Alcimane_
Tes "aujourd'hui" seraient peut être plus beaux si arrivais à oublier tes "hier".
Quasiment deux ans.
Jean_jack n'était qu'un vague souvenir dans son esprit. Quelques frissons de temps en temps alors qu'elle a un geste plus saccadé d'une épaule voulant attraper un pot en hauteur. Deux marques sur ses avants bras qu'elle prenait le temps de camoufler la plupart du temps. Il l'avait drogué, violenté, vu quasiment nue, blessé, fragilisé, tué. JJ de son petit nom, avait disparus sans qu'on ne puisse lui mettre la main dessus malgré les recherches qu'elle avait entrepris. Comme un fantôme qui hantait la jeune femme, qui possédait bien plus de séquelles qu'elle ne laissait l'entendre. Au début, le traitement avait eu pour but de la soulager physiquement. Les drogues l'avaient sans doute sauvé et puis, jour après jour, elle avait été incapable de s'en défaire. Au contraire, elle y avait plongeait la tête la première dedans, se noyant doucement.
Le pire dans tout ça, c'est qu'elle était totalement inconsciente sur sa santé, et fermée sur le sujet. Tout allait bien.
Jean_jack n'avait plus jamais fait reparler de lui. Jusqu'à aujourd'hui où, glissant une plume un vélin, il venait de commanditer la suite de son cauchemar dans une lettre des plus directe, promettant une forte somme d'argent à qui pourrait lui mettre la main dessus et pourrait la marquer de nouveau. Comme en souvenir du bon vieux temps. Le contrat était simple : plus elle aurait mal plus le paiement serait important. La description de la jeune femme ne faisait pas de doute puisqu'elle était totalement conditionnée dans ses déplacements. Toujours les mêmes rues, les mêmes étales, les mêmes personnes aux mêmes heures. Conditionnée pour se rassurer.
Oc comme d'habitude.
Mêsme quantité. Pouvait on entendre à proximité.
Vos n'auriez plus de pomme ?
Non pas rouges. Les vertes oui.
Elle avait reprit sa vie et de l'eau avait coulait sous les ponts depuis sa séquestration et, elle n'en parlait jamais. Ce souvenir était refoulé au plus profond d'elle et si par malheur elle y repensait, un petit cachet en bouche et tout disparaissait. Facile.
La Malemort n'était plus cette jeune femme souriante mais bien un bloc brut de froideur qu'elle prenait comme bouclier, limitant l'approche des non-désirés. C'était une pâle protection pour les personnes la connaissant. Elle ne faisait pas partie des femmes aux belles formes pour attirer la gente masculine : pas de hanche pour enfanter, pas de poitrine pour allaiter, ni lèvres gourmandes. L'on pourrait la qualifier d'un gabarit proche du "sac d'os", à la poitrine discrète et plutôt élancée en taille. Ce qui n'arrangeait rien à cette impression de refuser de manger pour le plaisir. Lorsqu'elle sortait pour se rendre sur les étales des marchés, elle fuyait largement les bouchers et se rapprochait volontiers des maraichers ou mieux, les paysans locaux vendant des herbes et des graines. Pas radine pour un sous, elle reconnaissait le travail de forcené des paysans, qu'elle admirait presque autant qu'elle s'en méfiait. Elle n'exposait pas condition sociale mais il aurait fallu être aveugle pour ne pas se rendre compte qu'elle n'avait jamais retourné la terre pour se nourrir. Ses braies étaient de bonne facture, ainsi que sa chemise. Elle arborait d'horrible poulaines vertes gazon offertes par sa cousine. Le tout recouvert d'un solide manteau à fourrure. Deux bagues et un collier. Rien de plus. Déjà trop sans doute.
Le trajet était souvent le même. Elle terminait en achetant un sachet de lavande pour finir dans les ruelles plus sombres, en contrebas. Vicomtesse, il lui était impossible de se fournir seule et de se faire voir. Avec le temps, elle avait prit l'expérience de ne pas se mettre en première ligne. Un homme de main pour faire ses achats moins catholiques, ou, au besoin, un jeune sur place. Il ne lui restait plus qu'à réceptionner le petit paquet et de fournir quelques pièces d'or en guise de remerciement. Pas de parole et elle tournait déjà les talons.
La machine était bien rodée. Son esprit était presque en paix avec ce nouveau voyage en vu. Bousculée plusieurs fois dans les ruelles, elle ne relevait pas, marchant stoïquement pour ne pas perdre de temps.
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