Citation:Ma chère Maia Bella,
Pitié, ne tombe pas de ton comptoir en découvrant l'auteur du pli. Je sais, cela fait bien longtemps que je ne t'ai pas écrit. Mais ce soir, vois tu, j'en ressens le profond besoin.
J'espère qu'en retour, tu me raconteras tous ces mois passés loin de toi. Que mon futur filleul, si tant est qu'il n'ait pas changé d'avis, se porte bien. Que ta famille aussi. Je sais que la situation est difficile, voir même inextricable. Mais j'ose croire qu'ils ont conscience que vous, habitants, n'êtes en rien responsable des décisions de certains. Dis moi que tu vas bien, que vous allez bien.
De longs mois ont passé depuis que je t'ai laissé à Annecy. Le Trés Haut sait combien mon coeur a saigné de vous dire au revoir. Mais ce soir, je suis terriblement triste.
Vois-tu, ma vieille amie, je suis présentement à Bourg. Et ce, depuis maintenant trois jours. Aujourd'hui, si tout s'était passé comme je l'avais envisagé, c'est à Chambéry que je serais. Sans doute aurais-je frapper à ta porte pour entendre avec bonheur ton cri de surprise de me voir devant celle-ci.
Cela se serait suivi de toutes ces choses que j'ai à te raconter et de quelques autres que je souhaitais te demander. Je t'aurais écouter avec un grand bonheur me raconter tout ce qu'il t'es arrivé. Et sans doute aurions nous reprit nos éclats de rire. J'attends cela avec beaucoup d'impatience. Alors pardonne cette lettre un peu longue, mais ce soir, j'ai besoin de te parler. De sentir que même si nous sommes encore séparées, ton amitié est à portée.
J'ai passé de long mois à St Claude à cause d'une bienheureuse nouvelle. Enfin, bienheureuse, mais bien casse pied! Je ne sais si tu te souviens de mes premiers soupçons quant à un bonheur à venir. Eh bien, cela s'est confirmé durant les semaines qui ont suivi. Maia Bella, c'est officiel, dans quelques semaines, nous serons trois. Et ce petit chenapan a décidé que je serais malade à en devoir garder le lit ! Qui plus est, en Franche Comté ! Je suis sûr que cela à ajouter à mon état ! Enfin, trêve de plaisanterie, il y a quelques semaines, je me portais enfin mieux.
Et oseras tu me croire si je te dis que j'ai reçu une lettre qui a bien failli me faire perdre les eaux avant l'heure ?! Une lettre de White ! Oui oui, White ! Joli Coeur qui se tapait le plaisir sournois de m'écrire un petit mot, comme s'il n'avait été parti qu'un week-end ! Vu le choc que cela m'a fait, cette bougresse d'aubergiste-infirmière a voulu me remettre au lit ! Voilà cinq années qu'il s'en est allé et il se targue d'un petit gribouilli. Alors celle-là, Maia Bella, je ne l'avais pas vu venir !
Evidemment, allant un peu mieux, j'ai commencé à me renseigner pour rentrer. Etre loin de mien fût une torture, surtout que je n'avais pas pu le prévenir ! Ma grossesse avançant, je ne me voyais pas donner à mien un fils qui ne serait pas savoyard. Et encore moins lui donner la vie loin de chez nous. Puis, évidemment, vous me manquez.
Sauf que voilà, deuxième choc ! J'ai appris que White avait embarqué mien dans le Poitou ! Bougre de lui, j'étais forcément obligée de me rendre là bas. D'une part pour retrouver mien. Et d'autre part, pour gronder Joli Coeur de l'avoir encore plus éloigné de moi ! D'ailleurs, t'aurais vu sa tête quand je suis arrivée et que je l'ai grondé d'avoir failli accélerer ma délivrance !
Finalement, ce voyage fût chargé en émotions merveilleuses. D'une part, j'ai retrouver mon mien, certainement la chose la plus importante à l'équilibre de ma vie. J'ai retrouvé mon plus vieil ami. Puis j'ai aussi retrouvé de vieux amis à ma plus grande surprise. Peut-être l'as-tu connu, Alix du Vivier. Elle a habité Chambéry un temps. Nous sommes amies depuis tellement longtemps que nous étions incapable de nous souvenir. Mais je crois bien que cela remonte à la même époque que toi et moi. Oui, je sais, rien pour nous rajeunir ma vielle branche préférée !
Puis j'ai revu messire Elkar, le frère de la jeune Bélinda. J'étais bien ravie de le revoir et nous avons beaucoup taquiner sur des sujets relativement badins. J'ai été cependant triste d'apprendre que sa jeune soeur se portait au plus mal et qu'il n'y avait guère beaucoup d'espoir.
Bien sûr, j'ai fait quelques nouvelles rencontres au fil de notre périple poitevin. C'était un peu étrange d'être là-bas. Tous étaient mobilisé au nom de l'Armée des Septs et moi je m'y retrouvais en civile.
D'ailleurs, une discussion avec mien aura eu raison de moi. Je crois qu'il me connaît vraiment bien, je devrais peut-être me méfier un peu. Il sait combien j'ai aimé les Septs, combien j'étais heureuse d'avoir accompagné White dans sa création. Et combien j'avais été triste d'en partir. Nous en parlions souvent et je crois qu'il sentait bien ma nostalgie pour cette aventure.
Eh bien, ma grande, accroche bien tes jupons ! White en a recraché sa bière quand je suis allée le voir pour lui dire que j'envisageais de postuler. Je crois bien qu'il avait fait une croix sur un éventuel retour de ma part. C'était amusant sur le moment de voir sa réaction, mais j'ai été touché lorsqu'il m'a confié avoir été peiné à chaque fois qu'il m'avait vu partir. Mais cette fois, je resterais. Les Septs, c'est une famille et dans le fond, je l'ai toujours porter dans mon coeur.
Alors voilà, j'ai réintégré les rangs de l'armée. Evidemment, je suis contrainte de me ménager, on aurait pas idée de faire des manoeuvres folles à une femme aussi ronde que je le suis ! Il m'a fait le bonheur de me remettre à l'instruction, c'était là que j'officiais à sa création. Si tu savais comme j'en suis heureuse ! J'ai le sentiment d'être à nouveau entière. Tu savais qu'Akator était Lieutenant ? Eh bien il l'était et White s'est dit que ce serait une bonne idée de me mettre sous son commandement. Je crois que quand je lui ai dit que je ferais mes preuves pour un jour postuler à mon ancienne place, il m'a prit au sérieux et a su trouver l'épreuve la plus difficile ! Celle de devoir garder mon plus grand sérieux sans baver ni sauter sur le Lieutenant ! Bougre de lui !
Finalement, nous avons quitter le Poitou pour rentrer. J'étais impatiente de te retrouver. Mais l'objet de notre mission s'était aussi déplacée et, alors que nous arrivions en Bourgogne, nous voilà de nouveau reparti en mission. C'était très plaisant. En bientôt 12 ans à vivre dans nos belles montagnes, je n'avais jamais vu la Bourgogne ! Eh bien là, ce fut chose faite, nous avons visiter presque toutes les villes avec une joyeuse escorte.
D'ailleurs, à la suite de cela, j'ai été fort surprise à l'armée. J'ai été convoqué pour un interogatoir digne du Général. T'imagines bien sans doute à quoi cela devait ressembler ! Je me demandais bien à quoi cela rimait. Figure toi qu'à mes oreilles abasourdie, il m'a finalement annoncé que ma promotion de Sergent était annulée et que ma promotion de Lieutenant était acceptée ! J'avais demandé ni l'un, ni l'autre ! 6 ans d'absence, tu pense bien que j'avais plutôt dans l'idée de refaire mes preuves avant d'envisager de postuler Lieutenant. Ne serait-ce que par respect pour les soldats qui y sont depuis tout ce temps. M'enfin, j'ai entendu ses arguments, mais je n'estime en rien l'avoir mérité alors tu me connais, j'ai juré que je ferais tout pour gagner le droit d'avoir le sentiment d'être légitime à nouveau.
D'ailleurs, j'y ai rencontré un messire qui était dans mes rangs à Chambéry. Qu'elle ne fut pas mon choc, ma peine et mon plaisir de le revoir. Le choc et la peine d'entendre scander un "Bonsoir Vicomtesse!" fort joyeux. Et le plaisir de découvrir son amitié et de rencontrer son épouse. De quoi me mettre du beaume au coeur.
J'ai également revu d'autres amis de longue date, sans compter quelques nouvelles rencontres fort plaisante. Et une fort surprenante! J'ai rencontré une gamine du nom d'Eloane. Elle a dit être la fille de Sianne ! Imagine ma surprise ! En tout cas, elle a son caractère, ça c'est sûr !
J'ai également croisé Elvyna. J'étais un peu surprise qu'elle dise être ravie de me revoir, je crois que ma surprise m'a rendue un peu froide sur l'instant. Peut-être aurais-je l'occasion de la recroiser et me montrer un peu moins sur la réserve. Puis j'ai revu Diane aussi. Elle n'était pas ravie d'être à Bourg, mais elle a au moins dit qu'avoir ma compagnie serait une consolation. C'est étrange, mais cela m'a aussi mis du beaume au coeur et c'était vraiment plaisir de la revoir. Je crois que l'on aura l'occasion de se recroiser les jours à venir. C'est un bout de ces retrouvailles que j'attendais.
Aujourd'hui, je me suis beaucoup reposée. Ce soir, je vais à Belley avec mien. A défaut de pouvoir gagner la capitale, au moins nous aurons notre maison belleysanne pour nous détendre un peu. J'en profiterai pour y mettre un peu d'ordre, depuis le temps que nous n'y vivons presque plus. Et partager avec un mien un peu de temps rien qu'à nous. Ensuite, je crois que l'on retournera à Bourg. Par le Trés Haut, faite que les genevois s'en aille vite ou que les septs aient une mission. Je ne me sens définitivement pas bien à Bourg.
Ah sinon, j'y pense que maintenant, mais je réponds au nom de mien maintenant. Bon, bien sûr, je signe encore de mon nom de jeune fille, mais seulement sur les documents officiels. De fait, ne t'étonne pas si je me présente sous le nom de Von Deus-Graaf désormais.
Bon, je crois qu'en fait, je t'ai écrit un roman. J'ai encore tant à te raconter. Mais je vais m'arrêter là, faudrait pas que tu sois morte avant d'avoir fini de lire ! Puis que je n'ai plus rien à te dire lorsqu'enfin, je pourrais fouler le sol de la capitale !
Mince! J'ai oublié de te demander !
Lorsque les temps seront un peu plus calme et si par chance, ma délivrance n'a point encore sonnée. Accepterais-tu de m'aider à organiser l'hotel pour son arrivée ? Nous avons tant à nous fournir. Je dois aussi trouver une nourrice. Il a dit qu'il préférait me savoir heureuse aux Septs et que nous prendrions donc une nourrice pour m'aider. Et puis, évidemment, accepterais-tu d'être celle qui m'aidera à mettre au monde notre bonheur?
Je t'embrasse fort mon amie,
Prend grand soin de toi, de ta famille, de nos amis,
Je prierais pour que Genève ait un peu de mansuétude pour vous et qu'ils se tournent vers les vrais responsables.
Amitié,
Sili Jolie.
PS : si Ewald est avec toi, peux tu lui dire que je vais lui répondre. J'ai gardé sa lettre précieusement, mais j'espérais pouvoir lui faire la surprise de lui répondre en propre.