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[RP] Miettes froides

Andrea_
Citation:
Bordeaux, à bord du Dragon Noir, le 3 Août 1469,

    Quignon va à Marseille,
    Quignon aux boules fait des merveilles
    Quignon est un râleur sans pareil
    Quignon est un homme très très vieil. Oh ça va


Quignon,

Je vais tuer dans l’œuf toute blague douteuse concernant le « Dragon noir ». C’est le bateau que Vran s’est offert. Il n’a –à priori, j’espère- choisi ni le nom, ni la statue sur le devant. J’avoue que nous avons eu un moment de solitude en découvrant son nom de baptême, autant qu’en voyant que la taverne s’appelait « l’antre du dragon ». Je n’ai pas vu le vendeur, j’imagine qu’il était de ceux qui élevaient des ours ou des loups et qui ont les yeux qui changent de couleurs passant d’un jaune or lorsqu’ils sont content à rouge sang lorsqu’ils sont en colère.
Nous ne le saurons jamais, et sachant qu’il porte malheur de rebaptiser un bateau, -et aussi que ça vaut le prix du bateau-, il gardera ce nom, qui sait peut être que ça fera peur aux autres Kraken et compagnie.

Ensuite, pardonnez mon retard, c’est qu’il m’a en effet fallu digérer le nom du bateau mais pas seulement, le décès de Tafar m’a laissé un grand vide, et sans mauvais jeu de mots –mais un peu, vous pouvez krkrkrer- Vran me l’a rempli d’un petit habitant. J’ai pu constater en lisant votre missive et celle d’Astana que Vran avait lâché le morceau –et pas que du coup-.
Je confirme donc, VIL CACHOTIER, que l’été rend fertile, ainsi recevez mes félicitations quant à la coccinelle mise dans l’armoire de la Danoise !
Je me servirais de ça d’ailleurs, pour contrer sa vengeance, j’ai cru comprendre dans votre missive qu’elle n’avait pas digérer un truc –qu’elle fasse des recherches, y a bien des herbes pour ça..-.
Hævn donc. Pouah, en effet, ça sent l’embrouille à plein nez. Je trouverai de quoi me faire pardonner. Une femme enceinte n’est point difficile à contenter.
D’ailleurs, si la peur vous paralysait, sachez que je ne vous en veux pas d’être parti sans dire au revoir, et sans avoir cherché à me voir alors que je crevais dans un coin de la ville. Ce n’est pas comme si Tana et vous étiez médecin hein. Non vraiment, je ne vous en veux pas. Et je comprendrais qu’elle m’en veuille pour avoir OSÉ m’unir à Vran alors que nous allions taper une armée et probablement mourir le lendemain.

Nous allons probablement revenir quelques jours à Limoges, le temps pour Tafar de rejoindre la terre. Aussi j’en profiterai pour dire à Hazel que Caprice n’est pas un nom pour un chat. D’ailleurs un chat ne devrait pas avoir de nom, puisqu’un CHAT est un animal qui en plus de ne servir à rien est égoïste, perfide et poilu. Je tenterai de la convaincre de le vendre, ainsi il n’y aura plus de problème avec son nom !
Je sais que vous m’adorez.


Alors, où en êtes-vous dans les engueulades ? Est-ce plus plaisant dans les champs de lavande, en bord de mer ou en forêt ?
Est-ce qu’il y fait chaud ?
Comment a –t-elle réagi en voyant le Puy ?- Enfin voir… Voir que tout avait été englouti..-

Prenez soin de vous,
Et d’Elle,
Et de cette petite chose qui ne tardera pas à changer son profil.

    D.

_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Sur le pompompom d'Avignon, le 5 août 1469.

    Croûton qui vogue,
    Sur des ailes sombres,
    Croûton en vogue,
    Sur le ponton fumant,

    Pourfendeuse des flots,
    D'une langue incendiaire,

    Mais qui est-ce ?
    C'est Croûton sur… le Dragon Noir !

    Terreur des océans,
    Qui grille le cul des moules d'un souffle,
    Perchée sur son géant,
    Le vent en poupe-poupe-pidoupe,

Bordel, le Dragon Noir. Mais ça aurait pu être pire. Imaginez, si les anciens propriétaires avaient eu la fibre poétique, vous auriez pu vous retrouver à bord du Noir Dragon — et je vous aurais pondu douze alexandrins pour la peine. Si jamais vous décidez finalement de tenter le diable des superstitions marines, voici un échantillon de propositions :

La Chimère Mouillée
Fion de Licorne (mon préféré)
Joyeux Naufrage
Sirène sans Bride (fin jeu de mots)

J'arrête là, parce qu'il faut que je vous file des nouvelles.

Lors de votre dernier passage sur la belle, glorieuse et puante Limoges, on m'a dit que vous ne souhaitiez voir personne. Visites interdites. L'on ne m'a pas dit : elle ne souhaite voir personne sauf toi vieille branche, ramène donc tes miches et du pinard, non, on m'a dit personne ; alors j'en ai déduit que vous ne souhaitiez voir personne, personne personne, et la solitude c'est quelque chose que je respecte parce que c'est un des rares travers de caractère que je pige. Mais vous êtes revenue, et vous n'êtes pas morte — il ne m'en fallait pas plus pour m'arracher un sourire d'été et chasser les miettes d'angoisse. L'on se recroisera un jour pour papoter entre bonne gens (je vous entends ricaner d'ici). Ou peut-être que l'on ne se recroisera pas, mais je n'en reste pas moins serein. N'allez pas vous noyer en tombant par-dessus bord sur une soudaine envie de gerber votre mal de mère.

Êtes-vous heureuse ?

Voilà une question que j'aime poser aux autres mais à laquelle je ne trouve pas toujours le cran de répondre sincèrement. Il y a de ces mots qui arrachent des filaments de chair à l'œsophage quand il faut les sortir : heureux, amour, et autres petits trucs de miel enrobés. Aussi rassurez-vous, on s'engueule, et on se réconcilie. Certains jours, on s'engueule sans se réconcilier ensuite, d'autres on se réconcilie directement en sautant la case prise de bec ; d'autres on ne fait que rire au nez à la barbe du monde. Vous voyez le tableau, vous discernez nos caractères et surtout, vous n'êtes pas étrangère aux joies du mariage — les joies ironiques et les joies réelles. Ainsi elle porte un poids pois aussi. Si vous l'aviez appris de ma main, et non de la sienne, vous auriez trouvé à râler encore. Mais après tout, c'est avec elle que vous prendrez du périmètre de concert. Je bouffe des pains au lait par solidarité.

Sans Nom était un nom parfait pour un chat qui ne doit pas avoir de nom. Hazel m'a raconté que vous lui aviez offert des coquillages, que vous aviez gribouillé des « P » dans des triangles — j'ai ri, et la marche par les bois et la robe. Merci. Elle cache, elle s'emmuraille, la pestouille, mais elle n'a pas eu que des moments doux ces derniers temps. Elle me rend fier, quand elle ne me casse pas trop les noix.

Le Puy, ou le peu qu'il en reste, vaut toujours le détour après toutes ces années. Et nous y avons tenu longue palabre, et pioncé près de la Grande Crevasse. Il faut savoir vivre dangereusement. Je n'ai pas entendu les voix des âmes qui ont été avalées par la terre — et nous nous demandions tous les deux où tous ces gens ont bien pu atterrir, là-dessous. J'aurais bien des propositions farfelues mais je dois aller bichonner les ânes.

Je vous souhaite un été plus doux que les derniers temps ne furent,

    J

_________________
Andrea_
Citation:
Dans La Fantastique, Taverne Bordelaise, le 6 Août 1469,
    Quignon est un gros moqueur,
    Qui parfois n’a pas de cœur,
    Quignon c’est comme le babeurre,
    C’est bon mais quand on sait comment c’est fait on a des hauts le cœur,
    Non pas que j’ai un peu de rancœur,
    M’enfin c’est pas grave, parce que c’est juste un gros MOQUEUR


Vrai,
Ça aurait pu être pire. M’enfin c’est déjà pas mal. M’enfin vous commencez à me connaitre Quignon, je ne me laisse pas abattre. C’est donc tout naturellement que j’ai commandé une nouvelle statue pour la proue, et une autre pour la pourpre, enfin le truc à l’arrière. Non parce que quand ton bateau s’appelle le Dragon Noir faut assumer derrière.
Alors j’ai remplacé le petit dragon rikiki qu’on voyait à peine sur le devant contre une GROSSE tête de dragon. C’est vrai que ça dépeint un peu avec le reste du navire et que c’était un peu lourd, du coup j’ai du commander une queue énorme aussi. Je pense que Vran y a vu un message personnel et du coup il s’est senti gonflé de fierté. Et de sang. Et de libido et il m’a renversé sur le ponton. Bref.
La bouche du dragon est ouverte et il y a un brasero -pratique avec l’été pourri qu’on a-, et dans les yeux, des lanternes rouges ! Dans les prochains jours je devrais recevoir des katanas, de longs sabres venus du pays du soleil levant -ou couchant on s’en tamponne il s’y lève et s’y couche comme partout-, je vais en mettre partout sur les murs, ah ça, on sera des beaufs mais on sera des beaufs jusqu’au boutiste. Non mais oh !

J’avoue que Fion de Licorne aurait été merveilleux, m’enfin je suis plus tere à terre, je me serai contentée d’Anus Austère. Je trouve que ça sonne bien, et puis au moins Nicolas et son compagnon n’auraient pas été tenté de squatter pour les vacances : ahah.
Je n’ai pas compris le jeu de mots de Sirène sans Bride, il devait être trop fin pour moi. Un peu comme le steak que j’ai acheté ce matin, passons.

Moi aussi j’aime demander aux gens s’ils sont heureux. Parce que c’est une question qui met toujours les gens dans l’embarras. Aussi je vous remercie de me l’avoir posée, là, comme un Dragon noir dans un port.

Je ne suis pas sûre d’être heureuse.
Je ne sais pas ce que sera ma vie dans un an, ni même dans quelques mois. Je souhaite depuis longtemps avoir un enfant et j’ai du mal à me réjouir de savoir que ça sera bientôt le cas. Il est de plus en plus difficile pour Vran et moi de discuter. C’est comme si chacun de ses mots me piquaient à vif, et il prend chacune de mes actions pour des attaques personnelles. Il n’a pas confiance, et je n’ai plus la force de le contredire.
De plus Archibalde traine comme un fantôme dans chacun de mes songes, et je regrette de pouvoir lui confier ce que je ne peux confier à Vran. Pour éviter les conflits. Pour éviter les regards tristes. Pour éviter de fuir, aussi. Ne devrait-on pas tout pouvoir dire à notre époux ?


Je vais moi aussi aller vivre dangereusement, hier en ouvrant un fût il s’est écartelé, nous avons dû le boire à quatre. Dure soirée, heureusement qu’il y avait des nappes épaisses, sinon on allumait un feu au petit matin.

Comment vont les Sudistes ?
    D.


P.S. : Soare, ça vous parle ? Je me souviens de son nom, de sa tête mais de rien d’autres. ET nous n’avons pas couché ensemble sinon il s’en souviendrait, ce qui n’est pas le cas.
P.S. encore : "La Fantastique", n'est ce pas bizarre comme nom de taverne? "J'ai payé mon coup à la Fantastique!" "J'ai tout retourné dans la Fantastique" "ah putain, c'que je lui ai mis à la Fantastique". Je ne veux plus jamais qu'on me surnomme ainsi.
Enfin ça n'a jamais été le cas mais ça aurait pu.

_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Ni Nîmes mais guère plus Montpellier, le 7 août 1469.

    Croûton à l'amidon,
    Croûton à l'amie dure,

    Aux pensées qui turbinent,
    Dans son orientale cabine,

    Andréa,
    Qu'aura bientôt un rond bidon,

    Ohé-Ohé.

J'espère que je pourrai admirer vos améliorations nautiques un jour. Vous avez un sens de l'épique que je vous envierais presque — et ici aucune raillerie, si j'avais un bateau, sans doute que je le baptiserais « Bateau un », puis le second « Bateau deux », et quant au troisième, sur un élan de folie « Trois bateau ». Des blazes faciles à assumer. Tant que j'y suis, vous auriez toujours une embarcation à me dépanner ? C'est pour un ami qui voudrait voir Alexandrie. Il n'est pas pressé mais il se renseigne, et je suis certain que vous l'adoreriez aussi.

Croyez bien que j'entends vos embrouilles de dialogues avec Vran, mais c'est sans doute à la danoise que vous devriez poser la question du : peut-on tout dire ? Et je suppose qu'elle serait bien emmerdée d'y apporter une réponse limpide. C'est que les gens mettent parfois, souvent, des poids différents dans les mots ; et lorsque la tare n'est pas commune, on entend le galop du quiproquo merdique. Là, on blesse l'autre sans s'en rendre compte, et l'on finit chacun par se réfugier derrière sa haute muraille, pont-levis fermé, à envoyer des éclaireurs, et l'on n'ose plus rien baver. C'est le pire, à mon sens. N'ai pas le caractère de Vran, et le connais bien peu, mais si je dois vous confier ma seule expérience : je n'en veux pas à Astana de ses mots qui ont blessé, je porte encore rancune, malgré moi, de ceux qui n'ont pas été dits à temps. Et force est de constater que je lui fais payer la taxe encore aujourd'hui. Autant je peux reconstruire la courtine après qu'elle se soit pris un boulet de canon franc dans la gueule ; autant quand on a plutôt choisi d'empoisonner l'eau des puits, par peur des représailles, le sale goût ne passe pas et c'est la confiance qui se fissure. Compliqué, à colmater. Surtout pour ceux, comme moi, qui ont peine à la donner toute et entière.

Je préfère encore me prendre une lance direct en plein bide qu'une dague à retardement dans le cul, pour résumer.

On survit à l'autre — peut-être dans la douleur, mais on survit, ou se taille, et l'on survivra seul ensuite. C'est un choix à faire en connaissance de cause, et pour en être conscient, des causes, encore faut-il que l'autre parle. N'oubliez pas que vous portez en vos entrailles une hypothèse qui peut peser dans la balance.

Hier, on quittait Arles pour filer à la rencontre de la gamine. Et devant nous encore quelques temps de sursis avant de retrouver je ne sais quoi, ni la danoise non plus. On tâchera de trouver une composition où s'accordent nos caractères — il faudra bien raboter des angles l'automne venu, vous vous en doutez.

Bichonnez-vous,

    J

Post-scriptum : Je crois avoir croisé le gars sur Ventadour, et que ça causait stratégies militaires.

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Andrea_
Citation:
Limoges, le 15 Août 1469,

    Caillou dans les chaussons,
    Anguille sous cabanon,
    Poils plein le bouillon,

    Tiques dans les talons ohé ohé,
    Tiques dans les talons ohé-ohé,
      Quignon


Asseyez-vous.
Servez-vous un truc à boire -si possible prenez du fort-, virez tout objet redondant ayant une partie sporadique ou boulière. Soyez-seul et loin de tout le monde.
Quand c'est bon continuez.

Non mais faites le vraiment, s'il vous plait.


Johannes !

Assis j'ai dit.

Bien, je vois que pour remplir le verre par contre il n'y a pas besoin de trop insister hein!

Agata est morte. Vous avez dit que vous préfériez vous prendre une lance direct en plein bide.
Alors attendez parce qu'elle est à double tranchant.
J'ai quitté Bordeaux sans intention d'y revenir. J'ai quitté Bordeaux, Vran, le bateau.

Bien. Inspirez. Expirez. Buvez.
Je suis désolée pour Agata, c'était une femme adorable et pleine de vie. Je n'avais jamais pensé qu'elle puisse avoir des envies de décadences quand je l'avais croisé à Limoges, mais j'ai été forcée de constater qu'elle était l'une des premières à prendre les armes et à beugler qu'il fallait continuer, même lorsqu'il n'y avait plus d'espoir.
Je ne sais quelle relation vous entreteniez, mais sachez qu'elle a laissé quelque chose pour Vous. Un coffre a été envoyé à Vran voilà quelques jours, il me semblait plus juste de vous l'annoncer, je sais que Vran n'a aucun tact et que si le mien est légendaire il peut cependant pointer le bout de son nez. Vous êtes loin, et pourtant j'aimerai vous étreindre et vous dire que tout ira bien, car tout va toujours bien.
Votre famille va s'aggrandir et j'ai hâte de voir l'enfant qui naitra, pas autant que de caliner une nouvelle fois Hazel bien sûr, mais je ne vais pas commencer à faire des différences.

Vous me manquez,
Je vous embrasse, tous les trois.(j'embrasserai bien le petit dernier mais j'ai visualisé la façon dont vous vous y prendriez et je n'ai pas envie de dégueuler.)
    D.

P.S. : J'ai la force de mes actes.
P.S. : Si c'est votre ami, et que c'est vous qui tenez la barre, alors mon bateau est sien. C'est une caraque marchande, qui dort pas loin de Béziers.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Entre Tarbes et Pau, le 16 août 1469.

    Andréa,

Je t'ai revue, le dos droit contre le tronc d'un pommier, penchée sur un Livre des Vertus. Presque instantanément, je t'ai revue ensuite et c'était la veille, toujours à Rochechouart, et tu étais agenouillée au milieu de tous les fruits du verger que tu avais dérobés. Un jour encore plus tard, tu volais à nouveau un bête panneau de mairie pour m'en faire un présent, car il portait ton nom. Tu m'as mandé une édition d'un Livre, toujours le même, et tu as pris le temps de penser ses valeurs. Et puis tu pars cramer des diocèses. Tu dis gauche, tu vas droite. Tu donnes, et tu arraches.

Je connais les filles qui rayonnent — j'en ai marié une. Elles laissent un sillage, et souvent des gens, des gens moins vivants que vous, des gens comme moi et d'autres, sont pris par l'envie de marcher dans leurs ornières pour atteindre le périmètre où retombe la lumière ; certains parce qu'ils veulent se prendre des éclaboussures, et sentir qu'ils brillent à leur tour, d'autres parce qu'ils sont perdus, et qu'un éclat parvient à donner un sens au monde, et un point vers lequel avancer.

Agata m'a confié qu'elle perdait souvent le nord, le vrai, celui qui mène aux terres froides.

Il y a plusieurs années, j'ai réalisé que les fruits pourrissent moins vite dans l'ombre et le froid d'un vaisselier que lorsqu'on les laissait plein cagnard, plein soleil. Je t'entends ricaner d'ici. Je le savais déjà, mais je le réalisai seulement. Je crois que la lumière porte en elle la vie, et que le temps s'y écoule, d'une certaine façon, plus vite qu'ailleurs. Je crois aussi que le monde d'après-la-mort est plongé dans le noir.

J'ai peur, à cette heure, qu'Agata ne sache pas trouver son chemin là-bas, où l'on ne voit plus rien. J'ai peur qu'elle soit seule dans son voyage.

Je me demande quel poids ont les morts que tu traînes dans ton sillage. Si tu t'es dit, en niquant le mec qui t'as tranché des doigts sur le ponton de votre dernier achat, ou bien lorsque tu offrais une robe à ma fille, que tout ça — non pas tout ça, eux, Agata, Tafar — en avait valu la peine. Quelle sorte d'estime tu peux bien me porter alors que tu m'annonces la mort d'une personne à laquelle je tenais comme l'on prépare une vieille blague. Je me le demande, mais je ne te demanderai pas à toi, de répondre à ces questions. Car j'écris en peine, et je me souviens encore que je t'ai promis de ne pas te lâcher en bord de route.

Je prierai pour Agata vers la Stella maris qui guide ceux qui ont encore des yeux pour la voir. Et si tu tiens à moi tu prieras à ton tour.

Garde en ton chemin,
Ne te croûte pas.

    J

_________________
Andrea_
Citation:
Limoges, le 16 Août 1469,

    Johannes,


On peut croire et voler des fruits. On peut croire et voler un panneau. On peut lire le Livre des Vertus, croire en Déos, le prier, sans exceptions tous les soirs. On peut aller à la messe, entretenir une correspondance étroite avec un évêque et crâmer des diocèses.
On peut le faire parce que l'amitié, l'amour, et l'honneur ont fait naître ce plan, que j'ai sacrifié l'organisation, au prix le plus fort, pour tenter de concilier les deux. Être là, parce qu'une épée de plus était importante. Ne pas entrer dans les diocèses car ça allait contre mes convictions.

J'ai rapidement vu qu'ils mettaient trop de temps, que l'organisation était bancale. J'ai dit, j'ai écrit que je ne le sentais pas. Mais ils voulaient y aller. Ironiquement, Agata et Tafar en tête. Ils voulaient aller au bout, coûte que coûte, et plus les chances s'amenuisaient plus ils en voulaient. Qu'aurais-je du faire alors Johannes? Les laisser là? Leur dire que de toutes façons, moi, depuis que j'avais lu le Livre, je n'avais plus envie, que je le faisais pour faire plaisir, qu'ils n'avaient qu'à y aller sans moi?
Avec ou sans moi, ça n'aurait rien changé, je n'ai pas la prétention de l'imaginer mais j'ai au moins ma conscience pour moi. Je les ai accompagné, jusqu'au bout. Vran rêvait de ce coup depuis des années, nous avons mis des mois pour le rendre viable, et la religion est arrivée comme un cheveu sur la soupe au milieu de tout ça. Quand on lève une armée, on sait qu'il y aura des pertes. Quand on enter dans une armée, on sait que l'on risque sa vie. Ils ont eu le choix, et c'est rarement le cas, ils ont eu le choix, et nous les avons suivi.

Agata n'est pas seule dans son voyage, elle emporte avec Elle la paix, et la vie qu'elle a voulu mener. C'est son choix Johannes, à partir de là, qu'elle ai voulu suivre un sillage ou se faire éclabousser n'est la faute de personne. Après la mort elle comprendra que c'était Elle, la lumière alors elle retrouvera son chemin.

Je donne j'arrache, je veux prendre le temps de donner, et on me prend.
Vous savez quel poids ont les morts que je traine dans mon sillage, c'est la peine qui vous fait dire l'inverse. Ils pèsent si lourds que je suis incapable de les trainer. Je suis incapable de prendre la mort au sérieux, ça serait lui donner une trop grande importance, ça serait vivre dans la peur, et la peur rend faible, et je refuse de l'être.
Dans la vie Johannes, il y a deux catégories de personnes ;
- Celles qui affrontent, contre vents et marées, qui vivent dans l'ombre et suivent des sillages,
- Celles qui fuient et qui préfèrent vivre en pleine lumière quitte à crever plus vite,

Je n'ai jamais cessé de prier,
Et cela n'a jamais changé l'issue de quoique ce soit,
Pourtant je continue

Sois prudent.
    D.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Mimizan, le 19 août 1469.

    Andréa,
    Et Croûton toujours,

Si la mort n'est pas toujours grave, c'est toujours une vie qui s'éteint. Pourtant, je t'écris ça, mais je m'agace comme un débile lorsque j'entends qu'on glorifie et qu'on encense les trépassés (Astana pourrait t'en dire quelque chose). Je ne pense pas que la peur rende faible. Les gens les plus costauds que j'ai croisés portaient des angoisses immenses en fardeau. Ne pas savoir qu'en faire, de sa trouille, ou encore en détourner le regard, ça, c'est la recette pour

Je ne suis pas d'accord. Tout bêtement, je ne suis pas d'accord, mais je serai encore votre ami demain.

Vous n'êtes pas ma fille. Vous avez déjà tiré vos propres leçons d'existence, et si elles se cognent aux miennes, eh bien soit. Je vous emmerderai autour d'un verre à la place — et vous pourrez simplement faire semblant d'écouter.

Bâillez nouvelles quand vous pourrez — mais ne vous endormez pas. J'ai lu votre fugue sans y répondre. Pardon. J'espère que vous vous en êtes tirée en un seul morceau, de cœur.

    J

_________________
Andrea_
Citation:
Limoges, le 24 Août 1469.

    Johannes,
    Quignon, contre vents et marées,
    Et Croûton contre vents et mariés,
    Devraient se retrouver rapidement


Je lis entre les lignes, et parfois même derrière les ratûres. Rien ne nous oblige à penser et à réagir de la même manière. Parce que notre passé nous a forgé et qu'après des années à apprendre de nos erreurs, il est difficile de voir que les travers reviennent toujours au galop.

Oui, nous serons toujours amis demain. Nous serons encore amis l'an prochain, dans dix ans, et au mariage de votre fille nous aurons tout le loisir de reparler de ce moment qui vous a causé du tracas. J'en suis désolée d'ailleurs et vous savez combien c'est important pour que je le formule..
J'écoute toujours mes amis. C'est important Johannes, car lorsque j'aurais terminé mon verre et vous votre tirade, alors il me faudra reprendre un par un vos arguments pour y appuyer les miens. J'espère que cette discussion durera toute la nuit.

Je suis en un seul morceau, j'ai fait ce qu'il fallait faire.
J'avoue que la présence de la Danoise à mes côtés aurait apaisé la chose. Mais la vie est faite de choix et il faut aller au bout quelqu'en soit le prix. Vous pardonnerez donc que cette lettre eût été plus longue à venir que d'ordinaire.

J'espère votre coeur apaisé et gonflé de bonheur,
Prenez soin de vous, vous me devez un verre,

    D.

_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
Mimizan, le 24 août 1469.

    Croûton,

Il y a quelques nuits de ça, j'ai rêvé que j'ouvrais les yeux sur une chambre aux murs teintés de bleu et d'orange, et qu'une femme était à califourchon sur moi. Je vous passe les détails ingrats, sachez seulement qu'elle était sublime et qu'elle sentait l'agrume et la myrrhe. Sortant par les rues, j'étais entouré de gens qui parlaient langues étranges auxquelles je ne pigeais goutte. Et j'étais heureux de n'y rien entendre. Bientôt, je volerai votre caraque. Je redoute, je crois, d'avoir manqué quelques paysages avant ma mort. La perspective de retourner m'enfermer dans une enceinte à regarder pousser les plantes dans des pots me rend gris d'avance. J'ai marché pendant vingt ans presque, et il y a tant que je n'ai pas encore vu, ou senti. J'espère que la blonde voudra bien faire partie du voyage. Si non, je sais qu'elle me laissera aller seul. J'espère que cette question ne se posera pas. Je sais lire entre les lignes aussi — un peu. Restez bienveillante avec vous-même, puisque la danoise est loin. Et attentive.

Je paierai toutes les tournées de ma poche,

    J

* Un petit pochon en cuir lacé, recelant de la poudre d'écorce sombre, et ce petit mot :*

Pour la peine, dans la pipe.

_________________
Andrea_
Citation:
Limoges, le 25 Août 1469.

    Qu'gnon, Qu'gnon du bois,
    Pour la mer, pour la mer,
    Qu'gnon, Qu'gnon du bois, pour la mère de Nicolas


De Tarbes en passant par Pau, vous voilà à Mimizan depuis plusieurs jours, ainsi donc après la mer voilà l'océan. J'espère que cette pause n'est que pour le plaisir et qu'il ne s'agit pas d'une faiblesse de la Danoise. Je pense souvent à Elle en ce moment, et je sais qu'il sera dur de la revoir, elle, gravide, portant la vie et préparant la venue prochaine de votre merveille.
Vous serez un père merveilleux, et même si Hazel n'a pas eu le loisir de jouir de vos bras depuis sa naissance, je sais que vous serez infaillible cette fois. Et ce n'est pas faillir que de visiter les contrées lointaines dont vous rêvez, on peut partir, quand on sait revenir.
Mon bateau est votre, et si l'envie vous prenait de vous échouer à son bord, je vous prie de l'abandonner et de me revenir entier. Ça sera là ma seule condition. Vous aurez seulement besoin de moi pour embarquer, il est de bon aloi que le nouveau capitaine soit invité par l'ancien. Et nous boirons un coup, et je vous désamarrerai, et je pleurerai à chaudes larmes votre départ.
Là, vous savez tout.

Vos songes ont la bougeotte -et je ne parle pas des roulis de votre amazone-, il est grand temps que vous preniez le large. Je ne suis pas experte, mais je sais que les sens sont exacerbés dans les rêves aussi celui restera dans votre esprit jusqu'à ce vous le viviez éveillé.
Voyez, vous rêvez d'ailleurs quand je rêve d'ici.

Merci pour la pipe, elle n'attend plus que la peine. Il semble qu'il me faille reprendre un peu de force avant de jouer avec.
Je me languis de vous et espère vous voir avant de prendre la route,
Si vous vous perdiez, sachez qu'il faut virer à l'est après Bordeaux, continuer tout droit pendant quatre ou cinq jours, et je serai là à vous attendre, vous n'aurez plus qu'à payer la note.

    D.


P.S. : Le paysage est important, mais jamais autant que les personnes que vous greffez dedans.
P.S. : Vous savez ce qui est le plus important entre le voyage et la destination?
C'est la compagnie.

_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Citation:
La Tête-de-Bûche, le 25 août 1469.

    Croûton, qui avait perdu ses pieds,
    Et retrouve quelques teintes rimées,
    En gage d'amitié.

    Croûton loin de sa mie,
    Et du Quignon de sa mie,
    Qui j'espère — sans en douter
    N'est pas seule.

Je souhaite que votre décision ait allégé votre esprit sans creuser une nouvelle peine dans vos entrailles — comme celles qu'on sent lorsqu'on croirait douiller aux doigts qui ne sont plus là, mais encore nerveux et sensibles. Vous savez sans doute de quoi je parle. Je n'aurais pas d'autres morts mots à écrire sur votre choix. J'ai grandi aux côtés d'un homme qui en faisait une part de son commerce. Et salement. Vous n'ignorez pas que mon oreille est, sera, vôtre, si vous cherchez écoute (et si vous l'ignoriez voilà manque réparé).

L'image de vous en train de sangloter — à chaudes larmes — sur le quai de notre départ m'a tout de même fait marrer. La dernière vision que vous m'offririez serait un sourire, et vous y auriez intérêt. C'est un truc d'oiseaux qui préfèrent se fracasser aux barreaux de leur cage jusqu'à croire qu'ils sont enfin libres. Et ni vous ni moi n'aimons les au revoir. Rien n'étant acté, vous avez raison : concentrons-nous sur la revoyure.

Figurez-vous que je mène le bal des routes, et si je touche la Grande Moule de n'avoir pas croisé sur les routes des personnes manifestant un désir violent de s'emparer des affaires des autres — c'est une manière classe de dire : brigands — c'est bien moi qui ait décidé de faire une halte sur Bordeaux. Quand reviendrons-nous ? Sans doute lorsque les premiers jours de septembre poindront le bout de leur nez.

Et peu à peu ce sera l'automne, et même si j'y souris moins qu'au petit mois d'avril, c'est une lumière qui me rend heureux.

À bientôt.
J'ai le cœur serré de ne pas être là, et je suppose que la danoise l'aura aussi.

    J

Post-scriptum : Dites ça à un gars qui a tracé la route seul pendant plus de quinze piges. Aujourd'hui, je vous donnerais davantage raison qu'à l'époque. Mais quand on a un caractère à toujours vouloir apercevoir ce qu'il y a derrière la colline… enfin merde, ce monde est rempli de collines.

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Jhoannes
Citation:
Bordeaux, le 5 septembre 1469.

    Croûton tonton,

J'ai croisé un dragon noir grosse tache d'eau de vie qui noie l'encre cherche sa mie de pain avec des pains. Je souffle ma poudre de perlimpinpin peut-être ça va pas suffire. Attention gros chien.

    J c'est moi

Post-cirptmu : Astnana m'a mis un oeuf sur le cul parce qu'on s'aime.

_________________
Andrea_
Citation:
Limoges, le 5 septembre 1469.

    Johannes,


Partez. Quand vous serez en capacité de lire ce message, et bien avant d'être remis de votre cuite : PARTEZ.
Vous prenez votre femme, votre fille, et vous vous CASSEZ de Bordeaux.
Revenez à la maison Johannes, et faites le TOUT DE SUITE.

    Andréa.


P.S. : Je ne veux rien savoir de vos pratiques avec Astana, parce que JE connais celles de Vran et je vous demande SEULEMENT de PARTIR.
P.S. : Cessez de lire et QUITTEZ Bordeaux.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Andrea_
Citation:
Limoges, le 14 septembre 1469.

    Johannes,


J'espère que vous en êtes en vie.
J'espère vraiment, parce que là, tout de suite, j'ai tellement envie de vous achever de mes m..
Chaque jour sans nouvelles de vous m'inquiète un peu plus. Je compte les jours, et espère chaque matin vous voir passer les portes de la ville. Fantine m'a indiqué que vous aviez quitté Bordeaux voilà plusieurs jours.
J'espère que vous profitez simplement d'un arc en ciel avec vos deux femmes.

Ne me laissez plus jamais sans nouvelles aussi longtemps,



    Andréa.


P.S. : Limoges vous attend.

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*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
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