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[RP] Au Blaireau Pontife - quartier général.

Astana
      – Le Blaireau Pontife.


    Rade sans histoires pour les uns, lieu de truanderie pour les initiés.

    L'endroit fait office de quartier général de la famille d'Assay. Bien que portant le même nom que son antenne parisienne, l'endroit en jette nettement moins et se résume à deux salles de plain-pied. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, dira-t-on. Restent le principal : le semblant de taverne et la salle des négoces, positionnée en retrait du reste, verrouillée. Clair que le bouge est moins tape-à-l’œil, mais pas moins louche une fois à l'intérieur. L'atmosphère est lourde, enfumée par les pipes. Des tables branlantes et des chaises sont là pour maintenir les apparences, et la cheminée est surplombée par l'éternelle tête de blaireau empaillée qu'on retrouve dans chaque bâtiment où les réformés élisent domicile. Celui-ci se nommait Arnault, comme le défunt père du borgne et de la mère morale.

    Derrière la planche du comptoir, nulle canaille rousse en vue. Pas plus qu'il n'y a de garde-fou grimé en client. Des postes sont à pouvoir. En attendant, il faut croire que les d'Assay servent et assurent la sécurité de l'endroit eux-mêmes. Rien de grave ici. Tout le monde sait que le borgne et sa cousine ont une passion louche pour les arbalètes et ont le carreau facile.

    Bienvenue.

[Ceci est un RP tout ce qu'il y a de plus ouvert, alors n'hésitez pas !]
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Maleus
[Barguignage en Mal' mineur.]

" Euh… Alors ? "

Le voleur à la petite semaine sautillait presque sur place ce qui arracha un léger grognement au borgne.

" Minute. Je me concentre… "

Muni d’une loupe, il examinait sous toutes les coutures le collier de perles que le type venait de lui filer. Tous les défauts repérables sur l’objet étaient bons à prendre pour fixer un prix… Réduit. Une par une, les perles furent scrutées, une rayure par ci, une perle à la forme imparfaite par là. Un examen minutieux lassant mais qui leur permettrait ensuite de songer au prix auquel ils revendraient le pendentif.

" Hm. "

L’autre s’arrêta de gigoter, attendant le verdict du borgne stoïque. Oh il les connaissait bien ces clients là. Le genre à dépenser dans l’heure même en boissons et ribaudes les écus vite gagnés. Le genre de client qui n’y connaissait rien et se satisferait surement de ce qu’on lui donnerait, qu’importe le poids de la bourse.

" Hm. Disons… "

Le tire-laine sortit brusquement de sa besace une paire de poulaines à grelots.

" Et si j’ajoute ça ? M’ferait un peu plus ? "
" Je ne vous ai même pas encore dit mon prix… "
" Y’a des fils d’or ! Pis les grelots sont en argent ! "

Le cyclope lança un regard mauvais au maraud et il obtint le silence.

" Bon disons donc quinze écus pour le collier, dix pour les pompes de rigolo. "

Il jeta un coup d’œil à sa cousine qui non loin répartissait équitablement des écus dans plusieurs bourses puis lui fit un signe particulier qui pouvait se traduire par "pigeon".

"T'en penses quoi cousine ?"

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Adieu Fab'
Astana
- « Rhaaaaa ! »

Soupir exaspéré. La danoise a observé l'une de ses piles de dix écus s'écrouler, impuissante. Parce que l'autre escamoteur du dimanche ne tient pas en place et gigote trop, ça crée de mauvais courants dans l'air, qui sabotent tout. Sørensen et sa concentration, notamment. Alors elle recommence, sourcils froncés, et compte à nouveau, l'humeur en berne d'avoir perdu un temps précieux. Cinq piles égales, cinquante écus, qui sont amenés droit dans une bourse d'un revers de main, bien vite refermée au moyen d'un lacet de cuir avant d'être regroupée avec d'autres, qui semblent contenir la même somme. Relevant le nez à l'appel du borgne, elle surprend le regard avide de l'homme, et lui en sert un des plus dissuasifs.

- « J'en dis qu'il ferait mieux de la boucler avant d'avoir des ennuis. »

Un signe de main, vers Maleus, pour lui indiquer qu'il faut baisser les prix.

- « Douze écus pour le collier, et sept pour vos poulaines passées de mode. »
- « Elles s'vendraient au moins vingt à la capitale ! »
- « Chez ces guignols de la Cour des Miracles, peut-être. Mais ces gens n'ont aucun goût. »


Ils n'ont pas grand chose en leur faveur, d'ailleurs.

- « Quatorze pour les perles pis quinze pour les pompes !? »
- « Douze et neuf. »
- « C'est de l'arnaque vot' truc ! »

La blonde se redresse sur sa chaise, avisant la paire qu'il agite dans tous les sens, faisant s'entrechoquer les grelots à tout va. Grimace. Tu m'échauffes sévère, le jeune.

- « Arrêtez de... mhpf. Ho, mais ! »

L'index pointe un endroit flou sur la chausse gauche.

- « Maleus, c'est un trou que je vois là ? »
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Maleus
Manuel du parfait arnaqueur : Détourner l’attention du pigeon, trouver ou inventer des problèmes, réduire le prix au maximum. Une petite lueur d’amusement fit son apparition dans l’unique oeil du borgne lorsqu’il entendit la dernière réplique de sa cousine. Ils allaient pouvoir se débarrasser sous peu de leur encombrant client.

Tout en conservant sa stoïque mine, le réformé s’approcha lentement de sa cousine et tendit la main pour saisir la poulaine incriminée.

" Voyons voir ça. "

Le client était muet et quasi pétrifié. Trop stupide pour comprendre qu’il allait se faire enfler en beauté, il se contentait de les observer bêtement, sa bouche s’ouvrant et se refermant comme celle d’un poisson.

" Cousine, si tu pouvais trouver un tabouret pour notre aimable client… "


Et donc détourner l’attention de l’énergumène pendant qu’il allait œuvrer. Le cyclope fit mine d’examiner le soi disant trou et trouva le moyen de leur tourner le dos. Un souci de luminosité précisa-t-il. Détachant une épaisse épingle de sa manche, il commença à perforer la chausse, secouant l’épingle dans plusieurs sens afin d’agrandir le trou puis rangea discrètement l’arme du crime.
Ceci fait, Maleus se retourna, brandit la poulaine et secoua la tête comme s’il était navré.

" C’est fâcheux… Très fâcheux… Vous parliez d’arnaque, il s’avère que c’est vous qui vouliez nous entuber. Tendez la main et ils vous prendront le bras, dit l’adage… "

Marchandage et comédie, le mariage parfait.

" Nous mettons un point d’honneur à faire confiance à notre clientèle. Quand elle nous la fait à l’envers, il nous faut sévir. "


De sa main libre, le mercenaire posa la main sur la pommeau de son épée.

" Mettons… Dix pour le pendentif, cinq pour les poulaines. Pour vous faire pardonner. "


Et à l’Assay en chef de lancer un regard complice à la scandinave.

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Adieu Fab'
Astana
Un tabouret ? Et qu'il soit bancal, tant qu'à faire. Puisque seules les chaises demeurent en bon état dans la salle aux négoces du Blaireau. Blondeur y veille avec soin, ne souhaitant pas les heurter en y faisant asseoir n'importe qui. Parce qu'elles ressentent tout. Si, c'est vrai. Ce sont elles qui supportent et soulagent le poids du monde.

- « Bien entendu, cousin. »

L'impulsion donnée au moyen de ses mains appuyées sur le bureau, Astana s'exécute et choisit le meuble à trois pattes le plus éloigné. De sorte que le regard de leur interlocuteur oscille entre deux, ne sachant qui suivre avec précision. Une fois fait, elle le lui pose sous le nez d'un geste sec, presque dédaigneux. Non, la danoise n'aime pas ce type de mobilier, qu'elle considère comme une race bâtarde.

- « Tenez. Posez-vous là. Le verdict ne va plus tar... »
- « C’est fâcheux… Très fâcheux… Vous parliez d’arnaque, il s’avère que c’est vous qui vouliez nous entuber. Tendez la main et ils vous prendront le bras, dit l’adage… »


Par habitude, la ferrailleuse n'est pas retournée s'asseoir. Elle est restée debout derrière l'homme. Et comme il amorce un mouvement pour se lever en guise de protestation, cette dernière lui intime de rester à sa place au moyen de la main droite posée fermement sur son épaule. T-t-t fait la langue contre son palais. Ainsi positionnée, le regard dominant, elle repère une broche à son col qui était jusqu'alors passée outre leur radar. Grand bien leur fasse que Maleus passe à la menace implicite, car elle suscite immédiatement une réaction qui lui permet de subtiliser l'objet entre ses doigts, faisant mine de le rasseoir une deuxième fois.


- « Allons, allons. Ne vous fâchez pas. »

La senestre lui tapote l'épaule, gentiment. Ses deux mains y sont désormais logées.


- « Nous faisons preuve de générosité. D'autres bien moins arrangeants vous auraient envoyé paitre, mon grand. »

- « M... mais j'comprends pas... Z'étaient pas trouées, 'fin je... »
- « Un conseil : apprenez à être soigneux à l'avenir, si vous voulez faire des affaires. »


Sûrement que le pauvre type a une mine déconfite, à en juger par l'amusement discret du borgne, similaire au sien.

- « Cousin, veux-tu bien payer notre ami, que je le raccompagne à la porte ? »
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Maleus
" Cousin, veux-tu bien payer notre ami, que je le raccompagne à la porte ? "
" Bien entendu. "

L’homme sur le tabouret était complètement hébété et impuissant et la poigne de fer de la cousine s’assurait qu’il resta ainsi. Le borgne hocha donc la tête et déposa la paire de poulaines à coté du collier et pris place derrière le bureau. L’espace de quelques minutes, dans un silence presque total, le borgne pris le temps de sélectionner sa plume préférée puis ceci fait, il la trempa dans l’encrier et consigna dans le registre les noms des articles ainsi que les prix.

" Vous souhaitez une carte de fidélité ? "

Pas de réponse.

" Hm… Soit. "


Il était clair que le type ne remettrait plus jamais les pieds dans cet établissement. Le lascar n’allait leur refourguer que du bas de gamme. C’était couru d’avance. Le cyclope tendit donc la main et empila quelques piécettes devant lui.

" Dix et cinq qui font quinze… Vous êtes vraiment dur en affaire vous. "

Narquois fut le sourire qu’afficha le grincheux quand il se leva et laissa tomber la poignée d’écus dans les mains tendus du gredin pigeonné.

" Allez. Oust. "

Puis il grimaça un sourire à Astana qui signifiait qu’elle pouvait maintenant faire ce qu’elle voulait de l’emmerdeur.

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Adieu Fab'
Astana
Et l'arsouille de rester là, mains tendues, comme si une poignée d'écus supplémentaire allait s'y matérialiser à la seule force de son esprit. Non, non. Nouvelle tape sur ses épaules, des deux pattes. Même, la danoise empoigne le tissu de mauvaise facture et tire dessus, comme pour le dégager plus vite. C'est pas tout ça, mais va falloir y aller maintenant. Au bout de quelques secondes, il se lève, la trogne toujours aussi mutique, et rejoint la salle principale à ses côtés. D'un signe de tête, Astana l'invite à l'accompagner au comptoir, où elle lui sert un fond de calva.

- « C'est offert par la maison. »

Sérieux ? Naaaaan !?, que disent ses yeux. Il engloutit le tout en quelques secondes, non sans grimacer de ce bonheur propre aux pochards.

- « V'savez... »

L'index se lève, impérieux.

- « Déguerpissez. »
- « ... »
- « Et ne vous montrez plus ici à moins d'avoir de la qualité à vendre. »


Une fois les lieux vidés, la blonde revient sur ses pas. Soupir las.
Là, elle jette la broche dans la direction du borgne qui l'attrape au vol.


- « Les intérêts. »

Sourire en coin tout en se glissant derrière son bureau.

- « Ma doue, j'espère que tous les escamoteurs du limousin ne sont pas aussi arriérés du caisson que celui-là. Autrement, ça va être rude. »
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Gerfaut
Hier matin, après l’avoir négligée plus d’une semaine, il a retaillé sa barbe ; propre sans trop, pour ne pas tomber d’ermite à minet. Au bout de la rue, l’homme a ralenti le pas. Après avoir traversé la ville, il se laisse le temps de refroidir avant de baisser les manches de sa chainse. Enfin, il s'arrête à l'enseigne d'un certain rade. Est-ce sa tenue, modeste quoique propre, ou sa démarche, trop peu citadine ? Quelque chose dans sa tournure trahit le rural de passage en capitale.

A l’intérieur, personne, pas même derrière le comptoir. La vue du blaireau en trophée de cheminée lui procure un demi-sourire, mais des voix dans la pièce voisine captent son attention. Un couple, d’après le timbre. Il avise la porte qui semble y mener, et s'y dirige. Comme elle est close, il frappe.

Le battant s’ouvre finalement sur un couple. Consciemment ou non, l’œil peut capter énormément d'information en trois secondes d'observation. Celui de Gerfaut détecte une certaine familiarité entre les deux personnes. Mais dans leurs tons et leurs statures, rien ne laisse suggérer qu’ils se contaient fleurette là derrière le mur. C'est donc autre chose ; et qu’importe. Il salue chacun d'un hochement de tête.


Salutations. On dit en ville qu’il est possible ici de rencontrer le Seigneur Maleus. Est-ce que vous pourriez me renseigner ?

Le ton de sa question est à peine interrogatif.
Astana
Entre-temps, les cousins se sont mis à causer pamphlets, recettes et plans d'action. En somme, une discussion normale, dans la joie et la presque bonne humeur. Même, la blonde s'est servi une coupe de raisiné sous le regard blasé du borgne, qui lui ne boit guère en journée. Vrai qu'il est à peine midi. Mais Sørensen s'encombre rarement de l'heure qu'il est, ou du temps qu'il fait. Ces choses lui passent au-dessus de la carafe. Coupe à la senestre, le nez plongé à moitié plongé dedans, elle annote des chiffres en marge dans un registre tout en taillant le bout de gras. Quand on frappe à la porte, leurs deux regards convergent dessus avant de se consulter. Un sourcil s'arque.

Toute désignée pour la tache, elle abandonne bureau et vin pour aller ouvrir la lourde et trouve derrière une trogne qui lui est inconnue. Un autre revendeur ? La grisaille le passe rapidement en revue. Mouais. L'homme n'a pas l'air de s'être encombré de beaucoup. Il cherche Maleus. Par réflexe, elle réduit son champ de vision en ramenant la porte à son flanc, s'imposant comme rempart à l'intrusion - tant oculaire que physique. Là, une épaule appuyée contre l'encadrement, blondeur demande sur un ton qui pourrait être plus diplomatique :


- « Tout dépend. Vous lui voulez quoi, au juste ? »

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Gerfaut
Un regard éclair vers le sol le renseigne sur l'absence de marche montante, de la pièce où lui se trouve à celle où elle se trouve. Le plancher est continu. Fichtre. Lorsqu'il relève les yeux, c'est pour les attacher à un poil plus haut que les siens, à ceux de la portière. Surtout pas par-dessus son épaule, encore moins au-delà.

L'homme est du genre à ne pas se départir de sa mesure, même debout, les mains vides et les bras le long du corps, à deux pas de portée d'une asperge aux yeux froids qui lui ferait sentir ô combien qu'est-ce qu'il fout là. Il choisit ses mots.


J'ai une dette à lui payer.

Il ne s'agit que de ça.
Astana
Pauvre de toi, que ses yeux disent. C'est pas vraiment une partie de plaisir d'être en dette du borgne. Plus elle l'observe, plus elle lui trouve une allure normale. Affreusement commune. Ce qui ne colle pas, dans le carafon danois, à la trogne de l'emploi. « Méfiez-vous des normaux et de leurs gueules passe-partout ! ». Et si Sørensen ne peut s'empêcher de se demander comment un type comme lui a pu finir dans les petits papiers de l'ainé, elle n'en dira rien. Du moins pas encore. À la place, elle jette un coup d'oeil par-dessus son épaule, vers la droite, pour consulter l'intéressé. C'est un oui silencieux.

- « Sonnante et trébuchante, la dette, j'espère. »

Quel sens de l'humour, dites donc. Astana lui grimace un sourire foireux tout élargissant l'ouverture, reculant d'un pas.

- « Tabouret, face au borgne. »

Là, elle visse ses châsses aux siennes et baisse le ton.


- « Tournez pas trois plombes autour du pot. Il n'aime pas ça. »

Non, la patience n'est pas une qualité familiale.

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Gerfaut
Comme la portière lui répond en enchaînant, un froissement dans les sourcils de Gerfaut trahit son effort pour filtrer le propos derrière l’accent. A moins que ce ne soit une marque du sérieux avec lequel il aborde son affaire. En tout cas, il s’attarde quelques secondes de mirettes à mirettes.

Merci.

D’avoir ouvert le passage, de la tentative d'humour, ou du conseil à mi-voix. Peut-être un peu des trois. Puis il dépasse la blondeur, et s’avance.

Indéniablement, Gerfaut est terriblement commun. Certains marcheraient avec l’un, l’autre, ou les deux pieds rentrés, un appui plus fort, un pas plus long que l’autre, les épaules trop en avant, ou sur des talons à ressorts. Or, Gerfaut marche d’une foulée déliée et mesurée. Il aurait plus de taille et d’épaules, on lui donnerait un allant naturel, comme une discrète flamboyance. Il en aurait moins, on lui prêterait l'assurance sans mérite du petit gagneur. Mais comme il n’est ni trop, ni pas assez, il est malaisé d’attacher un caractère à sa démarche, et même, de lui attacher un quelconque caractère.

Il avise l’homme, et le tabouret. Trois pieds, c’est toujours stable. Il s’assoit, et réavise l’homme. S’il en pense quoi que ce soit, de sa trogne ou ses façons, rien n’en paraît.


Seigneur Maleus.

Il y a cinq ans, vous possédiez le titre de Seigneur des terres de Dampierre en Graçay, et une femme était attachée au service de votre demeure. Léonie. Je suis Gerfaut, son frère, et présent de sa part, pour la promesse qu’elle vous a faite. Aucun de ses deux fils survivants n’est en mesure de se mettre à votre service : l’un est manchot, l’autre… au mieux convalescent.


Il marque une courte pause.

Je me propose donc en place d’un de mes neveux, si vous l'acceptez.

Après quelques semaines sur les routes pour retrouver trace du créancier, encore autant pour rejoindre Limoges où Gerfaut avait appris qu'il résidait, une demi-douzaine de jours à parcourir la capitale pour trouver où le rencontrer, moins d'une heure de son auberge au Blaireau Pontife, et une poignée de minutes de l'entrée à ce tabouret en face, Gerfaut attend. Il attend de savoir si son Seigneur d'il y a plusieurs années pendant quelques semaines agréera à une dette dont il n'avait probablement pas souvenir, avant qu'il ne la rappelle à sa mémoire.
Maleus
Il observa l’homme s’approcher puis prendre place devant lui. Si la curiosité avait été piquée quand il avait entendu qu’on souhaitait voir le " Seigneur Maleus ", la lueur d’intérêt c’était hélas vite éclipsée quand il avait eu un visuel. Trop commun, il n’y avait pas grand-chose qui se dégageait de son vis-à-vis. Même pas un sac plein de babioles, rien… Juste un mec lambda.

D’un petit signe de tête il invita sa cousine à rester à portée puis écouta le sieur. Outre le fait que la seigneurie de Dampierre en Graçay lui rappelait de bien vieux souvenirs qu’il pensait enterrés et décomposés depuis fort longtemps, l’histoire de son interlocuteur ne lui disait vraiment rien. Il fallait dire qu’à l’époque, il ne passait que très rarement sur ses terres et ne cachait pas le peu d’intérêt qu’il avait pour ses gueux, préférant se saouler et passer du bon temps en la bonne ville de Sancerre.

" Hm. "


Le cyclope ne répondit pas de suite. Silencieux, il attrapa une plume posée négligemment sur le lourd registre des comptes et entreprit de la nettoyer un minimum dans un récipient d’eau claire. Une petite minute s’écoula, il rangea la plume parmi les autres et reporta son attention sur l’homme.

" Gerfaut, avez-vous quelques talents ou capacités intéressantes ? "


Après tout, même s’il ne remémorait absolument pas de ce qu’on venait de lui raconter, il pouvait toujours tenter d’en tirer quelque chose. Du moins si ledit Gerfaut valait le coup.
Le regard du borgne était froid, glacial même. Il espérait que cette entrevue ne soit pas trop une perte de temps.

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Adieu Fab'
--Ghash


Quatre heures qu'elle erre dans les ruelles limougeaudes, arc-boutée sous son sac en jute plus ou moins propre. Trois fois qu'elle se fait jeter, elle et ses châtaignes. Les traits tirés, la donzelle fulmine intérieurement. Si elle avait su.... Mauvaise idée, Ansgarde, mauvaise idée ! Sa senestre aux phalanges blanchies peine à retenir le chargement sur son épaule arrondie par l'effort. Dans son esprit commence même à se dessiner l'idée d'un renoncement.
Soudainement, un malandrin la heurte au sortir d'une échoppe. Trop pressé dirait-on...
Ghâsh vacille, fait contre poids de l'autre bras, et se recale tant bien que mal sur ses bottes.


"Hey ! Gaffe quoi ! "

L'homme se retourne et affronte le regard froid, voire un chouille agacé, posé sur lui.
La minette est plutôt petite et maigrelette, mais elle fait front, le dévisageant sans vergogne. Pas lui qui la fera changer d'itinéraire. Elle en a carrément plein les bottes de crapahuter à travers la Capitale. Le pouce de sa dextre glisse derrière la ceinture ornant sa chainse noire défraîchie, attendant la suite à venir placidement.
Le gars s'attarde un peu sur ses frusques sombres en piteux état, puis relève les yeux vers l'enseigne trônant sur la façade. Il affiche une moue dépitée puis se décide enfin à traverser la rue, a priori plus soucieux de s'écarter du lieu que de chercher des noises.


Est ce qu'il a vu sa dague, ou... est ce autre chose ? Du coin de l’œil, elle s'assure qu'il continue sa route, mais son élan a été coupé, surtout qu'elle n'en avait plus guère. Son sac est posé un peu plus loin dans l'ombre d'un porche pour pouvoir se masser son épaule devenue douloureuse. Elle observe pensivement les passages dans la rue, roulant des épaules pour redonner de la souplesse à ses muscles fatigués.
Quelques femmes avec des paniers pressant le pas... Un barbu qui avance dans sa direction, puis oblique soudainement pour entrer d'où sortait l'autre.
Imitant celui qui l'a bousculée un peu plus tôt, elle reluque à son tour l'enseigne. Une taverne semble t-il... Pas vraiment prestigieuse, mais qui avait l'air tout de même d'avoir des clients.


Couinements de gonds, la lourde est poussée. Le sac bourré de châtaignes est reposé lourdement avec un léger soupir empli de lassitude. Quelques tables et des chaises, une odeur de suie venant de la cheminée. A première vue, rien de bien mirobolant. Elle dépoussière rapidement ses braies en détaillant l'endroit. Personne au comptoir, pas même son barbu qui semble s'être volatilisé. Laissant là son chargement, elle s'avance souplement, un sourire engageant sur les lèvres.

"Hem... Quelqu'un ? "
Astana
La coupe une fois restituée en main, Astana s'est rassise derrière son bureau. Elle y prélève quelques gorgées discrètes, suivant le début de l'échange d'un œil curieux. Ho, t'as la tête qui penche Sa Blondeur, redresse-toi va. Incliner la tête de côté en quête de compréhension, ou signe d'analyse est devenu une sorte d'automatisme ; elle ne s'en rend plus compte. C'est aussi naturel que d'inspirer pour insuffler l'air à ses poumons. Incrédule, la ferrailleuse se demande pourquoi s'être pointé si, comme la mine du borgne le sous-entend, cette dette est passée à la trappe il y a des longes déjà. Alors c'est quoi, c'est la fierté ? L'honneur ? Les doigts de la main droite tambourinent le bois. T'es agacée Sørensen ? Ouais, je pige pas.

Demi silence dans une pièce, relatif boucan dans l'autre.

Si l'esgourde a bien noté la présence d'un tiers dans la pièce adjacente, aucune action n'est faite pour aller à sa rencontre. Un soupir franchit ses lèvres, juste. Il leur faudra quelqu'un pour assurer la taverne, et vite. Car il est hors de question qu'elle loupe la moitié d'un entretien chaque fois qu'un soiffard se pointera sous prétexte que dans une taverne, il faut un tenancier derrière le comptoir. Pas gérable. Alors ouais, elle ira, mais pas avant d'en avoir entendu plus sur les capacités de l'endetté. Au pire, ça tapera dans les boutanches alignées derrière la planche en attendant, et ça sera pas dramatique. C'est qu'Astana a la curiosité piquée, maintenant, et qu'elle préfère sacrifier son alcool plutôt que de rater des informations utiles. À quoi, ça on ne sait pas encore, mais sûrement que le borgne a une idée derrière la tête. Il ne pose jamais ses questions innocemment.

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