Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4   >   >>

[RP] Echanges épistolaires : l'instruction dissolue

Hildegardeii
[On the road - again]


Le relais postier m'accueille au moment où la nuit tombe et ma monture renâcle, les flancs et l'encolure écumants, épuisé d'avoir parcouru autant de distance en une journée.
Quant à moi, je ne vaux pas plus cher : mes jambes se font guimauve à l'instant où elles touchent le sol pour la première fois depuis mon départ du matin et la sueur colle les mèches qui s'échappent de mes tresses. Je m'accroche à la crinière de mon cheval, mes doigts serrés dans ses crins pour ne pas m'effondrer, le front posé contre le cuir de ma selle.
L'animal et moi soufflons un instant, puis je soulève le quartier de la selle et libère le hongre de la pression de la sangle en détendant la sous ventrière de trois trous.

Un palefrenier vient récupérer ma monture et j'entre dans l'auberge du relais.

Je veux une chambre calme et qu'on me fasse monter une bouteille de vin, des fraises et de quoi écrire
dis je à l'aubergiste en claquant une poignée de pièces sur le comptoir. Et une stalle fraiche pour mon cheval, qu'on l'étrille et lui donne de quoi pouvoir repartir demain à l'aube.

Les escaliers qui mènent à l'étage où sont les chambres sont gravis dans la foulée et après avoir retiré mes vêtements de voyage, m'être baignée pour laver toute cette fatigue, je m'installe face au secrétaire en attendant que l'aubergiste me fasse monter ma commande.



Wat,

J'ai préféré ne pas m'attarder ce matin et vous laisser dormir du sommeil du juste.
Rester plus longtemps n'aurait fait que repousser l'inéluctable : nous savons tous les deux de quel bois nous sommes faits et notre complicité aurait fini par virer à une routine que, ni vous, ni moi, ne souhaitons voir s'installer entre nous.

Et puis, je ne me vois pas vous coller aux basques et traîner à votre suite dans les rues que vous fréquentez.
De même, je n'aurais pas supporté de devoir vous rendre des comptes sur mes faits et gestes quotidiens.
Nous sommes tous deux trop indépendants pour accepter d'être entravés. c'est libre, effronté, insolent et machiavéliquement pervers que je vous aime.

Vous avez su me rattraper à un moment où je croyais avoir perdu jusqu'à mon identité. C'est vrai que je reviens de loin mais n'ai-je pas dit que c'était comme ça que je concevais l'amour ? J'en mourrai certainement un jour, c'est évident. Mais tant que ma cervelle n'aura pas éclaté pour de bon et surtout tant que j'aurai des amis tels que vous, à la fois totalement détachés de tout et extrêmement conscients de la réalité, je survivrai au pire.

Grâce à vous, j'ai pu me libérer de cette gangue poisseuse qui m'emprisonnait et m'étouffait. L'abaddon m'a quittée, enfin.
Grâce à vous, à la douceur caressante de vos mots, grâce à l'exquise perversité de votre allure d'ange déchu, grâce à l'alcôve et enfin grâce à la pudeur que vous avez su préserver, comprenant tout sans que j'aie jamais rien eu besoin de vous expliquer, j'ai repris goût à la vie et je vous en remercie.

Je file à présent retrouver mes enfants, bien décidée à leur faire oublier les heures sombres de ces derniers mois. Ils sont ma vie et ma force et la lumière qui éclaire mes pas.
Etre loin d'eux m'est viscéralement insupportable.
Je ne pense pas que vous puissiez comprendre la force du lien qui m'unit à eux ;les hommes n'ont pas cette capacité à ressentir la même intensité que les femmes dans l'amour filial, mais vous pouvez déjà imaginer quelque chose de grandiose et d'extraordinaire et multipliez le par mille. Ça vous donnera un aperçu.

Cependant, l'instruction est loin d'être terminée puisque finalement, nous n'avons presque rien abordé et pour cause ! Mettez deux vieux complices dans une bassine de flotte et demandez leur de rester de marbre ! Nous avons tenu combien ? Dix minutes, un quart d'heure ? Que disent vos statistiques à ce sujet ?

D'autres amants, d'autres maîtresses traverseront nos vies. Il y aura d'autres joies, d'autres aventures, d'autres larmes aussi mais le lien qui nous unit depuis tant d'années est, lui, indéfectible.

Je vous embrasse Wat-Mont.

A vite.

Hilde


Dès que l'épouse de l'aubergiste passe la porte pour m'apporter le repas, je lui remets le pli.
La nuit sera courte. J'ai de la route à faire.
_________________
--Josephine.
*Mot griffonné à la va vite et laissé près de l'entrée*


Joséphine a écrit:
Gustave,

Mon coeur tout moite
Palpite alors que l'on démâte.

Par tous les Dieux !

Remettez votre cravate
De diplomate.

Je refuse ! On vaut bien mieux !
Watriquet
WatMon sortit lentement de ses rêves, la nuit torride l’avait épuisé.

Si en Amour Hilde nécessitait des leçons qu’il lui prodiguait avec plaisirs, coté pratique elle n’avait rien à apprendre et elle avait été une amante parfaite, enthousiaste, coquine à souhait, ce en quoi il n’aurait de toute façon jamais douté, mais à présent il en était absolument convaincu.

Elle avait été insatiable, ils avaient remis le couvert à plusieurs reprises et malgré l’endurance de Wat ce matin il était vidé.

Encore endormi il errait dans une plénitude béate, en gardant avec gourmandise le doux parfum sucré du Nirvana qui irradiait encore son corps et son esprit.

A l’extérieur des oiseaux sifflotaient gaiement. Un rayon de soleil passant à travers un interstice du volet et vint frapper Wat sur son visage.
Il se tourna et tendit la main vers l’autre coté de la couche, mais il ne pu saisir que les draps froissés.

Il ouvrit les yeux et chercha la silhouette fluide et féline d’Hilde dans la pénombre sans succès. Peut-être derrière le paravent ?
Il l’appela mais seul le silence lui fit écho.

Il se leva et fit le tour de la pièce nu. Ses affaires n’étaient plus là et elle non plus à l’évidence.

Une grande déception le gagna, aucun mot sur la table ou ailleurs.
Il aurait aimé déjeuner avec elle ! Partager encore quelques moments simples avant son départ et surtout se dire au revoir.

Il ralluma le feu mourant dans l’âtre et sa déception se mua en colère, une colère sourde et profonde.

Il entendit des pas à l’extérieur et une main qui tapa à la porte, un espoir de la revoir avant son départ, lui dessina un sourire.

Il prit le drap dont il se drapa comme une toge nouée à la va vite à la taille et alla ouvrir.
Mais c’était une petite dame un peu forte qui lui tendit une missive.
Un peu interloquée par sa tenue, elle prononça son nom.

Messire Watriquet ?

Wat acquiesça de la tête, jeta un coup d'oeil à l’extérieur, le cheval d’Hilde n’était plus là.
Il prit la missive et la congédia, en bougonnant.

Il décacheta le pli et s’assit à la table, lu la missive qui calma un peu son humeur, elle lui avait écrit mais ce qu’elle lui disait était encore incohérent.
De quoi avait-elle peur ? Il avait été pourtant clair !

Il prit la plume et sur le champs lui répondit en ces termes, en essayant de calmer sa colère :




Ma douce et tendre amie,

Je vous sais bien trop sauvage,
Pour vous enfermer dans une cage,
Vous dites que je vous ai libérée
Mais vous voila déjà envolée.

Même si le temps vous presse,
La moindre des politesses
Serais au moins de dire au revoir,
Et non vous échapper dans le noir.

Partir aussi précipitamment dans nuit,
C’est que l’on a peur ou que l’on fuit.
Je ne voulais ni à votre âme ni votre coeur,
Ni aucune raisons pour fuir comme un voleur.

J’ai trouvé en vous un point fort,
Dans les relations au corps à corps,
En cela vous avez une maitrise
De mille façons toutes exquises.

Mais les relations humaines,
Ce n’est vraiment pas votre domaine;
Vous avez encore besoin de leçon,
Car vous manquez en ce sens d’éducation.

Je reprends en cela mon rôle de professeur,
Et si vous le voulez même de confesseur.
J’espère d’ailleurs vous revoir à con-fesse,
Au plus tôt, vous connaissez l’adresse.

Wat-Mon.



_________________
Souleur, Buveur, Libertaire, Libertin mais surtout Libre esprit.
si tant qu'il en ai encore à l'heure ou vous le rencontrerez.

WAT-Else ?
Hildegardeii
Les quais mouillés de la pluie tombée à l'aube, renvoient une lumière aveuglante. Le soleil éblouissant baigne les pavés genevois d'un éclat prometteur. La journée sera belle.

Installée juste devant le bateau qui va m'emporter, je profite d'une heure de répit tout en reluquant les matelots qui s'affairent sur le pont.
Le plus beau d'entre eux, porte une marinière avec un numéro 8 dans le dos. Il a une allure folle et soudain, il capte mon regard. J'en mets de l'encre plein le parchemin.

Tss... Cessez de me regarder comme ça, vous allez me mettre mal à l'aise.







Cher Wat-Mont,

C'est depuis la taverne de l'embarcadère que je vous écris ces quelques lignes.
Je suis sur le départ, mes malles sont là, alignées devant moi, prêtes à être chargées sur le bateau qui nous emmènera pour quelques jours en croisière.

Je vais quitter Genève pour quelques jours et laisser le genevois à leur politique et leurs grands idéaux. Je sais comment cela va finir et je ne suis pas suffisamment désespérée pour avoir envie de mourir sur un rempart pour la gloire d'une poignée d'élus. Suivre les ordres et me faire dézinguer, j'ai donné en Touraine à l'époque, vous vous en souvenez peut être. C'était pendant la guerre du Ponant et franchement, les récits de guerre, c'est chiant et les guerriers m'emmerdent parce qu'ils ne meurent jamais et s'imaginent en héros.

Je me concentre donc sur l'essentiel et l'essentiel, à cet instant, c'est un cas fée très serré, très fort qui embaume la terrasse. Le tavernier me connaît et sait ce que j'aime. Il m'a même apporté une cuillère pour que je touille.
Alors je plante ma cuillère dans cette tasse et je touille tout en regardant les hommes se croiser sur la passerelle pour monter le chargement à bord.
Il fait beau. Les mouettes gueulent. Mon fils court entre les balles de laine et Brad Pitt cavale derrière lui. Falcounet est déjà à bord, je l'entends braire d'ici. Même mon dindon a été embarqué et il pince le cul des matelots qui passent à portée.
Bref, toute la famille est sur le départ, même ma fille, qui est un peu plus loin là, avec son amoureux que je ne peux pas blairer et qui me le rend bien. J'ignore s'il viendra avec nous ou si ce sont des au-revoirs qu'il s'échangent. J'ai décidé de ne pas m'en occuper.

Comme vous le voyez, je suis sereine. L'hiver est derrière nous et j'ai des projets qui risquent de me faire voyager pas mal. Je vous en dirai davantage dès mon retour de croisière.

Et vous ? Comment allez vous ? J'ai oui dire que vous fréquentiez les filles légères ? J'adore ! Je vous imagine bien devenir la coqueluche de ces dames, ça va les changer de l'ordinaire un peu de raffinement. Peut être qu'entre deux tentures nous trouverez vous la future Volange ?

Donnez moi de vos nouvelles. Des bonnes !

Je vous embrasse mon ami.

Avec toute ma tendresse,


Mert'Hilde


Oups, je reprends la lettre de justesse, le commis partait avec pour la remettre au relais de poste !
J'ai oublié de vous dire un détail, rien de grave, rassurez vous. C'est en rapport avec ce dont vous évoquiez dans votre dernière lettre au sujet des relations humaines.
Je progresse.
Enfin je crois.
... En fait je ne sais pas et j'ai besoin de vos lumières.
Que feriez vous si un homme aussi séduisant que diabolique plantait tout pour vous conquérir et vous demandait de l'épouser ?
Enfin, pas Vous... Moi...
J'ai dit oui, j'ai bien fait ?

Je vous embrasse encore ! Ne me grondez pas ! Je vous aime !

Hilde


_________________
Watriquet
Wat reçu avec un plaisir non dissimulé une lettre de Genève.
Il l’attendait depuis si longtemps.
Il était empressé tout excité d’avoir des nouvelles de son amie.
Il la décacheta rapidement et se mit à lire. Son sourire s’étira au fur et à mesure qu’il avançait dans la prose.
Puis soudain son visage se figea. Une colère sourde monta en lui. Il se retint de jeter le parchemin dans l’âtre.

Il prit une bouteille se repli un godet qu’il vida d’un trait et le jeta contre le mur avec violence.

Il essaya de reprendre ses esprits, cela ne se pouvait, il lui avait pourtant bien fait plusieurs leçons sur l’absurdité du mariage, ce n’était pas possible, non !
A moins qu’elle ne faisait que le provoquer !
Oui c’est ça, elle le provoqua avec espièglerie, Oh la perverse ! Il se mit à rire tout seul de sa naïveté.

Il prit un parchemin pour lui répondre mais il était encore sur le coup de la colère :




Ma très chère amie

Quelle joie d’avoir de votre part
Des nouvelles d’un nouveau départ.
Bien entendu je parle de votre voyage
Et non pas de votre
#==#X@X///@\\\X* mariage. * (Ratures et grosses tâches d’encres.)

Comment vous le dire pour que vous reteniez
Que rien ne vous oblige à vous marier ?
Fuyez cette institution Aristotélicienne,
Prenez du bon temps mais pas de chaine.

Cédez à l’Amour, à la tendresse,
Mais ne montrez aucune faiblesse.
Succombez aux douces flèches d’Eros,
Mais ne contractez jamais de noce.

Soyez maitresse, soyez dominatrice,
De votre amour soyez l’actrice,
Qu’il soit votre serviteur obéissant
Qu’il vous comble et soit fidèle amant.

Jouez les indécises avec lui,
Dites un jour non, et un jour oui.
Fâchez vous un peu, pas trop
Pour qu’il vous couvre cadeau.

Qu’il devienne votre doux toutou
Qu’il décroche la lune pour vous.
Voila comment je conçois votre liaison
Saurez vous appliquez cette leçon ?


Quant à moi, et mes fréquentations
Vous connaissez en cela ma position.
De loin ce que je préfère en la matière :
Convertir les femmes prudes à l’adultère.

Honorant le lit des dames assidûment.
J’ai toujours été un galant et fier amant,
Je les quitte discrètement à la dérobée
Quand leur mari est dans l’escalier.

Dans la torpeur Turonne, il m’arrive le soir,
D’aller faire un tour, me détendre au lupanar.
Pour me griser en bonne compagnie,
Les filles sont faciles quand on y met le prix.

Mais c’est d’un ennui ! Et je n’en tire pas gloire
Car c’est une conquête sans victoire,
Je perds le plaisir de la chasse du loup
Pour la pitance froide d’un vieux toutou


Je vous souhaite bonne croisière,
Avec vos enfants et votre réitère.
Et n’oubliez pas de venir me rendre visite
Car à la précédente nous pourrions donner suite.

WatMon
Votre éternel ami qui vous gronde comme il vous aime car vous le voulez bien.


_________________
Souleur, Buveur, Libertaire, Libertin mais surtout Libre esprit.
si tant qu'il en ai encore à l'heure ou vous le rencontrerez.

WAT-Else ?
Hildegardeii
C'est à la playa del Levante entre Barcelonne et Tarragone que mes pas me mènent. Seule ou presque, j'avance souplement jusqu'à l'endroit où, un jour, j'ai entendu la musique des anges.
La crique est là. Immuable. Toujours aussi belle et sauvage que la première fois. Une bouffée d'émotion m'étreint en repensant aux miens et à ce jour là.
Le temps a passé, la colère s'est apaisée. La nostalgie heureuse fait place à la rancoeur.





Cher WatMon,

Le vent s'est un peu calmé après l'orage de la nuit dernière et ce matin le ciel m'est apparu lavé de tous nuages et d'un bleu si pur qu'il se confond avec l'horizon de la mer.
Je suis allée m'isoler sur la plage qui m'a vu m'échouer, il y a deux ans, quand nous avons fait naufrage au retour d'Alexandrie.
Ici, rien n'a changé. Les cailloux, ça ne bouge pas. Le sable est toujours aussi blanc et doux sous mes pieds. La mer aussi apaisante et pourtant, Dieu sait qu'on a failli y passer cette fois là.
J'y repense avec nostalgie, c'est drôle mais c'est vrai qu'ici on a passé des moments inoubliables avec des gens formidables.
Pour ça aussi, rien n'a changé. Ils sont tous là. Aucun ne manque à l'appel sauf le fiancé qu'avait trouvé ma fille. Le pauvre est mort l'automne suivant. Et le comble, c'est qu'ils se souviennent tous de nous comme si je les avais quittés la veille ! Il y a même des villageois que j'ai à peine aperçus qui sont venus m'accueillir.
Mon fils, qu'ils ont vu tout bébé, est la vedette et il s'est fait entrainer par les enfants de mes amis Ari et Mour qui ont des enfants du même age. Je loge chez eux, le temps de mon séjour, comme autrefois.
Tout ce petit monde s'amuse sur la plage en ce moment et Brad Pitt galope comme un fou au milieu d'eux tandis qu'ils lui lancent des grandes brassées d'eau salée.
Lui aussi se souvient. Je le vois à sa façon de me regarder et à l'étincelle dans ses yeux.

Ça pourrait s'apparenter au bonheur. Il manque peu de choses.


Je pose un instant ma plume, les gosses réclament des churros et Alex bouffe du sable ! OOooh nooon !!!

Voilà. Je suis à nouveau avec vous, j'ai nourri mes "mouettes" et tout ce petit monde est reparti jouer dans l'eau en piaillant !



J'ai suivi à la lettre vos dernières recommandations.
J'ai tout mis en pratique comme vous me l'aviez dit, mon WatMon, en m'appliquant à faire toutefois abstraction de ce que j'étais au fond de moi et tenter (je dis bien tenter) de devenir plus "raisonnable" et me laisser guider.
L'exercice était difficile car, autant, je n'ai pas eu à me forcer beaucoup dans certains cas, autant concilier ma nature exigeante et l'idée de me laisser aller à obéir aveuglément m'a rapidement insupporté.

Et il en a résulté quoi ?
Et bien l'homme dont je vous parlais dans ma dernière lettre m'a dit que j'étais une manipulatrice et il est persuadé que je suis folle.
C'est idiot ! Quel manque de courage de ma part serait ce de me faire passer pour folle pour justifier mes décisions!
Je pense avoir suffisamment de fierté pour assumer chacun de mes actes sans avoir besoin de faire croire que je suis folle ! Vous le savez vous, WatMon, que j'ai toute ma lucidité et que rien n'est laissé au hasard !

Si c'était le cas, je me serais mariée dix fois depuis mon divorce déjà et serais tombée enceinte douze ou quatorze fois !
... tout en gardant ma ligne de jeune fille, ça va sans dire ah ah !

M'aimeriez vous encore si c'était le cas ?
Moi pas.
Et je ne parle pas de la ligne...

Enfin... Voilà que je m'emporte encore et que je tache ce velin. Merde !
A propos de taches, j'ai bien vu celle que vous avez faite sur votre lettre. Le mariage vous est tellement abominable que vous en perdez votre calme, cher ami. Mais ne paniquez pas. Tout va bien se passer. Je suis toujours l'amie que vous aimez, à la fois Merteuil et Volange, en passant par les 50 nuances de Tourvel.

Je vous embrasse cher galant et fier amant des Inaccessibles !

A bientôt !

Mert'Hilde
Grondez moi encore, je n'ai que trop tardé à vous répondre.

_________________
Watriquet
Wat était calfeutré dans son antre à l'abri, de l'orage de la guerre qui grondait en Touraine.
Installé confortablement dans son fauteuil, les deux pieds sur une chaise, il se mit à lire nonchalamment le courrier qu'il venait de recevoir et qu'il avait attendu avec impatience.

Un verre d'un alcool exotique humectait ses lèvres en diffusant une douce chaleur dans le gosier.

Son amie, aventurière dans l'âme naviguait depuis des semaines et il comprenait qu'elle ne pouvait lui transmettre des nouvelles aussi régulièrement qu'il l'aurait souhaité.

Il prit la plume pour lui répondre au plus vite, car Aristote seul savait quand celui-ci lui parviendrait et il faudrait au mois autant de temps pour que sa réponse lui parvienne.




Ma très chère amie

Je suis ravi de savoir que tout va bien
Pour vous durant ce périple méditerranéen.
Vous profitez de la vie, de vos enfants,
Même si parfois ils se comportent en garnement.

Je suis fort aise que vous suiviez mes recommandations,
Je ne vous avais pas dit que ce serait sans doute long ?
L’attachement demande d’être un peu masochiste,
Surtout envers un mâle aux prédispositions machistes.

Au moins vous savez à quoi vous en tenir,
Mais vous serez forte pour ne pas subir.
Continuez ne vous laissez pas imposer
Ce qui vous priverait de votre liberté.

En effet je vous aime tel que vous êtes,
Maitre de votre destin pas une marionnette.
Mieux vaux être seul que mal accompagné,
C’est ainsi que je vis, vous le savez.

Maitrisez de l’amour et ses réjouissances
Quelles soient roses ou grises toutes les nuances.
De Merteuil à Volange ou même Tourvel,
De dominatrice à conquise jouez sur ce panel.

Je ne vous gronderais pas cette fois,
Car de vous lire est toujours une joie.
Vous savez que je ne vous suis pas inaccessible,
Et qu’à vos charmes je ne suis pas insensible.


WatMon
Votre fidèle ami qui sait également comment vous récompenser...



_________________
Souleur, Buveur, Libertaire, Libertin mais surtout Libre esprit.
si tant qu'il en ai encore à l'heure ou vous le rencontrerez.

WAT-Else ?
Hildegardeii
De retour de cette courte escapade catalane, un éventail à la main et la plume de l'autre, je m'installe à l'ombre d'une glycine. Le parfum lourd de ses grappes de fleurs embaume l'air de l'estaminet où je fais halte et parvient même à faire oublier les relents d'huile d'olive brûlée de la cuisine.

La clape m'accueille pour quelques jours avant le retour à Genève. Les grillons chantent, la mer clapote, un gitan à la mine farouche me dévisage et m'envisage comme une fille que je ne suis pas.
Je n'ai qu'une envie : retirer mes vêtements pour pouvoir respirer.
Dans une heure ou deux, la nuit sera complète et je pourrai alors le faire et me jeter dans la mer.

Mais il y a ce gitan...






Cher ami,

Oh comme vous avez raison ! Le rôle de gentille maîtresse n'est définitivement pas fait pour moi. Ma dernière expérience en est bien la démonstration. Je l'ai quitté. Vous comprendrez pourquoi au fil de cette lettre.

Ce besoin d'extrème, cette rage dont vous parliez dans votre lettre laissée à l'alcôve sont toujours bien présents en moi. Pendant quelques temps, il est vrai, tout est resté en dormance et je pense que j'ai certainement donné de moi, une image faussée.
Mais qu'y puis-je ? Je suis ainsi faite que je ne maîtrise rien et qu'une étincelle peut déclencher l'explosion qui entraînera l'incendie.
Mais finalement, c'est ça que j'aime : être sur le fil...

On croit souvent qu'il faille se rassurer pour nous rendre heureux, mais c'est faux. Si se savoir aimée est un pur bonheur, savoir que tout peut s'arrêter est un piment tout aussi addictif. Il faut se mettre en danger. L'art consiste au dosage : jusqu'où aller ? Quand cesser ? Comment manoeuvrer pour récupérer l'autre... Cela nécessite de l'habileté et une extrème connaissance de soi même mais aussi de l'être aimé, tant dans ses forces et ses faiblesses. C'est un jeu dans lequel on ne peut pas tricher et qui requiert un investissement équivalent des deux partenaires, sinon, tout s'écroule. C'est une éternelle séduction, une prouesse constante dans l'éblouissement mutuel qui demande beaucoup d'implication et d'énergie pour pouvoir durer.

Tourvel se contentait de peu. Le quotidien confortable de l'épouse du Président, la routine, une vie bien cadrée, sans éclat ni relief. Je suis persuadée que tout celà ne fonctionne qu'un temps. D'ailleurs, elle mourait, flétrie d'ennui bien avant l'âge.
Pour preuve, elle s'est donnée corps et âme dans cette relation passionnelle avec Valmont au point d'en perdre la vie. N'est ce pas une formidable preuve d'amour ?

Je sais que vous ressentez un plaisir identique au mien, dans ma quête d'absolu, lorsque au prix d'une cour aussi fine que raffinée, vous dévoyez ces dames d'apparence si sage. Et si dans le secret de l'alcôve et de cet épistolaire, j'aime vous nommer Wat-Mont, ce n'est pas pour rien. Vous satisfaites mon coté Merteuil, vous savez, celui qui fait que je jouis de vous voir à l'oeuvre.
Par contre, ce que j'ignore, c'est ce que vous faites une fois que la belle a cédé et que vous l'avez faite vôtre. Perd elle tout attrait à vos yeux ou continuez vous à éprouver ce même plaisir dans la répétition ? Quelle est votre motivation ensuite ?

Je vais dans les prochains jours me tenir à l'écart de toute tentation. Mon ex époux a annoncé qu'il venait récupérer ses biens à Genève, accompagné de sa toute dernière compagne et d'une délégation essentiellement féminine.
Aussi, je ne tiens pas à avoir dans les pattes un amant qui me reprochera mon passé et verra dans la venue de Cobra une "coïncidence fortuite".
Ce déménagement est pour moi une bonne nouvelle, je ne vous le cache pas. Je crois que ni lui, ni moi ne supportons de vivre autrement que séparés par un royaume... au moins !

Je vous embrasse mon tendre ami
Sans "embarrassante ambiguïté"
Mais en toute sincère amitié

Mert'Hilde
Votre dévouée disciple, tout autant que maîtresse... Quelle était donc la récompense ? J'exige une description par le menu.

_________________
Watriquet
A peine être rentré de Loches ou il avait eu pour mission de délivrer une missive à une Ex-Duchesse de Touraine pour le compte de son amie qui n’avait pas son adresse.
L’enquête fût difficile mais Wat s’en était acquitté avec célérité et efficacité.

Il décida d’informer son amie du succès et l’aboutissement final de sa mission.
Il s‘installa sur la table sortit une plume, un encrier et un vélin vierge, qu’il accompagna d’un doux breuvage qui lui dispensait une douce euphorie.




Ma bonne amie,

J'ai pu remettre de façon expresse
Votre missive à votre amie Duchesse.
Je ne vous cache pas que ce ne fût pas sans mal,
Mais j’ai réussi à la trouver c’est le principal.

Nous avons échappé à une terrible méprise,
Car vous imaginez qu'elle aurait été sa surprise,
Si au lieu de lui remettre votre courrier,
J’avais transmis celui qui vous était destiné !

Je vois avec joie que votre tournure d’esprit,
Suit mes leçons qui sont mises à profit.
Et que par bonheur Cobra s’éloigne de vous,
Vous serez à jamais délivrée de son joug.

Je ne peux vous dévoiler tous mes secrets,
Mais petit à petit je vous dévoilerais,
De mes conquêtes quelques anecdotes
Certaines sont d’ailleurs plutôt rigolotes

Si mon coté WatMon qui vous plait tant,
Réveille en vous de la Merteuil le tempérament.
A mon œuvre donnez votre contribution,
Cédez pour moi à vos délicieuses tentations.

Que vous soyez maitresse ou disciple,
Les choix qui s’offrent sont multiples.
Pour vous prouver ma reconnaissance,
Je vous ai promis une récompense :

Vous me connaissez, je suis un épicurien,
Un bon repas, une bouteille de vin…
Un bon moment entre ami à partager
En tête à tête en toute intimité

Je vous promets vous n’aurez rien à faire,
Tout sera prêt de l’entrée au dessert.
Vous aurez le choix dans la date,
J’espère que cela vous flatte.

Votre fidèle amie, toujours prêt à vous servir.
(à table )

WatMon


_________________
Souleur, Buveur, Libertaire, Libertin mais surtout Libre esprit.
si tant qu'il en ai encore à l'heure ou vous le rencontrerez.

WAT-Else ?
Hildegardeii
Fin d'après midi d'été. Juillet est beau sur les flots de la Méditerranée. Tout est bleu, la mer se confond avec le ciel. C'est le calme avant la tempête peut être...
Qu'importe.
Il fait beau, la mer est belle... Que demande le peuple ?





Cher WatMon,

Vous allez rire, dans ma dernière lettre je vous parlais de mettre sa vie en danger pour la vivre plus intensément.
Et bien figurez vous que là, je crois que j'ai touché le gros lot.
Je ne suis pas sur le fil, entre deux montagnes de pierres et 200 mètres de vide sous moi, non. Je suis sur le pont d'une barcasse qu'on appelle foncet avec 200 mètres de flotte sous moi !
Enfin quand je dis 200 mètres, à vrai dire je n'en sais rien, je ne suis pas encore allée voir et je n'ai, à bord de cette ridicule embarcation aucun traité maritime pouvant me renseigner sur la profondeur de la Méditerranée.
Mais je sens que ça ne va pas tarder.

Toujours est il que je suis à la barre d'un foncet, L'Hermione, et que ce compagnon dont je vous entretenais dans mes précédentes lettres a juré de me faire passer l'envie de vivre !
Il a lancé toutes les flottes du monde à ma chasse. De ma vie je n'ai jamais eu autant d'hommes à mes trousses !

Alors comme c'est peut être mon dernier soir à bord, comme finalement, je pense avoir bien vécu, je crois que je vais m'offrir un dernier repas, en choisissant dans le menu que vous m'avez fait parvenir.
Certes, tout est tentant. De la mise en bouche au dessert, tout me tente. Tout.
Je me suis installée dans ma cabine (oui ce foncet dispose d'UNE cabine et je l'ai investie, après tout je suis capitaine, je fais ce que je veux) et la large fenêtre qui risque de voler en éclats d'ici quelques heures est grandement ouverte sur l'arrière du foncet. Le transat fait face aux flots, j'ai revêtu ma tenue alexandrine et une très légère brise venant des cotes sud, de ce nouveau continent, caresse ma peau.
Je suis prête.
Je ne vous cache pas que j'ai chaud. Le soleil a cogné tout le jour et la bouteile de champagne qui trempe à l'arrière de l'embarcation sera la bienvenue dans quelques minutes.

Pour le moment, tranquillement calée dans la toile du transat, je relis ce menu que vous m'avez envoyé, en tentant d'imaginer chaque composante et pouvoir faire mon choix.
Peut être que si Déos me prête vie une journée de plus, je pourrai redemander un nouveau repas demain et choisir encore... Je ne sais.
Faisons comme si ce n'était pas le cas.

Les mises en bouches sont déjà l'amorce de toute une éclatante explosion des sens. Je passerai sur la première proposition étant déjà à demi dénudée du fait de ma tenue égyptienne.
Savez vous que cette tenue alexandrine se porte avec un bijou niché dans le nombril ? C'est très amusant, la chose tient par magie et j'aime en faire le tour du bout du doigt, juste là...
Le frisson provoque immanquablement des tressaillements qui font onduler mon ventre et je me suis demandé si c'est ce que les danseuses orientales veulent suggérer lorqu'elles ondulent du ventre de cette façon si sensuelle...
Je ne le saurai jamais sans doute.

Mon choix s'est arrêté sur cette soupe qui vient en deuxième proposition.
Vous savez l'importance que j'accorde au baiser. c'est un instant unique, ce moment ou cette partie charnue aux terminaisons si sensibles rencontre sa semblable dans la bouche de l'être désiré et l'explore.
Il y a tellement à dire et à faire dans un baiser.
Un baiser peut remplacer les mots, exprimer tant de douceur, de force, de promesses. Il peut être incisif, timide ou primesautier, vous inciter à grogner et même vous faire taire.
Et puis que de sensations dès lors qu'on frôle de la pointe ou qu'on s'enroule à perdre haleine... Il y a tellement de nuances qu'il est difficile d'en faire le tour en quelques mots.

Imaginer ce baiser va me donner soif, j'en suis sûre. Je vais, si vous le permettez, attraper cette bouteille et m'en servir une coupe.
Je la boirai en pensant à vous, dans votre antre tourangelle, et en me souvenant de vos lèvres. Et si j'arrive à y penser très fort, si mon fanstame me mène au bout de cette vision, ce soir, seule dans ma cabine, je vous donnerai ma bouche et vous serez mon sylphe.

Mert'Hilde



La lumière décroît sur la mer et baigne la cabine d'une lueur orangée. J'offre mon visage à l'astre qui me caresse et me réchauffe encore. Puis très lentement, très délicatement, je ferme les yeux, entrouvre mes lèvres et inspire l'air qui donne la vie. Ma langue pointe à peine jusqu'à toucher ma lèvre supérieure, mes dents...
Puis mes lèvres se tendent, mon visage s'avance et j'envoie ce baiser à la mer, jusqu'en Touraine.
_________________
Soeur Marie Madeleine., incarné par Watriquet


Les sœurs de l’hospice de la Basilique Saint Martin avaient fort à faire depuis 3 jours.
L’assaut sanglant entre les troupes fidèles au Roy et celle fidèles au Duc, s’étaient affrontés laissant beaucoup de mort et de blessés.

Quel que soit la bannière derrière laquelle chacun de ces hommes ou des ses femmes s’étaient rangés, il était du devoir des sœurs de leur apporter secours, réconfort ou derniers sacrements.

Sœur Marie Madeleine, avait notamment prit en miséricorde un homme qui n’était visiblement pas militaire et qui était arrivé mourant sur une civière.
C’était visiblement un Turons qui s’était trouvé embrigadé dans un conflit qui le dépassait et en avait subit de funestes conséquence.

Il avait été identifié comme étant un artisan boucher, nommé Watriquet.
Un courrier qui lui était adressé était venu jusqu’à l’hospice.

Sœur Marie Madeleine n’eu pas l'indiscrétion d'ouvrir le pli, mais l’expéditrice était identifiée et après quelques tergiversations, lors d’un rare moment de repos, elle alla s’assoir au chevet de Watriquet qui ne sortait pas de sa tropeur et se mit à écrire.



Gente dame,

Messire Watriquet, ne semblant pas avoir de famille, votre courrier qui vient de nous être délivré pour lui, semble indiquer que vous êtes une de ses proches relations.

C’est la raison pour laquelle je me permet de vous écrire, pour vous annoncer une bien triste nouvelle.

Je suis Nonne à l’Hospice de la Basilique Saint Martin dans la capitale Tourangelle.

Le 4 juillet 1464 l’armée du Roy assiégeant Tours a repris la ville à Basile de Pelamourge.
Votre ami Watriquet s’est vu pris dans les combats et s’est retrouvé très grièvement blessé, il était mourant quand il fût amené à notre Hospice.

Son cas semblait désespéré, mais grâce à la grande bonté d’Aristote qui dans sa mansuétude à opéré à un miracle, son état s’améliore lentement de jours en jours.
Parmi les blessés et les mourants, depuis 3 jours je passe régulièrement à son chevet.

La fièvre le tient, il délire souvent et votre nom revient régulièrement dans sa bouche, il semble avoir une tendre affection pour vous.

Mais ses propos sont décousus, faisant état de bonne chère, d’un repas qui me semble gargantuesque et parfois de situation que mes chastes oreilles ne peuvent comprendre et que je ne peux retranscrire dans ce courrier.

Si vous ne pouvez venir à Tours lui rendre visite, écrivez-lui, je lui ferais la lecture durant sa convalescence.

J’imagine qu’avoir de vos nouvelles lui apportera le réconfort qui lui permettra de se remettre plus rapidement.

Que le très haut vous bénisse.

Sœur Marie Madeleine.

--Serge





Qu'allons nous faire d'elle ?

Patienter. L'attacher si elle s'agite trop. Calmer cette toux.

Vous lui avez donné quoi ? Elle semble dormir là.

De la teinture d'opium diluée dans un cas fée. L'amertume de l'un masque le goût de l'autre. Ca va ralentir son rythme cardiaque, l'aider à respirer plus calmement et anesthésier la douleur de sa gorge.


Les deux hommes contournent le lit, vérifient le pouls, le blanc de l'oeil puis se rejoignent au pied du lit pour noter les informations sur le carnet de la patiente.

Nous avons reçu une lettre pour elle, en provenance de Touraine, doit on lui donner ?

Un parent ?

L'hospice de la Basilique Saint Martin.

Ah ? Et bien ouvrez le. C'est peut être de sa famille... Ses papiers mentionnaient qu'elle y est née.


Le cachet est rapidement brisé et le parchemin déroulé. L'infirmier de garde pour la nuit prend connaissance de son contenu et le remet au médecin pour qu'il le lise à son tour. Tous deux restent interdits en découvrant l'annonce.

Mince... C'est peut être pas le moment...


Mmmh ... En effet. Je ne suis pas sûr que ça l'aide à guérir, surtout si c'est un proche. Elle a déjà failli perdre son fils...
Bien... Menez l'enquête et répondez à cette soeur Marie Madeleine.


Le médecin tourne les talons et disparait dans une autre chambre. L'infirmier vient s'asseoir au chevet de la brune, à demi consciente et lui demande, d'une voix basse et posée.

Hildegarde... connaissez vous un certain Watriquet ?

Le regard de la brune se perd dans celui de l'infirmier. Ses lèvres murmurent des mots incompréhensibles et il doit se pencher sur elle et tendre l'oreille.

..... WatMon.... Wat...


La drogue perturbe la patiente et malgré ses efforts visibles pour communiquer, elle n'y parvient pas. Ses yeux se troublent, les paupières se ferment et Hilde bascule dans l'inconscience. S'en suivent alors des soubressauts, des mouvements brusques, une main agrippe le matelas tandis que l'autre cherche à atteindre un objet invisible face à elle.
Une violente quinte de toux lui arrache la gorge et elle s'agite davantage encore.

Je ... je vais vous attacher, Hilde... Calmez vous... Tout va bien. dit il en glissant les poignets fragiles dans de larges bracelets de cuir fixés au montant du lit. Ce n'est rien. Demain vous irez mieux, il faut dormir maintenant...


Un gémissement plaintif s'échappe de sa gorge irritée mais le puissant psychotrope a raison de son agitation et le sommeil la gagne enfin.

L'infirmier décide alors de répondre à Soeur Marie Madeleine.




Ma Soeur,

Je suis infirmier au dispensaire de Narbonne et je viens de prendre connaissance de votre lettre.

Hildegarde Deuzii est dans nos murs depuis trois jours. On l'a retrouvée, avec son fils, tous deux inconscients sur la plage de Narbonne le 4 juillet dernier suite à une canonnade qui envoya son bateau par le fond.

Son état ne permet pas que je puisse lui lire votre lettre. Si votre patient est un proche d'Hildegarde, je doute qu'elle supporte la mauvaise nouvelle dont vous faites état dans votre lettre.

Elle est encore fragile bien que stabilisée. Elle a avalé beaucoup d'eau et les poumons ont été atteints. On tente de soulager ses quintes de toux en lui administrant du laudanum, dérivé de l'opium, pour la soulager et lui permettre de dormir.

Lorsque j'ai prononcé le nom de l'homme dont il est question dans votre lettre, elle s'est aussitôt agitée. Une forte émotion l'a submergée et j'ai préféré ne pas insister. Elle est sous l'emprise des drogues qu'on lui administre et il va falloir y aller progressivement. Cependant, il semble que cet homme soit important pour elle.

Rassurez votre patient. Elle n'est plus en danger de mort. Certes elle a besoin de repos mais nous prenons soin d'elle comme vous le faites à Tours pour Watriquet.
Son enfant est hors de danger également et entre les mains du personnel de la maison de repos où il est en sécurité.

Je compte sur vous pour nous donner de ses nouvelles, que j'espère bonnes. Je lui transmettrai vos lettres dès qu'elle ira mieux.

Bien à vous,

Serge Lopez
infirmier de nuit au dispensaire de Narbonne.
Sœur Marie Madeleine, incarné par Watriquet


Sœur Marie Madeleine avait fort à faire, mais revenait régulièrement au chevet de Watriquet.
Ses plaies ne s’infectaient pas, les bons soins des nonnes y étaient pour beaucoup.
Il ne pouvait pas encore se lever mais déjà il pouvait s’asseoir avec de gros oreillers qui lui étaient apportées par les nones.
Il était espiègle et les taquinaient, cette bonne humeur était bon signe pour sa guérison.

Son état s'étant améliorée, Sœur Marie Madeleine décida de lui remettre le précédent pli qui était arrivé et qu'elle n’avait pas ouvert, sans lui dévoiler que déjà une autre était arrivé, avec des nouvelles plus dramatiques.
Ce sera pour une prochaine fois quand il supportera la douleur de la nouvelle qu’elle donnait et peut-être d'autres nouvelles plus rassurantes seraient arrivées d'ici là.

Il fût très heureux de le lire, le précédent courrier, même si il bougonna sur quelques passages, comme si il réprimandait à distance son amie qui, il me le confia avec fierté, était Capitaine d’un foncet qui voguait en méditerranée.
Je fis l’étonnée, mais cela je l’avais compris dans la dernière lettre, mais ne lui avouait pas que le foncet était à présent au fond de la méditerranée.

Je ne lui posais quelques sur leurs relations, mais il m’avoua qu’elle n’était pas de sa famille, mais une très bonne amie.

Il me demanda de lui écrire mais il ne pu me dire que quels mots. Je décidais de compléter surtout à l’attention de l’infirmier qui transmettrait la missive.





Messire Infirmier quelle triste nouvelle vous me transmettez.

Il semble que le sort s’acharne sur ces deux êtres, mais sans doute qu’Aristote les mets à l’épreuve pour les réunir dans l’adversité et affronter ensemble ces épreuves.

Messire Watriquet se remet de ses terribles blessures mais n’en rapportez pas l’état à votre patiente pour ne pas l’affecter davantage par l’inquiétude. Je reprendrais vos termes Rassurez votre patiente. Il n'est plus en danger.

Il se rétablit d’ailleurs assez bien, prends des bouillons et mes prières pour lui remplacent vos drogues.
Je prierais également pour votre patiente.

Lors de ses phases d’éveil il se montre gai, amusant, un brin blasphémateur envers les nonnes et tient parfois des propos fripons, ce qui effarouche certaines mais si je le réprimande je me montre magnanime car un esprit est plein de vivacité est salutaire pour sa guérison.

Etant en meilleure forme je lui ai remis la précédent missive de votre patiente encore cacheté, il en a semble-t-il été ému.
Mais n’a pas la force d’écrire.

Il m‘a dicté quelques mots pour elle que je vous délivre tels quels :


Citation:
Capitaine je vous imagine, voguant vers Cythère,
De ces voiles gonflées par une brise légère.
Mon amie le calme de la mer est parfois superficiel,
Coeur serré je frisonne des dangers qu’elle recèle.

Le ressac le long des plages qui va et qui vient,
Met en confiance le piètre marin
Est –ce pour autant qu’il faut se laisser aller,
Servit par des vents orageux la tempête peut se lever.

A Bientôt Ma douce amie,
Table est mise.

Wat.


Continuez de m’envoyez des nouvelles de son amie, je lui transmettrais surtout si elles sont réconfortantes.

Qu’Aristote vous bénisse, et qu'il veille sur son amie.

Sœur Marie Madeleine.


--Serge



Hilde vient de s'endormir, terrassée par le vin d'opium qu'on lui administre pour tenter de l'apaiser et calmer les quintes de toux toujours persistantes.

Serge Lopez lui a montré les lettres... Toutes les lettres et à sa demande lui a lu le passage où Watriquet s'adressait directement à elle. Elle est au bord de l'inconscience et incapable de lire elle même.
A la fin du poème, l'infirmier pensant qu'elle s'est endormie, commence à replier la lettre mais un filet de voix lui demande de relire à nouveau le poème.
Il s'exécute à nouveau. Puis une troisième fois encore, jusqu'à ce que le front de sa patiente perde ce pli soucieux et s'apaise, bercé par le message de son ami.

Il pose alors la lettre sur la table de nuit et se dirige vers le bureau pour répondre à Soeur Marie Madeleine.




Chère Consoeur,

Vous me permettrez, j'espère, de m'adresser à vous en ces termes. Nous sommes finalement collègues, même si nos méthodes diffèrent dans la façon d'exercer, notre but, à tous deux, est le bien être et l'amélioration de l'état de santé de nos patients.

J'ai remis, ce soir, vos lettres à Hildegarde. Dans un premier temps, je ne lui avais pas tout dévoilé de l'état de Watriquet comme vous me l'aviez demandé, afin de la ménager. Son état s'étant amélioré, j'ai pensé qu'il était temps qu'elle reprenne contact avec la réalité.
Je l'avais préparée au choc et lui avais administré sa potion à base de vin d'opium. En effet, elle souffre toujours de cette toux consécutive à la quantité d'eau qu'elle a ingurgité. Le moindre effort, la moindre contrariété, provoque des quintes qui la laissent épuisée.
Nous lui faisons donc prendre deux fois par jour une dizaine de gouttes de ce vin, dilué dans une tisane, le soir et du cas fée, le matin (c'est visiblement un breuvage qui lui tient à coeur, elle m'a dit que son secret lui venait d'un dénommé Kuanti qui vivait en Touraine autrefois, peut être le connaissez vous ?).

Enfin bref, j'ai dû finir de lire la dernière lettre moi même car sa vue se brouillait et elle semblait si fébrile à l'idée de ne pas savoir ce que votre patient lui écrivait que j'ai craint qu'elle ne passe la nuit à délirer comme les précédentes.
Il faut croire que ça lui a été bénéfique puisque, à sa demande j'ai répété plusieurs fois ce poème et elle s'est endormie plus sereine il me semble.

Cependant, avant de sombrer, elle m'a prié de noter ces quelques vers à son attention, en me précisant "Il n'y a pas de code, j'en serais incapable".
J'ignore de quoi elle voulait parler. Je vous retranscris ces mots :

Citation:
Wat....

Cette lettre hors du temps
Hors de tout ce qui nous tend
Vers un destin déjà écrit
Qui nous sépare comme il nous lie.

Je ne me relirai pas
Je n'en ai pas la force ni le temps
Ivre des potions qu'on me donne
J'erre autant que je m'abandonne.

Je vous aime comme jamais
Personne ne vous a aimé,
D'un absolu tellement parfait
Qu'il semble à ce moment surfait

Je m'en fous... Je suis ivre
Leurs drogues me donnent envie de vivre
Effacent ma douleur
Et réconfortent mon coeur.

WatMon, mon amour,
Mon si précieux troubadour,
Mon rêve à des milliers de lieues
Mon centre, mon Tout, mon Milieu

Dites moi que ce n'est pas un rêve
Que demain le soleil se lève
Et que ma bouche trouvera vos lèvres
Dans un baiser qui ne sera pas une trève.

Je suis ivre, hors du temps
Je vous aime et je vous attends
Vite, écrire quelques vers avant
Que je perde l'envie du vivant.

Hild'Ange ...si loin du monde



Je pense avoir noté au mieux, elle était vraiment dans un état second en raison des drogues. Dans ce que vous appeleriez les limbes j'imagine, chère Consoeur.

Je ne vous retiens pas davantage, j'imagine que cette guerre vous occupe suffisamment.

Recevez toute ma considération pour les soins que vous prodiguez à vos patients et en particulier à ce Watriquet.


Serge Lopez
Infirmier de nuit au dispensaire de Narbonne - Gruissan
Watriquet
Wat se remettait, son esprit devenait plus clair, grâces aux soins que lui prodiguaient les nones dont Soeur Marie Madeleine qui veillait beaucoup sur lui.
Cette attention particulières le réconfortait moralement, et si il ne pouvait encore se lever et encore moins se déplacer il pouvait lire et écrire.
Soeur Marie Madeleine lui avait délivré toutes les lettres en provenance en Narbonne, Elles lui avaient fait prendre conscience que la vie ne tenait qu’a un fil.
Et qu’il n’était pas nécessaire de la provoquer pour qu’elle vienne vous cueillir.
Cela avait était vrai pour son cas Mais aussi à présent pour d’Hilde.
Il obtint facilement de la par de Soeur Marie Madeleine du vélin, une plume et de l’encre.



Ma a tendre amie, ma mie

Je m’inquiète pour vous, en vous lisant.
Soyez raisonnable écouter les soignants
Mais ne profitez pas de l’infirmier,
C’est à moi de vous consoler.

On vous a fait part de mon infortune
Je me suis engagé pour quelques tunes,
Mais j’étais dans le mauvais camp,
Celui du félon qui fut du perdant.

Je suis très ému de votre déclaration,
Elle me touche au plus profond.
Vous n’exprimiez vos sentiments par pudeur,
Mais les drogues dévoilent ceux de votre cœur.

Faut-il que la mort nous réclame,
Pour que vous me déclariez votre flamme ?
Moi qui n’attendais de vous qu’un signe
Enfin le voici, nos cœurs s’alignent.

Vous savez que je suis bien plus qu’un ami,
Que sans vous l’avouer je vous aime aussi.
Ce ne sont pas les drogues ni le délire,
Que me font ainsi vous l’écrire.

Le temps perdu à vous attendre,
Je voudrais pouvoir le reprendre,
Et ne plus le perdre en vain,
Et vous prendre par la main.

Je ne pense qu’à vous embrasser
Chaque parcelles de ce corps les caresser.
Vous aimer, rire, boire, être ivre
Pour être enfin heureux de vivre.

Nous avons bien deux caractères,
Moi ours mal léchés, vous aventurière,
On se complète plus qu’on ne se ressemble.
Pourrons-nous alors vivre ensemble ?

Votre fidèle et dévoué Wat.



_________________
Souleur, Buveur, Libertaire, Libertin mais surtout Libre esprit.
si tant qu'il en ai encore à l'heure ou vous le rencontrerez.

WAT-Else ?
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)