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Info:
[1462]+[fin 1468 et suivantes]

[RP] Bureau de la Corporation de cueilleurs

Juzstina


Le bureau venait d'être fraîchement rénové et dépoussiéré par la nouvelle conseillère au verger de Chambéry. La tâche n'avait pas été bien difficile jusqu'à maintenant, mais ce qui viendrait le serait sans doute davantage ; il fallait recruter des cueilleurs pour la capitale de Savoie. Les arguments ne manquaient pas, mais les Chambériens avaient la fâcheuse habitude de voyager ce qui ne rendait pas l'établissement de la Corporation bien facile. Juzstina croyait pourtant en son projet et elle avait bon espoir de le mener à bien. Une affiche de renseignement fut mise à disposition de tous.

Citation:
Aux Chambériennes et aux Chambériens, à tout ceux qui liront ou se feront lire,

La capitale de Savoie est présentement à la recherche de cueilleur actif pour son verger. La mairie, via sa conseillère en cueillette Erzsébet Juzstina Lanas von Sélénios, rachète votre labeur à la hauteur de 9 écus pièce ce qui vous permet un profit immédiat et garantie.

Pour plus d'informations, écrivez à Juzstina ou entrez au bureau de la corporation de cueilleurs.

_________________
Rollin


*L'air quelque peu contrarié, Rollin arracha les derniers lambeaux de l'affichette qui pendouillaient lamentablement sur la porte de la Maison des cueilleurs, siège de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry et, accessoirement, demeure de son Grand-Mestre et fondateur, Augis.*

*Les murs de pierre de la bâtisse avaient été badigeonnés au sang de bœuf en début d'année, histoire de donner un coup d'éclat à la façade, tandis que les huisseries avaient été enduites à neuf de brou de noix. Une demi-année d'intempéries et d'inoccupation avaient cependant déjà fait leur œuvre…*

*Le Chambérien tira une clé de fer de son escarcelle et tenta d'ouvrir la porte. Rien n'y fit. Le Mestre serra les mâchoires, et garda pour lui les réflexions peu amènes qui lui venaient en tête sur la façon dont on avait transmis sa charge au sein de la plus ancienne corporation de Savoie. Tout semblait donc à refaire… à commencer par se réapproprier les lieux!*

*Il retourna à sa charrette, en extirpa quelques outils et, en deux temps trois mouvements, força la serrure récalcitrante. Il la remplacerait plus tard dans la journée par l'une de celles achetées au Damoiseau de Chenot.*

*Rollin se livra ensuite à un étrange manège, qui pouvait en fait se décrire par un grand chambardement: il ouvrit portes et fenêtres et enleva ce qu'il jugeait superflu de la grande salle du rez-de-chaussée. Dans un coin de l'arrière-salle, là où était d'ordinaire entreposé le matériel commun, il découvrit la bannière du Métier, roulée autour de la hampe et couverte de poussière. Le Mestre ferma les yeux un instant et inspira profondément… Comment avait-on pu en arriver là? Il étreignit l'étoffe de ses mains solides, repensant à ce que cette bannière représentait pour lui et pour la Corporation dans son ensemble. Cette bannière aux armes de Savoie sur laquelle avait été peintes des échelles en sautoir, et peinte et rebrodée une Sainte-Nitouche portant deux paniers débordant de fruits… cette bannière que les Compagnons avaient suivie au rempart pour le guet, et même lors de la guerre contre les Genevois et de celle contre les Génois. Cette bannière pour laquelle ils avaient versé leur sang et qui leur avait insufflé tant de courage lorsqu'ils tinrent sans reculer d'un pouce le pont que l'on appelait maintenant de Viviand-le-Vieil.*

*Le Mestre déroula la toile et la fit claquer pour en chasser la poussière puis, avec déférence, il posa l'insigne à la place qui lui revenait, derrière le siège d'Augis.*



-------------------------------------------------




*La journée s'était donc écoulée en rangement, nettoyage, réapprovisionnement et remise en état des registres.*

*Lorsque le jour se décida enfin à céder la place à la nuit, Rollin, fourbu mais heureux, apporta la dernière touche à l'ensemble. Il remisa dans le coffre armé, à côté de la charte de fondation de la Corporation remontant à septembre 1455, la copie officielle de l'arrêté de la Maison commune qu'il avait obtenu 4 années auparavant et qui instituait le "Guet des cueilleurs" et réglementait la gestion et le prix de rachat des fruits. Le document, muni du sceau de la Maison commune et de celui du Duc de Savoie, était un véritable chef d'œuvre de calligraphie.*

Citation:
De la Corporation des cueilleurs de fruits

Ce jour, le 28e du mois de septembre 1458, faisons crier dans et hors les murs que, eu égard à sa longévité et au dévouement exemplaire de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry, nous, Isabeau de Paré, Dame de Versonnex et Bourgmestresse en la Maison commune de ladite Cité, sous les auspices et la bienveillante attention de la Maison de Savoie ce jour d'huy représentée par Sa Grâce Valzan de Louvois, reconnaissons et accordons liberté et franchise à ladite Corporation.

Par le présent acte, la Maison commune fait dire que:

Item – Accordons au responsable de la Corporation élu entre ses pairs, et qui en fera la demande, mandat pour la gestion des biens de la Corporation et uniquement pour ce fait. Ledit mandat ne sera chargé d'aucun avoir, bien, ou denrée quelconque issu du Trésor ou des greniers de la Cité. Il servira à la Corporation pour engranger les fruits tirés du verger communal par les Compagnons-cueilleurs repris au rôle de ses membres, et à eux seuls, ainsi que le matériel commun que ladite Corporation jugerait utile à son Métier.

Item – Arrêtons, par ce fait, que le prix de 9 écus et 25 deniers (9,25) pour les fruits est réservé à l'usage de la Corporation qui, à la demande de la Maison commune, les lui revendra à ce prix.

Item – Recevons en échange que ladite Corporation renonce pour ses Compagnons, présents et à venir, à l'exemption de guet et de milice accordée par la Coutume chambérienne à ses Métiers depuis le temps des pères de nos pères. Le mestre et ses adjoints auront de ce fait l'obligation de fournir à chaque semaine pour un jour et une nuit, trois gens issus de ses rangs pour assurer le guet et garnir les murs de notre Cité sans qu'il soit exigé quelconque rétribution en retour. En outre, le Mestre et ses adjoints promettent par serment de foi jurée sur le Livre des Vertus et les très saintes reliques de Nitouche et Léger de sortir bannière et sous elle assembler leurs Compagnons armés au mieux de l'état et de la condition de chacun, et de les tous mettre au service de la Cité en cas de besoin.

Item – Ajoutons que, pour palier aux dépenses administratives et scripturales que le mandat cy-avant décrit engendrera, la Corporation veillera à donner en argent, en nature ou en travail gratis pro Deo pour la Maison commune les sommes dues à l'entretien dudit mandat. Le Mestre, ses adjoints, ou tout représentant par eux élu pour représenter les intérêts du verger et de ceux qui y œuvrent, fussent-ils Compagnons ou non, tiendra un registre en la Maison commune avec les comptes et inventaires, ainsi que le détail des sommes dues à ladite Maison commune pour l'entretien du mandat.

Item – Statuons par cet acte que les paiements dus pour ce faire seront effectués à terme échu par quatre fois dans l'année, c'est assavoir au jour Saint-Glycérius (21e de décembre), au jour Saint-Lupicin (21e de mars), au jour Saint-Raoul et Pelade (21e de juin) et au jour Saint-Castor (21e de septembre) si tant aimé des Boulangers et Charpentiers de la Cité.

Item – Reconnaissons et acceptons la Justice savoyarde souveraine pour arbitrer tout litige qui surviendrait entre la Maison commune et la cy-devant dite Corporation des cueilleurs de fruits.

Item – Donnons à la Maison de Savoie, pour le Verbe et la Science de celui ou celle que la grâce des urnes et la bienveillance du Très-Haut auront placé sur le trône ducal, le pouvoir de conseil et, in fine, le dernier mot en la matière.

Tout manquement à cet arrêté sera passible de poursuites.

Si fait en ce 28e jour de septembre 1458, sous le Haut-patronage de Sa Grâce le Duc de Savoie et par devant les témoins probes et gens de bien que sont les conseillers de la Maison commune, nous, Isabeau de Paré, Dame de Versonnex, Bourgmestresse de Chambéry, apposons le scel communal et notre seing.



Isabeau de Paré
Dame de Versonnex
Bourgmestresse de Chambéry



Valzan de Louvois
Duc de Savoie


*Enfin, il entreprit refaire le panonceau d'accueil qu'Augis avait placé dans l'entrée.*

Citation:
Bienvenu(e)s à la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry!

La corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry a pour but d'améliorer la cueillette de ses membres par une mise en commun d'information sur les bons coins du verger. Cette entraide permet ainsi d'accroître la production globale de fruits de Chambéry et favorise donc la prospérité de la Cité.

Pour entrer en Corporation, il suffit d'en faire la demande au responsable présent en cet office, il vous expliquera précisément les démarches à effectuer.

Dans ce local, vous trouverez tous les jours une carte du verger qui sera renseignée au fur et à mesure de la journée par les membres de la corporation. La carte se trouve ICI.

Ensuite, chaque jour de cueillette, les membres viennent renseigner les rendements découverts au verger pour en faire profiter les autres... et profiter eux-mêmes des informations recensées par les cueilleurs plus matinaux. Par la mutualisation, chaque partie du verger n'est visitée qu'une fois : ceci permet à la communauté de tester beaucoup d'emplacements et d'augmenter les chances que les meilleurs coins du jour soient réellement découverts et exploités.

De plus, quand on a peu de possibilités de cueillette par jour, seule la chance permet de trouver un très bon coin ! En mettant en commun nos prospections, il nous est loisible de choisir parmi un plus grand nombre de lieux où cueillir.

Je vous invite tous à nous rejoindre pour l'optimisation de votre cueillette, pour la prospérité de Chambéry et pour le bien de la Savoie toute entière !

En outre, la Corporation a obtenu un accord avec la Maison commune de Chambéry. Le prix de 9,25 écus par fruit étant réservé aux Compagnons cueilleurs. Les fruits mis en vente à ce prix sont rachetés par le responsable du stock (pour l'instant: Rollin). Ledit stock est mis à disposition de la Maison commune pour son usage, avec l'insigne avantage de ne pas immobiliser inutilement des écus des coffres de la Cité.

Pour faciliter encore le travail, les Compagnons qui le souhaitent peuvent demander à la Corporation de leur fournir une échelle à prix coûtant (prix de vente minimal). Dans la limite des stocks disponibles, bien entendu.

Merci à Dame Paddyromy, du Royaume de France pour la mise à disposition de ses registres.


Pour les nouveaux, le guide de la cueillette :

Citation:
Si vous êtes vagabond ou voyageur de passage à Chambéry, vous ne connaissez peut-être pas le fonctionnement du verger. Vous trouverez des renseignements pratiques sur la cueillette en consultant :
* un ouvrage de la bibliothèque impériale qui explique très clairement la marche à suivre, ou
* le guide de la cueillette

Après ces lectures, s'il vous restait des questions, n'hésitez pas à interroger les responsables ou d'autres membres de la Corporation, que ce soit par message personnel, de vive voix dans le présent bureau ou bien en taverne.


Le rôle des Compagnons : [14e jour d'août de l'An de Pasques 1462]

Citation:
Grand-Mestre et Fondateur :
Augis(*)

Co-Mestres :
Rollin
Yzalba(*)

Compagnons :
Charlemagne23(*)
Damdalamien
Faenor(*)
Galopin
Granfrere
Juzstina
Laiyna
Lavava
Locke
Lordsigfrid(*)
Maitremars
Meline
Mini.
Neocor
Oceane.lbt(*)
Pisenlit23
Sorkon(*)
Thornton
Victoria.d.alaya
Zardoz(*)

(*) - Actuellement indisponible

Compagnons honoraires :
Cedrick1er
Elektra.
Estainoise
Mohea
Spock
Zip

Requiescant in pace :
feu Adso_von_witz
feu Almandian
feu Angel_de_chevelu
feu Angelo.
feu Aragus
feu Asicael
feu Baudolino
feue Christa
feu Dolmance
feu Duannay
feu Fernal
feu Francois_premier
feu Grandgousier
feu Guilmord
feu Gwalchjune
feue Gysele
feue Lakata
feu Loctavia
feue Lulu_Tigrrou
feu Meyssonnier
feu Nasher
feu Pilule
feu Ragnarock
feu Sbott
feu Seifuku
feu Sieur_Phaco
feu Simon1
feue Suba
feu Timarti
feue Tosca
feue Valeriepc
feue Vanilleverte
feu Wrothak
feu Wotanether
feu Xenor
feu Yannov

Ont soutenu la Corporation sans être savoyards :
Aorine, feue Mamae, feue Ortence, Paddyromy, feu Patrickovix, feu Signore_baudolino

Ont abandonné leur Duché pour des promesses de terres nouvelles à défricher :
feu Simnick, feu Steredeck, feue Aurhore, feu Moh, feu Pooyan, Valentino, Maewinda, Spock

Ont été mis au ban de la Corporation :
Edlweisss
Citation:




Citation:

























































































HRP : Mode d'emploi de la carte

La mise en commun des recherches de chaque cueilleur peut s'avérer très intéressante pour les personnes ne disposant pas d'un grand nombre de déplacements...

Chaque emplacement déjà renseigné par un cueilleur sera recouvert d'une cible :
- noire : emplacement non accessible dans votre situation (selon votre force et, le cas échéant, votre échelle)
- grise : trop tard... l'emplacement est déjà occupé
- bleu : emplacement disponible
- rouge : meilleur rendement actuellement disponible dans votre situation (tenant compte de votre force et, le cas échéant, de votre échelle).

Entrez vos caractéristiques (force & échelle) sur la carte ("chez moi" puis "mon profil") pour que la carte vous indique automatiquement les meilleurs emplacements disponibles dans votre situation. Cette fonctionnalité n'est offerte qu'aux membres inscrits (envoyer votre demande par MP à Rollin pour obtenir les modalités d'inscription).

Consultez d'abord la carte pour savoir quelles sont les cases qui ont été renseignées par les autres cueilleurs de la journée.

Quand vous découvrez une nouvelle case au verger, vous notez sa valeur sur la carte (en cliquant sur l'emplacement, un formulaire apparaît à gauche pour indiquer le taux, puis cliquez sur "renseigner").

Lorsqu'il ne vous reste plus qu'un seul déplacement possible, choisissez la case découverte la plus élevée et notez sur la carte que vous l'occupez (cliquez sur l'emplacement retenu puis, à gauche, sur "marquer occupé").

_________________
Co-Mestre de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry, Intendant de la Mesnie des Sainctes-Eaux, Baron d'Arvillard

Yrvis_de_chenot
Le maitre Rollin de la corporation des cueilleurs de fruit lui ayant annoncé qu'après des travaux, il avait réaménagé le bureau dans la ville, Yrvis se décida de rendre visite et admirer le travail.
Il quitta la mairie de bonne humeur, grâce aux maires précédent, aux villageois et à son travail avec ses conseillers, les finances de la ville et son marché se portaient bien. Au point que les premiers rempart pour protéger la ville étaient en construction et que si tout allait bien, les travaux continueraient afin de protéger au mieux chaque habitant de la ville.

Yrvis arriva devant le bâtiment qui donnait le sentiment d'avoir repris vie et il s'arrêta devant le panneau qui se trouvait à l'entrée, prenant le temps de le lire patiemment, regardant tout les noms des créateurs de la corporation.

_________________



Vicomte de Marboz, Seigneur de Fossano et Seigneur d'Osasco
Lavava
Lavande, comme à son habitude, parcourait les ruelles de Chambéry, après une journée de labeur. Elle était à l'affût de la moindre rumeur, du moindre bruit pouvant mettre la dame sur la trace de son époux disparu. Chaque soir, était ce rituel, qui avait prit là, maintenant, un aspect plutôt reposant pour elle. En effet, lassitude avait gagné dans les recherches et elle se plaisait maintenant à déambuler dans sa ville. Elle y connaissait la plus petite des échoppes, le plus noir des quartiers ne lui faisait plus peur. On commençait même à la saluer à son passage. On savait qui elle était, elle ne se cachait plus. Le juge n'était pas craint mais une entente tacite, un respect mutuel étaient en place.

Elle remontait vers les quartiers plus calmes quand on tira sur son surcot.


M'dame la juge ! Dame ! V'voulez pas m'acheter mes fruits ?

Se retournant prestement et baissant les yeux sur le petit André, fine mouche à ses heures et débrouillard comme pas deux, fils incontesté de la Margotte, une des nombreuses filles du tenancier Warin, et du boucher du coin aux vues des ressemblances. Ils avaient souvent parlé et contre quelques deniers il pouvait être très loquace.

André lui présentait deux belles poires, belles et gourmandes, mures à point et donnant envie immédiate d'y mordre dedans.


Où as tu choppé ces fruits ? Air espiègle de Lavande qui n'ignorait pas que le garçonnet faisait rapine de temps en temps.

Ah Dame ! Non point ! Po cet'fois ! Air faussement renfrogné d'André.

C'est qu'la corporation des cueilleurs est rouvert', et pi, m'ont aidé au verger pour y cueillir ! M'ont prêté une échelle, car j'avois pas les moyen, vous compr'nez.

Elle sourit au jeune garçon et lui acheta les fruits bien volontiers. Elle ne put s'empêcher de croquer dans une des poires juteuses et partit rejoindre le mestre cueilleur.
Oui elle était informée que Mestre Rollin avait ré-ouvert la corporation. C'était une bonne chose. Elle se souvenait d'un entrainement soldatesque dans le verger qui avait fini en bataille de fruits pourris... Elle en rit toute seule sur le chemin allant vers la demeure du Grand mestre Augis.

Là se trouvait déjà le maire Yrvis de Chenot, qu'elle salua respectueusement. La corporation reprenait vie ! C'était un travail extraordinaire que Rollin avait accompli.


Cher Duc, le bon soir ! Voilà un bien beau travail que nous a fourni là, Mestre Rollin !
Se tournant ensuite vers le baron.

Oh là Mestre Rollin ! Avec un grand sourire. J'ai 36 fruits à disposition de la corporation ! Et de croquer dans la seconde poire...
Rollin
*Rollin sortit de la Maison des cueilleurs et déposa en ahanant une énorme banse de fruits sur le plateau du gabion qu'il avait rangé le long de la façade. Ce faisant, il faillit buter dans le Bourgmestre et la Dame du Bourget qui étaient venus lui rendre une visite de courtoisie.*

*Fidèle à ses habitudes et tâtillon en diable en matière de protocole, le Mestre s'inclina respectueusement pour saluer ses deux visiteurs.*

- Messer Bourgmestre, Dame, c'est plaisir de vous voir icelieu! Entrez donc! Venez vous rafraîchir, vous êtes chez vous, après tout!

*Rollin ne leur laissa pas le temps de répondre et les poussa à l'intérieur pour leur servir une lampée d'un petit Apremont de derrière les fagots. Bien que tout entier affairé à faire le service, le Mestre n'en n'avait perdu mie et, tendant une timbale pleine à Lavava, il répondit dans l'élan:*

- Trente-six pièces? Vous avez bien œuvré, Dame! La Corporation sera heureuse de vous les reprendre à prix convenu pour les Compagnons, si vous le souhaîtez.
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Co-Mestre de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry, Intendant de la Mesnie des Sainctes-Eaux, Baron d'Arvillard

Rollin
Quatre misérables fruits au marché! Pourtant le Mestre en avait croisé des cueilleurs au verger, mais de toute évidence, ils n'étaient que de besogneux œuvriers peu au fait de la force que représentait la corporation et de l'aide qu'elle pouvait leur apporter à eux et à la Cité.

D'ailleurs, Rollin s'était un peu étonné de n'avoir vu aucune affichette à la Maison commune - si ce n'est quelques encouragements rédigés de la main de Messer Phaco - et encore moins d'annonce sous les antiques charpentes de la grande halle. C'était sans même évoquer la charte de libertés, qui n'était même pas renseignée dans les registres du corpus savoisien.

Décidément, tout partait à vau l'eau dans ce duché.

Le Mestre, de retour du verger, fit le détour par la Maison des cueilleurs, siège du Métier et centre névralgique de la corporation, demeure de son Grand Mestre et fondateur, Augis.

Chemin faisant, Rollin se demandait comment il trouverait les lieux, et à sa grande surprise, il constata que la bâtisse était bien entretenue, même si les poutres et l'enduit de la façade à pans de bois auraient mérité un petit coup de sang de boeuf. Augis était donc revenu de chez les moines à un moment ou à un autre... bonne nouvelle!

Pour autant, la corporation semblait en sommeil, et le Mestre comprenait pourquoi, si le Conseil ducal et la Maison commune restaient aussi impassibles quant à la chose commerciale.

Le Mestre frappa à l'huis et n'obtint aucune réponse, aussi sortit-il sa vieille clé et ouvrit-il lui même. Les lieux semblaient propres, mais étaient visiblement inutilisés depuis bien longtemps.

Rollin se saisit de la petite clochette emmanchée qui était utilisée pour réglementer et ordonner les réunions solennelles du Métier. Près d'elle, le Mestre vit la bannière de la corporation et un sourire fendit son visage fatigué. Combien de fois avait-elle mené les Compagnons sur les remparts, combien belle était-elle, fièrement brandie en défiance face aux assauts genevois.

Le son cristallin de la clochette énergiquement agitée résonna dans toute la Maison des cueilleurs, et la voix puissante et grave de Rollin lui fit écho.

- Adieu, Compagnons cueilleurs, Gens de la corporation, où donc vous terrez-vous? Et le Grand Mestre, où donc s'est-il assoupi?

Rollin espérait que ce vacarme suffirait à attirer Augis au rez-de-chaussée... si d'aventure il demeurait toujours sous ce toit.

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Co-Mestre de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry, Intendant de la Mesnie des Sainctes-Eaux, Baron d'Arvillard

Rollin
Rollin reposa la clochette où il l'avait prise, et son regard fut attiré par les volumes aux lourdes couvertures de cuir rangés en ordre impeccable près de la cathèdre du Grand Mestre: les livres de comptes, inventaires et contrats.

Le Mestre cueilleur esquissa un sourire et prit un volume au hasard qu'il ouvrit à peu près par le milieu. La mine surprise, il reconnut sa propre écriture serrée et régulière.


Spoiler:
    [...]
    bilan mensuel de la corporation des cueilleurs de fruits pour le mois de juin 1458 :

    * 3 cueilleurs ayant renseigné la carte sur le mois
    * la carte a été renseignée 1 jour sur 2
    * 93 emplacements renseignés par jour effectif (en moyenne)

    bilan mensuel de la corporation des cueilleurs de fruits pour le mois de juillet 1458 :
    * 3 cueilleurs ayant renseigné la carte sur le mois
    * la carte a été renseignée un 1 jour sur 2
    * 69 emplacements renseignés par jour effectif (en moyenne)

    bilan mensuel de la corporation des cueilleurs de fruits pour le mois de août 1458 :
    * 8 cueilleurs ayant renseigné la carte sur le mois
    * la carte a été renseignée 2 jour sur 3
    * 109 emplacements renseignés par jour effectif (en moyenne)

    bilan mensuel de la corporation des cueilleurs de fruits pour le mois de septembre 1458 :
    * 8 cueilleurs ayant renseigné la carte sur le mois
    * la carte a été renseignée 1 jour sur 2
    * 115 emplacements renseignés par jour effectif (en moyenne)

    bilan mensuel de la corporation des cueilleurs de fruits pour le mois de octobre 1458 :
    * 6 cueilleurs ayant renseigné la carte sur le mois
    * la carte a été renseignée un peu plus d'un jour sur 2
    * 101 emplacements renseignés par jour effectif (en moyenne)

    bilan mensuel de la corporation des cueilleurs de fruits pour le mois de novembre 1458 :
    * 4 cueilleurs ayant renseigné la carte sur le mois
    * la carte a été renseignée un peu moins d'un jour sur 2
    * 80 emplacements renseignés par jour effectif (en moyenne)

    bilan mensuel de la corporation des cueilleurs de fruits pour le mois de décembre 1458 :
    * 5 cueilleurs, dont deux anonymes, ayant renseigné la carte sur le mois
    * la carte a été renseignée un 1 jour sur 4 (la guerre a été déclarée au 12e jour de ce mois et les Compagnons ont rejoint les forces savoyardes)
    * 55 emplacements renseignés par jour effectif (en moyenne)

    bilan annuel de la corporation des cueilleurs de fruits pour 1458 :
    * 17 cueilleurs inscrits ayant renseigné la carte au cours de l'année
    * la carte a été renseignée 201 jours sur l'année (dure comparaison avec les chiffres de l'année précédente mais le contexte était bien moins favorable avec l'attaque de Gènes en mars, la guerre de Provence et la guerre contre Genève)
    * 100 emplacements renseignés par jour effectif (en moyenne)
    * 20 186 emplacements renseignés sur l'année

    bilan mensuel de la corporation des cueilleurs de fruits pour le mois de janvier 1459 :
    * Aucun Compagnon-cueilleur au verger sur le mois car toute la Corporation a été mobilisée à la défense de la Savoie
    * la carte n'a été renseignée aucun jour
    [...]


Rollin referma le livre de comptes et le rangea à sa place, l'air dubitatif

Ces chiffres avaient dix ans et il se souvenait que l'An de Pasques 1458 avait été une année de faible rendement. Pourtant, à comparer avec ce qu'il avait vu au verger depuis son retour, ça ressemblait à un âge d'or lointain.

Le Mestre s'appuya du coude sur le dossier de la cathèdre et attendit un signe de vie d'Augis.

_________________
Co-Mestre de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry, Intendant de la Mesnie des Sainctes-Eaux, Baron d'Arvillard

Rollin
None avait sonné au clocher de Sainte-Nitouche, et la note claire de Saint-Léger lui avait fait écho avec un battement de retard... il y avait bien longtemps que ces deux-là ne chantaient plus à l'unisson.

Rollin avait fait preuve de patience, mais force était de constater que le Grand Mestre n'était pas au logis, si tant est qu'il occupât encore les lieux. Il nota mentalement qu'il faudrait tirer cette histoire au clair, mais pour l'heure Chambéry devait retrouver son opulence et son lustre - et l'un des premiers problèmes à régler était le marché, et surtout le commerce de ses fruits.

Certes les citains en avaient besoin pour préparer leurs repas - et à l'approche du rigoureux hiver de Savoie, c'était encore plus vrai - mais les coffres de la Maison commune se languissaient aussi du trésor sucré tiré du verger. De tout temps, Chambéry avait toujours tenu le haut du panier dans le commerce de fruits au-dedans des limites du duché, et grâce à la corporation des cueilleurs, elle avait même pu honorer des contrats hors des frontières. Tout ceci n'était guère que souvenirs, mais Rollin se refusait à voir péricliter la ville où il avait vécu si longuement et retrouvé la paix de l'âme.

Aussi, le Mestre entra en action, et comme toujours cela promettait un sacré remue-ménage. Il ouvrit les fenêtres et la porte en grand pour faire entrer l'air pur du dehors, il chassa le peu de poussière qui s'était déposé sur la bannière et le mobilier de la corporation, fit l'inventaire des quelques biens des compagnons, puis il sortit le dernier volume des livres de comptes.

Rollin prit place devant le pupitre réservé au remplissage de la carte par la compagnons, sortit son matériel d'écriture et vérifia le biseau du bec de la courte plume d'oie qu'il emmenait partout avec lui. Il ouvrit le recueil à la première page vierge disponible et traça la réglure avec sa mine de plomb. Satisfait de la rectitude de l'ouvrage, il échangea la pointe sèche contre la plume, qu'il trempa dans son petit encrier de voyage avant que de poser sur la page quelques simples lignes comptables... les premières depuis bien trop longtemps.


Spoiler:
    bilan mensuel de la corporation des cueilleurs de fruits pour le mois de septembre 1468 :
    * 1 seul cueilleur ayant renseigné la carte sur le mois,
    * la carte a été renseignée 1 jour sur 2
    * 80 emplacements renseignés par jour effectif (en moyenne)


Le Mestre saupoudra la poussière de pierre ponce sur l'encre fraîche pour en accélérer le séchage, attendit un peu puis referma le lourd volume avant de le ranger à sa place.

Rollin était Mestre du métier de cueilleur. Il ferait en sorte que la corporation se rappelle au bon souvenir de la Savoie.

Demain il reviendrait... oui, il reviendrait insuffler la vie entre ces murs désertés... demain, la bannière sortirait à nouveau.

_________________
Co-Mestre de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry, Intendant de la Mesnie des Sainctes-Eaux, Baron d'Arvillard

Fanch_vaillant


Tout à ces déambulations dans la ville, il découvrit, au hasard d'une ruelle, un bâtiment qu'il ne connaissait pas.

Hum, mais qu'est-ce donc...

Il hésita et se décida, après une longue réflexion d'au moins 1/2 seconde, oui pour lui c'est long, d'entrer.

Personne, il n'y avait personne, il flâna dans la salle principale, mains dans le dos, tel un petit vieux dans une résidence spécialisée.

Il vit des volumes anciens qui avaient l'air de prendre la poussière, il vit le pupitre, s'en approcha, toujours les mains dans le dos. N'osant toucher à quoi que ce soit, il contemplait les objets tel des œuvres dans un musée.

C'est surement ce qu'était ce lieu, mais bon il était tellement mauvais observateur quand il ne s'agissait pas de contempler la gente féminine qu'il était surement passé à côté de quelque chose d'important.

Sa curiosité gagnant sur sa prudence, il osa ouvrir le recueil qui était exposé sur ce fameux pupitre.

Ses yeux s'ouvrir en grand quand il comprit ce que devait être ce lieu. Les dates étaient si anciennes qu'il savait effectivement maintenant, de source sûre, qu'il était dans un lieu de veilles choses, un musée. Pas sur que ça pouvait exister à l'époque mais après tout je fait ce que je veux, c'est moi qui raconte.

Mais la, il tomba des nues, la date était proche, très proche. Quelqu'un avait rempli le registre, il haussa un sourcil et se gratta le menton, eurêka, il avait une idée.

Foi de Fanch Vaillant, détective de renom, je vais trouver le coupable.

L'idiot avait encore parler très fort pour lui même.

Décidément, il avait de ces lubies. Il n'était ni détective, d'ailleurs pas sur non plus que ça existait à l'époque, ni discret, mais il était têtu.

Il parti d'un rire tonitruant et fit un sourire carnassier.

Je vais te choper vil faquin!

Il se planqua dans un recoin de la pièce, dans l'ombre en laissant, exprès, le recueil ouvert. Il allait faire une sacré surprise à celui qui osait perturber la quiétude de ce lieu.

_________________
Rollin
Rollin était revenu en la Maison de la Corporation. Sa réouverture tardait plus qu'il le souhaitait, mais il voulait s'assurer qu'on puisse relancer les affaires progressivement, et cela demandait quelques réglages avec la Tenante de la Maison commune.

Les bras chargés de banses en éclisses de chêne, qu'il avait fabriquées pour ce que les Compagnons appelaient "le commun", il poussa la porte d'un coup de rein et entra. De prime abord, les lieux étaient dans l'état où il les avait laissés quelques jours plus tôt... pourtant, après deux enjambées dans la salle commune, il pila net.

Une sensation bien connue l'assaillit: d'entre ses omoplates naquit un étrange frisson qui remonta jusque dans son cou, faisant se dresser les cheveux courts de sa nuque. Le Mestre parcourut la pièce du regard et remarqua immédiatement le rôle de comptes posé ouvert sur le pupitre - sa routine en matière d'écrits officiels n'était jamais mise en défaut... quelqu'un l'avait donc laissé posé là. Avait-il surpris un compagnon désœuvré qui voulait s'enquérir de la reprise des activités, ou bien un importun s'était-il introduit dans la place?

Rollin posa une partie des banses sur la grande table centrale, et fit mine de vouloir emporter le reste vers l'arrière salle et la réserve. Le bras de senestre passé dans l'anse des paniers, le destre libre et prêt à réagir en cas de besoin. Tout cueilleur et charpentier qu'il était, le Mestre n'en avait pas moins connu la guerre à de nombreuses reprises et les dangers des chemins. Il avait mené les Compagnons-cueilleurs sous la bannière et tous ils avaient formé et tenu le dernier carré des milices des Métiers sur le parvis de Sainte-Nitouche, barrant l'accès aux grandes portes et protégeant les femmes, les enfants et les vieillards qui y avaient trouvé refuge, lors de l'assaut genevois de 1459... il battit des paupières, et força sa poitrine à régler son souffle. Calmement et le geste précis, il avança.

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Co-Mestre de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry, Intendant de la Mesnie des Sainctes-Eaux, Baron d'Arvillard

Fanch_vaillant


Du bruit et un homme qui entre dans la Maison.

Le vieux grisonnant sentit son cœur battre, il fallait qu'il chope celui qui osait ainsi souiller de son écriture un registre d'un autre âge.

Il se leva d'un bond quand l'homme lui tourna le dos.

Une main sur la hanche et l'autre avec le doigt pointé vers l'inconnu il l'interpella.

Holà, mécréant, c'est donc vous qui entrez dans cette maison des souvenirs et qui en altéré le contenu!

Sans attendre la réaction du cueilleur, il continua d'un ton plus doux mais très orgueilleux comme s'il était le gardien de ces lieux.

Qu'avez vous fait à ce registre séculaire?

Vous l'avez entaché de votre écriture !

Pourquoi donc?

Veuillez répondre.

Maintenant.


Le ton impérieux du meunier n'était pas habituel, il voulait se donner de l'importance pour une fois.

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Rollin
Des cris retentirent. On lui demandait des comptes... et il semblait au Mestre reconnaitre cette voix, sans pourtant pouvoir le jurer.

Gardant le dos tourné, il laissa choir les paniers qu'il portait à senestre et leva les deux bras, mains ouvertes et doigts écartés, pour montrer qu'il n'était pas armé. Sa voix profonde s'éleva, calmement, mais sur un ton sans appel:

- Tout doux, l'ami! Ce registre n'est pas neuf, mais l'écriture qui le jalonne est la même de la première à la dernière page remplie... car c'est... la mienne. Je suis Rollin Chabod, Co-Mestre et Argentier de la Corporation des cueilleurs et ceci est la Maison de notre Métier. Icelieu vous êtes dans mon domaine.

Avec une lenteur infinie, Rollin pivota sur lui-même... et découvrit le visage du trublion.

- Si... Sieur Vaillant?! Mais...mais... par les saintes mamelles de Nitouche, à quoi jouez-vous donc?! On ne surprend pas les gens comme ça, enfin!

Le Mestre resta coi un moment, tant était grande la surprise de voir le Sieur Vaillant père dans les murs de la Maison des cueilleurs.

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Co-Mestre de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry, Intendant de la Mesnie des Sainctes-Eaux, Baron d'Arvillard

Fanch_vaillant


Rollin, c'était le Mestre Rollin. Mais que lui chantait-il la.

Les cueilleurs? La maison de son métier.

Interloqué, il reprit une posture normale et l'interrogea.

Maitre Rollin, c'est vous!

Par le Très Haut, que me chantez vous la?

J'ai cru que cette bâtisse était un musée, vous savez, un endroit ou l'on expose les vieilles choses pour se souvenir.


Il se mordilla la lèvre inférieure et reprit sans excusez le moins de monde et sans trouver que son comportement était des plus étrange.

Vous me parlez de votre écriture sur ce registre, il pointa du doigt le pupitre, je ne comprends pas.

Mais quel est donc ce lieu?

Il était devenu plus calme et plus apte à la discussion, il voulait savoir.

Expliquez-moi s'il vous plait?

Aucune compassion dans le son de sa voix, juste une incompréhension totale et une volonté d'appréhender ce fameux métier.

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Rollin
Rollin fronça les sourcils, puis, comprenant la méprise, il relâcha un peu son front. Il est vrai que la Maison de la Corporation n'était plus que l'ombre d'elle-même.

Il ramassa les banses tombées au sol et les empila sur la longue table.

- Je vous en prie, prenez donc un siège, Sieur Vaillant. Cela risque de prendre un certain temps.

Le Mestre se rendit près d'un grand cabinet ouvragé fermé à clef. Il sortit le trousseau qui était remisé dans son éternelle escarcelle de toile bise et l'ouvrit. Il y avait là toute une tripotée de flacons en tous genres. Il en prit un, ainsi que deux godets de terre vernissée, puis referma le cabinet et vint s'asseoir près du collectionneur d'animaux.

Lorsqu'il déboucha le flacon, une odeur entêtante de fruits et d'alcool emplit l'air alentour. Il remplit les deux godets et en tendit à son curieux visiteur.

- Tenez, c'est un de nos anciens Compagnons qui réalisait cet élixir. C'est une liqueur aux myrtilles des abords de la gorge de l'Enclume... c'est fort, mais c'est une merveille pour le palais!

Le Mestre leva son verre.

- Longue vie! Buvez à votre aise, cette liqueur a plus de dix ans d'âge, il n'est pas nécessaire de la brusquer en buvant d'un trait.

Rollin prit le temps de boire une gorgée et d'en savourer tous les parfums avant de reprendre.

- La Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry fut créée en 1455 par Mestre Augis. Le principe étant de mettre en place une structure qui puisse permettre de régler le Métier de cueilleur, non pas tant en réglementant ce qui n'a pas besoin de l'être, mais en proposant aux Citains qui le voulaient de s'entraider et, par là, de donner une réelle force commerciale fruitière à la capitale. L'idée centrale est que chacun des Compagnons qui va au verger vienne renseigner les divers endroits qu'il a visité pour que cela puisse servir à ceux qui s'y rendent après lui (il n'est bien entendu pas obligé de venir tous les jours, nous avons tous d'autres activités en sus). Pour ce faire, donc, il vient icelieu remplir la carte de cueillette qui se trouve sur le pupitre où vous avez laissé le rôle de comptes, et chacun partage son savoir pour le plus grand bien de tous. Cette façon de faire aide aussi les moins habiles ou les moins forts, en leur mâchant une partie du travail et de trouver les coins les plus rentables. La force dans le nombre, en somme.

Il but une autre gorgée.

- La Corporation est la plus ancienne de Savoie, en fait... et je pense qu'elle est encore la seule debout. Même si je la retrouve mal en point, elle n'est pas morte, et j'entends bien la faire croître et vivre à nouveau. Enfin, bref! Je m'égare.

- Donc, après une certain nombre d'années, en 1458, pour être précis, nous avons obtenu une charte de liberté en remerciement des services rendus à la Cité et au Duché. Cette charte nous apporte un cadre de fonctionnement, des droits, mais aussi - et surtout - des devoirs. Un prix de vente nous est exclusivement réservé, et nous jouissons d'une indépendance financière, bien que notre but final soit de fournir la Maison commune en fruits. Cela permet d'amasser un stock important de fruits sans bloquer inutilement des fonds de la Cité. Et quand je dis qu'elle a des devoirs, c'est en fait que la Corporation lui paye des frais calculés par notre Argentier quatre fois l'année et ses Compagnons renoncent à l'exemption de la corvée de guet qui fut attribuée au gens des Métiers par Thomas Ier, dans des temps immémoriaux remontant à plus de deux siècles, lorsqu'il a lui même accordé charte de franchise à la Cité. Donc à chaque semaine, au jour prévu, un Mestre sort bannière et assemble le nombre de Compagnons prévu pour le guet et ils se mettent à défense, sans qu'aucun ne reçoive paiement pour cela. Nous fournissons aussi les échelles au prix minimal... un donnant-donnant qui a fait ses preuves, en somme.


Rollin donna l'impression d'être un conteur au coin de l'âtre, il vivait et faisait vivre son récit, l'émaillant de toute une série d'anecdotes dont peu avaient connaissance dans la capitale de Savoie.

- Vous êtes donc icelieu dans la Maison de la Corporation. Mestre Augis vivait à l'étage, mais je pense qu'il habite dans une autre demeure désormais. Toujours est-il que le bâtiment est toujours voué à accueillir les Compagnons, à abriter une partie de ses réserves et toute son administration, l'ensemble des registres et rôles qui se trouvent là-bas, derrière la cathèdre du Grand-Mestre... mais son bien le plus précieux, avant même la charte, reste sa bannière.

Le Mestre se leva et déroula l'antique vexile taillé dans le style adopté dans l'Empire par les Métiers et l'étendit sur la longue table des Compagnons. Une très belle bannière taillée dans des étoffes de prix, peinte et rebrodée. Sur le champ étaient les armes de Chambéry, qui sont de Savoie cantonnée au un d'une étoile d'or, auxquelles étaient adjoints au deux au trois une échelle en pal et au quatre un pommier d'or chargé de fruits... mais ce qui frappait surtout, c'était la figure centrale posée sur le tout: une magnifique Sainte-Nitouche nimbée portant deux paniers, des banses de cueilleurs toutes pareilles à celles qui trônaient sur la table.

- J'attendais la fin de sa réfection pour relancer les activités en grande pompe, mais je pense que je n'en aurai pas le temps... qu'à cela ne tienne, nous ferons banquet ce jour-là. Dès que la Bourgmestresse et la Corporation auront convenu des actions à entreprendre pour le redémarrage, je rouvrirai les portes, convierai les anciens, appellerai les nouveaux, referai les affichettes... je lui rendrai vie, en fait.

Rollin avait parlé longuement, et on pouvait sentir dans son discours et ses gestes son attachement à la vénérable institution malmenée par les ans.

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Co-Mestre de la Corporation des cueilleurs de fruits de Chambéry, Intendant de la Mesnie des Sainctes-Eaux, Baron d'Arvillard

Rollin
Laissant le Sieur Vaillant examiner le détail de la bannière qui, il fallait l'avouer, était d'une très belle facture, Rollin revint au pupitre et entreprit de rédiger un nouveau chapitre de l'histoire de la Corporation.

Spoiler:
    bilan mensuel de la corporation des cueilleurs de fruits pour le mois d'octobre 1468 :
    * 1 seul cueilleur ayant renseigné la carte sur le mois,
    * la carte a été renseignée 1 jour sur 2
    * 87 emplacements renseignés par jour effectif (en moyenne)


Il saupoudra la poussière de pierre ponce, puis souffla un grand coup sur la page. Enfin, dans une suite de gestes précis dont les automatismes lui étaient revenus en quelques jours, le Mestre cueilleur ferma le recueil et le rangea à sa place.

Il revint à la grande table, et déposa plusieurs parchemins roulés. Là se trouvaient pêle-mêle, une copie de la charte et un nouveau panonceau à accrocher sur le panneau fixé à la façade, juste à côté de l'huis.

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