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[RP] Echanges épistolaires : l'instruction dissolue

Hildegardeii
Dispensaire de Narbonne - Gruissan
le 16 juillet de l'an 1464


Quartiers libres pour l'helvête qui a l'autorisation de sortir ce soir.
Elle en profite pour partager quelques verres avec des gens qui, s'ils ne sont pas forcément des modèles à suivre, n'en sont pas moins autenthiques.
Ils lui font du bien à la tête.




Cher Wat,

J'ai passé des moments de délire je crois. A ce que l'infirmier m'a dit, je vous ai même appelé dans mon sommeil, à plusieurs reprises.
Il faut dire que les nouvelles qui me parvenaient de Touraine à votre endroit étaient terriblement inquiétantes et cette toux persistante me laissait à bout de forces.
J'ai cependant gardé votre message en tête durant tout le temps que les soins ont duré.

La table était donc mise et alors que je coulais.
Cette invitation à diner et l'idée que vous en composiez le menu m'ont permis de lutter contre l'envie de me laisser aller.
Pour vous, j'ai été docile.
Pour vous j'ai été obéissante et ai suivi à la lettre les directives de l'infirmier qui m'abrutissait de laudanum pour que je dorme.
Pour vous je me suis forcée à sortir, à rencontrer du monde, à faire comme si tout allait bien.

Seigneur ! Je brûlais de vous voir, de faire l'inventaire de vos blessures, de soigner vos plaies pour qu'il ne reste aucune trace sur votre peau de ces cicatrices qui font la fierté des soldats de pacotille et que je trouve si ridiculement puériles.

votre dernière lettre m'a bouleversée. Vous êtes fou et inconscient à vous jeter ainsi bille en tête dans un conflit qui vous est autant étranger que je puis l'être en... tactique maritime avancée !

Nous avons eu peur je crois. Mais de quoi ? De la mort ou de nous même et de nos sentiments ?
J'ai besoin de revenir aux fondamentaux.
Tout d'abord, les codes de bonne conduite :


Je n'osais pas vous le dire,
Vous inspirez et moi j'expire,
Mangerais-je un pissenlit par
La racine, qu'on vous dirait .... "c'était sa part !"
Bouche goulue, ventre tordu
Et bonne patiente, assidue.
La soif m'assèche le palais
Langue collée de trop parler
Et de ne point trop respirer.
Les infirmiers sont incapables !
Dents de lapins, cornes du diable.
Si les amulettes fonctionnent
Je serai à vos cotés avant l'automne.
Pouvais je prévoir ce qui m'arrive ?

Hilde qui part à la dérive.

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Watriquet
Finalement Wat, malgré son agnosticisme s’entendait bien avec les soeurs et notamment soeur Marie Madeleine.

Il avait retrouvé ses forces, ses blessures se refermaient, il pouvait à présent se lever et faire quelques pas.
Il pouvait notamment aller aux latrines et non plus faire dans le pot.

Mais soeur Marie Madeleine ne lui permettait pas de sortir à l’extérieur du cloître, ce qui était une toute petite promenade durant laquelle une soeur au moins accompagnait.

Il en profitait pour tenter de dévoyer son voeux de chasteté et de la faire céder à sa doctrine épicurienne.
Mais Soeur Marie Madeleine veillait et lorsqu'elle voyait une de ses consoeur toute rouge de confusion après la promenade Wat se faisait vertement rappeler à l'ordre


La dernière lettre de Hilde Deuzi, l’avait ravi, il lui répondit toujours en lui faisant sa part de morale, la sienne celle du libertaire libertin épicuriens.
D’avoir frôlé la mort d’aussi près le confortait dans ses principes.



Ma très chère amie,

Mangez, buvez en bonne compagnie,
Moi je me remets petit à petit,
Je suis ravi de vous voir reprendre vie,
Vous m’êtes si chère ma tendre amie.

Dévorerais-je la vie sans appétit ?
Lentement, en oubliant les meilleurs fruits ?
Mais la mort m’a rappelée, cette terrible leçon,
Entièrement il faut se donner avec passion.

J’embrasserais la vie en bon épicurien,
Chaque moment sera vécu comme il vient,
Parcelles d’éternités à vivre pleinement
De tous les bonheurs en capter l’instant.

Votre venue serait un plaisir partagé
Corps et âme je vous suis dévouée.
Avec toute ma tendre amitié,
Désir de vous lire et de vous retrouver.

WatMon solide comme un roc
(k)


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Souleur, Buveur, Libertaire, Libertin mais surtout Libre esprit.
si tant qu'il en ai encore à l'heure ou vous le rencontrerez.

WAT-Else ?
Hildegardeii
Une chance que le départ ait pris du retard, Serge Lopez, l'infirmier, arrive juste à temps pour remettre deux lettres en provenance de Touraine à sa patiente.

Que se passe t il Serge ?
s'étonne la brune tout en tendant les rênes entre ses doigts pour retenir sa monture. Aurais-je oublié votre ordonnance ?

N'ayez crainte, tout est bien là
répond il en tapotant le cuir de la sacoche fixée à l'arrière de la selle. Je vous ai mis suffisamment de ce distillat qui vous apaisera si les troubles reviennent.

Il agite les deux plis, reprend son souffle. Le contrejour ne lui permet pas de la voir tiquer à l'évocation de ces troubles qui n'ont pas totalement disparu. Le soleil renvoie son éclat doré dans son regard.

J'ai deux lettres à vous remettre, de Watriquet votre ami.

La dernière vient tout juste d'arriver, elle porte le cachet des plis secrets, j'ai pensé qu'il valait mieux vous les remettre plutot que faire suivre.


Une jambe passe par dessus l'encolure et Hilde démonte en glissant contre le flanc de la monture. Elle se réceptionne souplement et pose sa main sur le bras de l'infirmier.

Merci Serge. Qu'aurais je fait sans vous ?


L'infirmier sourit, attire la brune à lui et la prend dans ses bras pour une dernière accolade

Vous en auriez bien trouvé un autre...


Elle ne répond pas, la gorge nouée par ce sentiment troublant qui lie le malade à son médecin. Ils se détachent lentement, sans oser se regarder. Puis elle décachète la première lettre et en prend connaissance pendant qu'il tient la bride de son cheval.
Elle sourit en lisant la première puis lorsqu'elle déchiffre la seconde lettre, son sourire se fige imperceptiblement.

.... Serge ? Accepteriez vous de me rendre un dernier service ?


L'infirmier se tourne vers elle et la dévisage. Elle a ce regard absent qu'il lui a déjà vu quand, sous l'effet du vin d'opium, il lui avait lu une des lettres de son ami de Touraine.
Il n'aime pas la voir ainsi. Il sait que cet état est le signe de son trouble. Quelque chose la contrarie, cependant, elle ne laisse rien paraître de plus que ce sourire artificiel.

Bien sûr Hilde, dites moi.


J'aimerais... Que vous me repreniez dans vos bras et que vous lisiez le code à mon oreille... Vous savez le décrypter, n'est ce pas ? Vous l'avez déjà fait.


L'étreinte est alors reprise et les quelques mots secrets murmurés dans un souffle contre son oreille. Il n'attend pas qu'elle lui demande de répéter et les redit encore, comme une litanie, tout en caressant son dos de la pulpe du pouce.

Hilde ferme les paupières, s'abandonne à la voix profonde, le front posé contre son cou ; et sa voix n'est plus celle de l'infirmier mais celle d'un autre, si lointain mais aussi solide qu'un roc(k).

Le temps est suspendu.

Cependant il faut partir.
Et répondre car la question contenue dans las seconde lettre ne souffrait pas de délais.
La brune se redresse et s'empresse de prendre velin, plume et encre nécessaire à la réponse.





Cher ami,

J'aime vous voir en meilleure forme que lors des précédentes lettres. L'appétit vous est revenu et c'est une excellente chose. Votre esprit d'investigation semble avoir repris l'ascendant, on ne peut que s'en réjouir.
Ainsi, vous savez finalement le fin mot de l'histoire, ou, devrais-je dire, de l'Histoire, avec une majuscule.
Touraine a toujours été terre de conflit et la lutte intestine qui la ronge dure depuis la nuit des temps.

J'ai, comme vous le savez, cessé de me préoccuper de ces affaires politiques depuis la guerre du Ponant, refusant toute participation à la scène politique au grand dam de Tayabrina Reudi à l'époque.

Je ne saurais donc vous conseiller en la matière. Prendre parti pour un camp ou l'autre est chose délicate et doit être mûrement réfléchi. Vous vous relevez à peine de vos blessures, avez vous besoin de vous jeter à nouveau dans un conflit qui n'était pas le vôtre ?

En tant que marchande et Helvête, je vous conseillerai la neutralité et à minima, la discrétion.
Votre méthode d'apprentissage des choses de la géo-politique est bonne et les moyens que vous utilisez ont fait leurs preuves. Voyez quel lit vous sied le mieux, tout en gardant un pied dans l'autre chambre.
En un mot, ne vous privez de rien, votre convalescence n'en sera que plus rapide.

Je ne pense pas que soeur Marie Madeleine vous grondera si vous dites que c'est moi qui vous ai suggéré de persister dans cette voix. Elle a, je crois, de bon rapports avec l'infirmier qui m'a soignée ici à Narbonne et il se portera garant de mon excellente disposition à votre égard.



Je pense à vous, mon ami
Cherche midi à quatorze heures
La tempête ou bien l'acalmie.

Suite de baisers cajoleurs
Vous jouez à l'économie ?
Ne relâchez surtout pas l'effort
Perdez tout sens du compromis
Rien n'annonce le moindre renfort
Pour atteindre le coeur des insoumis.

Attendre et voir, voilà mon conseil... mais dans le confort.

Hilde
Héautontimorouménos







Elle roule le tout, tend le message à l'infirmier en lui recommandant bien de l'envoyer sans attendre. Leur mains se pressent alors qu'elle est déjà à cheval, pour une ultime étreinte et la route et finalement prise pour quitter Narbonne.
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Watriquet
Wat revenait affaiblit et déprimé d’une retraite forcée dans un monastère ...austère.

Repassant par chez lui il eu le bonheur de lire un courrier de son amie Hilde Deuzi.

Cela lui remit du baume au cœur, il dévora la lettre et la relu plusieurs fois.
En effet pour la politique la neutralité prévalait, pour ce qui est des lits,... il ferait à son habitude.

La signature l’étonna ... il se plongea dans ses livres pour en découvrir le sens de celle-ci et il en fût stupéfait.
En réfléchissant bien cela ne l’étonnait pas ils en avaient déjà discuté de cette humer avec elle.
Il fallait surtout ne pas la laisser tomber dans de mauvaises dispositions, il serait toujours disponible pour son amie.




Oh ! si vous saviez ma belle amie,
Soeur Marie Madeleine m’a bien puni.
Au retour d’une escapade en Taverne
Elle n’a pas crue mes balivernes.

Elle m’a imposé une retraite,
Même pas de droit d’écrire une lettre,
Pour que je fasse pénitence,
Et acte de repentance.

Je fus donc cloîtré, mis à la disette,
Juste un verre d’eau et quelques miettes.
Impossible cette fois de sortir,
15 jours que j’ai eu à dépérir.

Vous m’avez manquée mon amie,
Je vous écris dès ma sortie.
J’ai bien reçu votre dernière lettre,
Et suivrais vos conseils, enfin peut-être.

Je vous connaissais plutôt
Sauvage et mordante que héaunto...
Ne vous auto-flagellez pas,
Faites appel à un ami, enfin … moi !

Je saurais vous donner la main,
Pour fustiger vos chagrins,
Corriger en vous ce travers,
Et surtout ceux de derrière.

Je vous laisse un peu rapidement
Vous comprendrez mon empressement,
Je vais en ville manger et boire,
Et voir les filles au lupanar.

Wat boucher et bourreau (des cœurs) à la demande.



Dès son pli cacheté il se dirigea vers la meilleure taverne.
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Souleur, Buveur, Libertaire, Libertin mais surtout Libre esprit.
si tant qu'il en ai encore à l'heure ou vous le rencontrerez.

WAT-Else ?
Hildegardeii
Orée du bois d'Annecy, près d'un taillis marquant l'entrée d'un tunnel caché, à l'ombre d'un grand arbre. Immobile pendant qu'on lui change le pansement qui recouvre une plaie profonde au coté droit.
Impassible et imperturbable à l'extérieur et hurlante de douleur à l'intérieur.





Cher Wat,

Je suis heureuse de voir que malgré la "punition" que vous a infligé soeur Marie Madeleine, vous allez de l'avant, si j'ose dire et reprenez vos habitudes libertines. Vous êtes un indécrottable, je crois qu'elle ne l'a pas compris que vous faisiez partie de ces gens qui s'obstinent à vouloir rester libres de corps et surtout d'esprit.

A ce propos, il faut que je vous dise que je ne suis plus libre de corps. Oh pas dans le sens où vous l'imaginez, mon ami, mais je suis à nouveau entre les mains d'infirmiers, à Annecy cette fois.
Vous riez ?
Vous avez raison.
J'aime quand vous me raillez.
Cependant je dois dire que cette fois, ce n'est pas le résultat d'un piètre embobineur qui m'a menée là où je suis mais ma propre volonté.
Toujours en quête d'aventures qui m'apportent adrénaline et satisfaction de ma soif d'apprentissage, j'ai eu l'insolente chance de retrouver mes compatriotes genevois du coté de la Savoie et je me suis rapidement rendu compte que rien n'avait changé. Le même enthousiasme, la même soif de liberté. des intrépides, de fins stratèges, de l'humour et une immense sagesse pour certains. Bref, tout ce qui m'avait fait cruellement défaut ces derniers mois, se trouvait sous mon nez, chez moi et moi, idiote et aveugle, j'avais perdu de vue les raisons qui m'avaient fait choisir Genève pour terre d'accueil.

Je me suis donc engouffrée dans l'aventure et ai renoué avec le maniement d'armes.
Vous souvenez vous de Paysans, ce jeune homme qui m'avait instruite dans cet art lorsque j'étais encore Pucelle de Touraine ? Et bien, après toutes ces années, j'ai repris l'exercice avec un réel plaisir. Plusieurs batailles furent livrées durant lesquelles je fis honneur à mon camp mais je finis par tomber sous l'épée du seul homme que je connaissais et appréciais, un médecin à qui j'avais acheté tous les remèdes de ma famille à l'époque où j'étais encore mariée.

Je me remets donc de mes blessures à Annecy. Charmante bourgade savoyarde, moins belle que Genève évidemment mais moins suffocante que Narbonne où la température flirtait avec l'ébullition...

J'ai eu des nouvelles de Cali ! Notre amie commune a fait une apparition rapide, pour me dire qu'elle était toujours en vie et qu'elle vous saluait aussi. Je gage qu'elle vous écrira ou entrera en contact avec vous à sa manière.

Voilà pour les nouvelles... Je profite du calme pour me ressourcer, étudier les mathématiques et peaufiner la théorie des cordes. N'y voyez pas de connotation particulière, c'est une science ! Surtout si la cordelette est fine, ça peut très vite déraper si on ne garde pas une immobilité absolue. Je suis donc de marbre. Froide. Impitoyable et brûlante à l'intérieur. Je songe à la théologie comme troisième langue. Qu'en pensez vous ?

Je vous embrasse.

Hilde
Dolorosa Soror sous vin d'opium

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Watriquet
Malgré les écarts lors de sa convalescence, qui lui avaient notamment permis de se remonter le moral, Wat était quasiment remis de ses blessures, il ne boitait plus, pouvait à nouveau faire des efforts, tenir la distance et soeur Marie Madeleine l’avait laissé rentrer chez lui, d’autant que sa surveillance et ses insinuation friponnes auprès des soeurs devenaient ingérables.

Une lettre de Savoie l'attendait à son logis. Au vu du cachet il sourit car c’était celui de son amie.
Des nouvelles fraîches venues des Alpes.
Il la décacheta avec fébrilité, mais la nouvelle qui occulta toutes les autres, fût qu’elle était à nouveau blessée.
Ce n’était pas tant qu’elle est besoin d’un infirmier, qui saurait sans doute lui apporter les soins nécessaires, mais elle était incorrigible et les leçons de la vie, en plus des siennes, n’avaient pas modéré son tempérament.

Sa réponse ne porta que sur ce fait en occultant les autres,



Je suis heureux de vous savoir en vie
Vous côtoyez trop les infirmiers à mon avis.
Averti par vous de rester neutre entre autre,
Mon attitude est celle la, mais pas la votre.

Amie, qu’alliez vous faire dans cette galère ?
Faites l’Amour surtout pas la guerre !
Pas qu’en tant que femme vous n’êtes capable
De vous battre et vaincre les minables.

Bêtise que de renouveler vos erreurs
Ou de garder ces méprisables valeurs.
Je ne cautionne pas vos errements,
Vais-je devoir vous le dire autrement ?

Châtier ? Oui ! Ceux qui offensent
Votre honneur ou votre descendance
Fondement de votre dignité,
Appelez ça comme vous le voulez.

Moi je préfère que vous restiez
Maître de vous même sans pitié.
A vous de venir faire amende honorable
Présent dont vous m'êtes redevable.


Wat


P.S.
Je ne sais si vous méritez l'indulgence d'un baiser
Tant que vous ne vous ne venez vous excusez.



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WAT-Else ?
Hildegardeii
L'automne est propice au passage des palombes.
Dans les forêts de pins, de longs tunnels de branches, mousse et fougères entremêlés guident le chasseur vers le lieu d'embuscade où un appelant attirera ses congénères vers un funeste destin.
Le filet tombera.
Les chasseurs bondiront et traqueront jusqu'au dernier des volatiles emprisonnés.

Les Pyrénées sont loin. La Guyenne des palombières aussi. Mais dans des sous bois plus au Nord, une brune attend son heure, couvant l'appeau vivant d'un regard de mère protectrice prête à fondre sur le gibier au premier coup de sifflet.

Dans sa poche, une lettre, destinée à un ami capricieux qui refuse de comprendre que ce n'est pas parce qu'on n'écrit pas ce qu'il attend qu'on ne l'aime pas pour autant.
L'amitié chez la brune est une denrée si rare qu'elle ne la dispense qu'avec une extrême parcimonie.
De l'économie de sentiment.
De l'extrait hors de prix qu'on devrait mettre sous cloche hermétique pour ne pas qu'il s'oxyde.




Wat-Mont votre lettre m'a fait bouillir le sang.
Oser dire que vous néglige sciemment
Est au delà tout ce qu'un entendement
Peut accepter d'un homme et encore plus d'amant !

Au plus je lis cette lettre, au plus c'est insultant.

Et quand je dis amant, j'inclue surtout la fois
Ou dans l'égarement - nous ne sommes pas de bois -
Nous franchîmes le pas de notre amour courtois
Au risque de tomber dans le piètre grivois

C'est arrivé UNE fois !

Etait-ce donc cela que vous voulez Wat-Mon ?
Que j'ouvre ma chemise et vous montre mes monts ?
Me voulez-vous rampante et couverte de limon ?
Que je vous nomme Maître, mon Amour, mon Démon ?

Et pourquoi pas aussi, poser en télamon ?

Je vous avais offert un jour ma secrétaire
Qui était disposée et surtout volontaire
A accepter la laisse d'un fier propriétaire.
Et qu'en avez vous fait, vous, l'amant autoritaire ?

Vous l'avez renvoyée comme une fille ordinaire.

Non ! Je l'affirme ici mais puis le faire ailleurs
Je n'ai ni Dieu, ni Maître et ni maître chanteur !
J'ai viré les queutards, les piètres, les chipoteurs
Recherchant l'excellence, j'ai trouvé le meilleur.

Est-ce trop demander ? Est-ce un tel déshonneur
Que de vouloir un homme qui soit à la hauteur ?

Savez vous mon Wat-Mont les trésors d'indulgence
Qu'il fallut déployer en toutes circonstances ?
Jouer les ingénues, les soumises en apparence
Et refouler jusqu'au principe de mon intelligence ?

Ce fut au point qu'on en vint à m'appeler Patience.

Ce temps là est fini, Patience peut disparaître.
Vous le saviez pourtant que derrière le paraître
D'une effrontée bravache se cachait un autre être
Qu'une banale cavalière qu'on essaie de soumettre.

Je ne boude pas. Je ne suis pas morte.
Je ne vous néglige pas, je suis toujours accorte.
Pas dévote mais fidèle, oui, cela je vous l'accorde
Je l'ai toujours été, en doutiez vous encore ?

Laissez donc de coté cette vilaine ire,
Nos amours respectives laissez les s'accomplir
Reprenons au début, vous souhaitiez m'affranchir ?
Vous y êtes parvenu, j'ai un bel avenir.

Hilde
Misanthrope à exceptions qui confirment la règle

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Hildegardeii
Une lettre, en réponse à un autre de celles qui sont privées.



Cher toi,

Tu es un amour.
Que ferais je sans toi ?
Merci.

Pour tout.



Puis une autre quelques jours plus tard, du bureau des ambassades castillanes.




Cher WatMon,

Le temps passe et nous voilà bientôt aux portes de l'hiver.

L'automne m'a vue très occupée comme vous le savez et c'est à peine si je lève le nez ces dernières semaines et du coup, je vous ai négligé.
Ce n'est pas faute de penser à vous pourtant, croyez moi !
Plus d'une fois, mes pensées se sont tournées vers vous quand ces satanées douleurs au coté se réveillaient. Si les poumons semblent s'être remis, la blessure que j'ai au coté - ma troisième bouche comme dit mon ami Zarathoustra - est encore bien sensible.
Et comme je refuse tout remède ou drogue exotique (on n'est pas des punks-à-chien à Genève, on laisse ça aux faibles d'esprit et aux pseudo terreurs en manque de sensations) je m'enquille le mal. Ça maintient l'esprit en alerte !

Ici, personne n'y prête d'ailleurs attention. On est habitué à me voir d'humeur égale(mauvaise) et prête à me lancer dans de nouvelles aventures (ma fille adoptive enchaîne les compagnons et croyez moi, rien que ça, c'est une aventure pour celle (moi) qui ramasse les morceaux).
Je me voyais donc, les jours où j'arrivais à trouver quelques loisirs, chevauchant les plaines et les montagnes, défiant les éléments pour venir vous rejoindre.

L'image est belle. Le balancement d'un galop, cheveux au vent aussi...

C'est ce que j'appelle la nostalgie heureuse, le paradis du rêveur.

Bref ! Vous vous en foutez. Poursuivons.

Touraine est si proche et si lointaine pourtant.

Vous sachant entre de bonnes mains (autant Taya que La Vilaine ont toute ma confiance), je ne m'inquiétais cependant pas trop pour vous. De plus, vos dernières lettres ainsi que celle de la Montrésor n'étaient pas si alarmantes. Touraine en guerre, c'est finalement comme la Confédération en guerre. Les assaillants se succèdent et se ressemblent tant qu'à la fin, qu'on n'y prête plus guère d'intérêt. Ils retourneront de toutes façons dans l'oubli, vous n'aurez certainement même pas à les supporter 45 jours pour les plus minables qui ont pris un coup de lame car avec l'invention de la purée de châtaigne et autres onguents à la confiture de cerise, les morts ressuscitent plus vite que leur ombre !

Ce monde est merveilleux !

Même la mort ne fait plus peur car depuis que certains l'ont mise à la mode, la résurrection est devenue tendance, puis ordinaire pour ne plus avoir la moindre signification.

Hélas, ce n'est pas le cas de tous. Mon cher frère de coeur, Ignace de Pique, lui, qui nous a quittés il y a à peine quelques semaines, n'est pas revenu.
La mort pour lui n'a pas été une blague.
Il me manque cruellement, le pauvre, et j'aime à penser que de là où il est, il ne perd rien de ce qui nous arrive. Je plains sa veuve également qui, après avoir braillé sa douleur - bien légitime - durant une semaine comme une chienne blessée (belle image hein qui a attiré la pitié de tous), est un jour partie, sans prévenir quiconque et ne répond plus aux courriers. Elle avait promis à mon frère de le rejoindre dans l'au-delà. Sans doute l'a t elle fait. On perd ainsi deux personnes mais la valeur de l'amour reste intacte !

Car c'est après tout ce pour quoi je me bats. Je reste intimement persuadée que l'amour n'est pas un vain mot au même titre que l'honnêteté.

Vous riez Watmon ?

Moi aussi.

Mais parfois la nausée me vient.

Mais parlons de choses plus gaies. Je ne vais pas vous plomber votre journée avec des considérations philosophiques à deux écus.
Comment se portent vos amours ?
Je parle des amours légères ça va de soi. Le sérieux ne nous sied pas au teint. Notre fiasco à l'alcôve résonne encore à mes oreilles. Nous étions si empruntés !
Comme quoi, nous arrivons à obtenir des autres ce que nous sommes incapables de concevoir ensemble alors qu'on se connait si bien. C'est étonnant non ?

Est ce le signe que nous devons progresser encore ? Je reste perplexe sur le "comment y parvenir ?". Peux être qu'il faudrait un autre précepteur (trice) ? Ceci finira mal mon ami ! Je vous le dis, foi de Vipère !

Je vous embrasse.

Hilde

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Hildegardeii
[Fribourg - Confédération helvétique, janvier 1465]



Un moment de répit dans l'effervescence de ce début d'année.
La cheminée de l'appartement cossu diffuse une chaleur réconfortante pour les corps que l'hiver met à rude épreuve.
Par chance, nous avons rentré du bois. L'hiver ne sera bref pour la famille à nouveau rassemblée.

Alexandre joue sur le lit. Allongé de tout son long sur le ventre, les pieds relevé, il fait galoper le cheval d'un cavalier de bois miniature sur les chemins que dessine la courtepointe tendue sur la couche.

Avant de me préparer pour le confier aux de Furia et de rejoindre les compétiteurs du tournoi de Genève, je m'installe au secrétaire et rédige une lettre rapide à l'ami exilé dans sa caverne loin du monde.





Cher WatMon,

Je vous sais retiré dans votre grotte pour quelques temps, mais ça n'a pas d'importance. Je sais aussi que le courrier vous parvient, tout comme nos lettres nous parviennent toujours en poste restante à l'adresse habituelle.

J'ai fait ma bonne action de l'année et j'ai finalement rejoint Fribourg pour le tournoi de lutte annuel. Cette année, moults participants sont au rendez vous y compris des pays exotiques d'Angleterre et d'Italie ; il parait même qu'une délégation tourangelle sera présente. Dire si l'attrait est irrésistible pour tout combattant qui se respecte.

Pour la bonne action, il s'agissait de regonfler le moral d'un de nos concitoyens helvêtes que je sentais proche hôpital comme on dit en Russie.
J'y suis arrivée sans trop de peine, vous me connaissez, je suis imbattable dans le rôle de boute en train et je déborde d'idées à la con pour motiver ceux qui me sont chers.

Le gaillard est sur les rails à nouveau et me voilà donc de retour à la vie civilisée (le gars habite une ville quasi aussi peuplée que votre grotte, dire !).

Comme chaque année, le tournoi est le rendez vous de toutes les fines lames du royaumes même s'ils devront faire sans pour ce tournoi. J'y retrouve des amis perdus de vue et découvre des personnes... intéressantes. J'ai même revu mon ex compagnon, celui qui a tenté de me tuer l'été dernier et que j'ai amoureusement laissé dériver sans bouée de sauvetage lors du naufrage.
Nous avons convenu qu'il faudra absolument renouveler le crime et je travaille à chercher des idées de meurtres. C'est extrêmement excitant, le coeur oscille du meilleur au pire à l'idée de ce qu'on pourrait se faire subir.

Bref, on s'amuse, je préfère ça aux aigris qui ressassent leurs amours perdues.

Je ne manquerai pas de vous raconter la suite, mon cher ami, surtout si vous décidez de revenir au monde des vivants et que vous m'accueillez quelques jours dans votre chaumière. J'ai souvenir d'une table fort bien garnie et d'un vin des plus fins. Pour le reste, nous improviserons, comme toujours.
Dans le cas contraire, je viendrai jusqu'à la grotte mais, de grâce, améliorez le confort !

Ou alors, faisons la moitié de la route et donnons nous rendez vous à l'alcôve.

Votre amie de toujours,

Hilde


La lettre est scellée et remise au coursier qui sait le chemin à prendre.

Alexandre, Amore, il est temps. Ramasse tes affaires et prends Brad Pitt, nous allons chez Tatie Camy.

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