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[RP] Vadrouille, Sueur et Pipe.

Hope
Chapitre XVIII - Episode 1

    Minuscule fragment de vie – Nuit du 3 au 4 avril – Valence.


Quittant la ville durant la nuit pour se rendre au prochain village et marchant aux côtés de Solyaane, l'Ensoleillée, sa complice le temps de la soirée dans une taverne de la cité, alors que les autres membre du groupe vaquaient à leurs occupations, elle se retourne et admire le spectacle.
Le feu avait pris rapidement, les flammes devenues gigantesques en quelques secondes, alors, qu'elles s'enfuyaient par la ruelle, en catimini, faisant rouler les fûts sortis de la taverne juste avant... l'incident.
Elle se demande encore, comment elles avaient pu réussir à prendre la poudre d'escampette sans se faire repérer ni interpeller.
L'insomniaque, dont elle ne se souvient plus du nom, entré à l'improviste et ayant compris leurs intentions n'allait-il pas sonné l'alerte, en communiquant leur signalement à la maréchaussée ?
A cet air amusé qu'il avait arboré, elle en doute fortement.

Le petit groupe poursuit sa route vers l'angoissante obscurité qui s'ouvre devant eux, contraste étonnant, avec cette chaude luminosité jaune orangée déployant ses ailes enflammées dans ce ciel si sombre, dans leur dos.
Suivant la charrette, contenant les quatre tonneaux, Elle lance un regard complice vers l'Ensoleillée, et esquisse un sourire moqueur et insolent, alors qu'ils s'éloignent tous, et que les voix valentinoises réunies en une clameur paniquée et nerveuse déchire le silence nocturne.

Elles avaient finalement réussies à les faire sortir de chez eux.

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Hope
Chapitre XIV - Episode 12

    Suer Sang et Eau – Mars – Un Sanglier ?



Court... Hope... court !
Et c'est ce qu'elle fait, en gardant un bon rythme, raisonnable, malgré le poids de l'équipement sur son dos.
Mais c'est sans compter sur un Ours vif et agile qui dépasse la légère et silencieuse Dame Blanche *, il ne manquerait plus qu'il émette une onomatopée du genre du piaf qui fera fureur quelques siècles plutard **.

Dans un soupir, elle le suit, en bonne petite élève bien sage et obéissante, Solyaane l'Ensoleillée pas très loin derrière, du moins le pense t-elle.
Au prix d'un effort, très, voir trop intense, elle parvient en haut de la montagne, toujours étonnée de ne point être tombée au vu des multiples embûches sur le chemin accidenté.

Ordre donné du maitre, aussitôt exécuté, les pompes... - bordel, ce qu'elle déteste ça ! - l'épuisent rapidement, au point qu'elle abandonne, restant allongée dans l'herbe, en appui sur ses coudes, reprenant son souffle, buvant plusieurs grandes gorgées d'eau et se reposant juste un tout petit peu, tout en prenant plaisir à regarder ses deux acolytes en baver.
Remarque au passage tout de même, que Solyaane semble peiner en cette matinée pourtant rien d'exceptionnel pour elle, et le froncement de sourcils de son maitre d'armes visiblement mécontent.

Mais elle s'en fout !
Elle attend qu'ils terminent et les suit en effectuant les fentes de manière appliquée, cette fois.

Arrivés au pied de l'arbre choisis par son despote de maitre d'armes adoré, elle les laisse se frotter l'un à l'autre dans cette émulation qui ne l'intéresse pas, préférant faire usage de son esprit de compétition dans un tout autre registre comme les joutes.
Enfin décidée, elle grimpe à son tour en s'agrippant et se hissant fermement de branche en branche, le regard cependant porté sur Arioce et Solyaane, cette dernière lui paraissant une fraction de seconde sur le point de défaillir.

A t-elle la berlue ?
Elle ne se pose pas plus de questions, trop concentrée sur son effort et son attention à ne point lâcher prise, et se fracasser le cou.
Alors qu'elle poursuit son ascension, elle ne relève pas la petite provocation de maitre Corbeau, qui semble avoir repris ses esprits, et parvient enfin à leur hauteur, en petite dernière qui s'assume, fourbue, cassée, les muscles échauffés et les articulations douloureuses.

Assise à califourchon sur la branche la plus solide, le dos calé contre le tronc, elle admire la vue, ferme les yeux pour s'imprégner de cette si sereine atmosphère, et se sentant observer, croise le regard perçant de l'Ours.
Elle lui sourit un brin effrontée, devine aisément que sa piètre performance lors de ces échauffements risque de le rendre quelque peu grognon, et qu'il ne va probablement pas en rester là.
Ses jades plantés dans les prunelles sombres, dévient brusquement juste au dessus de l'épaule d'Arioce, irrésistiblement attiré, pour se fixer sur un point précis.
Surprenante que cette touche de couleur vive, qui se déplace en zigzaguant pour finalement rejoindre le chemin bien tracé, traversant la dense forêt.

Tentation, curiosité et surtout intuition, la pousse à descendre de l'arbre, tel une acrobate - franchement plus facile dans ce sens là ! - ignorant les quelconques protestations et reproches qui ne manqueront pas de fuser, elle se met à courir en direction ce qui la préoccupe.
Elle se déplace, à vive allure, furtive, sans faire le moindre bruit, maintenant son souffle le plus régulier possible, pour ne point se faire repérer et surtout se fatiguer.
Alors qu'à travers la végétation la touche colorée se fait plus grande à mesure de son avancée, elle comprend qu'il s'agit d'un animal, un bipède, et pas n'importe lequel.

Surprenant Elvyna qui semble repartir en direction du château, elle la dépasse à couvert dans les fourrées, pour surgir juste devant elle en lançant d'une voix forte :

    - Coucou cousine !






* Autre nom de la chouette effraie ou effraie des clochers. Dame blanche fait tout de suite plus classe ^^.
** Un certain Grand Géocoucou plus connu sous le nom de Bip Bip (Mais cela, vous le savez )

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Hope
Chapitre XVI - Episode 6

    Suer Sang et Eau – Fin Mars – Empire – Après Minuit.



Fauchée d'un seul coup, par son adversaire, qui la renverse et la maintient fermement au sol, cherchant à l'immobiliser et la désarmer, elle réfléchit à la manière de pouvoir se libérer de son emprise.

Elle tente de résister, mâchoires serrées, et après une rapide analyse préfère éviter les coups de genou, probablement doit-il s'y attendre, alors sans plus d'hésitation, elle prend son élan, en élevant ses épaules et son buste pour lui asséner un violent coup de boule.

Le vacarme métallique des deux casques qui s'entrechoquent, l'étourdissant une fraction de seconde, elle recouvre rapidement ses esprits, et plus que jamais déterminée, d'un mouvement vif du bras maintenant l'écu, elle frappe du tranchant la tête de l'autre, espérant le faire basculer.

La nuit, son silence, sa clarté lunaire, ses mystères, tous ses éléments rassemblés et qui semblent la transcender, la métamorphoser en une femme plus forte, plus assurée, plus confiante qu'elle en devient méconnaissable.

Elle sait quoi faire, quel coup porté pour venir à bout de son ennemi, une rage nouvelle implosant à l'intérieur d'elle-même, celle de vaincre, son instinct de survie plus aiguisé que jamais, la pousse à se jeter sur lui, déchainée, et décidée à venir à bout de lui, l'allongeant sans ménagement sur le sol, le maintenant à l'aide de son genou sur son torse, son avant-bras gauche au niveau de sa gorge, dans le but de l'étouffer, elle sort sa dague à la vitesse de l'éclair, et porte l'attaque au visage.

Casque ouvert de l'Horn, la pointe s'arrête à quelques centimètres du point entre ses sourcils.

Le regard rivé au sien, un œil brun, écarquillé et dans lequel elle croit percevoir le propre reflet de ses jades, devenues ténèbres, la pupille à peine perceptible, d'où brille une flamme meurtrière, diabolique.
Visage penché vers celui de l'ennemi, si près, qu'elle perçoit son souffle, son cœur palpite dans un rythme fou, tous ses muscles bandés, son corps tendu à l'extrême, le souffle court, elle réalise soudain.

Arioce Horn... son maitre d'arme.

La pointe de l'arme recule, elle relâche peu à peu sa prise au cou de l'homme.
Bordel !

Elle lâche sa dague, retire son casque, se laisse tomber au sol dans un fracas sourd, à ses côtés, roule sur le dos, et encore abasourdie, contemple le ciel étoilé, dans l'incapacité totale de prononcer un seul mot.

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Roxane_cardinal
      Minuscule fragment de vie – Nuit du 3 au 4 avril – Valence.


    Les flammes dessinaient des ombres dansantes aux nuances fauves sur le tissu sombre de la nuit valencienne. Spectacle envoûtant, dont Solyaane, aux côtés de Hope, ne parvenait pas encore à détacher son regard. C’était leur œuvre. Et il n’y avait pas d’explication à ce coup de tête qui l’avait poussée à relever le défi de la jeune femme et incendier la taverne municipale d’une ville endormie, hormis qu’elle en avait eu envie. Nul doute qu’Arioce n’approuverait pas, s’il savait. Mais elle se moquait bien de sa contrariété, sur le moment du moins.

    Elle avait aimé contempler l’embrasement, et fuir avec au creux du ventre ce sentiment de culpabilité grisante. Elle s’était sentie vivante… Était-ce à cause de son histoire passée avec le feu ? Sa mère brûlée vive sur le bûcher, son amante incendiaire, sa sœur consumée en cendres ?
    Est-ce que tout brûler la ramenait des années en arrière, dans ses souvenirs tourmentés, et l’aidait à se sentir plus proche de tous ceux qu’elle avait perdus par le feu, de près ou de loin ? Difficile à dire. Mais lorsqu’elle avait allumé une torche et caressé meubles et murs pour inciter les flammes à dévorer l’endroit tout entier, Solyaane s’était sentie glisser dans la peau de Lyanéa. Et l’instant lui avait plu.

    Elle tourna la tête vers Hope. La jeune femme l’intriguait. Elle aussi avait une histoire liée au feu, du moins Solyaane s’en doutait, et était curieuse d’en apprendre davantage. Mais elle n’aurait pas l’audace de lui demander. Un jour, peut-être, en parleraient-elles toutes deux de vive voix. Alors, elle lui rendit son regard complice, et tourna les talons.


      “- Feu qui passe, et tout meurt derrière tes traces
      Feu qui passe, et tout vit derrière toi…”


    Paroles d’un lointain poème appris des années plus tôt. Le feu avait redonné vie à Valence, au moins pour une nuit.
Hope
Chapitre XVII - Episode 4

    Fragment de vie – Déjeuner en paix – Dimanche 7 avril – Montpellier .



Son humeur ne s'arrange décidemment pas à mesure qu'il ouvre la bouche, et pour cause...

Tout d'abord le tutoiement, qu'elle n'accepte pas, pas encore, qui la fait tiquer, lui préférant l'usage du "vous", cette rassurante barrière, empêchant toute proximité qu' elle ne se sent pas prête à assumer.

Vient, ensuite le sujet d'Ariane à la santé toujours aussi fragilisée, ce qui contrarie autant le médecin, débutant certes, que la jeune femme qu'elle peut être.
Ce n'est pourtant pas faute de lui avoir proposé de l'examiner, mais la teneur de l'une de leurs dernières conversations, lui fit très clairement comprendre, qu'il doutait de ses capacités à s'occuper d'un enfant.
Mortifiée, elle n'avait plus insisté, la blessure étant plus profonde que celles physiques qu'il peut lui infliger chaque jour.

Et pour finir, il annonce d'un air parfaitement détaché, qu'il n'a pas jugé nécessaire d'inviter les autres membres de la troupe, se fichant éperdument de l'emploi du temps de son bras droit.

Elle ingurgite et intègre toutes ces informations sans prononcer un seul mot, tiraillée entre l'envie de tourner les talons, et celle plus surprenante de sa part, de se laisser aller et de profiter de l'instant présent.

La question du petit ourson la sort de sa torpeur, alors qu'ils suivent docilement l'Horn jusqu'au salon qui leur est réservé, un fin sourire étire ses lippes, ses prunelles posés sur la bonne bouille du mioche, elle acquiesce.

J'ai un peu faim oui...

Les sourcils se haussent d'étonnement lorsqu''ils entrent dans la petite pièce privée, l'endroit étant plus que coquet, avec sa courette et sa végétation luxuriante, apportant une atmosphère favorable à la convivialité.
Oui, un coin empli de charme, au même titre que son maitre d'arme qui tire sa chaise pour qu'elle s'installe.
Une étrange étincelle illumine son regard vert jade, alors qu'elle le détaille scrupuleusement.

Et si elle faisait erreur ?

Après tous ces moments passés ensemble, à discuter, rire, s'engueuler, se jauger, se cogner dessus sans ménagement, se taquiner elle ne peut qu'admettre qu'il n'a finalement pas grand chose à avoir avec l'Autre.
A moins que ce ne soit pure manipulation ?
Mais dans quel but ?

Un tantinet déstabilisée de se retrouver en ce lieu en sa compagnie et celle de son fils, elle tente de faire bonne figure, en attrapant son gobelet de vin et croise le regarde de son maitre d'arme, affable, comme à son habitude.
Et qui réussit à produire son petit effet.
C'est dans une attitude un peu plus détendue malgré la réserve et sur un ton qui se veut badin qu'elle souffle, comme une confidence :

Et moi, je vous ai vu sortir du confessionnal...

Elle lui sourit, trinque avec eux en clamant un "santé" presque guilleret à la suite du petit homme, et ajoute :

La messe ? Non. Elle ne m'a pas plu... d'ailleurs ce n'est pas vraiment pour cela que j'y vais.
Et j'avoue n'avoir rien écouté... à cause de vous !

Petit rire qui fuse dans la salle, buvant une gorgée de vin, elle enchaine, énigmatique :

Je me suis amusée à chercher les raisons qui pourraient pousser Arioce Horn à se confesser.

Se penchant vers lui, elle murmure :

Je n' ai trouvé que trois , peut-être quatre péchés qui pourraient troubler votre âme...

Jetant un œil du côté du gamin, elle saute du coq à l'âne et lui demande :

Dis-moi Ulrich ? Quels sont tes animaux préférés ?
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Elvyna
Chapitre XIX - Episode 1

    Le 7 Avril - quand la décision est actée



    Tremblement des mains sur le vélin qu'elle venait de recevoir. La vue brouillée. A partir de maintenant, elle ne portait plus le nom de son époux, l'homme qu'elle aimait encore, ni celui de sa fille qui était loin d'elle depuis qu'ils avaient quitté Annecy, restant près de son père. La dissolution de son mariage était actée. Des années de vie commune et quelques jours pour que tout s'arrête. Elle avait mal au coeur, au ventre, aux tripes. Sa respiration était coupée. Elle avait tellement mal de voir cette demande actée. Pourtant la décision lui revenait entièrement. Mais il le fallait, elle ne pouvait plus vivre ainsi. Ils n'étaient pas du même monde, elle avait fait des efforts, des sacrifices, mais elle avait été la seule à le faire. Pourtant elle ne regrettait aucun moment de vie auprès de Sauron, mais depuis une années ou un peu plus, elle se sentait seule, aucune présence pour la soutenir dans ce qu'elle entreprenait, pour écouter ses peines ou ce qu'elle ressentait. Ce qu'elle vivait, la politique, la noblesse, ses amis, cela lui passait au dessus. Il préférait une vie simple, entouré de ses enfants, dans la nature. Elle ne pouvait plus, à la fin, elle étouffait de cette vie trop simple. Elle souhaitait apprendre des choses, voyager, participer à des aventures, rire, s'amuser. Vivre pleinement. A force, elle le ferait trop souffrir, à devenir aigrie et lui reprochant ses regrets. Elle ne souhaitait pas ça.
    Assise sur le lit de la chambre de l'auberge, seule, elle laissa libérer sa tristesse dans les larmes. Il n'y avait que ça à faire pour vider son tourment, seule.

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Arioce
Chapitre XIV - Episode 13


    Suer Sang et Eau – Mars – Un Sanglier ?

Première branche saisi à pleine mains, je me hissais à la force de mes bras. Du coin de l’œil, aucun doute, l’Ensoleillée – surnom donnée par Hope – ne comptait pas se laisser faire. J’esquissais un sourire alors que j’attrapais la prochaine branche, positionnant mes pieds de sorte à être stable et progresser sans trop de difficulté. Bras et jambes certes fatigués, mais un regain d’énergie vint avec l’excitation de la course au sommet de l’arbre. Grimper, c’est faire marcher tant sa tête que ses muscles. Visualiser son parcours, desseller quel chemin sera le plus simple, le moins dangereux, où les prises seront bonnes et solides. Le tout avec agilité et adresse. Un bon exercice en somme. D’autant plus qu’après un petit marathon, il faut savoir s’accrocher, se dépasser. Et rien de mieux que d’être entre amis pour y parvenir.
Hop, hop, je montais petit à petit, le plus vite possible, faisant même fi de la sécurité. La chute pourrait être handicapante, mais je ne comptais pas tomber, alors. Je relevais la tête à la voix de Solyaane. Bordel ! Un vrai félin. Je ris alors que je la rejoignais à son niveau, prenant place sur un autre épais branchage, maintenant à plusieurs mètres du sol.

    - Allez Hope ! Encore quelques mètres. Vous y êtes presque !

Je lui souris, bien plus heureux qu’il ne l’aurait fallu. Bordel, qu’est-ce que ça faisait du bien, être ensemble, nous trois. Trois qui n’ont pas peur de l’effort, de souffrir, de grogner, de cracher, de transpirer, de se saisir et se cogner, de se dépasser et de, malgré tout cela, s’apprécier. Oui, l’on pouvait dire que c’était un bon temps. Et je suis homme à chérir les simples instants de plaisir, surtout après avoir franchi un obstacle.
Je soupirais doucement, reprenant mon souffle. Il fallait savoir aussi profiter de ces moments de repos avant de repartir de plus belles. Et quoi de mieux que d’être perché en haut d’un imposant épicéa. Je portais mon regard vers l’horizon montagneux et vallonné, souriant, inspirant à plein poumons l’air frais. Bordel, ça faisait du bien !

Puis mon regard se porta sur Solyaane, cette amie sur qui je pouvais compter, qui n’a pas peur de croiser le fer et avec qui j’ai passé de bons moments à Dijon mais surtout à Vendôme. Quelques taches noires – par ma faute –, cependant, rien qui ne parvint à détérioré notre amitié. Mes pupilles marron s’accrochèrent alors sur Hope, mon élève. Jeune femme avec d’autant plus de caractère – certains dirons un caractère de femme von Riddermark et ils n’auront pas tort – une force incroyable et un esprit aiguisé. Elle n’abandonnait pas, malgré la douleur et mon tempérament d’ours. Ne détournant pas le regard lorsqu’elle le posa sur moi également, je reçus son petit sourire avec amusant. Ooh, si elle savait ce que je lui réservais pour la suite. L’entrainement était loin d’être fini… J’étais certain que ça lui plairait. En tout cas, moi, j’étais impatient de mettre en œuvre l’exercice.
Soudainement, la voilà qu’elle sautait de l’arbre, sans mot dit et s’éloigner. Qu’est-ce que…

    - Hope ?! Où allez-vous ?

Grognement.
Un regard à Solyaane, peut-être avait-elle vu ou compris quelque chose qui m’avait échappé.
Je suivis du regard la jeune femme s’éloignant dans les fourrées. Peut-être une envie pressante, mais ça n’y ressemblait pas.

    - On la suit ?

Et sans plus tarder, j’entrepris également de descendre de l’arbre, bien plus simple que la montée. J’attrapais le barda d’Hope et zieutais les environs par où était parti la jeune femme.

    - Mmmh… Peut-être nous devrions rejoindre le chemin, hors des bois. Elle pourra facilement nous retrouver et nous pourrons avoir une bonne vue.
    sois tu pars sur ses traces, soit tu me suis hors des bois. Comme tu veux.

Laissant Solyaane choisir sa route, je pris une petite foulée, partant en direction de la partie découvert du versant de la montagne, cherchant une hauteur pour avoir une vue de l’ensemble.
Moi qui étais si pressé de la suite de la séance… Il me faudra attendre.
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Arioce
Chapitre XVI - Episode 7


    Suer Sang et Eau – Fin Mars, Empire – Après Minuit.

J’aurais pu la cogner, là sur le sol. Frapper de mes poings, encore et encore. Ça aurait été surement plus réaliste, représentatif de ce qui arrive souvent dans ce genre de rixe. Mais je n’étais pas là pour la mettre à sang et l’assommer à la moindre occasion. Non. Le but était qu’elle apprenne, qu’elle sache réagir et correctement. Alors, je préférais l’immobilisation. Lui laissant ainsi l’occasion de reprendre le dessus, avant que je la mette définitivement hors d’état de nuire.
Et je ne fus pas déçu.
Premier choc. Tintement assourdissant, le crâne qui vibre et résonne. Second choc, bien plus dur. Ma tête est projetée sur le côté, le noir, momentanément. Je sens mon corps suivre le mouvement, lâchant toutes prises et je m’étale sur l’herbe. Ca s’était un coup bien envoyé…
Alors que je reprenais mes esprits, au sol, un poids vint me maintenir, appuyant contre mon torse et ma respiration fut subitement coupée, une entrave à la gorge. Bordel ! Était-ce encore Hope que je combattais ou une deuxième personne était venue lui prêter main forte.

Mon regard s’accrocha à celui de la jeune femme. Oui… Aucun doute. J’aurais aimé sourire. Sourire face à la technicité, l’intelligence et la force qu’avait su mettre en œuvre Hope pour me vaincre. Sourire en voyant mon élève se surpasser, faire appliquant ce que je lui ai appris et faisant preuve d’une témérité sans borne. Je savais qu’elle était douée, qu’un feu puissant brulait en elle, qui ne demandé qu’ç se manifester. Et ce soir, je l’avais une fois de plus sous les yeux. Cependant… Il y avait autre chose. Son regard était différent, mauvais…
L’arme est menaçante, telle l’épée de Damoclès. Et la pression sur ma trachée se fait plus forte.
Yeux dans les yeux, je vis la rupture, lorsqu’elle passa d’un état à un autre.
La menace s’effaça et je pus respirer, toussotant quelques peu. Eh bien.
Je gardais le silence alors qu’elle vint s’allonger à mes côtés. Délicat. Que dire ? J’essayais de trouver les bons mots. Le temps s’étira alors que mon regard se porta sur la voute étoilée.

    - C’était parfait. Vous avez su réagir, prendre le dessus et vaincre.

Ma voix était calme et posée. Je retirais à mon tour mon casque, restant au sol, profitant de l’instant de repos après une fin de duel des plus intenses. Voir et constater l’évolution de son élève, il n’y avait rien de plus bon et satisfaisant. Cela même si l’on prenait une bonne raclée. Je suis fier d’elle. Je me doutais qu’elle devait être dans un certain état de choc, mais je savais que ça passerait, qu’elle s’en remettrait. Ce n’était pas tous les jours que l’instinct combatif prenait le dessus.
Je finis par me redresser et attraper ma gourde que je débouchonnais et tendis à Hope. Elle l’avait bien mérité.
Dans la clarté lunaire, je lui souris doucement.

    - Buvez et soufflez. Nous reprendrons après.

Après tout, l’entrainement nocturne venait de commencer. Duels et exercices nous attendaient. Mais rien ne pressait. Après tout, on avait la nuit à nous, et la lune était encore basse.
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Arioce
Chapitre XX – Episode 1


    Fragment de vie – Soirée et nuit du 12 Avril - Béziers.

Pipe en bouche, c’était une soirée qui s’annonçait calme et paisible. Je savais que du groupe, certainement personne ne sortirait en taverne, donc, je ne m’y rendrais pas. Les enfants étaient déjà couchés et il restait encore de bonnes heures avant le rendez-vous nocturne avec mon élève favorite et mon amie l’Ensoleillée. Et pourtant, je grognais, m’agitais sur ma chaise, les sourcils froncés. Bordel, bordel, bordel ! Le mélange chanvre, sauge et menthe, impossible de me détendre. Une énergie folle m’envahissait, me gênait, me titillait, m’empêchant de tenir sur place. Ça m'agaçait, me grattait. J’avais envie de cogner, de relâcher la pression, la tension des derniers jours alors que ma fille n’était pas bien. L’entrainement ? Oui, ça aidait, mais ce n’était pas suffisant. Il fallait que je me retienne, que je pèse ma force. Non. Ce n’était pas suffisant.
Je grognais encore, agaçait, attirant l’attention de Timothée.

    - Qu’est-ce qu’y a ? T'as besoin d'une donzelle toi !
    - Je sais pas… Je crois que je vais sortir me défouler un peu.

Esquisse de sourire de la part de mon bras droit.

    - J’ai entendu dire qu’il y a un lieu où bagarre et paris sont choses coutumières. Tu devrais y faire un tour.
    - Tu gardes les oursons ?
    - Bien sûr. Tu as ta soirée. Hier je me suis déjà bien amusé.

Hochement de tête. L’accord était conclu. Sans plus tarder, je me levais d’un bond de ma chaise, vidant en un rien de temps ma pipe sur la table et me préparant à quitter les lieux. Oui, j’étais pressé. Le feu grandissait, la fumée commençant à s’échapper de mes pores. Il fallait que ça sorte.
Informations du lieu donné, grognement de bonne soirée, cape sur les épaules, je sortais.
D’un pas vif, je marchais dans les ruelles alors que le soleil déclinait. Gauche, droite. Je ne trainais pas. L’adresse aurait pu être assez difficile à trouver, mais l’habitude de ce genre de repère m’aida à discerner la porte. Comme souvent, des bougres étaient postés devant et une fois pénétrer dans l’établissement, la crasse et l’odeur attaquaient les narines. Bon. Là, l’hygiène n’était pas des plus déplorable, et même assez propre. C’était plutôt l’amas de gaillards et l’alcool coulant à flot, avec peu d’ouvertures, qui empester l’air ambiant. Bien plus accueillant qu’à la Cour des Miracles, sans aucun doute.
On oublie les bonnes manières, l’on bouscule pour se tracer son chemin jusqu’au comptoir et l’on commande sans aucune politesse. Attitude froide, peu avenante – excepté pour ceux et celles qui cherchent les coups – regards froncés et muscles bandés.

    - Une bière ?
    - Votre meilleure.

Signe de tête pour soutenir la réponse. Dévisagement du groupe a porté de voix et regards envieux lorsque les écus touchèrent le bois du bar.
Bien évidemment, la bière était dégueulasse. Cependant, loin d’être la plus mauvaise du coin.
Les minutes passent. L’on boit, l’on se marre, les voix s’élèvent et les esprits s’échauffent. Les yeux, perçant, observent la salle, à la recherche de la première vraie étincelle. Celle qui vaudra le coup d’attiser jusqu’à ce que bucher prenne.
A une table, le ton monta d’un ton. Comme souvent, il était question de prouver quelque chose. Les pieds de chaises grincèrent lorsqu’on se leva, se montrant du poing. Et comme souvent, un camp était en sous nombre par rapport à l’autre. Les secondaires passèrent, tous sachant que ça allait exploser d’un moment à l’autre.
Les yeux fixé sur les hommes, j’attendais.

    - Trente écus sur le gros blond !
    - Quarante sur le bucheron !
    - P’tite pine !

La tension grimpa alors que les clans se formèrent. Hommes – et même femmes – se levèrent et approchèrent, choisissant leur allégeance de la soirée. Le blond, le bucheron ou le proprio. Insultes lançaient, doigts pointés. Un pas, puis deux…
Qui donna le premier coup ? Impossible de savoir. La taverne s’embrasa de mille feux en un instant. L’heure était venue. Souriant, je lâchais ma chope – dont l’intérêt avait été simplement de patienter – et me jeta dans la mêlée. Mon camp ? Celui du tavernier. Celui qui devait remettre de l’ordre ; et, qui à faire, ramasser quelques pièces au passage. Comment reconnaitre ses alliés ? Aucune importance.
Finit de jouer, de s’exercer. Les coups étaient portés avec force et justesse, sans retenue aucune et sans arrière-pensée autre que de me défouler. Est-ce que je connaissais les types ? Absolument pas. Béziers, je m’y étais peu attardé dans ma vie et encore moins dans les quartiers malfamés.

J’attrapais le col d’un jeune homme et lui écrasais à deux reprise mes phalanges dans le nez, avant de le jeter sur un qui gueuler à deux pas de moi. Ma botte propulsa un deuxième contre une table alors que j’esquivais la première chaise de la soirée. Pas de pot, je tombais face à face avec un immense gaillard qui ne me rata pas, me faisant cracher le premier sang de la nuitée. Bordel ! Sacrée droite. Je me baissais juste attend à son retour de frappe et le plaquais dans un bond, bousculant au passage un petit groupe de pugilistes. Succession de coups rapide et claquants dans le ventre, le foie, le diaphragme, eurent raison de la fougue du géant, qui s’écrasa au sol. KO ? Absolument pas. Mais pas le temps de s’attarder lorsque le combat fait rage et que les pains sont distribués avec autant de passion. Jeu de jambes et de bustes pour esquiver avant de contre attaquer de façon directe et éclaire. C’était ma tournée ! Et comme la générosité n’a pas de limite, j’eus droit à quelques chopes bien envoyées également.
Cris, rugissements, grognements, pleurs, fracas, craquements, appels à l’aide désespérés, rires. Un brouhaha incessant, n’ayant ni queue ni tête emplissait l’air. Les minutes défilèrent, mes mains commencèrent à me faire souffrir à force de frapper, mes bras m’élancèrent, et tête et buste souffraient des impacts reçus.
Soudainement, un grand fracas, puis une clameur.

    - MILICES !

Ah ! Le réveil annonçant l’heure de la fuite. Ou pas… Bien trop de colère et d’ardeur pour se calmer face aux autorités. Les ennemis devinrent alliés et les bons méchants. S’en prendre à la milice ? Hors de question. Alors, ma cible était toujours la même, tout le monde, et je n’étais pas le seul à avoir gardé le cape.
Cependant… Ils étaient plus nombreux, mieux armés et plus frais…
Fin de la soirée… tous embarqués…

Dans la geôle avec trois autres gars, je tentais de me faire entendre.

    - Oh ! Puisque je vous dis que je suis Seigneur ! Seigneur d’Ossaranh en Béarn.
    - Vous serez pas le premier.
    - Bordel ! je suis vassal d’une Princesse, bouffon !

Leur demander d’aller voir leurs registres à sénéchaussée ? Aucune chance. Il était tard, cela faisait au moins deux bonnes heures qu’il n’était plus question de bien faire son boulot. Néanmoins, une autre manière de faire commençait son service.

    - Vingt écus, vous allez dans l’auberge la plus luxueuse de la ville et vous prévenez son Altesse Sérénissime Elvyna von Riddermark que je suis ici.
    - File-les moi maintenant et j’envoie un novice.
    - Moitié là, moitié donné par son Altesse.

Poignée de main. L’accord était scellé.

    - Oh éh ! Prévenez aussi Hope von Riddermark et Solyaane. Même auberge ! Cinq de plus.

Acquiescement alors que le garde transmettait les informations au bleu. Minuit allait sonner. Avec un peu de chance, il arrivait avant qu’elle ne parte pour le rendez-vous.
Bordel ! Visage en sang – mais au compteur, j’en ai donné bien plus que j’en ai reçu –, muscles et chairs douloureux. Mais bordel ! Qu’est-ce que je m’étais bien amusé. Sourire aux lèvres, je quittais les barreaux pour m’assoir contre un des murs et soupirais. Une bonne pipe n’aurait pas été de trop tien !
Mmmh… Je pressens une Impétueuse râlant et une Effrontée se questionnant et une Ensoleillée se marrant… Ricanement, hé hé. Sacrée soirée !


12/04/1467 22:02 : Vous tirez la carte (XVI) La Tour, qui se consume alors sous vos yeux.Tout devient noir et vous sombrez. À votre réveil, une forte odeur vous prend le nez, vous êtes, vous êtes... mon Dieu, mais c'est un véritable cul de basse-fosse. Vous avez beau tambouriner contre la lourde porte de chêne, le geôlier ne veut rien savoir, on vous dit juste que vous pourrez sortir demain.

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Elvyna
Chapitre XX - Episode 2

    Fragment de vie – Soirée et nuit du 12 Avril - Béziers.


Les soirées se ressemblaient. Même si le groupe était en voyage, la Riddermark passait soit ses soirées en taverne à boire auprès de sa cousine et son vassal, soit dans la chambre de l'auberge, fumant au point de remplir la chambre d'un brouillard épais. Le seul bruit était celui de la plume qui grattait, répondant à un tas de courriers, travaillant pour ne penser à rien d'autre. Dessinant parfois pour les hérauderies dont elle était responsable. Les autres étaient souvent ensemble, passant la nuit a des entrainements, ou prendre repas et d'autres activités. Elle ne se sentait pas encore prête à passer du temps avec d'autres personnes. Préférant la solitude, ne pas recevoir de remarque sur ses penchants du moment. Et puis, elle savait que sa seule présence plombait l'ambiance, alors elle préférait ne pas leur épargner ça.

Elle était en train de déverser de la cire sur le parchemin roulé, appliquant son sceau pour que la forme soit parfaite, quand on frappa à la porte. Intriguée, restant un moment a ce demander qui la dérangeait. A force, Arioce ou Hope avait abandonné pour les divers invitations à sortir. Alors qui était-ce? Elle reposa son sceau, se leva et ouvrit la porte et tomba nez à nez avec un garde vu l'uniforme, qui agita une main devant son visage lorsque le restant de fumée vint le chatouiller.


- Quoi?

Etait-ce une plainte du tavernier parce qu'elle fumait un peu trop dans la chambre? Elle n'allait pas se laisser impressionner par ce mécréant, elle utilisait rarement son rang, sauf quand cela était nécessaire.


- hum heu.. c'est vous la Princesse? Altesse Elvyna von Richemark?

Elle grimaça quand il écorcha son nom et avant envie de le gifler. Mais retient sa main et montra un sourire crispé, hésitant à lui refermer la porte au nez.

- Vous connaissez un Arioce Horn?

Le sourire disparu pour montrer un visage inquiet.

- Où est-il?

L'homme se tortilla comme si il était mal à l'aise.


- Il est.. en prison, et pour vous le dire, il a dit que vous payerez.

Elle resta figée un moment, s'empreignant de l'information qu'il lui expliquait, une histoire de bagarre dans un bar. Alors d'une froideur extrême, elle répondit.

- Combien?


- Hum, 30 écus?

Elle ne savait pas qu'il l'arnaquait, mais elle s'en fichait à ce moment là. Elle retourna dans la chambre, récupéra une bourse bien remplie, lui glissa les pièces dans sa main, puis récupéra sa pipe, l'alluma à nouveau, et sortie à l'extérieur, suivant le milicien en gardant une distance respectable, fumant pour se calmer, le coeur battant rapidement à ses tempes. Qu'avait-il foutu? Lui qui devait montrer l'exemple, tel un père, qui prenait soin d'elle, sur qui elle pouvait compter à tout moment. En prison pour bagarre dans une taverne? Demandant en plus de payer? C'était une humiliation. Jamais encore on ne lui avait fait ça.
Elle entra au poste de milicien, tirant sur sa pipe plus que nécessaire, s'arrêtant devant l'homme qui semblait être le responsable.


- Je suis son Altesse princière Elvyna Julia Ambre von Riddermak d'Acoma, je suis ici pour payer la caution de cet imbécile de Arioce Horn. Bougez vous le gras, je ne me répète pas et je n'attends pas. Cette affaire ne doit pas sortir d'ici, que je n'entende rien.

Balançant la bourse sur le bureau d'un geste suffisant, sans attendre la somme exacte. Elle se fit emmener auprès de l'Horn, son vassal. Posant un regard glacial sur sa personne, le sang sur le visage, au moins il était en vie. Sans un mot, elle lui tourna le dos pour se diriger vers la sortie. Cette façon d'être envers une personne n'engageait rien de bon, elle était rarement ainsi, surtout envers ses proches. Quand on l'agaçait, elle hurlait, tapait du pied, mais cette froideur inhabituel, elle le réservait a ses ennemis. Elle encaissait certaines choses, mais pas qu'on puisse l'humilier de la sorte. Cela ne passera pas inaperçu entre eux, cette affaire allait devoir être réglée.

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Arioce
Chapitre XX – Episode 3


    Fragment de vie – Soirée et nuit du 12 Avril – Béziers.

Cela faisait combien de temps que je ne m’étais retrouvé en prison ? Mmmh… Plus de deux ans je dirais, voire plus encore. D’ailleurs la dernière fois s’était à causer du manque de sou, arrivant en une capitale, ne pouvant payer la taxe d’entrée.
Mmmh… Les geôles… Plus fréquentées devant les barreaux que derrières. Je ne suis pas homme à chercher les problèmes, on contraire, je suis celui qui les arrête. Quel était le pourcentage de chance que la milice intervienne ce soir ? Faut dire, ça a vite dégénéré. Si ça s’était juste cantonné à une petite rixe, il n’y aurait pas eu de suite. Mais là… bagarre générale. Les bonnes veilles ! Comme à l’époque. Ah ah. Sacrée époque. J’avais plus l’habitude des petites empoignades, entre amis, où il faut retenir ses coups, mais où y a de quoi s’amuser quand même. Puis, des années plus tard, celle dans un cercle, un contre un, face à face. Ça m’a plu. Beaucoup même. Un peu trop.
Se battre à mains nues, c’est… intense. J’aime croiser le fer, un de mes premiers amours. Mais le pugila, c’est autre chose. Les coups sont donnés brutes et on les reçoit tout aussi brutes. Pas de protection, rien. Pas d’intermédiaire. Juste nos poings et notre capacité à cogner et encaisser. C’est libérateur, en un sens. Si j’avais connu un tel engouement plus jeune pour cette pratique, très certainement que je me serais orienter dans cette carrière. M’enfin… les armes, j’aime beaucoup.

Assis dans l’humidité de la cellule, je méditais à tous cela. Point noir de cette affaire, j’allais très certainement faire rater le départ à mes camarades et je ne pourrais assister à l’entrainement… Bordel ! J’aurais dû faire plus attention. Cependant, une fois dedans, on oublie tout. On a envie de toujours plus, jamais satisfait et surtout, rendre à César ce qui est à César. Ca frappe, alors on frappe en retour. C’est un échange. Et se retirer… pas facile. Bordel !
Moi qui suis censé montrer l’exemple… J’espérais que ça ne fasse pas trop de bruit. Prévenir Elvyna pour pas qu’elle s’inquiète de ne pas me voir au départ, prévenir Hope et Solyaane. Et c’est tout.
Mais… ça se passe rarement comme on le voudrait.
Agitation dans la prison. Je relevais la tête tentant de comprendre. Peut-être un nouveau groupe de fauteur de trouble, après tout, la nuit venait à peine de commencer. Le verrou cliqua et la porte s’ouvrit. Oh… un visage familier. Eh merde…
Je me relevais, comprenant que, privilégié, j’allais pouvoir sortir avant tous les autres. Étrangement, j’aurais préféré rester dans la noirceur et contre la moisissure des lieux.
Je remerciais le gardien et suivais Elvyna qui, pour une fois, avait tout l’attitude de la grande suzeraine mécontente. Explications seront attendues…
Une fois sorti dans la cour de la sénéchaussée, je me mis à la hauteur de la jeune femme.

    - Merci.

J’aurais bien rajouté un « tu n’étais pas obligée de te déplacer », mais je sentais que ce n’était vraiment pas le moment.
Je trouvais un sceau rempli d’eau fraiche et de visu propre, et entrepris de me nettoyer le visage. Deux trois plaies, rien de grave, et quelques marques entre le bleu et le rouge. Rien de bien méchant en somme. On pouvait dire que j’étais ressorti gagnant de la rixe. Dommage que le prix serait un sermon – ou engueulade, ou autre du genre – de celle que je considérais comme ma fille. La nuit était loin d’être terminée…

    - Je suis désolé de t’avoir fait déplacer à une heure pareille et pour une telle... situation.

Round 1.
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Arioce
Chapitre XVII - Episode 5


    Fragment de vie – Déjeuner en Paix – Dimanche.

Première gorgée. Mmmh… excellent ! Et ce n’était que le début. Deuxième lampée, alors que j’écoutais la jeune femme répondant au sujet de la messe. Je souris doucement, amusé, lorsqu’elle évoqua m’avoir vu sortir du confessionnal, puis avoua n’avoir rien écoutée préférant imaginer quels péchés pesaient sur mon âme. Ah ah. Je mangeais un morceau de pomme au lard avec un morceau de fromage. M’éclaircissant la voix, je repris.

    - Pour quelles raison alors assistez-vous à la messe si ce n’est pour écouter ?
    Bon certes, cela n’est pas toujours intéressant. Et j’admets également ne pas être toujours très attentif. J’aime surtout la sérénité et le calme qui y règne, prié tranquillement.

Un coup d’œil à Ulrich qui grignotait et buvait tout en portant son regard sur Hope et moi. Il écoutait, attentif. Je n’avais pas pour habitude d’éviter les sujets sensibles avec mes enfants et chacune de leurs questions – qu’importait le domaine – trouvait réponses directe et au plus clair. Cependant, à un bas âge, les enfants aiment répéter à qui veut entendre ce qu’ils ont entendu tantôt. Alors, il faut savoir parfois les préserver – et surtout nous préserver – en évitant que certaines paroles n’arrivent à leurs petites oreilles.
Mais ce n’était pas le cas là.

    - Ah oui ? Amusant en effet. Je suis curieux de savoir auxquels vous avez pensé ? Je vous dirais si cela est bon ou pas. Je n’ai pas grand-chose à cacher.

En effet, pas de grands péchés à avouer, plutôt des petits excès quotidiens et des envies pour diverses choses… Cela m'amusais en tout cas qu'Hope se soit lancée dans un tel jeu, preuve que, mine de rien, elle avait une certaine curiosité ou du moins intérêt pour ma personne.
Ulrich tilta à la question et se mit immédiatement à réfléchir, essayant de classer les nombreux animaux qui le fascinaient.

    - Euuuh… Le griffon ! L’ours ! Parce’que les Horn sont des ours ! Le cheval ! Garou ! Mais il est pu là… Le lapin ! Le faucon d’papa ! Même qui peut voler haut dans le ciel et trop vite ! Et tous les autes animaux que j’ai en figurines !

Le gamin bu une gorgée puis reposant ses yeux pétillants sur Hope l’interrogea avec une pointe d’excitation difficilement dissimulable.

    - Tu voudras les voir ? J’en ai plein plein ! Papa m’en a offert trop ! Et même mon frère m’a promis de m’en faire, pace’qu’il les construit dans le bois.

Et emporté dans sa lancée.

    - Tu joueras avec moi ?! euh… après mangé !

Coup d’œil vers moi, se rappelant de mes paroles. Je lui souris avec amour. Il n'avait pas pu tenir bien longtemps. Bordel… un sacré petit garçon. La chair de ma chair. Ma fierté.

    - Et vous, Hope, un animal favori ? Un que vous apprécier et un qui selon vous, vous définit ?

Réponse qui peut se révéler intéressante et permettre de mieux connaitre la jeune femme, voir comment elle se voit.

    - Chez les Horn, comme vous savez, c'est l'ours. Cela s'est quelque peu imposer de lui même de par mon caractère, ma manière de vivre et mon physique. Peut être qu'avec les années, ça évoluera, bien que je pense que plus les années passeront, plus le côté ours sera dominant. A voir ce qu'il en sera pour mes enfants lorsqu'ils prendront de l'âge.

Pour l’heure, simple discussion avant d’attaquer un sujet plus sérieux. Profitons que nous soyons tête à tête, confortable et les esprits apaisés pour parler du cas Elvyna, mais aussi de l’entrainement, de faire un premier bilan.
Je souris à la jeune femme et bu plusieurs gorgées accompagnées des apéritifs. Il fallait y aller molo, pour laisser de la place pour la suite qui ne devrait tarder à arriver.
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Hope
Chapitre XX - Episode 4

    Fragment de vie – Soirée et nuit du 12 Avril – Béziers.



Tournant en rond dans sa petite chambre, ne sachant comment tuer le temps, elle décide de se rendre sur le lieu de rendez-vous fixé par le maitre d'arme, un peu plus tôt que prévu.
Respirer un bon bol d'air frais, se dégourdir les guiboles, avant d'entamer les choses sérieuses avec ses deux acolytes.

Sauf que... sortant de l'auberge, elle est à deux doigts de rebrousser chemin, tant la météo est déplorable.
Ciel chargé de ses nuages les plus menaçants, camouflant entièrement le peu de clarté lunaire dont ils auraient pu bénéficier en cette nuit, l'astre se réduisant à sa forme de croissant.
Béziers se trouve éclaboussée par un de ces crachins dégueulasses qui nous pousse à rentrer la tête dans les épaules, telle une tortue, et rester cloîtrer chez soi, profitant de la délicieuse chaleur diffusée par l'âtre.

Un soupir de lassitude s'échappe de ses lèvres, alors que résolue, elle se met en route.
Un foyer, une famille, des amis, des proches, leur petit groupe, et ses membres qui chacun se mure dans sa propre solitude, pour des raisons très personnelles, elle la première, c'est pourquoi, elle ne leur jettera jamais la pierre.
A mesure qu'elle approche ses pensées se font de plus en plus sombres, ajoutée à cela l'ambiance nocturne et la bruine, la dépression la guette.

Elle secoue ses boucles jais dégoulinantes, pour chasser ses idées noires et arrivée sur place pose son barda sur une souche, sort une flasque d'eau de vie et boit une toute petite gorgée, histoire de réchauffer un peu son âme si ce n'est son corps.
Pour lui, aucune tergiversation, il faut impérativement le bouger !

Alors, elle commence au moins l'échauffement, et se met à courir en restant à distance raisonnable pour ne point manquer l'arrivée de l'Ours et de l'Ensoleillée.
Et bordel, que ce n'est pas évident lorsqu'il fait aussi sombre et que le terrain est parsemé d'embuches.
Toutefois, à force de pratique, et de concentration, elle parvient à éviter certains obstacles et se maintenir debout lorsqu'elle trébuche, appréciant la montée de la chaleur dans son corps.
Plus de pensées parasites, elle ressent un certain bien-être, et c'est en faisant demi-tour, qu'elle entend les cloches sonner annonçant minuit.

L'Ours et le Corbeau devraient déjà être sur place, elle allonge la foulée pour les rejoindre au plus vite.
En aucun cas, elle ne se doute de ce qu'il se trame.
Qu'il ne viendra pas.
Qu'elle ne sera pas prévenue, vue son absence de l'auberge.

Minuit dépassé de quelques minutes, alors qu'elle rejoint le point de rendez-vous, trempée jusqu'aux os...

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Hope
Chapitre XII - Episode 15

    Fragment de vie – Mars – Château de Marnay – Tu as pris une cuite et tu as la gueule en vrac.


Assise confortablement dans un fauteuil à proximité du lit de la Belle au Bois Dormant, Elvyna l'Impétueuse, elle boit une tisane bien chaude, tout en se remémorant les évènements de cette folle soirée.
Qu'il fût difficile de la ramener jusqu' à sa chambre, la portant à bout de bras, elle, se laissant aller comme un poids mort, puant le dégueulis à plein nez - merci cousine pour ce partage ! - et baragouinant des choses incompréhensibles.

Alors qu'elles essayaient de regagner la chambre, croisant les gardes et le personnel de maison, elle espérait de tout cœur qu'Elvyna ne se souvienne de leur regard, elle, si fière, si altière, ne supportant en aucun cas l'humiliation.
Là, pour le coup elle était servit.
Cependant, jamais elle n'oubliera l'expression de dégoût pour certains, de satisfaction voir de jubilation pour d'autres, la propriétaire des lieux ayant cette propension à savoir se faire mépriser, de par ses attitudes tyranniques.

Une fois entrée dans la chambre, elle avait congédié les servantes, et s'était elle-même occupée de l'ivrogne, telle une garde-malade, à la toiletter non sans être souvent prise de haut le corps, la revêtir d'une robe de nuit, l'asseoir délicatement dans son lit pour ensuite apporter des soins à sa cheville heureusement que foulée, la coucher et la border comme une enfant.
Evidemment, cela ne se passa pas sans heurts, l'Impétueuse se débattant de sa force de fillette, la couvrant de jolis noms d'oiseaux, de menaces de tortures et de mort, bref, de l'Elvyna tout cracher.
Un rapide examen, de son pouls, de ses pupilles notamment, lui confirma ce qu'elle pensait, et l'inquiéta davantage.

Buvant une gorgée de camomille, elle pose ses jades sur sa cousine, profondément endormie, bouche entrouverte, un léger ronflement de pochtronne se faisant perceptiblement entendre dans la grande et luxueuse pièce.
D'où se diffuse des relents de renfermé, de vomi, de gnole et de fumette, heureusement remplacés progressivement par une fumigation de sauge, qu'elle vient de mettre à brûler.

Bordel Elvyna, tu fais chier !
Un long soupir de l'âme s'éjecte de ses lèvres.
Comment peut-elle lui venir en aide, alors qu'elle refuse toute main tendue, préférant se noyer dans le déni plutôt que d'admettre qu'elle a un réel problème.
Voir des fantômes...
Un long frisson d'effroi lui parcourt l'échine.

Non, décidemment quelque chose ne va pas.

Sortant de sa poche la petite bourse contenant les herbes qu'elle avait acheté en ville par le biais du gamin, elle se lève et se dirige vers la desserte à proximité de la fenêtre.
Discrètement, elle se met à fouiller, quelque peu mal à l'aise, fouille qui ne dure pas longtemps, mettant la main rapidement sur le trésor de sa cousine.
Obnubilée par une idée fixe, dérangeante intuition, elle hésite un instant, se mordant la lèvre au sang, et enfin décidée, intervertit le contenu du sachet d'Elvyna, avec le sien, et repose le tout à sa place.

Ni vu, ni connu, l'Impétueuse ne pourra se rendre compte du subterfuge.
Et dans le cas contraire, elle devra assumer les conséquences de ses actes, sachant pertinemment que la colère de sa cousine, pourrait être terrible.
Mais elle veut absolument savoir, connaître la composition exacte de ce mélange végétal, agissant comme un poison sur celle qu'elle apprend à aimer de jour en jour.

Retournant à son chevet, à l'aide d'un mouchoir, elle essuie l'écume qui s'écoule de sa bouche, dégage la mèche de cheveux collée à son front, et retourne s'installer dans son fauteuil, décidée à veiller sur elle toute la nuit.




𝒯𝒽𝑒 ℰ𝓃𝒹

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Elvyna
Chapitre XX - Episode 5

    Fragment de vie – Soirée et nuit du 12 Avril - Béziers.


    Les joues rouges, la mâchoire serrée, les yeux fixés devant elle, la Riddermark se dirigea vers la sortie, sans lui accorder le moindre regard, la moindre attention, le moindre mot. Le silence froid et pesant. Elle ignora son remerciement, qu'il se le garde. Il lui faisait tellement la leçon sur son comportement, qu'il ne pouvait en aucun cas faire défaut sur le sien. A partir de maintenant, il n'aurait plus le droit, jamais plus. Elle baissait l'échine quand il était mécontent, pour la remettre sur le bon chemin. A partir de ce jour, elle le giflerait quand il se permettrait.
    La pluie vint inonder son visage, plaquant ses cheveux sur son crâne. Foutu temps, foutu soirée, foutu vassal, foutue vie! Elle remonta la capuche sur sa tête pour se protéger.
    Elle voulait retourner dans sa chambre, au chaud, loin de ce bordel, reprendre son occupation a attendre le temps passer. C'était sans compter sur la parole de trop. Pourquoi ne savait-il pas se taire quand elle était de cette humeur? Elle baissa son regard sur ses mains tremblantes, les serrant en deux poings. Elle devait l'ignorer mais... Sa réaction vive, elle ne la comprit pas non plus avant de lui écraser sa main fermée sur son visage barbu. Mais après tout, il l'avait bien cherché, après tout, c'est ce qu'il avait fait toute la soirée... Animée par une colère qu'elle ne savait de où elle venait, elle lança une seconde fois son poing pour lui viser la joue une nouvelle fois. Ah il voulait se battre et se défouler, et bien il était servi et elle était en pleine forme après tout ses jours à ne rien faire. Il fallait bien rejeter sa frustration et son mal être quelque part. Alors pourquoi pas sur son vassal qui la décevait?
    Là sous la pluie, maintenant le combat était lancé, jusque où ira t'il, seul l'avenir le dira mais elle avait envie d'un verre, en manque, encore, alors elle voulait terminer cette affaire au plus vite.

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