Siegfried_fechter
Citation:
Tout les résultats des combats a été joué au dé !
- Le grain de la pierre à aiguiser qui glisse sur le fil dun fer de hache. Coup après coup, comme pour vaincre par des caresses rugueuses la marche inexorable du temps. Vaincre la rouille, repousser léchéance finale. Bon dieu, que cest reposant. Jai toujours aimé ces moments vous savez, ces moments où tout son être est concentré sur une même tâche. Ici, le simple fait daiguiser un fer de hache. Me découvrirais-je soudainement poète ? Probablement pas.
Des mois que je nétais plus revenu ici, voire des années. Le temps ma paru si long à Gênes. Si long lors de la traversée des alpes, si long, là-bas, dans le froid. Maintenant que jy réfléchis, heureusement que la Rouge a été là pour moi. Faute de quoi, je pense que je naurais été quun cadavre de plus enterré sous la neige, bon à nourrir les loups et les ours. Tout ça pour quoi ? Revenir au bercail plus pauvre quau départ. Plus musclé et moins gras. Tout ça pour ça. Tout ça pour recommencer mon véritable travail, ma véritable raison dêtre.
- - Putain Sieg.
Lâchais-je en me rendant compte du trou dans lequel je plongeais. Lhistoire nest pas écrite, après tout quoi que le très-haut te réserve, jusquà preuve du contraire tu reste propre maître de ta destinée non ? Et puis, ce nest pas comme si tu allais passer larme à gauche aujourdhui. Passe ta chemise et ton gambison, foutu lansquenet. Rentre dans la carapace dacier sous laquelle tu te protèges, ferme les lanières du plastron, glisse les lanières de tes épaulettes, enfile tes gantelets et visse ton lourd heaume sur ton crâne. Referme ta main autour de la hampe de ton arme.
Tant quil y aura des hommes, il y aura du travail pour toi. Tant que la guerre ne sera quun jeu pour des nobles décadents et que le paysan craindra de prendre les armes, il y aura de lor pour toi. Mais bon, inutile de rêver à prendre les rennes dune troupe de véritables mercenaires, ce nest pas comme si tallait former une grande compagnie a toi tout seul. Vise plus bas, tisse-toi une nouvelle réputation. Après tout, qui engagerais un inconnu pour autre chose que du sale boulot ? Marche dans la merde, lansquenet, à travers la boue et le sang. Qui sait, tarrivera peut-être à te hisser au-dessus du reste. Prends juste gare à ne pas prendre ceux qui étaient derrière toi pour de la merde.
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De grands coups du poing fermés sur la porte du bailli devraient le faire sortir. Une, deux et Jentends enfin une clef tourner dans la serrure pour quun homme de main mouvre la porte. Enfin, homme de main, je suppose que cen est un ? Le dernier bailli que javais rencontré par ici nétait quun gros porc libidineux, voilà qui déplaira à la Danoise.
- Quest-ce que vous voulez ? Me lance-il.
Je lève lindex, pour lui demander dattendre, ouvre ma besace dune main et en tire un simple papier.
- - Jai cru comprendre que vous aviez du mal à rattraper un homme. Je cherche du travail. Vous en avez, je peux lattraper.
Je suis invité à rentrer, je rencontre non pas le bailli de Limoges, après tout jignore qui porte ce titre, je nai même pas lhonneur de rencontrer le prévôt, non. Qui maccueille ? Un simple, vulgaire, gratte papier. Engoncé dans mon plastron, je lavise. Il minvite à masseoir et je refuse. Bien entendu.
- Cest vous qui voulez récupérer la prime du bon Jacquot ? Me demande-il en levant à peine ses petits yeux de son codex. Bien, la prime est de deux livres parisis.
Ou autrement dit, quarante écus sonnants et trébuchants. Pas cher payé pour une chasse à lhomme mais bon, je ne vais pas cracher là-dessus. Il faudra que je parle un peu de la prime partagée à la Danoise, je pourrais payer mes propres dettes avec une seule livre, mais bon. Faire des plans sur le passage dune comète namène jamais rien de bon.
- Il vous le faut vivant ou mort ?
- Peu mimporte. On sait quil sest réfugié avec les frères Tournaux dans le Boisseuil, a quelques lieues au sud de la ville. Si vous pouvez nous en débarrasser aussi ça rassurera le petit peuple. Vous toucherez une prime dune livre par tête des frères, en plus de tous les droits de pillage et tout ça, bref. Maintenant, vous pouvez retourner à vos occupations.
Et me voilà congédié dun simple mouvement de la main.
- Les vilains je vous jure.
Soufflais-je avant de mapprocher dun gamin, je griffonnais quelque chose sur un parchemin avec du fusain, le roulait et le tendait au gosse.
- Tu veux bien me servir de messager petit ? Jte donne deux deniers pour la peine. Apporte-moi ça à la Danoise, une femme grande, blonde, avec un accent aussi moche que le miens.
Sitôt dit, sitôt fait. Voilà deux deniers qui se barrent avec un mot, en espérant quil arrive au destinataire.
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