Aiden_owen
- Une nuit de mai 1469
Une oeuvre d'art, ainsi l'Angloys considérait le corps nu allongé devant lui. Les courbes parfaitement dessinées par les mains de Déos et celles du Sans-nom sans aucun doute, s'exposent sans pudeur dans son lit. La peau frémissante sous la brise qui s'introduit par la fenêtre ouverte de l'appartement rend le chef-d'oeuvre encore plus magistral. L'admiration par le regard Angloys n'a aucune limite et appaise l'obsession qu'il en a, soulagée par sa présence naturelle à ses côtés. Le bout des doigts est glissé dans le dos dans une caresse, explorant le caneva comme un bas-relief. Les yeux fermé, Aiden sait exactement quel direction prennent les sillons sur sa peau.
Son épouse en attention, l'époux se remémore la conversation qu'ils ont eu il y a de ça quelques heures. Kateline avait manifesté l'intérêt d'avoir un dessin gravé sur sa peau, de sa main, un tatouage. C'était une drôle de dualité, celle de se graver jusque dans sa peau et d'y laisser une partie de lui visible pour tous contre celle de ne pas vouloir éditer un tableau déjà parfait à son idée. L'envie féminine de porter l'une de ses conceptions l'a pourtant charmé et c'est avec plaisir qu'il s'imagine déjà en train de tracer son derme.
Les idées fusent dans son esprit et il détaille chaque parcelle de peau imaginant le dessin qui saurait mettre en valeur la femme de sa vie. Il ne manque pas de concepts, certains déjà discuté avec l'Ébène. Celui que la lune, elle, et du soleil, lui, plait énormément à l'Angloys. Aiden adore les astres, ils inspirent en lui un profond sentiment d'admiration et à son sens rien n'est digne de leur grandeur sauf peut-être l'amour profond qu'il ressent pour cette femme connue il y a dix ans de cela.
Il restait maintenant à savoir ou il allait marquer à vie la peau katelinienne. L'index angloys suit le creux du dos dénudé arrachant un frémissement sur le derme au fur et à mesure qu'il descend pour dessiner la naissance du fessier. Certaines parties du corps demeurent cependant hors-limite. Jamais il ne pourrait dessiner sur le divin séant de l'épousée, source de ses fantasmes les plus forts.
Le doigt remonte parcourant les côtes jusque sur sa nuque. Ici peut-être?
Il épouse maintenant la rondeur d'une épaule et redescend le long du bras. Pourquoi pas là?
Peu importe l'emplacement choisi, le Brun y mettra une application infinie et c'est sans hésitation qu'il inscrira son amour dans le derme de Kateline tout autant qu'elle inscrira le sien dans sa peau à lui. Suite à l'aveu de Kateline lui réclamant un tatouage, Aiden avait manifesté le désir qu'elle fasse la même chose sur lui. L'expérience serait tout autre pour lui puisque sa peau est déjà marquée. Au fil des années, Aiden avait utilisé les dessins pour refouler une partie de lui qu'il tentait d'oublier. C'était pour cacher et recouvrir les échos de son passé, visibles sous forme de marques et de brûlure sur ses bras, son torse et son dos.
Maintenant son attitude face à l'enfance traumatisante qu'il a eu est tout autre. Nulle envie n'est restée de vouloir à tout prix camoufler ses cicatrices. Les tatouages ont maintenant un tout autre sens pour lui et il se plaît à penser qu'ils racontent son histoire. Rien ne serait plus significatif dans ce cas que Kate marque sa peau à jamais preuve indéniable de la passion qui les anime...
Matin de juin 1469
Aiden se dirige d'un pas assuré vers Les Six Baies, taverne récemment achetée par Kateline. L'idée d'ouvrir un établissement était née il y a quelques semaines de cela et sa femme avait fait de leur projet une réalité, la journée d'avant. Elle doit certainement avoir un pouvoir quelconque qui lui permet de trouver un emplacement et de le meubler en moins de quelques heures, le pouvoir de l'argent sans doute. L'endroit était d'un luxe presque indécent. Tout à l'intérieur de la taverne est riche et habilement choisi par la propriétaire.
Ce serait l'endroit l'idéal pour cette séance d'art corporel selon lui. L'Angloys s'affaire à réaménager la salle pour qu'elle soit parfaitement adaptée à l'activité imminente. Les tables sont toutes repoussées pour longer les mur à l'exception d'une seule qui est placée au centre de la pièce. Un grand drap et déposé sur celle-ci pour la protéger de l'encre qui pourrait l'abîmer.
Une fois l'ammeublement déplacé, Aiden prépare son matériel. Il y a un moment qu'il n'a pas tatoué. À vrai dire il ne l'a fait que sur lui-même. Ce sera la première fois qu'il marque un peau qui n'est pas la sienne. Débordant de confiance, il n'est pas inquiet de ses capacités à dessiner ayant toujours été doué de ses mains cette fois ne fera pas exception. Ainsi commence son rituel de prétatouage. Trois aiguilles sont stérilisée sous une flamme et enfoncées à moitiée dans des petites tiges en bois en faisant trois crayons. Il les lie ensuite ensemble pour créer qu'un seul outil avec lequel il dessinera. Quelques tissus propres sont pliés soigneusement sur un bout de la table et dequoi faire un bandage propre également. Il ne manque plus que son canevas.
La porte est vérouillée et l'arrivée de Kate surveillée. C'est un moment qu'il souhaite partager avec sa femme et qu'avec sa femme. C'est un peu comme faire l'amour, mais autrement.
*Tu es là, jolie comme un nouveau tatouage
Je ne fait que m'asseoir plus loin pour admirer
On dirait que cette fois il ne disparaitra pas
Toutes les peurs, tous les abandons
Tous les souvenirs douloureux
S'effacent lorsque je suis avec toi
Bébé, je t'ai dans la peau
_________________