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[RP] 22 jours plus blonds

Astana
    4 mai — XX — Le Jugement


Petit matin. Couche vide et draps encore chauds.

Sørensen a se petite routine bien huilée. Aux premières lueurs, Danoise s'éveille et plonge ses mains dans une bassine d'eau claire. Les mains en coupe viennent rincer le visage des restes de la nuit, rafraîchir la peau – non, ceci n'a rien à voir avec une routine beauté particulière à base d'eau de rose et ne constitue pas non plus un miracle anti-ridules autour des yeux. C'est une partie de son rituel d'avant prière. Après, mains sont lavées jusqu'aux coudes et passent sur la tête. Les pieds et les chevilles seront rincés aussi. Ainsi elle se recentre, s'ancre dans le moment présent. Enfin... normalement. Ce matin les châsses grises coulent sur un bouquet séché qui pionce sur la commode. Et elle réalise. Le geste s'arrête net, mains dans l'eau demeurent.

Et si...

Astana s'assied. Il se passe un truc. C'est pas comme une illumination, ce qui lui arrive-là, non, ça n'a pas cette violence-là. Ce n'est pas quelque chose qui vous éclate en plein visage. C'est comme quelque chose qui a fait son trou, lentement mais sûrement et qui un beau jour se révèle. Un bourgeon qui éclot. C'est assez joli et poétique, en définitive. Mais parfois ça fait tout drôle. La beauté fait mal. Tu le sens, le petit tournis qui vient ?

Est-ce qu'il serait possible que... Non ?

Dans sa forteresse mentale, Astana se repasse le fil des évènements des ces derniers mois. Alors c'est l'histoire de deux meufs dans un bar qui... – Tch ! Non mais si, je te jure, c'est vraiment l'histoire de deux nanas dans un bar qui... non, elles n'ont même pas tant bu, mais elles causent franc et droit. Il est tard, il fait tout nuit à travers le carreau et plus personne ne traîne dans les environs. De quoi c'est parti ? Ce point-ci est flou, mais certaines phrases tournent en boucle.
« On retourne juste à la Nature », « On fait plus de nuances », « Les voies du pinard sont partout », « L'une d'elles est autour de la Liberté », « On lui murmure son prénom à l'oreille à la naissance ». Sans le vouloir, Sadella avait planté une graine qui s'était fait arroser tous les jours, l'air de rien, par des petites choses. Et aujourd'hui...

Putain Sa Blondeur t'es en train de virer spino ? Ou pire : druidesse ? A quand les longs cheveux en bataille, auréolée de feuilles de chêne, protectrice et envoutante ? N-non, c'est une dryade, ça. J'vire rien, je...


- « Suis ? »
Non. Ne suis plus.

Les sourcils se froncent au-dessus de la grisaille. Un temps. Longtemps ? C'est au tour du palpitant de louper un battement. Aïe. On vient de frapper à sa porte. Le soleil a bien baissé depuis qu'elle s'est posée là. Combien ? Bruissements d'étoffes, gorge raclée, masque serein affiché et le museau de la danoise se montre dans l'entrebaillement.

- « Ouais ? »
- « J'ai fait comme tu m'as dit, j'l'ai foutu au trou. »
- « Quelle geôle ? »
- « La moins humide parce que j'suis solidaire envers les vieux. »
- « T'es salaud. »
- « Hinhin. Tu viens ? »

- « Donne-moi trois minutes. »
Le temps de me recomposer.

Sørensen se sape en quatrième vitesse, se glissant rapidement dans une paire de braies, prenant à peine le temps de lacer correctement ses bottes. Chemise trop large, tant pis. Cape rapidement ajustée. Lorsqu'elle referme la porte derrière elle, Astana a l'impression que c'est comme de tirer un trait. Mais en est-ce vraiment un ? Après tout, certaines fleurs ne survivent pas au printemps.


20:16 Vous tirez la carte (XX) Le Jugement, qui se consume alors sous vos yeux. Vous vient soudain comme une envie d'introspection. Vous vous asseyez et méditez sur ce que vous avez accompli jusqu'à présent... c'est pas joli joli, vous vous sentez mal, et votre foi s'effondre, si tant est qu'il vous en restait encore...

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                                                  Merci JD Sadella ♥
Jhoannes
    04 mai 1469 — XVI — La TAULE Tour


À un moment, Jhoannes s'était réveillé dans une geôle. Il ne savait pas bien comment il en était arrivé là, mais il décida de s'adapter aux circonstances. La prison, c'est un endroit merveilleux pour les gros flemmards. Ils peuvent compter les pierres sur le mur, se mélanger les pédales au bout de la vingt-deuxième, recommencer, changer de mur parce que merde, je fais bien ce que je veux dans ma cellule. Blondin s'était même livré à de réelles occupations, comme de s'occuper de sa correspondance, après avoir raconté tellement de blagues pourries au gardien que ce dernier avait concédé à lui céder mine et papelard pour avoir la paix.

Citation:
Geai pahu leu tan deu vou dirre oh reuvouar ah toua haie ah Philémon yère kan chui parrti... Grau poutou bihun baveu ah tou lai deu (pi ah Stana oci hein) !!!!! Paurtévou bihun, souaillé passaje !


Citation:
Minah,

Je t'écris depuis les geôles de Limoges. J'ai sans doute tiré la mauvaise carte de la vie, je me suis réveillé en taule sans savoir pourquoi. Pourtant, une part de moi pense qu'Astana est derrière tout ça. Philémon est bien protégé dans ma maison. Il attend ton retour avec impatience, et nous aussi. Fais attention à toi et sois pas propre,

J


Oui, au fil des heures, il commençait doucement à comprendre que c'était très certainement son épouse qui l'avait envoyé en taule. Qui d'autre, sinon celle qui lui avait promis trois nuits dans la boutique juste parce qu'il avait eu le malheur de frimer une fois ? Astana, évidemment. Les danoises n'oublient jamais. Faudrait qu'il lui demande comment il s'y était prise, parce qu'il se souvenait vraiment de rien. Mais la prévôte ne daigna pas lui faire l'honneur d'une visite, et en début de soirée, il réussi une évasion qui tenait du coup de maître :

- « J'peux avoir une pause-pipi ? »
- « Sûr mais traînez pas. »
- « Promis. C'est où les latrines ? »
- « Au bout du corridor à gauche. Vous trompez pas, parce qu'à droite c'est la sortie. »
- « J'reviens tout d'suite ! »


Pendant son escapade, Blondin était parvenu à se murger en presque parfaite clandestinité, affrontant tous les dangers de la nuit pour préserver son anonymat, histoire de pas se faire prendre en flagrant délit de désertion par la capitaine et d'éviter l'ire légitime des étudiants en furie qui courraient après ce putain de recteur qui n'était pas à l'heure pour ouvrir les salles. Jhoannes était ensuite sagement retourné prendre sa place dans son cachot réservé, peu après les douze coups de minuit. Il était en train de baptiser son troisième rat, lorsqu'Astana était enfin venue le narguer en se ramenant avec une bouteille.

Et de lui rappeler qu'il aurait encore deux autres nuits à tirer. Non, danoise n'oublie pas. Mais la journée n'était pas si terrible, en fin de compte. Suffit d'être un peu débrouille.



16:59 Vous tirez la carte (XVI) La Tour, qui se consume alors sous vos yeux.Tout devient noir et vous sombrez. À votre réveil, une forte odeur vous prend le nez, vous êtes, vous êtes... mon Dieu, mais c'est un véritable cul de basse-fosse. Vous avez beau tambouriner contre la lourde porte de chêne, le geôlier ne veut rien savoir, on vous dit juste que vous pourrez sortir demain.

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En noir c'est Jhoannes. En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil. Et gros merci à JD Griselidis pour la ban.
Astana
    5 mai — II — La Grande Prêtresse


Début d'après-midi, au fond d'un jardin. Têtes rousse et blanche, corps affalés dans l'herbe appuyés sur les coudes comme deux couillons d'adolescents qui prétendent mater les nuages. Vrai qu'il est parfois plus facile de se causer quand on est pas en face. Danoise en est à raconter ses déboires de la veille, en taule. Quelques rayons percent la fumée émise par les pipes des deux comparses.

- « Et là il a dit : "on s'connaît ?" »

La blonde lâche une grimace mêlée à un sourire tandis qu'Athelstan accuse un rire bien foireux.

- « Nan ? »
- « Ha si. Si, si. »
- « Hum. T'crois qu'il était fâché ? »
- « Je pense, ouais. »
- « Faut dire... t'aurais pu t'ramener avec ton déguisement d'vilaine, vilaine geôlière. »


Sørenen gonfle les joues et tousse sa fumée, manquant s'étouffer. Et comme elle se redresse, crachant toujours ses vilains poumons, il tape dans son dos. Là, là. Lorsqu'elle semble tout juste reprendre son souffle et moins à deux doigts de calancher d'une crise, il continue dans sa connerie :

- « "Oh Astana punissez-m-" »

Les deux mains d'Astana contiennent la fin de phrase sur les lèvres du roussâtre, un rire lui ricochant entre les côtes. Les yeux s'embuent un peu. Avant qu'elle ne relâche tout. Chanvre ou pas chanvre, il y a un poids en moins dans sa poitrine, d'un coup. Ca se sent. Tu respires, Sa Blondeur. Elle prend une grosse goulée d'air en dodelinant du museau, un petit sourire finaud rivé aux lèvres.

- « "Foutez-moi les feeeeeers !" »
- « THAT'S THE SPIRIT ! »
C'est l'esprit !
- « "Ouh Astana vous avez l'air si sé-vère." »

Railleries stupides continuent quelques poignées de minutes encore. Le temps de venir à bout de toutes les réparties nazes et bien lourdes qu'ils peuvent trouver.

- « Aujourd'hui l'crieur aurait annoncé : "L'gang des voyelles a encore frappé. Qui sont-ils et qu'veulent-ils à la population locale ?" »

Un nouvel éclat file quelques secondes avant de mourir entre les lèvres de la danoise. Silence se fait. Avant qu'un léger soupir ne soit poussé.

- « C'est encore de ma faute. »
- « Pas d'accord. »
- « Clairement y'a encore un truc que j'ai pas dû piger. »
- « Faut qu't'arrêtes. De faire ça. »
- « Quoi ? »
- « D'toujours vouloir tout porter toute seule. »
- « ... »
- « T'peux pas tout contrôler et vous êtes deux. »
- « Hum. »


Rond de fumée s'élève au-dessus d'eux. Rapidement percé d'un index coquin du gaillard à ses côtés. La danoise l'avise, étire un sourire. Et de se relever ensuite rapidement, non sans lui avoir flanqué un bécot dans les tifs.

- « Tu vas où ? »
- « Dormir du sommeil du juste. »


11:43 Vous tirez la carte (II) La Grande Prêtresse, qui se consume alors sous vos yeux. Vous vous sentez léger et comme délivré de tous vos péchés !

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                                                  Merci JD Sadella ♥
Jhoannes
    05 mai 1469 — X — La Roue de la Fortune


La roue de la fortune, celle qu'on fixe à la charrue remplie de blé, tirée par deux bestiaux respectivement nommés Pépète et Oseille, sur la route de la Tune, dans la vallée du Flouze — c'est un fleuve — où vit un vieux blond dont les poches sont percées. La roue de la fortune ou de l'infortune, dépend si elle est disposée à augurer d'un cycle prospère ou à t'expédier dans un monde régi par ce diction ancien qui dit, en substance, qu'une merde n'arrive jamais seule. Jusqu'à ce que la routourne encore.

Ce matin-là, Jhoannes, fils ingrat du Soleil et du Lézard, avait été doucement tiré de son sommeil par la sensation chaleureuse d'un rai de lumière frappant contre sa joue. Le signe, sans doute, d'une belle journée d'homme enfin libre qui s'annonçait, qu'il commenta par un :

- « Raaaaaaaaa. »

Il ouvrit un œil noir sur le jour qui s'aveugla, exprima ses émotions une seconde fois,

- « Raaaaaaaaa. »

et disparut sous les draps tel un vampire grognon. La phrase de préparation mentale au réveil venait de démarrer. Personne ne saurait deviner combien de temps il pouvait rester ainsi dans le coaltar. Cela pouvait durer quelques minutes comme plusieurs heures, voire carrément jusqu'au lendemain. Dans tous les cas, l'issue douloureuse de cet exercice restait identitique : poser un pied sur le sol, avant ça compte pas, et rejoindre la vie des gens éveillés, qui font des choses, et qui parlent.

Cet après-midi-là, Jhoannes, enfant délirant du Chaos et des Espaces Verts, fait ses premiers pas dans son jardin. L'herbe est sèche sous ses pieds. Blondin croque dans sa pomme en s'offrant une vision panoramique de son domaine. Alors oui, aujourd'hui, il a des impôts à payer. Il sait. Des machins à traîner jusqu'au marché. Une fille à élerver en temps partiel. Un mariage à faire tenir en temps complet... Ah tiens, c'est vrai c'était bizarre avec la danoise hier, non ? Bizarre, de se quitter tristes, sans avoir tiré la gueule ou s'être mis en pétard avant.

Alors tout bien considéré, est-ce que ça ne serait pas le moment parfait pour planter un buisson, là, près du cabanon ? Et le reste on verra ensuite, décida le blond. Motivé comme jamais à la perspective d'effectuer une tâche qui n'avait absolument rien d'urgent, il balança son trognon de pomme derrière lui, hop, plantation sauvage, et alla chercher sa pelle pour déblayer le sol. Là. Creuser un trou. C'est simple. Pas de prise de tête. Tu plantes, tu ramasses, tu vires, tu plantes, tu ram...

SPLONG.


- « Quel est le con qui est venu enterrer une cassette d'écus dans mon jardin ? »


10:28 Vous tirez la carte (X) La Roue de la Fortune, qui se consume alors sous vos yeux.Votre œil est subitement attiré par quelque chose qui brille là par terre... la chance vous sourit ! Vous trouvez 153 écus.

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En noir c'est Jhoannes. En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil. Et gros merci à JD Griselidis pour la ban.
Jhoannes
Éventuellement, le blond ajouta sa touche dans le paysage mobilier d'Astana. Une boîte en chêne, cloutée aux angles, assez haute et bien pas large, fendue sur la paroi supérieure à la manière des urnes de vote, de quoi y passer un papier. Pour les matins où l'une, ou l'un, aurait le temps de gribouiller les bribes de son dernier songe — si tant est qu'il s'en souvienne, et c'était là tout l'enjeu. Il se plia à l'exercice régulièrement, grattant au réveil des restes d'images et d'impressions plus ou moins confuses dès qu'il avait la force de tendre un orteil en dehors de la chaleur des draps. Et celui qui avait programmé ses rêves de mai devait tourner sur un truc costaud que du vin.

    ✩ 06 mai — XVII — L'Étoile
    Citation:
    Adossé à un pommier aux feuilles noires, je croque dans une pomme. L'instant d'après je deviens une étoile parmi les étoiles. Ai regardé le monde vivre de sa naissance jusqu'à la fin des temps. Des drôles de bêtes au long cou marchaient sur la surface de la terre et les étoiles riaient comme des enfants lumineux, et dans leur éclats de rire sonnaient des vérités sous cloche que les humains ne devront jamais connaître. J'ai déjà oublié lesquelles.

    ❂ 07 mai — XIX — Le Soleil
    Citation:
    Enfermé dans une chambre avec un grand lit au milieu, et encore posé au milieu des draps, un gilet de laine ancien, frappé par un rayon de soleil. Le gilet disparaît. Je dois garder mon visage dans la lumière. Dès que je l'en écarte je deviens aveugle, ou la pièce devient totalement noire, et je me cogne aux meubles. À un moment, je m'ouvre le pied contre une commode forgée. Alors je reste dans l'éclat du jour pour ne pas me briser les os.

    」08 mai — XII — Le Pendu
    Citation:
    Pays de labeur. En dehors du château. Une paysanne a été pendue par les pieds mardi dernier et le vent malmène son corps comme un balancier. Ses cheveux traînent dans la terre. Je demande à une créature, qui est à la fois un hérisson et un homme vêtu d'un chapeau de paille à larges bords, pour quelle faute elle a été condamnée, mais je ne comprends pas ce qu'il me répond. Il parle uniquement avec des voyelles, et ses mots sont tous de couleur bleue.

    ⛧ 09 mai — XV — Le Diable
    Citation:
    Abordé dans la rue par un vendeur de miroir. Soudain très envie d'acheter une petite mirante qu'il me propose, et qu'il appelle : la bigre louchonne. Lui emboîte le pas par les rues pour conclure le marché. On passe par le vieux port de Bruges, une place de Genève et un dédale de ruelles que je reconnais pas. La ville devient un labyrinthe et je perds la trace du marchand à la nuit tombée. Je demande mon chemin à un type qui s'avère être le duc de la Cité.

    🟈 10 mai — XIV — La Tempérance
    Citation:
    Dans un rade sous-terrain. Trois chats tigrés jouent à chasser une souris énorme. Une cliente tente de répartir de manière exacte un galon de bière brune dans trente-deux chopes. Elle répète en boucle : un galon dans trente-deux. Je lui répète que c'est impossible, qu'il faut trente-quatre chopes, ce qui me semble terriblement évident sur l'instant. Elle refuse de me croire. Je m'énerve. La moitié des clients l'encourage, l'autre me donne raison. Et j'ai raison.


10:17 Vous tirez la carte (XVII) L'Etoile, qui se consume alors sous vos yeux.Le monde change autour de vous, la réalité se déforme. Vous vous envolez, quittez la Terre, approchez les étoiles... Est-ce un cortège d'anges que vous venez ainsi d'effaroucher ? Vous vous réveillez changé, fier de posséder quelque chose que les autres n'ont pas.
09:03 Vous tirez la carte (XIX) Le Soleil, qui se consume alors sous vos yeux.Tiens, c'est quoi ça par terre ? Vous ramassez un étrange objet.
04:32 Vous tirez la carte (XII) Le Pendu, qui se consume alors sous vos yeux.Un sentiment de désespoir vous envahit subitement... et vous vous prenez à chantonner une étrange mélopée... C'est quand le bonheur... c'est quand le bonheur...
10:43 Vous tirez la carte (XV) Le Diable, qui se consume alors sous vos yeux.Une présence pèse soudain sur votre épaule gauche et vous souffle à l'oreille moult pensées peccamineuses auxquelles vous vous surprenez à adhérer sans aucune retenue...
10:05 Vous tirez la carte (XIV) Tempérance, qui se consume alors sous vos yeux.Une sourire béat étire soudain votre visage et vous avez dans le même temps l'impression qu'un charpentier refait le plancher dans votre tête... bref ça vous rappelle la dernière fois que vous aviez roulé, ivre mort, derrière le comptoir de la taverne...

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En noir c'est Jhoannes. En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil. Et gros merci à JD Griselidis pour la ban.
Astana
    6 mai — XIV — La Tempérance


Nuit triangulaire. Premières lueurs filtrent à travers les petits jours des murs de la cabane. Entre les coussins, Sørensen s'éveille avec la drôle de sensation d'être à la fois sur un nuage et qu'on a dansé une gigue sur sa face durant la nuit. Est-ce qu'ils avaient tant bu, la veille ? Est-ce qu'ils... Mais non. Aïe, mon crâne. Ouch, ma poitri- oh, salut être blond de mes jours. Qu'est-ce que t'es beau quand tu pionces. Sourire perce, rapidement enfoui dans les tifs clairs de celui qui demeure endormi à ses côtés. Impression de déjà vu, decalé à un rade de Toulouse il y a des longes. Lui a l'air de dormir d'un sommeil si paisible tandis qu'elle ne dormira plus. Alors quoi, compter les rainures du bois en attendant qu'il relève le flanc ? Non. Trop de vacarme dans son crâne pour ça. Alors elle le borde de sa propre cape élue plaid de l'année 1469, ignorant le froid qui vient la cueillir au sortir de leur couverture d'une nuit, l'embrasse à la tempe et rejoint l'extérieur. Ou presque. La grisaille survole rapidement les environs. Pas d'humain à l'horizon, tout bon ? Ça serait con d'effrayer un groupe de pêcheurs en aparaissant dans le plus simple appareil – sans carrés de censure. On évitera également la scène de la démarche en crabe avec des coussins pour faire barage à la vue.

Astana aventure un pied dans l'herbe encore humide de rosée, puis l'autre. Ah, les petits plaisirs de la vie. Eventuellement, les châsses grises viennent se poser sur leurs fringues, et ça la tape de plein fouet. Ils s'étaient baigné habillés, avaient étendu les vêtements dans l'herbe et... Bien entendu, que ça n'a pas séché. Putain. C'est pas l'été, on est loin des vingt degrés la nuit. Avec l'humidité des rives et la rosée, elle n'est pas plus sèche que la veille. Bien ouèj.

Mais tu vas quand même pas rentrer à oilp chez toi Danoise, si ? C'est faisable, j'suis pas loin. En restant parmi les arbres j'pourrais... Non, ça suffit avec le délire de la Nature. Sørensen déplie sa robe d'un air à demi dégoûté en même temps qu'elle se gondole à pleins poumons et tente de rentrer dedans. Comprendre : elle se dandine de gauche à droite en essayant de garder un air digne. Parce qu'enfiler des fringues mouillées, c'est jamais la meilleure idée de l'année.


- « Raaaaaaaa. Gnnnn. »

La honte.

10:40 Vous tirez la carte (XIV) Tempérance, qui se consume alors sous vos yeux. Un sourire béat étire soudain votre visage et vous avez dans le même temps l'impression qu'un charpentier refait le plancher dans votre tête... bref ça vous rappelle la dernière fois que vous aviez roulé, ivre mort, derrière le comptoir de la taverne...

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                                                  Merci JD Sadella ♥
Jhoannes
    ☽ 11 mai — XVIII — La Lune
    Citation:
    Encore le même songe où je suis enfermé dans une chambre, entre le noir et soleil. Sauf que vous aussi, étiez dans la pièce cette fois-ci, mais je n'ai pas envie d'en raconter plus. Neuf ans qu'on se connaît, Sørensen, tout pile au jour d'hui. Neuf ans presque que j'ai rêvé de vous la première fois, et nous étions sur une butte dans Paris, et nous buvions du vin, et vous aviez l'air heureuse. C'était bien avant qu'on entame l'ère des cons, comme tu dis. Je croise les doigts pour qu'on en sorte un jour.

    ǂ 12 mai — XXII — Le Mat
    Citation:
    Tempête de mer. Ne rêve jamais de mer calme, toujours agitée, et toujours m'en protège pour contempler le spectacle des vagues qui avalent tout sur leur passage. Étais seul encore sur ma barque. L'eau était glaçante et avait des reflets verdâtres, comme au matin du 13 mars à La Rochelle. Des rouleaux d'émeraude liquide qui m'arrivent sur le pif. Mais je vais bien. Caillou nage un peu plus loin en racontant des bêtises, et parfois il disparaît, mais je m'en inquiète pas non plus. Aucune mouette dans le paysage.

    ♢ 13 mai — I — Le Magicien
    Citation:
    Passé neuf ans à discuter avec un homme sans dents. Il m'expliquait que le royaume d'Italie devait être sauvé : soit en cultivant des mogettes pour les mendiants, soit en attaquant la ville de Madrid (oui, je sais) avec des fourches à ventaux (ne me demande pas). Après avoir retourné l'affaire dans tous les sens, nous avons décidé de partir sur les mogettes pour les mendiants. Il m'a remercié, lancé un nuage de poudre dorée dans l'air, et, tout à coup, il a disparu. Et il m'a même pas laissé de quoi manger.

    ♧ 14 mai — XI — La Force
    Citation:
    Caillou m'a emmené sur la plage. Il m'a agacé toute la nuit, à planter ses petites aiguilles de salaud vert dans mes crevasses, pour ce qu'il les connaît si bien, faisant des pirouettes de saltimbanque et criant les noms de mon vrai père. Parfois je le frappe, mais cette nuit, je voulais le tuer. Alors j'ai fixé un coquillage en spirale, patientant qu'il ne s'épuise et que son jeu trouve son terme. J'ai oublié comment s'appelait mon père, joué à la marelle avec mon ami si infect, et mon sommeil s'est enfui.

    ♖ 15 mai — XVI — La Tour (bis)
    Citation:
    Là où mon front est à sa place et mes tempes encerclées, à un endroit doux et chaud où je peux oublier mon crâne, embrasser le dessous, faire rouler ma tête, frotter mes joues et faire disparaître mon visage et mes cauchemars. Je me souviens pas avoir rêvé cette nuit, j'ai rouvert les yeux sur le plafond après des heures de noir et de rien, ni de mauvais poil, ni d'humeur forcément bonne, mais je dois te dire que quand même, tes seins, Sørensen, au réveil. Tu sais.

09:27 Vous tirez la carte (XVIII) La Lune, qui se consume alors sous vos yeux.Vous attendez quelques secondes et que pouic, que tchi, peau de balle ! Bref, rin de rin, ça donne rin.
09:29 Vous tirez la carte (XXII) Le Mat, qui se consume alors sous vos yeux.Un vent violent se lève, et une voile épaisse et bien rugueuse se retrouve projetée sur vous. Personne ne semble savoir d'où elle vient, c'est complètement fou, mais vous avez gagné une voile.
07:41 Vous tirez la carte (I) Le Magicien, qui se consume alors sous vos yeux.Tout aussi soudainement, une autre carte du paquet disparait à son tour dans un nuage de fumée, mais laquelle ?
04:59 Vous tirez la carte (XI) La Force, qui se consume alors sous vos yeux.Vous vous sentez plus fort(e), +2 en force.
04:35 Vous tirez la carte (XVI) La Tour, qui se consume alors sous vos yeux.Tout devient noir et vous sombrez. À votre réveil, une forte odeur vous prend le nez, vous êtes, vous êtes... mon Dieu, mais c'est un véritable cul de basse-fosse. Vous avez beau tambouriner contre la lourde porte de chêne, le geôlier ne veut rien savoir, on vous dit juste que vous pourrez sortir demain.

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En noir c'est Jhoannes. En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil. Et gros merci à JD Griselidis pour la ban.
Jhoannes
    ♘ 16 mai — VII — Le Chariot
    Citation:
    J'ai fait le tour du monde en marchant sur les toits des maisons. Je me suis pété une cheville sur une tuile milanaise mais j'ai quand même réussi à tirer le trajet jusqu'en Mésopotamnia. Le soleil était le même, et l'horizon était constant. Mon périple a trouvé sa fin le long d'une côte, car malgré toutes mes supplications, personne ne voulait construire sa baraque dans la mer pour que je puisse m'aventurer plus loin. Les gens sont quand même trouillards dès qu'on se met à causer pilotis.

    ♕ 17 mai — III — L'Impératrice
    Citation:
    C'était au comptoir d'une échoppe d'un cellier. On essayait de se donner des nouvelles mais chaque fois qu'on ouvrait le bec pour prendre la parole quelqu'un se ramenait pour nous interrompre. Engouement général pour les poires et les tripes en bocal. En bref, j'ai rêvé que des gens faisaient leurs petites emplettes. Y avait un gars qui jouait de la guiterne, debout sur un étal. La musique était plutôt jolie. Sinon, c'était relativement chiant, mais j'ai dit que je me plierai rigoureusement à l'exercice.

    🕆 18 mai — XIII — La Mort
    Citation:
    On assistait à l'incendie de ma cabane sur Autun. Hazel était là aussi. Elle courait partout. Les gens dansaient autour du gros feu de joie. Tout le monde avait l'air content, et c'était l'automne. Évidemment, comme un con, j'avais oublié de prendre mes affaires avant qu'on flambe ma misère. Arry s'est pointé, m'a dépanné une paire de godasses, bizarrement on taillait pareil, puis il s'est exclamé un truc du genre : ah putinasse, j'ai toujours adoré voir l'explosion des chaumières sa Sainte-Mère !

    ♡ 19 mai — VI — L'Amoureux
    Citation:
    Tu m'as plaqué. On tournait en rond dans une pièce (tes cheveux étaient roux mais c'était bien toi), et tu me répétais en boucle : « Johannes je pars, je pars. Je pars avec Gérard. Tu sais, le maréchal ferrant ? C'est avec lui que je pars. Gérard. Toujours, j'ai voulu partir avec Gérard. Il est doux avec ses pouliches, et il a de sacrées cuisses. Alors c'est avec Gérard que je pars. Je t'ai laissé des œufs au plat et une miche de pain dans une gibecière, parce que si c'est moi qui pars, c'est toi qui t'en vas. »

    ⚶ 20 mai — XX — Le Jugement
    Citation:
    T'étais enceinte jusqu'au trognon. C'était terrifiant. Ton ventre était tellement enflé que j'avais peur qu'il pète comme une outre tendue dès que tu levais un orteil. Je sais pas ce qu'il y avait à l'intérieur mais on aurait dit que tu allais accoucher d'une bonne douzaine de petits diables blonds. Ah, et tu voulais sans cesse, et uniquement, manger de la truite au caramel. Tout le temps. J'ai jamais guetté des fonds de casseroles avec autant d'anxiété. Faudra que je tente la recette pour de vrai.

07:29 Vous tirez la carte (VII) Le Chariot, qui se consume alors sous vos yeux.Vous sentez quelque chose qui vous déforme les poches, comme c'est bizarre, comme c'est étrange... et vous en sortez une miche de pain tout droit sortie de euh... ben de dessous vos vêtements pour le coup.
08:38 Vous tirez la carte (III) L'Impératrice, qui se consume alors sous vos yeux.Vous attendez quelques secondes et que pouic, que tchi, peau de balle ! Bref, rin de rin, ça donne rin.
09:27 Vous tirez la carte (XIII) La Mort, qui se consume alors sous vos yeux.Vous sentez soudain une forte douleur dans votre poitrine et une voix sépulcrale résonne dans votre tête : "Tʜᴇʀᴇ's ɴᴏ ᴊᴜsᴛɪᴄᴇ, ᴛʜᴇʀᴇ's ᴊᴜsᴛ ᴍᴇ.". Et vous mourez.
09:50 Vous tirez la carte (VI) L'Amoureux, qui se consume alors sous vos yeux.Vous vous sentez plus heureux. Comme ça, sans raison particulière, et ça vous plaît.
10:06 Vous tirez la carte (XX) Le Jugement, qui se consume alors sous vos yeux.Vous vient soudain comme une envie d'introspection. Vous vous asseyez et méditez sur ce que vous avez accompli jusqu'à présent... c'est pas joli joli, vous vous sentez mal, et votre foi s'effondre, si tant est qu'il vous en restait encore...

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En noir c'est Jhoannes. En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil. Et gros merci à JD Griselidis pour la ban.
Jhoannes
    ⚖ 21 mai — VIII — La Justice
    Citation:
    Cette nuit, on prenait la route avec un groupe pour faire un petit Patay-Tonnerre. J'avais un caillou dans la botte. Tu sais, le petit caillou pointu qui rentre dans le talon. Et chaque fois que je la retirais pour tenter de virer l'intrus, je trouvais rien. J'ai fait tout le trajet en râlant. J'ai même découpé ma semelle au couteau pour enrailler la malédiction, puis menacé une rouquine qui riait trop fort avec ma lame. J'ai tenté de troquer mes godasses contre une paire de poulaines. J'étais au fond du trou.

    ☉ 22 mai — XXI — Le Monde
    Citation:
    Tout le monde vivait dans un tonneau. Je sais qu'un connard a déjà tenté l'expérience — me souviens plus s'il était du type grec ou latin. Bref, on vivait tous dans des tonneaux. Chacun sa barrique. C'était compliqué pour faire du jardinage, ou faire des paris sur la moisson avec les voisins. Pour le jardinage, c'était totalement mort d'ailleurs, à moins qu'une mauvaise herbe ne décide d'aller se faufiler entre deux lattes. Mais ça demandait de la patience. Sinon, c'était assez drôle comme expérience.

    ♔ 23 mai — II — La Grande Prêtresse
    Citation:
    Je viens de tout oublier. C'est assez frustrant parce que j'avais collecté des bribes avant d'ouvrir les mirettes. Comme je n'ai rien à raconter de particulier ce matin, j'en profite pour demander : est-ce que c'est toi qui a décalé ton vaisselier d'un pouce sur la droite ? Parce que je me cogne la hanche dessus tous les matins en allant faire pipi. C'est pas très agréable Sørensen. Si tu plaides l'innocence, j'espère que tu as de bons arguments. Et aussi que tu lis ces mots assez régulièrement.

    ⛨ 24 mai — V — Le Pape
    Citation:
    J'ai rêvé que j'étais à l'université, mais que j'avais perdu les clefs qui ouvraient les salles. Je traçai comme un taré dans les couloirs avec la masse étudiante à mon fion, furieuse de pas pouvoir aller se gargariser avec du Platon après le repas du soir. J'ai foncé comme jamais. Derrière moi on criait « enfoiré d'recteur, viens faire ton boulot on a faim ! ». Mais je suis pas retourné. Tu me connais. J'ai taillé aussi vite que j'ai pu vers la sortie et je suis allé me réfugier sous les tas de linges des lavandières.

    ♛ 26 mai — IV — L'Empereur
    Citation:
    Le monde entier était une maison. Je n'entends pas par là qu'on vivait sous un ciel de poutres et qu'on plantait nos carottes dans les banquettes, non, j'entends par là que le monde était une maison. Les brins d'herbe faisaient partie du mobilier. Les ruisseaux étaient des latrines géantes. Tout ce bazar n'était qu'une grande demeure, où nous cohabitions tous. Et pourtant il s'y trouvait encore des crétines et des gelés du bulbe qui construisaient leurs petites maisons à l'intérieur de cette Grande Maison.

10:05 Vous tirez la carte (VIII) La Justice, qui se consume alors sous vos yeux.Votre bourse s'alourdit d'un coup d'un seul. Vous faites le compte, vous y trouvez 20 écus en plus !
09:40 Vous tirez la carte (XXI) Le Monde, qui se consume alors sous vos yeux.Vous vous sentez flotter, comme projeté hors de votre corps... vous vous élevez et votre regard embrasse l'intégralité des terres et des mers... cela vous paraît durer une éternité et vous vous régalez de ce paysage splendide... lorsque vous revenez à vous, le monde n'a pas changé, mais vous si. Il vous semble que vous possédez quelque chose que les autres n'ont pas.
09:32 Vous tirez la carte (II) La Grande Prêtresse, qui se consume alors sous vos yeux.Vous vous sentez léger et comme délivré de tous vos péchés !
04:22 Vous tirez la carte (V) Le Pape, qui se consume alors sous vos yeux.Un regain de foi vous envahit soudainement. Touché(e) par la grâce ?
09:16 Vous tirez la carte (IV) L'Empereur, qui se consume alors sous vos yeux.Près de vous, une panoplie qui ne s'y trouvait pas il y a juste un instant, vous auriez pu en jurer... le fil d'or qui la compose brille de mille feux, quelle beauté !

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En noir c'est Jhoannes. En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil. Et gros merci à JD Griselidis pour la ban.
Astana
    7 mai — XVII — L'Etoile


Blondeur danoise s'éteint dans un cocon de coussins, lovée sur sa banquette. Dans un océan de coton dans lequel elle se laisse peu à peu couler. Un menu sourire se pointe pour tirer le rideau et la voilà qui chavire de l'autre côté. Une heure passe, peut-être deux avant qu'elle ne rouvre les yeux. Comme souvent, Astana ne se souvient pas de son rêve. Seules les dernières bribes se sont accrochées à elle. En revenant dans le monde de ceux qui vivent les mirettes ouvertes, Sørensen remporte avec elle cette dernière image de trois gus dans un palais céleste qui l'observent, bras croisés contre leur poitrine. L'un des esprits purs, au milieu de la triade, lui balance un sincère : « T'as une gueule à tutoyer les anges, mais. » avant de lui foutre un coup de pied au cul. Et puis bam, retour sur terre.

- « Hum. », commente-t-elle, des plus éloquentes.
Bouche pâteuse oblige.

Mains fouillent dans les tifs blancs, les châsses grises errent dans la pièce baignée dans une lueur orangée, caractéristique d'une fin d'après-midi, avant de se fixer sur une petite boite en bois. Adieu mon siège, je m'en vais prendre le large. Comme madame navigue encore bien imprégnée et accoste à hauteur de coffret, elle laisse courir ses doigts sur le bois sobrement ouvragé et sourit légèrement. D'un de ces petits croissants fiérots. Oui, Sa Blondeur t'aimes les boites ; et plus particulièrement celle-ci.

Parce que c'est celle avec les songes de Johannes dedans.


05:04 Vous tirez la carte (XVII) L'Etoile, qui se consume alors sous vos yeux. Le monde change autour de vous, la réalité se déforme. Vous vous envolez, quittez la Terre, approchez les étoiles... Est-ce un cortège d'anges que vous venez ainsi d'effaroucher ? Vous vous réveillez changé, fier de posséder quelque chose que les autres n'ont pas.

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                                                  Merci JD Sadella ♥
Astana
    8 mai — XII — Le Pendu


Pile ou face. Blanc ou noir. Bonheur, malheur.

Parfois t'es là, tu kiffes la vie, tout est beau et serein, baigné d'une lumière dorée et puis d'un coup, tu sais pas pourquoi, le ciel s'assombrit brusquement et tu te prends des trombes d'eau sur la tronche. Adieu, plaines vertes et fleuries de printemps, bonjour décor volcanique où le feu jaillit du sol, profondeurs noires et abyssales. Dans la nuit du 8 au 9 mai 1469, deux têtes blondes se disent de mignonnes horreurs, perchées en haut du Rocher du Loup. C'est clair et chaud. Jusqu'à ce que se fassent entendre des pas sur les marches naturelles, le long de la paroi rocheuse. Et qu’apparaisse finalement Faust.

L'enfant de la discorde.

Alors c'est la douche. Glaciale. Des mots qui giflent, des petites mignardises pleines de dédain et d'agressivité sous couvert de belles formules qui fusent de cette bouche d'adolescent déjà bien trop avancé dans la vie adulte... et si peu à la fois. Aïe. Mais aujourd'hui, Astana n'a pas la force d'essayer encore de rafistoler les coutures mal faites de cette relation pseudo mère-fils qu'elle n'avait jamais demandé et qui lui était tombée sur le museau un beau jour de février. Parfois, quand tu brodes un truc tu te rends pas tout de suite compte que le motif est laid et les points mal exécutés. Faut apprendre à lâcher prise et à remiser l'ouvrage à plus tard. Quitte à ce qu'il termine dans un coffre avec les autres toiles foirées qui ne seront jamais terminées. Fatiguée de tendre toujours une main qu'il n'a de cesse de mordre, la danoise n'essaie plus, ne fait plus l'effort de demeurer passive et de pardonner. Parce qu'aimer, ce n'est pas toujours se laisser marcher dessus. Alors elle gnaque aussi. Et le laisse partir.

Ayant poussé Johannes à s'envoler à sa suite, l'encourageant à aller faire des adieux moins bancals et à panser ce qui pouvait l'être, à leur niveau propre, Sørensen se retrouve seule avec elle même. Et rentre au bercail, alourdie par la tempête à qui s'installe. Bonsoir, j'ai mal d'avoir un gros trou en plein dans le palpitant. Elle se laisse lourdement tomber sur la banquette logée près de la cheminée et attrape un vélin sur lequel elle gribouille :


Citation:
J'aimerais rêver qu'il n'a jamais existé.


Aïe, mon cœur, je suis écœurée.

Elle considère la boite à songes, un instant, et suspend son geste. Non, t'as pas envie que ta première participation se résume à un vœu amer, Sa Blondeur. Laisse couler, va. Oublie. Va dormir. Demain ça ira mieux.

Ou pas.


09:36 Vous tirez la carte (XII) Le Pendu, qui se consume alors sous vos yeux. Un sentiment de désespoir vous envahit subitement... et vous vous prenez à chantonner une étrange mélopée... C'est quand le bonheur... c'est quand le bonheur...

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Astana
Les jours Malaise.

    9 mai — IV — L'Empereur


Au Terrier, établissement respectable.

JHOANNES — Bon. Vous avez quelque chose d'autre à ajouter ?

Astana secoue la tête en lui souriant.

ASTANA — Non.

Jhoannes hoche doucement.

JHOANNES — Je vais me rentrer dormir, en ce cas.
ASTANA — Je peux vous accompagner un bout de chemin ou...
JHOANNES — Bien sûr, si vous voulez marcher.
ASTANA — Parfait.

Astana assèche son verre pour se donner du courage, repousse sa chaise en souriant.
Jhoannes cligne, se résigne à rien demander, épaule son sac, fout une main dans sa poche.


ASTANA — Pas dingue, ce vin. Trop... vieux, j'crois.

Jhoannes songe qu'il a rarement eu aussi froid et acquiesce en silence.

ASTANA — Non, vous avez pas trouvé ?
JHOANNES — J'ai pas fait attention.

Astana s'approche pour lui poser une main sur le bras.

ASTANA — C'est peut être juste moi.
JHOANNES — Vous avez le droit de préférer les vins jeunes...

Jhoannes dodeline.

ASTANA — Non il... pas vieux dans ce sens là. Dans le sens éventé ?
JHOANNES — Oh.

Jhoannes hoche.

JHOANNES — Je fais confiance à votre palais.
ASTANA — Ouvert depuis long, quoi.
JHOANNES — Oui j'avais saisi.

Jhoannes sourit.

ASTANA — Vous voulez que j'retire ma main ?

Jhoannes est totalement désarçonné par la question.

JHOANNES — Pourquoi vous m'demandez ça ?
ASTANA — Parce que vous semblez pas y réagir, alors j'demande.

Jhoannes baisse le regard sur son bras, puis sa main dans sa poche, le redresse.

JHOANNES — Je... non, je laissais faire, simplement je...

Jhoannes semble un peu ahuri par la remarque.
Astana décide d'enrouler son bras autour du sien, en guise de réponse.


ASTANA — On passe par les rives ?
JHOANNES — Oui, si vous voulez, j'vous redéposerai au retour.

Jhoannes lui sourit et marche à ses côtés jusqu'à la porte, qu'il ouvre.
Astana décide également de ne pas demander s'il veut dormir chez elle, de peur de se prendre un vent. Et verra bien s'il manifeste quelque chose en route, ou arrivé.
Astana courbe un peu le dos pour passer la porte, puisqu'elle est faite basse.
Jhoannes ne manifestera rien, pour pas qu'elle pense qu'il veuille à tout prix se la faire au lieu de parler, et courbe la nuque à son passage.




    10 mai — I — Le Magicien


Pleines rives de Vienne.

JHOANNES — J'suis trop *hips* perdu pour voir, là.

Astana hoche à nouveau.

ASTANA — Je vois, oui.
JHOANNES — J'arrive pas à réfléchir, à ça.
ASTANA — Je... oui. Tu demeures dans le brouillard.
JHOANNES — *hips* La bouillie. Alors je laisse passer *hips* un jour après l'autre.

Jhoannes berce un moment son menton dans ses cheveux.

ASTANA — Je... pourrais pas t'attendre près de la ligne toute ma vie.

Jhoannes dit à voix basse :

JHOANNES — *hips* Je *hips* sais.

Astana aspire l'air entre ses lèvres, cale un long baiser contre sa mâchoire et se relève. S'essuie une joue.

JHOANNES — Tu t'en vas ?
ASTANA — C'est dur d'entendre que tu sais pas. Je vais aller dormir un peu.

Jhoannes se redresse pour s'asseoir et hoche doucement le crâne.
Astana se penche pour choper sa besace restée sur le banc, se racle la gorge.


JHOANNES — Je...

Jhoannes se frotte une joue.
Jhoannes ignore quoi dire.


ASTANA — Tu ?

Jhoannes plisse le front.

JHOANNES — Rien. Je trouve pas les mots. Désolé.

Astana se gratte la nuque.

ASTANA — J'comprends.
JHOANNES — Tu... sais *hips* où me *hips* trouver. Si besoin
ASTANA — Je crois... que c'est à toi de me trouver. Je sais où je suis. Toi... non.

Astana sourit légèrement.
Jhoannes baisse le regard sur l'herbe.


JHOANNES — Comme tu sentiras.
ASTANA — Tu veux que je vienne te trouver ?

Jhoannes relève le regard et hoche vivement la tête.

JHOANNES — Oui.
ASTANA — Alors je viendrai.

Jhoannes sourit.

JHOANNES — Quand tu veux.

Astana hoche simplement.

ASTANA — A plus tard. Prenez soin de vous.
JHOANNES — Toi aussi.

Astana sourit et remonte la pente vers la ville.

& plus tard. C'est finalement Johannes qui vient trouver la blonde, endormie chez elle, et qui offre en guise de conclusion :

JHOANNES — Ca m'va aussi de rester là en regardant le plafond.



    11 mai — V — Le Pape


Réalignement des planètes. Et une première contribution à la boite à songes.

Citation:
J'ai rêvé que je faisais une découverte médicale incroyable qui allait bouleverser les millénaires à venir. C'était une sorte de pilule qui fait oublier les soucis nuls. Et puis je me suis réveillée avec un bleu en forme de caillou sur la fesse droite.



12:12 Vous tirez la carte (IV) L'Empereur, qui se consume alors sous vos yeux. Vous attendez quelques secondes et que pouic, que tchi, peau de balle ! Bref, rin de rin, ça donne rin.
05:05 Vous tirez la carte (I) Le Magicien, qui se consume alors sous vos yeux. Tout aussi soudainement, une autre carte du paquet disparait à son tour dans un nuage de fumée, mais laquelle ?
05:00 Vous tirez la carte (V) Le Pape, qui se consume alors sous vos yeux. Un regain de foi vous envahit soudainement. Touché(e) par la grâce ?

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                                                  Merci JD Sadella ♥
Astana
    12 & 13 mai — XIX, XVIIII — Le Soleil & La Lune


Citation:
Est-ce que vous croyez qu'il est possible de rêver par simple volonté ? Aux rêves prémonitoires qui provoquent des choses ? Hier, j'ai rêvé d'une écharpe retenue par une broche en forme de Soleil. C'était vous. Puisque vous êtes mon astre contraire. Et j'en ai trouvé une au petit matin sur l'étal du gars qui fait de l'orfévrerie, au marché. Je me suis endormie en pensant à vous, et comme ça serait drôlement choupi qu'une Lune soit attachée avec. Résultat, j'ai rêvé que je visitais une immense mine aux mille merveilles et qu'un nain vachement bourru me créait l'attache jumelle parfaite. Et ce matin, j'ai trouvé la même broche au pigeonnier. Dites, je m'imagine des choses ou bien l'Univers me fait un signe ? C'est une blague cosmique ?




    14 mai — XV — Le Diable


Citation:
J'suivais Sadella jusqu'à Paris pour récupérer les manuscrits perdus des Spinozistes. Au bout de deux jours de recherche, on commençait un peu à avoir les sangs - parce qu'on était pas plus intelligentes que les autres et qu'on était pas capables de les retrouver non plus. Alors on s'est enfumées dans les jardins de l'Université pour faire passer le goût de la défaite. Ça a pas pris long avant qu'on se bidonne comme des baleines et qu'on pénètre dans l'espèce de "réserve interdite" de l'endroit. J'avais dû hériter de vos talents pour le crochetage. Là, on est tombées sur un gars qui s'appelait Rusard, qu'avait pas l'air de trouver si choquant que deux donzelles se radinent dans le coin. On a dû montrer patte blanche et lui assurer qu'on venait pas fricoter là, qu'on cherchait juste de la lecture un peu en marge. Si, parce qu'on a tous entendu causer des manuscrits coquins des moines du treizième siècle, avec des enluminures qui en jetaient sévère. Ha, je peux vous dire qu'il était content de tomber sur deux érudites comme nous. Cultivées et tout. Et devinez quoi ? On a trouvé les écrits perdus ! Bon, du coup ils étaient pas réellement perdus, mais vous saisissez. On a tout emporté sous nos robes, parce qu'on avait les besaces pleines de citrons. Ça nous faisait des ventres rectangulaires, les gens nous zieutaient d'un oeil bizarre dans la rue. Et piouf, on s'est retrouvées en plein Orléannais à vénérer la terre et puis j'me suis convertie. Super week-end.




    15 mai — X — La Roue de la Fortune


Citation:
On était avec Jean-René. Mon nouveau blaireau de compagnie. On le promenait sur la plage de La Rochelle, et j'avais dû lui mettre une longe parce que les gens étaient pas rassurés. Alors qu'il était parfaitement éduqué, ce blaireau, vous y aviez veillé. Et puis il avait le pelage fier et brillant, comme vous. A un moment donné, il s'est mis à cavaler vers un amas de caillasse et il s'est mis à gratter le sable. Il a déterré une bourse pleine de pièces. 44 écus ! Vous pensez bien qu'avec on s'est payé un sacré gueuleton et vous avez été troquer une bouteille d'Anisette à un pêcheur local contre un petit lot d'asticots. Pour Jean-René. C'est son péché mignon. Après, je l'ai lâché sur la plage. Parce qu'il avait bien mérité d'aller terroriser quelques locaux - de toute, on aime pas tant les poitevins. Vous pensez que ça existe, les blaireaux chercheurs d'or ? Parce qu'on s'est bien bidonnés.




    16 mai — III — L'Impératrice


Citation:
Tu débarquais en trombe pendant que j’prenais mon bain. Oh là là, ce que t'avais l'air soucieux, t'étais tout froissé du visage et tu m'as dit : « Astana, il faut qu'on parle ». Merde, j'me suis dit, et je me suis instantanément ratatinée dans la baignoire. T'as pris un air super dramatique pour m'annoncer : « Princesse, t’es tellement douce que même le sel à le gout du sucre avec toi* Mais tu serais encore plus douce en rouge. Je t'ai fait faire une robe, mets-la et laisse-moi tomber amoureux encore ». Je l'ai mise, tu me l'as retirée. Je ne décrirais par la suite, j'ai peur qu'Hazel tombe dessus un jour. Ce matin, pendant que tu dormais et un peu obsédée par ce que j'avais vu en songe, j'ai été chez le tisserand et je m'en suis acheté une. Je crois que t'aimeras bien la couleur.




    17 mai — IX — L'Ermite


Citation:
A l'approche de l'été, je voulais paraître au mieux pour vous sur la plage de Marseille. J'avais plus de plantes, c'était la sacrée dèche, parce que le soleil de mai avait cramé toute l'herbe du Limousin. Alors j'avais dû me résoudre à aller chez la rebouteuse du coin, qui ressemblait drôlement à Mémé Glaviote. Elle m'a vendu une fiole aux effets drainants, soit disant que ça éviterait les jambes lourdes. Ah ouais, les jambes lourdes avec tout ce qu'on va marcher, c'est pas génial, j'me suis dit. Alors cul sec. Je me réveillais sur les rives de Vienne, bien cadavérique. Sa maudite potion avait fait partir toute l'eau de mon corps et presque tous mes muscles. Et du coup mes jambes ne me portaient plus.




    18 mai — XXII — Le Mat


Citation:
On partait vers Alexandrie, toi, Hazel et moi. Tu nous avais dégoté un bateau pour la traversée. Mais le rafiot était vieux et je passais à travers la coque par un soir d'orage. Hazel est venue me sauver de la noyade, elle avait enfilé sa queue de sirène - celle qu'on avait initialement refusé qu'elle emmène. On a colmaté les trous avec des planches que t'avais tenu à prendre avec toi - tes talents de druide, sans doute - et le voyage s'est poursuivi comme si de rien n'était. Arrivée sur place, j'ai tenu à acheter un mat pour apporter ma contribution sur le voyage retour. Comme on avait pas encore pris d'hébergement, j'avais nulle part où l'entreposer, alors je me le suis trimballé tout le premier jour. Vous vous foutiez bien de ma gueule, elle et toi. N'empêche que vous étiez bien contents de l'avoir pour vous faire de l'ombre sous le cagnard du désert.


07:58 Vous tirez la carte (XIX) Le Soleil, qui se consume alors sous vos yeux. Tiens, c'est quoi ça par terre ? Vous ramassez un étrange objet.
05:09 Vous tirez la carte (XVIII) La Lune, qui se consume alors sous vos yeux. Tiens, c'est quoi ça par terre ? Vous ramassez un étrange objet.
14 mai : 07:24 Vous tirez la carte (XV) Le Diable, qui se consume alors sous vos yeux. Une présence pèse soudain sur votre épaule gauche et vous souffle à l'oreille moult pensées peccamineuses auxquelles vous vous surprenez à adhérer sans aucune retenue...
05:15 Vous tirez la carte (X) La Roue de la Fortune, qui se consume alors sous vos yeux. Votre œil est subitement attiré par quelque chose qui brille là par terre... la chance vous sourit ! Vous trouvez 44 écus.
10:48 Vous tirez la carte (III) L'Impératrice, qui se consume alors sous vos yeux. Près de vous, une panoplie qui ne s'y trouvait pas il y a juste un instant, vous auriez pu en jurer... le fil d'or qui la compose brille de mille feux, quelle beauté ! // * Quote : Boulevard de la Mort, Tarantino.
12:45 Vous tirez la carte (IX) L'Ermite, qui se consume alors sous vos yeux. D'un coup, vous vous sentez faible. Très faible. Vous vous palpez le corps et vous rendez compte avec stupeur que vous êtes devenu squelettique !
10:00 Vous tirez la carte (XXII) Le Mat, qui se consume alors sous vos yeux. Un vent violent se lève, et une voile épaisse et bien rugueuse se retrouve projetée sur vous. Personne ne semble savoir d'où elle vient, c'est complètement fou, mais vous avez gagné une voile.

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                                                  Merci JD Sadella ♥
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