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[RP] Miettes froides

Jhoannes
Citation:
Bourganeuf, le 25 janvier 146neuf.

           Croûton de lune,
           Croûton de luxe,
           Piège à vieux,
           Mon amie,

Avez-vous senti, ce matin, au réveil, en vous ébrouant, que l'air était déjà plus tiède que la veille ? C'est bien naturel, je suis parti la nuit dernière. Je serai hors du paysage limousin pour une douzaine de jours, peut-être moins, certainement pas plus. La capitale s'en remettra. Profitez-en pour prévoir de jolies balades au soleil, sur les remparts, et traînez Astana avec vous. L'état de la danoise à plumes m'inquiète.

Vous aviez une sale tronche hier. J'espère que les choses s'arrangeront pour vous.

Bourganeuf, fête du rien.
Hazel vous salue par politesse, parce qu'elle ignore encore qui vous êtes.

           J

_________________
Andrea_
Citation:
Limoges, le 25 janvier 146noeuf.

    Quignon pressé,
    Quignon stressé,
    Quignon tressé,
    Ma vieille Loche,


La nuit a été compliquée Johannes, aussi ce matin, oui, l’air était plus frais. Froid. Glacial même. Il n’y avait plus de vent à mes côtés, sinon celui qui passait sous la porte et me rappelait qu’il fallait vraiment que je meuble cet appartement que j’ai acquis il y a si longtemps que je ne m’en souviens plus.
C’est étrange, comme toujours mes pas me ramènent ici quand je ne sais plus où aller. C’est un peu comme un ami bourré sauf qu’il ne me borde pas en partant.
Si j’avais su que c’était simplement dû à votre départ, peut être serais-je venu vous saluer. J’avais imaginé que vous partiriez dans quelques jours, et que nous aurions eu le loisir de partager vos « mh » et mes « ah. », mais vous avez déjà pris la poudre des gambettes.

Ici les choses s’arrangent, Vran a refusé de relever ma proposition pour aller en lice. J’avais espéré le renvoyer d’où il venait, en priant pour n’avoir pas besoin de payer une seconde fois ses funérailles. C’est uniquement pour cela que je lui avais envoyé mon gant à la figure, jusqu’à ce que je comprenne que le voir ne m’apportait rien. Rien Joh’, ni rage, ni colère ni haine. Pas d’amour, pas de tendresse pas de… Rien. Une indifférence parfaite. Je suis presque soulagée qu’il soit en vie, sa résurrection ou ce qui s’y rapproche me soulage l’esprit. Il m’a renvoyé mon gant, quand j’avais prévu de parader et d’esquiver ses coups. Parce que.. Parce qu’il faut savoir récolter ce qu’on a semé.

Et moi la seule chose que je veux semer, ce sont des brins d’amour dans les bras du Blond.
Je suis une idiote.

Parlez-moi d’Hazel et parlez-lui de moi. Racontez-lui combien je suis une femme formidable, et dites lui que sa mère m’a autorisé à lui offrir son premier lance pierres.

Cœur sur vous deux,
Vous me manquez déjà

D.

P.S. : Arrêtez la lavande, dès que vous ouvriez la bouche la dernière fois, j’avais l’impression d’avoir récupéré mon linge propre.

_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Bourgavieux, le 25 janvier 1469.

            Croûton hivernal,
            Croûton pas loyal,
            Croûton sentimental,
            Andréafaitdesbêtises,

Limoges est constamment traversée par des courants de rumeurs plus ou moins fumeuses, comme vous le savez. Un de ceux-ci m'a chuchoté que vous vous étiez emmêlé les pinceaux, entre un vieux et un autre. Un vent chaud et un autre vent — j'ignore comment le qualifier. J'accorde rarement du crédit aux ragots mais celui-ci ne me semble pas improbable, puisqu'on parle de vous — il y a de quoi étirer un semblant de sourire, vous êtes au centre de ce paragraphe. Un tortionnaire de mari ressuscité, donc (oui, vous m'aviez écrit que vous aviez tendu le doigt, mais enfin, c'est bien lui qui l'a tranché), et deux coqs blessés. J'imagine que votre nuit a été difficile.

Le pire, c'est que je n'ai aucun conseil à vous donner. Ni même une once de jugement à vous envoyer dans les dents. Par le passé j'ai toujours été nul pour résoudre le dilemme de la blonde ou la brune. Et ça s'est jamais bien terminé. Donc il fallait bien oublier tout ce foirage dans les bras de la rousse. Boucle infernale d'inaction ou de choix judicieux. Mais je peux me borner à vous livrer un éclairage : on ne sème pas des brins, on sème des graines. Pour les céréales comme pour l'amour. Vous pouvez essayer d'enterrer un brin de blé dans la terre et attendre huit mois en l'arrosant avec vos larmes tous les jours, il n'en sortira rien. Parole de trimardeur. Vous n'êtes pas une idiote, c'est juste que l'agriculture c'est pas votre truc.

Hazel est en train de jouer à l'autre bout de la table, en me lançant de petits regards impatients. C'est que je suis attendu pour l'aventure du loup et du pigeon — bien évidemment, j'interprète le pigeon, et il est quasiment certain que le loup gagnera à la fin. C'est sa mère, sauf qu'elle a mes yeux. Et mon caractère de merde, si j'en crois Astana. Je n'en pense rien, mais j'ai vécu ces dernières années loin d'elle. Savez-vous qu'elle n'a pas hésité une seconde lorsque je lui ai proposé de voyager à mes côtés ? L'amour qu'elle me porte m'enchante et me tord les tripes aussi. J'aurais préféré qu'elle m'en veuille, au moins un temps, de l'avoir lâchée. ç'aurait été moins injuste.

Prenez un bain chaud,

            J

Post-scriptum : Je sais que vous préférez l'odeur du linge sale. Mais non.

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Andrea_
Citation:
Je sais que c’est étonnant, mais Limoges, le 26 janvier 1469,

    Quignon jovial,
    Quignon royal,
    Quignon final,
    J comme Johannes c’est mon prénom –mais c’est surtout le votre-


Limoges et ses rumeurs, c’est en partie pour ça que j’ai toujours détesté y séjourner. Il semble cependant que si vous êtes un maître es chaise, vous êtes une brêle en ce qui concerne les rumeurs. Je vous apprendrais à démêler le vrai du faux, ça tient parfois à peu de choses : un sourire en coin, une fossette qui se radine, une babine qui tressaute, une paupière qui se ferme un peu trop longtemps sur un œil qui se voile –parfois même les deux yeux à la fois !-.
Je ne me suis pas emmêlée les pinceaux entre un vent et un vieux, pour la bonne et simple raison qu’il n’est pas vieux, le second. L’histoire ne date pas d’hier et j’ai toujours un mal fou à passer à autre chose. Ça fait ça, souvent, quand on n’en a pas envie. Chacun de nous à une faiblesse, il est la mienne, c’est ainsi.
Vous savez, ça m’arrange que nous n’ayez aucun conseil à me donner, parce que ça m’aurait obligé à faire totalement l’inverse dans le seul but de vous emmerder. Je fais souvent ça et ça donne rarement quelque chose de positif, de là à penser que les gens ont raison et que je ne fais que de la merde il n’y a qu’un pas. Cependant mon choix est fait, et je vais bien mieux de ce fait.

Et puisque vous n’êtes pas revenu, j’en déduis sans aucun mal que mon mal-être n’était pas dû à votre absence, nous voilà soulagé. Je dis « nous » parce que sinon j’aurais été obligé de vous courir après, déjà que je résiste pour deux raisons :
- J’ai vraiment hâte de connaître Hazel, j’ai bien compris pour « queue » et « moule », je pense qu’il est temps de passer au sujet suivant, j’aimerais quand même être présente pour Elle et ce n’est pas sur mon lit de mort que je pourrais le faire, de plus j’aimerais être encore physiquement acceptable –je vous emmerde Johannes, je vous emmerde-.
- Je me de demande bien ce que vous êtes allé foutre pendant une douzaine de jours à Bourganeuf. Je veux bien croire que vous avez du temps à rattraper avec votre fille, m’enfin de un, Bourganeuf, ça fait pas vraiment rêver, de deux, j’ai pas de point deux mais je ne pouvais pas me permettre de donner un seul exemple pour vous prouver que c’est de la merde. De plus, Bourganeuf, si on a un peu bu on dit « bourtameuf », et j’suis pas sûre que vous ayez envie qu’Hazel entende ça.

Nous ne sommes pas d’accord vous et moi – mais ça n’est ni la première ni la dernière fois- : je SUIS une idiote, mais je me soigne –sans pulmonaire, pour l’idiotie il suffit de rester sage-. En ce qui concerne l’agriculture, là, nous sommes d’accord ! C’est pas mon truc. Je suis du genre à semer du blé en espérant recueillir de l’orge. D’ailleurs je suis du genre à « penser que je sème du blé » et à vouloir l’instant d’après boire ma récolte de bière. –La bière, c’est bien fait avec l’orge non ?- -Oh c’est bon, j’ai dit que c’était pas mon truc le jardinage, quand j’creuse un trou c’pour y mettre un corps et j’suis sûre qu’il en sortira rien - -Sauf mon mari, mais j’ai du m’y prendre comme un manche, mais j’ai DIT que j’étais pas jardinière merd’-.

Hazel vous pardonnera toujours. Parce que vous êtes son père. Parce que sa mère vous a pardonné, aussi. J’ai vécu loin de Nicolas pendant des années. Il a grandi en entendant son père me dépeindre comme la pire des imbéciles, une tueuse de sang froid, une catin et pourtant Johannes, je vous jure qu’il n’a suffit que d’un regard pour que je tombe amoureuse de ce petit bonhomme, et qu’il n’a pas mis deux heures avant de m’aimer comme si j’avais toujours été là. Alors oui, vous ne savez peut être pas tout de la vie de votre fille, ni la friandise qu’elle préfère ni l’page à laquelle cette cicatrice s’est posée sur son genou, peut être même pas la couleur qu’elle préfère. Mais vous avez à cœur de passer du temps avec elle pour le découvrir, et elle ne demande que connaître l’histoire de son père. Profitez de ce voyage Johannes, s’il ne peut plus rien pour votre jeunesse il peut graver la sienne à tout jamais.

J’aimerai connaitre cette histoire de loup et de pigeon, ça me rappelle un peu le récit de vos épopées sur la route, oh c’est marrant, là aussi vous étiez le pigeon, quelle coïncidence, décidément, Hazel est aussi clairvoyante que sa mère !

Pensez à lui démêler les cheveux, Victoire avait toujours des nœuds impossible si je le faisais pas tous les jours.
    La Colombe.


P.S. : J’aime l’odeur immortelles, ces fleurs que l’on trouve en bord de mer au moins autant que l’air que l’on respire dans les forêts de pins.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Guéret, et ouais, le 26 janvier 1469.

            Croûton nuage
            Croûton volage,
            Croûton carnage,

            Fausse soyeuse,
            Ancienne branche,

Si vous êtes une lectrice attentive, vous venez de comprendre que nous ne passerons pas la douzaine à Bourganeuf. Sur ce point, miracle, je suis votre opinion : qu'est-ce qu'on pourrait bien foutre à Bourganeuf ? Rien, mais alors vraiment rien. Mais alors, qu'est-ce qu'on pourrait bien foutre à Guéret, me direz-vous ? Rien non plus. C'est bien simple, je n'ai pas croisé un péon depuis mon départ. C'est à croire que les gens n'ont plus le goût de l'alcool, et donc, même si le raccourci peut sembler brutal, de la vie. Je vous dévoilerais bien la prochaine étape de notre aventure mais vous aviez mentionné dans une de vos lettres que vous vous en souciez comme de Colin-Tampon — un vieil ami à moi.

J'avais commencé à ajouter des éléments à la liste, mais plus elle s'allonge, plus elle semble interminable — voyez, je devrais y mentionner : de pas faire de jeu de mots à la fin d'une telle phrase. Admettons donc qu'elle contient : toute allusion au sexe, l'organe, l'acte, les blagues foireuses, les références douteuses, les récits d'expériences personnelles. En sa présence, faites simplement comme s'il n'existait pas. Et si elle pose des questions : les gens font des enfants comme ils jardinent. Trouvez l'imagerie la plus niaise qui soit, je m'en cogne. Le temps des réponses viendra bien assez tôt, et j'espère bien que sa mère s'en chargera. Au reste, traitez-moi d'optimiste, mais j'aimerais préserver chez elle cette lueur d'esprit qu'on appelle l'innocence. Vous savez, celle qui une fois éteinte ne se rallume pas. Et vous n'ignorez pas non plus que chez celles et ceux chez qui elle est soufflée trop tôt, des tendances de merde se développent : causer en monosyllabes, ou en faire tout le temps des caisses — deux exemples parfaitement aléatoires.

Le pigeon possède un objet très précieux — un caillou qui pour l'occasion se transforme en énorme béryl. Il le garde toujours non loin de lui, souvent il le pose sur l'accoudoir du fauteuil, alors qu'il est en train de feuilleter les archives de la forêt dans son codex. Le loup doit, bien entendu, s'emparer du joyau sans se faire prendre par le pigeon. Il peut employer beaucoup de moyens pour orienter l'attention du pigeon ailleurs : des histoires à dormir debout, des invasions de pies spectracles, les branches du fauteuil qui cassent… Bien évidemment, il a droit à autant de tentatives qu'il le souhaite, jusqu'à ce que l'objet soit dérobé, ou jusqu'à ce que le pigeon en ait marre, ou décide que le loup doit aller dormir. Auquel cas il lui lance un sort pour le métamorphoser en sac à patates et aller le border, avant de reprendre la route.

Je crois qu'on peut faire de la bière avec du blé. De l'orge et de l'avoine, pour sûr. Double ou triple. Je devrais sans doute prévenir les gens du coin sur mon passage.

L'idiotie ne se guérit pas en restant sage, puisqu'en restant sage on ne se plante jamais, donc il n'y a rien à apprendre, puisqu'on ne fait pas d'erreurs. Franchement, à votre âge, et avec toutes vos erreurs, je pense que vous êtes loin d'être idiote.

Hazel est animée d'une passion pour le peigne. Elle peigne tout. Ses cheveux aussi. Elle m'a dit qu'elle aimait démêler les nœuds. J'ignore de qui elle tient ça.

Comment va la danoise ? Vous pouvez m'envoyer chier et me dire de prendre des nouvelles par moi-même. Mais elle risque de me mentir.

Restez fraîche,

            J

P.S. : L'immortelle, on peut en fumer les feuilles, dans mes souvenirs, mais je n'ai jamais essayé. J'avais pour habitude de me fournir en Helvétie, avant de piocher dans les végétaux locaux.

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Andrea_
Citation:
Alexandrie, le 26 janvier 1481,

    Quignon subtil,
    Quignon pas viril,
    Quignon puéril,

    Aussi septique qu’une fosse,
    Aussi sceptique qu’une faux,


Voilà douze ans que j’ai quitté les terres Limougeaudes pour prendre la mer. Je ne pensais pas qu’Alexandrie était aussi loin, mais j’aurais du m’en douter, la manche était peuplée de navires ennemis et.. Je suis toujours aussi fraiche que la rosée et… la terre semble fertile et ..
Ouai pardon, je me suis emballée j’voulais voir ce que ça faisait de quitter Limoges mais j’étais pas crédible.

Limoges donc, le 26 janvier 1469,

Je ne me souviens pas avoir dit que je me fichais de l’endroit où vous alliez, je ne me souviens pas non plus vous avoir dit que ce n’était pas prudent de partir seul, sur la route, avec une enfant. Alors voilà : Ce n’est vraiment pas prudent, Johannes, de prendre la route, seul, avec une enfant. Je ne sais pas ce qui vous a poussé, à prendre la route aussi rapidement, mais j’espère que vous savez que personne ne vous aurait laissé le faire sans escorte.
C’est imprudent, c’est bête, et j’ose espérer qu’il ne vous arrivera rien.
Concernant votre fille, je tiens à vous rappeler que même si j’ai été incapable de protéger ma fille de la vengeance d’anciens ennemis, je mets un point d’honneur à tenir Enolia loin de toutes mes histoires. Aussi elle se porte comme un charme, n’est point traumatisé, et n’a pas encore une fois entendu ou vu une queue. Autre que celle d’une cerise ou d’un animal. Je pense que c’est un gage de ma capacité de maternage. Je ne dis pas que vous pourriez me confier Hazel quelques jours, mais je pense pouvoir m’en sortir avec vos recommandations pour quelques heures. Qui plus est sous votre œil de chacal jugeant.

Quant à sa mère. Que vous dire, j’ai pris une pluie de pulmonaire hier soir, sous prétexte que c’était froid. Je vous jure que le poing qu’elle prendra dans la face une fois qu’elle ira mieux sera tout sauf froid. La prochaine fois que vous me demander de lui donner quelque chose, assurez-vous de me donner tous les tenants et les aboutissants : j’ai mis les herbes à infuser, j’ai même ajouté de la verveine, j’ai touillé, une fois refroidi j’ai tout tamisé et mis dans une gourde. UNE FOIS REFROIDI, dites moi que ça se sert chaud merde !
Heureusement elle avait déjà bu sa part le matin même avec un connard venu du bordel géant appelé Montpellier, un certain Vlad. Une tête de con, avec un sourire de con, et des intentions de con. Je l’aime beaucoup. M’enfin il n’avait pas l’air convaincu, aussi je pense que votre ex femme me prend pour une courge.
Ce n’est pas grave, je retenterais aujourd’hui, et s’il faut la gaver comme une oie, je le ferais, je n’ai pas peur de l’attacher.
Elle va bien donc, elle se sociabilise, je l’ai même entendu rire et envoyer chier un pecno de base. Elle s’est fait un ami, en la personne d’Aiden qui vouait un culte à sa robe de Paon, vraiment je ne comprends toujours pas ce qui lui a pris de mettre ça, peut être qu’elle tentait de vousf aire passer un message et qu’elle tentait la parade nuptiale.
C’était bon. Enfin jusqu’à ce qu’elle me balance sa pulmonaire alors que j’avais les mains pleines de chopes, j’allais pas sacrifier !
J’ai lu avec beaucoup d’attention votre histoire sur le jeu du pigeon et du loup, je me rends donc compte que le pigeon n’est pas celui qu’on croit. C’est un jeu très astucieux, ainsi donc vous pouvez lire en silence pendant que votre fille se pavane à côté, vous n’avez qu’à choper le caillou quand elle s’approche un peu trop et le jeu reprend. C’est ingénieux, j’espère qu’elle ne grandira pas trop vite, parce que vous allez en chier si vous n’avez pas d’autres subterfuges. M’enfin Enolia est déjà sortir de l’enfance et je serai là pour vous guider quand Hazel sera une enfulte –mi enfant, mi adulte-. Profitez Jo’, huit ans, c’est encore la panacée.
Elle est déjà très rusée, votre fille, elle aime démêler les nœuds quand ses parents continuent de s’emmêler les pinceaux devant Elle. Je pense qu’elle essaye de vous faire passer un message.


Fraîche à jamais,
Crouton flocon,
    D.


P.S. : si vos pas vous menait en bord de mer, merci de me ramener des feuilles d’immortelles que je tente de les fumer, je vous donnerais une pièce ça évitera de nous mettre mal à l’aise quant à un éventuel cadeau que vous me feriez.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Châteaublond, le 27 janvier 1469.

            Croûton verveine,
            Croûton marraine,
            Résidu de mie,

            Alexandrie,
            Alexandra,

Voilà quelques heures que nous avons quitté les terres lime-rougeaudes, pour entrer en celles du Berry. Ah, le Berry. L'air revigorant du Berry parfumé à la bouse. Le Berry et ses champs à perte de cul, et ses petits clochers qu'on voit poindre au loin, posés là comme des petites crottes tombées du ciel. Le Berry et ses berrichons, et ses berrichonnes. Et ses œufs au vin, ses œufs en couilles d'âne comme ils disent, les berrichons et les berrichonnes. Et ses confitures, fameuses, je n'en doute pas. Et l'odeur de bouse encore, et de la terre jusque dans les narines, la terre nourricière, la terre dont ils sont tous sortis à leur naissance, à la fois frères, cousines, tantes, époux… Quel duché passionnant.

J'ai avancé mon départ pour une histoire de pinceaux emmêlés, des pinceaux au poil rêche, pas de fin blaireau. Des nœuds qui demanderaient bien plus qu'un coup de peigne. Aussi j'ai préféré m'éloigner un temps. Merci, Andréa, pour le détail des nouvelles. Je suis soulagé de savoir qu'elle rit. Et ne dites rien si elle se pavane en tenues bigarrées, si elle se noie sous des rivières de plumes ou de froufrous ; enfin qu'elle rayonne. Qu'elle profite des regards des gars et des sourires des femmes, de l'ivresse et des minauderies, surtout qu'elle vive, qu'elle ne s'enterre pas, même si elle doit parfois agiter un éventail ridicule pour reprendre souffle.

Voici l'étape de la tisane, point par point :
Faites chauffer de l'eau claire.
Guettez l'apparition des petites bulles à sa surface.
Retirez l'eau claire du feu.
Plongez-y la pulmonaire. C'est amer, la pulmonaire, mais la danoise a une haute tolérance à l'amertume — le conseil pour la verveine vous était destiné.
Vous pouvez ajouter du miel, par contre, si elle est un peu brouillonne.
Mettez-lui sous le nez ensuite.
Chaud, oui. Évidemment.

Vous avez l'aval du père pour rencontrer Hazel. Il vous faudra surtout celui de la mère, si ce n'est déjà fait.

Comment vont vos cultures de blé ?

Regardez où vous marchez,

            J

Post-Scriptum : Je tâcherai de vous trouver des immortelles chez un apothicaire. Vous me donnerez un écu si cela vous cause un malaise, pour ma part, je peux très bien vivre le fait de vous ramener une poche avec des feuilles séchées dedans.

_________________
Andrea_
Citation:
Limoges, le 27 janvier 1469,

    Quignon lointain,
    Quignon mondain,
    Quignon radin,
    Quignon satin,
    Pine de pain,


Parc sur les filles,
Voiles sur le nil,

Et vous êtes en Berry. Ouvrez les mirettes Johannes, et prévenez Hazel. Tout ce que vous voyez, même en tournant la tête, a été sous mes ordres. J’ai été –tenez vous bien- Duchesse de tout ce merdier. Et c’était encore pire avant. Pire oui, parce qu’une fois que j’ai été élue –oui, j’vous jure, élue !-, mon conseil et moi avons pris les devants pour assainir la cité :
- contamination des points d’eau pour éviter toute reproduction intempestive des Berricons,
- pillage des marchés,
- prise de toutes les villes –pour éviter la résistance-.

Nous n’avions pas assez de fonds pour entretenir les mines puisque les cons d’avant avaient tout vidé, ce qui a causé la mort de dix Berrichons la première nuit. Commencer son mandat de Duchesse par une annonce aussi noire, j’le souhaite à personne, heureusement après ces quatorze minutes d’hommage, j’avais organisé une fête géante, c’est important de prendre soin des gens.
Et pour prouver ma magnanimité, j’ai même laissé les survivants monter une armée pour nous déloger. Force fût de constater qu’un mois et demi après ils étaient mort de faim, j’ai du quitter le comté à regrets après un dernier tour d’honneur.
M’enfin ne dites pas ça à Hazel, dites lui juste que tout ça a été à moi pendant un moment, parce que j’avais été élue. Légitimement. Légalement. Moi, Andréa.

Je n’ai pas trop compris pourquoi vous étiez parti avant la date prévue, faut dire que je n’avais jamais entendu la date prévue, d’ailleurs je ne savais même pas qu’elle était prévue, tout comme je ne sais toujours pas votre destination que vous vous efforcez de garder secrète. C’est très, très titillant de curiosité. Mais cette histoire de pinceaux m’a perdu, il faut dire que je n’ai jamais été très peinture, y a juste une fois qu’on m’a dit que j’étais très « nature peinture », j’en ai déduit que j’étais peinture-génique.

Astana a bu sa tisane. Ne me remerciez pas, on n’était pas trop de deux, avec Sieg’, elle a vraiment un caractère de merde, ce qui me confirme que vous allez en chier des ronds de chapeau avec la gosse.
Elle a remis sa tenue de paon, je n’ai rien pu faire. Le pire, c’est qu’elle a même réussi à convaincre d’autres personnes de se parer de plumes. Vous savez Johannes, parfois, elle me désespère. Il en faut de l’amour pour la supporter quand elle est comme ça, j’ai eu envie qu’elle se transforme en pruniers et de la secouer tellement fort que… Bref, elle a remis sa robe, et vous seul auriez compris mon désarroi. Elle n’a pas encore fait le coup de l’éventail, je veille, si on atteint ce point, je vous la ramène !

J’ai noté la recette de la tisane, tout se passera comme sur des charrettes, vous pouvez dormir sur votre oreiller.
Concernant Hazel encore, sachez que j’avais déjà l’aval de sa mère, plus rien désormais ne m’empêche de rencontrer ENFIN l’enfant. Le petit pois. Et je me réjouis. J’avais fini par penser qu’elle n’avait qu’un œil ou qu’elle était affublée d’une bosse sur le dos pour la cacher autant !

Mes cultures de blés vont parfaitement bien, j’ai semé des graines et je récolte déjà les premiers brins. Ils sont beaux, doux et prometteur. Je me prélasse dedans en faisant attention de ne pas les écraser avec mes gros sabots et ma petite vertu.

Attention à ceux que vous croisez,
Et encore plus à ceux qui marchent derrière,

    D.


P.S. : Les bons comptes font les bons amis. Offrez un caramel à Hazel de ma part. Et prenez en deux pour vous.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Châteauroux, le 27 janvier 1469.

            Croûton ducal,
            Croûton floral,
            Et je tais la rime la plus évidente,

            La lumière des tavernes du Berry,
            Fait naufrager les papillons de ma détresse,

J'ai informé Hazel que la dame qui voulait la rencontrer fut duchesse légitime du Berry. Elle m'a répondu, du Berry, vraiment, elle a été duchesse de ce trou-là ? J'ai répondu oui, la duchesse du Berry, du Berry-même. Elle a rétorqué que vous aviez pas super bien fait votre travail, parce que c'était pas la joie, comme duché. J'ai pourtant bien appuyé sur le fait que vous étiez lé-gi-ti-me, mais ça n'a pas eu l'air de bousculer son opinion. Je vous laisserai lui rendre des comptes en tête-à-tête.

Et je garde l'œil ouvert. Je sais que vous vous faites une piètre idée de mes capacités à me défendre, et je n'ai aucune envie d'entamer un débat vain sur le sujet. Veuillez entendre, sinon du batailleur bâtard, au moins du père inquiet, que je ne suis pas parti en slip, ni les mains vides, ni à pied. J'en serais malade, s'il lui arrivait quelque chose.

Nous nous rendons à Paris, si cela peut limer les dents de la curiosité qui vous ronge.
Rue Coquillière, après l'apothicaire.
Aux Œufs à la Coque, si je dois être exact.

J'ai quelques affaires à récupérer là-bas. Et j'en profiterai pour raconter à ma fille la joie d'une enfance passée dans les Halles, et de qui furent ses aïeux. C'est une blague, bien entendu. Elle n'a pas besoin de savoir ça.

Je suis désolé de lire que la danoise a remis le couvert sur la robe à plumes de paon. Cette nippe est infâme. Elle m'a dit qu'elle se sentait comme une dinde dedans, et que cela lui procurait une forme de joie. J'ai acquiescé sur la première partie et loué la seconde. Il y a au moins un intérêt à tout ce bordel de criard et de duvert — et moi, qui ne suis pas un parangon de la mode j'en ai bien conscience, c'est le tisserand que j'aimerais secouer comme un prunier : quel est le sens de cette traînée verte dégoulinante qui vient fendre l'habit en deux ? Pourquoi ? L'a-t-il ajoutée après une nuit de cauchemars ? Par ironie ? Par cruauté ? Pour envoyer un message fort ?

Tant que j'y songe, en présence d'Astana, faites référence à Hazel comme d'une petite Poite. Petit Pois pourrait réveiller de sales souvenirs d'une sale nuit, même si j'ai fait en sorte qu'elle et lui ne se croisent pas.

Ne vous perdez pas dans Limoges,

            J

Post-scriptum : Envoyez-moi votre liste de courses tant qu'à faire.

_________________
Andrea_
Citation:
Limoges, plus pour longtemps, le 27 janvier 1469,

    Quignon râleur,
    Quignon crâneur,
    Quignon brouteur,

    C’est le Berry où l’ivresse rime avec l’ennui,
    Ils ont moins d’appétit qu’le moine Takoda,



On se demandait dans un précédent courrier ce qu’Hazel avait bien pu prendre de vous, sinon vos yeux. Je sais maintenant : elle est rabat joie. C’est tout vous ça, de toujours voir le négatif dans le positif. De fermer les yeux sur la beauté de la chose. Si sa mère avait pris soin de lui faire traverser le Berry AVANT mon passage, elle aurait vu une nette différence, mais forcément, là, à son âge, c’est difficile de se rendre compte. Vous pourrez lui dire que ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. Enfin… Tournez ça dans un langage de père hein, faudrait pas que ça vous mette la chatte au court bouillon hein.
Je lui expliquerais moi, tous les gredins qui peuplaient le pays, tous les couillons qui allaient miner dans un truc prêt à s’effondrer, simplement parce que l’enfoiré qui portait une couronne leur avait demandé. Je lui dirais, moi, à Hazel, comment les lacs étaient dépourvus de poissons, les tavernes pleines de nigauds, que les enfants naissaient d’un frère et d’une sœur, qu’ils se reproduisaient entre eux et tout ça Johannes, je le ferais dans un langage de mère. Je lui dirais… Je me mettrais à sa hauteur et je lui dirais « Tu sais Hazel, c’était pire avant ». Et elle comprendra, parce qu’elle a la clairvoyance de sa mère. Et ouais.
Même si je suis sûre qu’elle adorerait l’histoire de l’empoisonnement des puits, du fait qu’ils ont tous choppé une chiasse monumentale, tant et tant que ça sentait la molle fesse jusqu’en Limousin. Ah ouais, je suis sûre qu’elle adorerait.

Je n’ai pas une piètre idée de vos capacités à vous défendre, je dis juste que c’est plus simple d’imaginer un mercenaire et son épée sur la route qu’un archiviste avec un bouquin. Vous avez beau avoir emmené le plus gros livre trouvé à la bibliothèque que ça ne changerait rien au problème : ce qu’il faut, c’est apprendre à vous servir de ce qu’il y a à votre ceinture. Et j’parle pas de votre bourse !

Je suis heureuse de savoir –ENFIN- où vous allez. Les œufs à la Coque, que de souvenirs pour vous ! Soyez prudents, je sais que je me répète mais je ne peux imaginer la douleur d’Astana s’il vous arrivait malheur.
En parlant de la Danoise, je la laisse ce soir aux bons soins de Siegfried, qui saura, je n’ai aucun doute là-dessus, la protéger, au péril de sa vie s’il fallait. Je lui ai laissé la pulmonaire pour qu’il s’occupe aussi de ce pan là. Je dois de mon côté aller régler quelques affaires, je serai de retour à Limoges dans une bonne semaine.
Je vous confirme que cette nippe est infâme, j’ai cependant poussé le vice à m’acheter la même, et je compte la revêtir dès que j’ai terminé cette lettre afin de lui montrer que c’est dégueulasse. C’est toujours plus facile de se rendre compte quand c’est porté par quelqu’un d’autre.
Ensuite, et seulement une fois qu’elle se sera rendu compte de la mocheté de la chose, nous brûlerons ensemble ces horreurs, ou erreurs, de la nature. Et la vie reprendra son cours. M’enfin avouons que le fait qu’elle se sente comme une dinde dedans est un gage prometteur, tout n’est pas mort Johannes, tout n’est pas mort.
Je ne parlerais pas de petits pois, j’ai moi aussi horreur de ces choses là, allez savoir pourquoi.

Je ne me perds pas dans Limoges, j’ai même trouvé la sortie, j’y ai d’ailleurs posé mon cheval,

    D.


P.S. : Beurre. Crème. Cerises, j’ai envie de cerise, en confiture, en gelée, en tarte, en flanc, à croquer et même en vent.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Châteauroux, le 28 janvier 1469.

            Croûton déviant,
            Croûton élégant,
            Croûton mordant,

            Teigne,
            Moucheron,
            Andréa s'en va,

Tout n'est pas mort pour Astana, en effet, mais avouez que si elle se sent comme une dinde, on a tous du souci à se faire. Du moins tous ceux qui se soucient d'elle. Merci — je suppose, d'avoir passé la main au poméranien. Elle n'aura pas à souffrir tant qu'Hazel demeure indemne. Et si on devait m'esquinter en chemin, croyez bien que je ne lui en toucherai pas un mot. Je serai prudent. Je ne vous cache pas que j'ai un mauvais pressentiment pour la route qui nous attend cette nuit. Et pour une fois, j'aimerais que la vie me donne tort. Voici, pour vous égayer, le récit d'une aventure berrichonne qui m'est arrivée pas plus tard que tout à l'heure — je n'invente rien, je le jure sur ma main gauche.

J'étais posé dans le coin d'une taverne qui portait l'enseigne prometteuse d'Entrave civilisée en terres barbares, j'étais posé donc, peinard. Hazel se reposait à l'étage après une partie du loup et du pigeon — je précise ici que je ne lis pas réellement pendant ces moments-ci, déjà parce que j'adore jouer avec ma fille, ensuite parce que ce serait impossible, elle est bien trop bruyante. J'étais en train de gratter des pensées sans envergure lorsqu'une jeune fille débarque, silencieuse, tenant un rat mort à la main. Je lui demande ce qu'elle fout avec un rat mort, et si elle compte le cuisiner (j'ai déjà eu des commandes de ce genre aux Œufs), elle me répond que c'est pour, je cite, infuser. Soit. Sur ces entrefaits, un jeune homme se pointe à son tour, l'air absolument lugubre et, lui aussi, pratiquement à poil. Je crois qu'ils étaient frère et sœur — on sait tous les deux ce que ça signifie à Châteauroux. Je ne juge pas, je suis enfant unique et déjà de trop.

Comme ils engagent une conversation étrange à laquelle j'encaisse pas une couille, je me repenche sur mon papelard. Et là, tenez-vous bien, parce que c'est du concentré de matière.

La fille m'a offert une chope d'eau froide avec le rat mort dedans — ce qui n'est pas anormal en soi, les gens aiment souvent me nourrir, mais je préfère les gâteaux, l'alcool, ou la viande. Le type a ouvert un carreau de fenêtre pour attirer un corbeau que la fille a tranché en deux d'un lancer de dague particulièrement admirable, je dois bien l'avouer. J'ai ensuite été menacé de mort, parce qu'ils avaient besoin d'un sacrifice (pour quelle sorte de divinité ? je l'ignore, peut-être la Suprême Daronne des Cons Sanguins).

À cet instant — et c'est le plus perturbant à mon sens — j'ai entendu votre voix dans ma tête qui posait une question que j'ai jugée ma foi pertinente, et je leur ai demandé s'ils répétaient une scène pour pièce de théâtre. Aucune réponse. C'est le mot « théâtre » qui a sans doute coincé. Par contre, ils voulaient toujours m'occire. J'avais envie de rire, mais comme j'ai de la patience à revendre avec les simples, je me suis contenté de leur rappeler que ça allait être coton de trouer une cotte de mailles avec les ongles. Ils n'étaient pas si glands parce qu'ils ont décidé de proposer leur projet sacrificiel à une vache du coin.

Je vous passe bien des détails pour en venir à cette simple question, qui s'impose à moi, là, après coup : bordel, Andréa, qu'est-ce que vous avez foutu dans l'eau des puits ?

Gardez-vous,

            J

Post-scriptum : Doux ou salé ? (Oh, Déos, Jhoannes, quelle question con, vous devriez connaître la réponse, ahin. Sauf que non, on a jamais bouffé ensemble.)

_________________
Andrea_
Citation:
Rochechouart, le 28 janvier 1469,

    Quignon aidant,
    Quignon pas fainéant,
    Quignon satisfaisant,

    Blaireau,
    Cendré,
    A Château Roux,


Cette lettre vous trouvera au petit matin aussi j’espère que vous avez fait bonne route et que votre mauvais pressentiment n’était que foutaise. Vous savez, si par bonheur c’était le cas, je ne vous en tiendrais même pas rigueur. Je n’oserais même pas une petite blague.
J’ai pris moi-même la route hier soir, sans avoir pu croiser Astana d’ailleurs. J’ai pourtant porté cette robe ridicule toute la soirée mais la Danoise jamais n’a osé s’approcher. Je voulais lui causer de mon départ, justement, et de cette histoire de robe. Dommage, elle ne verra pas à quel point c’est ridicule. Mais dans un sens j’en suis heureuse, imaginez qu’elle veuille créer un gang de paon ou un truc dans le genre hein ? On ne serait pas dans la merde. Pitié Johannes, si être une dinde la rend heureuse, fourrez là qu’on passe à autre chose.

J’ai lu avec attention votre soirée et je n’ai qu’une chose à dire : Fuyez.
Nan mais c’est vrai, y a des endroits qui vous donnent envie de rester un peu, de par ses tavernes accueillantes, ses habitants festifs, et puis… Et puis il y a des villes comme Châteauroux visiblement, qui vous font comprendre pourquoi les villes se meurent. Vous vous souvenez quand le puy a été englouti ? Il parait que les derniers temps, il s’y passait la même chose.
Mais vous en êtes sorti vivants, et je suis heureuse d’apprendre que votre fille dormait, la scène l’aurait probablement choquée, et vous auriez été bon pour dormir avec la chandelle allumée toute la nuit. C’est pile le genre de trucs à ne pas faire d’ailleurs, céder. Vous disiez de moi qu’en me tendant un bras j’arrachais la main, dites vous que les enfants sont encore pires : vous tendez un doigt, ils vous arrachent tout entier. Ils envoient un fluide à l’intérieur de vous, vous retournent le cœur, et vous chient. Une fois dehors vous êtes à leur service, c’t’un peu comme les chats d’ailleurs.

Parlez moi un peu de votre enfance tiens, que je puisse me rendre compte à quel point vous avez été bercé près de la bibliothèque.

Je repense aux deux couillons, frère et sœur, père et fille ou frère et sœur en étant oncle et grand-mère par alliance –oui à Châteauroux on sait ce que ça signifie-, ont-ils vraiment tué une vache ? Nan parce que ça serait peut être bien de retenir leurs noms et d’aller s’occuper de leurs cas plutôt rapidement, imaginez qu’ils se reproduisent et on n’aurait plus JAMAIS de rat dans le reste du royaume avec leurs conneries.
Nan, en vrai il faut les finir, la raclure comme ça ça ne sert pas à grand-chose.

Pour le beurre, prenez le doux pour aller avec la confiture de cerises. Et le salé pour aller avec les fruits de mer que je compte ramener de mon voyage. Je suis partie moi aussi avec un très mauvais pressentiment. Siegfried semblait dans une colère monstre hier soir et Jeni portait son chapeau. Pourquoi, comment, je crois devoir attendre pour démêler les choses, si seulement Hazel pouvait m’expliquer comment faire on gagnerait du temps.

Soyez prudents, encore,
    D.


P.S. : dans l’eau du Berry ? Ni plus ni moins que quelques animaux crevés depuis un moment, de l’eau croupie, et quelques incantations d’un sorcier noir et nain. J’peux vous dire que ça grouillait dans les ventres, mais aussi à tous les coins de rue. Il faut juste penser à prévenir tous les alliés sinon… Enfin bref, c’est une autre histoire.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Saint-Aignan, le 28 janvier 1469.

            Croûton unique,
            Croûton runique,
            Croûton pudique,

            Matrone des berricons,
            Bergère des berriconnes,
            Andréa tout court,

Enfin, enfin quelqu'un d'autre que moi qui se souvient du Puy englouti. Lorsque j'ai évoqué cet événement à la danoise et au vent chaud, il y a quelque temps déjà, ils m'ont tous les deux ri au nez comme si je venais de sortir un gros bobard. J'ignore ce qu'ils foutaient, alors que la terre avalait le Puy, catastrophe qui avait pourtant fait les choux gras de la presse — sans doute qu'ils étaient déjà occupés à se mater dans le reflet sanglant d'une hache. Si jamais le sujet revient sur le tapis un jour, je compte sur vous pour m'épauler. Si vous me faites défaut je me vengerai. Oui, cela me tient étonnamment à cœur. Trop sans doute.

Nous avons fui. Nous fuyons en avant, en avant vers le nord. Aujourd'hui j'ai rencontré des gens du coin, dont une berrichonne qui était trop aimable pour être réellement berrichonne. Elle dit être angevine. Je trouve cela encore plus suspect. Après avoir recueilli un témoignage, un autre éclairage, un autre son de cloche sur votre règne ducal, je me dois de vous prévenir que « légitime » n'est pas le premier mot qui vient en bouche quand on évoque votre prise de pouvoir. Ni le second. Je crois qu'il est rayé de la liste. Pillage est en tête par contre, et vous l'aviez noté quelque part.

Je n'aime pas parler de mon enfance. Elle est morne. Et je suis sobre. Vous pouvez me raconter la vôtre en attendant. Elle m'apporterait également certaines lumières bienvenues sur votre… enfin vous. Vos problèmes quoi.

Voici les conseils d'Hazel pour démêler les nœuds — je ne suis que le messager : bonsoir Andréa duchesse du Berry, pour démêler les nœuds c'est simple mais il faut être patient et papa dit que c'est pas dans vos qualités mais je vous explique quand même, d'abord il faut prendre un peigne parce qu'avec les ongles c'est plus compliqué et ça fait mal et puis il faut passer le peigne dans les cheveux mais sans tirer sinon ça fait mal aussi, et quand on trouve un gros nœud, il faut prendre le temps de s'attarder dessus et de regarder d'où ça part comme les racines d'un arbre mais en faisant attention parce que si on tire trop ça peut faire un plus gros nœud ou tout serré et là c'est la panade c'est comme quand papa et maman quand ils Je vous épargne les divagations, elle a mangé trop de sucre.

Donc : feuilles d'immortelles, trois caramels, du beurre doux, du beurre salé, de la crème (si la crème tournée c'est votre truc), des cerises (équeutées ?).

Que tout le monde soit prudent,

            J

Post-Scriptum : Vous voudriez pas recommencer l'expérience avec les puits de Limoges ? Pour rigoler un peu ?

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Andrea_
Citation:
Angoulême, le 29 janvier 1469,

    Quignon couillu,
    Quignon moulu,
    Quignon farfelu,

    Homme de mains moins trois doigts,
    Faiseur de courses sans risque de perdre,
    Père d’Hazel

    Et Hazel, petite poite,



Je suis soulagée que vous ayez quitté le Berry, visiblement vous n’avez croisé que des connards, c’est un peu le comble du Berri d’ailleurs, on sait qu’ils sont tous ici mais on s’étonne encore de voir à quel point c’est vrai ! Voyez, avec les habitants du Puy au moins –bien sûr que je me souviens, bien sûr que vous épaulerais !- on a pu noter une nette progression de leur niveau intellectuel après l’enfouissement de leur ville. Preuve en est, les habitants sont allés ailleurs et ne se sont pas suffisamment reproduits pour qu’on se rende compte que c’étaient eux, le problème. Avec le Berry, le problème sera tout autre, je pense que si un jour je me mets à croire en quelque chose, je prierais pour qu’ils soient engloutis AVEC la ville. Ou alors on continue ce qu’on fait jusqu’à maintenant, on les laisse entre eux et on va y passer quelques jours quand on n’a pas le choix ou quand on ne va pas bien. Ah j’peux vous dire qu’en cas de grosse dépression, vous y allez trois jours et c’est bien plus efficace que tous les remèdes connus à ce jour.
Cependant je vais apporter quelques éclaircissements sur mon règne, parce que je n’ai aucun intérêt à vous mentir, à vous, et que pour une fois que j’ai fait un truc légalement –oui j’ai bien usité ce mot-, je tiens à ce que ça soit reconnu à sa juste valeur.
En novembre 1467, je crois quelqu’un en taverne qui me dit : « Colombe, Colombe » , j’vous jure qu’il a dit ça, « Tu es si belle et magnifique » ça je suis un peu moins sûre mais il devait le penser, « j’ai très envie d’aller en Berry, il se raconte qu’il faut déposer une liste avant demain et ces cons ne l’ont toujours pas fait ». Moi, j’ai beau m’appeler Andréa, quand on me tend des perches pareilles, je suis Thomas, et Saint Thomas ne croit que ce qu’il voit, trois heures plus tard mes amis et moi prenions la route pour le Berry. En effet, aucune liste, pourtant la fin des élections approchait –en fait c’était le dernier jour hein-. Qu’est ce qu’on fait donc ? En deux deux on monte une liste, pim pam, c’était beau. Le lendemain au réveil, stupéfaction, on était élu. Le reste n’a été qu’une formalité, mes amis ont décidé de m’élire Duchesse. Il faut dire que le Berry à l’approche de certains les ont mis en prison alors que moi, Colombe, blanche comme neige, je n’avais jamais RIEN commis en Berry. –Enfin rien pour lequel quelqu’un s’est plaint-.
C’était pas légitime ça ?
C’était pas légal ça ?
C’était pas un coup de maître ?
La vérité état encore plus triste : y avait rien dans les caisses, rien. Et j’ai régné sur ce bordel pendant un mois et demi, tant et si bien que j’ai même fait des annonces ducales pour leur expliquer comment faire. Ils sont tellement niais qu’ils ont mis encore une semaine après mon départ pour trouver l’entrée du château alors que j’avais laissé la porte ouverte ! Nan vraiment, qu’on les enfouisse !

Vous pourrez dire à Hazel que j’ai bien compris comment démêler les nœuds, elle semble décidément experte, et patiente. Au moins, elle, elle ne finira pas par se couper la tignasse si ça tire un peu trop. Evitez de lui donner du sucre, j’ai cru en effet qu’elle allait partir dans un registre qui n’allait pas vous plaire mais qui aurait alimenté mon moulin à potins.
Lui avez-vous offert les deux caramels que je vous ai commandés ?
Avec le temps qu’il fait et si vous achetez de la crème pas trop loin de Limoges, elle ne devrait pas tourner. Les cerises je vous serai redevable de ce que vous voulez si vous arrivez à en trouver des fraîches en plein mois de janvier, aussi je les espère équeutée et en confiture ou en gelée, je ne me fais pas d’illusions sur le reste. Sinon oubliez la crème et trouvez moi des macarons, il se raconte que la maison Ladurée après son incendie aurait repris du service. Et soyez généreux, j’aurais aimé avoir le temps d’en rapporter au Lansquenet, malheureusement… Enfin ramenez lui en aussi.

Je devrais parler de mon enfance quand vous taisez la votre. Aussi je n’ai pas bu assez pour le faire. Je suis seule à Angoulême et le simple fait de savoir que le vent n’est plus mien me met le moral en berne, aussi, il faudra se contenter d’un raccourci rapide :
- Père mort, mère morte, frère mort. Dans cet ordre.
Il faudra donc chercher ailleurs pour mes problèmes, mais je vous pense assez tenace pour le découvrir un jour. J’accepte le paiement en liquide surtout s’il s’agit de rhum. Ou de Chouchen.

Je suis heureuse de savoir que votre pressentiment était merdique, j’aurais d’ailleurs du commencer par ce fait. J’avais promis de ne pas faire de blague, aussi je vais m’y tenir.
Continuez ainsi, Paris vous tend les bras,
    La Colombe.


P.S. : J’ai promis de ne pas toucher à Limoges, mais si un jour, vous aviez envie de m’accompagner hors Limousin pour réitérer tout cela, ça serait avec plaisir. Nous pourrions écouter des violons jouer un air gai et entrainant pour effacer les bruits foireux, ça irait parfaitement avec leur déhanché.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Blois, le 30 janvier 1469.

            Croûton paon,
            Croûton pas con,
            Croûton glouton,

            Biches, chevreuils et faisans,
            Dans la nuit gambadent et
            Se prélassent dans le bocage,
            Oh mais que vois-je ?
            Au détour d'une traînée de glands,
            Pardi, ce sont les portes d'Orléans !

            Andréalacampagne,
            À la chasse au vent,
            Contre toutes les marées,

            Bonsoir.

J'ai bu toute la journée. Tout à l'heure j'ai répondu à une lettre de dame danoise et je ne me souviens plus de ce que j'ai confié sur le papier, tout est brouillon dans ma tête. Je sens que j'ai lâché des mauvaises conneries. Vous noterez qu'ici j'écris à peu près droit, si vous penchez la tête sur un angle de trente degrés vers la gauche.

Voici mon historique familial, en miroir du vôtre, mais pas dans l'ordre :
Père mort. Tant pis.
Mère morte. Je suis parti.

Je mets à jour votre liste de courses, que je barrerai au fil des saisons :
- deux beurres
- de la crème ou pas de la crème, c'est selon
- des cerises : confiote, gelée ou en été, mais sans les queues
- trois caramels
- des châtaignes (ça c'était pour ma gueule)
- quatre macarons chez Ladurée s'ils me laissent le temps d'entrer
- feuilles d'immortelles
- du liquide

Je suis désolé d'apprendre que la brise souffle ailleurs, et que vous ayez la grise cette nuit à ce sujet. Je ne connais que deux termes de votre équation. Un, vous avez oscillé entre un vieux et l'autre — les deux le sont, au Puy la mauvaise foi. Deux, si c'est un vent chaud, par définition, il tentera de s'engouffrer dans toutes les fentes. Attendiez-vous que les brins d'amour prennent racine dans un terreau pareil ? — ici pas d'ironie, vous connaissez ma passion pour les relations sereines et plates comme un étang au printemps.

Bonne route si vous la prenez cette nuit,

            J

Post-Scriptum : C'est entendu, si la proie est un duché peuplé de gros nuls.

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