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[RP] Midnight sur les remparts

Jhoannes
 
    Cette nuit, Blondin a décidé qu'il irait aux putes pour faire une blague à son épouse.

D'entrée de jeu, ça sonne pas comme la meilleure idée du siècle, mais il a un pari à honorer. Davantage une bravade qu'un pari, à dire vrai, née six jours plus tôt lors d'un rencard bien romantique, à mater la voûte étoilée allongés côte-à-côte, sur les bords de la Vienne. C'est bien de prendre le temps de se donner des nouvelles, quand on est mariés. De faire le point sur ta vie, ma vie, notre vie, et surtout de commenter celle des autres. Faites pas chier, ils sont à Limoges, c'est couleur locale. Et sa Blondeur venait de jouer les ermites pendant deux jours, deux putain de jours entiers, à se noircir le museau dans sa forge et à se passer les nerfs en frappant sur du fer, insultant des embryons d'épée rougis par le feu alors qu'elle abbatait un marteau de rancoeur nordique sur la soie des lames, ou un truc du genre. Et puis une fois qu'il avait parlé des dernières nouvelles de la capitale, qu'il a totalement oubliées depuis, ils s'étaient dit ça :


ASTANA — Ah, j'en ai loupé des choses en deux jours...
JHOANNES — Déçue ?

Astana se marre un peu.

ASTANA — Même pas, c'est encore mieux d'apprendre derrière. J'ai l'impression d'avoir disparu un mois entier.
JHOANNES — Et encore, je traîne pas dans les coins huppés de la ville...
ASTANA — Moi non plus.

Jhoannes lui "plante" un doigt entre les côtes. Appuie à peine la pulpe sur le tissu, en vrai.

JHOANNES — Mais tout même, madame va à la Porcelaine parfois...

Astana lui en plante un en plein flanc, avec autant d'intensité que le coup qu'elle a reçu.

ASTANA — Quoi, c'est drôle parfois.
JHOANNES — ... et bourgement peuplé...
ASTANA — Je t'ai vu entrer dans le pire établissement bourgeois de la capitale.
JHOANNES — Lequel ?
ASTANA — Le bordel de Sancte.

Astana se marre franchement.
Jhoannes sourit large.


JHOANNES — La vue est belle.
ASTANA — Les putes aussi. Il a bon goût.
JHOANNES — Je te jure, d'en haut la vue est b... Raaa mais je vais pas dans ces étages.
ASTANA — Ha non mais. C'était une appréciation personnelle.
JHOANNES — T'es allée mater les putes de Sancte toi ?
ASTANA — Bien sûr.
JHOANNES — Oh bah.
ASTANA — Bah je les vois depuis les remparts. C'est collé.

Astana sourit franchement.

JHOANNES — ... donc au lieu de guetter l'horizon tu guettes les passes ? Joli.
ASTANA — Quoi les passes ! Non.
JHOANNES — Mouais mouais...
ASTANA — Non, je les regarde quand elles pensent qu'elles sont seules. Du coup. C'est vachement... joli, à voir. Ça apprend beaucoup quand elles maintiennent pas d'masque.
JHOANNES — Tu parles, ça doit pas être la joie. Quand tu sais les tarés qu'elles peuvent se coltiner. Et encore, ça reste un petit bordel.
ASTANA — Mais tu reconnais, celles qui sont rompues à ça et celles qui débarquent. Celles qu'ont des routines précises, celles qui sont bordéliques.
JHOANNES — Elles te voient jamais ?
ASTANA — Je m'attarde jamais. Un jour fatalement j'me ferai griller.
JHOANNES — T'aurais pas dû me dire ça. Je vais prendre une chambre exprès pour te faire une blague quand tu seras de garde. Juste pour te faire un grand salut à la fenêtre.

Astana étire un sourire.

ASTANA — Tu ferais ça ?
JHOANNES — Pour la beauté de la vanne ? Ouais.
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Astana
Cette nuit, comme quasiment toutes les nuits depuis des semaines qui se ressemblent toutes ou presque, Sa Blondeur Prévôté fait des allers-retours sur les remparts. Soirées sont occupées à guetter les vilains envahisseurs qui se risqueraient à attaquer la cité bourgeoise et pleine de malfrats de Limoges. Est-ce qu’elle a réellement besoin, d’être là ? Non. Mais la danoise est une control-freak femme qui aime à veiller à ce que les rouages soient bien huilés, à ce que les choses glissent. Veiller au grain, son dada. Avec le temps qui s’est adouci, les gaillards de la maréchaussée sont plus portés sur la déconnade. Leurs rires gras résonnent dans l’obscurité relative. Parfois, au gré de ses passages, les châsses grises s’attardent sur les derniers étages des Combes, épiant chacune des fenêtres. Et comme pour donner le change au petit groupe qui squatte à hauteur de fenêtres aux abords de l’établissement collé aux murs de la ville, des fois qu’ils en viendraient à se demander ce qu’elle matte, Sørensen balance une blague bien nulle. Pas celle de la tarte aux poireaux – parce qu’elle est collector – mais plutôt un truc comme :

- « Hé vous connaissez la blague de la chaise ? »
- « Huuuuu… non ? »
- « Qu’est-ce qu’elle est longue. »


Rire gras. Krkrkrkr. Voilà.

Inspection des carreaux finis, la danoise reprend sa marche. Tranquille. Sûrement pas pour ce soir. C'est qu'elle se souvient qu'ils s'étaient aussi dit ça :


    ASTANA — Au fait.

    Astana appuie une main à terre pour s'offrir une petite impulsion et se relève donc.

    JHOANNES — Hum ?

    Jhoannes la suit du regard.
    Astana fouille dans sa besace quelques instants, le temps de mettre la main sur un petit bout de papelard qu'elle lui tend. Dessus sont sûrement inscrits des jours. Rien que des jours. Qui correspondent au planning des gardes de la blonde. Sur les remparts.
    Jhoannes cligne, et s'empare du papier pour en aviser le contenu.
    Jhoannes relève un regard curieux vers elle.
    Astana dodeline légèrement, venant simplement l'embrasser pour ponctuer leur échange. Elle ne dira pas à quoi correspondent ces jours.


    JHOANNES — Je... je garde ça sur moi ?
    ASTANA — Ah, t'en fais ce que tu veux.
    JHOANNES — Oh. Bon. Je...

    Jhoannes parcourt de nouveau la liste du regard. C'est un code ? Il a oublié des anniversaires ?
    Jhoannes se frotte une joue, fronce les sourcils.
    Astana lui recale un baiser sur la joue, le laissant là avec ses réflexions. Peut-être qu'il finirait par trouver. Elle, elle s'en était souvenu.


    ASTANA — J'te vois plus tard, Sa Magnificence.
    JHOANNES — Tu veux pas... D'accord.

    Jhoannes regarde le papelard, angoissé. Oui, il se souvient du pari des Combes. Mais là, il fait aucun lien.
    Jhoannes finit donc par ranger le papier dans son sac, au milieu d'autres papiers, et se tourne vers la Vienne. Bon.


Et qu'elle attendait, depuis, qu'il déchiffre l'énigme du petit papier.
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                                                  Merci JD Sadella ♥
Jhoannes
Après ce dernier échange étrange et vachement vaguement inquiétant, Jhoannes était rentré chez lui pour analyser la liste numérique, affalé sur sa chaise, tentant de résoudre l'énigme muette que la danoise lui avait foutue entre les mains. Une petite boule d'appréhension se formait dans sa gorge. Elle attendait quelque chose de lui. Oui mais quoi ? Qu'est-ce qu'il avait fait, ou pas fait ? Et, question plus importante encore : qu'est-ce qui allait lui arriver s'il ne parvenait pas à connecter les fils à temps ? Parce que la dan... À cet instant il aperçut un papillon qui volait dans la chambre. Le blond se dit qu'il n'avait pas le souvenir d'avoir déjà admiré des taches aussi hypnotiques sur les ailes d'un papillon, et le cours de sa réflexion se tarit là. Quelques jours passèrent sans qu'il remarque le papier qui traînait encore sur le coin de son bureau, jusqu'à ce beau crépuscule de mai où, plongeant trois orteils dans un baquet d'eau chaude, son regard se figea sur la liste. Lumière.

- « Putain EURÊKA ! »

Les pièces du puzzle s'assemblèrent. Les dates. Les dates des nuits sur les remparts. Il clopina dans la pièce, un pied trempé sur le côté, pour s'emparer de la liste. Une date retint plus particulière son attention — celle d'aujourd'hui. Et on était encore aujourd'hui. La danoise allait prendre son quart dans pas long. Blondin plissa le front, clopina en sens inverse pour aller s'immerger dans son bain. Plouf. Pas le temps de tailler une bavette avec les papillons de nuit, faut qu'il se prépare pour un rencard spécial. Et il compte bien faire des efforts. Tignasse sèche et chemise noire. On déconne pas. Dans son sac, il glisse un petit panneau de bois, du genre qu'on utilise de nos jours pour foutre la honte aux potes qui sortent de l'avion, et une craie, qu'il a potentiellement subtilisée à l'université. Après une dernière œillade circulaire pour vérifier qu'il n'a rien oublié, il réalise qu'il ne part pas pour un voyage de huit jours non plus, chemine jusqu'aux Combes, et pousse la porte du bordel.

- « J'voudrais une chambre. »
- « Vous voulez pas plutôt une fille ? »
- « Non, juste une chambre, c'est pour faire une blague à mon épouse. »
- « Vous êtes sûr de vous là ? »
- « Comme jamais. »
- « Si vous l'dites... »
- « Ah ! La fenêtre donne sur les remparts ? C'est important. »
- « J'en ai une au dernier étage si c'est le vis-à-vis qui vous branche... »
- « Vous lisez dans mes pensées. J'prends. »
- « Chambre vingt-trois... »
- « Qui se trouve... »
- « Heu dernier étage, tout au fond à gauche. »
- « Mer'ci bien ! »
- « Encore un taré... Blague à mon épouse mon cul... »


Lors de son ascension, il prend bien soin de frôler les murs histoire de pas attraper une gonorrhée de couloir sur un malentendu, ou de provoquer un malentendu tout court. Oui, j'ai bien noté tes appels de phares Ginette mais je monte seul. Parfaitement. Et alors ? On a plus le droit de louer des chambres dans ce pays ? En parlant de piaule, on y est. L'antichambre des vannes bien nulles. Blondin file droit vers la fenêtre en faisant une impasse sur l'inspection du lit. Déjà, il y a un lit, c'est bien. Après est-ce qu'il a envie de se prendre le chou à enquêter sur la drôle de tache plus sombre au milieu de cette courtepointe cramoisie ? Pas tant, non. Il ramène une bougie sur le rebord en pierre et à sa lueur, bourre sa pipe de lavande. Allumage. Et maintenant on guette ceux qui errent sur le bastion d'en face.
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
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