, et...

"je te connais ma sœur chérie",
C'est ça à d'autres... et que tu crois...

"mais je ris, je ris"
Je vais te le faire ravaler, moi, ton rire de bécasse !

"vu que je ne suis pas de nature très vindicative. Rebelle à mes heures perdues, oui mais pas vindicative."
Traduction : toi tu l'es... vindicative ! Et bien tu ne crois pas si bien dire !

D'ailleurs, elle avait pris un grand plaisir à cogner sur le Timothée lors de l'exercice nocturne, s'étant juré quelques temps plutôt de lui faire payer son air ironique, alors qu'elle se faisait recoudre le front par l'Horn.

Bordel ! Fait chier !
De rage, elle était sur le point de déchirer cette foutue missive, et heureusement s'était ravisée à temps.
Céder à l'impulsivité lui donnerait finalement raison à la "Su'" - Dieu, qu'elle déteste ça, lorsque Surya utilise ce diminutif complètement ringard.

Alors, oui c'est furax, qu'elle entre dans la salle, et ses jades transformées en onyx pour le coup, repèrent immédiatement l'Horn, assis au comptoir, et se posent fixement dans son dos, tel des poignards à la lame affûtée.

"il a dû comprendre très vite quelles méthodes utiliser avec mon intrépide têtue comme une mule"
La violence, la brutalité, la bestialité... et pour se racheter, il propose de déjeuner!

Un soupir de mépris s'échappe de ses lèvres, elle s'approche mais presque à reculons, ayant envie de faire demi-tour fissa, c'est alors que son regard assassin croise les yeux innocents du petit Horn, ce qui à l'avantage de la calmer, direct.
Elle lui adresse un pâle sourire, bien que les mioches et elle...ce n'est pas le grand amour.
Bref, il faut avouer qu'ils ont l'art de la rendre nerveuse, lui donnant le sentiment de lire en elle comme dans un livre ouvert.

Elle s'interroge.
Que voit le petit Ulrich en ce moment ?
Quel reflet d'elle-même renvoi t-elle à ce gamin ?
Une femme enragée, colérique, emmerdeuse et lunatique ?
Se radoucissant quelque peu, elle les rejoint, dépose un baiser sur le sommet du crâne du petit ourson, tout en passant ses doigts dans ses cheveux soyeux en murmurant :

Bonjour, vous deux...

Elle s'accoude avec nonchalance au comptoir et observe son maitre d'arme en tenue du dimanche, guindé, alors qu'elle même est vêtue simplement d'une robe légère et printanière, laissant ses cheveux libres sur ses épaules, pas de chichis, et fronce les sourcils, une sombre inquiétude dans le regard.
Il y a comme quelque chose de solennel dans cette invitation, et tournant la tête, elle s'aperçoit, contrariée, qu'ils sont seuls.
Alors la question fuse d'une voix trahissant une certaine anxiété :

Ou sont les autres ?
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Roxane_cardinal
      Suer Sang et Eau – Mars – Un sanglier ?


    L’épisode du sanglier fut vite relégué à l’arrière-plan, au profit de l’ascension ardue de pentes raides, suivie d’exercices physiques intensifs. Le rythme soutenu plaisait à Solyaane, qui avait largement l’habitude de ces entraînements rudes, acier sur le dos et feuillage au-dessus de la tête. Mais il lui fallait reconnaître que la montagne n’était pas encore un terrain tout à fait familier pour elle : à Vendôme, la forêt avait poussé sur un sol plus régulier. Néanmoins, la jeune femme bénéficiait heureusement d’une bonne condition physique à force de faire travailler chaque muscle au quotidien, et son corps ne l’avait pas trahie malgré les obstacles que le trio affrontait. Mieux : un tel endroit offrait de nouvelles opportunités pour évoluer dans un environnement hostile.
    Tout au long de la montée, si son corps était resté alerte et vigilant, l’esprit de Solyaane avait vagabondé sans trop se soucier des chemins empruntés. Une erreur, certainement, dont elle espérait qu’Arioce ne relèverait pas. Les semaines avaient beau filer, sa mélancolie, elle, ne passait pas.

    Machinalement, elle enfila son équipement lorsque l’Ours asséna son ordre à l’égard de ses deux acolytes. Elle n’était pas son élève, mais elle se prêtait volontiers au jeu, convaincue d’avoir encore beaucoup à apprendre. Elle n’attendit pas son invitation pour le rejoindre dans l’herbe et enchaîner les pompes. Mais, curieusement, la manœuvre la laissa le souffle plus court qu’à l’accoutumée ; et quand elle se redressa, une vague nausée l’envahit, qu’elle s’empressa de faire passer avec de longues rasades d’eau. Son regard se détourna vers le panorama qui se dévoilait à leurs yeux, du haut du plateau où ils se trouvaient, le temps de masquer son bref mal-être.


      “- L’hiver me manque déjà…” lâcha-t-elle sur le ton de la banalité, essuyant d’un revers de la main la fine pellicule de sueur qui s’était constituée sur son front.


    Et c’était reparti. Après les bras, au tour des jambes de souffrir un peu. Solyaane se surprit à serrer un peu trop les dents pour se plier à un effort qui, ce matin, la fatiguait vite. L’envie de vomir était revenue, plus insidieuse, persistante. Il ne s’agissait pas là des conséquences d’une gueule de bois : elle buvait à peine un ou deux verres par jour, et n’avait pas ressenti les effets de l’ivresse depuis bien longtemps.
    Elle se concentra sur sa respiration. Inspirer, souffler. La gêne finirait bien par passer.

    Ses lèvres s’ouvrirent en un sourire joueur lorsque l’Ours se jeta sur un tronc, non sans fougue. Un défi à relever pour maître Corbeau qui avait passé bien du temps perché sur un arbre… Et la jeune femme aux plumes boucles plus noires que le jais s’élança à la suite d’Arioce, attaquant par un autre angle. D’un bond, elle saisit une branche qui dépassait au-dessus de sa tête. Solyaane parvint à s’agripper fermement, du premier coup, et se hissa à la seule force de ses bras, qui protestèrent sous la violence qu’elle leur imposait. Mais elle s’en délectait. Il ne restait plus grand-chose qui la fasse se sentir encore vivante ; avoir mal en était une des rares et ultimes occasions.


      “- Je serai là-haut avant vous !”


    Sans se soucier de la douleur cuisante qui lui sciait les muscles, le Corbeau passait de branche en branche, tout entier focalisé sur son objectif : être en haut le premier. Pari réussi ? Elle n’eut pas tellement le temps d’en faire le constat. Elle venait de se poser à un embranchement assez stable quand une vague de nausée l’assaillit, à nouveau, mais plus vicieuse, et sans crier gare. La tête lui tourna. Ses mains se crispèrent sur l’écorce rugueuse, qui acheva de mettre sa peau à vif. Un bref instant, tout devint noir autour, et elle se voyait déjà lâcher prise, dégringoler jusqu’en bas et tomber lourdement sur le sol.
    Heureusement, le malaise ne fut que passager, et il lui suffit de cligner des yeux pour reprendre ses esprits. Son corps avait failli basculer lors de son étourdissement, mais elle se rattrapa de justesse. Elle déglutit, priant pour ne pas rendre sur-le-champ tout le contenu de son petit-déjeuner. Pourvu que, cette fois encore, les deux autres n’aient rien remarqué…

    Les prunelles bleues se posèrent sur Hope et Arioce, regard de défi escorté d’un rire presque moqueur. Il fallait faire illusion.


      “- Alors, on a du mal à grimper ?” leur lança-t-elle joyeusement.


    Et elle maudit sa voix, qui s’était faite plus faible qu’à l’ordinaire.
Arioce
Chapitre XVI - Episode 5


    Suer Sang et Eau – Fin Mars – Empire – Après Minuit.

Eh bah, c’était une sacrée raclée qu’elle se prenait… J’aurais pu avoir pitié, mais… ce n’était pas l’objectif de l’exercice. Et puis, on était assez avancé dans son enseignement pour qu’elle parvienne à surmonté les premiers coups. Il n’empêchait que… elle finirait avec de beaux bleus.
Plissant les yeux, j’abattais sans cesse mes armes contre elle, la bousculant, la frappant, la tailladant, avec juste assez de force pour la maintenir en soumission mais lui laisser tout de même une chance de remonter la pente. Si j’avais voulu l’assommer, au vu de son manque cruel de défense, ça ne m’aurait pas demandé grands efforts. Enfin, j’étais convaincu qu’elle finirait par bloquer, se redresser et prendre le pas sur le combat. Sinon… Sinon, c’est que je l’avais un peu trop surestimé. Elle m’avait pourtant dit être de la nuit, habituée à y rôder.
Mon bouclier frappa puis la pointe de mon épée vint percer son ventre. Bordel ! Je l’observais s’écraser au sol, pliée en deux. Oooh. Oui. L’alcool. J’avais oublié l’état où je l’avais trouvé – enfin, croisé – tout à l’heure. Mmmh… Vrai que ça n’aide pas de s’entrainer et se battre après avoir passé la première partie de la nuit à festoyer. Cependant… C’était aussi une belle occasion d’apprendre à combattre même dans un piètre état. Alors du nerf !

    - Relevez-vous ! Je sais que vous en êtes capable.

Encourager est une des bases fondamentales pour pousser son élève à donner le meilleur de lui-même. Il est vrai que peut être je ne le faisais pas assez. Tout du moins, certains de mes encouragements devaient ressembler à de la provocation. Et pourtant…
Provocation, il en faut aussi, un peu. Savoir doser, un juste équilibre. Juste assez pour attiser le feu, relancer les flammes, que l’étincelle devienne feu de joie. Trop, et tout s’écroulait. La rage prenait le dessus ou bien la frustration et les pleurs. Alors… il fallait y aller avec tact. Cependant… l’on m’a toujours reproché de manquer de tact. Problème. Ça avait déjà desservit plusieurs fois. Alors, je faisais plus attention, surtout avec Hope.
J’esquissais un sourire lorsqu’elle se redressa enfin et… quelque chose avait changé. Pas le temps à la réflexion, elle se jetait déjà sur moi avec une hargne et une énergie nouvelle. Oh oui ! Enfin. Je parais de mon épée sa lame juste attend et nous nous lançâmes dans un ballet d’épées et écus, choc de bois et bois s’élevant dans la nuit silencieuse. L’exercice devint alors d’un tout autre registre, d’un autre niveau. Là enfin il y avait de la combativité, de l’ardeur et de la maitrise. Elle se déplaçait avec habilité, se défendait avec justesse et surtout attaquait avec précision et force. Les coups étaient donnés et rendus.

Jusqu’à… jusqu’à ce que mon genou – stupéfié– défaille et que le poids de mon corps l'écrase alors qu’un violent coup de bouclier vint finir de mettre à bat mon équilibre et me fasse perdre mon épée. Je relevais vivement les yeux. Un fragment de temps. Mon bouclier n’eut pas le temps de se mettre en travers sa trajectoire, pas assez solide, il fut comme balayé par la puissance du coup. Je serrais les dents, le bois de la lame heurta durement mon épaule alors que – instinct de survie – je plongeais. Plongeais dans les jambes de la jeune femme pour les faucher et la faire chuter avec moi. Je me libérais de mon écus afin d’avoir les deux mains de libre et cherchais à maitriser celles de mon élève pour éviter tout retour de coups. L’effort était grand, fallait-il encore déjouer les potentiels coups de genoux qui arriveraient inévitablement. Ma main se referma sur le poignet armée d’Hope alors – sur l’herbe – je faisais tout pour la désarmer puis l’immobiliser. Allait-elle réussir à garde l’avantage ? Parvenir à reprendre le dessus après sa brillante passe d’arme.
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Arioce
Chapitre XVII - Episode 3


    Fragment de vie – Dimanche.

J’observais mon fiston jouer avec ces figurines, souriant de le voir si impliqué dans son jeu, racontant une histoire que seul lui pouvait comprendre dans son entièreté. Parfois de doux gestes, les animaux se rapprochent, puis s’éloignent, se suivent, côte à côte ou à l’un derrière l’autre. Et de temps à autre, de grands mouvements, agressifs, des poursuites contre un ennemi invisible, des combats féroces. Et puis… retour au calme. Richard et Ariane ont eu droit aussi aux animaux et bonhommes en bois et tous avaient leur façon de jouer, de s’exprimer. Ulrich est le plus doux. Oh il a son caractère, il sait se faire entendre et comprendre. Mais, il reste le plus posé des deux au même âge.

    - Papa ! Hope est là !

Évidence même alors qu’il avait sursauté lorsque la jeune femme l’a embrassé. Après ce constat et souriant, je le voyais déjà hésiter à faire sa demande à Hope. Mais il se ravisa, bien qu’excité à l’idée de pouvoir jouer avec elle plus tard. Sacré Ourson.
Je me redressais et saluais Hope d’un sourire. Je ne pus ne pas voir qu’elle ne semblait pas des plus à l’aise et cela dès son arrivée. Mmmh… La pression de déjeuner avec moi ? Pourquoi donc ? Je ne comptais pas lui écraser la tête dans ses plats. Juste lui faire profiter de la bonne nourriture et boisson, dans un moment simple et convivial. Peut-être pensait elle qu’il s’agissait d’un exercice couvert du prétexte d’un déjeuner. Mmmh… cela étant dit, ça pourrait être un bon exercice de mise en situation. À méditer. Enfin…

    - Bonjour Hope. Ravi que tu aies accepté de te joindre à moi pour déjeuner.
    Ariane n’est pas au meilleur de sa forme, elle a déjeuné avant. Timothée a pris la journée pour lui. Je n’ai pas proposé à Elvyna ni à Solyaane. Nous serons donc que tous les trois.

Et le fils qui tirait sur mon vêtement.

    - Papa, j’ai faim…

Je souris au garçon et lui fis signe qu’on y allait.

    - Suivez-moi, notre table est par là.

Ulrich, après avoir soigneusement rangé ses figurines, hésita un instant puis sauta du tabouret. Levant les yeux vers l’invitée.

    - T’as faim Hope ?

Je souris à la question alors que je les conduisais vers un salon privé qui donnait sur le jardin intérieur. La table y était dressée et une carafe de vin frais nous attendait ainsi que quelques petites bouchées de lard fumé, de pomme, de fromage et de pain toasté.

    - Prenez place.

Je tirais sa chaise, fit de même pour mon fils, puis une fois qu’ils furent assis, je pris place. Je fis le service du vin et une fois la carafe reposée, je posais mon regard sur Hope, lui souriant.

    - Comment allez-vous ? J’ai vous ai vu à la messe ce matin. Vous a-t-elle plu ?

Je pris mon verre et trinquais avec la jeune femme et Ulrich – qui lui avait du jus de pomme – amusé de faire comme les adultes.

    - Santé !!

Et il but goulument avant de s’attaquer aux morceaux de pommes au lard.
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Elvyna
Chapitre XIV - Episode 11

    Suer Sang et Eau – Mars.



    A bout de souffle et en sueur à force de les suivre, elle en pouvait plus. Les cuisses en feu, haletante, une main sur la hanche pour étouffer un point de côté. Bon sang! Elle avait tout perdu. Comme si tout les efforts qu'elle avait fait lorsque Arioce l'avait entrainé, il y a quelques années, n'avaient servi à rien. Tout était a recommencer, mais il était hors de question. Après tout, elle en avait plus besoin maintenant, elle pouvait payer qui elle voulait pour se défendre à sa place. Mais en attendant, elle s'encroutait au moindre effort. Pas qu'elle était grosse par l'absence d'exercice, elle ne mangeait plus grand chose ces derniers temps, mais son souffle était nul, et ses muscles comme atrophiés.
    Un pas devant l'autre, elle se mit à se tortiller. Merde, elle avait un besoin pressant. Ce n'était pas le moment, elle allait les perdre de vu! Mais elle ne pouvait plus se retenir. S'enfonçant rapidement dans les bosquets, elle se soulagea, se permettant un instant de répit pour souffler. Elle se demandait pourquoi elle s'était mise à les suivre. Certes, cette brune l'intriguait, mais elle pouvait attendre leur retour pour leur demander, plutôt que de s'embêter à cracher ses poumons.
    Une fois terminée, elle se débattit pour ressortir et là.. Plus personne évidement.
    Elle continua d'avancer dans le sentier, tendant l'oreille pour entendre des éventuels voix. Elle crue entendre au loin mais.. Elle continua donc, d'un pas plus lent, faut pas déconner non plus. Et puis, perdu pour perdu, cela ne servait à rien de continuer à ce rythme de fou. Dépassant quelques arbres, sondant au loin... mais rien, toujours rien! Pourtant elle aurait juré avoir entendu des voix. Elle ne se sentait pas en sécurité, regardant derrière elle pour voir si on la suivait, mais non.
    Posant ses doigts sur Solitude, elle la planterait à la première occasion. Continuant d'avancer, se retenant de pousser un "houhou??" pas très discret qui la ferait tourner en ridicule. De plus, elle ne voulait pas être vu, mais là, elle se tenait en plein milieu du chemin, pour une poursuite discrète, il y avait mieux. Et le pire ce qu'elle soufflait comme un boeuf.
    Au bout d'un moment, elle en eut assez de poursuivre les ombres des arbres et fit donc demi tour pour rentrer. Autant les attendre en lieu sur. Elle pensa a acheter un chien qui la suivrait partout et au moins, aboierait au premier danger rencontré. Mais est-ce qu'un chien aime les chats?

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Elvyna
Chapitre XII - Episode 14

    Fragment de vie – Mars– Au Château du Comté de Marnay.



    Toujours dans son délire à voir les morts, elle tendit l'oreille. La réponse l'apaiserait enfin, ce lourd poids partirait pour toujours. Une main fraiche se posa sur son menton et sa tête suivit le mouvement. Les morts pouvaient toucher les vivants? Quel miracle. Si il suffisait de boire jusqu'à être ivre morte pour les voir, elle se jura de le faire plus souvent. Ainsi elle pourrait organiser des rencontres familiales. Peut-être des festins? ça mangeait, les défunts? Elle tendit l'oreille au murmure. Vas-y Nayenna, parle, expli... Hope? Comment ça Hope? Plissant les yeux, les papillonnants, sa vision troublée essaya de se concentrer sur le visage de la brune, allongée à ses côtés.

    - Non.. pas Hope.. Hope? Non..

    Elle ne comprenait plus rien. Elle voulait la repousser, mais ses doigts se refermèrent dans le vide. Elle s'était déjà déplacée rapidement. C'était bien un fantôme. Pourquoi voulait-elle s'appeler Hope? Rentrer au chaud? Cheville? D'abord hésitante, puis docilement, elle tendit la main pour la glisser dans la sienne. Essayant de prendre sa force pour se relever, dans un premier temps assise, regardant le paysage tourner, elle ferma les yeux pour les ouvrit à nouveau. Puis d'une autre poussée, la voilà debout, penchant d'un côté ou de l'autre, serrant la main aidante pour trouver un équilibre. Son estomac faisait également des bons et elle se retenait de le vider sur le sol. Son regard était trouble, lointain, n'arrivant pas à faire la distinction avec le monde réel.

    - J'ai... froid.

    Cette présence était familière, apaisante et confiante. Elle ne la repoussa pas, essayant plutôt de s'en approcher. Comme un fil qu'on suit pour retrouver son chemin, pas après pas. Serrant à nouveau la main, grimaçant en posant le pied blessé, elle boitilla. La douleur était revenue, le corps avait refroidit. Mais pas son cou qui reçut une giclée chaude et nauséabonde. Le surplus d'alcool souhaitait prendre son envole, se déversant sur sa chemise, jusqu'à la pointe de ses bottes. Quelle honte si elle se rendait compte qui était avec elle. Elle était pitoyable, mais ne pouvait pas arrêter les hoquets douloureux. Les yeux écarquillés, prenant conscience qu'elle venait de se vomir dessus, elle se mit à pleurer comme une enfant, le visage inondé comme cela ne lui était plus arriver depuis le décès de sa marraine. Mais qu'est-ce qui lui prenait? A force de s'imbiber et de fumer, la folie s'immisçait en elle.

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