Nevgerel
Les Grands Moments de l'Histoire sont toujours sujets à la délicatesse des interprétations. Aussi pour faire le récit fidèle de l'incroyable événement qui va suivre et le restituer dans tout son Mythe, a-t-il été décidé d'en présenter toutes les versions afin que le lecteur attentif et passionné puisse se faire sa propre idée.
Bucolique :
Le Moustajestique gambadait gracieusement dans la prairie autour du lac. Papillons et libellules enchantaient de leurs vols colorés les galanteries de corolles radieuses, oscillantes et langoureuses dans l'ondoiement d'or d'un astre de promesses et de générosité, tandis qu'à la brise légère cajolant les eaux de baisers doux dans le dessin frémissant de vaguelettes scintillantes de pâmoison, les oiseaux confiaient gaiement les secrets féconds du Monde en trilles veloutées et magiciennes.
Ô vénusté ! Ô miracle de la Création ! Ô Moustache sainte et bénie !
Union mystique des Beautés de la Nature, toute la Nation des Fleurs adressait ses prières à un Ciel de légende, et les animaux venus de pays lointains et inconnus sous le guide d'une étoile souriante, apportaient leurs cadeaux à la procession des canards qui allaient bientôt connaître et la gloire, et la consécration.
Dramatique :
Instant suspendu aux sables du Destin. L'ombre s'étend immobile et sévère par dessus les bruissements figés des buissons pris d'angoisse. Il se murmure dans la pénombre des soupirs d'épouvante et des craintes obliques échangent leurs regards. Du lac, les eaux mêmes comme prises de débâcle, paraissent naufrager tristes et hagardes sur la berge cémétériale jonchées de gouttes mortes, et l'onde survivante, se retroussant à son lieu d'origine, messagère d'infortune au lieu qui la fit naître, rapporte la plainte amère de l'affliction prochaine ; le danger intrépide prépare son éclat.
Avènement fatal d'un sort infrangible, l'innocence naïve ne sait rien du présage. Elle dandine sans défiance vers le cur du tourment. Elle approche sans détresse du moment orphelin qui privé de famille privera de futur.
L'ombre s'étend soudain tel un ciel de noirceur. Il s'abat sur le monde des pluies de plumes. Il retentit dans le monde des cris zébrant l'air d'une dernière lumière.
Et puis, plus rien.
Le silence.
Le calme.
Avant que ne rongent les premiers crépitements du feu.
Réaliste :
Aie ! Mais Aieuh !... tiens prends ça et ça !... Nan pas la moustache ! Spèce de Salemipède !... Reviens ! Reviens tout de suite que je t'estourbisse !
Qu'est-ce que les Suisses avaient bien pu infliger à leurs canards pour qu'ils soient si revêches ? C'est une question qui restera dans le mystère pour que cette belle narration demeure accessible aux mineurs. Ce qui demeurait certain, c'est que le Moustajestique était tombé sur le filet qu'il avait tendu sur ses proies, dont la plus grosse venait de s'échapper, ce qui le projetait sous l'effet d'une double menace. Tout d'abord parce que même situé de l'autre côté des cordes, il était tout autant emberlificoté que les canards, et si de son poids ils en étaient davantage prisonniers, ils n'en devenaient que plus vifs à vouloir engager les pourparlers à coups de becs pincés. Ensuite parce qu'on sait comme le canard est un animal fourbe, vil et globalement fayot ; ce canard échappé allait forcément tout raconter aux Angevins. L'instant était critique.
Critique du genre catastrophique.
Il fallait absolument trouver une issue.
« Déaaa-aie ! Aie aie aie ! Déa chope-le ! »
Bucolique :
Le Moustajestique gambadait gracieusement dans la prairie autour du lac. Papillons et libellules enchantaient de leurs vols colorés les galanteries de corolles radieuses, oscillantes et langoureuses dans l'ondoiement d'or d'un astre de promesses et de générosité, tandis qu'à la brise légère cajolant les eaux de baisers doux dans le dessin frémissant de vaguelettes scintillantes de pâmoison, les oiseaux confiaient gaiement les secrets féconds du Monde en trilles veloutées et magiciennes.
Ô vénusté ! Ô miracle de la Création ! Ô Moustache sainte et bénie !
Union mystique des Beautés de la Nature, toute la Nation des Fleurs adressait ses prières à un Ciel de légende, et les animaux venus de pays lointains et inconnus sous le guide d'une étoile souriante, apportaient leurs cadeaux à la procession des canards qui allaient bientôt connaître et la gloire, et la consécration.
Dramatique :
Instant suspendu aux sables du Destin. L'ombre s'étend immobile et sévère par dessus les bruissements figés des buissons pris d'angoisse. Il se murmure dans la pénombre des soupirs d'épouvante et des craintes obliques échangent leurs regards. Du lac, les eaux mêmes comme prises de débâcle, paraissent naufrager tristes et hagardes sur la berge cémétériale jonchées de gouttes mortes, et l'onde survivante, se retroussant à son lieu d'origine, messagère d'infortune au lieu qui la fit naître, rapporte la plainte amère de l'affliction prochaine ; le danger intrépide prépare son éclat.
Avènement fatal d'un sort infrangible, l'innocence naïve ne sait rien du présage. Elle dandine sans défiance vers le cur du tourment. Elle approche sans détresse du moment orphelin qui privé de famille privera de futur.
L'ombre s'étend soudain tel un ciel de noirceur. Il s'abat sur le monde des pluies de plumes. Il retentit dans le monde des cris zébrant l'air d'une dernière lumière.
Et puis, plus rien.
Le silence.
Le calme.
Avant que ne rongent les premiers crépitements du feu.
Réaliste :
Aie ! Mais Aieuh !... tiens prends ça et ça !... Nan pas la moustache ! Spèce de Salemipède !... Reviens ! Reviens tout de suite que je t'estourbisse !
Qu'est-ce que les Suisses avaient bien pu infliger à leurs canards pour qu'ils soient si revêches ? C'est une question qui restera dans le mystère pour que cette belle narration demeure accessible aux mineurs. Ce qui demeurait certain, c'est que le Moustajestique était tombé sur le filet qu'il avait tendu sur ses proies, dont la plus grosse venait de s'échapper, ce qui le projetait sous l'effet d'une double menace. Tout d'abord parce que même situé de l'autre côté des cordes, il était tout autant emberlificoté que les canards, et si de son poids ils en étaient davantage prisonniers, ils n'en devenaient que plus vifs à vouloir engager les pourparlers à coups de becs pincés. Ensuite parce qu'on sait comme le canard est un animal fourbe, vil et globalement fayot ; ce canard échappé allait forcément tout raconter aux Angevins. L'instant était critique.
Critique du genre catastrophique.
Il fallait absolument trouver une issue.
« Déaaa-aie ! Aie aie aie ! Déa chope-le ! »