Gerfaut
Il aurait pu être un carnet quelque part au fond dun havresac, dans la poche en doublure dune cape, à labandon sur une tablette sous un cumul de papiers, ou dans une paire de mains le feuilletant. Ses pages auraient été froissées davoir été tournées, sans aucune de cornée cependant, et on devinerait la reliure récemment refaite pour durer. Il y aurait beaucoup de mine, un peu dencre, des lignes toujours droites mais une écriture changeante selon lheure, lhumeur, la lumière, quon aurait rarement trouvée serrée sur des feuillets entiers, ou jetée dune phrase seulement pour toute une page sinon vierge. Le plus souvent, cauraient été des annotations courtes se succédant sans grand sens sinon pour celui qui les a couchées, parfois des listes, des dates, des encadrés ou des petits dessins. Occasionnellement, une fin de page demeurée blanche, et les griffonnages reprenant en suivante.
Ce quon y aurait lu, parmi les derniers et dans le désordre :
Ce quon y aurait lu, parmi les derniers et dans le désordre :
Tous les instants se valent-ils ?
Plus dune année à se veiller ;
une nuit de faillite, sept mois d'absence ;
quatre semaines de tergiversations ;
vingt et quelques jours depuis l'acceptation.
Le temps qui nous a construits.
Combien pour nous élever encore, ou pour nous défaire ?
une nuit de faillite, sept mois d'absence ;
quatre semaines de tergiversations ;
vingt et quelques jours depuis l'acceptation.
Le temps qui nous a construits.
Combien pour nous élever encore, ou pour nous défaire ?
Qu'attends-tu exactement ?
Saccepter loin. Tous les instants se valent-ils ?
Faut-il (ne pas) compter ? Tous les instants se valent-ils ?
Oui. Non. Peut-être. Essayons.
Jusqu'où tous les instants se valent-ils ?Mais en vérité, il ny a rien à lire sur ce carnet de qui l'on ne sait puisqu'il nexiste pas.
« Tous les instants se valent-ils ? » Deux vies pour composer sans lécrire sur le sujet.
« Tous les instants se valent-ils ? » Deux vies pour composer sans lécrire sur le sujet.