Leonorio
Château d'Arvillard - Demeure de la Compagnie Saint Maurice
Le Duc s'était, comme à son habitude, levé aux aurores. La rudesse de la vie de Chevalier l'avait depuis bien longtemps formaté, si bien que même si le zénith de sa vie était désormais passé depuis quelques années, il n'éprouvait nulle fatigue à répéter chaque jour le même rituel.
Alors que l'air frais du matin, vivifiant selon les dires des Savoyards, battait contre ses tempes, il arpentait le chemin de garde du château d'Arvillard, demeure de la Compagnie Saint Maurice. Une légère brise matinale faisait battre les oriflammes aux couleurs de la Compagnie, la croix tréflée d'argent sur gueules, faisant écho au tabard que le Chevalier arborait fièrement sur sa poitrine. Le soleil pointait déjà à l'Est depuis la Maurienne, mais c'est dans l'autre sens que Leonorio regardait, comme chaque matin. Là bas, plus à l'Ouest, se trouvait le tristement célèbre Mont Granier, qui marquait fièrement de sa falaise escarpée, le début de la Combe de Savoie. Plus en contrebas se trouvait le bourg de Pontcharra, où venait d'être construit le château de Bayard, qui marquait la frontière entre la Savoie et le Dauphiné. Tel était le rôle dévolu à la Compagnie Saint Maurice : être les gardiens des marches de la Savoie... "Semper Sabaudia Defensores", comme le rappelait si bien la devise des Compagnons. Mais aujourd'hui encore, rien à signaler : tout semblait calme, les deux provinces vivant dans une paix profitable depuis de nombreuses années maintenant.
C'est donc le coeur léger que le Maistre Compagnon descendit les marches de la courtine et atterrit dans la basse-cour où l'effervescence régnait déjà, divers paysans s'affairant aux corvées seigneuriales qui leur étaient dévolues, alors même que les derniers travaux de réfection de la forteresse touchaient à leur fin. Le Grand Maistre s'arrêta quelques instants pour admirer le spectacle, une main bienveillante sur le collier de Saint Maurice qui pendait autour de son cou.
Il remarqua alors son nouvel écuyer, occupée à donner quelques directives à divers artisans et autres tailleurs de pierre de renom, venus tout droit de la péninsule italienne. Elle avait fait selon ses directives et était présente dès les premières lueurs de l'aube, prête à servir son Chevalier.
Aujourd'hui commençait réellement le long chemin de son initiation à la voie de la Chevalerie, qui la verrait un jour revêtir les éperons symboliques et recevoir l'accolade, faisant d'elle un Chevalier à part entière, membre de cette fraternité universelle. Mais cette route, cette longue quête serait loin d'être aisée ! Maintes et maintes fois, ses qualités, son endurance, sa force, son honneur et son humilité serait mis à rude épreuve ! Et son Chevalier, qui n'était personne d'autre que le Grand Maistre de la Compagnie Saint Maurice, saurait être là pour s'en assurer, mais aussi pour la guider et lui transmettre son savoir et sa sagesse. Il en résulterait un lien fort, inaltérable, qui lierait à jamais ces deux serviteurs du Très Haut...
Ecuyer ! L'interpella le Chevalier... Celle-ci accourut précipitamment, laissant les artisans à leur tâche... Faites seller nos montures et préparer mes armes, nous partons pour le bourg ! Et hâtez vous, je veux que nous y soyons avant les Tierces !
Et ainsi commençait l'un des premiers enseignements : l'humilité. Peu importe l'ascendance de la dame, peu importe les charges qu'elle avait pu occuper par le passé, peu importe celles qu'elle occupait désormais... Elle devrait elle même s'occuper de la tâche que venait de lui confier son maître : les serviteurs et autres palefreniers avaient pour ordre de ne l'aider en aucune façon ! Par ailleurs, l'une des étapes les plus importantes de la formation d'un écuyer consistait également à devenir le plus familier possible avec tout ce qui a trait à l'équitation : Leonorio mettait donc un point d'honneur à tester son écuyer sur ce point !
Le Duc s'était, comme à son habitude, levé aux aurores. La rudesse de la vie de Chevalier l'avait depuis bien longtemps formaté, si bien que même si le zénith de sa vie était désormais passé depuis quelques années, il n'éprouvait nulle fatigue à répéter chaque jour le même rituel.
Alors que l'air frais du matin, vivifiant selon les dires des Savoyards, battait contre ses tempes, il arpentait le chemin de garde du château d'Arvillard, demeure de la Compagnie Saint Maurice. Une légère brise matinale faisait battre les oriflammes aux couleurs de la Compagnie, la croix tréflée d'argent sur gueules, faisant écho au tabard que le Chevalier arborait fièrement sur sa poitrine. Le soleil pointait déjà à l'Est depuis la Maurienne, mais c'est dans l'autre sens que Leonorio regardait, comme chaque matin. Là bas, plus à l'Ouest, se trouvait le tristement célèbre Mont Granier, qui marquait fièrement de sa falaise escarpée, le début de la Combe de Savoie. Plus en contrebas se trouvait le bourg de Pontcharra, où venait d'être construit le château de Bayard, qui marquait la frontière entre la Savoie et le Dauphiné. Tel était le rôle dévolu à la Compagnie Saint Maurice : être les gardiens des marches de la Savoie... "Semper Sabaudia Defensores", comme le rappelait si bien la devise des Compagnons. Mais aujourd'hui encore, rien à signaler : tout semblait calme, les deux provinces vivant dans une paix profitable depuis de nombreuses années maintenant.
C'est donc le coeur léger que le Maistre Compagnon descendit les marches de la courtine et atterrit dans la basse-cour où l'effervescence régnait déjà, divers paysans s'affairant aux corvées seigneuriales qui leur étaient dévolues, alors même que les derniers travaux de réfection de la forteresse touchaient à leur fin. Le Grand Maistre s'arrêta quelques instants pour admirer le spectacle, une main bienveillante sur le collier de Saint Maurice qui pendait autour de son cou.
Il remarqua alors son nouvel écuyer, occupée à donner quelques directives à divers artisans et autres tailleurs de pierre de renom, venus tout droit de la péninsule italienne. Elle avait fait selon ses directives et était présente dès les premières lueurs de l'aube, prête à servir son Chevalier.
Aujourd'hui commençait réellement le long chemin de son initiation à la voie de la Chevalerie, qui la verrait un jour revêtir les éperons symboliques et recevoir l'accolade, faisant d'elle un Chevalier à part entière, membre de cette fraternité universelle. Mais cette route, cette longue quête serait loin d'être aisée ! Maintes et maintes fois, ses qualités, son endurance, sa force, son honneur et son humilité serait mis à rude épreuve ! Et son Chevalier, qui n'était personne d'autre que le Grand Maistre de la Compagnie Saint Maurice, saurait être là pour s'en assurer, mais aussi pour la guider et lui transmettre son savoir et sa sagesse. Il en résulterait un lien fort, inaltérable, qui lierait à jamais ces deux serviteurs du Très Haut...
Ecuyer ! L'interpella le Chevalier... Celle-ci accourut précipitamment, laissant les artisans à leur tâche... Faites seller nos montures et préparer mes armes, nous partons pour le bourg ! Et hâtez vous, je veux que nous y soyons avant les Tierces !
Et ainsi commençait l'un des premiers enseignements : l'humilité. Peu importe l'ascendance de la dame, peu importe les charges qu'elle avait pu occuper par le passé, peu importe celles qu'elle occupait désormais... Elle devrait elle même s'occuper de la tâche que venait de lui confier son maître : les serviteurs et autres palefreniers avaient pour ordre de ne l'aider en aucune façon ! Par ailleurs, l'une des étapes les plus importantes de la formation d'un écuyer consistait également à devenir le plus familier possible avec tout ce qui a trait à l'équitation : Leonorio mettait donc un point d'honneur à tester son écuyer sur ce point !