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[RP] Miettes froides

Andrea_
Citation:
Saintes, le 30 janvier 1469,

    Quignon en vadrouille,
    Quignon jolie bouille,
    Quignon sans …, mince, voilà que je manque de vocabulaire,

    Les thons et les morues côtoient les moules,
    Sur les étals des marchands,
    Et ce vent sur mon visage me file les boules,
    Il n’y a pas un gens.

    Quignon à Paris,
    Quignon qui en met trop,
    Attention à Montparnasse,



Bonjour,

J’espère que vous allez bien, et que ce matin vous n’avez pas trop les cheveux qui poussent à l’intérieur de la tête, c’est très désagréable, mais pas autant que de baisser la tête en ayant les dents du fond qui baignent. J’ai moi-même pris une caisse hier, après l’avoir payée hein, le Poméranien m’avait appris les bonnes manières. Je ne me souviens plus ce que c’était mais accompagné des chouquettes roses de la mairesse d’Angoulême, je peux vous dire que c’était fameux.
J’ai regretté de ne pas avoir de chanvre à piper, ça m’aurait évité de combler avec de l’herbe de Provence et de me réveiller avec un gout de barbecue dans le bec. Autant dire que le réveil a été compliqué.
J’ai noté votre écriture penchée, mais en inclinant légèrement la feuille, un peu plus que ma tête qui ne tient que par l’opération de ma main qui la tient, ça passait. Aucune tâche de vin, ni de dégueuli, vous maitrisez Johannes, vous maitrisez.

La brise ne souffle pas ailleurs Johannes, seulement parfois, souvent, il faut faire des choix. Se rendre malheureux n’était pas une éventualité, c’était même totalement inconcevable tant les racines ont pris, même dans un terreau pareil. Il va maintenant falloir vivre avec, en vivant sans. Put’ain, qui a inventé cette expression ? En tout cas j’espère que vous saurez me rappeler que plus jamais Colombe ne doit se brûler les ailes, les hommes, les armes, c’est terminé pour moi.

Sinon, puisque nous faisons depuis quelques jours –semaines ?- maintenant, le tour de France des bizarreries, il me faut évoquer Nikilt. J’en ai entendu parler et à l’heure actuelle je mets tout en œuvre pour la trouver. Nikilt. Nikilt ni braies ? Nikilt ni robe ? J’espère pouvoir vous en dire plus dans ma prochaine missive, je n’aimerais pas vous laisser dans l’ignorance, au milieu de cet insoutenable suspens.
Je réfléchis aussi à renommer la taverne dont je suis propriétaire à Limoges, que pensez-vous de « mi cuit mi molette » ? ou « mi dur mi molette » ? Je ne vais pas aller jusqu’à dire que votre avis m’importe, mais je n’ai personne à qui parler de sujet aussi grave.

Sinon, je suis arrivée à Saintes, mais je suppose que vous le saviez déjà, petit malin –parce que je l’ai écrit en haut, faut suivre-. La mer n’est pas loin, mais pas encore là, le prix des fruits de mer sont agréables, vous aimez les bulots ? Et les bigorneaux ? Et les Thierry Lhermitte ? J’attends désormais que l’orchestre de tambours qui est dans ma tête s’épuise pour aller rejoindre les dunes de sable et peut-être, si le soleil pointait son nez, profiter un peu des bienfaits de l’eau salée.

Je vais ramener quelques coquillages pour Hazel et Charles. J’ai très hâte de voir votre fille offrir un collier à sa mère, avec l’obligation de le porter. Nous rirons ensemble, ça sera toujours moins ridicule que sa robe en poils de paon. Ou pas, il faut vraiment que je trouve de beaux coquillages.

Paris vous ouvrira bientôt ses portes,
Soyez prudent, toujours,
    D.


P.S. : Si la proie est un duché peuplé de gros nuls ? M’enfin je l’ai déjà fait en Berry ! Bon, il reste le Maine.

_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Orléans, le 30 janvier 1469.

            Croûton de vin,
            Croûton taquin,
            Croûton chagrin,

            Ah, Paris, Paris,
            Dans quelques heures,
            Vivement les odeurs,
            Les rues jonchées de saloperies,
            Paris mon amour de jour,
            Paris mon caprice de nuit.

            Andréa fait son marché,
                        Au milieu des fantômes,
                                    Et des coquillages vides,

            Salut.

La cuite de la veille fut une franche réussite : j'étais frais à l'aube et le retour danois m'a fait entendre que je n'avais dérapé sur aucune ligne. Ma chemise pue encore un peu la bière, mais mis à part cet inconvénient mineur, je m'en sors pas trop mal. Ou plutôt bien. J'ai l'avantage d'avoir des réserves à fumer encore conséquentes, aussi, pas besoin de m'allumer un bouquet garni au coin du bec.

Je peux vous proposer des expressions bien plus utiles en cas de deuil amoureux :
Quand son chant s'éteint, la roue coule.
Misère sans lui, joie avec moi-même.
Salez votre assiette, tapez-vous des jeunes.

Et vous n'aurez aucun rappel à l'ordre de ma part, puisque vous avez tendance à faire l'inverse de ce qu'on vous dit. À moins que ce soit dans vos plans. Ou bien que vous ayez envie que je fasse office de père de substitution — auquel cas, très mauvais choix. Très mauvais choix Andréa.

Mais qui est Nikilt ? Vous n'épargnez pas mes nerfs.

Le sujet de l'enseigne de votre taverne est important, puisque vous marchez sur les platebandes des œufs. Les miennes, donc. Et je gobais des jaunes crus avant que vous n'appreniez votre premier mot — lequel était-ce d'ailleurs ? Berdol ? Ahin ? Chiasse ? Je peux songer à vous concéder une part du territoire, mais il faudra qu'on en cause en face-à-face. L'affaire est grave, ne vous méprenez pas.

Allons, je dois partir.
Aux Œufs, justement.
Profitez des embruns,

            J

Post-Scriptum : j'aime tout ce qui se mange. Pique-nique sur une butte, en face d'un hameau de consanguins empoisonnés, qu'en dites-vous ? Je suis sûr que les autres seraient partants.

_________________
Andrea_
Citation:
Bord de mer, Deux heures de cheval de Saintes, le 30 janvier 1469,

    Quignon fouineur,
    Quignon farceur,
    Quignon joueur,

      La mère qu’on voit danser,
      Le long des golfs clairs
      La mère qu’on voit danser,
      A des reflets changeants sous la pluie.


    Johannes fait le marché d’Andréa,
      Au milieu de Paris
        Il lui ramènera aussi du chanvre


Avé,

Je n’ose imaginer le nombre de bières que vous avez bu pour vous mettre dans un état pareil, vraiment Johannes, je ne comprends pas qu’à votre âge il faille encore vous donner des conseils de beuverie, mais comme je suis une franche amie, je me dois de vous le conseiller vivement : la bière, c’est bien pour accompagner une soirée joyeuse, pour se mettre vraiment minable, optez pour un truc plus fort. Il y en a pas mal et leurs vertus sont nombreuses. Le Rhum vous donne un petit air de pirates, avec un peu de fruits pressés et ça passe presque l’air de rien, vous êtes pompette en moins de deux –ou en trois, pas plus sinon c’est que c’est mal dosé-. Le chouchen est pas mal MAIS il fait grossir. L’eau de vie sinon, si en plus vous avez quelques plaies dans la bouche ça cicatrise le tout. C’est ce qu’on m’a conseillé à Montpellier, pauvre catin qui n’avait pas compris que je lui avais conseillé pour tuer les champignons, un autre conseil gratos : quand vous parlez de lèvres à une prostipute, expliquez bien lesquelles.

Puisque vous vous vantez de réserves de chanvre, vous m’en ramènerez un bouquet, c’est là votre peine. J’espère vraiment que vous serez prudent sur le retour, ça m’ennuierait tellement de perdre toutes ces choses que vous me ramenez gracieusement !
Merci pour vos expressions sur les chagrins d’amour, je les relierais quand je serai seule, mon mari officiel ne devrait plus tarder maintenant. De Siegfried et moi je ne retiendrais qu’une chose : Le cœur a dit oui, la raison a dit non, et nous, on s’est perdu entre les deux. Je sais que j’irais mieux, bientôt, pour l’heure je m’autorise à chouinasser, d’autant qu’il n’y a personne pour le voir.
Et ça ira déjà mieux quand je reverrais Gilly, je le sais. Je vais piquer dans son assiette et il râlera, comme à son habitude. Je continuerais et il me laissera son assiette, il me dira que j’abuse, que c’est quand même lui qui a payé pour cette assiette de moules marinières et je lui rappellerais que c’est son devoir d’époux. Ensuite, on se regardera en chien de faïence. Sauf que moi j’aurais le ventre plein. Et je crois que c’est bien d’avoir le ventre plein quand on a le cœur vide. Déos merci il me reste ma fierté bien ancré sur la face.
Je n’ai demandé aucun rappel à l’ordre, j’ai déjà eu un père –lâche-, puis un père adoptif –con-, j’ai déjà eu ma dose. Contentez-vous de répondre à mes courriers et de penser à faire les courses.


Pour les œufs. Je vous arrête tout de suite, parce que je trouve que vous prenez un peu trop la confiance. Nous avons quasiment le même âge, même si le temps a fait beaucoup plus de traces sur votre visage et vos cheveux, il n’en reste pas moins que nous sommes de la même génération. Aussi, et puisque vous semblez l’avoir oublié, j’ai TOUJOURS été une admiratrice des œufs. Depuis ma naissance : je m’appelle de la Colombière, ma mère m’a toujours dit que j’étais née d’un œuf et j’ai toujours pris un soin particulier à les protéger quand j’en trouvais. Je me suis même lancée dans un commerce particulier –c’est une autre histoire-. Alors c’pas parce que vous avez appelé un jour votre taverne « les œufs à la coquille » que vous avez la primeur sur tous les œufs. Votre truc à vous, c’sont les chaises, je veux bien le concéder, mais pour les œufs va falloir partager, et pas qu’un peu mon mign mon quignon.

Qu’allez vous donc chercher à Paris, aux œufs, qui vaillent la peine de vous offrir douze jours de route –et une traversée du Berry- ? Vous êtes en manque de frisson Johannes ? Non parce que si c’est ça, je peux m’arranger pour en mettre dans votre vie des frissons hein, en laissant une chaise près du feu, un remplaçant les vôtres par des tabourets. Ah ça Jojo, si vous voulez du frisson, je vais vous en offrir sur un dossier !

Saluez Paris pour moi,
Les embruns vous embrassent,
Et les coquillages attendent Mam’Hazel,

    D.


P.S. : Je vote pour le pique nique. Pourrais-je apporter des œufs durs ou est ce que là aussi je dois vous laisser la primeur ? On dit que vous apporterez les carottes, vous connaissez les carottes ? Ça rend aimable.

_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Limoges, le 6 février 1469.

            Croûton sablé,
            Croûton beurré,
            Croûton marbré,

            Limoges. Li-moges.
                        Lis Moges ?
                                    Avez-vous lu Moges ?

Un poète très en vogue dans la capitale limousine, dans laquelle j'ai finalement refoutu les pieds, voilà deux jours de ça. J'ai cru comprendre que vous, étiez encore en compagnie de votre toujours-époux — oui, les rumeurs filent toujours, bon train, mal gré.

Me voilà donc de retour au nid, Hazel est revenue saine et sauve, moi un peu moins mais : ça va. J'ai ramené dans mes bagages un adolescent du nom de Faust. Nous l'escorterons en Bourgogne bientôt, mais si d'aventure vous le croisez à votre retour, de grâce, épargnez-le. Il est facilement impressionnable, vous êtes aisément imposante pour les esprits non-avertis.

À Paris j'allai chercher, pour dame danoise, un éclat de passé, à porter autour du cou. Quelque chose que j'avais enterré au fin fond des Œufs. Comme ma visite a remué d'autres souvenirs, moins glorieux, et que les Œufs — à la coque, vous aviez fait une coquille, ne sont plus qu'une pièce de souvenir sans réalité, je vous cède la moitié de la licence pour votre enseigne. C'est un gage de confiance, notez-le bien. Honorez-le.

Pardon, pour mon silence.
À vous lire,


            J

Post-Scriptum : Je suis aimable, et vous le savez.

Liste jointe :

- deux beurres
- de la crème ou pas de la crème, c'est selon
- des cerises : confiote, gelée ou en été, mais sans les queues
- trois caramels
- des châtaignes (ça c'était pour ma gueule)
- quatre macarons chez Ladurée s'ils me laissent le temps d'entrer (occasion manquée)
- feuilles d'immortelles, chanvre
- du liquide (pas réussi à ramener une bouteille intacte)

_________________
Andrea_
Citation:
Pau, le 9 février 1469,
Dans la taverne « Pau, Paul et Moi », dont la propriétaire est une personne admirable, admirée et ô combien inspirée,

    Quignon doré,
    Quignon beurré,
    Quignon beugné,
    Johannes,


Pardonnez mon retard, il se trouve que vous avez pu le remarquer, j’ai continué un peu mon périple. Après avoir longé l’océan j’ai finalement accompagné mon époux à Pau, afin de changer les termes de notre contrat de mariage. Il refuse de le dissoudre, mais accepte tous les changements que je souhaite y apporter, tant et tant que c’est louche.
Enfin louche sans trop l’être, il est mourant. Je serais une bien piètre épouse de le laisser dans les moments difficiles qui l’attendent. Nous prendrons la route demain soir pour Limoges, aussi nous y serons sous huitaine, j’espère que vous y serez encore, vous, et Astana qui n’a pas répondu à ma dernière missive. J’espère d’ailleurs que vous allez mieux, j’ai cru comprendre que vous aviez pris cher à Paris, c’est ça, Johannes, de faire des bons dans le passé, c’est souvent douloureux. Qu’avez-vous fait, vous, innocent petit archiviste ?
Et ainsi donc vous avez ramené un présent à Astana, que de souvenirs que cette bonne vieille taverne que vous aviez, je ne doute point qu’elle en sera touchée, peut-être devriez vous lui offrir en échange de sa robe paon ? Je ne peux oublier le souvenir de cette satanée robe, parfois je rêve, et Tana la porte, elle se met soudain à me vouvoyer et à parler plus haut qu’elle n’a le cul, c’est vraiment désagréable !

Ici les jours passent lentement, et je me languis de vous retrouver à Limoges.
J’espère que le Vent se porte bien, donnez moi de ses nouvelles s’il vous plait, et préparez le à mon arrivée, huit jours ne seront pas de trop. J’aimerais pouvoir l’oublier en un claquement de doigts, malheureusement j’essaye sans y parvenir, peut être que c’était un claquement des doigts qu’il me manque ?
Nous baptiserons ensemble, Vous et moi, cette nouvelle taverne à Limoges, peut être faudrait-il penser à monter une franchise, ça ferait fructifier nos affaires, vous m’en avez cédé la moitié, certes, mais les bons comptes font les bons amis.
D’ailleurs il manque quelques trucs à votre liste… Vous avez donc huit jours pour vous rattraper.
Voulez-vous que je trouve certaines choses sur la route qui me ramène ?

Embrassez Hazel pour moi, j’ai ses coquillages.
Soyez prudents,
    Déa.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Angoulême, le 13 février 1469.
Calé sur une chaise à l'Ourouette, en compagnie d'une brune mousseuse.
L'Ourouette. J'adore.


            Croûton craquant,
            Croûton fumant,
            Croûton blanc,

Il est midi et j'avais oublié de vous annoncer une grande nouvelle. La monstruosité à plume a trépassé. Je n'ai pas été le témoin de sa mise à mort, et j'ignore le nom de l'heureuse ou de l'heureux coupable, mais j'ai vu son cadavre, saccagé, de mes yeux vu, extirpé d'un sac par une main danoise à la mine désolée. Voilà bien une des rares fois où je cache ma joie quand Sørensen fait la tronche. Elle s'est entichée depuis, d'une petite cape en fourrure de loup, pour notre soulagement à tous : c'est gris et ça tient chaud.

Nous avons atteint le Périgord pour aider des gens, que je ne connais pas encore, à déménager. Vent chaud semble faire continuellement la tronche, mais je commence à me faire à son caractère. N'en demeure pas moins quelques tensions entre certaines têtes de notre joyeuse petite troupe, la sienne comprise, aussi j'ai cru comprendre qu'il rebrousse chemin dès ce soir vers Limoges. Par ordre du cortège royal. Ne m'en demandez pas plus, je n'ai fait qu'attraper au vol quelques bribes de conversation.

Quant à Paris, j'y ai fait des bêtises, dans ma prime jeunesse, avec une dame, par ivresse et par fierté, et le monsieur a recroisé ma route pendant mon dernier séjour, car il avait encore des comptes à régler. Je m'en sors bien, mais vu ma tronche au lendemain de notre explication, ils ne m'auraient jamais laissé entrer chez Ladurée. Vous pouvez bien entendu compléter la liste — les items les plus importants sont soigneusement conservés dans un pochon, dans mon appartement, à Limoges.

Nous baptiserons ensemble votre taverne. Je sourirai pour l'occasion, c'est promis.

J'espère que les négoces avec votre époux, en ces circonstances lugubres, ne vous affectent pas trop.

Vous nous manquez, à tous, même si certains l'ignorent encore.

            J

_________________
Andrea_
Citation:
Sur les routes de Guyenne, le 14 Février 1469,
Perdue à bien des niveaux dans une forêt silencieuse,
Sans Ourouette, je le regrette,

    Quignon rassis,
    Quignon debout,
    Quignon couché


Quel bonheur de lire de vos nouvelles, même si je l’avoue, elles ne sont pas réjouissantes concernant votre groupe. S’est-il agrandit ? J’ai bien du mal à imaginer Siegfried s’esquinter le moral avec l’un de vous trois.
Du coup j’ai décidé de ne garder en tête que la bonne nouvelle : le trépas de la robe à plumes, et Dieu sait qu’elle est réjouissante, cette nouvelle ! Je prendrais un soin tout particulier à critiquer sa cape, la Blondeur a toujours aimé me contredire, ainsi donc elle ne l’aimera que plus. J’espère à ce propos qu’elle prend toujours sa pulmonaire, dans sa dernière missive elle m’expliquait que le Poméranien avait failli à la mission que je lui avais laissée. Ne peut-on donc jamais compter sur les hommes ?
Regardez, même vous, vous êtes allé à Paris habité d’un bon sentiment et vous avez quand même trouvé le moyen de vous faire refaire la gueule par un mari jaloux. Pire, je suis certaine que vous n’aviez aucun souvenir de sa femme ! Et dire qu’une de vos parties de jambes en l’air me prive de macarons… C’est tellement dégueulasse, autant de vous imaginer coucher que de me priver de macarons !). Et puis vous devriez savoir, vous, qu’en payant un peu plus on rentre toujours partout. Ça marche vraiment pour TOUT.

Je serai à Pau dans quelques jours, quatre au plus tard, je l’espère. Et j’ai bon espoir d’y croiser le vent, à défaut du reste de la troupe. Déménager, franchement, ça me fait mal au cul de savoir que vous escortez, vous prêchez la bonne parole aussi, c’est la prochaine étape peut être ? Est-ce que Raoul brigue encore le pouvoir en Périgord ? Est-ce que Jeannine est toujours aussi mal baisée ?

Et donc le vent rentre, sur ordre Royal, pitié, dis moi qu’il ne s’agit pas de Mélissandre, je crois que ça me tuerait. (Ne le prenez pas au pied de la lettre, si c’est elle, ça ne me tuera pas instantanément, ça me mettra juste dans une colère monstre et je devrais encore lui pourrir la vie pour rendre la mienne plus palpitante, la grognasse a tendance à écarter les cuisses plus rapidement que moi, et je ne supporterais pas que le Poméranien s’y glisse).

J’ai hâte que nous puissions baptiser ma taverne, je vous y mettrais tavernier pour l’occasion, puisque vous avez prévu de sourire autant rentabiliser la chose !
Les négoces se passent sans trop m’affecter, vous savez ce qui m’affectent en ces temps compliqués, au fond oui, vous savez.

A très vite,
Je vous embrasse,
    D.

_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Rochechouart, le 17 février 1469.

            Croû-ton,

Nous serons demain sur Limoges, qui, je crois, est encore peuplée par les Malemort. Je n'ai eu aucune nouvelle du Vent chaud depuis son départ de Périgueux. Pour sûr, il ne vous a pas oubliée — ahin, mais oui, évidemment mon cher Jho, je suis inoubliable, et caetera. Aussi, on s'est fait faucher la gueule. Le jeune Faust reprend des forces sur Angoulême. Astana va… bien ? Mieux ? J'espère. J'aimerais être moins con avec elle parfois. Et surtout apprendre à rester, quand j'ai juste envie de tracer la route pour oublier, entre autres choses, à quel point je peux être con, avec elle, parfois. Réponse à l'énigme : être simplement moins con. La belle affaire. Faites pas chier, cette confidence est nulle, mais je crois que vous êtes la seule personne à laquelle je veux bien la livrer.

Je vous envoie un sourire — mais un vrai. Saviez-vous que plus jeune on me surnommait Sourire d'Avril ?
À tout bientôt.

            J

Post-scriptum : Vous avez fait les courses ?

Ci-joint un premier jet (faites gaffe aux éclaboussures) :

Les Œufs à la Coque (Pris)
Les Œufs dans ta Gueule
Le Trempe-Mouillette
Les Œufs PTorchés
Les Œufs embrouillés
Ni Jaune ni Blanc
Dans l'cul d'la Poule

_________________
Andrea_
Citation:
Sur les routes de Savoir, le 6 Mars 1469,

    Quignon mon Roi,
    Quignon sans loi,
    Quignon de peu de foi,


Cher Johannes,

J’espère que cette missive vous trouvera en santé. J’ai pris la route voilà plusieurs jours pour le tournoi de Fribourg, accompagnée de Diazolie la Magnifique, et Vran l’ex mari mort-ressuscité.
Tout se passe bien jusqu’à maintenant, je ne suis pas sûre que ça dure puisque les Genèvois et la Franche Comté sont en guerre –encore- et que nous passons juste au milieu. Je regrette de ne pas avoir pris épée et bouclier, non pas que je ne me sente pas capable de les affronter à mains nus, m’enfin imaginez un peu si je venais à me casser un ongle !
C’est dingue, ces couillons ont le don de se taper sur la gueule quand c’est le tournoi, s’ils ont envie de frapper, ils n’ont qu’à participer plutôt que de faucher ceux se rendent à la marave. A moins que ça soit une démonstration de force, une sorte de publicité pour le tourisme ? Du genre « regardez ma grande armée » et l’autre camp de répondre « c’est moi qui ai la plus grande ! ».
Bref, cette nuit nous sommes passés, il faudra encore serrer les fesses quelques jours. Et aussi pour le retour.

Vous avez quitté Limoges après notre discussion sans m’aviser. Aussi j’espère que vous ne boudez pas, et que vous n’en profitez pas pour épouser une nouvelle fois mon amie sans m’inviter. Parce que ça serait dégueulasse.
Avez-vous pu trouver quelques assiettes durant votre voyage ?
Pour ma part je regrette d’éviter les villes, il est vraiment difficile en temps normal de trouver de la vaisselle de qualité qui se casse parfaitement, avec un bruit parfait, en temps normal, mais c’est mission impossible sur les routes. Et j’en bave. Vraiment. Je pèse, je compte mentalement, et je prépare ma future casse, je pense que Fribourg mangera dans des plats pendant un moment une fois que j’aurais mis la main sur leur réserve de vaisselle. A moins qu’un plat vaille six assiettes ? Faut vraiment que je calcule.
Faire la route avec Vran n’était sans doute pas la meilleure des choses à faire, pour bien des raisons.

Que devenez-vous ?

Je vous embrasse,
D.

P.S. : Si je venais à mourir, que tous mes bijoux reviennent à votre fille. Distribuez mes bateaux comme suit : un à Tafar. Un à Jurgen. Un pour vous. Un pour Gilly. Mes armes resteront pour Lansquenet. Je veux que mon corps soit brûlé et que mes cendres soient éparpillées sur les dunes de la côte Ouest. Aussi le collier que je porte, un rubis taillé, cadeau du vent, devra être enterré près du grand arbre de ma propriété de Limoges. Attention tout de même de ne pas tomber sur un os, c’est là que ma fille repose également.

_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Poitiers-figue, Poitiers-raisin, le 7 mars 1469.

            Sainte-Croûton,
            Qui veillez sur vous-même,
            Depuis le ciel de vous-même,

                        Andréa l'Impératrice,


                        J'ai cassé une assiette.

Quelques nuits de ça, sur Limoges, j'ai cassé une assiette. Je suis entré dans une cahute, en bord de Vienne, j'ai vu une assiette, et je l'ai éclatée. Au sol. Détruite. En mille débris. Sur l'instant, j'ai souhaité que ces éclats se transforment à leur tour en petites assiettes, pour avoir mille assiettes à pulvériser encore, et ainsi de suite. J'ai finalement repris mes esprits — quelqu'un est entré — et mon calme. Mais ce fut bon.

Je suis en route vers la Guyenne, escortant le jeune Faust, que vous adorez même si vous l'ignorez encore, et une gamine aveugle. On va aller poser nos panards dans le sable jusqu'au mitan de mars. Astana file, elle, vers l'Anjou, pour aller poser ses miches… eh bien en Anjou. Quelle drôle d'idée. Ou pas tant que ça. Nous avons cassé pas mal d'assiettes aussi, mais des assiettes de couple, immatérielles et pourtant douloureusement palpables.

Racontez-moi vos aventures et continuez de serrer les fesses. Dites-moi aussi qui a la plus grosse, tiens. Je mise sur Genève. De mon côté, je me pèle le citron depuis ce matin pour vous envoyer des nouvelles palpitantes du Poitou, mais je n'ai rien de croustillant à vous mettre sous la dent. Les poitevines et poitevins semblent avoir entamé une diète d'alcool collective. Le marché est rempli de liqueurs.

La dernière annonce du comté nous informe de l'agrandissement de l'assiette fiscale — je n'invente rien.

Quel glorieux dimanche.

Hazel est restée sur Limoges, dans le nid. Je donnerais cher pour passer l'après-midi à jouer au loup et au pigeon avec elle, néanmoins elle reste gardée des pièges guyennais, des pièges angevins, et des soirs où l'orage gronde entre sa mère et moi. Elle vous envoie un gros merci pour le sac de coquillages qui font de la musique entre eux quand on les remue dans un sac. Vous avez donc permis d'inaugurer la nouvelle collection : cailloux de la mer.

Que la brise des routes, sinon le vent, vous soit douce,

            J

Post-Scriptum : Vos dernières volontés seront conservées en lieu sûr. Si vous faites un prêt d'avance sur héritage, ça m'intéresse. C'est pour aller sur Alexandrie.

_________________
Andrea_
Citation:
Sur les routes de Savoie, savoie ou bien ?
Le 8 Mars 1469,

    Quignon,
    Casseur d’assiettes,
    Briseurs de miettes d’assiette,
    Je vous pardonne,
    Au nom du père, du fils et de Moi.


Je vous pardonne.
Pour cette assiette mais aussi pour les pensées impures qui ont suivis le bris de celle-ci. Je n’ai pas encore eu le temps de vous expliquer une règle ô combien importante : on ne brise pas des bouts d’assiettes. Premièrement parce que ça fait radin, ensuite parce que ça donne l’air con de casser un truc pour le ramasser et le recasser, et surtout, surtout, parce que le bruit et la satisfaction n’est pas la même. Si vous manquez de matières, pour vous pouvez à la rigueur les écraser d’un bon coup de botte, tout en levant l’index vers votre reflet. Oui, c’est important de se regarder quand on est en colère, ça permet de se rendre compte comme on est beau dans cette colère.

Une assiette Quignon, ce n’est pas assez pour évacuer tout ce que vous semblez traverser. Est-ce par manque de moyen ? Par radinerie ? Voulez-vous que je vous donne des astuces pour trouver des assiettes peu importe l’endroit en France et en empire ?
C’est important de pouvoir casser.

Je le sais, parce que moi je pèse, je pèse, je ne fais que peser depuis des jours. Heureusement hier nous étions en ville et j’ai pu soulager un peu ma colère en parlant avec un Archevêque. Il m’a dit que j’avais épuisé son capital d’humour et qu’il faudra attendre la prochaine décennie pour en jouir à nouveau. J’avais presqu’envie de lui montrer qu’on peut jouir sur demande mais son capital humour étant épuisé j’ai préféré attendre.
Il m’a donné les adresses où me rendre pour dissoudre ce satané mariage qui me suit depuis deux ans maintenant. J’étais allée à la porte voisine, j’en déduis que les curés sont aussi perdus chez eux que dans une garderie de petits enfants, trop de choses à regarder je pense, je vais donc profiter de notre passage à Fribourg pour rejoindre Rome.

Ici je suis pour le moment en vie, la Franche Comté et la Savoie se sont alliés pour former « le plateau de fromages » et se battent donc contre les les Helvètes de Genève. Je pense donc que les fromages ont la plus grande, pardonnez mais je ne suis pas sûre d’avoir envie de les compter –comté ?ahah, je sors.-

Pour Astana et vous, je n’ai pas de conseils à donner, sachez que je saurais être votre épaule et muette comme une tombe si l’envie vous prenait, un jour, de parler de ces assiettes de couple que l’on brise sans pouvoir ramasser les morceaux, avec pourtant la furieuse envie de les recoller, sans savoir faire. Je serai bien emmerd’é de vous aider, quand bien même vous le voudriez, j’ai passé ma vie à gâcher les histoires que je faisais naître, et il semble que celle que j’avais décidé de garder est en train de prendre l’eau. Il me semble que huit jours sans nouvelles de Siegfried est un signe qui ne trompe pas.
Pourtant la vie continue, et le voyage semble durer une éternité. Il a vu renaitre bien des projets, d’échéances et de grandeur variable.
Aussi je vous donnerais tout ce dont vous avez besoin pour aller visiter Alexandrie, j’ai même un bateau, et quelques dizaines de milliers d’écus qui dorment un peu partout, les bons comptes font les bons amis, et c’est à ce prix que j’estime votre sourire. Alors prenez tout, et riez encore.

Quittez le Poitou, je ne comprends même pas que vous restiez dans un endroit où on parle d’agrandissement d’assiettes, fût-elle fiscale, mais surtout où on ne boit pas de liqueurs !
Sinon vous savez ce qu’il vous reste à faire, de mémoire le pain n’y était pas trop cher.

Que votre semaine soit belle,
Au moins autant que Moi,

    D.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Niort mais ni dedans La Rochelle, le 9 mars 1469.


            Croûton d'argent,
            Je vous pardonne,
            Aussi, et pour tout.

                        Tout.
                        Mais ne me dites pas quoi, Je préfère ne pas savoir. Vous auriez sans doute de quoi remplir une douzaine de codex.

Vous êtes-vous déjà confessée ? En tâchant d'être de bonne volonté, j'entends — du moins en entrant dans l'église.

Votre bienveillance est plus précieuse que les conseils. Que je n'attends pas. C'est à Astana et surtout à moi-même de réparer la casse. Et je ne vous ennuierai pas avec une description détaillée de nos assiettes. Leurs motifs sont bizarres et désaccordés. Comme on peut se sentir bizarre et désaccordé certains jours, quand on aime quelqu'un né sous des étoiles contraires. Cette confidence, par contre, je vous la livre car vous saurez l'entendre, et m'en sentirai moins seul : j'ai été démangé par un vieux démon, un vieux copain à moi et j'ai eu beau m'en défendre, Astana a reconnu sa silhouette.

Adoncques je me suis refusé à emboîter le pas de ma femme jusqu'en Anjou pour partir un peu de mon côté. M'éloigner, pour ne pas saboter. Ne pas briser quelque chose de pire qu'une assiette, foutre un coup de botte dégueulasse dans le vaisselier en me disant que tout est plus simple ainsi, qu'elle pleurera au début mais que ses joues sécheront, qu'elle sera plus libre ensuite, et surtout libérée, qu'il y aura un connard défini dans cette affaire, moi, qui, si n'aie les épaules taillées pour être un bon époux, sais être un parfait fils de pute.

Je tais l'appel de ce costume laid, lâche, mais familier et confortable ; et continue à guider mes pas vers la mer. Je vais y noyer ma fatigue — à l'aide d'une bouteille de prune. Las, j'ai fui ma propre fuite. Je n'ai cassé qu'une seule assiette car ma colère — les miennes rendent tout moche — est retombée. Ma tristesse s'estompe à son rythme. Et danoise me manque, j'ai l'impression qu'une lavandière m'essore continuellement le cœur avec ses grosses mains rudes, ce qui me fait étrangement retrouver mon calme habituel. Quelques nuits de sommeil salé et j'irai.

Cassez des gueules pour moi,
Et n'oubliez pas qu'il n'y a pas que la force qui compte, l'emmental aussi.

            J

(Merci.)

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Andrea_
Citation:
Aux alentours de Sion, mais je n’en dirais pas plus car je suis la mère de Nicolas, le 9 Mars 1469.

    Quignon en colère,
    Quignon bien vénère,
    Quignon qui digère,



Votre missive m’a fait réfléchir, surtout le premier point, le truc qui parlait de noircir des codex avec mes confessions. J’ai donc commencé par quelque chose de simple mais d’efficace : j’ai écrit le nom de chacun de mes amants. De ceux d’une nuit à ceux d’un morceau de vie. Stupeurs. Il n’y en avait pas tant qu’on se plait à le raconter. Je ne sais si je dois me réjouir ou me mettre à travailler plus fort.
Aussi vous voyez, on peut enlever une douzaine de codex, mais il resterait encore ceux qui mentionnent les gens que j’ai blessés délibérément. S’ils venaient à me hanter un jour, je serai dans la merd’ !
Aussi je vous rassure, je me suis déjà confessé. Bien sûr je me suis con-fessée dans un confessionnal mais j’ai aussi fait la chose de manière plus conventionnelle –je parle de se confesser-. J’ai même payé pour ce genre de choses, et pas qu’un peu. Faut dire que quand l’autre tanche –curette- m’a dit « c’est dix écus », j’ai fait grimper les enchères. Vous saviez, vous, que c’est celui qui raconte les histoires qui doit payer ? J’ai eu l’impression de m’être fait deux fois entubée –sans que ça compte dans ma liste d’amants hein- : je raconte, et je paye pour qu’on m’écoute ? La blague.
Pourtant je l’ai refait, parce qu’après une rencontre avec une armée j’ai cru que mon heure était venue, et que j’avais soudain le besoin irrépressible de tout me faire pardonner. Je ne suis pas croyante Johannes, mais quand on flirte avec la mort, il nait des croyances qu’on ne soupçonnait pas.

Ainsi donc vous avez retrouvé votre vieux démon. Je me demande s’il se nommerait pas Jalousie destructrice. J’avais déjà rencontré « Rabat joie » et il n’était pas sympathique mais encore acceptable, j’imagine que celui dont vous parlez doit être ô combien plus terrifiant pour que vous le fuyiez. Et avec de la prune en plus, put’ain Johannes, si vous voulez oublier faites le dignement avec un vrai alcool qui réjouira vos papilles sans vous tordre les boyaux !
Je n’ai encore jamais rencontré le parfait fils de pute, croyez bien que je le regrette, je pense que lui et ma parfaite connasse se seraient parfaitement entendus. Ils seraient peut être destructeurs pour les autres, et je crois qu’on en serait arrivé au monde que nous avions évoqué un certain soir, vous savez, peuplé de Vous et de Moi, régnant en maîtres sur d’autres nous, avec un partage équitable : vous les livres et moi les armes. Vous les terres et moi les côtes.

Je sais que vous ne voulez pas de conseil pourtant je vais m’en permettre un. Il faut parfois partir pour mieux revenir, et il faut profiter de ce temps seul pour laisser le fils de pute s’exprimer. Laissez le être laid, lâche, complaisez-vous dans sa familiarité et son confort. Allez voir la mer et usez le jusqu’à la moelle. Parce qu’il fait partie de vous Quignon, et que vous n’imaginez pas à quel point je vous comprends. Le laisser s’exprimer, c’est gagner un peu de répit sur sa prochaine envie de sortir.
A votre avis, pourquoi suis-je en route pour le tournoi ? Parce qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des yeux. Et que parfois les assiettes ne suffisent plus.

Arrêtez de vous faire triturer le cœur par une lavandière aux mains dégueulasses, pétez tout sur votre passage, et allez retrouver la Danoise.

Baisers au fils de pute,
Repos au Quignon,
    D.


P.S. : je compte ramener un souvenir de la marave à ma nièce préférée, combien mesure son poignet à une ou deux dents près ?
P.S. : si vous pensez que la Blondeur est du genre à pleurer et à vous oublier, vous n’êtes pas non plus un bon époux. Je parierais plus sur une traque sanglante et un enfermement de votre personne.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
En la Roca, frente al mar, martes a nueve de marzo de 1469.

          Croûton conseil,
          Croûton qui veille,
          Croûton de l'éternel,

          Hola.

Sachez qu'Astana a eu l'idée qu'on fasse les comptes aussi, une nuit près d'un feu de camp. Elle a dénombré ses anciens amants, et moi celles pour lesquelles je suis resté un peu, et les coups d'un soir dont je me souvenais. Je n'ai eu aucune réaction devant le nombre, mais quand je me souviens de celle de la danoise, je pense qu'on aurait pu se passer de le connaître. Mon démon a toujours été de me barrer par les routes. Encore que, vous touchez juste en causant de jalousie, mais sans doute pas de la manière dont vous l'entendez. D'ailleurs, avant que sa Blondeur ne croise ma route, j'ai toujours été du genre partage et discours franc.

Et avant que vienne l'orage, et toutes les merdes de cet hiver de merde qui ne sont pas de son fait, à elle, je n'étais pas jaloux. Puis je le suis devenu au fil des semaines, et ma jalousie a pris des contours pas glorieux. Pas de crainte sourde d'un désamour, ni qu'elle aille visiter la couche d'un autre — oh, ça piquerait, mais c'est avec le recul de ces derniers jours que je peux enfin comprendre la nature de mes angoisses.

C'est qu'il a été douloureux de ne récolter que des peaux de sourire, minces et parfois forcés, quand d'autres — d'autres, n'importe qui — font naître chez elle des rires clairs. Qu'on est celui qui fait tomber une chape de lourdeur et de chagrin sur ses nuits, après les soirées de joie. J'ai toujours été heureux d'entendre ses rires, déclenchés par mes conneries ou celles des autres, mais ils ont fini par me blesser quand j'ai cru que je ne savais plus en être la cause. Je me suis senti constamment maladroit, à casser des œufs à chaque pas, je me suis coffré dans mon malaise, et Rabat-joie est revenu. S'il reste une assiette à détruire, c'est celle-ci, en forme de cercle vicieux.

Fils de pute le Fataliste restera au placard, et je ne saurais pas me soustraire aux mains de la lavandière. Tout comme, je suppose, vous ne parvenez pas toujours à ignorer la pensée du Vent chaud. C'est ainsi quand on est tant lié. Je retrouverai mon épouse sous une semaine. Nous devons nous affronter pour une course au bord de la plage. Elle va me rétamer, mais je feins d'avoir un mince espoir de la dépasser. C'est à elle, d'ailleurs, que vous devriez demander les mensurations du poignet de notre enfant, elle est plus habituée aux breloques dentaires.

Je note que je me suis pas mal étalé dans mes dernières lettres. Ne désespérez pas que je sorte la tête de mon nombril en écrivant les prochaines. Au reste, j'assume, car il m'en a fait grand bien.

Allez : un sourire.

          J

Post-Scriptum : il faudra que nous prévoyons de faire une farce dans un confessionnal. J'ai mes propres croyances mais je ne les étale pas, au risque de finir en cochon grillé sur la place de Rome. Je sortirai Fils de pute pour l'occasion.

_________________
Andrea_
Citation:
Fribourg, ville de marave, le 11 Mars 1469,

    Quignon fils de pute,
    Quignon sans turlute,
    Quignon en haut d’une bute.
      Quignon qui s’éveille,
      Quignon sans sommeil,
      Quignon merveille,


Olé,

Vous ne pouvez pas comparer votre histoire et celle qui m’unie au Vent Chaud. Avec tout le respect et l’Amour que j’ai pour Lui, nous ne pourrons jamais nous targuer d’égaler votre histoire et celle de la Blandeur.
Parce que vous avez déjà abattu toutes les barrières qui vous séparaient. Parce que quand la vie a décidé d’en ériger des nouvelles, vous avez tout de même continué. Et lorsque les montagnes ont remplacées les barrières, vous n’avez jamais abandonné. Vous n’avez pris ne serait ce que le temps de réfléchir à comment faire, vous avez troqué vos haches pour des pioches et vous avez combattu. Quand les fantômes ont attaqués vos nuits, vous restiez attachés à vos jours. Quand la rancune vous étouffait, vous avez su retenir votre air pour avancer. Encore. Pour tout cela Johannes, vous ne pouvez pas comparer nos histoires.

Bien sûr que mes pensées s’égarent à Limoges. Souvent. Très souvent. Trop peut être. Elles me rendent tantôt sages tantôt sombre. Parfois en colère. Souvent impuissante. En ça nous pouvons comparer, encore que le Vent forge, et n’est pas parti en territoire de feu. Il m’arrive de me demander s’il pense à moi, s’il s’inquiète, s’il compte les jours avant nos retrouvailles.
Et puis je me rappelle que je suis une femme forte et indépendante et je vais me coucher pour pleurer dans un oreiller.

Nous sommes enfin à Fribourg, nous avons mis une grosse dizaine de jours, la faute aux détours pour éviter les armées. Finalement la Savoie s’est alliée à la Franche Comté pour tenter d’abattre les Helvètes. Le retour va être compliqué, je le regrette. J’ai peur, un peu. Je crois que j’ai peur de mourir seule, ou pire, entourée de personnes qui ne savent pas tout de moi.
J’en ai marre, Johannes, de devoir faire semblant pour contrer les uns et les autres. Je crois que je l’ai fait si longtemps que je ne sais même plus où est ma place, ni ce que je veux. Qu’est ce qui m’anime vraiment ? Si je devais mourir, merde, que ça soit au moins dans les bras des rares qui me connaissent vraiment.

Il ne reste plus que quelques jours avant que vous ne retrouviez votre femme. J’espère que fils de pute s’en ai donné à cœur joie et qu’il est passé en hibernation. J’espère qu’en s’endormant il a libéré joie de vivre, et que ce dernier saura faire sourire, rire et même glousser Astana. Je sais combien il est difficile de se sentir loin en étant proche, d’avoir l’impression que quelqu’un nous manque alors qu’il est juste là, dans nos bras.
C’est aussi merdique que l’inverse d’ailleurs. J’espère ne pas être claire.

En effet elle va vous rétamer, cependant vous avez trois solutions pour gagner : la priver de pulmonaires les trois jours précédents, lui faire un croche pied, ou lui dire combien elle serait belle, à courir en robe de Paon. Choisissez bien.
Prenez soin de Vous Johannes
Et merci

    D.


P.S. :J’ai peur d’entendre ce que vous entendez par « farce dans un confessionnal », mais s’il faut passer par là pour rencontrer fils de pute, je ferai un effort.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
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