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[RP] Rien ne fonctionne quand le cœur n'y est plus.

Vran
Ce sont les bouts de mon cœur brisé qui blessent.


Limoges. Ville de tous les vices. Ville de toutes les rumeurs. Ville que même les sordides et les corrompus ne supportent que temporairement. Ce jour là, quand on sort, on peut aisément oublié où l'on se trouve. Il fait beau. Le soleil donne au manteau de neige qui recouvre le pays un éclat qui éblouira la rétine la plus sensible. Il fait froid. Mais il fait beau. Il fait froid. Mais tout est laid. Car la rétine est trop sensible.
Au milieu des rues, entre les maisons, il déambule. Difficilement, puisque sa blessure est encore fraîche. Le pas n'a pas l'assurance de celui qui a un but. Cet homme là ne fait qu'errer. Il erre, mais il a un cap. Il erre vers l'extérieur. Il s'éloigne tranquillement de la civilisation. Bientôt il aura passer la porte de Limoges la dépravée.

Vran. Ceux qui auront suivi ses aventures et mésaventures auront probablement récupéré par ci par là quelques bouts de sa vie et de son caractères. Il semble cependant, pour cette fois, important de mieux connaître cet homme là.

Il a vingt quatre ans. Il est jeune. Il a pas mal vécu, pourtant. Et surtout, son existence s'est faite pour la majorité dans la violence. C'en est presque triste. Car voyez-vous, son caractère de base n'a rien de mauvais, et il aurait pu devenir un homme bien différent, fut-il né dans un cadre différent. Enfant, tout ce que Vran souhaitait, c'était la liberté. Cependant, ce n'est pas une chose à laquelle on accède aisément, lorsqu'on est fils de fermiers. Surtout quand ceux-ci sont très religieux. Ainsi, sa soif de liberté se traduisit d'abord par des expéditions, puis par de menus larcins. Et rapidement, sa soif de liberté fut punie par la violence. Quand ses géniteurs décédèrent, il put enfin aller là où il le souhaitait. Il était jeune, il avait tant à découvrir. Quand on est jeune, est qu'on est lâché sans rien sur les routes, la découverte et l'apprentissage se fait bien souvent dans la violence. On devient meilleur. Ou on meurt. Lui, il avait survécu. Dans la violence. Il avait appris à survivre par la violence.
Puis il découvrit l'amour. Il y a une nuance importante à noter ici. Il a découvert l'amour. Il a découvert l'existence même de ce sentiment, qui pour lui n'avait été jusque là qu'un mot vide de sens qu'il avait pu entendre ça et là. Et pourtant, pour la première fois, son cœur s'était mis à battre pour quelqu'un d'autre. Ce n'était pas le battement qui s'accélèrent quand la maréchaussée semble se rapprocher dangereusement de sa cachette. Ce n'était pas la pulsation effrénée qui cogne le thorax quand un colosse énervé se rapproche de manière menaçante. C'était autre chose. Peu de temps après, il découvrait également la déception amoureuse. Le cœur qui s'emballe à l'idée de perdre un être cher.
Il fut amoureux une seconde fois. Il fut marié, même. Ce fut encore plus fort. La déception qui suivit le fut encore plus. Il avait goûté à la trahison. La vraie.

C'est là qu'on en est.

Les portes de la ville sont désormais derrière lui, il arpente maintenant la route, seul. Il erre, mais il a bien un but.
Il a vingt quatre ans. Il est jeune. Il a pas mal vécu, pourtant. Mais il n'a pas été préparé à ce genre d'épreuve. Il a tout donné, puis il a tout perdu. Sa confiance, denrée rare, a été brisée. Son amour, abondant, lui a été renvoyée à la figure. Un carreau lui a transpercé l'abdomen, mais c'est son cœur qui souffre le plus.
Ses pas l'éloignent de la route, et Vran s'enfonce dans les bois.

Vran. Il porte le nom du héros d'une légende oubliée. Lui aussi, sera oublié. Ce n'est pas grave. Il ne craint pas l'oubli. Au contraire. Il y voit une forme de réconfort.

C'est au bout de quelques minutes de marche entre les arbres qu'il trouve une petite clairière. Il a froid. Mais il n'en a cure. Il fait beau. Mais il ne le voit pas. Tout est laid. Mais ça n'aura bientôt plus d'importance.
Le dos contre un arbre, il se laisse glisser jusqu'à être assis. Il observe sa main gauche un instant. Un bandage entoure cette dernière, protégeant la plaie sanglante, là où se trouvait encore il y a peu son annulaire. Le doigt avait été sectionné à la base. Plus tôt dans la journée, il l'avait mis dans une petite boîte, et l'avait fait envoyer. Le doigt était recouvert d'un tatouage. Un serpent. Mais celui qui en connaissait l'histoire décèlera sans doute facilement, camouflé dans l'ondulation du réptile, un trait qui entourait l'annulaire. Une alliance. Le colis avait été confié à un messager. Sous peu, Andréa devrait le recevoir, sans aucun mot pour l'accompagner.

Le regard ne quitta pas la main gauche, quand la dextre alla se saisir du couteau rangé à la ceinture.

Ceux qui ne sont pas concernés par ce sentiment bien souvent ne comprennent pas le désir de mourir. Ce n'est pas une envie qui frappe d'un coup au réveil. Non. C'est beaucoup plus insidieux. On est en train de vaquer à ses occupations, et on se rend compte soudainement que depuis quelques minutes, on s'imagine mettre fin à ses jours. On secoue la tête, on arrête de penser à ce genre de sottise. Puis on y repense. Toujours lorsqu'on s'y attend le moins. Un silence, un manque d'attention, et la petite voix résonne. Et si c'était mieux? Plus la lassitude s'installe, plus il y a de silence. Plus il y a de silence, plus la voix en profite. Et si c'était mieux? Et plus on écoute la voix, plus on se lasse. Soit on parvient à briser le cercle vicieux, soit on devient trop las pour résister à cette voix. Et si c'était mieux?

Il a vingt quatre ans. Il est jeune. Il a pas mal vécu, pourtant. Et il en a assez vu.

La pointe du couteau se pose sur le poignet gauche, et trace un sillon écarlate de bas en haut, jusqu'à la paume. Puis la lame tombe au sol.
Ce n'était qu'un corps qui mourrait, aujourd'hui. Vran se sentait mort déjà avant. Il avait tenté de se forcer à vivre. A aller mieux. Ne serait-ce que par fierté. Pour dire qu'il survivrait à tout. Pour enterrer tout le monde. Pour faire savoir que personne ne pouvait l'abattre. Mais il avait échoué. Le visage, curieusement apaisé, se releva. La tête s'appuya contre l'écorce, et le regard se mit à contempler le ciel bleu. Il repensait à ce qu'il avait vécu. A Andréa. Il était incapable de lui pardonner sa trahison. Il s'était rendu compte qu'il était tout aussi incapable de vivre sans elle. La solution lui avait parue logique, finalement.
Ça avait été court. Ça avait été intense. Un vertige, puis le silence. Une étoile qui brûla fort avant de s'éteindre dans l'obscurité, aussi vite qu'elle s'était allumée.

Sa respiration se fait de plus en plus lente au fur et à mesure que la vie s'échappe inexorablement de son corps.

Vran avait choisi une clairière dans les bois car il ne voulait pas être dérangé. Il ne voulait pas être sauvé. Peut-être qu'on le retrouverait facilement. Ou peut-être que ceux qui le connaissaient mettraient du temps à apprendre son suicide. Peu lui importait. C'était un acte égoïste. Mais n'y a-t-il pas des moments, dans la vie, où on se doit d'être égoïste? Oui, il y aurait peut-être des gens pour le pleurer. Cet acte était violent pour ceux-là. Ils le jugeront, certainement, d'avoir opté pour la lâcheté. Ils lui en voudraient probablement d'avoir fait ce choix là. Mais c'était le sien.

Ces considération ne l'intéressent plus, désormais. Vran est déjà mort.



Voilà qui est fait. Vran est mort. Merci aux joueurs avec qui j'ai joué, c'était bien.
Chacun est libre de participer à la suite, bien entendu.
Bon jeu!

_________________
Andrea_
Ça avait été court. Ça avait été intense. Un vertige, et le silence.
J’ai toujours cru que j’apprendrais de mes erreurs. Qu’à force d’expériences, qu’à force d’avoir le nez dans la fange je finirais par me lasser et que j’essaierais autre chose. Il se trouve qu’à force d’avoir le nez dedans, moi, je me suis habituée à l’odeur.
J’ai jamais rien eu à foutre des considérations des uns et des autres, parce que j’ai compris depuis longtemps que si quelqu’un n’a pas envie de parler, il ne le fera pas. Que s’il n’a pas envie de savoir, il ne saura pas. Que s’il ne veut pas apprendre, il n’apprendra pas. Alors la vie des uns et des autres, j’en avais un peu rien à fiche : jusqu’à ce que ça touche les gens que j’aime.
Vran, c’est l’histoire d’un mec qui a tellement de choses qui tournent dans la tête, qu’on se demande comment il fait pour vivre dans un seul corps, qu’on se demande même comment il fait pour vivre, tout court. A l’affût de tout. Le moindre geste. La moindre posture. Le petit mot que l’on rajoute en fin de phrase. L’intonation qui change entre deux mots. Le tressautement de l’œil, le rétrécissement de la pupille, le souffle qui vrille. Il notera le moindre changement de vos corps. Plus vous essayerez de le cacher, plus vous tenterez de l’esquivez, plus il le remarquera.
Certains diront que c’est de l’intuition, d’autres iront jusqu’à accuser une puissance magique ou je ne sais quoi de trop spirituel. La vérité est bien plus terre à terre, comme il l’était. Curieux. Observateur. Putai’nement intelligent.

Au jeu des plus malins il venait de gagner, et je ne le savais pas encore.

Moi, j’avais fui Limoges depuis plusieurs jours. Je n’avais pas honte de ce que j’avais fait, je vivais pour ne jamais avoir de regrets. Je vivais chaque chose avec la force du débutant, éternellement amoureux comme on l’est à quinze ans. Comme on l’est à quinze ans, ou rien. J’avais besoin de cœur qui bat la chamade, de regards qui se cherchent et de souffles qui se mêlent. J’avais besoin de m’abandonner dans d’autres bras, pour savoir avec quelle force je tenais à ceux d’avant.
J’avais quitté Limoges, pas par peur. Je n’avais jamais eu peur de Vran. Pourtant j’avais entendu des ragots, des histoires, des coups de folie qui s’emparaient de Lui quand il connaissait la vérité et qu’on s’entêtait à lui dire l’inverse. J’avais souvent cherché à les déclencher, à voir la bête s’emparer de l’homme. Je voulais voir qui il était vraiment quand plus rien ne le retenait. Vran, c’était une succession d’hommes qu’il fallait faire tomber pour découvrir celui qu’il était vraiment. D’abord celui qui se fiche de tout. Celui qui est un connard. Celui qui fixe d’un bleu sombre en espérant qu’on voit qu’il faut encore creuser pour découvrir… Celui qui aime. Qui offre. Qui se contient. Et la violence faite homme.
J’avais quitté Limoges, parce que je savais que sous ce dernier homme, il y avait le vrai. Le vrai Vran. Celui qui souffre et qui ne sait pas l’expliquer autrement qu’avec des coups et des mots violents. J’avais bêtement cru qu’avec du temps, beaucoup de temps, et de la patience, j’aurais réussi à lui faire comprendre que tout n’est pas ni tout noir, ni tout blanc, mais qu’il existe une nuance de gris faite de compromis. Qu’on peut aimer, et s’abandonner ailleurs. Qu’on peut aimer peut être, plusieurs personnes à la fois. Et que ce n’est pas moins beau, et que ce n’est pas moins fort. Mais qu’en parlant on arrivait à tout, quand on le voulait vraiment.
Est-ce que je le voulais vraiment ? J’en sais rien. Est-ce qu’il le voulait vraiment ? Je n’en saurais plus rien, car dans quelques minutes, alors que j’approchais bientôt de Limoges, un messager viendrait à ma rencontre pour me donner ce qui m’était adressé.

Il se dit que les plus belles passions sont les plus éphémères, je crois que je ne me suis jamais vraiment posée la question. J’avais des choses à vivre, je les vivais. Je prenais, prenais, et prenais encore en offrant ce que je pouvais en retour. Quand c’était assez, ça durait, quand ça ne suffisait plus, je partais.
Il se dit que lorsqu’on perd quelqu’un que l’on aime, que l’on aime vraiment, on le ressent. Que la mort abandonne un corps pour venir hanter le second qui instantanément sait ce qui est arrivé. Moi, j’avais rien senti jusqu’à découvrir l’annulaire de mon Brun. Il y a quelques jours j’aurais probablement sourit en me disant que c’était un idiot, que j’avais déjà perdu deux de mes doigts et que c’était bien assez. A vrai dire, s’il n’y avait pas eu ce nouveau tatouage autour de notre alliance, je serai probablement restée sur l’idée que c’était un bel enculé et qu’il avait la sa revanche.
Mais il y avait ce serpent qui n’effaçait qu’à moitié l’anneau que Jurgen nous avait gravé quelques semaines après notre mariage. Alors tout va très vite, et c’est d’ailleurs très difficile de vous décrire ici le cheminement qui fait que j’ai compris qu’il était arrivé quelque chose de grave. Il avait essayé. Il avait essayé d’effacer cette trace de Moi sur Lui. Mais même ce satané serpent n’avait pas réussi. Ça n’avait pas suffit.

Et puis tout est noir.
Tout est froid.
Tout est urgence.
Rejoindre Limoges. Ouvrir à la volée les tavernes qu’il fréquente. Chercher les amis, les connaissances. Demander aux marchands, aux inconnus. Secouer des mendiants, menacer des curés. Perdre tout sang froid. Toute cohérence. Toute capacité à penser. Jusqu’à ce que vienne à moi un gamin. Il me semble qu’il a parlé, mais je ne voyais rien, rien d’autre que ce doigt qu’il tendait vers la forêt.
Tu sais, je ne me suis jamais demandé s’il était loin, s’il était parti chasser, ou simplement parti se balader, je savais, au fond de moi que la fin était arrivée et que je n’y pourrais rien changer. Parce que Vran n’est pas de ceux qui tendent la main en espérant qu’on les aide. Vran, c’est celui qui passe d’un monde à l’autre sans faire de vagues.

J’avais rejoint Limoges, parce que j’avais peur. Pas de Lui, mais de ce que je trouverai.
C’est d’abord ta main, que j’ai vu, dépassant de cet arbre. C’est ta main, que j’ai vu, et avant même de voir la mare carmine dans laquelle elle reposait, je savais que tu n’étais plus. Je n’avais plus besoin de me presser. Plus envie de le faire. Pourtant j’avançais vers Toi. Jusqu’à Toi. Jusqu’à ce que d’une main tremblante je vienne caresser ta joue. Jusqu’à tes lèvres, une pluie de baisers plus ou moins violents jusqu’à ce dernier qui n’en finit pas. Qui n’en finit pas, parce que ça doit continuer.

J’ai souvent eu le nez dans la fange, et je pensais m’être habituée à l’odeur, mais je peux te jurer qu’au crépuscule de notre histoire, jamais encore, je n’avais eu de regrets.

Je vais bouger, je te le promets. J’irais probablement prévenir les autres, ou alors je partirai loin. Peut être que je serai aussi lâche que toi et qu’ils n’auront pas d’autre choix que de nous enterrer tous les deux. Peut être. Je vais bouger, je te le promets.
Mais cette histoire c’est la nôtre, et je ne suis pas encore prête à te dire Adieu.

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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
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