Rollin
Il avait laissé disparaitre à sa vue le Jardin du Verney et le verger communal qui, tout là-bas dans le lointain entre le Bourg Maché et le Bourg Reclus, étendaient le sinople et l'émeraude de leurs frondaisons au-dessus de l'argent et de l'or scintillant de la Leysse.
Ayant franchi le châtelet de la baille occidentale de la capitale savoisienne, le cavalier de fer-vestu poussa son palefroi au long des rues presque désertes. Talonnant doucement, qui de destre ou de senestre, il mena sa monture à travers le dédale de rues et de traboules jusqu'au petit pont qu'il avait fait baptiser "Viviand-le-Vieil" en l'honneur de son vieux voisin et de son fait d'arme extraordinaire lorsque les Genevois avaient apporté la ruine en la cité bien des années plus tôt.
Les souvenirs remontèrent, faisant se gonfler un peu plus le cur et se mouiller d'autant la paupière.
Bien entendu, le Vieux avait dû finir par rejoindre sa dernière demeure - la terre lourde de cette Savoie qu'il avait tant aimée. Le cavalier s'en doutait, mais le fait d'en avoir confirmation en voyant le logis de Viviand occupé par d'autres lui causa un pincement au cur... et lui fit un autre bleu à l'âme.
Quelques toises plus loin, appuyé contre la muraille, le cavalier reconnut son premier logis, la masure où il avait vécu des heures sombres, plus douloureuses que les tourments de l'Enfer Lunaire, mais surtout des joies lumineuses et immenses comme le doit être le Paradis Solaire.
Le petit bâtiment de pierre et de bois, frêle et un peu de guingois, semblait avoir tenu bon. Sa Mesnie avait donc veillé patiemment sur le lieu. Sur l'antique poutre qui faisait linteau au-dessus de la porte, et bien que fanée par le temps, le cavalier distingua encore la marque qu'il avait gravée près de quinze ans auparavant...
Un sourire fendit son visage et l'homme éperonna des deux, forçant son palefroi vers la Maison commune.
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Ayant franchi le châtelet de la baille occidentale de la capitale savoisienne, le cavalier de fer-vestu poussa son palefroi au long des rues presque désertes. Talonnant doucement, qui de destre ou de senestre, il mena sa monture à travers le dédale de rues et de traboules jusqu'au petit pont qu'il avait fait baptiser "Viviand-le-Vieil" en l'honneur de son vieux voisin et de son fait d'arme extraordinaire lorsque les Genevois avaient apporté la ruine en la cité bien des années plus tôt.
Les souvenirs remontèrent, faisant se gonfler un peu plus le cur et se mouiller d'autant la paupière.
Bien entendu, le Vieux avait dû finir par rejoindre sa dernière demeure - la terre lourde de cette Savoie qu'il avait tant aimée. Le cavalier s'en doutait, mais le fait d'en avoir confirmation en voyant le logis de Viviand occupé par d'autres lui causa un pincement au cur... et lui fit un autre bleu à l'âme.
Quelques toises plus loin, appuyé contre la muraille, le cavalier reconnut son premier logis, la masure où il avait vécu des heures sombres, plus douloureuses que les tourments de l'Enfer Lunaire, mais surtout des joies lumineuses et immenses comme le doit être le Paradis Solaire.
Le petit bâtiment de pierre et de bois, frêle et un peu de guingois, semblait avoir tenu bon. Sa Mesnie avait donc veillé patiemment sur le lieu. Sur l'antique poutre qui faisait linteau au-dessus de la porte, et bien que fanée par le temps, le cavalier distingua encore la marque qu'il avait gravée près de quinze ans auparavant...
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Un sourire fendit son visage et l'homme éperonna des deux, forçant son palefroi vers la Maison commune.
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Co-Mestre de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry, Intendant de la Mesnie des Sainctes-Eaux, Baron d'Arvillard