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Info:
Vran est bien décidé à se venger d'Andréa. Visiblement le fait qu'elle l'ai quitté et avorté de leur enfant ne passe pas bien auprès du brun. Siegfried s'en mêle.

[RP] Guet-apens

Siegfried_fechter
Citation:
Si rejoindre ce rp vous intéresse, merci de me contacter par MP IG ou fofo1 avant de poster


Il y a quelques jours, à Limoges


    La morsure de la dague contre mon cou est encore fraîche. La pulpe de mes doigts envoie des vagues de douleurs quand je la touche, un petit liquide transparent suintant de sous la croute épaisse qui s’y est formée. Je ne reviens toujours pas de n’avoir pas eu besoin de sutures à la gorge, quelle chance en vérité, quelle chance d’être toujours en vie. Si seulement il avait pu rater mon bras, si seulement j’avais été un poil plus rapide. Rien de tout cela ne serait arrivé, j’aurais pu me contenter de le tuer et de partir.

    Mais maintenant, je suis impliqué dans l’affaire. Variable trop dangereuse dans l’équation de l’ancien amant pour être laissée en vie. Mieux vaux m’éliminer que de risquer de me voir intervenir plus tard. Si on me le demandait, là tout de suite. J’mentirais si j’disais que je n’ai pas d’admiration pour ce mec. Il n’a pas hésité un instant, un seul bruit a trahis sa présence et m’a donné l’alerte. Dans un éclair, il était sur moi, dépliant ses bras dans un geste croisé en direction de ma gorge, que je n’avais pas protégée d’un gorgerin. Ce n’est qu’en chutant brutalement contre le sol que j’ai pu éviter de mourir, là, à l’instant. Il s’est jeté sur moi, là, dans la rue où je me trouve, avec son perce-maille, traversant l’interstice de mon canon d’avant-bras dans l’rêve de me sectionner le bras.

    Le pire, c’est qu’il a failli y arriver. J’ai dû fuir, une première dans ma vie, je n’avais pas envie de crever là. Pas comme ça du moins. Pris par surprise comme un gosse qui se fait prendre la main dans le bol de miel de la maisonnée. Il aura fallu qu’on me hurle dessus, qu’on me fustige et qu’on me traite comme de la merde pour que j’apprenne qui était la personne qui m’avait fait ça, pourquoi elle m’avait fait ça.

    Et malheureusement pour elle, je connaissais bien les rues de Limoges. J’ai mon plan, je sais quoi faire, je sais où le trouver. Il a beau vivre dans l’ombre, être assez malin pour identifier les cibles prioritaires. Un vrai soldat sans avoir jamais servi une compagnie mercenaire, il a ça dans le sang le gamin. Mais pas de bol pour lui, j’ai beau être une brute qui n’a jamais fait autre chose que tuer, je ne suis pas non plus con.

    J’sais que tu me cherches, enfant de pute.
    Regarde-moi bien, à me balader dans les ruelles, le bras en écharpe.
    Je suis là, viens me chercher.

    Quelque chose bouge, j’en suis persuadé. J’n’entends pas d’mouvement particulier, j’vois pas d’ombres se glisser mais c’est comme quand la foudre va tomber. Les poils de mon corps se dressent comme pour me signaler du danger, comme si tout mon être me hurlait qu’il y avait un danger.

      - Sors d’ta planque, Vran.


    Il est là, je le sais. Il fait du bruit, volontairement, pour me signaler qu’il… Accepte ma demande, tiens donc, pas de dagues sorties ? Je suis là pourtant, les chairs meurtries, tu pourrais m’buter. T’as envie de parler, ou de jouer avec ta proie. Vu ce que t’as fait à Jhoannes, ça ne m’étonnerait même pas. Difficile de taire la colère, difficile de taire la juste rétribution qui me fait serrer le poing. Je redresse le menton.

      - Tiens donc. Commence-il. Je me demandais justement si tu réapparaîtrais avec un bras blessé, ou non.


    Fout toi de ma gueule. Je lui montre mon bras, bandé, percé de part en part, aux points d’entrée et de sortie rougis par le sang qui caille doucement. Dis-lui une connerie, montre-lui que t’es pas intimidé pour un sou.

      - J’ai toujours eu plus d’chance en combat qu’en amour, ç’bien connu. Je le siffle entre mes dents. Ma gueule doit bien l’prouver, je secoue un peu la tête, quelle connerie. Tu n’as jamais été du genre à vouloir m’buter avant, Vran. Dis-je en faisant un pas vers lui, qui me surplombe depuis son promontoire. C’est pas moi que tu cible, hein ?

      - J’aurais pu. Qu’il commence. Mais les circonstances ont fait que l’envie… A jamais été présente. Du moins, pas assez pour passer à l’acte. Il marque un temps de pause, imposant lui-même le rythme de la conversation. Quant à la cible. Dit-il. Tu sais c’est qui.


    Bien sûr, que je le sais, un imbécile heureux avec un clou dans le crane pourrait le comprendre assez facilement. C’est Elle, la cible.

      - T’es fin tacticien, faut l’reconnaître. Lâchais-je après un petit temps de pause, pour marquer une réflexion et de plus, il faut rendre sa part au diable.

    Je repose ma main valide sur ma hanche comme si je le jaugeais, comme si j’évaluais sa performance avec une once de fierté. Comme si j’approuvais ce que ce monstre fait. Mon sang bout dans mes tempes, mais j’ai toujours su maîtriser ma voix, contenir ce feu.

      - Moi t’essaies pas d’m’faire souffrir, t’essaies pas d’faire comme à Jhoannes. Avec moi, tu va directement à la gorge.


    Il marque un temps de pause avant d’admettre.

      - Je peux pas me permettre, non. Je pourrais presque l’imaginer hausser les épaules. Et puis, ça m’apporterais pas grand-chose.


    Un rire naît dans ma gorge, ouais. Tu sais quand faut frapper, qui faut frapper, pas étonnant que personne ne t’ai encore mis pied au mur. Même là, c’est un dangereux pari que je fait. Bon, il est temps de sortir le grand jeu, le plan fomenté pour essayer de mettre un terme à cette histoire celons mes termes. Pour mettre un terme à son histoire, celons mes termes.

      - T’es con, Vran. Lâchais-je avec un sourire fin, parfaitement faux, heureusement que la pénombre masque mon visage. Mes yeux ne mentent que rarement après tout. Tu s’rais v’nu m’en parler, j’aurais été d’ton côté. Dis-je en marchant un peu d’gauche à droite. T’sais qu’elle me le mets sous le nez ? Son bonheur, a quel point elle est heureuse, pour m’rendre dingue ? Je déteste mentir, je le crache par terre, ce mensonge. On aura été, toi comme moi, des bons moutons en fin d’compte. Dont on prend la laine pour faire un manteau quand on a froid et dès que le luxe s’est pointé, elle a rejoint c’t’enculé qui a tués tant d’ses épouses.


    Je me rends compte, un peu contre ma volonté, qu’un peu de ma colère prends le dessus, allez, sortez saloperies d’émotions. Donnez de la crédibilité aux horreurs que je dis. Amadouez-le, nourrissez-le, l’espoir que j’essaie de faire naître qu’il n’est pas seul dans sa croisade de vengeance.

      - D’abord Lénù, j’en passe quelques-unes, puis bientôt, Elle. Dit-il avec un sourire mauvais en coin. T’veux la rendre dingue, la faire crever à p’tit feu ? Qu’elle s’rende compte de ce qu’elle t’a fait. D’à quel point elle a été conne de te le faire ?


    Un temps de pause se marque. Vran mets un temps à répondre.

      - Certes, mais l’important, c’est qu’Elle meure.


    J’commence à faire les cent pas, à lui nourrir milles et unes demi-vérités, puis quelques petits mensonges, amadouant la vigilance du monstre qui lui fait face pour faire passer le grand mensonge. J’ai un geste vif de la tête, comme pour chasser une idée, puis, plie le bras pour dresser un index vers lui.

      - Sauf que. Disais-je. Toi. Je secoue mon index de haut en bas. T’attaques mes potes, pour lui faire mal à Elle. Ma voix se dissipe dans un grondement. Et ça, j’suis moins admiratif de l’idée.


    Il ose me sourire, l’enculé.

      - Pas vraiment.

      - Vrais que planter des aiguilles d’trois pouces dans les doigts d’Johannes c’était pas pour La faire flipper. Je suis sec dans ma réponse.

      - J’ai attaqué Johannes pour les infos qu’il pouvait avoir.


    J’hoche la tête, ça se tient, même si je n’y crois pas une seconde.

      - Ma priorité, c’est Elle. Dit-il, avant d’ajouter. Et si je peux choper Archibalde au passage, c’est parfait.


    J’inspire longuement et je souffle, j’ferme les yeux un instant avant d’ajouter, la voix transie d’indignation à peine contenue.

      - Et bien bravo, il est terrorisé maintenant. Dis-je avec une mine de dégout. Sa fille pleure tout les soirs en voyant les doigts mauves d’son père. Ça s’ra qui la prochaine cible ? Astana ? Hazel ? Rose ? Archibalde ?

      - Ah, j’avise sur le coup. Avant de marquer une pause, comme pour peser le pour et le contre de quelque chose. Je vais pas te mentir, peu m’importe les dommages collatéraux.


    Je le jauge, faisant les pas de gauche à droite comme un lion qui tourne dans sa cage, que j’aimerais lui sauter dessus là de suite. Epée au clair et le buter, mais non, ça serait du suicide. Il a la hauteur de son côté, je suis blessé, ce n’est pas le moment de frapper Siegfried, tiens en toi au plan.

      - Et là, t’hésite à savoir si tu m’plante ou pas. Je renâcle, le provoquant presque à tenter. Faut dire, avec mon bras dans cet état-là, ça s’rait facile.

      - Facile ? Nan. Faisable.


    J’inspire un instant avant de le relancer.

      - J’ai un marché à te proposer.

      - Impressionne-moi.


- Je peux te livrer Andréa.


*Merci à JD Vran pour le rp à quatre mains.
_________________
Vran
Bien qu'il savait qu'il était difficile de faire une entrée inaperçue à Limoges, Vran s'était débrouillé pour ne pas trop se faire voir, en passant les portes de la ville. C'est qu'il venait avec des desseins violents, et que sa cible savait qu'il arrivait. Et il s'attendait à ce qu'elle soit entourée.
Alors il avait observé. Beaucoup. Histoire de se faire une idée de ce qu'il avait en face. Forcément, vint un moment où son regard se porta sur Siegfried. Un ennemi dangereux, qui ne manquerait pas de rendre plus difficile son entreprise s'il entrait dans la danse contre lui. Alors il l'avait suivi, cherchant à savoir où allait son allégeance, s'il en avait une.
Il n'en était pas sûr, mais il le soupçonnait de figurer parmi les alliés de la Colombe. Alors quand l'occasion s'était présentée, après y avoir réfléchis un instant, il décida de s'attaquer à lui.

Raté.

Il était pas passé loin pourtant. Ça s'était joué à un simple bruit. Il l'avait lui même entendu, quand son pied avait écrasé cette simple petite feuille de rien du tout. Il avait accéléré son geste, mais ça n'avait pas suffit. Au moins, il l'avait blessé. Ça réduirait son niveau de nuisance à l'avenir. Ou bien il le retrouverait plus tard pour terminer le travail.

Est-ce qu'il s'attendait à ce que le mercenaire vienne le chercher de lui-même, dans cet état? Non.
Oh, il a pensé à lui fondre dessus, plutôt que de discuter. Mais la curiosité le poussait à confirmer sa présence dans l'ombre. Et puis, Vran est un homme patient. S'il veut l'attaquer de nouveau, il trouvera d'autres occasions.


Tiens donc. De son perchoir, il observe le lansquenet. Et pourquoi tu ferais ça?

Il a bien quelques idées en tête. Après tout, lui aussi, il a subit les changements d'idées soudains de la Colombe. Pourtant, sa méfiance le pousse à la prudence.
Siegfried se fendit d'un sourire, et se mit à énuméré tout en comptant avec ses doigts.


Laisse moi réfléchir... Elle m'a d'abord trompé avec Archibalde, puis elle est partie avec toi et comme par magie elle mets un terme a notre relation. Quand j'la revois elle m'mets l'nez dans la merde comme si j'avais pas existé...

On parle de la même personne.

A un détail près, que le brun garda pour lui.

Et accessoirement, j'ai pas envie que des gens souffrent pour une femme qui sait donner qu'ça, d'la souffrance.

Je vois.

Tiens, un mercenaire altruiste? Vran ne mord pas vraiment à cet hameçon là. Il flaire le piège. Il n'est pas sûr, mais il le sent. Il s'attendrait plutôt à ce que Siegfried se venge seul, à sa manière, et pas à ce qu'il le fasse en l'aidant, surtout pas après qu'il ait essayé de le tuer.

Tant qu'tu m'promets de pas la faire souffrir, j'peux t'la livrer.

Là. C'est là qu'il a eu la confirmation que c'est un piège. Rien dans cette phrase ne tient debout. Déjà, il s'imagine mal le blond vouloir se venger tout en évitant la souffrance. Mais surtout, surtout... dans quel monde le mercenaire pourrait croire à une promesse de Vran? Cette promesse là, par dessus le marché. Ce n'est pas crédible. Il sait, que Corvidé la fera souffrir s'il le peut. Et il sait qu'aucune promesse n'y changera rien.

Mh. Pourquoi tu t'en charge pas toi-même?

Parce-que j'préfère qu'les gens viennent chercher ta tête plutôt qu'la mienne.

La vérité, c'est que la réponse à cette question, et probablement aussi à celles qui suivront, ne l'intéresse pas. Ce n'est qu'une manière pour lui d'éprouver le mensonge du lansquenet. Et éventuellement d'en tirer des informations utiles.
Siegfried sourit en répondant.


Allons, j'sais que t'es pas un imbécile. Si c'moi qui fixe l'endroit où je te la livre, t'saura que y'aura surement un piège. Si tu m'donne le lieu, t'sais que j'pourrais envoyer des gars d'confiance dans les parages pour intervenir dès qu'possible. J't'propose un truc donc.

Vran fixait Siegfried d'un regard impassible. Il fallait avouer qu'il menait bien son mensonge. Beaucoup se seraient hâtés, pensant que l'affaire est dans le sac.

Mh?

Le truand feignit l'intérêt.

J'sais que tu saura m'suivre, j'suis pas discret. Dit-il en collant un pouce derrière sa ceinture. Quand tu verra que je rentre quelque part avec Andréa, tu pourra voir que j'l'assomerais pour la ligoter et la mettre dans un sac. Ensuite, c'toi qui m'dirigera vers un endroit d'ton choix pour qu'tu puisse faire ce que t'as a faire.

T'as pas peur qu'on te voit?

Toujours dans l'idée de pousser le mensonge, il pointait subtilement du doigt que ce plan entrait en contradiction avec la volonté de lancer les soutiens d'Andréa sur Vran plutôt que sur lui. Lansquenet hausse les épaules et s'offre une longue inspiration, semblant peut-être un peu trop détendu sur ce coup.

Quand les gens s'ront r'mis du choc, j'serais déjà parti pour l'Anjou.

Et Andréa, elle te suivrait dans un endroit isolé?

Ce n'était pas impossible. Mais il trouverait ça quand même étonnant.

J'pense.

Mh...

Il est sûr de lui, le mercenaire. Vran met ça sur le compte du fait que c'est un piège. Il réfléchit, pesant le pour et le contre. Est-ce qu'il lui rit au nez, ou est-ce qu'il accepte pour retourner le piège contre lui? Pendant ce temps, Siegfried se gratte le menton. De l'impatience, peut-être?

Demander a Jhoannes de lui écrire pour l'attirer quelque part. J'pourrais essayer ça tiens.

Il te fait pas confiance.

Ça, c'est gratuit. Juste pour voir la réaction de son vis-à-vis. D'autant que c'est la vérité. Du moins, c'est ce que l'archiviste lui avait dit quelques mois plus tôt.

Jhoannes m'fais pas confiance ? Ah bah merde ça m'blesse ça. J'trouverais un moyen sinon.

Il ne saurait dire si il feignait l'ignorance ou s'il apprenait réellement la chose.

... Ça se tente.

Il a choisi. Peut-être que lui faire croire qu'il a marché lui facilitera la tâche, et qu'utiliser cette tentative de piège pourrait être utilisée à son avantage.

D'ici la fin de la semaine, continue d'm'suivre. T'attaques a personne d'autre et j't'livrerais Déa.

Un fin sourire orna le visage de Vran dans l'obscurité, et il disparut dans l'ombre.
Désormais, il fallait se préparer désormais. Affuter ses armes et son esprit. Il devait la jouer fine.



Idem, merci à JD Sieg pour le quatre mains.

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Siegfried_fechter

Dans le froid de l'automne...


    L’automne, que je déteste cette saison. Aujourd’hui nous sommes un dimanche soir, jour du seigneur, jour où je reste paisiblement chez moi à maugréer. En attendant que le Très-Haut ne daigne sortir de la tête de tout ce bas monde avant la prochaine messe, je suis chez moi, à attendre que guérissent mes plaies. Mon bras s’embrase comme si plongé dans des braises rougeoyantes dès que je ferme le poing, mon cou m’envoie comme des piqûres de guêpes dès que je le tends ou que je ne déglutisse. Ce salopard ne m’avait loupé que de peu, et moi j’étais déjà à faire tout mon possible pour accélérer ma guérison, jusqu’à recevoir des vendeurs d’huile de serpent dans ma demeure qui trempaient mes bandages dans du vin. Miel, vin, infusions au thym et je ne sais plus quelle herbe, tant de trucs que j’ingérais sans réellement savoir l’effet que ça allait avoir.

    Mais bon, il faut que ça ait de l’effet. Je dois être prêt pour quand Elle reviendra, pour mettre en œuvre notre plan, pour nous débarrasser finalement de Vran. Le mettre à terre, et d’un coup net, lui trancher la tête.

      - Mphf… Pf…

    Je me surprends à inspirer et soupirer, est-ce que j’en suis réellement capable ? Me murmure cette petite voix qui surgis depuis derrière mon oreille. T’es faible, qu’elle me dit, il t’a déjà presque tué et toi tu te jettes dans la gueule du Loup, pourquoi ? Pour une femme qui te méprise et qui prends un malin plaisir à te faire souffrir, à te rappeler ce que tu n’auras plus jamais, par ta faute. J’essaie de la balayer d’un coup sec de la tête, mais le geste tend à l’extrême les chairs crouteuses qui recouvrent l’entaille sur ma gorge et m’arrachent un gémissement de douleur.

      - Ta gueule. Soufflais-je alors.

    Récupère cette bouteille sur la table, enlève le bouchon et, gorgée après gorgée, fais fuir ces idées de ta tête. Résigne-toi, c’est un sort que tu mérites, après tout. Après tout ce que t’as fait, tu ne pouvais pas t’attendre à une fin heureuse ? Ta gueule putain.

    Je me repasse les conversations de ces derniers jours en tête, la promesse faite au bord d’un lac, les retrouvailles avec un renard, les préparations incessantes pour ce meurtre, les confidences empoisonnées d’un jeune garçon. Quel merdier, comment est-ce que tu va faire pour t’en sortir de celle-là, mon grand ? Y’a pas de bonne fin possible a cette histoire, suffira d’un coup porté avec une dague empoisonnée, ne serait-ce qu’une simple entaille pour que le bébé ne meure. Le traumatisme ne serait-ce que d’un coup d’épée sera suffisant à mettre un terme a la vie qu’elle porte dans son ventre. Elle a besoin d’un bouclier, une armure de mépris et de haine contre le loup qui la menace, mais si elle se pare ainsi, l’attraper deviendra impossible. Il sait, il n’est pas stupide, il se doute bien que…

    Ma porte volerait presque en éclat que je n’en aurais pas été plus surpris, je n’avais pas entendu le tonnerre des sabots du destrier qui avait galopé toute la nuit. Pas même la main posée sur la clinche de ma porte, simplement le claquement tonitruant d’une porte qui est fermée.

      - On doit agir, Sieg. C’est Elle, sa voix, je la reconnaîtrais entre des milliers. Maintenant. Et elle a pleuré.

    Qu’est-ce que tu fous là, qu’est-ce que tu oses venir faire chez moi ? J’entrouvre mes lèvres pour lui poser ces questions et bien plus, mais je mentirais si je disais que j’avais eu le lyrisme de les lui poser. Non, la seule que j’arrive à balbutier c’est un simple :

      - And… Mais… Qu’est-ce qu… Inspire, Sieg, centre-toi. Qu’est-ce que tu fais ici ?

    Elle tremble, se contenant à peine. Si seulement ça avait été autre chose que cet étrange mélange d’indignation, de haine et de colère, teinté d’une peur profonde. Ses mots sont comme le tocsin que l’on sonne pour donner l’alerte, pour informer tout ceux qui peuvent l’entendre, des miles à la ronde, qu’est venu un danger méritant que l’on se barricade derrière des épaisses murailles, en attendant qu’une tempête ne passe. Et ici, cette muraille, ce n’est hélas que moi.

      - T’as dit que tu m’aiderais, que tu serais là quand j’aurais besoin. Lance-elle, comme des lames de couteaux, sa voix est sèche, mesurée, trop contrôlée pour être autre chose qu’un masque. Le jeu a assez duré, on retrouve ce fils de pute et on le termine. Prends tes affaires, on y va.

    Non, Andréa. Ais-je envie de lui crier, faire ça, c’est une perte de temps au mieux, un suicide au pire. Il aura l’avantage du terrain, l’avantage de ta furie, l’avantage de ma faiblesse pour nous abattre. Il suffira d’un simple carreau d’arbalète de sa part, trempé dans de l’urine et de la merde pour que l’un de nous deux y reste après des semaines d’agonies. Je me redresse en allant passer ma chemise, glissant mes mains dans les manches de mon gambison noir épais, teinté des stries blanches laissées par le sel de ma transpiration. Il a du vécu, ce gambison, tout comme moi. D’un geste d’une main, je lui montre une chaise.

      - Pose ton cul Andréa, c’est pas aussi simple.

    Par mesure de précaution, je décide d’attacher a mon gambison épais des jacques-de-chaîne, protection de fortune, mais qui aura l’avantage de me rendre moins visible aux yeux de notre proie, ma belle Colombe. C’est quand j’entends le claquement d’une gorge prête à se déployer en hurlements et en cris que je me rends compte que je suis bien plus alerte maintenant qu’auparavant. Il est temps de se blinder, mon vieux.

      - Je ne PEUX plus VIVRE comme ça. Qu’elle crie. TU M’ENTENDS, SIEGFRIED ?!

    Je ferme les yeux, profitant que mon dos soit assez large pour encaisser sa colère et sa rage. Ainsi que, oh ? Bordel elle m’a balancé mon épaulière à la gueule. Calme-toi, ce n’est pas le moment de laisser ton cœur parler. Si cette guerre de l’ombre doit avoir lieu, tu dois être l’homme qu’elle n’a jamais pu voir, que tu n’as jamais voulu lui montrer. A partir de maintenant, tu n’es plus un Homme, Siegfried. Tu es un mercenaire. Moins que rien, un chien entrainé a la guerre.

      - Tu pose ton cul sur cette chaise et on va préparer ça maintenant, ensemble et intelligemment. Dis-je, la voix dure. Compris ?

    Pour la première fois depuis longtemps, elle m’écoute. S’installe sans croiser les jambes, appuyé sur une cuisse, la main posée sur son front tandis qu’elle bout a en juger par ce visage. Pleine de rage, d’indignation et d’envie de rétribution. Je te promets que tu l’auras, ais-je envie de dire, qu’on va te libérer de cette plaie suppurante que y’a dans ta vie. On va l’exciser, par le fil de l’épée. Et ce regard qu’elle me lance, une véritable blessure infligée par les yeux.

      - D’une, tu va me regarder autrement. Lançais-je comme un ordre, en allant chercher la carte de la ville qui m’avais été fournie par le bailli quand je cherchais les voleurs de la ville. De deux, regarde.

    Je déplie la carte de papier sur la table, on y retrouve tout Limoges, ses quartiers, ses places, ses murailles, ses portes, ses rues et ruelles. Toutes tracées à la main, avec des repères surgissant, ici, la crypte royale. Là, la cathédrale, là, la lice. Par-là, le donjon ducal. Mon doigt se pose sur les quartiers sud-ouest de la ville. Les bas-quartiers qui débordent au-delà des murailles.

      - Il est dans ces quartiers-là, côté bas-fonds. Dis-je calmement. Une partie un peu abandonnée de la ville, une véritable botte de foin. Je marque une pause avant de rajouter, comme commentaire. On pourrait y cacher l’arche de l’alliance que personne ne la découvrirait.

      - On y cherche un connard avec un gros chien, ça ne doit pas courir les rues. Qu’elle grogne.

    Qu’est-ce qu’elle croit, qu’on va le retrouver en taverne comme s’il squattait le nid de paille de la Lombarde ? Qu’on aille pouvoir simplement aller faire une balade en amis avec nos armes à la ceinture en se disant « Non mais c’est bon, on va le trouver dans un coin de rue, pire des cas les mendiants nous aiderons. », j’ai dû risquer ma vie pour obtenir ces informations et toi tu penses qu’il suffit de… Mon dieu, Sieg, calme-toi, tu es une forteresse de glace et de mépris. Respire.

      - Il n’est pas avec son chien, j’ai réussi à l’trouver une fois, pour l’plan dont on a parlé, ma Colombe. Je pointe la ruelle où je m’étais retrouvé proie, je grimace voilà, tu as glissé pauvre con. Là, dans cette rue. C’est là que je l’ai vu pour essayer d’l’ama…

      - Tu as fait QUOI ?!

    Voilà qu’elle se remets à crier. J’inspire un instant et retenant l’envie de me pincer l’arrête du nez tant ma tête me fait mal. J’ai le feu aux tripes et des sueurs dans le dos, je ne peux pas te montrer ma flippe, pas maintenant. Jamais. Retiens-toi de lui exploser à la figure, reste calme, reste froid.

      - Crois-moi. Disais-je avec ce ton détaché et froid qui caractérisais l’échange. Si ma tête ne tenait pas à ma gorge par quelques fils et mon bras en bonne santé, j’aurais réglé le problème à ce moment-là. Et je ne mens pas, l’idée m’a traversé la tête, le faire tomber de son perchoir pour le détruire une bonne fois pour toute. Je te rappelle que c’est toi qui m’as demandé de t’aider à t’livrer à lui, j’t’ai dit qu’on allais l’piéger, t’as accepté.

    J’inspire et contre ma volonté, ma langue se fait lance pour venir frapper où ça fait mal. Mieux vaux qu’elle me déteste qu’elle ne craigne pour ma sécurité. Elle plisse le regard, on est reparti sur ce jeu ridicule qui caractérise nos échanges depuis nos retrouvailles ; je te fais mal, tu me fais mal, je te fais mal.

      - Alors pendant qu’ton gentil mari se tourne les pouces en disant « non mais ça va », moi j’agis et j’ai réussis à l’convaincre. Enfin, a endormir assez sa vigilance en lui secouant sous le nez l’appât, Toi. Du coup, tu descends d’un ton.

      - Ne manque pas de respect à Archibalde, et je baisserais d’un ton.

      - Ne me manque pas de respect, et j’y consentirais. Répondis-je calmement. Parce-qu’il est où là, mh ?

      - Laisse-le. En dehors. De ça. Dit-elle en hachant sa phrase pour que ça ait plus d’impact. Tu sais parfaitement qu’il ne sait pas la moitié de ce qui concerne Vran, sinon je serais gentiment enfermée dans la cave en attendant els jours bénis où Vran bouffera les pissenlits par la racine.

      - Dis donc, quelle prison dorée. Lâchais-je calmement. Bref.

    Arrêtons ce jeu maintenant, ma Colombe. Tu sais bien que je n’ai pas envie de me prendre la tête avec toi, que ce jeu de petites piques qu’on s’envoie copieusement à la gueule n’a qu’un seul but, nous faire mal. Nous n’irons nulle part si nous restons là-dessus. Mais soit, déteste-moi si tu le souhaite, dans l’immédiat je suis le seul à t’aider, à te proposer une alternative a l’horrible plan que tu m’avais décrit au détour de la Vienne. De ce suicide glorifié que tu voulais que je t’aide à organiser. Mais pour la première fois depuis que nous nous sommes rencontrés, je fais ce dont tu as besoin, pas ce que tu me demande. Je ramène son attention sur la situation en frappant mon index contre la carte dans un « poc » sonore.

      - On sait qu’il a du poison. Lâchais-je en me blindant mentalement, en parlant avec détachement. J’sais pas s’il sait que t’es enceinte, mais s’il te blesse, ça sera dangereux pour l’gosse.

      - Il ne sait pas. Et il ne doit pas savoir.

    Et me voilà à protéger le gosse que j’aurais dû lui faire, que par mes propres actes j’ai laissé un vautour planter en elle. J’inspire un instant, je ne peux pas m’attarder sur ça, sur le fait que je n’sois pas le père de l’enfant promis, que je n’sois pas le mari, que je me suis rendu compte bien trop tard, que j’aurais dû être.

      - J’n’pense pas que ça soit pour « ça ». Dis-je en enlevant même sa nature humaine a l’enfant qui la parasite. Je crois que c’est une assurance, pour être certain de tuer au moins l’un de nous deux si ça tourne mal, il lui suffira d’une simple entaille après tout.

      - Alors quoi, j’agite des bâtons en t’encourageant ? Me demande-elle. Pendant que tu risques ta vie pour moi ? Qu’elle ajoute. Je sais me battre, Sieg.

    Si le cynisme avait un timbre, je n’aurais pas meilleur exemple que cette phrase. Bien sûr que tu sais te battre, mais pourquoi tu t’inquiète de ce que tu peux faire ? Ce n’est pas la vengeance qui te meut, Andréa. C’est pas ça ton cheval de bataille ici. C’est la peur. Elle se lève, pour aller chercher à boire. Alors quoi, tu as peur ? Peur que je n’en ressorte pas ? Ou pas entier ? Oui, dans la caisse au-dessus de l’armoire, des bouteilles ganguées de cuir. Sers-toi, après tout ici c’est comme chez toi.

      - Tu m’as demandé de protéger ton gosse, après tout. Lançais-je avec un certain détachement, le sous-entendu de la possibilité de ma mort ne m’atteignant pas plus que ça. On s’y prépare, avec l’expérience. S’il te blesse avec le poison, même avec un antidote, le choc pourrait être fatal pour le petit. Du coup, tu me laisses gérer, quitte à perdre un membre à cause d’une gangrène, je préfère ça que de te voir en repredre un.

    Car oui, je sais que c’est le deuxième en très peu de temps, Andréa. Et l’aigreur de mon vin n’est pas suffisante pour t’arracher cette tête, mais as-tu d’autres choix dans l’immédiat ?

      - Donc… On y va ensemble, et ensuite ?

    Reprenons le plan, oui. Inutile de m’attarder sur l’analyse de son visage et de ses émotions. Du contour de sa mâchoire et de son cou. J’inspire.

      - J’t’attache les poings et tu fais semblant d’être assommée. J’aurais deux épées sur moi, une courte, et une longue, la mienne. T’as un couteau caché quelque part, essaie de le planquer contre ton poignet. J’te livre à lui, dès qu’il sera trop obnubilé par sa proie, j’attaque. Si tu n’as pas de dague, les liens seront assez lâches pour que tu puisses y échapper en tortillant tes poignets. Elle fronce ses jolis sourcils, l’idée lui déplaît. Y’a pas d’autres façons de tromper sa vigilance, il est paranoïaque. Et elle acquiesce, tu sais que j’ai raison, Ma Colombe.

    J’inspire un instant, les yeux clos. Je me passe l’action en tête, je me bats dans mon esprit pour imaginer exactement toutes les fins probables à cette histoire. Je n’en vois guère où la fin sera heureuse. Il suffira d’une simple coupure pour m’empoisonner, ou l’empoisonner Elle. Et je ne laisserais plus personne jamais lui faire de mal tant que je vivrais. Si elle m’avait écouté, elle serait partie loin avec… Tais-toi, n’y penses pas, n’y penses plus. Maintenant, prépares-toi, c’est maintenant que ça va être difficile, Siegfried.

      - Quoi qu’il arrive. Commençais-je en rouvrant les yeux pour la regarder. Si je tombe, tu te casses. C’est clair ?

    C’est comme un éclair chez elle, j’ai l’impression, à la voir ainsi au taquet.

      - Ça, c’est non. Et ce n’est pas négociable.

      - T’as pas vraiment l’choix, là. T’acceptes, ou tu l’fait seule. Je m’appuie sur mes deux mains avec un léger sourire. Vois ça… Comme un contrat avec un mercenaire, j’suis sacrifiable ici. Toi, tu ne l’es pas.

    Et tu ne l’as jamais été.

      - Si tu tombes, j’ai aucune chance de m’en sortir et tu le sais, t’es pas plus sacrifiable que moi !

    Ne commence pas, Andréa.

      - Pour ça que je ne tomberais pas, mais si je t’ordonne de fuir, tu fuiras. C’est compris ? Et c’est pas grogner qui va me faire changer d’avis, enfonçons le clou. La haine est meilleure compagne que la peine. Tu perdra quelqu’un qui r’présente plus rien pour toi, après tout.

    Et le pire, c’est que je n’ai même pas l’impression de mentir, je ne fais que lui ressortir ses mots après tout. Faut bien ça pour cultiver cette colère qui fera qu’au pire des cas, la finalité du sort qui risque de m’attendre, ne l’atteigne pas.

      - T’es pas un chevalier servant… J’t’engage pour quelque chose, tu dois aussi écouter ce que j’ai à dire. Dit-elle, comme si je l’avais blessée. Bah tiens. Et je ne veux pas te laisser te… Le souffle vient à lui manquer, l’idée lui est si douloureuse ? Te sacrifier.

    Je me redresse, toujours en essayant de tenir cette distance.

      - C’est mon choix, Andréa. Pas le tiens. Et je n’en dirais pas plus, Andréa, je pose le doigt sur la carte, pour recentrer mes pensées, recentrer mon esprit. Il est paranoïaque. Pas qu’un peu, a juste titre. Il faut penser que y’aura peut-être des pièges. Porte des bottes épaisses, au cas où il y ait des chausses trappes. Évite les cottes de mailles, ça te ralentira, un bon gambison bien épais te protégera efficacement et…

      - Tu as peur ?

    Tu n’as pas le droit de me poser cette question. Bien sûr que j’ai peur, je suis terrorisé à l’idée qu’il t’arrive quelque chose. Terrorisé que si je ne fais rien, j’apprendrais de la bouche d’un autre ou d’une autre que tu t’es donné la mort pour ne plus avoir à vivre avec cette terreur constante sur les épaules, ce harcèlement incessant de tes proches, j’ai peur, de devoir porter la responsabilité de ton bonheur sur les épaules, j’ai peur de mourir, bien sûr. C’est terrifiant, de penser à sa propre mort avec autant de détachement, c’est l’horreur ce que je traverse et toi t’essaie d’outrepasser cette barrière, cette distance que je mets entre nous deux pour me protéger et te protéger ? Tu veux savoir de quoi j’ai peur ? De te perdre sans avoir pu faire mon possible.

      - Non. Dis-je avec un calme digne d’un olympien, la fixant. Au stade où on en est, c’est vaincre ou mourir. Y’a plus trop de choix à ce niveau là.

    Elle se tait, marque un temps de pause avant de finalement souffler.

      - Mon plan était mieux.

    J’inspire un instant, sur la table, je trouve un couteau, aiguisé, à la pointe vicieuse. Il me sers principalement à tailler du bois quand je m’ennuie, avant que je ne le jette dans les flammes pour avoir les plus belles buches du royaume. Je le récupère, en « pic » et d’un pas, je viens lui coller sous la gorge, faux-tranchant contre le cou. Bien sûr qu’elle n’y risque rien.

      - C’est vraiment ça que tu veux ?

    Parce-que si c’est le cas, demande le moi et je t’égorge, là, tout de suite.

      - Oui. Pour ne pas qu’il blesse ou tue d’autres personnes, oui, Siegfried.

    J’ai du mal à taire le rire que j’ai dans ma gorge, c’est sa crainte qui parle. Je reste comme ça avec cet air d’un homme prêt à la tuer, alors que l’idée même me gèle le bras. Tu parles d’un mercenaire quand il faut.

      - C’est beau, non ? Demandais-je. Un palais de mensonges. On peut s’y rassurer, s’y convaincre que ce qu’il va s’y passer en étant persuadé d’être la sagesse incarnée. Sans faillir, j’enchaîne, qu’elle comprenne bien la connerie de ce qu’elle voulait faire, se donner la mort. Soit, si c’est ça que tu veux, je t’égorge, maintenant. Tu ne souffriras pas même une seconde. Après, j’irais trouver Vran et j’essaierais de le buter pour ce qu’il t’a forcé à me demander. Vu mon état, pas dit qu’il ne me tue pas, il le fera probablement.

    Et si tu penses que j’en ai fini avec ça, c’est pas que moi, le « moins que rien » qui y perdra des plumes ô Colombe.

      - Ensuite, il ira frapper Archibalde, parce-que je lui aurais volé sa vengeance. Puis peut-être finir le travail sur Jhoannes, sur Astana, sur Hazel… Tu sais quoi ? Demandais-je rhétoriquement, sans lui laisser le temps de répondre. Tout ce que tu gagnerais, là, si j’te tranchais la gorge, maintenant. C’est le luxe de pouvoir admirer tout ce joli merdier, ton cul gentiment posé sur la lune. Où t’aurais le loisir de prendre bien la mesure que ton acte aura servi à rien, à regarder ceux que t’aime crever les uns après les autres. Sans pouvoir rien faire.

    Je plante brutalement mon couteau dans la table, quitte à la faire se redresser à l’opposé. C’est que j’ai l’habitude d’entendre des gens raconter conneries sur conneries à longueur de journée.

      - Du coup, t’arrêtes tes conneries dix minutes et on reprend la planification ou merde ?

    Je me tourne vers la carte, j’entends le bois crisser une brève plainte tandis que le couteau en est arraché, suivi du bruit mat d’une lame se figeant dans du bois. Elle s’est ressaisie, parfois faut lui mettre les faits accomplis devant les yeux. Je me trompe peut-être, peut-être que c’est moi qui la condamne a plus de douleurs en lui empêchant de mener à bien son plan. Mais je l’ai déjà abandonnée une fois, pas deux.

      - Je t’écoute.

    Retour à cette voix froide, amère qui me fait me dire que j’ai raison. Je plante mon index sur la carte.

      - Dans cette ruelle, j’vais t’porter sur l’épaules. Avant ça, on s’retrouve au nid d’paille, tu viendra énervée comme si j’avais écris une lettre, fait une connerie ou que sais-je, tu trouvera bien. Là-bas, je peux te faire une prise de lutte pour te faire perdre connaissance quelques secondes, tout juste assez pour te lier les poings. Faudra que tu fasses du vacarme. Du bruit, tu cries, tu pleures, tu rages, je n’en ai rien à branler, t’attires l’attention. Il saura nous retrouver. Si on ne peut pas trouver la tanière d’un loup, faites l’en sortir.

    Un temps de pause.

      - Dès qu’il sors son grand jeu ou qu’il essaie de te faire du mal, j’interviens. T’essaie de te libérer, si j’le tue avant, tant mieux. T’évites de prendre des risques à la con, mais je dis pas non a de l’aide. Si tu vois qu’il me plante ou qu’il m’a touché avec une dague ou son épée, tu te casses, j’pourrais le retenir que le temps que le poison fasse effet. Tu te barres, c’est compris ?

    Elle ouvre la bouche, pour la refermer, ah merde.

      - Sieg. Commence-elle. Es-tu certain d’avoir convaincu Vran ?

      - Non, mais l’appât sera trop fort pour lui. Et puis on a pas cent-milles choix, c’est mon plan, je prends les risques.

    La voix de la Colombe se fait plus frêle, comme si les mots qu’elle voulait prononcer, ne sortaient simplement pas.

      - Il y a un endroit où se cacher si tu… Si… Je…

      - J’ai un ami, qui dirige un petit groupe de voleurs à la tire, ils connaissent ces rues mieux que Vran, mieux que quiconque. Trouve un gosse dans le quartier et demande « Aureilhan », de la part de « Père Lansquenet ». Ils t’aideront.

    Je la regarde, elle se masse les tempes, se prépare au pire j’imagine, tu as bien raison. Après tout, mieux vaux être préparé a ce qui doit être fait. C’est pourquoi tu dois m’abandonner, Andréa.

      - J’ai essayé. Finis-je par avouer. Mais y’a pas mille solutions.

      - Je sais, lansquenet. Je sais. Dit-elle doucement en hochant la tête.

    Face a l’inaction et la violence, eligere violentiam comme diraient des latinistes.


Citation:
Merci à JD Andréa pour le rp quatre mains.

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Siegfried_fechter
Un jour qui aurait dû être comme un autre

    Tout fout l’camps, j’ai l’impression de plus sentir mon bras gauche tant il me fait mal, je sens simplement mon gambison s’alourdir, comme s’il se gorgeait de quelque chose, trempé dans l’eau. Merde. Il savait, bien évidemment qu’il savait, espèce d’abruti !

      - Rargh !

    Je lève mon épée en contre-quinte, oh non, tu ne m’auras pas aussi facilement infâme fils de putain. Je suis plus fort que toi, même avec le bras en moins, même avec ces plaies que tu m’as déjà infligées, tu ne m’auras pas !


Tu ne l’auras pas !


    La chose la plus belle, dans un combat, c’est que de l’extérieur, c’est toujours aussi rapide, les coups d’épées volent, l’acier rugissant des gerbes d’acier quand il frotte contre l’autre. Tandis que le temps se fait mélasse, le sang pulsant dans mes tempes au long de cet échange bestial et primal… J’ai… Enfin le temps de réfléchir, mon corps réagis comme si je n’étais plus vraiment aux commandes, je ne saurais même pas dire a quoi je ressemble en ce moment. C’est étrange… C’est libérateur, quand l’esprit n’est plus réellement aux commandes dans ce genre de situations. Je vois le pommeau de mon épée passer devant mes yeux tandis que d’un moulinet du poignet, je reviens à l’assaut pour sentir le fort de l’épée de l’autre con repousser ma lame, dont la garde s’enfonce dans mon bras. Je n’ai même pas mal, c’est comme si je ne sentais que la pression. Une information de plus, rien de plus.

    Mon corps qui me hurle, tu gagnes, ou tu meurs. En somme, la douleur attendra et c’est une belle chose. Je n’ai pas même le temps de jeter un œil à la Colombe, ma Colombe, qui s’est laissée entraînée dans ce plan qui est le seul que nous ayons vraiment. Nous n’avions plus réellement de temps, notre fenêtre de frappe s’était amoindrie de plus en plus, jour après jour, planification après planification. Peut-être aurions dû nous frapper avant, peut-être n’aurions du nous simplement ne pas frapper et réfléchir à meilleure option.

    Mais aussi bien pour elle, que pour moi, il n’y en avait pas. Peut-être somme nous trop similaires en fin de compte, à ne voir que les pires fins possibles à toute ces histoires. Il est trop tard pour faire demi-tour. Je l’ai retrouvée, dans un endroit discret, d’une simple je l’ai attachée, je ne me souviens même pas avoir échangé quelque mot avec elle. Je l’ai transportée sur mon épaule comme s’il s’agissait d’un vulgaire trophée de chasse, attirant l’attention de notre proie avec ce stratagème. Bien évidemment, que ça allait endormir sa vigilance de la voir ligotée posée a ces pieds. Dès que l’épée a été tirée, je n’ai plus vraiment fait attention, plus vraiment réfléchi.

    Je me souviens avoir lancé une attaque de taille, pour lui rendre la monnaie de sa pièce, pour en finir proprement de cette histoire. Une nuque sectionnée, tant de vies sauvées. Un travail propre, une vengeance pour… Qu’est-ce que tu te racontes, Siegfried ? Que tu fais ça pour venger tes amis ? C’est beau, un palais de mensonges.

    Mais il était prêt, il a détourné mon attaque d’un beau geste avant de venir me frapper au bras… Gauche, je crois, d’une autre arme. J’ai juste senti l’impact, je n’ai pas eu mal. Le monde ne tournait plus qu’autour de nous deux. Enfermés dans ce combat à mort où seul l’un de nous deux pouvait surgir vivant, j’étais tellement persuadé que c’était moi. Que ça serait moi. Pris dans l’élan de son assaut, il m’avait réattaqué, je crois, dans le but simple de me transpercer la poitrine, d’un coup de fort dans la lame, j’avais dévié l’assaut. Oui, je m’en souviens clairement, de comment elle avait frappé mon bras gauche déjà affaibli. Malin, il vise dans mes faiblesses. Moi, faible au combat, c’est une première.

    Cependant, la posture là était à mon avantage, il était trop près, trop près pour que ma lame ne morde son cou. Mais assez près pour du corps à corps, là où j’excelle. D’un geste de poignet, fluide comme un fouet, je lui avais écrasé le pommeau de mon arme dans le menton. Un coup brutal qui en aurait mis à terre plus d’un. Si seulement tu avais pu t’effondrer à ce moment-là, Vran. Si seulement tu avais pu crever dignement.

    Mais non, tu fais partie de ces enculés, de ces malades que la douleur fait entrer dans une rage profonde, te rendant plus monstre qu’humain. Avec fureur, tu avais levé ta main pour venir me l’écraser dessus, essayais-tu de me fendre le crâne en deux ? Tu n’auras pas cette chance.


Tu ne l’auras pas.


    Et voilà où j’en suis, entrain de dévier l’épée qui dont la puissance du choc fait étinceler le métal. Mon bras gauche en sang, en espérant que mon épaule soit toujours attachée au reste de mon corps. Quelle connerie Sieg, t’as déjà coupé des bras, tu serais déjà mort si c’était le cas. La contre-quinte, pas la meilleure position d’où contre-attaquer. Tu fatigues, tu le sens a ce battement régulier qui s’affaiblis petit à petit dans tes tempes. Au liquide chaud qui perle de tes doigts immobiles. J’espère que tu bouges, Andréa. Que tu te démêles rapidement, je vais le retenir, j’vais le tuer. Mais là, le danger est trop grand pour toi. Si je ne suis pas là pour te protéger, qui ?

    La mort arrive. La mienne, ou la sienne. Et pour la première fois depuis longtemps. Je me sens en paix, figé dans cette éternité du choc de nos deux lames. Je suis pleinement serein, Vran, et pour ça je t’en remercie. Je n’ai plus de doutes, plus que des certitudes. Tu dois mourir, je dois vivre, elle doit vivre. C’est bien peu de choses auxquelles se raccrocher, ce sont les objectifs que nous nous étions fixés. Mais c’est toi qui me permets de réaliser à quel point ils sont importants.

    Le temps semble se défiger, je sens mes jambes qui poussent avec puissance. Renvoyant l’épée d’où elle vient, je ne saurais dire d’où me viens cette force. Je pousse pourtant, comme si c’était la seule chose à faire, je sens mon corps qui se déplie, je redresse l’épée avec mon bras ballant. Hurlant sous l’effort, libérant l’ouverture et d’un simple pas de côté, je vois mon épaule se lancer devant moi, mon bras se plier, mon poing tenant la poignée de mon épée partir sur la gauche de mon champ de vision.

    Là, j’ai l’ouverture. Le cou, a portée, rien ne pourrait arrêter ma lame. Je sens mes côtes qui se meuvent lentement, tant le temps est épais, mon bras part, souple. Pour se tendre comme l’on donnerait un coup de fouet. Tu ne lui feras plus jamais de mal.


Tu. Ne. L'auras. Pas.


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Citation:
HRP : Le combat a été joué d'avance avec des dès. Le post ici est une représentation des résultats des lancers de dés effectués avec accord de JD Vran et de JD Andréa

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Andrea_
Je parle plus que de raison quand je suis tendue. Aussi loin que je me souvienne j'ai toujours été ainsi, des mots, des mots, encore des mots, une sorte de diarrhée verbale que rien ne peut arrêter. Parler, sans cesse, c'est ne laisser aucun moment de répit à celui qui est en face. Dans le pire des cas il se doute qu'il y a un truc pas artistotélicien, dans le meilleur il abandonne pour obtenir le silence.

Pourtant la journée avait été calme. Preuve ultime s'il en fallait que j'étais en paix avec ma décision. Ce soir, j'allais mourir. Ce soir, de Siegfried ou Vran ne resterait qu'un survivant. J'avais déjà pensé à la mort avant, bien sûr, mais cette fois j'avais pris soin d'organiser mes affaires. Fernand ramènerait Alexandre à son père. Mes effets étaient rangés, mes correspondances à jour. J'avais passé le reste de la journée avec les enfants et Archibalde, sans feindre le bonheur. Vraiment. J'étais comblée, à l'orée d'une vie dont j'ai toujours rêvée et que je ne vivrais probablement jamais. Et ce n'est pas triste, de vivre ça, c'est beau. Juste beau, même si c'est trop court.
Le soir venu j'avais simplement salué Archibalde en lui disant que j'avais une course à faire, un mensonge, un tout petit mensonge, le premier, pour ne pas qu'il s'inquiète, je le voulais loin, loin, pour le garder indemne.

J'avais poussé la porte de cette taverne avec la certitude que c'était la seule chose à faire, ce plan n'était pas le meilleur mais il était le seul acceptable. Il n'y a eu aucun mot, silence compensé par des regards qui se posaient bien trop longtemps l'un dans l'autre. Il avait ouvert la bouche, et je ne saurais dire si mon esprit avait censuré ce qu'il en était sorti où s'il s'était contenter de rester muet. Nous étions dans la même merde. La même putain de merde, mais Lui l'était par ma faute. Tu sais, la culpabilité pèse lourd en mes épaules en cet instant. C'est toi, qui m'attache. Qui me porte. Qui me dépose à Lui. Pourtant c'est moi qui t'emmène à l'abattoir.

Cette pensée, comme toutes les autres, je ne les ai pas gardées longtemps, le combat était lancé, rapidement et je ne ratais rien du spectacle. Ne va pas croire que je prends plaisir à vous voir vous battre, je vous ai aimé, chacun à votre manière et je sais qu'il faudra en enterrer un des deux, à la fin.
Si les premières secondes me figent, c'est parce que j'ai cru que Siegfried l'abattrait du premier coup. Lansquenet est fort, doué, un des meilleurs en son domaine. Je les connais aussi bien l'un que l'autre, et si Vran est doué en traque et au combat improvisé, je sais que le mercenaire est redoutable en combat préparé, et Déos sait qu'il s'est préparé pour celui ci.
Mais le coup est paré, c'est l'électrochoc, le coup de pied au cul. C'est le cœur qui s'accélère et le sang qui bat contre les tempes. Ce sont les mains qui cherchent à se délier, une paire de menottes désordonnées quand les mâchoires sont serrées. Le bleu observe et l'esprit peste intérieurement : Tu n'pouvais pas faire un faux noeud? Ou mal serré? BERDOL !


- VRAN.

Putain enfoiré, regarde moi. C'est moi que tu veux t'en as rien foutre de Siegfried, là. LA. Et cette putain de corde qui résiste. Et Sieg' en train de morfler. Par ma faute. Parce que Vran, c'est MON problème. Parce que cette corde qui tient encore, c'est aussi MON problème. MERDE.
Une grande inspiration, assez pour reprendre le contrôle de mes pensées, un brin de rationalité dans cette situation merdique. Fermer les yeux, juste un instant, annihiler le combat juste à côté. Effacer les bruits d'acier, les bruits des hommes. Repousser l'idée qu'elle risque sa vie mais aussi celle de l'enfant qu'elle porte. Cesser de respirer, quelques secondes. N'être plus qu'une coquille vide dont les mains soudain sont plus précises.
Serrer les dents des fois que ça aiderait à détacher ce noeud qui résiste et qui...


Tu. Ne. L'auras. Pas.


URGENCE.
Ouvrir les yeux, revenir au présent. Prendre conscience que tout va trop vite, que tout m'échappe et que je déteste ça. Toi non plus. Toi non plus il ne t'aura pas, parce que tu me l'as promis.
VIOLENCE.
Lâcher un cri. Grave. Animal. Comme un dernier rempart à ce noeud.
VIE.
Je veux juste être libre.
Libre de te tuer Vran.

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Vran
Il avait fait comme indiqué. Alors qu'il suivait patiemment le lansquenet, Vran cherchait le meilleur moyen de retourner ce piège contre eux. Il avait eu une bonne idée, malheureusement les circonstances la rendait infaisable. Alors il avait suivis.
Quand enfin, Siegfried passa à l'action. Il ne s'intéressa que peu à ce qu'il se passait dans la taverne. Peu lui importait de voir, puisqu'il savait que c'était un traquenard. Quand il commencèrent à s'éloigner du centre de la ville, corvidé avait laissé ses proies le distancer un peu. Peut-être qu'on l'attendait en masse, et il fallait faire preuve de prudence. Il laissa même le mercenaire poireauter un peu, le temps d'examiner un peu les alentours. Il semblait que l'endroit était désert. Là seulement, il se permit d'avancer.

Le corps posé au sol était bien Andréa. Mais son regard ne s'attarda pas bien longtemps, pour revenir se poser sur Siegfried. Pour le moment, seulement pour ce moment, Colombe passait au rang de cible secondaire. Car là, ici, c'était bien Lansquenet la cible prioritaire. Tant qu'il était debout, il ne pouvait pas s'occuper tranquillement de la brune. Alors il fallait le mettre au sol. Définitivement, de préférence.

Durant un très bref instant, Vran se demanda si l'homme en face de lui avait pensé que son petit tour marcherait jusqu'au dernier instant, lorsqu'il para son attaque pour contre-attaquer sans attendre, d'un coup de miséricorde sec dans le biceps, le gauche. Bien entendu, qu'il avait frappé au bras gauche, qu'il savait mal en point. Ce mec là, c'est le genre à flairer le sang, renifler les faiblesses. Celui qui a un genou abîmé, un bras blessé ou quoique ce soit d'handicapant, il a intérêt à bien savoir le dissimuler s'il veut s'en prendre à Vran.
Et le Siegfried qui commence à fatiguer, il le sent. Alors que lui pourrait faire ça toute la journée. Il y avait bien des choses qui rendaient petit corbeau dangereux, mais en terme de combat, c'était son endurance qui était réellement terrifiante. Rarement épuisé. Jamais, on pourrait croire. Ceux qui l'ont vu le souffle court se comptent sur les doigts d'une main. Une main d'angevin, même, peut-être.

Après quelques échanges, malgré la vivacité de Vran, le lansquenet parvint à lui asséner un coup de pommeau dans la mâchoire. Le truand eut la vision troublée deux secondes, avant d'étirer un sourire mauvais et de se jeter de nouveau sur son adversaire dans un grognement mêlant rage et excitation. Parce qu'il est résistant en plus. Un ennemi chiant, en somme. Mercenaire bloque l'attaque, et contre-attaque férocement, avec l'idée d'en terminer au plus vite. Parce que lui aussi, il sait qu'il ne pourra plus tenir longtemps. De justesse, Vran parvient à bloquer l'attaque. Le blond devait vraiment avoir envie de le tuer, parce que ce coup là aurait probablement complètement brisé sa garde et l'aurait décapité.
Mais Siegfried était fatigué. Aigrefin s'en était assuré. Si bien que le bras ne sut porté la lame assez longtemps, et cette dernière s'abaissa à l'épaule avant d'atteindre sa cible. Mais la tentative désespérée ainsi que le poids de l'arme firent tout de même leur effet, puisque l'épée du brun recula un peu, et l'épaule fut blessée. Rien de très grave, quelque chose de superficiel.

Les yeux sombres s'éclairèrent d'une lueur étrange, son propre sang qui coule le poussant un peu plus dans cet état d'excitation colérique. Mais il se maîtrise encore, un minimum. La bête est encore dans sa cage. Peu ont vu la bête, au final, mais ils s'en souviennent encore. Mais ce monstre là ne lui serait d'aucune utilité ici, il le sait. Que ça soit pour ce combat, ou pour atteindre son objectif. Il a besoin de sang froid, de méthode et de précision.
Enfin, là, surtout, il a besoin d'en terminer avec Siegfried. Et le cri d'Andréa n'y change rien. Au contraire, ce cri pue tellement le désespoir qu'il se dit qu'il a encore du temps avant de se retrouver seul contre deux. Il poursuit donc le combat, lâchant encore un peu plus ses coups, accélérant les mouvements de son corps sur cet endroit qui leur sert d'arène.

Le coup qui suit, lansquenet le pare malgré sa blessure. Mais Vran sait qu'il sera bientôt à bout. Juste un peu de patience, et le mercenaire sera trop épuisé pour se protéger. Ensuite, il pourra tranquillement offrir sa pleine et entière attention à Andréa.
Pourtant, Siegfried attaque, et rapidement même. L'énergie de la fin? Second souffle? Toujours est-il que corvidé se voit contraint de le bloquer frontalement, et de le repousser. Mais que lui reste-t-il, au final? Une, deux attaques? Ensuite, il sera trop affaibli pour éviter l'erreur, et la miséricorde le tuera.
Vran se prépare à une énième frappe. Il va y aller avec patience. Ça ne sera pas pour le tuer. Juste le forcer à bloquer, ou à bouger. Le pousser à dépenser de l'énergie, épuiser ses forces. Bientôt...

Tiens. Un bruit. Un bruit qui s'est arrêté? Prudent, Vran se décale un brin sur le côté, afin de s'offrir un visuel de la Colombe sans pour autant écarter Siegfried de son champ de vision. Ah oui, effectivement. Le bruit qui s'est arrêté, c'est le frottement des différentes matières provoqué par la brune qui se tortillait afin de se libérer. Maintenant, elle se lève. Merde.
Vu l'état du lansquenet, Vran considère qu'il est capable de gérer les deux combattants. Mais c'est rien de certain, et ce genre de pari est dangereux. Alors il décide de jouer la sécurité, et sort un atout caché dans sa manche. Enfin façon de parler, l'atout en question est éparpillés sur son torse et à sa ceinture.

De la main gauche, un couteau de lancé est dégainé et lancé en direction d'Andréa. Double atout: les lames de ses couteaux sont enduites de poison. L'empoisonneur qui le lui a fourni lui a promis quelque chose de mortel, mais aura vendu un vasoconstricteur -et il lui rendra visite pour ça. Et pour être sûr, il se saisit d'un second couteau et le lance aussi sur la Colombe.

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Siegfried_fechter
Le Rempart

    Quelqu’un crie, Andréa ? Elle l’interpelle, Lui. Ah, je comprends. « Laisse-le, c’est moi ta proie », un cri de l’âme. Elle ne veut pas me voir mourir en fin de compte. As-tu vraiment le choix, ma Colombe ? Mais ne t’inquiète pas, je suis là et je tiendrais la promesse que je t’ai faite. Regarde-moi, mon coup est parfait, sa tête va tomber. Tout est parfait dans mon attaque, aucune place a l’erreur. L’angle, la vitesse, la puissance. Un coup maîtrisé, perfectionné par l’exercice régulier. Tu va enfin me voir dans toute ma gloire, quand je me…

    Mais au dernier moment, dans cette mélasse temporelle, je sens quelque chose faiblir en moi. C’est imperceptible, comme quand la tension dans une poigne se relâche. L’espace d’un instant, j’ai l’impression que ma main est si faible que je vais laisser tomber mon épée. Tu ne peux pas faillir, pas maintenant. Reste éveillé, Lansquenet, c’est l’heure de mourir. Et quitte à crever, meurs debout.

    Je peux voir jusqu’aux tendons de ma main se raffermir tandis que je corrige l’angle de mon attaque avant qu’il ne soit trop tard, hélas, le second souffle me viens trop tard. Je ne mords que l’épaule à travers le gambison. Une blessure superficielle, aurais-je enduit mon épée d’excréments… A quoi bon réfléchir à ce qui aurais pu être mieux préparé, aux armes que j’aurais dû emmener, non. Dans mon hubris, j’ai cru que ma force seule aurait pu venir à bout de tout ce que tu avais pu prévoir, Vran. Je suis un homme fier, et c’est probablement ça qui fait que je ne sortirais pas de cet échange vivant. Mais je lui ai fait une promesse : Tu ne l’auras pas.

    Me vois-tu sourire, Vran. Derrière le masque de rage et de haine ? Nous allons mourir tout les deux, ici, ce soir. Tout s’effondre autour de nous, qui nous étions, qui nous aurions pu être. Tout cela n’a plus d’importance, je sais que quoi qu’il arrive, tu n’auras pas la force de La combattre quand tu en aura fini avec moi. Profite de ce dernier instant, de ce dernier moment exultant de gloire martiale pour être en paix avec qui tu es aujourd’hui. Rien de plus qu’un chien enragé, la bave aux lèvres, assoiffé de sang et de vengeance. Tout ça car tu n’as jamais appris à vivre avec ta propre douleur.

    Car après tout, n’a-elle jamais été autre-chose qu’un refuge pour toi ?
    Une drogue exaltante.
    Faisant bouillir ton sang.
    Battre ton cœur jusque dans tes tempes.
    Mais n’a tu jamais appris à l’écouter et à la laisser s’exprimer ?


    Tu es l’esclave de ta douleur, trop borné et aveugle pour t’en rendre compte. Un peu comme moi je l’ai été. Hélas, tu n’auras plus jamais le temps d’apprendre. Car nous allons en finir ici et maintenant. Je te vois à nouveau t’élancer, trop large, mais si je ne réagis pas, tu vas m’ouvrir de l’épaule à l’aine. Je vois ce que tu veux faire, me pousser dans mes retranchements, me fatiguer, me pousser à l’erreur. Oublierais-tu qui je suis ? Je ne suis pas là en tant que mercenaire, Vran. Je ne reculerais pas. Je ne m’enfuirais pas.

    Je sens mon bras droit partir, il guide ma lame vers la sienne, fort contre fort pour bloquer l’attaque. Le choc de nos armes se répercute jusque dans mon épaule et même lorsque mon corps commence à faillir. Ma posture ne me fait pas défaut, l’arme est arrêtée et d’un coup d’épaule, je te repousse. Il me faut de la distance, de la distance pour manœuvrer, de la distance pour attaquer promptement, décisivement. Plus le temps de parler, plus le temps de réfléchir Siegfried. Tu n’es pas un demi-dieu, tu n’es qu’un homme. Ne gaspille plus d’énergie à réfléchir, agis.

    Mon corps chute un instant en avant tandis que j’épaule mon arme, d’un coup puissant de mes talons je m’élance pour couvrir la distance. Tout mon corps m’aide dans ce mouvement, en finir de lui avec une attaque décisive, sans crainte. Embroche-moi le cœur, bâtard. Plante ton épée dans ma poitrine, mais tu n’en sortiras pas vivant. Ma lame part, un grand mouvement dont la puissance est plus importante que le reste, comme pour le fendre en deux. L’équarrir comme un porc, briser les os, trancher la chair. Puis enfin, je pourrais me reposer. Je sens un grand choc dans ma lame. Une étincelle jaillit devant mes yeux. Il… Il a…

    Je n’ai plus mon épée dans la main, ma poigne m’a trahie. Je n’ai pas su encaisser le choc de l’épée, il va frapper, me… Non ? Il recule ? Pourquoi ? Son regard, il regarde par-dessus mon… Andréa ? Je n’ai que le temps d’un coup d’œil, l’espace d’un battement de cœur pour la voir libérée et s’élançant vers nous en ramassant mon épée longue. Un mouvement, a l’opposé de ma vision périphérique, il glisse sa main a son torse, une bandouillère ? Une… Non !

    Quelques pas de côté, j’essaie d’élancer mon bras meurtri, mais je ne sens qu’un impact. Comme un coup de marteau en pleine poitrine, il déchire mon gambison, perfore ma chemise et perce la peau de mon torse. C’est comme si on me vidait les poumons d’un seul coup. La dague s’est figée dans ma poitrine. Mes jambes me trahissent un instant tandis que mon genou cogne durement contre le sol froid.

    Pourquoi as-tu fait ça, Siegfried. Qu’elle se demande j’imagine, ou peut-être la rage est-elle trop forte pour qu’elle se rende compte de ce que j’ai fait. Tant mieux, ne laisse pas mon état être un frein à ta vengeance, Andréa. Après tout, un rempart, n’est-ce pas de là qu’on contre-attaque et qu’on repousse les assaillants ?

    Une protection, accusant chocs après chocs, sur lequel rebondissent flèches et rochers. Un mur derrière lequel tu seras saine… Et sauve…

    Elle me dépasse, s’élançant à l’assaut elle aussi, mue par l’indignation, la rage et la vengeance. Je tire ma deuxième lame, plus courte, un simple messer. Plus à même d’être utile dans ce corps à corps brutal dans lequel je compte faire mon chant du cygne. Elle crie dans sa fureur, l’assaut acharné qu’elle porte est d’une beauté rare, elle se libère, laisse libre court à tout ce qui la ronge. Mais je ne suis pas venu pour l’aider à se défouler, je suis venu pour t’aider à Le tuer. Redresse-toi Lansquenet, un dernier assaut, le repos viendra ensuite.

    Face a notre assaut combiné, Andréa, il ne peut rien faire, simplement gagner de la distance. Quand il te pare et se prépare à la contre-attaque, ma lame le force à reculer. Quand il essaie de m’achever, tu interviens et me sauve. Je le savais, que nos styles de combats étaient complémentaires, dommage que je ne m’en rende compte que…

    Quelque chose ne va pas… Je commence à avoir de plus en plus de mal à suivre la vitesse du combat… Je détourne les attaques, je m’élance en estoc pour essayer de l’éventrer, mais… Tout me semble si mou. Il… Prends la fuite, elle s’élance après, lui.

    Je… N’arrive plus à suivre, Andréa… Je…

      - Ne t’inquiète pas pour moi ! Hurlais-je avec mes dernières forces. Attrapes ce fils de pute !


    J’ai fait tout ce que j’ai pu… J’ai tenu tout ce que j’ai…

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