Arry
- [Samedi 5 juin au soir Château du Limousin & de la Marche]
Depuis l'aube, le Castel grouillait à l'effervescence des préparatifs. Ca fumait sévère en cuisine, le service déco était au taquet & surtout, parce qu'ils étaient en Limousin-Marche & que sport régional se respectait, ça suintait de toutes parts aux ragots au sein même du petit personnel : « On m'a dit que le recteur écoperait du rôle de la soubrette pour qu'on puisse se rincer l'oeil », « La Capitaine va débarquer au bras d'un Durocasse, dans une robe fleurette qu'elle a elle-même tricotée », « Pierrot a conté à Jacques qu'on avait donné consigne à Paul de placer Astoria, Vittorina & Vera à même tablée pour que ça s'étripe d'entrée de jeu », « J'ai entendu le Comte brailler qu'il allait interpréter le Roy se meurt », « Paraît que de l'aphrodisiaque a été glissé dans les boissons pour pousser à la faute ».
Ca jactait, ça jactait & pendant que ça jactait, on rajoutait toujours un peu plus de couleurs & traditions limousines & marchoises : les oriflammes étaient de partout visibles y compris accrochées aux fenêtres -, le tapis qui couvrait les marches ouvrant sur l'entrée pimpait aux notes provinciales, les couverts en porcelaine étaient de sortie, sur tablées disposés, les fûts de prune arrivaient à balle en salle de réception. Et en hall, planqués sous draps, des accessoires, fripes & diverses conneries n'attendaient que de venir joyeusement caricaturer les convives. Gus, treize printemps & demi au compteur, le tif virant sur le rouquin, le bandana ancré à cabèche, avait été chargé par son boss de refiler cartons indiquant rôles à tenir.
L'ado était en poste & guettait le signal d'un Arry censé annoncer ouverture des festivités. Y'avait un brin de retard. Ce qui ne l'aurait en normal temps pas tracassé au bile puisque Zolen était une putinasse de diva qui adorait se faire désirer, mais il savait que son abruti de patron avait fait mander son tordu teuton médecin en catimini voilà maintenant quelques heures & ce n'était probablement pas pour jouer aux billes. En général, quand le charlatan était appelé c'était pour de la médicinale saignée &/ou dissimuler Zozo pépins de santé sous une bonne dose d'herbes douteuses censée l'exalter à la forme apparente. Gus se rongea nerveusement les ongles, craignant alors que minutes s'égrainaient, que le pété du bulbos comtal se radine jouer le délirant maître de cérémonie avec du simple pagne en guise de costume. Eh.. ouais, nan, même pas. Perché sur toit, sapé en romain evêque, soutane à l'appui, Arry, paluches en guise de porte-voix, fit raisonner du :
Qu'on ouvre portes & fenêtres pleine tartine, qu'on nous entende bringuer aux quatre coins du Royaume ! Qu'prunasse coule à flottasse, qu'nougats pleuvent sur vos trognes & qu'miellées bisailles éclatent à vos becs ! Pour le Limousin & pour la Marche, radinez vos croupes !
Spoiler:
Citation:
Banquet comtal
PARES A L'ENJAILLE ?
Banquet comtal
PARES A L'ENJAILLE ?
- A nos camarades limousins & marchois en prime,
A celles & ceux qui aiment à se crever quinquets sur gitanes pattes de mouches ensuite,
Pépite du monde, terre d'allégresse, le Limousin-Marche vire à la fête.
Si vous aviez du projet pour samedi prochain, lâchez tout & rendez-vous au Castel. Juré, ce sera plus emballant qu'une soirée échecs avec votre grand-mère, plus vivifiant qu'un tête-à-croupe avec les langes de votre rejeton. Au programme : du banquet, mais pas n'importe quel banquet. Du banquet à la sauce limousine & marchoise. En somme : ne vous cassez pas cabèche à choisir tenue, ne vous ruinez pas en parure, n'essayez même pas d'apprendre à aligner trois pas de danse sans saccager petons de votre partenaire. Ce ne sera pas utile.
Pour cette soirée, oubliez les macarons, les titres qui valdinguent & les échanges dégueulant à la politesse. Déjà, parce que c'est ennuyeux à s'en cogner poulaine à cabèche. Ensuite, parce qu'on vaut bigre de mieux qu'un énième banquet plan-plan. Enfin, parce qu'en ces temps où le Royaume se paume en sérieux, en guindé & en préconçu, rappelons-nous que vivre, bien vivre, réellement vivre, c'est le faire sans entraves, c'est s'amuser, c'est ricaner, c'est être auprès des siens.
Le Conseil vous propose donc une soirée « Deviens ton Autre ». Un banquet, à la sauce rôliste. Vous sentez la connerie ? Parfait, vous avez le pif, elle arrive. Le principe ? Se fondre dans la carcasse d'un autre. Mais pas n'importe quel autre. Nan, nan, nan. Nous avons établi une liste trèèèès précise de personnages à incarner*, avec accessoires & un à plusieurs défis associés à réaliser au cours de la soirée. Les convives qui auront le plus fidèlement tenu leurs rôles rafleront évidemment chouettes prix (promis, ce ne sera PAS du putinasse de panier garni).
Que prune coule à flottasse & que miellées bisailles claquent à vos joues !
Pour le Limousin,
Pour la Marche,
& Purge ta Mère !
Pour la Marche,
& Purge ta Mère !
Papelard gratte-gratté le 1er jour de juin 1468, par Arry, au Castel.
* Comme on est pas trop clebs', à défaut de vous aiguiller sur les défis concoctés, vous avez le droit à un brin de visu sur certains des rôles dont vous pourriez écoper : la Commère limougeaude, l'Angevin en goguette, la Sorcière, le Toubib, l'Huissière, l'Evêque romain, le Soldat bourrin. Bla bla blouille. Toute ressemblance avec des personnes existantes serait purement tout sauf fortuite.
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