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[RP] Eglise Saint Bynarr

Torless
L'extrême sensibilité de la gente féminine, qui comme les huîtres se contractent dès qu'on ose les toucher, offrait toujours à Törless un spectacle particulièrement délectable. En son for intérieur, comme en son for extérieur, le jeune homme aurait bien apprécié que Dame Melyna tint ses promesses et vienne le punir comme il le méritait en le flagellant "là où il faut" avec un bouquet d'orties, et en accompagnant chaque coup sec d'un hurlement sévère et autoritaire.

Oui maîtresse... Hum (tousse tousse), oui maîtrez moi ces papiers, se reprit-il, espérant que son interlocutrice n'ait pas remarqué son manque de tenue. Jetant un oeil rapide et faussement concerné aux certificats, il poursuivit :

Passionnant! Tout me semble conforme, je serai donc très honoré de célébrer votre union. Quant à vos invités, libre à vous de les choisir. Mais veillez si possible à les sélectionner avec la gorge généreuse, si vous souhaitez que je sois en forme (quoiqu'Abrie devrait faire l'affaire à elle seule, huhu). Je ne connais pas Monseigneur Fitz, et je serais ravi de le rencontrer à cette occasion. Rassurez-moi toutefois, il ne s'agit pas d'un serviteur surmené de l'Inquisition? Car voyez-vous, je suis en conflit moral avec les gens portant des sous-vêtements trop petits pour leur taille ("faut que ça respire la d'dans" comme dirait ma mère), et je préfère célébrer des mariages que de prononcer des eulogies...
Kouette
Z'êtaient passés où encore son popa et sa mamounette d'amour, et la frangine ? Z'êtaient passés où.. ou ou ou ou ou chantonnait la kouette, son chat nommé crevé dans les bras, un brouhaha qui venait de c'qu'ici ils appelaient une néglize, ça sentait comme les bonbons ça le mot néglize comme la réglize ptet.. Ahhh mais ouiii ça sentait bon comme mamounette de la guimauve quand la kouette s'approcha du bâtiment, ouvrant la porte..

wiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii (ouai c'est le bruit de la porte, trop forte moi hihi)

Passage de la caboche crassouse de la gamine suivi du miaulement strident du chat, qui s'était pris, au passage le côté de la dite porte dans la tronche.
Et c'est relevant sa chemise pour se gratter le fion avec élégance, que la gamine reniflante entra avec la bête.

MOOOONMOOOOON C'est QUOI TU FAIS ???? Z'AI FAIM !!

Ben oui quoi la gamine avait la dale, cpas sa faute hein, et puis à c't'âge là la kouette JAMAIS elle avait entendue parler de curé ou d'église ou de religion de quoi que ce soit.. Donc pour revenir à la gosse..

Et de regarder le bonhomme en robe d'une drôle de manière, bouche en biais, yeux écarquillés d'étonnement, s'agripant au pantalon de son futur popa, le tirant pour qu'il penche sa grosse tête lui murmurant.

C'est qui le monsieur bizard en houpelande ?
Kouette
QUELQUES TEMPS SE SONT PASSES, LA PESTOUILLE A SUIVI KETJE ET MONMON JUSQU'A LA MAISON ET...
Melyna.
Lanceline a écrit:
    L'amour seul reste. Ô noble femme,
    Si tu veux, dans ce vil séjour,
    Garder ta foi, garder ton âme,
    Garder ton Dieu, garde l'amour !

    Victor Hugo, Aimons toujours...

Sur Feu de Neige la cavalcade allait bon train. Elle repensait à sa lettre. Le ton avait été donné. Plutôt froid.

Citation:
Le quinze, il y aura le mariage de la fille de ma cousine. J'aimerai que vous y soyez. Nous nous retrouverons sur le parvis pour entrer ensemble dans l'église.


Elle ne l'avait même pas remercié pour la rose. Ingrate.

Arrivée à Eauze, elle s'était reposée au petit matin, profitant des quelques heures qui lui restaient pour dormir. Et puis elle s'était préparée, minutieusement, comme pour un premier rendez-vous. La Blonde savait qui y serait, mais peu importait. Que cherchait-elle exactement ? Le savait-elle elle-même ? Non. Les deux roses trônaient sur la table, comme lui lançant un défi.

Et pourtant, elle s'était préparée. Relevant ses cheveux en un chignon tressé d'où s'échappaient quelques mèches. Le chapeau avait été mis par-dessus, la plume bougeant au fil de ses mouvements.
Ernst devait être au rendez-vous. Alors elle y alla à son tour, l'attendant donc sur le parvis de l'église tandis que Gabriel s'impatientait, tirant la main de sa mère, voulant entrer dans l'église, curieux.

Enfin il fut là, elle eut un sourire. Elle lui apparut comme elle apparaîtrait à tous les autres.
Le menton relevé, le front haut et fier, elle le regarda, pinçant ses lèvres comme si elle était courroucée. Alors qu'il arrivait à sa hauteur, elle lui lâcha :


- Vous êtes en retard.

À son oreille, seule touche de couleur, la rose rouge qu'il lui avait envoyée. Dans ses yeux,une lueur de malice. Elle semblait aigre mais ne l'était pas tant que ça. Peut-être grâce à lui, peut-être grâce à Basile. Qui sait. Elle avait joué sur deux tableaux, elle avait reçu deux roses.

- Venez. J'ai un cadeau pour vous.

Elle l'entraîna vers la bâtisse, songeant un instant au petit portrait qu'elle avait fait de lui, s'arrachant les yeux dessus, pour le plaisir de le voir sourire, un peu. Qu'il n'oublie pas qu'il allait l'épouser, comme elle n'oubliait pas qu'elle serait sienne, même dans les heures les plus douces, même quand elle était auprès de Basile.

Ô cruelle destinée...
Citation:
Melyna.
--Ernst a écrit:
Ernst chevauchait Rhum, cadeau d'une duchesse pour son anniversaire. Cheval digne du roi qu'il n'était pas. "Pas encore", se disait-il. Il était en retard. Comme le voulait cette habitude qu'il avait prise, bien malgré lui, ce's derniers temps. Une élection comtale aux accents d'agressivité presque insoutenables et une campagne royale dont il faisait figure de Petit Poucet. Tout son temps libre était accaparé. Il n'avait même plus de temps à accorder à ses maîtresses. D'ailleurs, il les avait toutes congédiées. Une femme lui suffisait amplement. Et quelle femme? Dans le fond, Ernst regrettait son attitude envers Lanceline. Elle méritait bien mieux que ce qu'il lui offrait. Elle aurait mieux désormais.

La monture stoppa près de l'église. Le rhénan l'attacha à un anneau rivé au mur d'une bâtisse non loin. Il approcha de sa future femme en souriant légèrement. Son sourire ne s'effaça pas à la vue de sa mine courroucée. Il se contenta d'un léger hochement de tête légèrement confus.


Venez. J'ai un cadeau pour vous.

Ca tombe bien, mon anniversaire est passé de dix jours.

A chacun son retard. La phrase fut suivie d'un léger sourire en coin. Au moins, le couple partageait la malice. Devant le tableau, Ernst s'arrêta net. Il avait toujours apprécié les talents de peintre de Lanceline. De mémoire, il l'avait toujours soutenue, encouragée. Il la regarda alors avec de la tendresse à couler de ses yeux. Il se pencha sur son visage et scella leurs deux bouches dans un baiser qui se voulait doux et amoureux. Il aurait voulu lui dire qu'il avait changé, qu'il ne s'occuperait plus que d'elle et personne d'autre. Il se contenta de plonger son regard dans le sien et de lui murmurer.

Je vous aime.

Melyna.
Lanceline a écrit:
    Dans ta mémoire immortelle,
    Comme dans le reposoir
    D’une divine chapelle,
    Pour celui qui t’est fidèle,
    Garde l’amour et l’espoir.

    Nérée Beauchemin, A celle que j’aime.

Elle ne broncha pas, lâchant simplement entre ses dents :

- J'imagine que vous n'avez pas eu besoin de moi pour vous faire offrir quelque chose qui vous satisfasse.

Il l'embrassa. Eût-elle un autre choix qu'elle ne se serait pas laissée faire, mais elle y répondit néanmoins. Ni passion, ni chaleur. Mais elle l'enlaça, brièvement. Étreinte qui n'était pas fusionnelle, qui n'était que pour le rassurer, se rassurer également, vérifier qu'il était bien là, avec elle et non avec une autre.

Gabriel tira un peu sur sa manche aussi se recula-t-elle, non sans le regarder. Étrange. Vraiment étrange : ce n'était pas pareil. Pas pareil qu'avec Arnaut, différent d'avec Basile. Chacun était donc différent. Était-elle une girouette à tourner ici et là, à se perdre sans plus savoir que faire ?

Elle aurait aimé lui dire. Mais il lui semblait qu'il n'aurait pas compris. Demain, elle ferait demi-tour, elle retournerait à Bordeaux. Basile y était. Et lui, que ferait-il ? Serait-il seul ? Accompagné ? La narguait-il aux yeux de tous, là-bas au Béarn ? Se moquait-il ouvertement d'elle ? Saurait-elle, oserait-elle faire de même ? Pour quels motifs ? Elle devrait avoir une bonne raison. En avait-elle seulement ? Oui. Du moins le croyait-elle. Un instant elle demeura silencieuse, le regardant de haut en bas et de bas en haut.

Elle devait dire quelque chose. Il le fallait. Elle aurait dû. Mais les mots ne franchirent pas la barrière de ses lèvres. Ils restèrent coincés dans sa gorge, alors elle se contenta de lui tendre le bras.


- Ils vont nous attendre.

« Je vous aime ». Elle y avait cru, fut un temps. Mais à cet instant précis, elle pensa qu'il se jouait d'elle. Devant une église. Devant son fils. Fallait-il qu'ils soient hypocrites ? Les adultes mentaient et la fillette qu'elle avait été le savait.
« Je vous aime ». Fut un temps, ces trois mots lui avaient fait bondir le cœur. Aujourd'hui était différent. Aujourd'hui... Aujourd'hui... Elle résista à la tentation de prendre Gabriel dans ses bras, de le serrer fort tout en s'enfuyant en courant, avant de grimper sur un cheval pour disparaître. Mais la fuite ne résolvait rien, et ce ne serait pas plus le cas maintenant. D'autant que son statut demeurerait inchangé. Jetant un coup d’œil à l’enfant, elle se rappela qu’elle le faisait pour lui. Ses gestes, après avoir été conditionné par un époux, l’étaient par un fils. Femme elle était, femme elle resterait.
Quant à Ernst…

Elle poussa la porte de la bâtisse.


- Où voulez-vous vous asseoir ? J’avais pour habitude de me mettre au fond, excepté en de rares occasions, mais maintenant…

… C’était différent. Il était là. Gabriel aussi. Un enfant, un mari. Deux fois plus de contraintes. Elle s’était inclinée de bonne grâce face à son destin de femme et de mère, n’aspirant plus à cette liberté qu’autrefois elle chérissait. Elle l’avait volontairement laissée de côté le jour où Arnaut lui avait passé la bague au doigt. Tournant un peu la tête vers le rhénan, elle lui adressa un léger sourire.

- … Vous êtes là.
Melyna.
--Ernst a écrit:
Il n'avait ressenti aucune chaleur dans son étreinte, ni dans son baiser. Rien. Ernst la regarda avec le regard vide du condamné à mort. Y avait-il quelqu'un d'autre dans sa vie? Il l'aurait bien cherché. Il s'était perdu avec diverses maîtresses. L'avait probablement perdu elle. Pourrait-il un jour se faire pardonner ses errements? Les regrets étaient-ils seulement suffisants? Il devrait se racheter, coûte que coûte. Pour le moment, devant lui, il ne voyait plus que le fantôme de la femme qu'il avait tant aimé, qu'il aimait encore avec tant de force. Il avait céder à la tentation, presque par provocation. Aujourd'hui il en payait le prix fort.

La phrase était assassine. Qu'aurait-il pu répondre? Il avait bien reçu un cadeau mais pas d'une maîtresse. Ces maîtresses avaient été avec lui pour son argent et pour les cadeaux qu'il auraient pu leur faire, qu'il ne leur avait jamais fait d'ailleurs. Il n'avait qu'abandonné son corps à des fantasmes inavoués. C'était déjà bien trop. Il savait à présent.

Ernst accompagna Lanceline et Gabriel à l'intérieur de l'édifice. Ils restèrent à l'entrée. elle lui demanda où il voulait s'asseoir. Il ne put croire à la sincérité du sourire qu'elle lui offrit. Pourtant, il ne pu s'empêcher d'y répondre par un autre.


Asseyons-nous où vous le souhaitez. La place m'importe peu tant que nous sommes ensemble.

Y croirait-elle seulement? Lui faisait-elle encore assez confiance pour ça?
Melyna.
Lanceline a écrit:
    Tu me parles du fond d’un rêve
    Comme une âme parle aux vivants.
    Comme l’écume de la grève,
    Ton habit flotte dans les vents.

    Victor Hugo, À celle qui est voilée (légèrement modifié).

Venait-il de lui renvoyer la balle ? S'asseoir. Elle avait donc l'embarras du choix. Pas près de Riwenn ; encore qu'il devrait voir le rhénan un jour ou l'autre puisqu'il était témoin à ce mariage. Pas trop près non plus : comme elle n'avait aucun rôle à jouer dans ce mariage, elle n'aurait pas à se montrer. Rester cachée. Retourner à l'ombre comme elle en avait l'habitude.

« La place m'importe peu tant que nous sommes ensemble. ». Elle s’était retenue de lâcher un bref rire qui se serait traduit par un souffle lâché de ses narines. Mais derrière ce tissu qu’elle s’était confectionné, derrière ce « ramassis de mensonges » qu’il paraissait lui servir –depuis quand ? –, il lui sembla entendre la voix de la sincérité. Le voile venait de se déchirer, un peu.
Mais était-ce de l’amertume qu’elle pouvait y lire ? Était-il… Triste ?

Le menant à une place, choisie au hasard –ni trop près ni trop loin–, elle se prit à y réfléchir. Triste ? De quoi ? Pour quelle raison ? Relâchant son fils, veillant à ce qu’il fût bien installé, elle se tourna vers Ernst, tendant un de ses doigts fin vers son menton, attirant son attention, le fixant dans les yeux. Incompréhension. Elle fronça un peu les sourcils, tentant de décrypter ce qu’elle lisait. Hormis pour les émotions fortes, elle n’était pas douée à ce jeu-là.

« Tout va bien ? » Non. Ne pas demander cela. Question hypocrite s’il en était : elle le voyait bien que quelque chose n’allait pas. Pourtant il ne pouvait pas savoir… Personne ne savait. Alors quoi ?
« Vous êtes sûr que… » Lancer une phrase, ne pas la finir afin de lui tendre une perche. Parler. Dire. Ouvrir une brèche.
« Dites… » Belle entrée en matière que voilà. Là aussi, hypocrite. Il ne parlerait pas s’il n’en avait pas envie. « … vous savez qu’entre mari et femme… » Foutaises. Et puis c’était un coup à finir par se mettre dessus.

Pourtant cette sincérité, quelque part au fond d’elle, comme dans un rêve, elle l’avait ressentie. Elle l’avait perçu. Un appel à l’aide ? Un signal, une bouée lancée à la naufragée qu’elle était ? Elle eut un bref regard à l’entour, s’assurant que rien n’avait commencé. Il fallait parler. Amorcer quelque chose. Tenter. Au pire, il la renverrait sur la rose qu’il lui avait envoyée. Et alors. Elle resterait digne, la tête haute et le regard fier.

Mais rien encore n’avait été fait. Ses lippes se desserrèrent, lui adressant un sourire un peu gêné. Elle cherchait ses mots, ignorant ceux qu’il fallait avancer, ceux qui ne lui feraient pas commettre un faux pas.


- Je…

Elle se passa la langue sur ses carmines, se donnant ainsi un peu de répit et de courage.

Silence. Elle se taisait. Elle avait à dire, mais, rien. Un simple éclair dans les yeux, signifiant qu’elle avait lu sa douleur, mais qu’elle restait perplexe. Les mots se bousculaient dans son crâne mais elle ne dit rien. Peut-être estimait-elle qu’il n’y avait rien à dire. Ou, plus sûrement, elle ignorait comme exprimer les choses. Elle n’était pas timide, loin de là. Mais elle réfléchissait à la manière de dire, de faire. Lentement, ses doigts retombèrent le long de son corps, sur le tissu de la robe.


- … Pardon.

Elle ne sut pas pourquoi elle avait dit cela. Elle n’aimait pas causer tourment à autrui, même quand celui-ci lui avait fait du tort. Peut-être excepté pour le géant roux et Jérémy, et Gastar ; mais eux étaient à part.
Alors, pourquoi ce « pardon » ? Elle pinça ses lèvres, baissant un peu la tête. Pardon pour Basile ? Elle regrettait, mais pas à ce point. Pas à lui faire des excuses, à lui.

Résolument, elle fixa le sol, en équilibre, assurée d’une manière ou d’une autre de vivre une sorte de rêve. Une irréalité.
Melyna.
--Ernst a écrit:
Ils prirent assises. Elle n'avait pas parlé. Lui l'avait suivi presque à la manière d'un automate qui ne fait que répéter par mimétisme. Pourquoi se sentait-il se vide? Abandonné? Il ne pouvait pas se demander ce qu'il s'était passé, ce qui les avait tant éloignés l'un de l'autre. Il le savait. Il n'avait pu lui cacher cette ribaude qui avait glissé sa main sur sa cuisse coupable. Il n'avait pas même réagit, pensant que Lanceline ne verrait pas. Il s'était conduit comme ces oiseaux qui pensent qu'en fermant les yeux les éperviers ne les verront pas. Ca ne les empêchent pas de se faire avaler. Ca ne l'avait pas empêcher de la perdre. Du moins c'était ce qu'il imaginait.

Il en était là de ses pensées lorsque des doigts fins vinrent le tirer légèrement. Le visage pivota sans résister. Elle était là, à ses côtés. Sans s'en rendre compte, Ernst se mit à sourire. Un sourire naturel, presque timide malgré tout. Il se souvint alors de leur rencontre, d'Agen, ville morte dédiée uniquement à eux. Il la revit dans cette chambre d'auberge tandis qu'elle étalait son imagine sur la toile. Son regard se fit alors nostalgique, le sourire prit la même direction.

Un mot. Puis cette langue qui passa pour dessécher légèrement les lippes adorées. Elle avait toujours eu cette manie, du plus loin dont il se souvenait. Enfin de compte, Lanceline était toujours là, quelque part à côté de lui. Peut-être ne s'étaient-ils pas complètement perdus, juste éloignés sur les chemins de la vie. Se pourrait-il qu'ils puissent, à nouveau, se tenir par la mina et avancer ensemble? Un autre mot. "Pardon". Un mot qui résonne, qui claque aux tempes du rhénan. Pardon pour quoi? Elle baissa alors la tête. Se sentait-elle coupable? De quoi? Elle était à Bordeaux lorsque lui était à Pau. Elle avait été évasive sur les raison de ce voyage. Se pourrait-il?

Ernst posa une main sur celles de sa future femme. Il se voulait rassurant. Il se pencha vers elle et lui glissa quelques mots à l'oreille.


C'est à moi de vous demander pardon.

Si elle le regardait, elle verrait probablement l'humidité qui baignait les iris du rhénan.
Lanceline
    « Quand une femme a tort, il faut commencer par lui demander pardon. »
    Francis de Croisset.

Il lui souriait. Pourquoi lui souriait-il ? Que se passait-il ? Que… Pourquoi ? Se moquait-il d’elle ? Savait-il ? Affichait-il alors un air supérieur ? Elle se força à prendre de grandes respirations. Elle était fatiguée ; certainement qu’elle cherchait des gestes et des intentions là où il n’y en avait aucune. Alors elle lui adressa un sourire, ses lèvres eurent un mouvement de sincérité ; le premier depuis longtemps qu’elle accordait à quelqu’un d’autre que Gabriel. Le premier, en fait, depuis la mort d’Arnaut.

Elle, se revit en haut de la tour d’Agen, à peindre le chemin qui s’offrait à elle, sachant qu’Arnaut serait de retour bientôt ; et Ernst était là, avec elle, à tourner, à souffrir sous le soleil qui chauffait déjà beaucoup en cette période de l’année.


- C'est à moi de vous demander pardon.

    You caused my heart to bleed and
    You still owe me a reason
    I can't figure out why...
    Why I'm alone and freezing
    While you're in the bed that she's in
    [1]

Tout d’abord, elle ne releva pas la tête vers lui, hésitant à l’accuser, à le charger de tous les maux. Il l’avait fait souffrir, c’était vrai. Mais maintenant, elle aussi était capable de le détruire. Elle aussi n’avait qu’à prononcer quelques mots pour le voir au sol. Ce pouvoir lui semblait amer mais elle se savait capable, s’il le fallait vraiment, de l’utiliser. Mais elle releva la tête et elle le vit pleurer. Nouvelle hésitation : était-ce l’un de ces tours masculins pour arriver à leurs fins ? Non. Peu d’hommes pleuraient. Encore moins en public. Surtout pas devant une femme. Ces perles salées ne pouvaient pas être des larmes de crocodile.

Sans mot dire, elle sortit d’un repli de sa robe un mouchoir brodé à son initiale. Avec douceur, elle entreprit de lui frotter le pourtour des apatites, se mordillant la lèvre, soucieuse de ne pas lui planter son doigt involontairement dans l’œil. Une fois cela fait, elle entreprit de replier soigneusement le tissu pour le ranger au même endroit.


- Ces vieilles églises sont pleines de poussière…

Elle lui adressa un sourire, mi-moqueur, mi-amusé. Quelque part, elle lui en voulait ; mais lui aussi pouvait avoir des raisons de lui en vouloir… Alors il valait mieux passer outre. Un jour peut-être, elle lui dirait… Mais pas maintenant. Elle ne savait pas quoi faire. Répondre à Basile, cela, certainement qu’elle le ferait. Mais après ?

Elle posa son regard sur son autre main, qu’il tenait toujours.


    - Votre main.. n'est pas où elle devrait.

    Il feint l’innocence ; joue avec elle, profite de sa proximité -qu’elle avait réduite pour lui expliquer comment elle voyait le tableau- pour finalement la poser sur la cuisse, avant de passer, sous ses protestations, à sa taille puis à sa hanche. Elle l’avait finalement attrapée, non pour la prendre dans ses mains mais pour l’empêcher d’aller voir ailleurs. Et puis, il l’avait complimentée. Insistant. Beaucoup. Il la voulait, alors il lui avait sorti le grand jeu. Et elle, elle avait foncé, tête baissée.

    - Comptez-vous assouvir cette ... hum ... curiosité un jour ?

Il était ironique de se dire qu’aujourd’hui, la Blonde se trouvait à ses côtés, dans cette église, à penser qu’elle allait l’épouser bientôt. Qu’Arnaut était mort et que de cette union trop vite déchirée était issu un garçon, lui aussi présent. La vie prenait décidément des tournants étranges.

Elle enserra leurs doigts, tout en tournant légèrement la tête vers Gabriel pour s’assurer qu’il était là ; tout en lâchant, à l’intention du rhénan :


- Ça va… ?

[1] Tu as fait saigner mon cœur et
Tu me dois toujours une raison
Je ne comprends pas pourquoi…
Pourquoi je suis seule et j’ai froid
Tandis que tu es dans le lit où elle est
Ben Cock – So cold.

_________________
--Ernst
Il la vit sortir un mouchoir. Il ferma les yeux et la laissa faire. Peut-être réussiraient-ils à former un vrai couple, un jour. En quelques sortes, il vivaient leur crise des sept ans avant l'heure. Y survivraient-ils? Il était encore trop tôt pour le dire. Il l'avait faite souffrir. Il ne pourrait jamais trouver de justification à ses errements. Il n'y en avait pas. Combien de temps allait-il encore devoir se sentir coupable? Tant de questions sans véritable réponse se bousculaient dans sa tête. Et quand bien même elle lui avouait sa faute, encore se sentirait-il coupable de l'avoir poussée dans les bras d'un autre par ses propres actes. Qu'il était cruel ce sentiment de culpabilité !

Le non-dit est la pire des choses. Il y a des violences silencieuses qui sont parfois pires que celles qu'on hurle. Un jour, il leur faudrait parler. Un jour ils devraient crever cet abscès qui les rongeait et semblait les empêcher d'avancer. L'amour que ressentait Ernst pour Lanceline était sincère, bien plus qu'il n'aurait pu l'avouer. Etrangement, il ne s'était tourné vers d'autres femmes que lorsqu'elle lui avait montré un semblant d'intérêt, que lorsqu'elle lui était devenu disponible. Inconsciemment, c'était son côté sombre et auto-destructeur qui était ressorti. Il se rendait compte, à présent, qu'il l'avait entraîné dans sa chute alors qu'il aurait dû faire tout le contraire. Il avait fui, avait tenté de la faire fuir. Mais elle était restée. Qu'est-ce qui pouvait bien la retenir auprès de lui? Le Rhénan s'était posé cette question, sans cesse, durant des jours. Puis il comprit qu'il ne saurait rester loin d'elle plus longtemps. Il avait alors pris la route qui séparait Pau d'Eauze sans aucune hésitation, laissant son passé et son ancienne vie derrière lui, regardant son avenir droit dans les yeux.

C'est ainsi qu'il regarda Lanceline après qu'elle lui eu séché les paupières. A ce sourire mi-moqueur, mi-mausé qu'elle lui tendit, il répondit à un autre empli d'une tendresse sincère. Ernst suivit le regard de sa future femme et regarda Gabriel. Lanceline avait un fils, lui avait une fille. Là encore, ils semblaient se compléter. Ernst était devenu père sur le tard. Encore une des facéties de la vie. Bientôt il serait marié et, peut-être un peu plus tard, d'autres enfants naîtraient de cette union. Lanceline serra sa main et il ne put qu'en faire de même, poussé par cette pulsion qui demandait, en lui, la chaleur du réconfort de la savoir à ses côtés.


Ça va... ?

Ernst se contenta d'hocher la tête en souriant. Oui, il allait bien. Tant qu'ils étaient ensemble, rien ne pouvait lui arriver. Pensait-il.
Ketje
Il était dit que ce serait assez compliqué cette histoire. Le grand jour étant enfin arrivé, il s' était rendu à l' église espérant y voir arriver sa belle. La belle qui n' avait pas voulu lui montrer la tenue qu' elle porterait... il s' était presque senti jeté à la porte de chez eux. Heureusement, il avait pressenti le coup et avait fait porté sa tenue à la mairie, dans une pièce petite et étroite qui ne comptait guère beaucoup de meubles. Assez pour y poser sa tenue.

Il parvint au devant de l' église et monta les marches du parvis. Là où le début de la cérémonie se ferait. N' y voyant encore personne, il poussa la porte de l' église et dans la pénombre distingua un couple qu' il ne voulut déranger. "Il sera toujours temps de les faire appeler, laissons-les prendre le froid pour le moment". Une chose l' inquiétait un peu, il était seul. Mais que faisaient Melyna et les gamines? Puis ce curé... ah ce curé qu' ils avaient pourtant rencontré le matin même en un lieu des plus écartés et discrets.

Ce curé! Repoussant encore la porte de l' église....


Oooohhh Curé!

Se demandant si cela suffirait il répéta.

Oooohhh Curé! Z' avez pas vu ma Melyna?
_________________
Torless
Epuisé par la courte messe dominicale qu'il avait donné la veille, au cours de laquelle d'ailleurs personne n'avait remarqué qu'il s'était assoupi (les fidèles confondant probablement ses ronflements par les défauts d'élocution dont il était régulièrement frappé), Törless s'accorda une sieste bien méritée sous l'autel, à l'abri de la lumière et des regards.

Rêvassant de pies bien pleines qu'il fallait soulager, le curé fut tiré de son doux songe par une envie pressante d'uriner, associée à des cris rauques résonnants dans l'édifice.

Mère, est-ce vous?, demanda t'il en se frottant les yeux.

Ses yeux embués de sommeil mirent un certain temps à reconnaître la silhouette de Ketje, dont la longue chevelure féminine lui rappelait tant celle de sa défunte mère. Les plus fins analystes déduiront que cette coquetterie capillaire expliquait certainement l'affection toute particulière que le jeune homme portait à l'ex-maire.

Reprenant ses esprits :

Bonjour mon cher ex-maire, quel plaisir de vous voir icelieu. Je n'ai malheureusement pas croisé Melyna, et ma foi, par la générosité de ses courbes, il serait difficile de la cacher ici! poursuivit-il d'un rire gras qui tache.

Ne me dites pas que vous l'avez encore égarée? Croyez en ma grande expérience des femmes, lorsque vous serez mariés, il faudra peut-être songer à l'attacher à l'aide d'une corde, comme on le fait pour les chèvres.
Lanceline
« Ça va ». Première familiarité de langage qu’elle s’était permise avec lui. Leurs mains étaient jointes, désormais, présageant déjà de leur futur. La Blonde tourna la tête vers lui, le scrutant, cherchant à y décrypter ce que serait, justement, son avenir avec lui. Elle le reconnaissait comme son futur époux. Voulait-elle des enfants de lui ? Il n’était pas laid. Elle non plus, même si une cicatrice la défigurait sauvagement. La descendance ne serait donc pas ignoble à regarder. Affreux calcul fait froidement.

Elle fut touchée par le sourire qu’il lui adressait, sincère. Ainsi, il l’aimait. Avec le temps, elle apprendrait. « Les mariages ne sont, parfois, que convenance ». Fallait-il qu’il en soit de même pour celui-ci ? Il était certain, pour elle, qu’elle l’épousait pour Gabriel avant tout. Du moins, avant. Elle croyait que peu lui importait. Mais si tel était vraiment le cas, pourquoi donc avait-elle eu si mal quand elle l’avait vu avec une autre ? Elle avait pensé que seule sa fierté avait été touchée. Mais plus elle y repensait, plus elle sentait qu’il n’y avait pas que cela. La douleur était plus sourde, plus diffuse.

S’il avait tenté de la faire fuir, il y avait réussi : elle était partie pour Bordeaux aussitôt, se donnant pour prétexte une maladie qu’il fallait absolument éviter à son fils. Il l’avait précipitée dans les bras de Basile ; mais elle seule était coupable. Elle regrettait, non pour elle mais pour Basile : le plus à plaindre, dans l’histoire, c’était lui.

Elle fut interrompue dans ses pensées par un mouvement. Elle releva un peu la tête, se retourna à demi pour constater… Qu’il n’y avait personne hormis eux deux, le curé et le marié.


- On ne se serait pas trompés de jour, tout de même…

Du jamais vu : Line qui serait en avance ? La Blonde eut un sourire amusé à cette idée. S’ils étaient en avance… Ils auraient l’air crétin. Elle se mordit la lèvre pour ne pas glousser, l’hilarité la gagnant toutefois.

- Si c’est le cas… On pourrait peut-être en profiter pour célébrer le nôtre, de mariage… Tant pis pour les témoins, on prend deux badauds dans la rue et…

Allez savoir pourquoi elle riait, mais elle avait de plus en plus de mal à se contenir, rien qu’à se représenter la scène. Les deux blonds feraient honneur à leur couleur de cheveux, si effectivement ils étaient en avance. On dirait qu’on se serait trompés de jour. On dirait que tu m’aimerais. On dirait qu’on s’épouserait. On dirait que toi et moi on finirait notre vie ensemble. Et moi je dirais oui.

Joue avec moi.

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--Ernst
L'ambiance venait de changer du tout au tout. En tout cas, ce fut le ressenti du Rhénan. Il ne ressentait plus le froid qu'il y a avait entre eux. Du moins, il en faisait abstraction. A bien y réfléchir, non, il ne le ressentait plus. Il lui sembla retrouver la Lanceline qu'il avait connu, dont il était tombé amoureux, qu'il avait crû perdre. S'était-il trompé? La distance qu'il avait cru entre-apercevoir n'était-elle pas due, finalement, qu'à l'éloignement provoqué par l'épidémie qui s'était répandue en Béarn?

Ernst savait pertinemment que Lanceline gardait encore les cicatrices profondes du deuil de son défunt mari. Il était le premier à admettre que lui, Ernst, avait un peu précipité sa demande en mariage. Elle lui avait tellement manqué. Pendant ces longues semaines, sans elles, pendant lesquelles il était resté seul avec sa fille à voyager à travers les terres du Sud, il n'avait fait que penser à elle. Enfin, peut-être pas totalement, Anna, sa fille, avait la santé fragile à cette époque, lui également. Ils avaient fait un arrêt forcé dans un monastère languedocien. Cette pause fut longue mais salvatrice. Un mois après leur entrée, le père et la fille avait repris la route en sens inverse. Arnaut était mort depuis peu. Au-delà de l'affection et de l'attirance qu'il éprouvait pour Lanceline, Ernst voulait la protéger, lui offrir la stabilité d'un mariage. Quelle ironie, maintenant, de voir qu'il avait fait tout le contraire. Mais ça, c'était avant. Là, dans cette église, pour ce mariage, Ernst se souvint du pourquoi de sa demande en mariage. Au fond de lui, il l'aimait.

Il la regardait quand un bruit se fit entendre. Lanceline le fit sourire. Elle n'avait pas tort. Et s'ils s'étaient trompés de jour? Puis elle lui fit une proposition sur un ton amusé. Les yeux d'Ernst se mirent à briller. Cette fois-si, il ne s'agissait ni de honte et ni de douleur mais bien d'amusement. Avant qu'elle n'eut fini sa phrase, il se leva.


Tant pis pour les témoins, on prend deux badauds dans la rue et…

Il lui tendit la main et lui porta le regard qu'il lui avait toujours porté, celui d'Agen, celui qu'il n'aurait jamais dû quitter.

Gabriel pourrait faire un bon témoin. Et puis, quitte à attendre, le marié pourrait également nous servir de témoin. Par contre, nous devrons nous marier à nouveau ... Pour Anna.

Ernst voulait jouer. Oublier.
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