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[RP] Les bêtises d'Alfred : Journaux en tous genres

Alfred555
Décembre 1457 : Gros délire sur l'arrivée du pack coiffure.


Citation:
Elle aurait pu utiliser PEDRO L'ÂNE, qui ralentit la chute des chevaux,
Ysandre de Mistra, Duchesse de Chantôme
,
a choisi notre marque :


L'OR ET HÂLE.

L'OR ET HÂLE réinvente le charme, et vous refait une jeunesse.

L'OR ET HÂLE a ses onguents fabriqués en territoire berrichon, sans délocalisation en terre de BA (Barbares-Arrivistes) comme nos concurrents, et réalisés à partir des plus purs produits du terroir de notre Duché :
la bug, la poire, l'huile de poulpe et un poil de séant du Duc d'Aigurande.

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Ysandre de Mistra, parce qu'il lui chaut bien.


Découvrez aussi dans notre échoppe de Saint-Aignan L'OR ET HÂLE : Tonsure intense, recommandé par l'Abbé de Noirlac et Frère Horvy.



À utiliser lors des bains bi-annuels. En cas d'utilisation trop fréquente, merci de consulter votre dispensaire.
Risque élevé d'enflammer les passions de votre entourage. Risque de contagion.
Effets secondaires : Blondinite, maux de tête, coups de soleil. À utiliser avec L'OR ET HÂLE : Biafine.
Ne convient pas à la Duchesse de moins de 3 mois.
Compatible avec le port de la cornette.
Testé et désapprouvé par Dame Armoria de Mortain.
©1457 L'OR ET HÂLE Tous droits réservés


Alfred555
Janvier 1458


Citation:


    Tout sur la vie de Ysandre de Mistra, Duchesse de Chantôme.


        La Duchesse Ysandre de Mistra


(gravures d’archive ou de notre envoyée spéciale, Pie Paule)

Page I

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    Ysandre, de la petite fille à la duchesse que l’on connaît.


Bien que La Duchesse Ysandre ait caché précautionneusement l’histoire de son enfance, dont nous ne savons pas grand chose, nous avons pu trouver quelques indices. En particulier, une gravure de famille nous montre qu’elle s’était, déjà très jeune, attachée aux animaux et en particulier aux poulpes.

      Ysandre et son poulpe-jouet


Ysandre sait se faire aimer de son entourage, tant par son implication dans la vie de son village que par sa présence et son aptitude à être à l’écoute des autres.

Très tôt, Ysandre s’intéresse à la politique. Elle rejoint ainsi le Fier où, par sa jeunesse et son ouverture d’esprit, elle s’impose rapidement et se fait une place. Ainsi, un mois avant la fin de l’année berrichonne 1455, une nouvelle mairesse prend ses fonctions à Saint-Aignan. Il s’agit bel et bien d’Ysandre de Mistra, qui enchaînera brillamment sur un second mandat, après avoir fêté la nouvelle année de Pâques 1456.
Sur sa lancée, elle continue sa carrière pour devenir un mois plus tard, en mai 1456, Duchesse du Berry, en tête de la liste du Fier au élections ducales. Elle renouvelle l’exploit deux mois plus tard, et oeuvra quatre mois à la tête du Berry. À la fin de ces mandats, elle obtient un fief et est anoblie. Elle devient Ysandre de Mistra, Duchesse de Chantôme.

      Ysandre de Mistra, devenue Duchesse de Chantôme


Elle reste au conseil ducal et officie dans diverses fonctions, principalement en tant que Juge ou Chambellan du Berry. Elle accède par ailleurs au titre de Présidente du Fier.

Tout cela ne l’empêche pas d’être dévote, et d’aller à la messe une à plusieurs fois par jour, à matines, laudes ou à vêpres. Elle jeûne régulièrement pour faire repentance et s’absoudre de ses péchés. Péchés consistant pour la majeure partir à tancer vertement l’actuel Tribun de Saint-Aignan, sieur Alfred, qui s’amuse à lui faire les quatre cent coups à la moindre occasion.

      Ysandre de Mistra en plein dévotion


Lorsqu’elle ne jeûne pas, elle ne mange pas de grosses quantités de nourritures. EN effet, une duchesse seyant à son rang se doit d’avoir un régime alimentaire bien particulier. Ainsi, un pépin de pomme reinette et une gorgée d’eau claire quotidien suffisent à son bonheur. Cela ne l’empêche pas non plus de s’adonner aux plaisirs de la bug saint-aignanaise en taverne, qui ne consiste aucunement en un péché comme le savent tous les Berrichons.
La dévotion lui permet aussi de garder l’espoir. En effet, son fiancé serait encore plus dévot qu’elle, et prierait sans cesse dans une sombre cellule de l’Abbaye de Noirlac en ayant oublié d’en sortir. À croire que l’amour d’Aristote est plus fort que tout…

En dépit de son régime spartiate, la Duchesse Ysandre s’adonne aux sports. Ainsi, on a pu récemment la voir en tenue adéquate, s’entraîner sur sa luge pour les fêtes d’hiver qui vont être données la semaine prochaine en la ville de Saint-Aignan, prélude à un bal sur le Cher gelé.



Par ailleurs, elle suit assidûment les cours de compétence maritime de base. Nous avons réussi à obtenir une gravure d’elle pendant les travaux pratiques de ces cours, mais datant d’avant sa nouvelle teinture. Toujours est-il qu’elle a l’air de bien s’amuser !



De même, cette image gravée à la va-vite par notre envoyée spéciale à Chantôme nous indique que la Duchesse aime les jeux de bassin, et met ses cours de navigation en application dans son bassin privé, sous l’œil bienveillant de son matre-nageur attitré, Poulpy Premier, à qui l’article suivant est consacré.



Mais ce n’est pas tout : Ysandre de Mistra aime la chasse. Non tellement pour le plaisir de tuer de pauvres bêtes plutôt que pour en récupérer les fourrures. On peut ainsi l’admirer dans un superbe col en fourrure de renard. De quoi la protéger des froids de cet hiver !



Et lorsque nous parlons du froid, ce n’est pas par hasard. La Duchesse Ysandre sait être impitoyable et d’une froideur extrême avec les importuns ayant l’audace de se gausser d’elle. Nous avons là une gravure d’elle alors que l’impertinent Tribun Alfred vient encore d’atteindre à sa personne.



Mais n’oublions pas que ce glaçon cache avant tout un cœur d’or, et ses bouderies ne durent jamais bien longtemps.

Par Pie Paule, envoyée spéciale pour Point de Vue, Images du Berry.

Page II

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    La Duchesse et Poulpy Premier.


      Poulpy Premier dans sa folle jeunesse


Comme nous l’avons vu précédemment, Ysandre s’est très tôt prise d’amour pour les poulpes. Amour qui n’a fait que grandir lorsqu’elle a fit la connaissance d’un poulpe, aujourd’hui connu sous le nom de Poulpy Premier, la Duchesse Ysandre en ayant fait l’emblème de son fief. Il devint alors le célèbre poulpe ducal que l’on connaît aujourd’hui. Celui-ci lui avait été subrepticement déposé sur la tête par Dame Ysabeau, à la suite d’un pari fort suivi à l’époque. L’ayant immédiatement adopté, il n’était alors pas rare de voir la Duchesse se promener avec le poulpe ducal accroché à son chapeau, son cou, ou posé sur son épaule, et tout le monde pouvait l’approcher. De nombreuses gravures l’attestent.

Mais depuis quelque temps, Poulpy Premier est devenu quasiment invisible, la Duchesse ne le promène plus. Seraient-ils en froid ? Ce n’est pas certain. Il s’avérerait que le poulpe ducal ayant grandit et gagné en maturité, il serait devenu trop lourd pour la frêle Duchesse, trop souvent affaiblie par ses jeûnes de pénitence.
Bien que peu de personne aient eu le privilège d’approcher le majestueux poulpe ducal, notre envoyée sur place a réussi, non sans mal, à saisir cette gravure instantanée de Poulpy Premier, alors qu’il faisait une inspection surprise des élevages de poulpes dans les douves du château de Chantôme. Il est à remarquer que le poulpe n’a pas besoin de fouet pour inciter ses concitoyens au travail, de par certains éléments de son anatomie.

      Poulpy Premier, aujourd’hui fort majestueux


Après les récentes jacqueries à Chantôme, nous pouvons vous assurer que Poulpy Premier se porte bien, et qu’il a réussi à surmonter la mort de ses frères empalés. Ceux-ci serviront à fabriquer l’huile de poulpe utilisé dans les onguents « l’Or et Hâle », utilisés par la Duchesse Ysandre elle-même.

Par Pie Paule, envoyée spéciale pour Point de Vue, Images du Berry.

Page III

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    La Duchesse Ysandre et la Mode.




Peut-être vous souvenez-vous, mais l’année dernière la mode était au noir, comme indiqué au moment de Pâques par un de nos regretté confrère, rédacteur de la revue La Plume et l’Épée. Cette année, la mode est plus aux robes et houppelandes colorées ou blanches. Ainsi, ces derniers jours on a vu la Duchesse porter différentes toilettes, toutes plus extravagantes les unes que les autres, mais du meilleur goût qui soit, afin de voir l’effet sur sa nouvelle couleur de cheveux. En nous avouons que nous sommes très enthousiasmés.


        La robe couleur de printemps



        La robe couleur du soleil


Mais la cerise sur le gâteau était bien évidemment la nouvelle robe poulpe, impatiemment attendue par tout le gotha du Berry et même du Royaume de France. Cette robe va assurément faire des jalouses. La mode sera au blanc cette année, je peux vous l’assurer ! On espère voir la Duchesse l’arborer lors du bal d’hiver à Saint-Aignan.

      La Duchesse Ysandre et la célèbre robe poulpe


Ysandre de Mistra, Duchesse de Chantôme, n’en a pas fini de nous étonner et de nous émerveiller !
Faites-nous rêver encore longtemps !

Par Pie Paule, envoyée spéciale pour Point de Vue, Images du Berry.

Alfred555
Mars 1458


Citation:


N°7326, mars 1458

TURENNE, OU LA SORTIE DE L’HÔTE PERPÉTUEL
DE L’ABBAYE DE NOIRLAC




SOMMAIRE

  • Editiorial
  • Turenne, toute la perfection réunie en un seul homme.
  • Turenne, le pourquoi de la retraite.
  • Turenne et Ysandre : L’absence et la patience.
  • Enquête à Noirlac : Toute la vérité sur les contacts secrets du couple pendant la retraite du marquis.
  • Turenne, ou comment payer deux fois et demie ses impôts en indemnités de retard.





ÉDITORIAL


L’abbaye de Noirlac


Souvenez-vous !

[…] C’était il y a très, très, très longtemps. En ce temps-là il y avait l’abbaye de Noirlac. D’un côté de l’abbaye de Noirlac il y avait les Gibis qui passaient tranquillement leur temps à peindre la campagne et à chanter. De l’autre côté de l’abbaye de Noirlac il y avait les Shadoks qui passaient leur temps à guerroyer contre les arbres et les petits cailloux. Et tout le monde, apparemment, était content.
Au début de notre histoire, nous vous l’avions promis, les Shadoks et les Gibis devaient arriver à l’abbaye de Noirlac. Et bien, les y voilà !
Et notre histoire pourrait s’arrêter là. Comme dans les belles histoires, on finirait en disant qu’ils furent heureux et qu’ils vécurent longtemps, que tout allait pour le mieux dans la meilleure des abbayes possibles, mais ça serait vraiment trop abuser de votre crédulité. Car, pour ne rien vous cacher, c’est juste au moment où notre histoire allait s’arrêter, que les vrais embêtements pour les uns comme pour les autres allaient commencer.
Figurez-vous qu’un jour, les vaillants Shadoks s’apprêtaient comme d’habitude à livrer bataille à un ennemi très supérieur en nombre et ils sonnaient du cor pour l’effrayer. Et puis, tout à coup… ce fut la bête ! La terrible bête qui, en ce temps-là, était retraitée à l’abbaye de Noirlac, et les Shadoks, ces marauds là, l’avaient réveillée.
Elle répondait, la bête, au joli nom de Turenne, ou à n’importe quel autre nom d’ailleurs mais, en général, il valait mieux ne pas l’appeler.
Quand on vous disait que les vrais embêtements allaient commencer, vous vous rendez bien compte que ce n’était pas uniquement une façon de parler. Alors, notre histoire finira plutôt comme ceci :
C’était il y a très, très, très longtemps. En ce temps-là il y avait l’abbaye de Noirlac. D’un côté de l’abbaye de Noirlac il y avait les Gibis. De l’autre côté de l’abbaye de Noirlac il y avait les Shadoks. Entre les deux il y avait Turenne, la bête qui les embêtait.
Les Shadoks et Gibis virent bien au bout d’un certain temps qu’ils ne pourraient pas vivre longtemps dans une abbaye avec un Turenne comme ça, alors ils décidèrent, les uns et les autres, d’aller ailleurs sur Terre, où il n’y avait pas de Turenne du tout. […]

Et c’est là que les Saint-Aignanais s’en atteignanirent : Turenne et Ysandre, ou pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.



TURENNE, TOUTE LA PERFECTION RÉUNIE EN UN SEUL HOMME.

Turenne de la Tour Saint Arnault, Marquis d’Aubigny, Baron d’Asp ; dit le Sybarite, dit le charmeur de ces belles ; dit le protecteur de la veuve et de l’orphelin ; ancien juge en Cour d’Appel du Royaume de France ; ancien conseiller ducal et ancien magistrat en Orléanais ; ancien conseiller ducal et ancien magistrat en Languedoc ; ancien conseiller ducal, ancien chancelier, ancien conseil au commerce, ancien connétable, ancien juge et ancien porte parole en Berry, ancien ambassadeur en Artois, ancien ambassadeur en Bourbonnais-Auvergne, ancien ambassadeur en Bourgogne, ancien ambassadeur en Champagne, ancien ambassadeur en Franche-Comté, ancien ambassadeur en Savoie auprès du Berry ; ancien conseiller municipal de Saint-Aignan, ancien tavernier municipal de Saint-Aignan ; gagnant du concours Mister Saint-Aignan ; Cofondateur , ancien Sénéchal, ancien Commandeur, ancien Chevalier de Justice, ancien membre du Haut Conseil, ancien ambassadeur auprès des Guildes et Ordres du Royaume de France, ancien Grand Maître de secours en temps de complots et cabales de l'Ordre Hospitalier de Saint Jean de Jérusalem ; Chevalier dans la lance royale durant la seconde bataille d’Azincourt ; se rêvant souvent haranguant les foules et sauvant le royaume ; […]et bien sûr, fiancé de la bien connue de nos lecteur Ysandre de Mistra, Duchesse de Chantôme, est né en des temps immémoriaux, à peu près au moment où Aristote décida de créer les hommes. Personne à part lui n’est d’ailleurs là pour s’en souvenir.

Turenne est un homme hors du commun :

Turenne ne se réveille pas quand le soleil se lève. C’est le soleil qui se lève lorsque Turenne a assez dormi.

Turenne ne peut être taché par la boue. C’est la boue qui s’écarte devant Turenne, de peur de le tâcher.

Le hasard fait bien les choses. Turenne fait bien le hasard.



Turenne, défenseur de la veuve et de l’orphelin. Mais surtout des orphelines…


Turenne n’est pas tombé amoureux, car Turenne ne tombe pas. C’est l’amour qui vient le chercher, et qui est venu en la personne d’Ysandre de Mistra, qui elle, lui est tombée dans les bras.

Turenne est Roy à la place du Roy. Simplement il ne le lui a pas dit pour ne pas lui faire de peine.

Il n’y a qu’une seule merveille au monde : Ysandre. Les autres étaient jugées indignes de ce qualificatif, aux yeux de Turenne.

Le Domaine Royal n’est pas neutre. Il attend juste de savoir de quel côté Turenne se situe.

Turenne a entrepris une réforme des lois :
Article 1 : Turenne a toujours raison.
Article 2 : Quand Turenne a tort, se reporter à l’article 1.

Quand Turenne urine face au vent, le vent change de direction.

Si Turenne dort avec une chandelle allumée, ce n'est pas parce qu'il a peur du noir mais parce que le noir a peur de lui.

Si Turenne est en retard, le temps a intérêt à ralentir.

Turenne est irrésistible. Ne demandez pas pourquoi, il l’est, c’est tout.

Si le nez d’Ysandre avait été différent, la face du Berry en eût été changée. Si le nez de Turenne avait été différent, la face du monde en eût été changée.



Turenne recevant l’illumination. On ne sait pas laquelle, mais il l’a reçue.


Turenne ne ment pas, c'est la vérité qui se trompe.

Un jour, Turenne a dit : « Va voir à Noirlac si j’y suis »… Et il y était.



TURENNE : LE POURQUOI DE LA RETRAITE

Turenne a brusquement choisi de partir en retraite, coupant toute vie avec le monde qu’il connaissait, et qui le connaissait. Sur le moment, personne n’a compris. Mais nous avons fait notre petite enquête :

Si Turenne est parti en retraite, c’est pour faire fortune, bien évidemment. Mais très certainement aussi pour trouver un havre de paix, et aspirer à la tranquillité, loin du brouhaha de la ville, de la politique et de ses domaines : rechercher le silence.
Plusieurs indices :

On n’achète pas Aristote, on peut seulement le louer. Par contre, Aristote rachète les péchés. Et des péchés, Turenne en aurait eu à revendre.

La parole est d’argent, mais le silence est d’or.

Le silence, c’est un peu comme une retraite, on vous condamne au silence, on vous réduit au silence, on vous met au silence, et bizarrement parfois on s’y enferme soi-même. Dans ces moments là, comme le silence est d’or, la retraite est dorée.


Aux abords des salles de prières, on plante des panneaux « salle de prière, silence » , sans doute parce que les grandes prières doivent rester muettes.

Le silence est un puit profond et quand la vérité en sort, elle fait grand bruit.

Certains ecclésiastiques feraient bien par moment d’observer un silence religieux.

Le bruit, c’est l’arrêt des anges. Au silence, les anges passent.

Si le bruit court, le silence a du mal, lui. Il pèse.

Nous rêvons tous d’un Roy diplômé de Silence-Po.

Heureusement au bord des océans de bruit, il y a encore quelques plages de silence.

La calomnie est un faux bruit, un bruit auquel on aurait mis un silencieux. À l’origine de la calomnie, une langue de vipère déguisée en langue de carpe.

Le silence, on s’y laisse aller, insouciant ça lance et ça lasse, il y a des silences licencieux et aussi salaces, des silences si lisses qu’on se laisse enlacer. Hélas on s’y enlise, ça saoule les sens, ça salit, ça esseule, c’est selon, c’est une sangsue ou un linceul.

En général, il faut toujours trouver une chute à un article. Ici, pour un article sur le silence, elle est toute trouvée : Chut.




TURENNE ET YSANDRE : L’ABSENCE ET LA PATIENCE

Nous vous le donnons en mille : Quelle est la question qu’a posé Ysandre à Turenne, lors de sa sortie de méditation profonde à l’abbaye de Noirlac ?
Réponse : Pourquoi t’es-tu tu, Tutu ?

Ysandre aurait dit, pendant la longue retraite de son promis : « Je n’ai rien contre le temps, mais par moments, j’ai de grandes envies de le tuer ».

Quant à Turenne, il n’a pas l’air pressé. Il est finalement sorti de retraite, mais ne le brusquons surtout pas. Il aurait déclaré :

« L’inconvénient avec le mot « union », c’est que quand vous le mettez au pluriel, cela fait désunion. »

« À 20 ans, on est plus amoureux qu’autre chose. À mon âge, on est plus autre chose qu’amoureux. »

« À mon âge, on n’est plus jeune, mais on peut encore être irrésistible. »

« Avant, je lui disais : Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire, j’ai vu tous les soleils venir s’y mirer, s’y jeter à mourir tous les désespérés, tes yeux sont si profonds, que j’en perds la mémoire. Maintenant, je lui crie : T’es où ?! »



Turenne en visite à Chantôme


Un mariage en prévision ? Un tel évènement risque de faire le tour des gazettes du Berry et même de France. Ysandre de Mistra semble n’attendre que cet heureux moment, alors que Turenne profite de sa vie de noble encore célibataire et fait traîner la bagatelle en longueur. Allons donc, messire Turenne, faites donc un effort. Aujourd’hui, vous dites à votre belle :
« Duchesse, vos beaux yeux me font mourir d’amour. »
Une fois mariés, vous aurez le privilège de lui susurrer à l’oreille :
« Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. »
Ce qui est, soit dit en passant, beaucoup plus classe. Vous pourrez même le dire de la façon qu’il vous plaira le plus :
« Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. »
« Vos beaux yeux, Marquise, me font mourir d’amour. »
« Mourir d’amour, Marquise, me font vos beaux yeux. »
« D’amour mourir, Marquise, vos yeux beaux me font. »
« Vos mourir beaux Marquise font, me amour d’yeux. »
À moins que vous ne grommeliez quelque chose d’incompréhensible…

Mais à par cela, madame la Marquise, tout va très bien…



ENQUÊTE À NOIRLAC

Notre correspondant sur place, incognito, tonsuré et en robe de bure parmi les moines cisterciens, a découvert un ingénieux stratagème qu’ont mis en place les deux tourtereaux afin de pouvoir discrètement communiquer entre eux, et occasionnellement se voir.
Il a été constaté, au cours de la retraite de Turenne, que celui-ci consultait assidûment le seul exemplaire existant du recueil de prières Les Très Riches Heures du Duc de Berry. D’un tel titre, on eut pu croire un tas de choses, mais après investigation minutieuse, il s’avère que la vérité est bien particulière.

Turenne souhaitait être coupé de tout ce qui le rattachait du monde : les personnes, le bruit, les livres… Mais il aurait déclaré :
« Je souhaite qu’on me délivre des livres. Sauf d’un ! »
Ce livre en question était le recueil de prières Les Très Riches Heures du Duc de Berry, exposé dans la bibliothèque de l’abbaye de Noirlac. Pourquoi un tel ouvrage, me demanderez-vous ? Est-ce pour que Turenne y trouve la meilleure façon d’y découvrir la solution à la fortune spirituelle ? Où celle de devenir Duc de Berry ? D’autant plus que Turenne aurait dit, pendant sa retraite à Noirlac : « Un livre, c’est un peu comme un homme politique : il n’est rien sans l’électeur. »
Et quel lecteur ! Il s’est avéré que, si Turenne était grand lecteur de cet ouvrage, une autre personnalité bien connue de nos inconditionnels assoiffés de potins empruntait régulièrement le livre. Cette personne n’était autre que Ysandre de Mistra, Duchesse de Chantôme, qui profitait de ses régulières visites à Noirlac sujettes à son jeûne et sa confesse pour s’accaparer le livre et en dévorer les pages. Cela a quelque peu intrigué notre faux moine qui s’est penché sur l’œuvre en question.
Il a dû s’y reprendre à plusieurs fois avant d’enfin tomber, ô l’indiscret, sur un document… compromettant, que nous ne publierons pas ici, bien que cela eut pu faire les choux gras de notre édition et de nos concurrents. Le livre Les Très Riches Heures du Duc de Berry leur servait de boîte à missives, d’amour ou autre. De petits mots subrepticement glissés entre des pages convenues à l’avance leur permettait de communiquer, à l’insu de tous. Cela était certainement une activité imaginée par notre ingénieux Turenne pour faire patienter Ysandre, tout en lui faisant la cour.




Avril : Scène de fiançailles ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~Mai : Fête de l’amour.


Il est par ailleurs amusant de vous faire part des pages de l’ouvrage entre lesquels étaient déposés les mots doux. Les Très Riches Heures du Duc de Berry se décompose en douze chapitre, un par mois de l’année. Ainsi, le mois de janvier s’ouvre par une gravure représentant les étrennes, où le Duc de Berry reçoit les présents des gens le remerciant de sa protection. Le mois de novembre est représenté par une scène de glandée (le chapitre préféré de Turenne, soit dit en passant), où un paysan fait tomber les glands des chênes pour que ses cochons s’en repaissent. Mais les chapitre qui nous intéressent ici sont ceux d’avril et de mai. Le moi d’avril est représenté par une scène de fiançailles, et celui de mai est le mois de l’Amour. C’est précisément entre les pages de ces deux chapitres qu’étaient glissés les petits mots de nos deux amoureux énamourés. Nous vous laissons le loisir d’apprécier…





Turenne et Ysandre en pleine dévotion, à l’abbaye de Noirlac.




TURENNE, OU COMMENT PAYER DEUX FOIS ET DEMI SES IMPÔT EN INDEMNITÉS DE RETARD

Par une indiscrétion, notre enquêteur sur place a pu avoir accès au reçu de paiement des impôts de Turenne. Celui-ci, retraité et ne payant pas ses impôts, même sur le pouce, a été mis comme il se doit, à l’index par le maire de sa ville lors de sa sortie de l’abbaye de Noirlac.



Un bien mauvais calcul. Voulant trouver fortune à Noirlac, par le rachat de ses péchés, il a omis de vendre ses champs et échoppe, soumis à l’impôts foncier.

Lorsque nous avons questionné le maire de Saint-Aignan à ce sujet, celui-ci nous a simplement répondu :
« Je ne sais pas pourquoi, mais un percepteur est toujours mal perçu. »

Quant à Turenne, il aurait déclaré ceci :
« Avant, l’argent coulait à flots. Maintenant, j’éponge mes dettes. »

« Je trouve le maire de Saint-Aignan bien mal rémunéré. Très certainement parce qu’il est impayable. »

Remarquons qu’il aurait dû payer d’autres indemnités. L’harpagon aurait en effet pu verser, entre autres, des compensations de dommages moraux pour abandon de fiancée.
Navré Duchesse, le maire de Saint-Aignan a ponctionné votre dot. À croire que l’impertinent maire cherche à vous priver de votre mariage. Peut-être va-t-il encore falloir attendre…

Turenne, surpris quelque temps plus tard monologuant, après s’être fait vertement tancer par la Duchesse de Chantôme au sujet de la dot disparue dans le paiement des impôts :
« Au voleur ! au voleur ! à l'assassin ! au meurtrier ! Justice, juste Ciel ! je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé ma dot. Qui peut-ce être ? Qu'est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N'est-il point là ? N'est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin. (Il se prend lui-même le bras.) Ah ! c'est moi. Mon esprit est troublé, et j'ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! ma pauvre dot, ma pauvre dot, ma chère amie ! on m'a privé de toi ; et puisque tu m'es enlevée, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde : sans toi, il m'est impossible de vivre. C'en est fait, je n'en puis plus ; je me meurs, je suis mort, je suis enterré. N'y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant ma chère dot, ou en m'apprenant qui l'a pris ? Euh ? que dites-vous ? Le maire de Saint-Aignan ?! Maraud ! Voleur ! Vendu ! […] »

[i]La suite a été censurée à la demande de la mairie de Saint-Aignan.|/i]


Petites annonces

Vroqu recherche parrain pour baptême. Ducs à poulpes s’abstenir.

Turenne recherche la sortie de l’abbaye de Noirlac. Merci de la lui indiquer.

Mairie de Saint-Aignan recherche maire compétent.

Turenne recherche dot perdue. Merci au maire de Saint-Aignan de la lui rendre.

Duché du Berry recherche liquidités. Somme le maire de Saint-Aignan de lui verser la dot, morte ou vive.

(Pour faire passer une annonce, veuillez envoyer un pigeon à Berry Match, avec 3 écus. Le texte ne doit pas faire plus de 100 caractères).


©1457 BERRY MATCH Tous droits réservés.


Librement inspiré, et assaisonné à la sauce RR de, entre autres :

  • Les Shadoks, épisode 52,
  • Chroniques de Vincent ROCA,
  • Le Bourgeois Gentilhomme, Molière,
  • L’Avare, Molière,
  • Candide, Voltaire,
  • Caricatures Alaindelonesques,
  • Les Très Riches Heures du Duc de Berry,
  • Gene Kelly, photos tirées du film Les trois mousquetaires.
Alfred555
1458 : Chronique d'Halloween (ouais, on n'est pas à une incohérence près, et alors ! )


Citation:
Alfred arriva devant l’affiche. Tiens donc… conter des histoires qui font peur ? Je crains de n’pas savoir… J’sens que les miennes vont avoir l’effet inverse. Enfin, réfléchissons toujours, nous verrons bien ce qui sortira comme bétise.

Après un instant de réflexion, voyant que personne ne se lançait, il osa :



Il était une fois, dans un fief du sud du Berry, une blonde Duchesse toute de bleu vêtue. Une personne très bien sous tous abords : belle, charmante, intelligente, intègre, d’une chasteté à toute épreuve, très dévote, à raison de huit messes par jour (notez bien le côté horrible de la chose), sans compter vêpres, mâtines, laudes et les innombrables séances de confessions consistant entre autre, à expier l’infâme et abominable péché qu’est celui de ne point s’être confessé dans les dix minutes précédentes. Un excellent parti, en fin de compte.

S’emportant :

Mais ! Car il fallait qu’il y en eut un ! Si notre charmante Duchesse était tantôt douce et apaisante en public comme la brise du printemps qui souffle doucement au premier rayon du soleil sur l’innocente pâquerette attendant, la sève en émois, l’arrivée du bourdon qui viendra la butiner sauvagement, il n’en était plus de même lorsqu’elle était en son castel. Ou plutôt, ce qui en restait : son domaine avait récemment été dévasté par une horde de brigands assoiffés de sang, d’or et de jeunes vierg… de bonne chair, et elle n’en avait réchappé que grâce à ses deux plus fidèles atouts. L’épingle à cheveux dans une main, sa lime à ongle affûtée dans l’autre, elle avait transpercé le kef de ces barbares de part en part, et de bas en haut, le laissant agoniser dans une mare de sang, sans laisser à ce maraud le plaisir de la… Toute tremblante, choquée… outragée ! Brisée ! Martyrisée ! Elle avait occis un homme, pour la première fois de sa vie, de la façon la plus barbare qui soit. De retour à son château en ruine, elle n’était plus la même. Une haine atroce et féroce venait de germer en elle. Un dégoût profond des hommes, ces mâles imbus et tout-puissants, qui allait grandissant. Bien pire, son fiancé ne donnait plus de nouvelle depuis bientôt quatre longues années, ce qui n’allait point lui faire recouvrer la raison.

En public, elle tenait parfaitement son rang. Mais dès lors qu’elle se retrouvait seule… elle devenait terrible et impitoyable comme la vague assassine d’un hiver brestois qui vient s’abattre avec fracas sur le visage impassible d’une austère bigouden attendant son marin pour qu’il la ravage comme un ouragan contre la froideur du mur en granit de la cuisine, entre un bol de cidre et une tranche de kouign-amann.

Cela avait commencé par un maraud ivre qui l’avait apostrophée un soir dans la rue, et qu’elle avait convié dans son carrosse, le priant de bien vouloir l’accompagner à son château. Le pauvre diable avait accepté, bien évidemment. Après une visite des caves du domaine, nul ne l’avait jamais revu à la surface. La fois d’après, c’était un vagabond de passage dans les environs. Un disparu de plus. Puis un autre. Encore un autre. Uniquement des hommes. Tant que ces disparition s’étaient cantonnée à des personnes de petite condition, nul n’y avait vraiment prêté plus d’attention que cela.

Tout allait pour le mieux dans le plus terrible des mondes possible jusqu’à ce qu’un marchand ambulant officiel du duché advint à disparaître. Après une longue enquête qui ne donna aucun résultat, le dossier fut classé, sans suite. On supposa qu’il avait été enlevé ou tué par des brigands, avant de lui subtiliser ses marchandises, mais le mystère restait entier. Le juge du duché, qui n’avait rien d’autre à faire de ses journée à part bailler aux corneilles ou condamner des vaches et des chenilles, décida d’aller faire un tour là où s’étaient arrêtées les investigations. Aux environs du domaine de la dite duchesse, il décida de s’y arrêter afin de la saluer, faire une pause, s’y restaurer, faire causette…

Il fut reçu avec tous les honneurs. La Duchesse recevait déjà sa marraine, une Baronne rousse flamboyante à même traits de caractère qu’elle. Entre deux confesses de la Duchesse, l’on potina sur tout et rien, l’on bu, collationna. L’on visita les rénovations, suite au sinistre, ainsi que les nouvelles caves. D’où l’on ne sorti point. Enfin pas le juge tout du moins. Et pas entier…


Il fit une légère pause, puis reprit :

La Duchesse, suite à sa mésaventure, était devenue experte dans l’art de la torture sur mâle. Elle pratiquait toute sorte de sévices subtils et raffinés qu’elle améliorait au fil des expériences, et suivant ses goûts et idées du moment, et s’en délectait. Elle raffolait tout particulièrement de l’usage du poulpe, dont elle avait un élevage dans les douves de son château. Cette fois-ci, elle était accompagnée de sa chère et douce marraine qui, comme elle, vouait une haine toute particulière à la gent masculine, après que son odieux mari ait l’ait lâchement abandonnée en Berry, préférant partir en Auvergne pratiquer sa chasse favorite. Son animal de compagnie, quant à elle, était l’anguille… qu’elle avait bien sûr toujours avec elle, bien blottie dans sa besace.

On vous épargnera les détails des sévices infligés au pauvre homme, en plus de la pendaison par l’anguille, l’écartèlement par quatre poulpes fort coriaces, le découpage des membres restant à la lime à ongle, l’huile bouillante sur les plaies, le pal sur une tentacule pointue et durcie, les morsures diverses et variées…. Toujours est-il qu’on entendit jusqu’au village voisin des hurlements, des cris, des rugissements, des bruits d’os broyés, de déchirures…

Bien entendu, les restes du cadavre avaient été balancés nonchalamment dans la fosse aux poulpes, dévorés en quelques instants par les sanguinaires bêtes gluantes et répugnantes, toujours affamées de mets de choix. Aucune trace ne resta de lui, comme pour les autres.

Depuis, nul n’a plus jamais osé s’aventurer dans cette région. Si un jour, en Berry vous croisez une Duchesse blonde accompagnée d’une rousse maniérée, passez votre chemin au plus vite. Peut-être serez-vous le suivant… à disparaître… torturé à mort… dévoré… broyé… et nul ne vous retrouvera jamais !


Il salua bien bas l’auditoire. Il vérifia que ni la blonde ni la rousse n’étaient dans l’assemblée… sait-on jamais…
Alfred555
1460 : Présence d'humour grinçant. Âmes sensibles s'abstenir.


Citation:
L'auteur tient à préciser que toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite.


Citation:


La soupe à Chouze




Dame Chouze en pleine dévotion


Le premier jour, Chouze créa la Terre.
Heu... oups... veuillez bien m'excuser. Je m'égare.
Recommençons.

En ce jour de fin de printemps, il faisait beau temps sur l'église Sainte Chouze la Modeste, à Chouzeville, dans le duché du Berry. Après avoir célébré la messe, Mère Chouze, la sacristaine, alla soigneusement ranger les hosties qu'elle fabriquait elle-même sur sa farine de contrebande avant que les enfants de chœur présents à la cérémonie – qu'elle avait tous adopté un jour – ne lui baisent les mains, agenouillés.
Satisfaite de ce traitement de faveur, elle sortit la tête haute de la sacristie en direction du confessionnal, où une longue file de BIERistes – le Parti unique berrichon : Bourrés Intégralement Et Reclus – de Chouzeville et même d'ailleurs ayant blasphémé contre elle attendaient qu'elle veuille bien leur accorder son pardon totalement désintéressé. Estimant subitement qu'elle n'avait pas de temps à perdre en cette belle journée, elle demanda à l'enfant de chœur occupé à prier agenouillé depuis une bonne semaine devant l'une des quatre-vingt-trois statues de Sainte Chouze la Modeste présentes dans l'église de les faire sortir de l'édifice et d'aller chercher le panneau « Confessionnal, deux lunes d'attente » pour le déposer devant le premier de la file attendant la confesse.
Nul doute qu'ils sortiraient de cette nouvelle épreuve que Sainte Chouze leur envoyait certainement plus proche de l'état de cons fessés que de confessés. Ce caprice était aussi une façon pour sœur Chouze de vérifier si la demande de pardon des intéressés était sérieuse ou non. Cela ne l'empêchait pas d'accepter fort religieusement les pots de vin conséquents que de généreux futurs repentis étaient prêts à verser pour gagner quelques lunes d'attente et accéder plus rapidement au Saint Pardon chouzesque. De plus, comme elle n'aimait pas que des gens soient présents dans son église alors qu'elle n'y était pas, elle préférait aussi bien qu'ils attendent dehors. Déjà qu'ils râlaient habituellement, soit disant qu'elle les tirait tous du lit trois fois par semaine, les forçant à aller à la messe... ils pouvaient bien patienter au bon air. Et même s'il pleuvait.

Une fois sortie de l'église, dame Chouze monta dans son carrosse garé au milieu de la rue, grâce à l'un de ses enfants adoptifs qui s'était agenouillé devant la porte du véhicule afin de lui servir d'escabeau. L'attelage partit alors à faible allure, fendant la foule en liesse qui l'acclamait sur son passage. Les Chouzevilains – anciennement rebaptisés Saint-Agnaisais par la mairesse Chouze, et ce avant même qu'elle ne change le nom de la ville de Saint-Aignan – s'inclinaient respectueusement sur son passage, certains allant même jusqu'à s'allonger littéralement en témoignage de l'amour qu'ils portaient à la sauveuse de Chouzeville. D'autres encore jetaient des fleurs sous les sabots des quatre destriers blancs entraînant le carrosse. Un de ses ancien fils adoptifs, ayant un jour omis de s'incliner devant elle, s'était peu après suicidé en se jetant du haut du clocher de l'église. Il paraît qu'il aurait honteusement été pris de remords devant la gravité de sa faute.

Une fois sur la place du marché, elle descendit du véhicule, piétinant allègrement un paysan qui se tenait là, puis se tint coite devant la statue géante à la gloire de l'ancienne mairesse Chouze avant d'y délicatement déposer au pied un bouquet de roses blanches. Après un bref instant de recueillement, légèrement émue par la majesté du monument, elle se dirigea vers les étalages des marchands, escortée d’une ribambelle de ses fils adoptifs, qui avaient pour mission de porter les futures emplettes de dame Chouze, leur mère bien aimée. Devant le présentoir presque vide d'un boulanger amaigri – comme l'étaient la plupart des habitants du village – elle s'empressa d'acheter l'intégralité de la marchandise présentée, tout en ayant pour le vendeur une de ses paroles bienveillantes et réconfortantes qui ont fait sa légende :
« Vous connaissez mon fils ? Non ? Oh... c'est mon fils, et je suis tellement fière de lui. »

Elle passa à l'étalage suivant. On y vendait la nouvelle spécialité de viennoiserie du village : les chouzequettes. C'est à la fin de son cent vingt-quatrième mandat de maire, alors que la famine régnait dans le village depuis cent vingt-trois mandats, qu'elle avait eu l'idée révolutionnaire de remplacer le pain qui faisait tant défaut par des chouzequettes. En effet, il fallait autant de farine pour fabriquer une miche de pain que pour faire vingt chouzequettes. De plus, une seule chouzequette coûtait moitié moins cher qu'une miche de pain. Ainsi, tout le monde était content : tous avaient à manger, et pour moins cher. Sans parler de la créatrice des chouzequettes, dame Chouze, qui récupérait quatre-vingt-quinze pour cent du prix de vente des dites viennoiseries. Fort étonnamment, les gens ne s'amaigrissaient pas moins...

Nous passerons sur les stands de chouzecroute et de chabichouze, autres nouvelles spécialités culinaires du village, respectivement plat à base de chouze – nouvelle variété de chou – et de croûtes de pain, et fromage dont la recette avait été discrètement copiée en Poitouze. Pardon... en Poitou.
À noter que le bois en vente sur le marché, réservé à la mairie, fut acheté pour une bouchée de chouzequette par la grande commissaire au commerce de la compagnie Chouze & Fils, dame Chouze, pour le compte personnel de la dite compagnie, présidée par cette même dame. Cette compagnie allait parfaitement de paire avec la nouvelle guilde des marchands ambulants de Chouzeville, dirigée par messire Brett, mari de – et totalement dominé par – dame Chouze, guilde à but non lucratif œuvrant corps et âme de façon totalement désintéressée pour la mairie et le peuple de Chouzeville.
« Oh mon fils, je suis très fière que tu arrives à porter tout ça. Vraiment, je suis fière que tu sois mon fils. » dit-elle en offrant fort généreusement une chouzequette au premier gamin de la file de porteurs qui la suivait.
Un de ses ancien fils, n'ayant pas su porter les huit mille deux cents vingt-trois chouzequettes comme sa mère adoptive bien-aimée lui avait demandé, s'était noyé dès le lendemain matin en prenant son bain dans le Cher. L'enquête, menée par la société de détectives privés « Chouze et Fils » avait conclu à un suicide du malheureux.

Regardant le convoi de marchandises en partance pour les entrepôts de la compagnie « Chouze & Fils » se diriger vers la porte nord de la ville – fort intelligemment baptisée « Chouze Nord », par opposition avec la porte « Chouze Sud » – elle poursuivit sa promenade, la tête haute, en direction de l'ancien orphelinat de Chouzeville, où étaient maintenant hébergés la quasi-totalité de ses huit cents soixante-douze enfants adoptifs. Ou à peu près. C'était dur de tenir les comptes en temps réel. Sur la porte, un panneau vide d'écriture. Un de ses fils adoptif, le cinq cents vingt-deuxième, si nos calculs sont exacts, avait dans un trait d'humour proposé d'apposer au-dessus du portail l'inscription « Plus on est de cons, plus on rit ». Affreusement pris de remords, le malheureux s'était tragiquement suicidé le soir-même en se jetant sous les roues d'une charrette qui passait là.

Chemin faisant, elle rencontra un attroupement de personnes fort agitées. Demandant ce qui causait ce remue-ménage, un homme tremblant lui indiqua un parchemin cloué à la va-vite sur un mur. Elle s'approcha, les sourcils froncés et la bouche en cul de poule, et lut les termes suivants :
Citation:
Énigme de l'année : Qui est le fils légitime de Chouze ?

De rage, elle arracha le pamphlet en jurant et pestant, les yeux sortant presque de leurs orbites.
Une de ses filles adoptives, qui cheminait à côté d'elle, se suicida immédiatement après en s'étouffant dans les jupons de sa mère. Elle aurait posé la question : « Maman ? C'est quoi un fils légitime ? » À croire que tous ceux qui gênaient dame Chouze ou lui déplaisaient, même pour des choses minimes, finissaient irrémédiablement suicidés. Que de coïncidences...

Fort mécontente, elle fit prestement demi-tour. Elle repartit en direction du siège local du BIER où Tonton Gépé, dit « Mouzot », grand ponte du parti et accessoirement duc de Berry, faisait quotidiennement ses siestes au milieu de plusieurs ouailles béates qui n'avaient d'autre occupation que se faire remarquer par leur idole. La séance de ronflements n'était troublée que par dame Mata-Hastérie, médecin de Chouzeville, médecin personnel de Tonton Gépé et accessoirement juge de Berry, qui apportait au duc valétudinaire ses tisanes de camphre.

« Mmmh... le Chouzouzouzouzouze est-il... vert ? ! »

C'est à ce moment précis que la porte s'ouvrit à la volée, et qu'apparut dans l'embrasure de la porte la silhouette de dame Chouze, dans le même état que ses cheveux : en pétard.

« Bouhouhouhou Tonton Gépéééé... ton affreux maire Cokorico a encore médit de môaaah ! Il dit que j'ai pas d'enfant légitiiiiiimme bouhouhouhou... En plus à cause de lui ma fille chérie s'est suicidée tellement elle avait de chagriiinnnn.... bouhouhouu. C'est insupportable ! Il faut le virer du parti ! Le bannir du Berry ! Bouhouhouhou Tonton Gépéééé. »
Puis, se reprenant.
« Écoute Tonton, je vais te faire une offre... que tu ne pourras pas refuser.[Inaudible]... et tu auras un dentier aux dents en or massif que je fais venir à grands frais de La Rochelle, en Provence. »

Pour préserver le lecteur de la souffrance de voir Tonton Gépé accepter le pot de vin presque pas à contrecœur, nous indiquerons juste que Chouze sortit satisfaite des locaux du parti. Pour fêter cette grande victoire, elle décida d'aller prier un peu au sanctuaire de Sainte Chouze l'Innocente, où se trouvait la fameuse tapisserie retraçant le périple de Sainte Chouze, haïe et honnie en Bretagne d'où elle dut s'exiler pour traverser, au péril de sa vie, la mer hostile du Domaine Royal avant de débarquer sur les rivages de la terre promise : Saint-Aignan. Arrivée à l'édifice, elle en profita pour ranimer la flamme de l'enfant adoptif suicidé inconnu, et se recueillit un instant. La famille, c'était vraiment trop sacré pour elle. Elle essuya une larme en voyant la plaque commémorative de ses deux premières filles adoptives, Maliss et Mina. La première avait fui le Berry un mois après son adoption, et la seconde était morte peu après dans des circonstances encore non élucidées. Elle blêmit lorsqu'elle vit un croque-mort s'approcher de l'endroit. Elle haïssait ces gens-là. Trop morbides... qui se faisaient de l'argent sur la mort des gens. Elle trouvait ça vraiment odieux. Elle cria de façon stridente pour attirer quelques-uns de ses fils qui devaient forcément l'entendre, afin qu'ils rossent l'importun. L'histoire ne dit pas si le croque-mort prit soin de prendre ses mesures avant de se suicider.

Pour se changer les idées, elle décida d'aller asticoter le nouveau maire de Chouzeville, Cokorico, qui avait vilement et sournoisement battu Arthus-de-Normandie, son fils adoptif chéri, aux précédentes élections municipales suite à une ignoble campagne de dénigrement de sa personne. Elle qui était si gentille, si attentionnée, si... Un autre de ses fils, jaloux de celui qu'elle avait choisi pour lui succéder à la mairie, avait traité ce dernier de chouchouze. Il paraît qu'il s'était pendu la nuit suivante. Arrivée devant la mairie, dame Chouze fendit la foule de ses enfants qui manifestaient pour protester contre la gestion tyrannique du maire élu la veille, que c'était un scandale que les gens meurent de faim, que c'était donc un arriviste, et patati, et patata. Certains s'essayaient au jeu de fléchettes que l'ancienne mairesse Chouze avait installé lors de son premier mandat. Il s'agissait de portraits de deux anciens maires de Saint-Aignan, dame Vroqu et messire Alfred qui avaient, d'après dame Chouze, irrémédiablement nécrosé la ville par leur présence incompétente et que ça n'était que justice rendue de les percer de fléchettes. À ce sujet, n'ayant pu suicider messire Alfred qui avait lâchement fui la ville, elle s'était résignée à supprimer son nom de tous les actes et registres que contenait la mairie, afin qu'il soit rayé de l'histoire du village. Puis elle avait condamné la porte. Deux précautions valent mieux qu'une, n'est-ce pas ? Elle sourit en passant devant le tableau des arrêtés municipaux. Arrêtés qu'elle avait elle-même établis de sa blanche main innocente :
Citation:
- La vente de poissons est strictement réservée à la mairie. Sauf pour dame Chouze qui peut en vendre pour son profit personnel.
- Les stères de bois à 3,50 écus sont réservés à la mairie. Sauf pour dame Chouze qui peut en acheter pour son profit personnel.
- La spéculation est formellement interdite sur le marché de la ville. Sauf pour dame Chouze qui peut spéculer librement pour son profit personnel.
- Aujourd'hui est un jour férié. Mais uniquement pour dame Chouze.

Ces arrêtés lui avaient d'ailleurs permis d'être relaxée de tous les procès qui avaient été lancés contre elle, grâce à la partialité totale de la juge, Mata-Hastérie, nommée par Tonton Gépé qui avait fortuitement dû oublier de lui expliquer en quoi consistait cette charge, très certainement parce qu'une cassette remplie de pierres précieuses « stolen in Losses » avait par hasard atterri sur son bureau.
La mairie fermée par ses soins, Chouze avait effectué toutes les tâches de son mandat de maire depuis la taverne de son époux, « Aux Bretons et Berrichons réunis ». Elle en avait profité pour bannir toute la population de la taverne municipale, afin que nul ne soit tenté d'enrichir la mairie à ses dépens. Elle siégeait en permanence derrière son comptoir, se montrant toujours très occupée – dès lors qu'elle n'y dormait pas – mais était discrètement toujours très attentive aux potins et racontars de sa taverne.

Pendant sa partie de fléchette, elle entendit le maire Cokorico parler à la foule – composée exclusivement d’enfants adoptifs de Chouze – depuis une fenêtre, tâchant de la disperser. Il haranguait la populace en expliquant bien clairement que s'ils avaient tous faim, ça n'était pas sa faute à lui qui n'était là que depuis la veille, mais à celle de la mairesse précédente, dame Chouze, qui avait laissé un trou de 20000 écus dans les caisses de la mairie, qu'elle s'était d'ailleurs certainement mis dans les poches vu la facilité qu'elle avait à déstabiliser le marché. Sous les huées, il dut refermer son volet. Chouze prit à son tour la parole, les larmes aux yeux.
« Vous voyez bien que ce Cokorico n'est qu'un imposteur ! Il ne sait que dénigrer le travail d'autrui ! Et en plus dire du mal en public de quelqu'un du même parti que lui c'est... insupportable. Intolérable ! »
Et elle éclata en sanglots, alors que la foule scandait son nom, bombardant la façade de la mairie de chouzequettes, briques et tout autre chose pouvant leur tomber sous la main. C'est d'ailleurs en se jetant avec force contre le mur de la mairie qu'un des fils de Chouze se... hum... peut-être allons-nous passer sur ce détail totalement anecdotique... Toujours est-il que tous se mirent à chanter en chœur le nouvel hymne du village :
« Savez-vous voter pour Chouze, à la mode, à la mode... savez-vous voter pour Chouze, à la mode de Chouzeville. »

Vous n'avez rien compris à cette histoire ? Rassurez-vous, il n'y avait rien à comprendre.
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Citation:
L'auteur tient à préciser que cette nouvelle ne sera pas publiée par la maison d’imprimerie « Chouze & Fils ».
Alfred555
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Le seul Berrichon avec la vue sur l'extérieur



VITTORINA GLORIA ALZO & ASTORIA D'ARPAON

DÉBUT OU FIN D'UNE INIMITIÉ ?






    Sommaire

      Astoria d'Arpaon & Vittorina Gloria Alzo : Meilleures ennemies ou pires amies ?
      Enquête spéciale exclusive : Les dessous de la COLM
      L'actu de la Pie Paule
      C'est tendance !


    Astoria d'Arpaon & Vittorina Gloria Alzo : Meilleures ennemies ou pire amies ?

      Nul à Limoges n'ignore les animosités, plus ou moins fortes selon les moments, entre Astoria d'Arpaon et Vittorina Gloria Alzo. Après enquête, ce conflit aurait pris ses sources dès leur première rencontre en Orléans, il y a de nombreux mois, où Vittorina aurait profité des soldes sur les services proposés par une cartomancienne, pour se faire lire les cartes. La voyante se trouvait justement être Astoria. La légende voudrait que cette dernière, au rebours des habitudes des diseuses de bonne aventure qui prédisent, comme leur nom l'indique, surtout ce que leur client veut entendre, aurait pris un malin plaisir à annoncer à Vittorina toutes les pires vilenies du monde. « Je me souviens encore de son sourire sadique et de ses yeux malveillants. » témoigne l'Alzo, les bras pris par la chair de pintade. La maintenant dame de Saint-Auvent – la bien nommée au vu de certaines de ses pratiques – lui aurait déclaré qu'elle avait tant à se faire pardonner que le Très-Haut était déjà bien bon de lui avoir donné un semblant de gorge aussi plate, et qu'elle aurait été encore moins fournie si ça n'avait tenu qu'à elle. La cartomancienne aurait alors ajouté qu'une telle poitrine l'empêcherait de toutes façons d'allaiter convenablement si des espérances lui arrivaient à terme, et qu'il valait mieux pour elle qu'elle n'espère jamais. « On ne m'avait jamais rien dit d'aussi méchant, mis à part que depuis, un jour, Zolen m'a dit que j'étais blonde, ce qui est bien pire. » commente l'Italienne, les lèvres pincées.

      Vittorina n'a pas été en reste pour se venger, n'hésitant pas à envoyer des piques à Astoria dès qu'elle le pouvait. Elle ne se priverait pas de rappeler à l'Arpaon l'existence des amantes de son époux, qu'elles soient réelles ou non. Elle prendrait malin plaisir à s'installer dans les tavernes d'Astoria pour s'y saouler plus que de mesure en salissant tant les établissements de toutes les façons possibles que ceux-ci seraient systématiquement contraints de fermer définitivement, les bâtiments ébranlés jusqu'à leurs fondations.




      Vittorina aperçue complètement saoule (elle sourit, c'est facile à deviner) dans une des tavernes d'Astoria


      Une vengeance en appelant une autre, Astoria mettrait un point d'honneur à rappeler à tous ceux qu'elle croise le nombre des amants de Vittorina, ajoutant que celle-ci cacherait bien son jeu. « Vittorina est profondément vilaine et méprisante, nulle n'est plus perfide qu'elle. » nous déclare Astoria, avant de donner à raccommoder une de ses jupes que l'Italienne aurait déchirée « par inadvertance » en vidant une des malles de vêtements d'Astoria dans un caniveau, tout juste avant le passage d'un convoi militaire. Vittorina se défend : « Elle a dit que j'avais de gros mollets ! »

      Une ancienne comtesse du Limousin, dicte « La Bohémienne » et voulant rester anonyme pour éviter d'éventuelles représailles nous apporte des éclaircissements sur cet épisode. « À Noël dernier, Vittorina m'avait demandé un cadeau spécial. Elle voulait que je lui offre une paire de bas de contention, supposés diminuer de moitié la circonférence de ses mollets. En outre, connaissant mes talents pour la fabrication des onguents, elle voulait également que je lui vende un baume pour réduire l'aspect peau d'orange de ses mollets. Les bas plus le baume devaient avoir une action amincissante, je lui ai fourni les deux pour être agréable. D'ailleurs j'ai donné son nom à ce fameux baume qui a fait ses preuves, et que je vends 15 écus »

      Vittorina, de son côté, ajoute : «  Vous savez, en Limousin nous avons coutume de donner des surnoms aux comtes et comtesses sortants. Astoria a hérité du sobriquet de « Bohémienne », mais il s'en est fallu de peu qu'elle ne devienne « la Poissonnière ». Certains disaient que c'est en raison de son langage peu châtié, mais c'est surtout parce qu'elle est juste une morue ! ». Des langues médisantes auraient pu ajouter, pour rester dans le thème, qu'il ne lui manquait plus qu'un œil au beurre noir pour agrémenter sa gueule de raie. Heureusement, aucune ne s'est fait connaître, aussi ne l'écrirons-nous pas.




      Vittorina en pleurs après que Astoria lui a dit qu'elle avait de gros mollets


      Astoria, pour ne pas être en reste, conclut : « Vittorina est une ancienne grosse !  Ce sont des années de privations puis de ruine qui l'ont forcée à faire malgré elle un petit régime. La moindre gâterie sucrée peut lui faire facilement reprendre dix kilos. Oui ! Vittorina est une ancienne grosse dont il ne subsiste désormais que les énormes mollets, que je soigne avec mon baume tout préparé spécialement pour elle et sur demande expresse ! »

      Messire Alfred, qui passait par là témoigne. « Ces deux-là sont tant infernales l'une que l'autre, cependant Vittorina est une jeune femme si irrésistible que je lui pardonne toujours tout. Elles semblent se détester, mais savent surtout très bien s'allier dès lors que cela peut les servir. Pour preuve, Astoria a réussi à persuader Vittorina que, si je l'avais hébergée en mon hôtel particulier lors de sa visite tourangelle du printemps dernier, c'était en échange de ses faveurs. Vittorina m'a alors regardé, les yeux au bord des larmes avant de me demander en se mettant subitement à rouler des « r » et d'une voix particulièrement aiguë : « Avez-vous vrrraiment fait de moi votrrre catin à l'insu de mon plein grrré ? » Que voulez-vous répondre à cela ? Il n'aurait plus manqué qu'elle me demande des frais de dommages et intérêts. On m'y reprendra à rendre service. J'avais simplement eu de la peine en voyant mon ancienne fiancée – oui, nous avons été fiancés trois jours à l'automne dernier – loger dans une auberge indigne de son rang. C'était donc naturellement que je lui avais offert le gîte, et le couvert. D'ailleurs, elle coûte cher en brioches. »

      Aux dernières nouvelles, les deux jeunes femmes se seraient réconciliées pour la vie, ou au moins pour deux jours, jusqu'à ce que Vittorina s'enfuie à Limoges en abandonnant Astoria à Tulle, ville relativement désertée d'habitants. Seul l'avenir nous dira comment évolueront leurs relations, il semblerait cependant que la partie de bilboquet émotionnelle soit loin d'être terminée.


    Enquête spéciale exclusive : Les dessous de la COLM et surtout ceux de la Capitaine

      Traumatismes à la COLM. La Capitaine de l'ost du Limousin et de la Marche, Julianne Longshanks dirige ses troupes d'une main de fer dans un gant de fer. Une Italienne ayant dernièrement déserté de son poste de vigie à Tulle témoigne, les mains et les lèvres tremblantes : « Je ne veux pas risquer de me mettre la Capitaine à dos, mais elle me donne la frousse ! Cette femme ferait geler la glace ! » L'imagination de la Capitaine de l'armée Sang pour Sang serait sans limite pour contraindre ses soldats à ne jamais sortir du rang. Elle ferait régner sans partage une discipline féroce et les corvées seraient toutes plus inventives les unes que les autres. Une soldate raconte : « Elle nous a donné trois minutes pour nettoyer le couloir des latrines en nous donnant juste un seau d'eau. Une fois terminé, elle nous a dit « Enlevez les rubans de vos cheveux ». C'était horrible, ça nous a toutes décoiffées. Mais le pompon, c'est qu'elle nous a immédiatement après donné deux minutes pour éponger avec nos rubans l'eau qui restait par terre ! Elle n'a vraiment aucune tenue, elle n'y connaît rien en mode ! J'en pleurerais presque » ajoute-t-elle, juste avant de fondre en larmes.

      Le capitaine en second, dont nous tairons le nom pour préserver l'anonymat et accessoirement la vie, et lui éviter une nouvelle corvée dégradante témoigne : « *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* *hips* ». Nous venions de lui demander s'il tenait la pression, suite aux rumeurs comme quoi il servirait de souffre-douleur particulier à la Capitaine Juliane, et que certains s'inquiétaient de le voir boire plus que d'accoutumée. Quatre jours plus tard, après avoir à peu près décuvé – de façon compliquée, car la descente n'était pas linéaire – il répond : « La boisson n'est pas directement rattachée à notre Capitaine. Mais disons qu'elle n'aide pas à arrêter. N'allez pas déformer mes propos comme tout bon journaliste le ferait, mais la Capitaine est ce qui s'fait de mieux en terme d'efficacité militaire et de fermeté. Elle a de très bon moyens de persuasions. Surtout en cuir. » Le second nous montre alors les cicatrices des coups de fouet, de cravache et les traces des chaînes à ses poignets et ses chevilles, preuves des « persuasions » qu'il a subies de sa supérieure. Il ajoute alors : « Et elle a une imagination débordante pour tout ce qui est tâche chiante. Du style, compter grains par grains le maïs pour vérifier que la répartition des repas est la plus égalitaire possible. Mais sinon, la Cap' est quelqu'un de très sage, juste faut pas être dans son viseur. Et je crois que vous êtes dedans autant que moi. » L'interview a malencontreusement coupé court à partir de cet instant, notre envoyé spécial ayant subitement eu une urgence ailleurs.

      Vittorina Gloria Alzo, ayant écopé d'une corvée assez originale consistant à inculquer des leçons de savoir vivre au capitaine en second, messire Teulbald – qui tout en regardant Vittorina d'un œil vitreux, alcoolisé et libidineux commente en précisant que « la tutrice est pas mal » – ajoute que la Capitaine inspire la crainte, parce qu'elle ne sourit jamais ou presque. Un autre soldat nous raconte alors une anecdote concernant les dernières manœuvres de l'armée à Tulle. La Capitaine Juliane aurait été aperçue dans un magasin de dentelle de tulle, vraisemblablement pour s'y faire faire de nouveaux dessous, tant les siens étaient usés par les marches militaires. Elle y aurait gagné le sobriquet de « Capi-tulle », surnom qui resterait cependant relativement secret pour éviter à l'ost entier de se retrouver au gnouf.

      La discipline est tellement dure que certains soldats subissent une baisse de moral. En cause, une décision de la Capitaine interdisant une pratique ancestrale existant depuis l'apparition même des conflits armés, qu'elle considère contraire à l'esprit de discipline de sa compagnie d'ordonnance. Il est en effet bien connu qu'en temps de guerre, un soldat ayant pris une ou plusieurs vies subit une irrépressible envie d'en créer une nouvelle, souvent par l'intermédiaire des paysannes locales plus ou moins volontaires – n'ayant de toutes façons rien d'autre à faire puisque leurs champs sont ravagés – et permette de rétablir l'équilibre naturel des populations dont les mâles ont été décimés par les combats. Personne n'a cependant osé protester contre cette décision de vive voix, nul ne voulant s'ajouter au score de la Capitaine qui rappelle à qui veut l'entendre qu'elle a occis 115* ennemis sur les champs de bat [suite à une interruption momentanée causée par un assassin non identifié de genre féminin, blonde, de grande taille, envoyé par une entité comtale encore inconnue, nous ne sommes pas en mesure de terminer cet article. Nous vous prions de nous excuser pour cet incident indépendant de notre volonté.]


      *Erratum : c'est maintenant 116.


    L'actu de la Pie Paule

    • Scandale à la Maison Royale
      Nessia de Varenne, lors de la lecture du testament de feue sa génitrice, la Reyne Leyah de Varenne Pompée, est tombée des nues. Vittorina Gloria Alzo, alors Grand Maître de la Maison Royale de la Reyne Leyah, a reçu en héritage de la Reyne un nombre incalculable de chausses en tous genre, toutes étonnamment parfaitement à sa pointure. La princesse ne comprend pas comment Vittorina a pu obtenir autant de la part de la Reyne, alors qu'elle-même n'a pas reçu la moindre paire de sabots. Une enquête diligentée par les services de la Prévôté auraient mis en lumière des commandes demandées par la Reyne à son Grand Maître de la Maison Royale, lui demandant de visiter toutes les échoppes de cordonneries de Paris pour essayer (plusieurs fois) et acheter le maximum de chausses possibles, en précisant bien qu'elles faisaient toute deux la même pointure (ce qui était faux). Une note confidentielle à l'intention de la Surintendance des finances royales indiquant « Crachez-lui le pognon, au moins j'aurai la paix ! » a permis de mieux comprendre. L'Alzo devait tellement insupporter feue la Reyne Leyah que celle-ci n'a pas trouvé plus subtil stratagème pour ne plus l'avoir... dans les pieds.

    • Vera von Bretzel : toute la vérité sur son jeûne spirituel
      Après avoir déclaré urbi et orbi* – ou tout du moins aux clients de sa taverne – qu'elle entamait un jeûne sans limite pour que le Très-Haut l'absolve des péchés engendrés par la bêtise humaine, elle nous a annoncé après quelques minutes, les yeux en larmes et se signant : « J'ai craqué quand Dan, mon prétendant, a sorti son saucisson juste devant moi. » La marieuse de Limoges, qui a une phobie totale des insectes, aurait entraîné Vittoria Gloria Alzo dans sa lutte spirituelle, même s'il n'est pas certain que l'Italienne suive le jeûne pour les mêmes raisons. « Vera est une hérétique. Fourbe en sus » nous déclare une habitante, fille de Reyne à pied nu dont nous préserverons l'anonymat pour lui éviter un divin coup de crosse vengeresse. Celle-ci poursuit : « Devrais-je rajouter menteuse aussi ? Une personne à la dévotion parfaitement et purement aristotélicienne, comme elle se prétend être ne ment pas, ne lance pas de rumeurs, ne court pas les mâles comme elle le fait et... a un minimum de connaissance de son vocabulaire. » Vera se serait en effet trompée dans l'utilisation des termes « bagarre de taverne » et « révolution ». Toujours est-il que la von Bretzel n'est pas prête de cesser d'infliger des coups de crosses aux personnes à ses yeux récalcitrants ou remettant en cause le bien fondé de ses pratiques spirituelles. Sauf si vous avez du saucisson à lui proposer.
      *À la ville et au monde

    • Astoria d'Arpaon bientôt de nouveau maman
      n'a pas pu répondre à nos questions, trop occupée à chercher où son époux s'était encore fourré, même si des soupçons – encore infondés – porteraient sur une certaine Eulalie. Cela lui aurait pourtant permis d'évoquer avec douleur la gestation de ce cinquième enfant qui pourra enfin remplacer feu sa première fille, Astrolabe (ou Sextant, enfin un nom de ce genre), morte de la grippe alexandrine dans des circonstances mystérieuses liées aux luttes sans merci pour la possession des parts de marché de la cartomancie à Limoges. Elle aurait aussi pu nous expliquer en détail les causes de sa dépression sur fond de crise de couple – son époux ne la satisferait pas en raison d'une baisse de rigidité de ses parties essentielles à toute activité de reproduction – et de son sentiment d'abandon à Tulle suite au départ de sa meilleure amie d'enfance de toujours (sauf les jours pairs et les années non bissextiles), Vittorina Gloria Alzo qui aurait lâchement fui à Limoges après avoir constaté qu'elle n'avait plus une seule jupe propre à se mettre. Néanmoins, bien que le sujet soit assez croustillant, cela ne nous regarde pas, aussi ne développerons-nous pas plus.

    • La blessure du Comte du Limousin
      cicatrise bien et Arry Zolen se remet peu à peu de l'affrontement l'ayant profondément atteint dans son fondement. Son moral est bon, et entre l'engloutissement de deux morceaux de nougat il aurait même déclaré, avec son habituel ton pince-sans-rire : « Avec deux trous au cul, et quand bien même je considère – en bon Parisien – que tous les goûts sont dans la nature, il est bien dommage que je ne sois point sodomite. »

    • Archibalde d'Alzo aurait déclaré
      en parlant d'abricot : « Il était parfaitement mûr et juteux. » Nous ne sommes pas parvenus à savoir s'il évoquait la garniture de la tarte pâtissée pour lui par Elizabetha Cortez-Corleone ou autre chose venant d'elle.

    • Les rumeurs sur le nouvel amant de Vittorina Gloria Alzo
      vont bon train. Après avoir rompu ses fiançailles avec son fiancé Samuel Axe, elle hébergerait actuellement un tourangeau, messire Alfred, qui lui prodiguerait une cour plus ou moins assidue, et surtout fort maladroite. La décence nous oblige à nous demander quelle raison Vittorina aurait à se fourvoyer avec un tel roturier, bourgeois et bouffon de Touraine qui plus est (sans parler de son ridicule bonnet à grelots), quand bien même il serait propriétaire d'un hôtel particulier à Tours et de plusieurs appartements. Heureusement, l'Italienne aurait aussi été aperçue en bien plus correcte et galante compagnie, à savoir le Comte Louis-Thomas d'Asceline von Ostenmark-Sparte. Le matérialisme, l'apparence et la hauteur du titre l'emportant toujours, il est aisé de savoir à qui la dame de Masseret accordera sa main ainsi que ses charmes. L'Alzo aurait cependant récemment déclaré « qu'elle tuerait pour un marquisat », le Comte va donc devoir viser plus haut pour pouvoir entreprendre Vittorina sans craindre un revirement d'humeur de dernier instant.

    • Tube de l'été 1468
      Quel fêtard de Limoges n'a pas dans sa tête ce refrain entraînant bien ancré : « Je, je, suis Limousine, je suis une catin ! » Mylène Fermière, l'interprète de la maintenant célèbre chanson « Limousine » nous explique la genèse de son simple qui aura animé les soirées du Comté tout l'été. « Cette chanson résulte non seulement des mœurs légères des bas – et hauts – fonds de Limoges, mais surtout des expériences innovantes s'étant récemment pratiquées sur les berges de la Vienne ». Un témoin nous raconte qu'il existe bel et bien en bord de la rivière un endroit discret, très prisé des gens aimant baguenauder tout nu et s'adonner à des pratiques déviant du dogme aristotélicien. Si la curiosité – ou autre – vous en dit, n'hésitez pas à aller y faire un tour, même si ce sera à vos risques et périls. À savoir absolument : prononcer le mot « vache » vous vaudra d'être tué sans sommation (ou disséqué vif par un médecin avant-gardiste y sévissant). Que cela ne vous empêche pas de profiter de l'ambiance luxurieuse entretenue par ce tube de l'été !


    C'est tendance ! À retrouver en détails dans notre hors série rentrée 1468

    • Beauté
      Quelle couleur de cheveux adopter quand on est brune ?
      Problèmes de gorge : Comment prendre soin de son décolleté avec une poitrine plate ?
      Gras, sec, normal ou cassant : comment bien définir son type d'amant, et comment en prendre soin ?

    • Mode
      Pour être stylée d'un mollet à l'autre : quelle paire de bas de contention est faite pour vous ?
      Huit façons de sortir pieds nus, la tendance de la fin de l'été 1468.
      Cet été, changez d'amant comme de corset : on vous explique.
      Reyne Consort Mady : on connaît sa vaisselle préférée pour affronter ses crises de couples (et c'est de Limoges).

    • Paraître
      Vous voulez être le centre du monde ? Soyez tendance : devenez une connasse !
      Le mari de votre meilleure amie d'enfance de toujours vous plaît ? Dix façons de le lui piquer, la septième va vous surprendre.
      Vous êtes grosse et orange ? Une cartomancienne mariée à un homme pouvant avoir l'âge de mon grand-père redécouvre cette recette miracle oubliée de tous qui va vous étonner.



©1468 BERRY MATCH tous droits réservés. Des événements relatés ici seraient faux ? M'enfin... depuis quand les journaux de ce genre vérifient-ils leurs sources ?

Librement inspiré, pompé et assaisonné à la sauce RR de, entre autres, et dans l’ordre d’apparition :
  • Paris Match,
  • Breakfast at Tiffany's, 1961, de Blake Edwards, avec Audrey Hepburn,
  • Gargote, halles et autres forums des institutions Limousines,
  • Les gens bien élevés interprété par France Gall,
  • Les Inconnus, l'athlétisme,
  • Libertine interprêtée par Mylène Farmer,
  • Voici,
  • L'Homme de Rio de Philippe de Broca, avec Jean-Paul Belmondo et Françoise Dorléac.

    Aucun journaliste n'a été blessé durant la rédaction de ce journal.
    Merci à tous les joueurs (et surtout les joueuses ) d'avoir ouvert leurs vilains dossiers RP pour moi.

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Bouffon ducal de Touraine
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