Andrea_
Ça cétait terminé salement. Un coup sang plus fort quun autre, une main qui sécrase sur une joue, et la mienne en écho, la porte claque. Et puis cest tout.
Et puis cest tout. Plus un mot. Plus un geste. A peine quelques pensées, parfois, quand les nuits sont trop courtes et les journées trop longues. Pas une missive, pas même pour se cracher au visage ce quon navait pas encore salivé sur le front de lAmour. Pas un mot, pendant des mois.
A peine quelques mots échangés en Artois avant que chacun ne reprenne sa vie de son côté, comme si linterlude navait jamais eu lieue, comme si lhistoire navait jamais été écrite. Comme si les peaux ne sétaient jamais touchées. Les curs aimés. Les corps scellés. Comme si tout ce qui avait existé avait été inventé, enjolivé pour finalement se réveiller un beau matin en se disant que cétait bien, mais que cétait fini.
Je navais pas oublié les prémices du réveil. Quand le corps se réveille doucement, que les cris reviennent hanter la douceur des sentiments. Je nai pas oublié lamertume des mots, la violence des gestes. Et même si jétais trop fière pour lavouer, javais moi aussi ma part de responsabilités dans cette affaire. Il mavait fallu plusieurs mois pour comprendre quil avait raison, sur le fond. Et dautres mois, encore, pour que ma fierté le digère. Je suis, je crois, aujourdhui prête à le formuler, à voix haute. Sans faux semblant. Sans ronds de jambes, sans soupirs. Sans sous entendre. Dire simplement ce que je nai jamais dit encore. Tu sais, jai toujours pensé que le mot le plus difficile à dire cétait anticonstitutionnellement à écrire aussi, au passage-, mais en vérité, cest dire « pardon », qui est compliqué. Surtout quand on le pense.
Jaurais bien aimé vous dire que ce « pardon », je le formulerais là où tout avait commencé. Mais Snagov cétait putainement loin et surtout, Il ny serait pas, Lui, et ça naurait donc aucun intérêt. Alors revenir en Béarn, cétait un peu mon échappée belle.
Tas déjà remarqué comme les souvenirs te reviennent dans la gueule quand tu ty attends pas ? Parce que moi, quand jai décidé de venir, javais dans lidée de passer les portes de Pau, et daller piquer façon de parler hein, je laurai payée- une miche de pain. Puis je me suis rappelée que fût un temps, y en a une qui a bien eu du mal à comprendre le prix du pain en fonction du prix du blé. Alors je me suis passée de pain.
Je suis passée devant Momas, me suis extasiée devant le jardin de la propriété. Jai même aperçu la niche quon mavait offerte. Je nai toujours pas de chien. Jai eu un sourire en me souvenant de cette semaine où Gilly et moi avions fait tourner les enfants en bourrique, à déambuler dans les couloirs en tenue dEve. Snagov. Ce mariage. Ce contrat. Cet enfant qui na jamais ouvert les yeux. Cette promesse. Cette alliance. Ces engueulades.
Le temps passe et annihile les ressentiments.
Je sais pourquoi je suis partie, et je ne cherche pas à oublier.
Alors quest ce que je fichais là ?
Bin jen sais rien. Mais jétais bien décidée à le découvrir.
Neuf. Neufs sons de cloche. Neuf heures.
Et la ferme intention de le trouver.
Et à défaut dune hirondelle pour annoncer le printemps, cest une Colombe qui sengouffre dans la taverne où Lui est entré un peu plus tôt. Il fallait doser lentrée, et lui laisser le temps dingurgiter suffisamment dalcool pour ne pas lentendre grogner. Une bourse fût posée sur le comptoir, alors que le pouce montrait la porte, le tavernier aura probablement compris que cest dehors quétait sa place, pour au moins une heure.
La main se pose sur le comptoir pour effleurer le bois, pulpe des doigts sensibles aux veinures dautrefois. Puis lindex et le majeur samusent sur le dossier dune chaise. La main se pose sur lépaule du Brun avant de prendre place à côté de Lui.
Bonjour, Gilly.
Prise de température cest la mode-, avant le grand saut.
_________________
Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Et puis cest tout. Plus un mot. Plus un geste. A peine quelques pensées, parfois, quand les nuits sont trop courtes et les journées trop longues. Pas une missive, pas même pour se cracher au visage ce quon navait pas encore salivé sur le front de lAmour. Pas un mot, pendant des mois.
A peine quelques mots échangés en Artois avant que chacun ne reprenne sa vie de son côté, comme si linterlude navait jamais eu lieue, comme si lhistoire navait jamais été écrite. Comme si les peaux ne sétaient jamais touchées. Les curs aimés. Les corps scellés. Comme si tout ce qui avait existé avait été inventé, enjolivé pour finalement se réveiller un beau matin en se disant que cétait bien, mais que cétait fini.
Je navais pas oublié les prémices du réveil. Quand le corps se réveille doucement, que les cris reviennent hanter la douceur des sentiments. Je nai pas oublié lamertume des mots, la violence des gestes. Et même si jétais trop fière pour lavouer, javais moi aussi ma part de responsabilités dans cette affaire. Il mavait fallu plusieurs mois pour comprendre quil avait raison, sur le fond. Et dautres mois, encore, pour que ma fierté le digère. Je suis, je crois, aujourdhui prête à le formuler, à voix haute. Sans faux semblant. Sans ronds de jambes, sans soupirs. Sans sous entendre. Dire simplement ce que je nai jamais dit encore. Tu sais, jai toujours pensé que le mot le plus difficile à dire cétait anticonstitutionnellement à écrire aussi, au passage-, mais en vérité, cest dire « pardon », qui est compliqué. Surtout quand on le pense.
Jaurais bien aimé vous dire que ce « pardon », je le formulerais là où tout avait commencé. Mais Snagov cétait putainement loin et surtout, Il ny serait pas, Lui, et ça naurait donc aucun intérêt. Alors revenir en Béarn, cétait un peu mon échappée belle.
Tas déjà remarqué comme les souvenirs te reviennent dans la gueule quand tu ty attends pas ? Parce que moi, quand jai décidé de venir, javais dans lidée de passer les portes de Pau, et daller piquer façon de parler hein, je laurai payée- une miche de pain. Puis je me suis rappelée que fût un temps, y en a une qui a bien eu du mal à comprendre le prix du pain en fonction du prix du blé. Alors je me suis passée de pain.
Je suis passée devant Momas, me suis extasiée devant le jardin de la propriété. Jai même aperçu la niche quon mavait offerte. Je nai toujours pas de chien. Jai eu un sourire en me souvenant de cette semaine où Gilly et moi avions fait tourner les enfants en bourrique, à déambuler dans les couloirs en tenue dEve. Snagov. Ce mariage. Ce contrat. Cet enfant qui na jamais ouvert les yeux. Cette promesse. Cette alliance. Ces engueulades.
Le temps passe et annihile les ressentiments.
Je sais pourquoi je suis partie, et je ne cherche pas à oublier.
Alors quest ce que je fichais là ?
Bin jen sais rien. Mais jétais bien décidée à le découvrir.
Neuf. Neufs sons de cloche. Neuf heures.
Et la ferme intention de le trouver.
Et à défaut dune hirondelle pour annoncer le printemps, cest une Colombe qui sengouffre dans la taverne où Lui est entré un peu plus tôt. Il fallait doser lentrée, et lui laisser le temps dingurgiter suffisamment dalcool pour ne pas lentendre grogner. Une bourse fût posée sur le comptoir, alors que le pouce montrait la porte, le tavernier aura probablement compris que cest dehors quétait sa place, pour au moins une heure.
La main se pose sur le comptoir pour effleurer le bois, pulpe des doigts sensibles aux veinures dautrefois. Puis lindex et le majeur samusent sur le dossier dune chaise. La main se pose sur lépaule du Brun avant de prendre place à côté de Lui.
Bonjour, Gilly.
Prise de température cest la mode-, avant le grand saut.
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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.