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[RP] Surprise sur prise !

Astana
    [Autun, place du marché]


Entre les étals de miches et de carcasses, Astana et Athelstan devisent. Hazel, arrimée à la main droite de sa mère, semble plongée dans un mutisme depuis une bonne demi-heure. Sans doute que les scénarios divers de ses retrouvailles prochaines avec son père lui emplissent la carafe. Une appréhension que la danoise-mère partage, bien qu’elle masque le souci qui l’anime avec un peu plus de talent que sa fille. Elle croque dans une pomme.

- « T’as répété ? »
- « Pas b’soin. J’improviserai. »
- « Enfin gaffe à pas raconter n’importe quoi. »
- « T’inquiètes. »
- « Justement, oui. »
- « Tu m’as pas éclaté la tronche pour faire ta sucrée maint’nant. »


Sørensen décoche un regard noir à son homme de main. Eclaté la gueule, éclaté la gueule, t’y vas fort. C’est à peine s’il y a une petite croûte qui te teinte le front, grand malade. Et puis j’suis plutôt aigre-doux. Lui se marre et lui fiche un bras par-dessus les épaules, comme un bon vieux pote. Ce qu’il est. Il va même jusqu’à lui chourer sa pomme pour y mettre un coup de dents. C’est ça, fais le mariole.

- « Du coup, j’y pète pas les dents ? »
- « Non. »
- « J’aime autant. J’suis pas très en forme en c’moment. »
- « Faudrait surtout pas t’abimer pour… c’est quoi son nom déjà ? »
- « Félindra. »

Tête de tigre.

Athelstan soupire longuement. Est-ce que les gens amoureux soupirent différemment lorsqu’ils pensent à leur moitié ? Peut-être. C’est un soupir rose et niais, assorti à un sourire de benêt transi. La danoise avise son compagnon d’un air perplexe. Les choses de l’Amour. Aïe. Et comme si ça ne suffisait pas, voilà qu’un joueur de luth entame une balade amoureuse non loin d’eux. La blonde grimace. Pour autant, c’est vers lui qu’elle embarque leur trio.

Salutations d’usage etcetera. Super jolie balade, vraiment. Quel talent. Wow.


- « Dites, vous connaîtriez Johannes ? »
- « Johannes ? »
- « Johannes. »


Le type secoue sa trogne à la négative et fout sa main gauche en coupe, l’air de rien. Ben tiens. Astana se fend d'un sourire forcé lorsqu'elle y dépose deux écus. Tiens, mais ça ne serait pas les écus de... ? Si. Décidément, le destin a la blague facile. Quel acte Royal. Allez, un point pour le mécénat !

- « Johannes ça m’dit rien. Il a un mouvement de recul instinctif lorsque la blonde s’avance brusquement. Mais j’crois bien qu’y’a un Jhôannes dans les parages ! »
- « Il crèche où ? »
- « Ben c’t’à dire… »
- « Où. Ça. »
- « Là, là ! Derrière l’marché ! La maison ‘vec la pierre tombale ! »


Oh, chic. Une pierre tombale. Sacré présage.
Est-ce que ça se voit sur ma tronche que j’ai pas l’air d’apprécier la blague ?


- « Merci mon brave ! Z’êtes bien aimable ! Allez, bonne journée ! »

Athelstan embarque la blonde et sa fille avec. Sauver les nerfs de la danoise. Et vite. Il raconte des conneries à la pelle tout en pilotant Astana qui ne répond plus. Tout du long, son bras est resté sur ses maigres épaules. Est-ce qu’il a raffermi son emprise sur elle ? Sans doute. Ils sont sortis du marché et s’éloignent désormais dans la direction donnée par le troubadour. Il n’y a plus tant de brouhaha, c’est presque calme.

- « Regardez ! C’est là-bas ! » s’exclame l’enfant qui d’un coup semble avoir retrouvé sa joie de vivre.
- « Allez-y. »
- « Mais m’man… »
- « Tout va bien se passer. Je t’attends ici. »


Ici ? Au milieu de rien ?
Bah ouais, faut croire.
Jhoannes
Autun, journée ordinaire d’une proie quasiment innocente.

La nuit dernière, le blond s’est endormi la joue contre une lettre.
Aux premières lueurs de l’aube, il a relu la lettre, deux fois.
Trois fois.
Ensuite, il est allé boire une tisane avant d’aller s’enfoncer dans la mine de fer du coin.
En sortant de la mine, il a relu une nouvelle fois la lettre.
L’a écrasée entre ses mains, à s’en péter les jointures, pour en faire une boule pleine d’angles.
L’a balancée dans un buisson de ronces sur le chemin du retour.
Est revenu en arrière pour ramasser la lettre.
L’a relue encore, entre ses pattes égratignées et ses ongles noirs.
A secoué la tête.
Est passé au marché, acheter de quoi faire une tourte.
Est rentré chez lui, une queue de citrouille dans une main, la lettre dans l’autre.
A posé la courge près de l’âtre, et p


Non. Non. Pitié. Si je dois me cogner cette lettre encore une fois, je te jure, je prends le contrôle et je nous fous de la chaux dans les yeux.
Mais c’est une lettre d’amour…
C’est une promesse de destruction.
Ce qui reste une promesse…
T’as des problèmes. On t’a déjà dit, que tu avais de gros problèmes ?

C’est une lettre dont le contenu annonce, en tout cas, que quelque chose va arriver. Johannes/Jhoannes est donc au courant que quelque chose va survenir, à un moment donné dans l’espace et le tissu du temps, quelque chose qui dévoilera sa nature pendant sa manifestation, mais pas certainement pas avant. Ce qui fait beaucoup d’inconnues, en fin de compte.

Quand on a une dague suspendue au-dessus du crâne par un fil, et qu’on sait qu’un couillon va forcément se ramener avec une paire de ciseaux, parce que c’est écrit dans les étoiles, mais qu’on est pas féru d’astrologie, ou simplement sceptique, deux extrêmes sont envisageables : se méfier de tout, ou décider de s’en foutre.

Valeur : dès que le blond en aura l'occasion il appuiera sur le gros bouton rouge au-dessus de la consigne :
Je m’en tamponne bien les rouleaux.

Solution temporaire : faire une sieste.
Athelstan.
    [Autun, plus tellement place du marché]


Le roussâtre a troqué la pomme contre Hazel. L’échange s’est fait sans un mot. Il a tendu le fruit et elle a invité sa fille à se saisir de sa main libre à lui. Astana a souri, de ces sourires tristes qu’il lui a rarement connus. Embrasser sa condition de mère l’avait changée, en un sens. En mieux ? Dépend de quel côté on regarde la chose. Le rouquin hausse une épaule et reporte son attention sur Hazel qui l’observe de ses grands yeux noirs.

- « Quoi ? »
- « On t’a déjà dit que t’avais de grandes oreilles ? »
- « Jamais. »
, ment-il. Oui, Athelstan a les oreilles un poil décollées. En plus d’être plus grandes que la moyenne.
- « Bah vu d’en bas elles ont l’air super gr- »
- « Tu cherches la bagarre, c’est ça ? »
- « Même pas peur ! »
, fait-elle en lui pinçant la hanche, faute de pouvoir viser plus haut.
- « Hé ! Tu vas voir c’qu’on fait aux p’tites filles pas sages, toi ! »

Hazel lâche sa main et se met à courir droit devant en hurlant à pleins poumons. Sacré coffre. Lancé à sa poursuite, Athelstan fait durer un peu le plaisir. C’est qu’avec ses grandes échasses, il a vite réduit la distance. Alors il fait mine de la frôler puis mine de trébucher. Presque attrapée ! Oh non, sacrée glissade ! Zut. Peut-être que ça dure juste cinq minutes, peut-être plus que ça, mais la gamine est hilare et ça lui fait du bien au moral. Ça existe, le rire d’enfant en bouteille ? Non ? Dommage, ça ferait un commerce florissant. A un moment donné il croise le regard de la danoise, qui n’a toujours pas bougé de son spot initial. Ah oui. La livraison. On est pas v'nus cueillir des champignons. Il tape une pointe et s’empare d’Hazel qu’il fait monter sur ses épaules.

- « Hop. Prison ! »
- « Si c’est ça la prison, j’veux bien y aller tout le temps. »
- « J’pense pas que ta mère s’rait d’accord. »
- « Ma mère, elle boude. »
- « Elle boude pas, elle- »
- « Si elle boude pas, pourquoi elle est restée derrière ? »
- « Eh ben… parce que… »


Qu’est-ce qu’on doit répondre dans ces cas-là ? Mentir, ne pas mentir ? Faire genre on sait pas ? Athelstan y réfléchit tandis qu’ils parcourent les derniers mètres qui les séparent de la baraque à la pierre tombale. Ils passent la clôture et empruntent le petit chemin jusqu’à la porte. Avant de frapper, il lâche :

- « Parce que ta mère aime ton père et qu’elle risque de lui faire mal. »

Toc, toc. Toc.
Jhoannes
Tiré du sommeil par un rire de gosse, quoi de plus merveilleux ? Sauf quand on est vraiment claqué. Jhoannes est vraiment claqué, et en plus il a la nausée d’après-sieste, comme une boule de gras dans la gorge. Et en plus du plus, faut retourner bosser dans des boyaux noirs qui puent la terre pourrie, qu’on y voit que dalle, qu’on se pète les côtes et qu’on s’y gèle bien sec.

- Chiotte.

Toux rauque.
Enfiler botte droite.
Enfiler botte gauche.

Toc toc toc.

Un instant, visiteuse, visiteur, qui que tu sois, que je passe mitaines à mes mains. Mes moignons de doigts sont des petits frileux, et les premières gelées d’hiver approchent à grand pas. Et puis avec le recul ça fait moins con, d’avoir deux doigts en moins dans une mitaine, que deux doigts de gant vides qui pendouillent comme un vieux zgeg.

TOC TOC TOC.

- C’est bon merde, j’arrive !

Incroyable. Les gens n’ont plus aucune patience. Ils veulent toujours tout, tout de suite, à disposition, dans un plat d’argent. Sauf que le blond, là, l’est pas d’humeur service de table et petites serviettes. Désolé, ou pas désolé. Je suis grognon au réveil.

Ouverture de porte, le bras tordu vers l’arrière, tentant de gratter ce foutu point inaccessible dans son dos. Y a des jours comme ça.


- Quoi ?

Sourcils un peu froncés.
Pourquoi il fait soudain face à un roux avec un lutin sur ses épaules ?
Pourquoi il connaît sa tronche au roux ?
Attends, c’est quoi l’embrouille ?


C’est quelque chose, je crois.
_________________
En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Athelstan.
Chut. Chuuuuut. Shhht.
Les deux se bidonnent comme deux bouffons en entendant le blond derrière sa porte qui se radine en jurant. Enfin, il y a une mignonne, très mignonne, bouffonne. Et un grand, très grand, bouffon. Lorsque la porte s’ouvre sur Johannes, Athelstan se pince le nez entre le pouce et l’index pour ne pas rire. Loupé.

- « Salut ! », qu’ils disent à l’unisson.

Hazel dévoile une bouche pleine de dents de lait à son père. Il en manque deux. Une incisive en bas, et une canine en haut. Elle gigote sur les épaules d’Athelstan, qui ne capte pas tout de suite le signal. A la place, il envoie un pouce en l'air dans le vide derrière eux avec plus ou moins de discrétion. Il sait la danoise à portée de mirettes.

- « Ha, vous v’là ! Rho, on a failli pas vous r’trouver, dites. Le coup du nouveau prénom qui sonne pareil mais pas tout à fait, c’est vach’ment bien ! Z’avez eu des soucis avec les autorités ? »


Pour tout dire, le roux s’en tamponne grave, mais grave, de la réponse. C’est pour meubler. D’autant que ça gigote sévère à l’étage du haut. Et soudain, ça le frappe. Ça le percute tellement fort qu’il en écarquille les yeux : si ça se trouve, c’est parce qu’elle a envie de pisser qu’elle se tortille autant. Le roux s’empresse de faire redescendre Hazel, priant le Dieu unique mais aussi tous les autres dieux qui existent sur cette foutue planète pour ne pas se faire mouiller. Redescendue, l’enfant fonce droit sur son père. Han, c'était pas pour... Ben nan. C'que t'es con.

- « Bon. Ben v’là ! J’crois que les présentations sont plus trop nécessaires. »

Si ? J’peux y aller maintenant ?

- « P’pa ! C’est qui qu’est mort ? »
Jhoannes
Les sourcils sont toujours un peu pincés, et la bouche s’est entrouverte, mais aucun son n’en sort. Une belle tête de vainqueur.

Il a un blanc.

Et puis deux trucs noirs. Attends, ce sont mes yeux, ça. C’est à moi. Qu’est-ce qu’il font sur le visage de cette enfant ? Par quelle diablerie ? Pourquoi elle a mes yeux ? Pourquoi elle me sourit ?


- Ha, vous v’là ! Rho, on a failli pas vous r’trouver, dites. Le coup du nouveau prénom qui sonne pareil mais pas tout à fait, c’est vach’ment bien ! Z’avez eu des soucis avec les autorités ?

Rien entendu. Nada. Bouillie de mots.

- Ouais c’est ça, les autorités ouais…

Pourquoi elle fonce vers moi bordel ?
Putain, ils sont passés où les murs ?
Je m’accroche à quoi ?


Les jambes lâchent, le blond se retrouve à croupetons. De loin, on pourrait même croire que c’est voulu de sa part.

Non non non ça va trop vite, tu avances tr!

SCHPLONK.

Une gamine dans les bras, réelle, et un coup cosmique dans l’bide, ressenti.

- P’pa ! C’est qui qu’est mort ?

- P… papa ? qu’il répète dans un filet de voix tout pété. Mort ?

Hazel pointe l’index direct vers une forme floue près de l’entrée. Alors, c’est qui qu’est mort ?

Sauf que présentement papa ne peut pas parler, il a écrasé sa bouche contre son poing fermé pour pas que ça sorte, mais il sent bien que ses yeux sont rouges, qu’ils piquent, et que ça risque de s’échapper par là.

C’est à cet instant que le blond est sauvé par la découverte de sa première leçon parentale : une fois que ton rejeton a posé une question, il lâchera rien tant que son appétit de réponse ne sera pas satisfait. Rien.

- C’est qui qu’est dans la tombe ?

Ah, la tombe ?
La tombe.
Oui.

- Bah c’est… c’est Bernard.
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Astana
Pouce en l’air. Olé-olé.

Astana quitte le bout de mur sur lequel elle avait logé l’échine et jette son trognon de pomme tout marronnasse par terre. C’est open-bar. Servez-vous, les fourmis.

Elle fait un pas en direction des retrouvailles de famille. Puis deux.
Pas encore trois.

Qu’est-ce que tu fous, Sa Blondeur ? Viens on y va !
Le saignant loupe un battement lorsqu'elle observe Johannes enlacer sa fille. La leur. Et puis il se serre. Fort. Comme si quelqu'un avait fourré une main dans sa poitrine pour venir presser tout le sang de son palpitant et en faire une bouillie dégueulasse.

Demi-tour gauche. La danoise rebrousse chemin et va s'arrimer à son mur plein de pierres froides. Froussarde, va.
Nerveuse, la patte de droite tâte un objet calé dans l'une de ses poches. Un truc fait de bois avec un trou au milieu. A côté, dans une pochette, du chanvre.


- « Il me faut du feu. »
Pardon ?

Un. Deux. Trois. Inspire. Expire. Par le nez, puis le ventre.
La danoise se refait une contenance.

Hazel pointe du doigt la pierre tombale devant la garçonnière de son père. On dirait qu'elle pose des questions, mais Astana est trop loin pour entendre quoi que ce soit. Elle voit simplement les lèvres de Johannes qui bougent. Sa barbe a pris en niveaux de gris. Un. Deux. Trois. Sørensen s'élance vers le trio d'un air résolument déterminé. Un. Deux. Trois. Les cannes ne flancheront pas. Elles ont connu pire. Un-deux-trois. Elle fonce maintenant, et les dépasse même. Sans un mot. Deux paires d'yeux noirs qui la dévisagent. Une seconde de trop dans les châsses de Johannes-moins-deux-doigts. Aïe. Un-deux-trois. La blonde est à l'intérieur maintenant et localise la source de chaleur.

Vite. Du feu.
Jhoannes
C’est dingue, qu’il pense.

- C’est qui Bernard ? C’était ton ami ?

Je peux t’embrasser la joue ? Oui. D’accord. Il est parfait cet arrondi de joue. Comment c’est possible ? T’as des sourcils aussi ? Ils sont tout clair. Puis ils bougent. Des sourcils mobiles : les fenêtres de l’âme des gens qu’ont un pieu émotionnel rentré dans le derrière. Trop pratique, les sourcils qui bougent. C’est dingue. Dingue.

- Non, il est mort il y a très longtemps, Bernard. C’était un vieux monsieur.

Vieux comme le monsieur de Ribe ? C’est qui, le monsieur de Ribe ? Je suis censé savoir, ça ? Y a combien de choses que j’ai loupées ? Et puis pourquoi tu restes dans mes bras comme ça ? T’as l’air contente. Tu veux pas lui en vouloir deux minutes, à papa ? Parce que papa, jusqu’ici, c’était plutôt papa-pas-là. C’est dur, d’avaler de la tendresse gratos quand on s’attend à des reproches, ça fait des petits trous dans le cœur.

- Et dans la boîte j’ai mis des cailloux à la place…

Des cailloux ? C’est bien les cailloux, faut juste savoir distinguer les bons des mauvais. J’peux te serrer fort comment, dans mes bras ? C’est trop là ? J’ai la trouille, t’es une brindille. J’ose pas. J’peux fourrer le nez dans tes cheveux ? C’qu’ils sont fins aussi… On dirait des fils de soie de petite araignée. Et je sens un crâne en-dessous. Il a l’air rempli. C’est dingue. La couleur par contre… ta mère. Ouais.

Ah… quand on parle du loup.

Une danoise passe.
Bonjour ?
Non ?
Bah entre.
Fais comme chez toi Martine, hein.

Il s’apprête à lancer une pique de fond de tiroir à la reine-mère, mais Hazel, garde-fou malgré elle, son regard planté dans le sien, lui coupe la chique direct. Bah non, on va pas insulter maman quand même.

Ouh, ça risque d’être chiant, ça.


- Entre aussi si tu cailles trop, qu’il lance au roux.

T’as gagné la médaille du stratège de guerre le plus nul du royaume.
Hein ?
Je peux t’offrir un décryptage… elle a envoyé l’éclaireur, avec l’appât. Bien évidemment, t’as mordu à l'hameçon. Et là madame vient de percer la mêlée, à l’aise, en trottinant sur le pont-levis, et tu dis rien, donc autant inviter toute la clique, hein, tant que t’y es…

- Papa ?

- Oui ?

- On va voir les arbres ?

- Mais oui. On va voir les arbres. Tu m’attends dehors, je vais chercher ma cape.

Traversée dans le panache de fumée que vient de relâcher Astana. Il ramasse sa cape d’un geste sec, histoire que le tissu claque dans l’air pour qu’elle pige qu’il est pas super fan d’elle, là tout de suite maintenant. Puisque tu veux pas me regarder. Oh et tiens, si. On va quand même s’offrir un petit coup d'œil, non ? Parce que tu viens quand même de la mettre à l'envers, et bien profond, alors faudrait pas rater l'occasion de fêter ça.

D’un mouvement lent, le blond se cale bien en face de Celle-qui-fut son épouse, et courbe la nuque pour placer ses louchons en ligne directe de la grisaille danoise. Arrête de regarder par terre.
Allo allo ?
T’as déjà vu un regard noir lancé par des yeux noirs ?
C’est du noir sur noir.
Tu reçois le message là ?
Hochement de tête.


- Plus tard.
_________________
En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Astana
- « C’est ça. »
A tout de suite.

Sørensen accuse un ricanement dans son nuage de fumée. Tu reviens ? Bah oui, tu vas revenir. Tu vas pas laisser passer une si belle occasion de me cracher des saloperies à la tronche, maintenant que j’me suis invitée. Sans dire bonjour. Aujourd’hui on a du public. On commence à être populaires, mon gars. Peut-être que tu parleras en langage codé pour protéger les innocentes oreilles de notre enfant. Comme dans tes lettres pleines de sous-entendus foireux. Sinon tu vas m’ignorer. Tu sais bien faire, ça. Ou alors, peut-être que tu feras tout claquer et grincer pour bien montrer que t’es en colère. Que t’en as gros, très gros, sur la patate. Mon pauvre chou.

Deuxième ricanement. La blonde enfume encore un peu la pièce, observant Athelstan qui a commencé à prendre ses aises en se posant sur un vil tabouret près du foyer. Lorsqu’il commence à se déchausser, la danoise fait claquer sa langue contre son palais.


- « Non. »
- « Quoi, ça s’fait pas ? »
- « Déjà, non. »


Pas plus que de pas dire bonjour.

- « Mais tu vas peut-être devoir partir vite. »
- « Avec la p’tite ? »
- « S’il le faut, oui. »
- « Pigé. »


Ils opinent tous les deux d’un air entendu. Si jamais la baraque flambe sauve-toi avec Hazel dans les bras, barre-toi en sauvant les meubles, pierre tombale comprise – sauf les tabourets. Qu’ils crament. Nous ? On s'débrouillera. T'inquiètes. La danoise s'est rapprochée des flammes pour y mettre de l’eau à chauffer parce qu’elle est tombée sur un bol et que tiens, après la fumette j’ai un peu la pâteuse, tu vois. Et puis s’hydrater, c’est important. Il lui reste quelques miettes de pulmonaire qu’elle fiche dans l’eau pour que ça infuse. Calme. La blonde refile sa pipe à l'anglais qui s'enfume sans demander son reste. Astana souffle sur la surface de l'eau, bol entre ses mains. Le calme avant la tempête.
Jhoannes
Extrait des nouvelles du siège, dans le château mental de Jhoannes, tenues par le dévoué Caillou :

[...] Les troupes ennemies ont encerclé la forteresse avec une efficacité terrifiante. J’intuite qu’ils avaient déjà plusieurs longueurs d’avance sur nous. On a rien vu venir. Le premier assaut a été lancé dans l’après-midi. Net et précis. Ces ordures ont catapulté un gros boulet, ouvrant une brèche au nord de la citadelle - Ô mais quel glorieux boulet, lumineux boulet, enfant-boulet ! L’infanterie a pénétré dans l’enceinte. Avons subi trop de pertes pour les bouter hors des murs, ai décidé de poster des unités à cheval pour empêcher tout repli. Qu’on les enferme et qu’on les enfume ! Bien que pour l’enfumage, ils semblent vouloir s’en charger eux-mêmes. Une boîte dans une boîte, une lettre dans une lettre, un siège dans un siège. Je suis le général Caillou, et je tremble. Prions pour nous.

____________

La menotte de sa fille tenant sa mauvaise main, il prend l’air en quête d’arbres, puisque c’était le but officiel de cette petite balade. Des arbres ? Facile. Tiens, regarde, en voilà-un, d’arbre. On s’approche.

- Un hêtre ?
- Tout bon.

Il est nul ce hêtre. Marchons encore un peu. Silence.

- C’est quoi les grains jaunes sur la feuille ?

Penchons-nous sur cette bonne question.

- On dirait des œufs.
- Des jaunes d’œufs !
- Toi aussi t’étais un jaune d’œuf.
- NON…

Si si. Enfin, je vais pas entrer dans les détails de la recette, mais c’est quasiment vrai. Il y a eu un autre jaune d’oeuf avant toi, mais celui-ci on l’a cassé un peu trop tôt, un peu trop cru, au bord de la casserole. Faut croire qu’on avait pas tellement faim à l’époque.

Hazel fait rouler son index sur les bidules ronds, ignorant sans doute qu’elle est en train de traumatiser une portée entière de bébés insectes. Elle en écrase un entre ses doigts, pour voir ce que ça fait, et s’il y a des choses plus intéressantes à l’intérieur. Pas vraiment, en fait. Feignant d’être absorbée par le résultat de ses observations, elle balance une question qui la travaille depuis quelques temps.


- Pourquoi maman elle est triste quand elle parle de toi ?
- Parce que… je crois que je l’ai blessée.
- Tu l’as tapée ?
- Non !

Mais je mens.
Une gifle, une fois.
Juste une, mais une quand même.


- Tu disais des choses méchantes ?
- C’est ça.
- Pourquoi ?
- Tu sais, c’est pas toujours évident à expliquer, les trucs de grands.
- Je suis pas bête.
- Non. Je sais.
- Maman non plus, elle est pas bête. Elle est belle aussi.
- Oui.

Et folle.
_________________
En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Astana
A l'intérieur, Astana commence à trouver le temps long, avec son eau chaude. Son bol n'est plus rempli qu'à moitié.
Comme Athelstan qui s'est perdu dans la contemplation des flammes, la blonde se perd dans son infusion.
Requiem pour une eau chaude : ô tes volutes de fum-


- « Maman ! »
Rien.

Sa fille vient de débouler à toute vitesse dans la pièce, mais Astana n'a pas quitté son eau chaude des yeux.


- « Astana ? »
Ding, dong.

- « MAMAN ! »
Allo !

La danoise secoue la tête, réajuste les châsses grises à hauteur de sa fille.

- « Pardon. Oui ? »
- « J’ai décidé d’un truc. »

Un truc. Quoi comme truc ?

La ferrailleuse arque les sourcils. Ça lui fait de beaux demi-cercles au-dessus de la grisaille. Et des rides sur le front.


- « Papa ? »

Hazel se retourne vers la porte, trop excitée. Sauf qu'il n'apparaît pas dans l'encadrement.

- « Yoannesse ! »
T'es coincé dans les embouteillages, Blondin ?

- « Je reviens ! »

Comme une tornade, l'enfant repart dans la froidure du dehors. Astana s'empresse d'avaler son reste de flotte. Et puis Hazel revient en tirant son père par la manche. Jusque devant sa mère.

- « Vous faites la paix. »
C’est un ordre ? Oui, c’est un ordre.

Et puis la môme ne déconne pas, elle croise les bras et les regarde de ses yeux noirs. Noir sur noir.
Comme aucun de ses deux parents ne semble réagir, Hazel tape du pied. Le bruit arrache un léger sursaut nerveux, là, juste ici, entre le cou et l’épaule de la blonde. Mais c’est pas le pire. Le pire c'est quand elle leur chope les mains et qu'elle va pour les rapprocher. A ce moment, y'a une musique tragique qui passe derrière le front d'Astana. La danoise fait de la rétention de main.


- « Allez ! »

Ah. C’est un caprice.
Sorensen connaît bien les caprices de sa fille. C'est comme le jeu du chien-de-faïence-qu'est-muet.
Ils vont perdre. On va perdre, Johannes. Cette petite est un monstre.
Jhoannes
- Mais on est pas en guerre avec ta mère…

Un jour tu ouvriras les yeux sur ton âme, et je serai libre.

- On est… on est…

Le blond cherche un élément de réponse chez l’adversaire, sans succès. Astana s’est mise sur répondeur. Alors il tente de décrocher un sursis. En plus, là, il a les ongles dégueulasses dans ses mitaines qui puent, est-ce que c’est vraiment le bon moment pour se serrer la paluche ? Il ne pense pas.

- Maintenant ?

Hazel hoche la tête. Une fois. Ouais, c’est maintenant.
Bon, bon.

Un pas traînant de plus.
Main droite tendue pile au milieu de la tranchée. Ceci est ton espace de danse, ça ça va rester le mien, t’es gentille.


- Astana… je te pardonne toutes tes crasses.
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Astana
Mes crasses ? Mes. Crasses.
Ah oui. D'accord. C'est comme ça.

Désolé, non ? Très bien. Moi non plus alors.


- « Je vous… »

Vous. Pas tu.
Tu le mérites pas, mon « tu ».

Sa main gauche, celle par laquelle elle s'était unie avec lui, là-bas dans la forêt, fait le reste du chemin.
Pendant ce temps, Astana rumine sa fin de phrase. La main des épousailles finit par se poser par-dessus la patte du vis-à-vis.


- « ... pardonne de n'avoir jamais été à la hauteur. »
Jhoannes
Ses lèvres se pincent entre elles pour retenir le cri d’agonie que vient de pousser son ego mâle.

Il déglutit pour avaler la pilule.
Non, ça passe pas.

Sa bouche se détend enfin pour s’étirer dans un magnifique sourire foireux. Mais de profil, ça peut faire illusion.

Le blond lâche pas la main de sa dame.
Reste-là encore un peu.
Mon tendre amour.


- Désolé, pour toutes les fois où j’ai manqué à ma tâche. Pour les plaies ouvertes par d’autres et recousues par moi. Pour ces heures à écouter ta folie et subir tes silences. Et toutes tes conneries rattrapées. Vraiment navré, madame la baronne.
_________________
En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Astana
T’en fais pas, je reste là.
Mais il commence à faire froid, dis. T’as pas bien fermé la porte ? A moins que…

- « Navrée d’avoir failli à ma tâche d’épouse docile et transparente. »

Astana lâche un bout de sourire aussi. Il s’élargit à mesure qu’elle crache sa nouvelle phrase et qu’elle lui serre un peu plus la main.

- « Mes excuses les plus plates pour toutes ces fois où, la peau ensanglantée, j’ai fini par rentrer après avoir fait ce pourquoi j’étais payée. De ramener un salaire. »

Maleus disait souvent qu’il avait l’impression qu’elle voulait enfoncer une pique dans le fondement de son interlocuteur, lorsqu’elle souriait ainsi. A cet instant, c’est tout à fait vrai. Mais pas juste une pique. Une palissade toute entière.

- « Toutes mes confuses d’avoir répondu à vos remontrances. J’aurais dû me taire. Et rester à ma place. »
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