Elianor_de_vergy
Treizième jour d'octobre 1462 - Lacrimosa dies illa
Jean troisième du nom, roi de France, était passé de vie à trépas. Sitôt la nouvelle connue, le lourd cérémonial d'usage s'était mis en marche. L'annonce du décès et l'ouverture du grand deuil avait été faite par le Grand Chambellan. L'office de la Santé royale s'était chargé de prodiguer les derniers soins à la dépouille du monarque. Convenablement préparée, celle-ci reposait désormais dans la chapelle du Louvre.
La veillée funèbre durerait dix jours et, dès l'aube du onzième jour, le corps serait porté en procession à Saint-Denis pour y être inhumé.
Les vitraux de la chapelle avaient été occultés, les murs recouverts de lourdes tentures violettes, couleur du deuil royal. La seule lumière provenait de la profusion de cierges de cire vierge qui scintillaient le long de la nef et tout autour du chur.A l'odeur chaude qu'ils dégageaient se joignaient le parfum entêtant des derniers lys de la saison disposés en bouquets noués de pourpre autour de l'estrade mortuaire, et les effluves lourdes de l'encens brûlant dans des cassolettes d'argent.
Sur l'estrade recouverte de velours violet qui occupait le chur de la chapelle gisait la dépouille du défunt. Comme l'avait souhaité le feu roi, une effigie à sa semblance serait dans le même temps exposée publiquement dans la grande cour du Louvre. La veillée funèbre de la chapelle royale ne concernerait donc que le cercle restreint des proches et des conseillers du défunt. Pour permettre à ceux-ci de se recueillir et de faire leurs dévotions, deux rangées de prie-Dieu avaient été disposées de part et d'autre du chur.
A l'entrée, huissiers et gardes royaux veillaient à ce que nul ne troublât la solennité et le quiétude de ces quelques jours.
Agenouillée un peu à l'écart, en tenue de deuil comme il convenait, la Grand Maître des Cérémonies de France profitait des derniers instants de répit avant l'ouverture de la veillée pendant laquelle il lui faudrait s'assurer que tout se déroulait sans accroc. Recueillie, elle priait pour l'âme de celui qu'elle considérait comme un grand roi et qu'elle avait servi avec joie.
Les cloches de la chapelle se mirent en branle au rythme lancinant du glas et les portes s'ouvrirent pour laisser entrer les endeuillés.
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Jean troisième du nom, roi de France, était passé de vie à trépas. Sitôt la nouvelle connue, le lourd cérémonial d'usage s'était mis en marche. L'annonce du décès et l'ouverture du grand deuil avait été faite par le Grand Chambellan. L'office de la Santé royale s'était chargé de prodiguer les derniers soins à la dépouille du monarque. Convenablement préparée, celle-ci reposait désormais dans la chapelle du Louvre.
La veillée funèbre durerait dix jours et, dès l'aube du onzième jour, le corps serait porté en procession à Saint-Denis pour y être inhumé.
Les vitraux de la chapelle avaient été occultés, les murs recouverts de lourdes tentures violettes, couleur du deuil royal. La seule lumière provenait de la profusion de cierges de cire vierge qui scintillaient le long de la nef et tout autour du chur.A l'odeur chaude qu'ils dégageaient se joignaient le parfum entêtant des derniers lys de la saison disposés en bouquets noués de pourpre autour de l'estrade mortuaire, et les effluves lourdes de l'encens brûlant dans des cassolettes d'argent.
Sur l'estrade recouverte de velours violet qui occupait le chur de la chapelle gisait la dépouille du défunt. Comme l'avait souhaité le feu roi, une effigie à sa semblance serait dans le même temps exposée publiquement dans la grande cour du Louvre. La veillée funèbre de la chapelle royale ne concernerait donc que le cercle restreint des proches et des conseillers du défunt. Pour permettre à ceux-ci de se recueillir et de faire leurs dévotions, deux rangées de prie-Dieu avaient été disposées de part et d'autre du chur.
A l'entrée, huissiers et gardes royaux veillaient à ce que nul ne troublât la solennité et le quiétude de ces quelques jours.
Agenouillée un peu à l'écart, en tenue de deuil comme il convenait, la Grand Maître des Cérémonies de France profitait des derniers instants de répit avant l'ouverture de la veillée pendant laquelle il lui faudrait s'assurer que tout se déroulait sans accroc. Recueillie, elle priait pour l'âme de celui qu'elle considérait comme un grand roi et qu'elle avait servi avec joie.
Les cloches de la chapelle se mirent en branle au rythme lancinant du glas et les portes s'ouvrirent pour laisser entrer les endeuillés.
* "Lacrimosa dies illa" = jour de larmes que ce jour-là
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