Vran
... Enfin non, il s'appelle Mog, mais tu saisis l'idée.
C'est toujours sympa, le tournoi de Genève. Tournoi qu'on devrait renommer tournoi de Fribourg d'ailleurs. Ou même tournoi de Morat. Parce que c'est précisément dans ce coin là que des individus venus de tous les royaumes viennent se mettre joyeusement sur la mouille. A Morat. Vraiment, on dit tournoi de Genève plus par tradition qu'autre chose. Mais je vous pose la question: qu'est-ce que la tradition? Un ensemble de règles visant à garantir le maintient du vivre ensemble traduites sous formes d'us et de coutumes? Le reliquat d'un contrôle qui échappe inexorablement des doigts des anciennes générations incarnant la peur du changement? Ou encore la simple répétition d'actes anodins qui par le fruit d'un hasard capricieux se seront retrouvés longtemps conservés par l'Histoire? Faut-il s'y accrocher comme un marin s'agrippe à la barre en pleine tempête? Convient-il de les éliminer afin de protéger nos enfants d'enseignements obsolètes? Ou bien la solution se situe-t-elle entre les deux, une zone grise dans laquelle on prend le temps de comprendre chaque tradition pour ensuite choisir entre celles qui ont encore un intérêt, et celles qui ont perdu toute utilité? Si vous avez une réponse, n'hésitez pas à m'en faire part via message personnel.
Tout ça pour dire que le tournoi de Genève, c'est pas à Genève. Et ce tournoi, clairement, Vran commençait à se dire qu'il n'avait pas assez de chance pour y participer. Deuxième essai pour lui. Le premier, l'année dernière, il a été éliminé dès le premier tour. Des gens qui cognent comme des bufs lui sont tombé dessus, sur lui et sa partenaire. Il avait eu l'impression de se manger une charrette dans la trogne, et s'était retrouvé renvoyé illico à Fribourg, dans un lit et convalescent. En même temps, se mettre en équipe avec une jeune fille de quatorze ans, fraîche et innocente, c'était peut-être pas la meilleure idée qu'il ait eu. La seconde, celle-ci donc... Eh bien il s'était fait chier. Le premier soir, ils -Vran et Jurgen- n'avaient fait qu'entendre des bruits de lutte venant d'un peu partout. Mais à chaque fois qu'ils essayaient d'en atteindre les lieux d'origine, ils ne trouvaient rien. Ils n'étaient tombés que sur un groupe, et ce dernier était parvenu à les repousser. Et personne ne les avait attaqués. Second soir, pareil. A la seule différence que cette fois, un groupe leur tomba dessus, mais ils les avaient renvoyés d'où ils venaient. En somme, ils ressortait de ce tournoi avec un score limité, ennuyés, mais intactes et munis de leurs bourses. La vacherie.
Entre deux nuits de presque baston, Vran s'était retrouvé à discuter avec Andréa. Oui, encore, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Ça n'avait pas été la seule, on s'en doutera. L'une de ces conversations, avant le tournoi, avait eu le don d'encore plus retourner le cerveau du truand. Et d'en retourner le cur également, par extension. Ou l'art et la manière qu'a la Colombe de dire des choses, sans vraiment les expliqués, par bouts décousus, et en plus de s'étonner qu'on y comprend rien. Il s'était donc retrouvé comme un con, avec plus de questions encore, mais toujours sans réponses. Et ça avait le don de l'énerver. Elle lui avait répété à plusieurs reprises qu'il ne devait pas faire de supposition, mais plutôt lui demander les informations. Et quand il le faisait, elle le perdait encore plus, et se payait parfois même le luxe de partir après une demi réponse mystérieuse.
Mais c'est bien de la dernière discussion, celle d'entre deux nuits, dont nous allons nous emparer cette fois. Chiasse avait formulé la volonté de prendre Mog avec elle, pour son voyage de retour. Car ils ne rentraient pas ensemble, résultat de la première conversation mentionnée.
Et je sens que c'est le moment de vous parler de Mog, qui jusque là n'a été que mentionné. Mog, c'est un chien, un mâtin espagnol. Il est encore jeune -on en est à six mois si je ne m'abuse-, et terriblement mignon. A l'origine, c'était un cadeau qu'il avait fait à Andréa, lorsqu'ils étaient encore mariés. Ce cadeau là avait eu un goût amer, puisque le temps que la bête ne lui parvienne, Archibald avait eu vent du désir de Colombe d'avoir un chien, et avait pris les devants afin de s'attirer ses faveurs. Ensuite, il s'est avéré que Vran appréciait l'idée d'élever et dresser un chien, ce qui fit qu'il était plus ou moins le seul du couple à s'en occuper. Résultat, quand leur histoire tourna au vinaigre, après sa mort, il récupéra le chien, qui de toutes façons semblait plus enclin à rester avec lui. Et ils devinrent inséparables. Corvidé avait démontré un certain talent dans l'élevage de chien, qui couplé à l'intelligence propre à la race à laquelle Mog appartient, donnait un animal obéissant qui apprenait vite. Un futur gardien, destiné à devenir particulièrement imposant.
Bien que Vran l'ait récupéré, Mogriave -son nom à l'origine- gardait un amour pour Andréa, qui le lui rendait. Il arrivait régulièrement qu'il le lui confie, pour une journée. Mais cette fois, elle demandait bien plus. Elle le voulait pour l'entièreté de son voyage, soit environ une vingtaine de jours s'il avait bien compris. Il avait réfléchit, puis avait accepté, non sans donner tout un tas de consignes. Déjà parce qu'il tenait à la sécurité de son chien, et ensuite parce qu'il ne voulait pas que Colombe ne foute en l'air un dressage qui prenait du temps. Mais il avait accepté.
D'ailleurs il avait aussi accepté de transporter son barda. Pire, il s'était proposé. Et il y avait une raison bien précise à cela. Il voulait avoir une raison de la voir au moins une fois avant de, peut-être, se séparer pour un moment.
C'est donc une fois de retour à Fribourg -les petits malins attentifs verront que j'avance un peu dans le temps: balec!- et après avoir récupéré le bestiau auprès de Golshifteh -je crois- qu'il se présenta là où Andréa avait élu domicile provisoire. Et c'est trois coups qui résonnèrent avec force sur le bois de la porte. Bonjour, avez vous entendu parler de notre seigneur, Mog?
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C'est toujours sympa, le tournoi de Genève. Tournoi qu'on devrait renommer tournoi de Fribourg d'ailleurs. Ou même tournoi de Morat. Parce que c'est précisément dans ce coin là que des individus venus de tous les royaumes viennent se mettre joyeusement sur la mouille. A Morat. Vraiment, on dit tournoi de Genève plus par tradition qu'autre chose. Mais je vous pose la question: qu'est-ce que la tradition? Un ensemble de règles visant à garantir le maintient du vivre ensemble traduites sous formes d'us et de coutumes? Le reliquat d'un contrôle qui échappe inexorablement des doigts des anciennes générations incarnant la peur du changement? Ou encore la simple répétition d'actes anodins qui par le fruit d'un hasard capricieux se seront retrouvés longtemps conservés par l'Histoire? Faut-il s'y accrocher comme un marin s'agrippe à la barre en pleine tempête? Convient-il de les éliminer afin de protéger nos enfants d'enseignements obsolètes? Ou bien la solution se situe-t-elle entre les deux, une zone grise dans laquelle on prend le temps de comprendre chaque tradition pour ensuite choisir entre celles qui ont encore un intérêt, et celles qui ont perdu toute utilité? Si vous avez une réponse, n'hésitez pas à m'en faire part via message personnel.
Tout ça pour dire que le tournoi de Genève, c'est pas à Genève. Et ce tournoi, clairement, Vran commençait à se dire qu'il n'avait pas assez de chance pour y participer. Deuxième essai pour lui. Le premier, l'année dernière, il a été éliminé dès le premier tour. Des gens qui cognent comme des bufs lui sont tombé dessus, sur lui et sa partenaire. Il avait eu l'impression de se manger une charrette dans la trogne, et s'était retrouvé renvoyé illico à Fribourg, dans un lit et convalescent. En même temps, se mettre en équipe avec une jeune fille de quatorze ans, fraîche et innocente, c'était peut-être pas la meilleure idée qu'il ait eu. La seconde, celle-ci donc... Eh bien il s'était fait chier. Le premier soir, ils -Vran et Jurgen- n'avaient fait qu'entendre des bruits de lutte venant d'un peu partout. Mais à chaque fois qu'ils essayaient d'en atteindre les lieux d'origine, ils ne trouvaient rien. Ils n'étaient tombés que sur un groupe, et ce dernier était parvenu à les repousser. Et personne ne les avait attaqués. Second soir, pareil. A la seule différence que cette fois, un groupe leur tomba dessus, mais ils les avaient renvoyés d'où ils venaient. En somme, ils ressortait de ce tournoi avec un score limité, ennuyés, mais intactes et munis de leurs bourses. La vacherie.
Entre deux nuits de presque baston, Vran s'était retrouvé à discuter avec Andréa. Oui, encore, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Ça n'avait pas été la seule, on s'en doutera. L'une de ces conversations, avant le tournoi, avait eu le don d'encore plus retourner le cerveau du truand. Et d'en retourner le cur également, par extension. Ou l'art et la manière qu'a la Colombe de dire des choses, sans vraiment les expliqués, par bouts décousus, et en plus de s'étonner qu'on y comprend rien. Il s'était donc retrouvé comme un con, avec plus de questions encore, mais toujours sans réponses. Et ça avait le don de l'énerver. Elle lui avait répété à plusieurs reprises qu'il ne devait pas faire de supposition, mais plutôt lui demander les informations. Et quand il le faisait, elle le perdait encore plus, et se payait parfois même le luxe de partir après une demi réponse mystérieuse.
Mais c'est bien de la dernière discussion, celle d'entre deux nuits, dont nous allons nous emparer cette fois. Chiasse avait formulé la volonté de prendre Mog avec elle, pour son voyage de retour. Car ils ne rentraient pas ensemble, résultat de la première conversation mentionnée.
Et je sens que c'est le moment de vous parler de Mog, qui jusque là n'a été que mentionné. Mog, c'est un chien, un mâtin espagnol. Il est encore jeune -on en est à six mois si je ne m'abuse-, et terriblement mignon. A l'origine, c'était un cadeau qu'il avait fait à Andréa, lorsqu'ils étaient encore mariés. Ce cadeau là avait eu un goût amer, puisque le temps que la bête ne lui parvienne, Archibald avait eu vent du désir de Colombe d'avoir un chien, et avait pris les devants afin de s'attirer ses faveurs. Ensuite, il s'est avéré que Vran appréciait l'idée d'élever et dresser un chien, ce qui fit qu'il était plus ou moins le seul du couple à s'en occuper. Résultat, quand leur histoire tourna au vinaigre, après sa mort, il récupéra le chien, qui de toutes façons semblait plus enclin à rester avec lui. Et ils devinrent inséparables. Corvidé avait démontré un certain talent dans l'élevage de chien, qui couplé à l'intelligence propre à la race à laquelle Mog appartient, donnait un animal obéissant qui apprenait vite. Un futur gardien, destiné à devenir particulièrement imposant.
Bien que Vran l'ait récupéré, Mogriave -son nom à l'origine- gardait un amour pour Andréa, qui le lui rendait. Il arrivait régulièrement qu'il le lui confie, pour une journée. Mais cette fois, elle demandait bien plus. Elle le voulait pour l'entièreté de son voyage, soit environ une vingtaine de jours s'il avait bien compris. Il avait réfléchit, puis avait accepté, non sans donner tout un tas de consignes. Déjà parce qu'il tenait à la sécurité de son chien, et ensuite parce qu'il ne voulait pas que Colombe ne foute en l'air un dressage qui prenait du temps. Mais il avait accepté.
D'ailleurs il avait aussi accepté de transporter son barda. Pire, il s'était proposé. Et il y avait une raison bien précise à cela. Il voulait avoir une raison de la voir au moins une fois avant de, peut-être, se séparer pour un moment.
C'est donc une fois de retour à Fribourg -les petits malins attentifs verront que j'avance un peu dans le temps: balec!- et après avoir récupéré le bestiau auprès de Golshifteh -je crois- qu'il se présenta là où Andréa avait élu domicile provisoire. Et c'est trois coups qui résonnèrent avec force sur le bois de la porte. Bonjour, avez vous entendu parler de notre seigneur, Mog?
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