Heloise_marie
- Limoges, il y a quelques jours.
Cela faisait deux matins qu'elle était rentrée sur Limoges. Deux matins qu'elle s'en revenait de sa vadrouille malencontreuse et soudaine jusqu'au Sud, de ses mésaventures brigandesques du retour et de ses utopiques idées de vie libertaire. Deux matins qu'elle était guérie de cette étrange maladie de l'estomac qui l'avait frappée quelques jours après Montpellier. Deux matins qui la convainquaient que ses nouveaux choix de vie étaient trop parfaits et que tout devrait donc, d'emblée, lui réussir désormais. Tout se passait franchement bien depuis son retour à Limoges. Elle ne passait plus ses soirées en solitaire à croiser quelques paysans locaux qui, souvent, finissaient saouls à lui faire des avances pas très courtoises. Elle ne passait plus ses journées à se promener à travers champs et boue, forêts et épines, feux et nuits bien trop fraîches. Elle continuait avec un vain espoir d'une quelconque miette de "son" attention qui, ces derniers jours, semblait décroître, mais au moins ici, elle avait des amis à voir.
Et c'était la seule ombre sur son tableau idyllique du retour. Les amis à voir. Elle fuyait bien ouvertement son beau cousin Sparte qui, d'un seul de ses regards, pouvait la laisser toute ratatinée sur une chaise ou se transformer en flaque, rejoignant la fange et la boue. Repoussant l'échéance de devoir se confronter à lui, priant toutes les heures pour ne point devoir lui expliquer ses raisons ou de devoir se justifier. Elle fuyait un peu plus difficilement sa vassale qui débarquait dans l'auberge où elle logeait régulièrement afin de pouvoir la voir entre quatre yeux. Fort heureusement, une bourse bien remplie avait suffi à l'aubergiste pour signaler que "non, M'dame Elisabeth, La Comtesse de Salins l'est absente pour l'moment." Sauf que ce jour-là, elle n'y échapperait pas.
Et pourtant, la matinée avait plutôt bien commencé. Sur les bords de rivière, une rencontre fortuite et très agréable. Puis, par après, passer la matinée avec son cousin Sirius -ouais elle en a plein des cousins- à peine rencontré et sa jeune fiancée la marquise. Non, vraiment, ça semblait être une nouvelle journée parfaite à Limoges et, afin de poursuivre cette journée parfaite, la Sparte avait décidé d'en rajouter une couche, se changer pour ensuite filer à la Cathédrale afin de se mettre en prières quelques heures avant de réviser pour son séminaire sur l'inquisition. Mais voilà. Lorsque la porte s'ouvrit sur la chambre louée et encombrée de ses bien trop nombreuses malles, un visage familier se tourna vers elle. Premier réflexe, la fuite ? Elle aurait pu claquer la porte et s'encourir jupons relevés. Mais après, qu'aurait-elle fait sans ses affaires ? Deuxième possibilité, les pleurs ? Attendrir sa coupine pour mieux la manipuler ? Troisième possibilité, feindre le je m'en foutisme absolu, après tout, elle est la cheffe de Elisa donc, elle a le droit de faire ce-qu-elle-veut, na !
Rapidement, sa blonde cervelle choisit le plan numéro 3. Elle entra entièrement dans la chambre et ferma la porte derrière elle, priant pour que personne ne passe dans les couloirs, quand éclatera le volcanCourden. Dans un tour de pied, elle lui fit face, ses cheveux étalés le long de son dos jusqu'à la courbe de la couture de ses jupons, recouvrant le bleu de sa robe, couleur favorite depuis son ascension aux terres de Saulx. Trifouillant avec ses doigts le tissu soyeux, elle leva les yeux vers Elisabeth, telle une enfant pris en faute qui vient d'abîmer le vase préféré de sa maman. Plan numéro 3 avec une touche du numéro deux enclenché !
Tiens, Elisa, humm.. Mais, heumm.. que, que fais-tu donc là? Sous entendu, ce chiard d'aubergiste va me le payer et j'ai pas préparé ma défense.
_________________