Astana
Déglutition.
La peau d'ordinaire pâle l'est encore plus, tranche avec le noir complet de sa mise. Tout est mort ici, jusqu'au faciès qui se veut inexpressif où trône une grisaille éteinte, errante. Museler ses douleurs, toujours. Elle fronce les sourcils, plantée au milieu de l'allée. Dextre et senestre sont jointes dans un geste qui apparaît pieux mais qui n'en est rien, il lui faut réprimer les tremblements de la première, simplement. T'as pas ta place ici, Sørensen. Regarde-les, tous. À croire que t'es le seul spectre de son ancienne vie à s'être pointé. La seule, peut-être, à l'avoir aimé pour ce qu'il avait été et non ce qu'il était devenu : Roy.
Astana opte sans conviction pour l'une des rangées de prie-Dieu et s'y agenouille. Elle ne priera pas pour l'âme de Jean, cependant. Les huguenots ne font pas ça. Ce n'est qu'à but de maîtriser la chamade du palpitant, pour ne pas chanceler sous le poids des souvenirs qui lui reviennent en pleine poire pour dire bonjour. Oh, ils se sont aimés un jour, oui. Jamais de la façon appropriée, toujours en décalage avec la bienséance. Rudement bien souvent. Aux pensées qui s'entrechoquent, la danoise ne peut s'empêcher de se demander : « Et si... »
Et si quoi ? Et si tu t'étais pas tirée en Anjou, et si t'avais arrêté de causer d'âge, et si t'avais réellement gobé une pomme à Toulouse, et si t'avais un peu moins ouvert ta grande gueule, et si t'avais répondu correctement aux questions sur pourquoi le noir et la robe, et si t'avais un peu moins songé à prendre sa gorge en étau, et si tu t'étais pas tirée du Béarn, et si t'avais cédé à lui reconnaître la paternité de l'enfant ? Eh bah t'aurais certainement été Reyne de France. La blague cosmique. Ça lui arrache un vieux rire foireux, bien vite étouffé dans son poing. Passer d'une émotion à l'autre est une habitude, synonyme de son tempérament instable.
La dextre est passée sur sa nuque, aide à faire craquer le tout. Inspiration. Au bout d'un temps, et une fois le contrôle repris sur son enveloppe corporelle, Astana se relève. Elle va pour amorcer l'ascension jusqu'au corps de Jean mais bute en chemin sur un obstacle. Des pieds féminins. Qu'elle écrase sans les avoir vus, et donc sans le vouloir. Une grimace couplée d'un « désolée » sont formulés à l'intention de leur propriétaire. L'émotion, tout ça... Ces pieds appartiennent à Jade de Sparte. Ce qu'elle ne sait pas, n'ayant jamais vu à quoi pouvait ressembler l'Impératrice. Il y a fort à parier qu'autrement ils auraient été visés à dessein. Question de principe tordu.
Parvenue sans plus de tourments devant la dépouille royale, elle penche la tête de côté. Et bizarrement, Sa Blondeur esquisse un maigre sourire. Il n'y a rien de feint dans cette expression. Pas non plus quand elle se penche pour - l'embrasser ? OH MON DIEU ! - lui murmurer à l'oreille :
- « Ah, de Cetzes... Votre turban vous aura protégé du vent et du fer, point de la maladie.
Nous sommes tous faillibles, mais peut-être aurais-je dû vous cajoler, tout compte fait. » *
Hommage personnel sous forme de connerie. De quoi se gondoler d'en Haut.
Sourire en demi-teinte. Deux pas en arrière. Rideau.
_________________
La peau d'ordinaire pâle l'est encore plus, tranche avec le noir complet de sa mise. Tout est mort ici, jusqu'au faciès qui se veut inexpressif où trône une grisaille éteinte, errante. Museler ses douleurs, toujours. Elle fronce les sourcils, plantée au milieu de l'allée. Dextre et senestre sont jointes dans un geste qui apparaît pieux mais qui n'en est rien, il lui faut réprimer les tremblements de la première, simplement. T'as pas ta place ici, Sørensen. Regarde-les, tous. À croire que t'es le seul spectre de son ancienne vie à s'être pointé. La seule, peut-être, à l'avoir aimé pour ce qu'il avait été et non ce qu'il était devenu : Roy.
Astana opte sans conviction pour l'une des rangées de prie-Dieu et s'y agenouille. Elle ne priera pas pour l'âme de Jean, cependant. Les huguenots ne font pas ça. Ce n'est qu'à but de maîtriser la chamade du palpitant, pour ne pas chanceler sous le poids des souvenirs qui lui reviennent en pleine poire pour dire bonjour. Oh, ils se sont aimés un jour, oui. Jamais de la façon appropriée, toujours en décalage avec la bienséance. Rudement bien souvent. Aux pensées qui s'entrechoquent, la danoise ne peut s'empêcher de se demander : « Et si... »
Et si quoi ? Et si tu t'étais pas tirée en Anjou, et si t'avais arrêté de causer d'âge, et si t'avais réellement gobé une pomme à Toulouse, et si t'avais un peu moins ouvert ta grande gueule, et si t'avais répondu correctement aux questions sur pourquoi le noir et la robe, et si t'avais un peu moins songé à prendre sa gorge en étau, et si tu t'étais pas tirée du Béarn, et si t'avais cédé à lui reconnaître la paternité de l'enfant ? Eh bah t'aurais certainement été Reyne de France. La blague cosmique. Ça lui arrache un vieux rire foireux, bien vite étouffé dans son poing. Passer d'une émotion à l'autre est une habitude, synonyme de son tempérament instable.
La dextre est passée sur sa nuque, aide à faire craquer le tout. Inspiration. Au bout d'un temps, et une fois le contrôle repris sur son enveloppe corporelle, Astana se relève. Elle va pour amorcer l'ascension jusqu'au corps de Jean mais bute en chemin sur un obstacle. Des pieds féminins. Qu'elle écrase sans les avoir vus, et donc sans le vouloir. Une grimace couplée d'un « désolée » sont formulés à l'intention de leur propriétaire. L'émotion, tout ça... Ces pieds appartiennent à Jade de Sparte. Ce qu'elle ne sait pas, n'ayant jamais vu à quoi pouvait ressembler l'Impératrice. Il y a fort à parier qu'autrement ils auraient été visés à dessein. Question de principe tordu.
Parvenue sans plus de tourments devant la dépouille royale, elle penche la tête de côté. Et bizarrement, Sa Blondeur esquisse un maigre sourire. Il n'y a rien de feint dans cette expression. Pas non plus quand elle se penche pour - l'embrasser ? OH MON DIEU ! - lui murmurer à l'oreille :
- « Ah, de Cetzes... Votre turban vous aura protégé du vent et du fer, point de la maladie.
Nous sommes tous faillibles, mais peut-être aurais-je dû vous cajoler, tout compte fait. » *
Hommage personnel sous forme de connerie. De quoi se gondoler d'en Haut.
Sourire en demi-teinte. Deux pas en arrière. Rideau.
_________________