Rouge_gorge
Dirigée par un incompétent.
Voilà ce qui ressort de la discussion en tête-à-tête avec le Jean Jack dans l'arrière-salle de l'auberge. Ils ont conversé un bon laps de temps où Rouge tenta désespéramment de lui faire entendre raison. Pas qu'elle prenne un grand plaisir à torturer la Malemort mais si le contrat est révisé, son prix aussi. Les prunelles sombres jaugent le départ du commanditaire, éternel sourire affable sur le minois. La porte de l'établissement se ferme et la Cendrée regagne rapidement sa chambre avec sa nouvelle taie d'oreiller. De nouveau, elle remplie la poche de tissu du maximum de sel qu'elle peut et la cache sous le lit cette fois-ci. Il y aura forcément de la perte dans le feu de l'action mais pas autant qu'espérait le bailleur.
La vérité est que lui et ses sbires n'ont pas réussis à calmer les alertes concernant la disparition d'Alcimane. Des gens, sûrement les siens, sont à sa recherche alors les jeux sont finis. L'Oiseau ne l'entends pas de cette oreille pour eux, peut-être que c'est fini, mais elle, n'a pas dit son dernier mot.
De l'échange, l'Oisal au Chapal ne pipe mot à ses comparses. Sous son air naturellement jovial, ils ne se doutent encore de rien bien que son flanc soit de nouveau ceint de son sabre.
J'l'ai remise à tremper, l'piaf.
Bien, a-t-elle réclamé quelque chose?
J'crois qu'elle avait soif alors j'lui fais boire la tasse!
Les quelques phrases se terminent sur le rire gras de l'un et le lourd silence de l'autre.
Cernée par les incapables.
Dextre gantée se passe sur le visage dans un mouvement las. C'est bientôt la fin, se rassure-t-elle intérieurement. Bien vite, la suite de son plan réquisitionne toute son ingéniosité. Assise à la table commune, elle rumine longuement, bec dans un godet. Pour camoufler ses pensées, Rouge bat un rythme de sa semelle et fredonne l'air de rien.
La garde est relevée et se profile l'heure du souper. Entre temps, aucune visite n'est rendue à l'invitée. Cette dernière doit encore se remettre d'un bain un peu violent. Les serres de cuir déchiquettent une tranche de pain dans un potage avant d'être englouti. Le repas se fait entre Joseph, Philippe et le Maitre-Chanteur, dans un silence peu habituel pour ce dernier. Repue, l'écuelle est repoussée et silhouette est courbée sur le bois en guise de confidence.
Mes amis, je préfère vous avertir...Votre Jean Jack, il n'est pas fiable.
En chiens bien dressés, les deux comparses lancent une oeillade torve que l'Oiseau accuse d'un sourire. Si prévisibles.
Allons...Je ne fais que vous libérer de vos illères et de votre joug...
Qu'est-ce qu'tu r'cntes, l'piaf?
Prenant un air embarrassé, Rouge mouline des poings pour faire monter le suspens.
Je dis juste que votre patron essaie de vous la faire à l'envers... Il est venu tantôt pour me dire qu'il comptait laisser les gardes entrer ici.
QUOI?!
Chhht...Baisse d'un ton, tu veux!
Le col incarnat est saisi avec violence et l'Oiseau appose ses phalanges cuirassées sur l'avant-bras.
Ecoute, l'ami, j'veux juste t'aider moi. Ton meneur en a rien à foutre de vous trois...Pas plus que de moi...
L'étau de chair se resserre dangereusement et ça, ce n'est pas dans le projet.
Lâche-moi putain, on est dans l'même camp, bordel!
Elle a raison, Philippe, elle veut juste nous...
Ta gueule, Jo'! Elle t'embrouille là! Cette garce veut juste nous faire peur...Pour garder son putain de sel!
Mais pas du t...
Une gifle fouette le minois de la Cendrée qui, en réaction à la soudaine agression, vient glisser ses pouces dans les yeux du malandrin. Il lutte et finit par lâcher prise.
J'vais t'bouffer connard!
Sabre est dégainé dans la seconde et les deux sortent leur surin en écho. Là-haut, Roger est alarmé par le bruit des lames sorties de leurs fourreaux. Philippe bondit droit sur la table qui sépare les deux antagonistes et l'Oiseau recule de quelques pas pour maintenir la distance. Joseph lui fait le tour du mobilier. D'instinct, l'arme est allongée et l'homme sur la table est embroché dans son élan. Avant que le Maitre-Chanteur puisse libérer son sabre du gabarit, le deuxième lui fond dessus. Il l'agrippe dans le dos, l'épais couteau pointant sa joue.
J'vais t'égorger, l'piaf!
L'Oisal au Chapal se débat et tandis qu'elle lance son coude dans les côtes du nouvel assaillant, le tranchant de la lame lui effleure la joue, entaillant la chair à son tour. Karma? Pour sortir des griffes de l'hostile, Rouge n'a d'autre choix que de s'enfoncer contre lui, elle plaque son dos contre son torse et pousse de toutes ses forces pour lui faire perdre l'équilibre. Il chancèle dans son ombre et une chausse de cuir rouge est glissé derrière l'un de ses talons. Dans la chute de l'adversaire, Maitre-Chanteur se dégage et retire sa lame de l'agonisant. Le fil du sabre souligne la gorge du deuxième homme à terre dans un geste sec. La danse avec le dernier n'est pas finie: Roger débarque, trapu avec bras aux allures de cuissots. Il hurle de rage mais la Cendrée tremble déjà. Elle, qui ne supporte pas la vue du sang, entend Joseph s'étrangler bruyamment dans son propre liquide, Philippe s'est recroquevillé en tenant sa plaie dans l'articulation de l'épaule et gronde.
Le dernier d'équerre balance tout ce qui lui passe sous les doigts, continuant son approche implacable. Les échasses de l'Oiseau tremble, lentement mais sûrement, la peur la paralyse. Ses fébriles enjambées la font battre en retraite et à chaque objet lancé dans sa direction, les épaules se referment sur le cou en réflexe. Un faux pas, elle vacille et lâche son arme pour se rééquilibrer. Le temps de récupérer le pommeau que Roger la plaque au sol de tout son poids. Chapal tombe et la poigne tire ses boucles cendrées. Une, deux, trois fois, le faciès de l'Oisal heurte le sol. Des points de lumière dansent devant ses yeux noirs. C'est pas prévu tout ça: Ils devaient juste mordre à l'hameçon et se barrer gentiment à la poursuite de leur patron. Les dents mordent l'intérieur de la joue dans les chocs, un goût ferreux habille son palais. Et tu fais quoi maintenant, Rouge?
Un genou l'immobilise à terre, sa senestre libre tâtonne l'amplitude de son plumage. Un cri masculin résonne dans la salle commune et Roger, ses gros doigts enserrés sur sa cuisse plantée de quelques coups de lame, se jette en arrière. Maitre-Chanteur se redresse comme il peut, la face bien rougie. Un crachat de sang vient tâcher le parquet. Allez, c'est le dernier, courage. Le sabre pointe mollement le blessé qui se traine maintenant pour lui échapper. Les rôles se sont inversés. La tête lui tourne sévèrement et là voilà qui titube, lame dressée. Un coup s'abat puis un deuxième et enfin un troisième, juste retour des choses. L'acier tranchant taille la graisse et le muscle. Il agonisera un temps comme Philippe. Rouge n'a pas la force de finir le travail. Elle n'a pas été payé pour ça.
La carcasse chapeautée et colorée rengaine son arme, le "coupe-bourse" toujours entre les doigts crispés. Elle monte les degrés. Un, deux, trois, quatre...Noir.
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Avatar par l'illustrateur Skälv. Oeuvre personnalisée et protégée. Merci de ne pas la réutiliser ou la copier.
Voilà ce qui ressort de la discussion en tête-à-tête avec le Jean Jack dans l'arrière-salle de l'auberge. Ils ont conversé un bon laps de temps où Rouge tenta désespéramment de lui faire entendre raison. Pas qu'elle prenne un grand plaisir à torturer la Malemort mais si le contrat est révisé, son prix aussi. Les prunelles sombres jaugent le départ du commanditaire, éternel sourire affable sur le minois. La porte de l'établissement se ferme et la Cendrée regagne rapidement sa chambre avec sa nouvelle taie d'oreiller. De nouveau, elle remplie la poche de tissu du maximum de sel qu'elle peut et la cache sous le lit cette fois-ci. Il y aura forcément de la perte dans le feu de l'action mais pas autant qu'espérait le bailleur.
La vérité est que lui et ses sbires n'ont pas réussis à calmer les alertes concernant la disparition d'Alcimane. Des gens, sûrement les siens, sont à sa recherche alors les jeux sont finis. L'Oiseau ne l'entends pas de cette oreille pour eux, peut-être que c'est fini, mais elle, n'a pas dit son dernier mot.
De l'échange, l'Oisal au Chapal ne pipe mot à ses comparses. Sous son air naturellement jovial, ils ne se doutent encore de rien bien que son flanc soit de nouveau ceint de son sabre.
J'l'ai remise à tremper, l'piaf.
Bien, a-t-elle réclamé quelque chose?
J'crois qu'elle avait soif alors j'lui fais boire la tasse!
Les quelques phrases se terminent sur le rire gras de l'un et le lourd silence de l'autre.
Cernée par les incapables.
Dextre gantée se passe sur le visage dans un mouvement las. C'est bientôt la fin, se rassure-t-elle intérieurement. Bien vite, la suite de son plan réquisitionne toute son ingéniosité. Assise à la table commune, elle rumine longuement, bec dans un godet. Pour camoufler ses pensées, Rouge bat un rythme de sa semelle et fredonne l'air de rien.
La garde est relevée et se profile l'heure du souper. Entre temps, aucune visite n'est rendue à l'invitée. Cette dernière doit encore se remettre d'un bain un peu violent. Les serres de cuir déchiquettent une tranche de pain dans un potage avant d'être englouti. Le repas se fait entre Joseph, Philippe et le Maitre-Chanteur, dans un silence peu habituel pour ce dernier. Repue, l'écuelle est repoussée et silhouette est courbée sur le bois en guise de confidence.
Mes amis, je préfère vous avertir...Votre Jean Jack, il n'est pas fiable.
En chiens bien dressés, les deux comparses lancent une oeillade torve que l'Oiseau accuse d'un sourire. Si prévisibles.
Allons...Je ne fais que vous libérer de vos illères et de votre joug...
Qu'est-ce qu'tu r'cntes, l'piaf?
Prenant un air embarrassé, Rouge mouline des poings pour faire monter le suspens.
Je dis juste que votre patron essaie de vous la faire à l'envers... Il est venu tantôt pour me dire qu'il comptait laisser les gardes entrer ici.
QUOI?!
Chhht...Baisse d'un ton, tu veux!
Le col incarnat est saisi avec violence et l'Oiseau appose ses phalanges cuirassées sur l'avant-bras.
Ecoute, l'ami, j'veux juste t'aider moi. Ton meneur en a rien à foutre de vous trois...Pas plus que de moi...
L'étau de chair se resserre dangereusement et ça, ce n'est pas dans le projet.
Lâche-moi putain, on est dans l'même camp, bordel!
Elle a raison, Philippe, elle veut juste nous...
Ta gueule, Jo'! Elle t'embrouille là! Cette garce veut juste nous faire peur...Pour garder son putain de sel!
Mais pas du t...
Une gifle fouette le minois de la Cendrée qui, en réaction à la soudaine agression, vient glisser ses pouces dans les yeux du malandrin. Il lutte et finit par lâcher prise.
J'vais t'bouffer connard!
Sabre est dégainé dans la seconde et les deux sortent leur surin en écho. Là-haut, Roger est alarmé par le bruit des lames sorties de leurs fourreaux. Philippe bondit droit sur la table qui sépare les deux antagonistes et l'Oiseau recule de quelques pas pour maintenir la distance. Joseph lui fait le tour du mobilier. D'instinct, l'arme est allongée et l'homme sur la table est embroché dans son élan. Avant que le Maitre-Chanteur puisse libérer son sabre du gabarit, le deuxième lui fond dessus. Il l'agrippe dans le dos, l'épais couteau pointant sa joue.
J'vais t'égorger, l'piaf!
L'Oisal au Chapal se débat et tandis qu'elle lance son coude dans les côtes du nouvel assaillant, le tranchant de la lame lui effleure la joue, entaillant la chair à son tour. Karma? Pour sortir des griffes de l'hostile, Rouge n'a d'autre choix que de s'enfoncer contre lui, elle plaque son dos contre son torse et pousse de toutes ses forces pour lui faire perdre l'équilibre. Il chancèle dans son ombre et une chausse de cuir rouge est glissé derrière l'un de ses talons. Dans la chute de l'adversaire, Maitre-Chanteur se dégage et retire sa lame de l'agonisant. Le fil du sabre souligne la gorge du deuxième homme à terre dans un geste sec. La danse avec le dernier n'est pas finie: Roger débarque, trapu avec bras aux allures de cuissots. Il hurle de rage mais la Cendrée tremble déjà. Elle, qui ne supporte pas la vue du sang, entend Joseph s'étrangler bruyamment dans son propre liquide, Philippe s'est recroquevillé en tenant sa plaie dans l'articulation de l'épaule et gronde.
Le dernier d'équerre balance tout ce qui lui passe sous les doigts, continuant son approche implacable. Les échasses de l'Oiseau tremble, lentement mais sûrement, la peur la paralyse. Ses fébriles enjambées la font battre en retraite et à chaque objet lancé dans sa direction, les épaules se referment sur le cou en réflexe. Un faux pas, elle vacille et lâche son arme pour se rééquilibrer. Le temps de récupérer le pommeau que Roger la plaque au sol de tout son poids. Chapal tombe et la poigne tire ses boucles cendrées. Une, deux, trois fois, le faciès de l'Oisal heurte le sol. Des points de lumière dansent devant ses yeux noirs. C'est pas prévu tout ça: Ils devaient juste mordre à l'hameçon et se barrer gentiment à la poursuite de leur patron. Les dents mordent l'intérieur de la joue dans les chocs, un goût ferreux habille son palais. Et tu fais quoi maintenant, Rouge?
Un genou l'immobilise à terre, sa senestre libre tâtonne l'amplitude de son plumage. Un cri masculin résonne dans la salle commune et Roger, ses gros doigts enserrés sur sa cuisse plantée de quelques coups de lame, se jette en arrière. Maitre-Chanteur se redresse comme il peut, la face bien rougie. Un crachat de sang vient tâcher le parquet. Allez, c'est le dernier, courage. Le sabre pointe mollement le blessé qui se traine maintenant pour lui échapper. Les rôles se sont inversés. La tête lui tourne sévèrement et là voilà qui titube, lame dressée. Un coup s'abat puis un deuxième et enfin un troisième, juste retour des choses. L'acier tranchant taille la graisse et le muscle. Il agonisera un temps comme Philippe. Rouge n'a pas la force de finir le travail. Elle n'a pas été payé pour ça.
La carcasse chapeautée et colorée rengaine son arme, le "coupe-bourse" toujours entre les doigts crispés. Elle monte les degrés. Un, deux, trois, quatre...Noir.
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