Jhoannes
- « Papa, pourquoi tu repars déjà ? »
- « Parce que ta mère a fait appel à toutes les unités. »
Et moi, je suis une sorte d'unité. Enfin plutôt une cellule qui lui colle au derche. C'est compliqué.
- « Pour aller où ? »
- « Sur Ventadour. Et ouais. »
- « Et pour faire quoi ? »
Blondin prend le temps de chercher une réponse en cassant machinalement l'écaille d'un tronc de marronnier. Excuse-moi, beau feuillu, mais ma fille est un être curieux, qui a le don de poser des questions pleines de bon sens, du type qu'on est bien emmerdé d'y répondre parfois. Mentir, ou ne pas mentir ? Bidonner la vérité pour avorter tes angoisses ou te demander de te tenir bien droite face à la réalité du monde ? En voilà une énigme corsée. Tous les philosophes devraient être parent un jour, avant de songer à écrire des bouquins.
- « Parce que quand des méchants veulent entrer dans une maison, c'est mieux d'avoir un gros verrou. Et nous… eh bien on va aller faire le verrou. »
- « Oh, vous allez vous battre. »
- « Peut-être… j'espère pas. »
Hazel hausse légèrement les épaules, et cueille une fleur blanche, qu'elle jugeait belle de loin mais moche de près, et l'envoie balader dans le cimetière des végétaux décevants.
- « Maman sait se battre. »
- « Oui. »
L'enfant croise le regard de son vagabond de père sans rien dire, mais n'en pense pas moins. Elle renifle un peu, embêtée par une pensée, aussi sournoise et verte qu'un petit pois, et vient attacher ses bras autour de la jambe paternelle. Elle lève son menton, parce qu'elle connaît un peu le bonhomme et son horreur de tout ce qui se trimballe en plaques avec des épées longues, et qu'elle sent d'instinct qu'elle va devoir être très convaincante pour lui réussir son coup.
- « Papa... »
- « Hum ? »
- « Tu peux me faire une promesse ? »
- « Oui. »
- « Tu t'armes. »
Blondin fronce un peu les sourcils en observant sa fille qui lui tapote la main, au cas où il n'aurait aucune idée de ce que le mot « arme » peut bien signifier. Ta mère a vraiment fait un portrait flamboyant de moi pendant mes années d'absence. Et puis il fait encore un peu plus la tronche lorsque Hazel enfonce son index dans son bide, avant de lâcher :
- « Et tu te gardes. »
Oubliez ce que j'ai dit.
Faites pas d'gosses.
_________________
En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
- « Parce que ta mère a fait appel à toutes les unités. »
Et moi, je suis une sorte d'unité. Enfin plutôt une cellule qui lui colle au derche. C'est compliqué.
- « Pour aller où ? »
- « Sur Ventadour. Et ouais. »
- « Et pour faire quoi ? »
Blondin prend le temps de chercher une réponse en cassant machinalement l'écaille d'un tronc de marronnier. Excuse-moi, beau feuillu, mais ma fille est un être curieux, qui a le don de poser des questions pleines de bon sens, du type qu'on est bien emmerdé d'y répondre parfois. Mentir, ou ne pas mentir ? Bidonner la vérité pour avorter tes angoisses ou te demander de te tenir bien droite face à la réalité du monde ? En voilà une énigme corsée. Tous les philosophes devraient être parent un jour, avant de songer à écrire des bouquins.
- « Parce que quand des méchants veulent entrer dans une maison, c'est mieux d'avoir un gros verrou. Et nous… eh bien on va aller faire le verrou. »
- « Oh, vous allez vous battre. »
- « Peut-être… j'espère pas. »
Hazel hausse légèrement les épaules, et cueille une fleur blanche, qu'elle jugeait belle de loin mais moche de près, et l'envoie balader dans le cimetière des végétaux décevants.
- « Maman sait se battre. »
- « Oui. »
L'enfant croise le regard de son vagabond de père sans rien dire, mais n'en pense pas moins. Elle renifle un peu, embêtée par une pensée, aussi sournoise et verte qu'un petit pois, et vient attacher ses bras autour de la jambe paternelle. Elle lève son menton, parce qu'elle connaît un peu le bonhomme et son horreur de tout ce qui se trimballe en plaques avec des épées longues, et qu'elle sent d'instinct qu'elle va devoir être très convaincante pour lui réussir son coup.
- « Papa... »
- « Hum ? »
- « Tu peux me faire une promesse ? »
- « Oui. »
- « Tu t'armes. »
Blondin fronce un peu les sourcils en observant sa fille qui lui tapote la main, au cas où il n'aurait aucune idée de ce que le mot « arme » peut bien signifier. Ta mère a vraiment fait un portrait flamboyant de moi pendant mes années d'absence. Et puis il fait encore un peu plus la tronche lorsque Hazel enfonce son index dans son bide, avant de lâcher :
- « Et tu te gardes. »
Oubliez ce que j'ai dit.
Faites pas d'gosses.
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.