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[RP] Vadrouille, Sueur et Pipe.

Roxane_cardinal
      Fragment de vie – Soirée et nuit du 12 avril – Béziers.


    Solyaane n’était jamais en retard. Elle avait toujours mis un point d’honneur à être à l’heure, et même en avance, quel que soit le rendez-vous. Et elle détestait qu’on la fasse attendre. Le manque de ponctualité était à ses yeux un défaut particulièrement réprimandable, qui trahissait un manque de rigueur potentiellement dans certains cas.

    Nous disions donc : Solyaane n’était jamais en retard.
    Sauf ce soir.
    Étendue sur son lit, épuisée par les lents changements d’un corps qui ne tarderait pas à trahir son secret, elle avait fermé les yeux quelques instants, juste un peu, en attendant le moment de se rendre à l’entraînement avec Hope. Mais, une fois n’étant pas coutume, Morphée l’avait acceptée dans ses bras, elle, l’insomniaque notoire qui peinait à rassembler ne fût-ce que deux heures de sommeil par nuit.

    Son bref repos fut hanté par une présence diffuse, douloureuse. Le souvenir lointain d’une peau satinée sous ses doigts, d’un grand regard d’azur pétillant, de boucles rousses effleurant son cou… Un manque qui lui rongeait le coeur et l’âme, en dépit de ses efforts pour tourner la page. C’était elle, Solyaane, qui avait décidé de partir, après tout. Elle n’avait pas le droit de regretter.
    Elle se réveilla en sursaut, le palpitant cognant à tout rompre, la nausée au bord des lèvres, et se redressa brusquement sur son lit. La pénombre qui l’accueillit lorsqu’elle rouvrit les yeux l’informa que quelque chose ne tournait pas rond.
    Son regard se tourna vers la fenêtre. Il faisait nuit noire, et le crépitement diffus et paisible de la pluie contrastait avec sa fébrilité. Solyaane se laissa retomber sur le matelas, en proie à une agitation inexpliquée. Ces dernières semaines, sa sensibilité était exacerbée. Elle en connaissait les raisons, mais il devenait de plus en plus difficile de s’en cacher. Bientôt, les autres membres du groupe seraient au courant.

    En parlant du groupe…


      “- Bordel !”


    L’entraînement !
    Solyaane se releva d’un bond. Un bref vertige s’empara d’elle lorsque ses pieds revinrent en contact avec le sol. Elle l’ignora ; ce n’était pas le moment. Elle attrapa son sac, son épée, sa dague, et sans prendre le temps de fixer tout cela, elle se précipita hors de sa chambre. Elle n’avait aucune idée d’à quel point elle était en retard, mais elle se maudissait déjà pour cet écart.
    Elle tomba nez à nez avec un homme qui s’apprêtait à frapper à sa porte. Solyaane s’arrêta, interdite, le toisa de haut en bas, et lui demanda un peu brutalement ce qu’il lui voulait.
    Elle ne fut pas déçue de la réponse…

    Quelques minutes plus tard, elle était dehors, courant sous l’averse battante. Le messager n’avait pu prévenir que Solyaane. Elle était presque à court de souffle lorsqu’elle parvint au point de rendez-vous fixé pour l’entraînement. Les yeux plissés, elle distinguait vaguement une silhouette familière à travers l’épais rideau de pluie, déjà en mouvement. Fidèle au poste.
    Dans un fracas métallique, le Corbeau laissa tomber sac et armes au sol. Elle s’apprêtait à héler Hope, mais un haut-le-coeur sournois lui coupa la parole. Pliée en deux, elle se précipita quelques pas plus loin pour vomir son maigre dîner, cachée dans l’ombre d’un arbre.
    Elle se redressa, tremblante, passant le dos de sa main sur ses lèvres. Pourvu que la jeune élève d’Arioce n’ait pas assisté à cette faiblesse passagère… Du moins, pas si passagère puisque Solyaane s’efforçait de dissimuler son état depuis maintenant plusieurs jours, si ce n’était plus.

    Le visage levé vers le ciel, accueillant l’eau glacée mais salvatrice sur sa peau, elle prit quelques secondes pour reprendre contenance, avant de se diriger vers Hope.


      “- Bonsoir Hope. J’espère que vous me pardonnerez mon retard. Il y a eu un… fâcheux contretemps.”


    Elle devait parler fort, pour couvrir le bourdonnement incessant de la pluie. Ce qui ne l’empêcha pas de sourire lorsqu’elle fut assez près de Hope pour qu’elles se reconnaissent.


      “- On va faire l’entraînement à deux, cette nuit. Arioce ne viendra pas, il a préféré rester au chaud… en prison.”


    Les derniers mots s’étaient parés d’un ton narquois, sans même qu’elle ne le fasse exprès. Mais elle aurait tout le temps, plus tard, de se moquer de lui.


      “- Elvyna est allée le chercher, je crois. Je pense qu’ils vont avoir une petite discussion, qui risque de durer. Mais ça ne nous empêche pas de faire ce pour quoi nous sommes ici, si vous le voulez bien. Surtout dans de telles conditions… l’entraînement risque d’être intéressant.”


    Et, le plus naturellement du monde, elle se mit à courir à petites foulées pour l’échauffement.
Roxane_cardinal
      Suer sang et eau – Mars – Un sanglier ?


    L’Ours ne fut pas long à rejoindre le Corbeau dans les branchages. Il fut accueilli par un sourire complice. Tous deux étaient ravis d’être là, de se dépasser et de s’affronter ensemble dans l’effort et la pugnacité. C’était un peu comme si les interminables mois qui les avaient séparés n’avaient jamais existé. Du moins, ils n’avaient pas altéré l’amitié que Solyaane portait à Arioce.

    Froncement de sourcils lorsque, contre toute attente, Hope décida soudain de redescendre pour s’enfoncer dans les talus. Que fabriquait-elle ? Un regard d’incompréhension fut échangé avec Arioce, suivi d’un haussement d’épaules désabusé. Elle avait sans doute ses raisons.


      “- Elle a peut-être retrouvé son sanglier.”


    Rire étouffé, et Solyaane entreprit de rejoindre la terre ferme, avec précautions. Elle n’était pas à l’abri d’un nouvel accès de nausée, et n’avait pas très envie de vomir ses tripes ou, pire, de tomber dans les pommes sous les yeux d’Arioce. Hors de question qu’il la croie faible.


      “- Je la suis. On se rejoindra ensuite. Sois prudent !” ajouta-t-elle malicieusement, avant de s’élancer dans les fourrés.


    Ne perdant pas de temps, elle partit directement au pas de course, tous les sens aux aguets, à l’affût du moindre indice qui lui indiquerait ce qu’était partie faire Hope. Elle se sentait dans son élément, sous le couvert des arbres. La forêt était son terrain de jeu depuis des années. C’était son élément. Elle pouvait s’y fondre, s’y repérer, s’y exercer à la chasse. Ce jour-là, retrouver la trace de la jeune femme devrait être un jeu d’enfant, même si elle avait pris un peu d’avance.
    La voix lui parvint de loin. Solyaane la reconnut aisément, même sans en comprendre les mots à cause de la distance. Elle étira un sourire satisfait tout en se dirigeant vers la source du bruit. Mission réussie.
    Plissant les yeux pour distinguer sa proie à travers les arbres, elle repéra enfin ce qu’elle cherchait. Mais aucun sanglier ne semblait se tenir là. La bestiole dénichée par Hope était bien trop… colorée. Perplexe, le Corbeau accéléra le pas pour se faufiler dans les buissons. Elle y marqua une brève halte, quelques secondes, le temps d’évaluer la situation.

    La jeune femme qui faisait face à Hope ne lui était pas inconnue. Elle l’avait déjà croisée, longtemps auparavant, à Dijon. Lyanéa et elle lui avaient même dédié un pilier gravé dans la taverne de la Flamboyante, aux côtés de celui qui représentait Arioce. Elle se souvenait très bien d’une bagarre entre l’Ours et Elvyna, puisque c’était elle, au cours de laquelle une chaise avait été maltraitée et assassinée par les deux brutes.
    Ainsi donc, elle avait voulu les suivre à l’entraînement ?

    Sans plus réfléchir, Solyaane s’extirpa des buissons et se redressa, l’air de rien, à quelques pas de Hope, et se fendit d’un sourire cordial.


      “- Bonjour Elvyna. Ça faisait longtemps.”
Roxane_cardinal
      Fragment de vie – 14 avril, vers 15h – Plage de Narbonne.


    Bottes posées à côté d’elle, braies remontées jusqu’à ses genoux, Solyaane était assise à même le sol. La plage était encore presque déserte. Il n’y avait qu’elle et la mer. Les vagues roulaient sur le rivage avec cette langueur caractéristique de la Méditerranée. On était loin des rouleaux furieux et luisants d’écume qui se fracassaient sur les falaises de sa Bretagne natale en vociférant la haine d’un océan tout-puissant.

    Mains et pieds enfouis dans le sable tiède, Solyaane pencha légèrement la tête en arrière, offrant son visage aux rayons caressants du soleil. Ses longues boucles noir de jais cascadaient librement dans son dos, plutôt que d’être attachés. Elle avait rangé ses vêtements d’entraînement et ses armes au profit d’une tenue plus simple, presque… estivale. L’air était doux, l’hiver s’en était allé pour de bon.
    Une fois n’était pas coutume, l’Ensoleillée portait bien son surnom. Elle se sentait bien, ce jour-là. Son corps avait daigné lui laisser un peu de répit, après des semaines de nausées, vertiges et autres maux. Elle était même étonnée que personne n’ait encore repéré ce qu’elle s’appliquait à cacher. Déjà, son ventre était moins plat, s’arrondissant presque imperceptiblement, probablement pas assez pour que quelqu’un qui n’était pas habituée à la voir sans ses vêtements s’en rende compte. Mais suffisamment pour qu’elle puisse voir la différence. Le doute n’était plus permis.

    Solyaane replia ses genoux contre elle et encercla ses jambes de ses bras. Son regard bleu se perdait dans l’étendue scintillante de l’eau salée. Ses compagnons ne devraient pas tarder ; Arioce, en tout cas, arriverait certainement bientôt. Quant à Hope et Elvyna, peut-être se joindraient-elles aussi à eux.
Hope
Chapitre XXI - Episode 2

    Fragment de vie – 14 avril, vers 15h – Plage de Narbonne.


L'idée lancée sur un coup de tête, en taverne, et comme la plupart du temps, acceptée et validée par son maitre d'arme, la voilà prenant le chemin de la plage de Narbonne.
En ce jour, il fait grand soleil, il fait bon, le ciel est bleu, les oiseaux chantent, la vie est belle, tout simplement.

Bien qu'au départ, elle pensait qu'ils seraient tous les deux, seuls, il l'informe quelques heures plus tard, qu'il a proposé à quasiment tout le monde de se joindre à eux.
Encore maintenant, elle ne comprend pas bien sa vive réaction, envahie qu'elle fût par une incontrôlable et surtout inexplicable... déception.
Une lubie, rien d'autres !
Et sans doute légitime, puisqu'ils passaient le plus clair de leur temps ensemble.

Elle chasse ses extravagantes pensées de sa tête en secouant ses boucles jais et presse le pas.
Arrivée à la plage, vêtue naturellement d'un bliaut en velours ciselé dont elle relève les pans, pour ôter ses chausses, elle marche sur le sable chatouilleux, ses doigts de pieds appréciant l'effet massant des billes de silice.
Portant sa main en visière, il lui semble apercevoir une silhouette distordue dont les contours se précisent à mesure qu'elle s'approche presque sans bruit.
Un sourire se dessine sur ses lèvres, reconnaissant sans hésitation l'Ensoleillée, assise à même le sol offrant son visage aux doux rayons solaires.

    - Bonjour ma chère accolyte...


Se plaçant à ses côtés, toujours souriante, faisant attention à ne pas lui apporter d'ombre et donc gâcher son plaisir, elle reste debout, tout en déposant sa besace au sol.
Ses jades se posent sur l'immensité de la mer, bien plus calme dans cette région que par chez elle, son petit village tant battu par les vents de l'Atlantique créant cette curiosité géologique de la dune géante, depuis des millénaires.
Une ombre nostalgique passe dans son regard un bref instant, pour disparaître aussitôt.

L'envie de se baigner la tenaille, bien qu'elle sache pertinemment que ce n'est point... politiquement correct.
Mais elle ne serait pas Hope dicte Peryl l'intrépide, si elle commence à tergiverser et devenir raisonnable.
De toutes manières l'appel de l'eau se fait, plus insistant, et surtout plus irrésistible.
Au diable la raison !
Ni une ni deux, la voilà qui retire son bliaut pour se retrouver en chemise, et c'est d'une voix enjouée qu'elle s'adresse à Solyaane :

    - Vous m'accompagnez ?

Et même pas, elle l'attend, elle et sa réponse.
Et même pas, elle se demande si la jeune femme aime se baigner ou nager.
La voilà, courant vers l'étendue miroitante, pataugeant un petit moment dans les vaguelettes pour s'enfoncer plus loin et plus profondément dans l'immensité océanique, et hop ! un piquage de tête plus tard, elle refait surface en criant :

    - Venééééééééééz !


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Elvyna
Chapitre XIV - Episode 15

    Suer Sang et Eau – Mars.



    Prenant un air inquiet aux craquements qu'elle entendait, un sentiment qu'on l'épiait lui faisait frissonner le dos, elle continua sa marche, mal à l'aise. Quelle idée de s'être arrêté pour son envie pressante, ou alors, elle aurait mieux fait de rentrer. Elle ne souhaitait plus sortir des endroits clots, et le sentiment qu'elle ressentait a cet instant lui donnait raison, les murs autour d'elle était plus sécurisant. Depuis quand était-elle une froussarde? Elle était restée trop de temps dans des bureaux ou à la maison depuis quelques années. Ses sens s'étaient restreins et les anciennes sensations perdues. En résumé, elle s'était encroutée. Resserrant les bras autour d'elle, elle pensa a autre chose pour se changer les idées. Comme par exemple, voir les morts quand elle était défoncée. Elle recommencerait bien une fois rentrée, elle voulait revoir sa soeur et lui parler.

    Tout d'un coup, elle hurla, sauta en arrière et brandit sa dague en avant en ne s'étant même pas rendu compte qu'elle l'avait dégainé. Mais une ombre était apparue devant elle, elle s'attendait à un gros ours, mais non, c'était seulement sa cousine. Pour une entrée discrète... Elle soupira de soulagement, baissant son bras armé.


    - Bon sang Hope! Qu'est-ce que vous prend! J'aurais pu vous blesser.

    Posant une main sur son palpitant qui se déchainait, elle respira un bon coup pour l'apaiser. Prenant ensuite un air innocent.

    - Que faîtes vous là? Vous chassez? Bonne idée moi je.. heu ramasse des champignons pour le repas de ce soir.

    La blague, depuis quand elle n'avait pas mangé avec eux? Et là tout d'un coup, elle proposait un repas de groupe. Etait-elle convaincante? pas du tout.
    Elle ne souhaitait pas rester dans le coin au cas où les deux autres débarqueraient, Hope l'avait sortie d'affaire une fois, pourquoi pas deux? Elle s'apprêtait à lui dire de retourner auprès d'Arioce et Solyanne sans dire qu'elle l'avait vu. Mais avant qu'elle ne pu, elle hurla a nouveau et manqua de tomber à la renverse en effectuant des moulinets avec ses bras.
    Une autre brune apparue tout aussi délicatement. La prochaine fois, elle ne s'en remettra pas, c'était sur. Elle entreprit de calmer son coeur terrifié, encore. Jamais deux sans trois comme on disait, mais elle était prête au cas où.
    Sondant la brune, elle plissa les yeux. Elle la connaissait pour l'appeler par son prénom? elle ne savait plus, son esprit lui jouait des tours en ce moment, surtout quand elle était sobre, et quand elle ne l'était pas, le brouillard couvrait son esprit, elle ne se rendait pas trop compte de ce qu'il se passait autour d'elle. Elle sourit poliment.


    - Bonjour.. oui effectivement, cela fait tellement longtemps.

    Elle s'appelait comment déjà? Mais cela aurait été mal poli que de lui demander et on la prendrait encore plus pour une folle a oublier les personnes qu'elle était censée connaître. Au moins, elle ne se mouillait pas, ça passait surement inaperçu. Elle se demandait toujours pourquoi elle était là, était-ce une personne qu'elle aimait bien ou pas? Elle resta évasive pour être neutre et ne pas attirer l'attention.

    - Mmmh vous vous amusez bien? Bon il se fait tard, je.. je vais rentrer, surement à bientôt.

    Un signe de tête et les contourna pour rentrer avant qu'Arioce débarque a son tour. Elle le fuyait pour différentes raisons ces derniers temps.

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Arioce
Chapitre XXI – Episode 3


    Fragment de vie – 14 avril, vers 15h – Plage de Narbonne.

    - Nappe ?
    - Oui. J’imagine mal Elvyna s’assoir sur le sable… Puis faut que je pense à me faire pardonner.
    - Serviettes ?
    - Deux grandes.
    - Casse-croute ?
    - Bien sûr ! Et un bon vin avec ça.
    - Ivrogne.
    - Aussi oui.

Ricanement.

    - Chapeaux ?
    - Sont sur le lit.
    - Ulrich, Timothée, Père, et moi ?
    - On est au complet !
    - La plage ! La plage ! La plage !

Je souris, amusé de l’excitation du jeune Horn. Il était vrai que depuis l’annonce d’un après-midi à la plage, les enfants étaient particulièrement emballés. Et il fallait dire que… moi aussi ! Et pourtant, l’idée était venue subitement, avec Hope – c’était en sa compagnie que nous venait nos meilleures idées – en taverne, le matin même. Proposition forte intéressante ! Surtout que le lendemain, nous quitterions les côtes de la Méditerranée pour peu à peu s’enfoncer dans les terres et plus exactement, les montagnes. Alors, il fallait en profiter une dernière fois. D’autant plus, Ariane allant franchement mieux, je ne pouvais que me réjouir et voulait qu’elle s’amuse le plus possible.
J’organisais donc le tout. Après-midi avec tout le monde, histoire de passer un temps tous ensemble puis baignade nocturne qu’avec Hope, parce que… mmmh… sa compagnie est des plus appréciables. Et si cela tenait toujours, avec l’humeur changeant de la jeune femme…
Marchant d’un bon pas directement la mer, les cloches sonnèrent 15 heure. Quelques minutes plus tard, le sable fin était en vue ce qui déclencha un enthousiasme nouveau, les Oursons partant en avant pour rejoindre au plus vite la plage. Avais-je envi de courir avec eux ? Bordel que oui ! Au lieu de cela, un plus grand sourire se dessina sur mon visage, admirant mes rejetons s’égayaient.
Bottes s’enfonçant dans les grains, je me dirigeais – à vif allure – vers le coin où se trouvaient les deux jeunes femmes, une d’ailleurs déjà dans l’eau. Lâchant, sans un regard, mes affaires et retirant à la va vite chemise et chaussures je partis dans une course folle, à la poursuite de mes enfants en tenus de bain, mais également, et surtout, de l’eau.

    - ALLEZ ! A L'EAU !

Joie communicative, j’éclatais de rire alors que le petit Ulrich tentait de rattraper sa sœur qui atteignait déjà les premières vagues dans une hilarité totale. J’attrapais l’enfant dans mes bras, ralentissant juste assez ma course pour pouvoir le faire, et accélérais à pleine vitesse, le gamin se marrant et s’exclamant.

    - OUIIIIIIII !! LA MER ! PLUS VITE !

Grands bruits marin et éclaboussures nous reçurent. J’entrais dans l’eau, ne m’arrêtant pas, jusqu’à la taille. Ulrich, cramponné à moi et des plus joyeux, lâcha un cri de surprise quant à froideur de l’eau si subite. Elle était bonne, pas comme en été, mais bonne.
Large sourire, je reculais de plusieurs pas jusqu’à ce que j’estime qu’il ait pieds puis le posais. Et sans tarder, le voilà à patauger dans l’eau, partant jouer avec sa sœur.
Je fis demi-tour et entrepris de rejoindre Hope, qui se trouvait un peu plus loin, plongeant dès que la profondeur me le permis pour finir de me tremper.
Pieds au fond, j’émergeais dans un saut à quelques centimètres de mon élève, exagérant les éclaboussures, pour l’embêter. Me passant une main sur le visage pour virer les gouttes et voir plus clair, je lui souris.

    - Meilleure que celle glacée de l’hiver !

Puis me tournant vers la rive, j’observais Timothée tranquillement se préparer à entrer dans l’eau, mes enfants jouer à une distance respectable, là où ils ont largement pieds et Solyaane, un peu plus loin.

    - Ramène tes fesses, l’Ensoleillée !

Coup d’œil à Hope.

    - Bonne nageuse en mer ?

Autrement dit, une petite course, ou encore, on s'affronte dans l'eau.



Marron : Arioce.
Indigo : Ariane.
Olive : Timothée.
Bleu foncé : Ulrich.

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Hope
Chapitre XXII - Episode 1

    Fragment de vie – Nuit du 14 avril – Plage de Narbonne.



Baignade nocturne en prévision, elle se rend de nouveau sur la plage, pour la dernière fois avant un bon bout de temps, la petite troupe continuant le voyage à l'intérieur des terres.
Le ciel est dégagé pour cette nuit narbonnaise, contrairement à la pluie diluvienne qui s'était déversée sur Béziers quelques jours plus tôt.
La lune entrant dans sa phase de premier quartier apporte une douce clarté sur le sable, qu'elle avait foulé dans l'après-midi, l'air marin plus frais et revigorant.

Pas d'entrainement ce soir - il a dit -, alors...
Ben alors, elle va s'y adonner, seule.
Réaliste, elle sait que la fin de son apprentissage s'approche à grands pas, que bientôt, il ne pourra plus rien lui apporter de plus, puisqu'elle progresse plutôt bien.
D'ailleurs, ils avaient évoqué le sujet, c'est donc résignée, qu'elle s'est faite à cette perspective, malgré une certaine nostalgie.
Foutu attachement, bordel !

Affection qu'elle ressent pour tous ses êtres chers qui gravitent autour d'elle, chacun avec son tempérament, ses qualités, et sa part d'ombre.
Et comme elle déteste se sentir liée, prisonnière, retenue dans ses émotions, qui ne demandent qu'à se déverser.
Dans ces moments-là son besoin de tout contrôler, s'étiole, part en fumée, la laissant finalement désarmée et potentiellement en danger.
S'oublier au profit de l'Autre... au point d'user de subterfuges, de mensonges, de... luxure.

Pour autant: quelque chose est en train de changer, sa noirceur s'édulcore depuis un certain temps.
Elle avait fait le vœu - exaucé - de se rendre en la capitale de la débauche, Montpellier, pour goûter à ces plaisirs malsains qu'elle affectionne, et pour autant était restée sage comme image, n'ayant goût à rien, et surtout n'éprouvant aucune envie de s'abandonner à cette sensualité lascive dont elle est si friande d'habitude.

Ebranlée ?
Oui, un peu.
Libérée ?
Totalement.
Enfin... presque

Elle pose son barda au sol, et commence l'échauffement, course dans le sable ce qui complique grandement l'effort, séries de pompes - grrrrr ! - fentes, étirements etc...
Bien échauffée, elle attrape l'écu et l'épée en bois, et simule un duel, avec un adversaire imaginaire, mettant en pratique les enseignements d'Arioce mais aussi de l'Ensoleillée, y mettant tout son cœur, sa ténacité et son intelligence, en élaborant des scénarios vraisemblables ou pas.

Trempée de sueur, à bout de souffle, et plutôt satisfaite, elle prend sa gourde, boit plusieurs longues gorgées, et se repose quelques minutes.
Regard de nouveau porté vers la mer, elle retire son équipement, ne laissant que sa chemise à même la peau et se dirige droit vers la mer, d'où la lune semble s'admirer, telle Narcisse, ébloui par sa propre beauté.

Sans surprise la température de l'eau a grandement chuté, et c'est serrant les dents, qu'elle avance lentement, s'immergeant progressivement, parcourue par un grand frisson.
En quelques mouvements de brasse , elle se sent déjà mieux, réchauffée, et se tournant sur le dos, observe la voute céleste, baignant les environs de sa lueur bleutée.

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Arioce
Chapitre XX – Episode 7


    Fragment de vie – Soirée et nuit du 12 Avril – Béziers.

Son poing me frappa en plein dans la mâchoire. Elle n’y était pas allée de main morte… L’avais-je vu venir ? J’aurais dû, peut être…
Alors que la douleur était encore bien diffuse, d’autant plus qu’elle venait raviver celles de la baston, j’entrevis un second geste vif venant droit sur moi. Le premier, elle m’avait surpris, le second, je suis préparé. J’esquivais le coup d’un mouvement de tête et attrapais le poignet de ma suzeraine.
Yeux dans les yeux, je voyais colère y brûler, et certainement une grande déception.
Afin d’éviter une nouvelle réaction violente, je saisie son autre main fermement.

    - Arrête Elvyna !

Soupir de l’âme… Et pour accentuer le tout, il pleuvait de plus en plus alors que, dans mon dos, je pouvais entendre les ricanements des geôliers. Y avait-il de quoi rire… ?
Je le méritais. Juste un peu. N’avais-je pas le droit de faire un pas de côté de temps à autre ? Après tout, je n’avais rien fait de mal. Si ça n’avait pas dégénéré dans le taudis, rien de tous cela ne se saurait su. J’aurais dit avoir pris quelques coups de Timothée lors d’un entrainement privé et ça serait passé sans aucune difficulté. Mais non… Pris la main dans le sac, je ne pouvais plus trouver d’excuse.

    - Je suis désolé.

Désolé que tu aies vu, que tu sois maintenant impliquée et que cela te peine tant. Je discernais dans son regard qu’elle voulait en découdre physiquement, cependant, il était hors de question que je lève la main sur elle.
Je ne savais quoi dire… Et pourtant, il y aurait des choses à dire ! Lui expliquer pourquoi, ce que ça m’apportait et le certain besoin – assez rare – que j’avais a ainsi me battre. Rien. Et je pressentais que toutes paroles ne feraient qu’attiser le feu en elle. Néanmoins, je desserrais ma poigne, prenant le risque d’un retour de flamme. Ce soir, j’assumerais. Le regard sur elle, j’attendais.
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Arioce
Chapitre XXII – Episode 2


    Fragment de vie – Nuit du 14 Avril – Plage de Narbonne.

Même décor et pourtant nouveau cadre. Voile qui se voulait de plus en plus épais alors que les derniers rayons du Soleil s’éteignaient dans l’horizon. Et pourtant, la noirceur ne sera pas à craindre. A chaude lumière, froides illuminations viendront prendre place. Et la Nuit sera Reyne.
Assis sur le muret de pierre, je l’observais. Elle avait tant progressé… Mouvements précis et puissants. Gestes maitrisés et assurés. Techniques exécuté parfaitement. Corps et armes en symbiose. De toute beauté. Elle est de toute beauté.
J’étais fier. Fier d’elle, fier du travail accompli, des efforts, de sa témérité. Malgré toutes les difficultés, les douleurs – tant physique que mental –, les courbatures et souffrances constantes, elle était là. L’obligeais je à s’exercer ce dimanche soir ? Absolument pas. Celle d’elle-même, elle y tenait. Chaque jour, l’un après l’autre, elle était au rendez-vous, que je sois présent ou non, elle, elle foulait l’herbe, le sable, les pierres, armes aux poings. Les nombreux efforts et sacrifices payaient, au quintuple. Deux styles pour n’en former qu’un, le sien.
Les jours passaient, l’heure de la fin avec. Avais-je accomplis mon devoir ? Oh oui et même plus. Et pourtant… j’aimerais que cela dure encore, plus… longtemps. C’est que je l’appréciais cette jeune femme de caractère. Notre relation était loin d’être un long fleuve tranquille – loin de là – mais là était tout le charme, la complexité.
Séance finie.

    Mes yeux se perdirent vers l’horizon, là où mer et ciel étoilé se côtoient. Oh, Mélancolie. Amie qui partage mon chemin depuis maintenant quelques temps. Qui va, qui vient. Libre. Ce bonheur d’être triste.*
    Cette plage de Narbonne. Point de départ. De chute, peut-être. Doux souvenirs d’un passé qui commençait à se faire vieux ; dix ans ?
    Elle. Passée…

Je me levais et posais mes bottes dans le sable à – présent – enchanté par cette baignade.
Hope avait déjà rejoint l’eau. Ne pouvait-elle pas m’attendre ? Ou ne m’attendait elle pas ?
À bas le chapeau, suivi de près de la chemise puis des chausses. Le vent nocturne s’engouffra dans mes poils. Printemps n’était pas été, et s’il avait fait beau et bon cet après-midi, nuitée était fraiche. Cela dit, une bonne chose, ainsi la différence de température entre l’eau et l’air ne serait bien grande.
D’un pas tranquille et posé, je rejoignis la Méditerranée. Mes pieds me confirmèrent mon pressentiment : froide, mais passable. Sans me presser, j’entrais peu à peu. Mollets, genoux, cuisses, hanches – oh, bordel, ça mord –, taille, buste. Aucun doute, je préférais courir et sauter dans l’eau plutôt qu’y aller doucement. Cependant, il n’était plus le temps des grandes remues.
Plongeon vite fait, bien fait, histoire que l’ensemble de mon corps ait contacte avec l’eau. Et sans plus tarder je nageais en direction de la baigneuse lunaire. Une bonne brasse pour se réchauffer, j’atteignis la jeune femme en peu de temps.

    - Enchanteur, n’est-ce pas ?

Sur place, je levais le nez au ciel.

    - L’on saisit alors pourquoi la nuit fascine tant…. Me tromperais-je en disant que vous y êtes attachée ?

Mmmh… Mes yeux, luisants, se posèrent sur Hope, la détaillant à la lueur de la Lune.


* Victor Hugo.
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Hope
Chapitre XVI - Episode 8

    Suer Sang et Eau – Fin Mars, Empire – Après Minuit.



Désorientée, toujours allongée à contempler le ciel étoilée, elle essaye de retrouver un semblant de calme, que les palpitations de son coeur reprennent un ryhtme normal, que son sang circule à nouveau correctement dans ses veines.
Le bourdonnement dans ses temps s'estompe peu à peu, alors qu'elle l'écoute à peine lui parler, surtout pour débiter des âneries pareilles !
Elle a tellement bien su réagir, qu'elle avait été à deux doigts de le tuer froidement de la pointe de sa dague entre ses yeux.
Ses yeux, ce beau regard brun, qui de sa profondeur avait stoppé immédiatement son action.

Un grand soupir s'échappe de ses lèvres.
Et lui ?
Qu' a t-il aperçu dans ses prunelles, qui elle le sait, sont passées de ce vert lumineux, à la noirceur la plus abyssale.
Charmant héritage de sa mère Teia.
Un jour, alors qu'elle explosait d'une colère froide, elle avait aperçu son propre reflet, et eût pour la première fois, réellement peur.
Peur d'elle-même, et surtout de ce qu'elle était capable d'accomplir.
Dans ses moments là, toute sagesse s'envole, les émotions la submergent tant, qu'elle n'a plus aucun contrôle sur ses paroles et ses actes, irréparables.

Alors oui, qu' a t-il bien pu discerner ?
Le regard toujours accroché aux étoiles, elle se redresse, s'assoit, attrape la gourde qui lui tend et boit plusieurs longues gorgées.
Bien que ce soit plutôt de gnole dont elle aurait grandement besoin à cet instant.
Impossible de lui rendre son sourire, impossible de le regarder droit dans les yeux, impossible de continuer à faire comme si rien ne s'était passer.
Elle avait quand même failli le tuer !


    - Et je ne m'en serai jamais remise...

Un murmure à peine perceptible et qui se perd dans l'immensité de la nuit, alors que la fracassante révélation lui noue la gorge.
Bordel !
Cette fois, elle pose un regard hébété sur lui, toujours le séant sur le sol froid, soudain envahie par une émotion étrange, qu'il lui semble reconnaitre et qu'elle n'aime pas du tout.
Oui bordel ! Il ne manque plus que ça !
Elle doit se reprendre et tout de suite !
Et quel meilleur moyen que de cogner pour faire évacuer la pression et surtout ce sentiment trouble qu'elle éprouve tout à coup à son égard et dont elle veut se débarrasser immédiatement.


Ressaisis-toi, ma fille, tu es sous le choc, c'est normal, mais il faut recouvrer tes esprits. !

Elle se relève en grimaçant, les douleurs infligées à son corps se réveillant, elle décide de les ignorer, attrape son casque, qu'elle enfile sur sa tête, reprend ses armes, et se met en position, prête à reprendre les hostilités, attendant qu'il en fasse de même.
Sur un ton qui ne tolère aucune discussion, elle lance alors en portant sa première attaque, machoires serrées, un rageur :


    - Encore !

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Hope
Chapitre XVII - Episode 6

    Fragment de vie – Déjeuner en Paix* – Dimanche 7 avril - Montpellier.



Le regard porté vers son maitre d'arme, elle sent celui d'Ulrich posé sur elle, écoutant avec intérêt la conversation des adultes.
Elle s'interroge ; à quoi peux bien penser ce petit homme, en les dévisageant ainsi, si tant est qu'à son âge, l'on ne songe qu'à jouer, rire, manger, dormir, être câliner...
L'innocence d'un enfant, comme elle aimerait retrouver la sienne, perdue, volée, il y a si longtemps, pour sa si jeune vie.
Un soupir silencieux, elle répond un brin de malice dans sa voix tout d'abord aux affirmations du mioche quant à ses préférences animalières :

    - Ah oui ? Le premier que tu cites est le griffon ? Intéressant... C'est un animal fabuleux, fantastique, qui apparaît dans des histoires extraordinaires. Tu aimes les contes imaginaires Ulrich ?

Ne le quittant pas du regard, elle enchaine amusée par son invitation sortant du cœur :

    - Oui je veux bien voir tes figurines et jouer avec toi, après le déjeuner.

Puis, elle lui tend la main pour qu'il la serre, comme pour valider un serment.
A peine a t-elle le temps de reprendre une gorgée de vin qu'une autre question d'Arioce s'ajoute.
Elle a bien envie de lui dire "doucement mon cher" - mollo mon gars à la sauce contemporaine - se retient de justesse et s'enfonçant sans sa chaise, le godet en main, elle préfère procéder par étape :

    - La messe ?Je n'aime pas particulièrement, cependant j'y assiste pour, non pas prier, cela je peux le faire n'importe où, n'importe quand, je sais que de toutes façons, je serai entendue.
    Non. Si j'assiste à la messe c'est pour rencontrer des gens, les observer, souvent à leur insu, imaginer leur vie, ce qui les troublent... comme vous.

Sourire amusé, elle attrape un morceau de fromage, boit une nouvelle gorgée de vin et continue dans cette franchise qui la caractérise :

    - En ce qui vous concerne, je vois en premier la gourmandise, vous êtes un épicurien.

Se tournant vers Ulrich et lui accordant un clin d'œil complice.
    - Heureusement pour lui, ton père s'entraine durement, sinon, il aurait un ventre comme ça !, et des joues comme ça !

Exagérément, elle mime l'arrondi du bide, et gonfle ses pommettes, pour retrouver rapidement son sérieux et continuer ses allégations, provocatrice à mort :

    - Qui dit bonne chère, peut supposer un autre type de chair...tout aussi... appétissante.

Elle plante son regard droit dans ses yeux, après tout un homme reste un homme...

    - Bien que dans votre cas... Je ne pense pas que vous soyez du genre à fréquenter ce genre d'établissements. Au sujet de l'autre péché... vous n'êtes pas radin, ni envieux, vous êtes croyant et pratiquant.

Penchant sa tête sur le côté, mimique étrange, qu'elle reproduit à chaque fois, qu'elle est intriguée, elle le scrute de son regard jade perçant :

    - Vous êtes un orgueilleux, enfin... c'est difficilement perceptible, mais vous souhaitez toujours paraître sous votre meilleur jour, vous ne montrez que rarement vos faiblesses, et surtout vos défauts.

Elle s'emballe tout à coup, effet du vin, ou de toute autre chose ?

    - Vous faites tout pour qu'on ne puisse rien vous reprocher. Vous me donnez l'impression de vouloir montrer une certaine perfection de vous-même. Et vous savez quoi ?

Se penchant vers lui, oubliant un instant la présence de l'enfant :

    - Ca m'agace fortement ! Et que j'aime quand vous vous faites brusquer par les dames, autant physiquement que verbalement, vous voulez tellement conserver cette image lisse de protecteur, d'homme bien, que vous ne bronchez pas, vous gardez juste ce petit sourire si détestable.

Pointant son index, accusateur vers lui :

    - Vous êtes un orgueilleux !

Elle faillit ajouter " et un manipulateur ! ", sans doute pour mieux se rassurer et se ravise, se sentant observée à la dérobée par le gamin.
Bordel, elle lui intente un procès ou quoi ?
Pression évacuée comme une soupape, - pourquoi tant de passion dans ses propos ? - elle finit son godet de vin, lui tend pour qu'il la resserve, alors qu'une douce chaleur envahie son visage.
Pour calmer l'ambiance, elle saute du coq à l'âne en répondant à son ultime question :

    - Mon animal favori ? L'effraie des clochers, cette silencieuse et magnifique Dame Blanche, qui comme son nom l'indique effraye. C'est pourquoi on la retrouve souvent clouée sur les portes.

Merde...
Pourquoi devient-elle si volubile tout à coup, elle qui n'apprécie pas forcément dévoiler sa personnalité.
Pourquoi se révéler à lui ?
Et surtout pourquoi ce ton si sarcastique ?

Comme pour se donner contenance, elle picore un morceau de pomme au lard, et attend avec impatience, qu'on vienne les servir, histoire de créer une diversion et faire retomber son malaise.
Cependant, puisqu'ils en sont aux confidences, une question la taraude, elle aussi :


    - Pourquoi aimez-vous cela ? Vous battre... Qu'est ce que cela vous apporte ? N'est ce pas le signe d'une colère profondément enfouie ?



* Stephan Eicher

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Arioce
Chapitre XVII - Episode 7


    Fragment de vie – Déjeuner en Paix – Dimanche 7 avril – Montpellier.

Vidant son verre en quelques gorgées bruyantes, l’enfant n’avait cure de ce que pouvait être retenu et politesse. Et puis, il avait comme exemple moi, son père, qui pouvait vider une chope en moins de temps qu’il faut pour le dire, alors…

    - Ma sœur me raconte des histoires ! Beaucoup, beaucoup ! Lorsqu’on joue ou dans le lit, la nuit.

Je souris en voyant les yeux de mon fils s’illuminer de mille feux Hope acceptant de jouer avec lui. Il se tourna vers moi, me sourit, à la fois excité et content, puis reporta son regard sur la jeune femme.

    - On va cro bien s’amuser ! J’ai plein plein d’animals !
    - Animaux, Ulrich.
    - Animaux !

Il observa un instant la main d’Hope avant de saisir qu’il devait la serrer. Petite mimine dans celle de l’adulte, il serra frénétiquement la main, joyeux, avant de reprendre de quoi grignoter, laissant les grands discuter, mais surtout, imaginant déjà dans quelle aventure ils se lanceront après déjeuner.
Quant à moi, et bien, j’étais toute ouï, les yeux posés sur Hope. Alors… voyons si elle verrait juste.
Gourmandise ? Facile ! Rien que ce déjeuner montre que j’aime manger et boire. Rire de la part d’Ulrich qui élargit mon sourire.
Luxure ? Il est vrai oui. Bien que depuis ma séparation d’avec Louise, elle était en pensée qu’en acte.
Orgueil ? Mmmh… je n’y aurais pas pensé et pourtant, la jeune femme semblait y avoir bien réfléchit. Orgueilleux… Qui ne l’est pas un peu ?
Je perdis mon sourire, affichant une expression plus neutre mais toujours à l’écoute, attendant qu’elle finisse. Il y aurait des choses à en redire. Je ne m’attendais pas à ce que cela tourne limite au jugement, mais cela ne fit que confirmer que j’ai bien fait de l’inviter à déjeuner, nous pouvons ainsi discuter librement et déverrouiller certains points.
Perdu un instant dans mes pensées, je revins à moi, Ulrich tirant sur ma manche.

    - Mmmmh… ?
    - Pap’a ! C’est quoi l’effraie ? Ca fait peeuuur ?
    - C’est une chouette blanche.
    - Ooooh…. Mais… J’ai pas de chouette ! Faut, faut… me faire une figurine de chouette ! Hein papa ? Tu m’en feras une ?! Ou Richaard ! Hein papa ?
    - Oui, je t’en ferais une.

Je souris face à la bouille satisfaite de mon gamin.
Alors que je m’apprêtais à répondre à la jeune femme quant aux trois péchés, elle me posa une question des plus intéressantes, et qui – les choses sont bien faites – entrait tout à fait dans le sujet de ce fameux orgueil.
Mais il allait falloir patienter un peu, la suite arrivait. Chevreau de lait rôti, sauce dorée ; tourte de menues feuilles ; petits légumes de saison ; et galettes de pois-chiche.
De quoi bien commencer à se faire péter le ventre !
Je fis le service, remplissant de façon modeste les assiettes et remplissant très largement les coupes.

    - Bon appétit.

Cependant… je me devais de répondre avant d’attaquer. Je pris néanmoins une bonne gorgée ; c’est que j’avais des choses à dire !

    - Alors… reprenons depuis le début.
    Effectivement, la gourmandise. Je ne le cache pas, je suis un bon vivant.

Sourire, lamée de vin pour appuyer mes dires.

    - La luxure. Forcément, qui dit bon vivant, dit apprécier la bonne chair. Cela dit, et vous avez vu juste, je ne fréquente aucun établissement, mon éducation et ma foi me l’ont enseignés. Cependant… je ne dis pas nécessairement non aux rencontres d’un soir ou deux. S’il y a eu bonne entente, qu’il y a un petit plus, une grande attirance ou tout simplement, que j’en ai besoin, je ne me le refuse pas. C’est assez rare, mais ça s’est déjà fait.

Quelques souvenirs et prénoms en tête. Peu nombreuses, mais bien existantes.

    - Quant à l’orgueil… Vous me surprenez, je dois l’avouer. Très rare sont ceux, ou celles, qui un jour en ont fait mention me concernant, du moins, de façon si prononcer dans l’idée. Vous soulevez un sujet intéressant ! Je pense que tout le monde est orgueilleux dans un certain degré, et je ne cache pas pouvoir l’être. Par contre… vous vous méprenez quelque peu sur le reste.

Mes yeux ne la quittaient pas, alors que je continuais, d’une voix posée et sans aucune animosité, juste tenter de lui expliquer.

    - Oui, j’essaie d’être un homme de bien, honnête, franc, de confiance. Non pas un chevalier servant, mais bien un bon homme. D’ailleurs, je pense que tous devraient vouloir tendre vers cela.
    Vouloir être un homme de bien implique certaines choses.
    J’ai mes défauts, mes faiblesses. Si vous êtes attentive et observatrice, il est parfois assez simple d’en déduire certains. Parfois même, selon les situations que je vis, il est même très facile de les voir. Pas de chance pour vous, en ce moment, je suis relativement bien, heureux, donc… forcément, mes défauts ou faiblesses ne sont pas forcément très visible. Est-ce que l’on peut dire que je les cache pour autant ? Non. Juste que je sais bien me comporter.

Petite gorgée et c’était reparti.

    - Bien sûr que je fais tout pour que l’on ne me reproche rien. Qui aime les reproches ? Personne. Mais ça ne veut pas dire que je me trahis moi-même, je reste en accord avec mes principes et mon désir d’être un homme de bien.
    Et je pense que vouloir montrer l’imperfection intentionnellement de soi-même, c’est vouloir attirer l’attention, cela pouvant découler d’un manque de confiance en soi ou tous autres faits de ce genre.
    Je n’essaie pas de montrer une perfection de moi, j’essaie d’être quelqu’un de bien. De ne pas tomber dans la colère facile, de pardonner, d’ignorer la vengeance, d’aider mes proches, ceux et celles que j’apprécie.
    Contrairement à beaucoup, je n’ai pas besoin de faire le mal pour me sentir exister. De même, se faire un peu brusquer de temps à autre n’est en soi peu de chose ; je garde mes colères pour des choses bien plus importantes et qui, pour le coup, m’atteignent bien plus et donc, me font perdre le contrôle. Ce qui est pour moi, un combat bien plus important et essentiel.

Petit coup d’œil à Ulrich qui se démener pour manger sa viande, préférant ses doigts aux couverts, et n’écoutant plus que d’une oreille, plutôt concentrer sur ce qui finirait dans sa bouche. Sourire, sacré Ourson. Je reviens à la jeune femme à qui j’offris aussi un sourire, simple. Non pas pour d’autant plus l’agacer maintenant que je savais parfaitement qu’elle détestait cela, mais parce qu’elle avait touché un point intéressant et que la réponse le serait tout autant.

    - Question légitime et qui finalement est en corrélation avec le sujet.
    Mais il faut d’abord préciser. J’aime me battre de façon générale car… c’est une passion : aimer se dépasser, le plaisir de maitriser son arme, son adversaire, l’énergie que j’y mets, et j’en passe. C’est un réel plaisir, tant dans l’entrainement que dans le résultat lors d’un duel ou sur le champ de bataille. C’est libérateur, esprit, pensées. Ça me fait du bien, c’est ainsi.
    Ensuite, j’aime me battre à mains nues, participé à des combats plus ou moins illicites, pour me défouler, évacuer toutes les tensions et les colères. Qui dit essayer d’être quelqu’un de bien, dit essayer d’éviter de laisser cours à ses humeurs, mais forcément, cela peut engendrer des tensions. L’on peut voir ça comme des colères enfouies, oui. Me battre, cogner et recevoir, permet de les faire disparaitre. Un autre moyen efficace est l’acte de chair, mais comme je l’ai dit un peu plus tôt, sauf lorsque je suis en couple, c’est assez rare que je le fasse. Donc… indubitablement, je me tourne vers les poings. La méditation m’aide aussi un peu, mais généralement, elle a ses limites…

Si ça ce n’était pas de la sincérité ! Limpide, sans détours, ni dissimulation. J’étais vrai. Et bien que souvent la jeune femme me rappelait me vouloir du mal d’une façon ou d’une autre, moi, je lui faisais confiance. Confiance non pas aveugle et éternelle, mais je lui donnais une chance, comme à tous ceux et celles que j’apprécie.
Enfin, j’attaquais mon assiette, de la pointe du couteau piquais dans un morceau de viande puis de légume et mettais tout cela dans ma bouche, mâchant puis avalant. Bordel que c’était bon avec cette sauce ! mmmmmm !

    - On a tous nos façons de faire pour souffler, se détendre, ne pas devenir fou.

Fin de discours, il était temps de manger et boire, laissant libre à Hope de s’exprimer sur tous ce qu’elle venait d’entendre. J’étais totalement ouvert pour parler de tout, argumenter, échanger, débattre, qui sait, même ne pas être d’accord et se disputer. C’est ça aussi, le plaisir d’une bonne compagnie. La relation humaine.
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Elvyna
Chapitre XXI - Episode 4

    Fragment de vie – 14 avril, vers 15h – Plage de Narbonne.


    Elle avait reçu le message de Arioce, ou plutôt une invitation pour se rendre sur la plage. Quelle idée, il savait qu'elle détestait l'eau. Mais après tout, elle restait solitaire un peu trop souvent. Alors elle se décida à se rendre sur le lieu. Elle resterait loin d'eux pour éviter de subir une mauvaise blague.
    Une fois prête, pas grand chose à préparer du coup, elle se rendit sur la plage qui n'était pas trop loin, entendant déjà le bruit des vagues a ses oreilles.
    Une fois les bottes dans le sable, elle marcha lentement, n'était pas habituée à avancer sur un sol si mou. Ses pieds s'enfonçaient comme pour l'engloutir. Vive les montagnes...
    Elle entendit des voix au loin et s'approcha, pour trouver le groupe dans l'eau, ou du moins, Arioce, Hope, Timothée et les enfants dans l'eau et Solyanne assise sur le sable. Elle repéra directement la nappe et s'installa dessus. Il était hors de question qu'elle pose ses fesses sur le sable, ça grattait surement.
    Remontant ses genoux contre sa poitrine et les enroule de ses bras, elle regarda l'horizon, l'eau roulant sur elle même comme cherchant à l'avaler. Elle se demandait comme les autres n'étaient pas terrifiés par le fond, l'obscurité et le fait de se sentir se noyer.
    La soif la reprenait, elle espérait que le barbu ai pensé à la boisson. Elle attendait, patiente, qu'ils sortent de l'eau, si ils en sortaient un jour, car elle n'ira surement pas les chercher.

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Elvyna
Chapitre XX - Episode 8

    Fragment de vie – Soirée et nuit du 12 Avril - Béziers.


    Elle était enragée, voulant simplement lui exploser la figure. Mais au lancement de son second coup, il réussit à bloquer son attaque et a lui retenir les mains avec force. Elle aurait préféré qu'il rende les coups, pour qu'elle puisse se défouler aussi finalement, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas explosé. Et pour éviter que ça tombe sur un innocent, Arioce faisait l'affaire. Mais non, raté. Il s'excusait encore et c'était tout. Aucune explication ne sortirait de ses lèvres apparemment. Mais voulait-elle les entendre? Pas sur. Elle ne serait surement pas satisfaite et ça ne réglerait pas le problème.
    C'était un maître d'armes, une personne qui devait montrer de la retenu, de l'exemple, il était une personne sur qui on pouvait se blottir pour se sentir en sécurité. De plus, elle tenait à l'ours, beaucoup, comme un père, et une bagarre stupide pouvait mettre fin à ses jours. Elle était pas prête à perdre encore une personne. C'était trop dur à gérer, elle avait toujours des difficultés à contrôler ses émotions, c'était toujours l'extrême quand ça échappait à son contrôle.
    Enfin, il lui lâcha les mains, elle en profita pour dégager son visage de ses cheveux trempés, elle trembla, mais était-ce de froid, ou de colère? Peut importe, elle inspira profondément pour se calmer. Mais à son propre étonnement, elle fondit en larmes, elle qui se mettait dans cet état si rarement en publique, mais elle avait eu peur de le perdre, puis elle n'était pas dans un état normal depuis quelques semaines, trop d'excès, impossible à tout gérer, elle craquait. Et c'était cet idiot qui lui donnait ce coup de grâce elle voulait l'étriper, profiter qu'il l'ai relâché pour l'étrangler, mettre ses mains autour de son cou et serrer aussi fort qu'elle pouvait, l'entendre râler pour chercher l'air, sentir le battement affolé de son coeur...
    Mais non, elle s'approcha, les yeux rouges et posa son front sur son épaule, fermant les yeux, écoutant le bruit de l'eau tomber sur les toits, s'écrasant sur le sol. Certes, il l'avait déçu, elle avait du payer, elle la radine, il lui avait fait honte devant tous, mais ce n'était pas ça l'important pour elle. Alors d'un murmure..


    - Ne me faîtes plus jamais ça, mon seul ordre en temps que suzeraine que je vous impose, restez en vie.

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Hope
Chapitre XX - Episode 9

    Fragment de vie – Soirée et nuit du 12 avril – Béziers.



... Personne ?

Malgré la pluie battante, elle rejoint le point de rendez-vous, et découvre un brin étonnée, qu'Arioce et Solyaane ne sont toujours pas arrivés.
Essoufflée et dégoulinante, elle tourne sur elle-même, plisse les yeux pour scruter les environs, mais ses jades se heurtent à un rideau d'eau plongé dans l'obscurité.

Son cœur se serre, une sombre inquiétude s'insinuant en elle, perverse.
Cela ne leur arrivent JAMAIS d'être en retard !
Un drame est forcément survenu, alors les pires scenarios se disputent son esprit pour obtenir le trophée, ben... du meilleur scénario !
Son rythme cardiaque s'accélère, alors qu'elle attrape son barda et se remet à courir cette fois en direction du centre de la ville.

Tout à coup, elle perçoit un son métallique, aussitôt suivi par un autre qu'elle ne parvient à identifier, mais qui la met immédiatement sur ses gardes.
Armes en main, elle s'approche silencieusement, lorsqu'il lui semble discerner la silhouette ensoleillée, dans une posture bien étrange, et qui se redresse rapidement marchant vers elle d'un pas qui se veut assuré.
Elle ne la quitte pas des yeux, sourcils froncés, prise d'un doute qui est vite balayé par l'intervention du Corbeau.

Elle ne saurait dire quelle émotion est la plus ressentie, à l'écoute de la jeune femme.
Soulagement, stupéfaction, rire, colère... un peu toutes à la fois ?
En temps normal, elle se serait accablée d'une multitudes de questions, mais curieusement pas ce soir, et pas sous ce temps de chien.
Pour l'heure, elle veut en terminer avec cet entrainement, rentrer dans sa chambre à l'auberge, se glisser dans ses draps, bien au chaud.

Note au passage, que l'Horn a préféré la prison - bordel, qu'a t-il bien pu faire ? - plutôt que de les rejoindre, - deviendrait-il feignasse ou peureux ? Héhé - et qu'il doit très certainement subir les foudres de sa cousine, qui va lui faire passer un sale quart d'heure, en guise de double châtiment.

Ebauche d'un large sourire complice qui en dit long, elle repose son matériel au sol, et se met de nouveau à courir aux côtés de son maitre par intérim :

    - Je vous suis... et après les exercices, nous irons quand même nous enquérir de la situation.

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