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Info:
En COURS

[RP] Il lupo e l'uccellino*.

Watriquet
Wat s’était arrêté à Limoges depuis plusieurs jours, car la ville animée l’avait capté.
Mais voilà qu’il dormait depuis plusieurs jours comme un vagabond, ici ou là, à la belle étoile ou dans la paille d’une grange en périphérie, lorsque le temps n’était pas favorable.

Il travaillait dur à la mine dans la journée, ce qui lui avait permis d’accumuler un petit pécule.
Il se mit donc en quête d’une auberge, pour prendre un bon repas, boire une bonne bière ou du vin chaud, dormir dans un lit avec des draps propres et une bonne couverture.

Ne connaissant pas une taverne plus qu’une autre il choisit celle qui avait pour emblème un petit oiseau perché sur le pommeau d’une épée, gardée par un loup.

Il entra et jetant un coup d’oeil circulaire que l’endroit n’était pas très vaste mais propre et bien tenu.
Des clients étaient déjà attablés et conversaient avec celle qui semblait tenir l’établissement.
Il les salua en ses termes :


Bonsoir, dames et sire, je me présente Watriquet,
Mais vous pouvez m’appelez Wat, c’est mon sobriquet,
Je suis de passage à Limoge, je viens de Tours,
Je ne suis pas noble mais un simple troubadour.


Il se tourna vers la tavernière :

J’ai grand faim et grand soif, que pouvez-vous me servir ?
Et s'il vous en reste, une chambre pour dormir.
Bien que mon art ne me nourrisse encore,
J’ai dans ma bourse quelques écus d’or.


Il sortit de sa bourse quelques écus comme un acompte, car il ne voulait pas passer pour un vilain qui se sauve sans payer au petit matin.


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Troubadour, esprit libre et libre d'esprit.
Wat-Hellse ?


Un jour je ne serais plus gueux et moi aussi j'aurais une bannière !
Mahaut_belon
Mahaut accueillit le nouvel entrant du même affable sourire qu'elle réservait à tous. A l'instar de la patronne, elle prépara une chope de bière qu'elle alla d'emblée poser sur une table, non loin d'une fenêtre en invitant l'homme à s'y installer.

– Soyez le bienvenu au Lupo. La première bière est offerte, mettez-vous à l'aise, je reviens.

La brune récupéra une écuelle sur le dressoir dans laquelle elle découpa un épais tranchoir de pain frais. La mie épaisse et généreuse était enfermée dans une croûte dorée et croustillante à souhait. Elle s'approcha ensuite de l'âtre pour prélever deux louches du brouet qui mijotait au coin des flammes. Navets, carottes, panais, topinambours et choux baignaient dans un bouillon épaissi avec un peu d'orge mondée. Elle plongea de nouveau sa louche à la marmite pour trouver un morceau du jarret de porc qu'elle avait mis à cuire avec les légumes. Elle revint vers la table avec la portion généreuse et agréablement parfumée. Elle déposa également une petite tome de fromage de brebis et un pichet de vin, compris dans le prix du repas.

– Bon appétit m'sieur. Et pour les chambres, bien sûr, je peux encore vous loger. Le repas est compris dans le prix de la chambre. Vous n'aurez qu'à vous installer à la six, je viens de refaire le lit de propre. A l'étage sur le palier c'est la seconde porte à votre gauche. Je vous donnerai la clef quand vous aurez fini votre repas. Ça vous conviendra ?
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Watriquet
La tavernière lui apporta le plat.
C’était chaud, fumant, ce qui le changeait des ses pains et maïs secs qu’il grignotait d’habitude.
Il humait et cela lui faisait du bien, puis plongeant la cuillère dans le plat failli se brûler les lèvres tant il était pressé de se régaler.
Il rompit ce pain à la mie généreuse et le trempa dans le bouillon et le dégusta avec délectation.
Les saveurs lui emplirent de palais de bonheur et mangea avec gourmandise.
Il but quelques gorgées de vin et le plat fut terminé plus rapidement qu’il le fallait pour le dire.
Il reprit du pain avec lequel il dégusta le fromage qu’il combina avec quelques gorgées de ce vin fort goûteux.

Il releva enfin le nez de son repas et s'adressant à Mahaut


Je vous remercie bonne tavernière,
Ce repas fort goûteux m’a rassasié
J’irai à ma chambre dans la soirée,
En attendant je voudrais parler affaires.

Si la pension est bonne, dans votre hostel,
Je vous propose d’animer votre taverne le soir
Je suis troubadour je vous en ai fait part,
Je pourrais jouer pour attirer la clientèle.

Je ne vous demande pas de récompenses
Vous me payerez simplement en boissons,
Puisque les clients aux tables consommeront,
Vous servirez et je mettrais l’ambiance.


Il prit son luth et comme pour le prouver il fit jouer ses doigts sur ses cordes et en sortie une mélodie dynamique qui accompagnait ses paroles :

Troubadours nous avons une vie de poème.
Rêvassant nous allons arpentant les chemins.
Solitaire sans maisons sans amour et sans rien
Acceptant avec joie cette vie de bohême.

Troubadour, mes paroles et mes vers me font boire
En tavernes on m’en offre quand j’enchante l’auditoire.
Mais enfin tous mes mots pour pouvoir se nourrir
Ont une faim permanente « vous entendre applaudir. »

Troubadours, distrayant nous rions et chantons.
Il arrive de nous faire des amis c’est certain.
Nous nous retrouvons seul reprenant le chemin
Dès que se termine la dernière chanson.

Troubadour nos vers nos poèmes ne parle que d’amour.
Il faudra s’arrêter près d’un cœur un beau jour.
Paysans sédentaire je ne serais plus ménestrel
Des beau vers en privé je ferais pour ma belle.
.

Il laissa sa voix décliner en laissant sonner les dernières notes.

Que pensez-vous de ma proposition ?
La refuser serait faire offense
A vos affaires et votre intelligence.
Je vous en prie ne dites pas non,.


Il la regarda attendant son refus ou son assentiment.


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Troubadour, esprit libre et libre d'esprit.
Wat-Hellse ?


Un jour je ne serais plus gueux et moi aussi j'aurais une bannière !
Mahaut_belon
Mauhat se cala contre son comptoir pour écouter l'homme. Elle suivait les doigts habiles qui jouaient sur les cordes pour en tirer d'harmonieux arpèges qu'il accompagnait de son chant. Elle sourit et le laissa finir.

– Accordé ! affirma-t-elle d'une voix sûre. Non seulement je n'ai pas envie de vous faire offense, mais vous avez raison, nous y trouverons chacun notre compte.

Pour sceller leur accord, elle alla chercher deux godets sur le dressoir et attrapa sous l'étal une flasque d'eau de vie. Elle vint s'installer à sa table et versa le précieux liquide dans les contenants.

– Marché conclu M'sieur ! A vous les boissons offertes gracieusement, autant que vous pourrez en boire, et pour le lupo, votre art. Si la patronne était là, elle qui apprécie tant la musique … Soyez le bienvenu, encore une fois !

La brunette leva son godet pour trinquer.
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Watriquet
Wat fût ravi de la réponse de la tavernière, il leva son godet et trinqua à cette affaire.

Nous allons apporter la joie et la bonne humeur
Dans votre Taverne, chaque soir sera une fête,
Il faudrait le faire savoir… par des affichettes,
Par le bouche à oreille et diffuser la rumeur.


Il but son pichet et regarda Mahaut, qui ma foi était gironde et plutôt à son goût.
Mais il savait qu’il ne fallait pas mélanger le cœur et les affaires, ça tourne très souvent au vinaigre.
Surtout il savait qu’un troubadour sur une estrade capte l’âme des spectatrices, ce qui rend souvent les maris jaloux et parfois des bras tendres autour de son cou.


Pour ce soir, je souhaiterais me retirer,
Serait-il possible de prendre un bain chaud ?
Pourrais-je avoir un baquet là-haut
Dans la chambre six, au premier ?

En ville il y a bien des bains publics,
Mais après un bain bien délassant
J’aime déambuler en tenue d’Adams
J’ai de la pudeur, mais je ne suis pas pudique.


Il sourit largement et tendit la main pour avoir sa clé et la réponse pour le bain chaud.


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Troubadour, esprit libre et libre d'esprit.
Wat-Hellse ?


Un jour je ne serais plus gueux et moi aussi j'aurais une bannière !
Mahaut_belon
– Pour le bouche-à-oreille, comptez sur moi m'sieur. J'en causerais dès demain matin, je dois aller au marché. Il me suffira de dire à deux ou trois commères que nous recevons ici le plus fameux troubadour du comté, et avant que sexte ne sonne au clocher, tout Limoges sera au courant. Quant aux affichettes, pourquoi pas. Vous en avez ?

Elle s'enfila quelques gorgées d'eau de vie tout en écoutant sa demande. Arf, c'était bien sa veine ça, un baquet. Pour les clients, c'était cuvette et broc. Le baquet, il y en avait bien un mais il était dans la chambre de la patronne. C'est que le va-et-vient avec les seaux d'eau chaude à l'étage, ce n'était pas une sinécure. Sans compter qu'après avoir empli le baquet, il fallait le vider. Elle réprima un soupir, plantant son regard vert sombre dans celui du troubadour. Indécise la Mahaut, voilà ce qu'elle était. Elle n'avait pas envie de s'ajouter un travail supplémentaire, mais, elle ne voulait pas non plus perdre un client qui allait lui ramener du monde. C'est que, en l'absence de Fanette, si elle devait régler elle-même les charges et les taxes de l'établissement, elle percevait en retour la quasi-totalité des recettes. C'était une motivation suffisante pour faire au mieux afin que la taverne soit populaire.

– Il y a bien un baquet, mais il se trouve dans la chambre de la propriétaire. D'un autre côté, elle n'est pas là pour le voir, alors, quand bien même vous vous y baladeriez nu, que pourrait-elle dire ?

Elle esquissa un sourire en coin, lorgnant discrètement le troubadour, qui, dissimulé sous les étoffes ne semblait pas mal fait. Après tout, les hommes ne se privaient pas de reluquer sa gorge, et elle en jouait souvent, alors, pourquoi ne ferait-elle pas de même elle aussi.

– Si vraiment vous tenez à avoir le baquet dans votre chambre, en ce cas, il faudra m'aider à le monter. Seule, je ne peux pas m'en charger.
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Watriquet
Loin de lui l’idée de rajouter du travail à la tavernière, fut-elle intérimaire.
Il comprenait qu’il avait été plutôt exigent et qu'elle répondait avec toute son amabilité pour lui offrir un service d'une grande hostellerie.


Ne nous ajoutons pas du travail en plus,
Si la chambre de la propriétaire est inoccupée,
J’y prendrais mon bain, si vous me le permettez,
Et me rhabillerais avant le dernier angélus
.


Il sourit en pensant aux anges, aux chérubins et cupidon qui voletaient tout nu innocemment au dessus de leurs têtes.

Mais bien que je ne sois pas un ange !
Dans cette taverne si bien tenue,
Il serait inapproprié d’y voir un homme nu.
On pourrait y chanter mes louanges.


Son sourire en coin montrait qu’il faisait de l’humour.

Puis reprenant son sérieux il ajouta :


Je ne veux pas abuser de votre hospitalité,
Vous êtes déjà bien bonne chère Mahaut,
Je vous aiderais à porter les seaux,
Allons-y avant qu’arrivent vos habitués.


Il se leva et fit un geste pour l’enjoindre à lui montrer le chemin.


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Troubadour, esprit libre et libre d'esprit.
Wat-Hellse ?


Un jour je ne serais plus gueux et moi aussi j'aurais une bannière !
Mahaut_belon
Mahaut l'écouta, un sourire amusé au coin des lèvres. Elle avait noté l'effort sur les rimes, et en plus, le jeune homme lui évitait un travail supplémentaire. Elle ne savait pas trop ce qu'en penserait la propriétaire si elle savait, mais après tout, l'Angevine était loin, et, d'ici son retour, la chambre serait nettoyée, et le baquet parfaitement sec.

– Ne bougez pas, je vous montre cela de suite.

Elle l'abandonna un court instant, juste celui nécessaire pour vider dans un seau vide le contenu de la grande marmite suspendue au-dessus des flammes. Elle avait toujours de l'eau claire qu'elle gardait au chaud, pour les bains, pour la vaisselle, pour les clients qui demandaient des infusions … Elle jura quand elle en renversa un peu à côté du contenant. Elle l'écarta, afin de vider l'un des autres seaux puisés au matin à la fontaine voisine dans la marmite et mit à chauffer une nouvelle quantité d'eau. Alors seulement, empoignant d'un geste sûr l'anse du seau plein elle s'approcha du troubadour.

– Suivez-moi, vous voulez bien ?

Le sourire affable était engageant. Mahaut le précéda, contourna le comptoir pour passer la large arcade qui ouvrait le mur à son extrémité, traversa la réserve et passa la porte du fond, qui s'ouvrait sur un bureau de taille respectable. Elle jeta un coup d’œil à son pensionnaire, et ouvrit la porte suivante, qui donnait sur la dernière pièce, située à l'enfilade. C'était une vaste chambre, avec une alcôve, dans laquelle le berceau avait retrouvé sa place, à côté d'un fauteuil aux hauts accotoirs. L'assise était garnie de coussins et d'une couverture brodée. Sur le mur d'en face, un grand lit s'appuyait au mur, et un large coffre de bois sombre était posé à son pied. Les deux fenêtres donnaient sur le pâturage à l'arrière de la bâtisse. Il y a bien longtemps que la petite cheminée d'angle, devant laquelle était posée le cuvier, n'avait plus tenu de feu, et la légère odeur d'humidité qui flottait dans la pièce en témoignait. Quelques bûches étaient empilées près de l'âtre.

– Nous y sommes ! dit elle en posant le seau près du baquet.

Elle tira un drap propre du coffre, et l'installa dans cuvier, afin de rendre le bain plus confortable, après quoi, elle y versa le seau d'eau chaude.

– Voulez-vous vous occuper du feu, il y a un panier avec du petit bois et un peu d'amadou pour l'allumer. Je m'occupe de l'eau. Il va falloir juste un peu de patience.
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Watriquet
[Dans la pièce du fond, Chambre de Fanette]

Wat avait suivi et l’avait aidé à porter les seaux.
Une fois dans la pièce joliment dédorée, il se rendit compte qu’elle l’avait choyé, il ne voulait pas abuser plus de sa gentillesse.


Laissez Mahaut, je vous remercie encore,
Je m’occupe de l’eau chaude et du reste,
Vous avez fait preuve d’une amabilité manifeste
Si des clients viennent, ne les laissez pas dehors.


Il raccompagna Mahaut à la porte, mis du petits bois dans l’âtre par strates en laissant des aérations entre elles.
Fit prendre l’amadou et transmis la flammèche au petit bois en soufflant doucement pour le faire prendre.

Il ajouta du bois plus gros pour fait partir le foyer et alla chercher par d’autres seaux d’eau chaudes qu’il déversa dans le baquet faisant naitre une brume chaleureuse. Qui emplissait la pièce.

Il se dévêtit et disposa ses affaires sur le coffre et sortit de son paquetage des affaires propre qu’il disposa sur le fauteuil. Il évoluait nu dans la pièce dont la vapeur le revigorait.
Il entra un pied, pour sentir la température qu’il avisa être élevée, il ajouta un seau d’eau froide.
Re-testa l’eau et puis s’y plongea lentement jusqu’a s’assoir.

Il resta un long moment profitant de ce doux moment. Ses muscles se détendaient et il se délassait.

Après plusieurs minutes il prit une brosse et un morceau de savon et se frictionna les bras et les jambes. Puis se mit debout dans le cuvier et se lava le torse, les épaules, les cuisses… et le reste.

Il se replongea dans l’eau pour se rincer en faisant attention de ne pas faire déborder l’eau du cuvier.

Il se remit debout, prit le dernier seau au pied de baquet, ce dernier était froid mais il se le versa sur la tête et toute l’eau ruissela le long de son corps. Cette douche revigorante le saisi mais lui fit un bien fou.

Il saisi le drap et s’en enveloppa, tel un empereur romain.
Enjamba et sorti du cuvier en se frottant avec le drap qui le couvrait. Il avisa un miroir, appartenant sans aucun doute à la maitresse de maison, regarda son reflet et avec une brosse coiffa sa bouille hirsute.

Il prit ses habits propres et les enfila.

Il entendit l’Angelus sonner, il avait prit son temps mais n’était pas en retard.

Il laissa le feu s’éteindre doucement, prit son paquetage et sortant de cette chambre rendit dans la pièce principale.


[Retour à la pièce commune]

Il ne vit pas Mahaut, qui devait être occupée, il se mit dans un coin et son luth à la main entonna un air mélancolique de sa composition :



Lune ma muse, les dames m'abusent.

La lune se lève… la nuit vient...
C'est alors que se réveille mon chagrin.
Mon esprit mélange souvenirs et songes,
Ne sachant lesquels sont mensonges.

La lune et les femmes sont mes muses
Quand elles m'inspirent mon verbe s'amuses.
C'est en effet dans la lune mes dames,
Que ma plume vient puiser sa flamme.

Dans la fièvre de mes rêves fous
Je me crois seul avec vous.
Aveugle sans voir que triche
La lumière de vos yeux de biches.

Je n'ai cependant que la lueur
D'une bougie sans chaleur.
Et ma plume trace sur le parchemin
Ma douce émotion jusqu'au matin.

Silencieusement le jour s'est levé
Me ramenant à la terrible réalité.
Mon coeur sans vie s'est arrêté de saigner,
Comme ma plume a vidé l’encrier.

J'attends ce soir que la lune apparaisse
Afin que me reprenne enfin ma liesse.
Ma plume et mon cœur pourront encore saigner
Et répandre ce sang noir sur le papier.




Wat releva la tête et pour voir si Mahaut était revenue et lui demander un godet pour se désaltérer.


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Troubadour, esprit libre et libre d'esprit.
Wat-Hellse ?


Un jour je ne serais plus gueux et moi aussi j'aurais une bannière !
Mahaut_belon
Mahaut l'avait laissé, lui offrant un sourire amusé. Pour un peu, elle aurait presque proposé de venir lui frotter le dos ou lui faire passer des seaux d'eau tiède pour le rincer, mais le jeune homme n'avait nul besoin d'elle. Elle était donc repartie à ses occupations. Les clients ne se bousculaient pas trop depuis le départ de la propriétaire. Elle espérait vivement qu'avec l'arrivée de ce troubadour, les affaires seraient meilleures.

Une préparation de brouet plus tard, la brune était sortie, châle de laine glissé à ses épaules, pour remplir de nouveaux seaux d'eau, denrée précieuse qu'il fallait toujours avoir en abondance sous la main dans une auberge. En revenant, les bras chargés, son récent pensionnaire s'était installé dans un coin de la pièce et chantait. Elle avait entendu sa voix déjà de l'extérieur, par la porte qu'elle avait pris soin de laisser entrouverte. Elle s'était arrêtée un instant, sourire aux lèvres pour écouter, avant de se décider à entrer.

Elle tenta de se faire discrète pour ne pas l'interrompre et se déchargea de son fardeau dans la réserve attenante à la salle commune. Alors seulement, épaule appuyée contre l'arcade, bras croisés sur sa poitrine, elle s'autorisa à l'observer, tout en savourant la mélodie. Son pied frappait le sol en cadence, sans même qu'elle en ait conscience. Quand il laissa tomber sa voix sur les dernières notes, elle applaudit et s'empressa de lui offrir un peu de vin, dans une belle timbale d'étain ciselée.

– Bravo m'sieur. Je ne sais dire ce qui, de votre musique ou de votre voix, est le plus agréable à entendre. Je suis bien sûre que la salle commune ne désemplira pas, aussitôt qu'on vous saura ici.
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Raquel.
La maîtresse des lieux avait fait son apparition, encore marquée par l'accident domestique d'il y a quelques journées. Accident auquel elle n'avait pas assisté somme toute, se contentant du récit de ce récalcitrant chaudron qui avait décidé de verser quelques brûlantes larmes sur son pied.

Bien que soucieuse, le ballet enjoué du dogue lui arracha un sourire, il n'est dans l'existence qu'un amour indéfectible, celui d'un animal pour son maître. Elle ne savait si Ratigan pouvait ressentir de tels sentiments, ce n'était qu'un simple rat trouvé au taudis, mais il savait venir de fourrer dans le creux de son cou lorsqu'elle était pensive, et réclamait caresses et pitreries quand l'envie lui prenait.

Ces trois derniers mois avaient été autant réjouissants que pénibles; s'enfuir du couvent lui avait fait entrevoir un monde nouveau, ou chaque découverte la ravissait. Ce matin là, croquer dans du pain frais était une habitude pour certains, mais un plaisir pour l'andalouse. Plaisir qui n'effaçait pas sa petite mine, et les méfaits de cette nuit agitée.

Fanette vint s'installer auprès d'elle; il semblait dégager de la jeune femme tant de sérénité; pas un mot plus haut que l'autre, pas un mouvement de colère... Du moins n'avait-elle pas assisté à un seul mouvement d'humeur de la future maman.


J'étais levée tôt ce matin, je n'allais pas laisser vos autres clients descendre et ne trouver que des cendres. Il restait une flamme, et la voilà ravivée.

Comment interpréter le 'départ' de son époux? Etait-il escorteur, médecin, soldat ou était-il tout simplement mort? Raquel jugea qu'elle n'avait pas à faire preuve de curiosité, ni d'aviver la douleur d'une femme enceinte. Néanmoins, la question qu'elle lui posa ne l'étonna qu'à moitié; elle avait sa tête des mauvais jours, et l'inquiétude marquait son visage. Peut-être pourrait-elle s'ouvrir un peu à sa logeuse, mais elle n'était pas prête à trop en dire, pas avant d'avoir digéré tout ce qui s'était passé, et... se pardonner.

J'ai le coeur gros comme on dit. Je... la brunette marqua un instant d'hésitation, puis poursuivit Je ne suis pas partie du couvent, mais je me suis enfuie.

La belle histoire qu'elle servait n'avait plus de sens, et bon nombre de personnes n'étaient pas dupe. Néanmoins, l'on avait jamais remis sa version en cause, sans nul doute pour préserver ce peu de crédibilité qu'elle avait.

Mes jours là bas étaient comptés, car j'étais bonne à marier. Ils ont essayé une fois, et t'sais quoi, je l'ai mordu pour qu'il déguerpisse. Y m'inspectait l'ratelier comme si j'étais une pouliche, alors j'me suis vengée.

Un rire sans chaleur s'échappa de ses lèvres, et elle poursuivit.

Comme je voulais pas finir par être une fermière bonne à pondre, et bien... J'ai volé mon dossier et je me suis enfuie.
Et j'ai tout ratissé ce qu'il y avait dedans, pour essayer de trouver qui j'étais et d'ou je venais.


Oui forcément, des grelots de papa. Raquel but une gorgée de tisane afin de s'éclaircir la voix; sa gorge était devenue sèche à mesure qu'elle parlait.

Et j'ai retrouvé la trace de mon père.

Du moins elle le croyait. Elle fit silence, et croqua dans sa tartine, histoire de se donner un peu de contenance.
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il y a au fond de l'âme une putain de petite fleur

qui se transforme en phare quand il fait trop noir. R.Bohringer
Fanette_
Une bouffée de tendresse vint étreindre le cœur de Fanette. Elle retint son bras, n'osant entourer les épaules de cette jeune fille dont elle devinait aisément le tourment, mais dans l'instant, c'est pourtant ce que son instinct lui avait dicté. Il fallait du courage pour abandonner les murs sans doute sécurisant d'un couvent, l'assurance d'une soupe chaude chaque soir, d'une couverture, et la chaleur d'une cheminée dans laquelle le feu ne meurt jamais.

Elles ne se ressemblaient pas, ni par leur apparence, ni par leur histoire, et pourtant, une flopée de souvenirs s'imposa soudain à l'esprit de la fauvette. Personne n'avait projeté de mariage pour l'enfant qu'on échinait depuis bien trop longtemps aux travaux d'une ferme vendômoise. La fille des Angevins n'avait peut-être pas vocation à être autre chose qu'une bête de somme sans trop de valeur, qu'on rossait pour faire travailler plus, et la mort de la mère du Messonier avait sonné le glas des seuls instants de douceur qui avait émaillé sa misérable enfance. Alors, l'année de ses douze ans, elle aussi s'était enfuie. Elle était devenue cette petite vagabonde, restée bien trop frêle par manque de nourriture et de soins. Elle avait erré trois années durant, trouvant pitance dans ses cueillettes, ou de petits larcins. Elle avait pillé les troncs d'église par nécessité, dérobé des œufs dans les poulaillers et couru à en perdre haleine pour échapper aux dents des chiens de ferme où à la fourche des paysans. Elle s'était tenue ainsi à l'écart de tous, jusqu'à un hiver plus rude que les autres, qui, au lieu de la tuer, l'avait finalement sauvée. Mais de père, point. Quand tous s'accordaient à le dire mort, elle espérait encore qu'il vive, quelque part, et qu'il ait le désir de la retrouver.

Alors, à défaut d'un bras réconfortant, elle vint poser une main douce sur l'avant-bras de l'Andalouse, et c'est d'un tendre regard qu'elle couvait cette longue jeune fille, qui avait fait preuve de tant d'audace, et qui pourtant paraissait ce matin si désemparée.

- Tu as bien fait Raquel. Cherchait-il donc une mule à regarder tes dents ? Et après, aurait-il tâté tes muscles pour s'assurer qu'entre deux ventres ronds tu puisses curer l'étable et faire ta part aux travaux des champs ? Non, tu as bien fait, quel qu'en soit le prix.

Elle lui offrit un sourire réconfortant, hésitant un instant à poursuivre. Comme elle aimerait elle aussi pourvoir dire un jour au sujet de son père "J'ai retrouvé sa trace". Elle idéalisait sans doute bien trop ces retrouvailles, si tant est qu'elles soient possibles. Et pourtant, pourquoi un père qui s'était détourné de son enfant voudrait un jour avoir envie de le revoir. Dans le cas de Fanette, c'est le chagrin et l'alcool qui avaient eu raison de lui, mais qu'en était-il pour Raquel ? Qu'espérait-elle de lui ? Que lui donnerait-il ? Finalement, ne sachant pas grand-chose des raisons qui l'avaient conduit à être privée de ses parents, elle se contenta d'une question, soufflée à mi-voix presque comme si elle s'en excusait.

- Connaît-il ton existence ?

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Raquel.
Les commentaires de Fanette la firent sourire. A défaut de mule, il en avait eu la tête, le bouffon. Sa main posée sur son avant bras la fit tressaillir, la jeune fille n'étant pas habituée aux contacts humain, et surtout aux marques de tendresse. Mais elle ne fit rien pour se dérober, ayant confiance en la vénitienne. Puis vint la question qui coulait naturellement du flot de paroles qu'elle avait déversé. Raquel déglutit - elle n'aimait pas causer la bouche pleine, sauf avec ses comparse pour cracher partout - et lui répondit avec sincérité, en éludant certains points de détails qui pour elles étaient plus de l'ordre du jardin secret.

Que Oui il la connaît! Elle lui a fait même mal à sa joue, notre rencontre, sans doute pas autant que ma propre pommette, mais elle a été sacrément fracassante.

Surtout pour le crâne du papounet. Aurait-il pu finir dans la feuille de chou locale dans la rubrique 'Non Elucidé'? Sans nul doute si elle avait eu plus de force. Là on se contenterait d'agression sans intention de donner la mort.

On se ressemble. Rien que physiquement. Je sais désormais pourquoi je suis si grande... La fossette au menton aussi... Mais il m'a aussi donné sa version de la rencontre avec ma mère, et c'est en totale contradiction avec ce foutu dossier. Elle ne lui a jamais parlé de sa grossesse. Je crois que sa surprise était à la hauteur de la mienne.

Alors qui croire? Je retournerai bien à Montpellier me confronter à la Mère Supérieure, mais je risque de passer un sale quart d'heure.

J'ai donc décidé de lui écrire. A elle aussi. Mon père, je viens de le faire, et j'espère qu'il me répondra. Pour me pardonner, et peut-être... vouloir me connaître?


Le nom de son père avait été éludé, tout comme celle de son illustre famille. Cela n'était pas important en l'instant, et elle n'était pas venue à lui pour réclamer quoi que ce soit d'ailleurs.

Elle répéta, plus pour se rassurer qu'autre chose...


J'ai pris la bonne décision. Pour sûr.
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il y a au fond de l'âme une putain de petite fleur

qui se transforme en phare quand il fait trop noir. R.Bohringer
Fanette_
Fanette l'avait écoutée, acquiesçant parfois d'un sourire, hochant la tête à un mot ou à l'autre. Raquel avait clos ses explications d'une phrase qui semblait n'avoir d'autre but que de la rassurer. Elle avait alors appuyé un peu plus la pression de sa main sur l'avant-bras de la jeune fille.

- J'ignore si cette religieuse en sait plus, mais pour sûr que tu as eu raison de lui écrire. Qui sait, à présent, peut-être te dira-t-elle la vérité ?

La fauvette avait souffert de l'absence de son père, autant que de celle de sa mère. Souvent elle s'était demandé en quoi sa vie aurait pu être différente si elle avait été l'une de ces enfants grandissant choyée par des parents aimants. Peut-être, à l'image de Svan aurait-elle eu davantage de force et de courage, certainement. Elle lui offrit un sourire empli de compassion.

- Ecris-lui, ne rompt pas le lien, même si tu n'obtiens pas réponse dans l'instant. S'il ne connaissait pas ton existence, il lui faudrait sans doute apprendre à se voir comme un père, avant d'apprécier de le devenir. Quoi qu'il arrive, ne te décourage pas, laisse-lui le temps ... et qui sait ...

Elle laissa sa phrase en suspens, laissant place à toutes les espérances, celle de Raquel pour son père, et peut-être aussi un peu les siennes. Alors seulement, elle retira en douceur sa main pour venir la nouer à l'infusion et la porta rêveusement à ses lèvres.
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Fanette_
Limoges, le 13 mars 1466

Parfait, vraiment parfait. Ça, c'est ce que se disait Fanette en balayant du regard la salle commune encore déserte. Un sourire discret habillait son visage d'une expression douce, tandis qu'elle déposait dans un vase les premières perce-neige qu'elle venait de cueillir.

Le sol était propre, les chaises et tabourets de bois rangés autour des tables, dont l'agréable parfum de cire embaumait la pièce. Derrière le comptoir, écuelles, chopes, gobelets d'argile étaient parfaitement ordonnés sur l'étagère. Le tonnelet de cervoise, devenu bien trop lourd pour elle, trônait au bout de l'étal, tandis qu'une grande marmite d'eau chauffait déjà au coin du feu. A côté de chaque cheminée de la maison, des bûches de chêne sec savamment empilées, attendaient de nourrir les flammes qui dispensaient une délicieuse chaleur, quand l'hiver moribond s'étirait encore au-dehors, dans les dernières plaques de neiges mêlées de boue, et dans les langues de brumes qui léchaient les bocages environnants et venaient mourir sur la Vienne.

Tout était vraiment parfait, mais la fauvette n'y était pas pour grand chose. Chaque jour, avec une application impeccablement maîtrisée, c'est un jeune homme qui assurait le ménage, le rangement, le service, et qui encore, et bien qu'il s'en défende, était capable de venir poser une couverture sur ses épaules, si d'aventure elle s'endormait sur un coin de table.

Et pourtant, il était sans nul doute le plus improbable tavernier qu'elle pouvait envisager d'engager. Elle s'était servi une infusion de tilleul, dont l'arôme boisé rivalisait avec celui de l'encaustique, et, les yeux un peu perdus dans les volutes parfumées, la main tendrement glissée sur son ventre rond, elle se souvenait amusée de cette rencontre.

- Un Angevin, il n'y a qu'un Angevin pour être aussi exaspérant !

Et pourtant, n'était-elle pas Angevine elle-même ? Elle avait beau être née dans les vallons feutrés de la Touraine, ses parents, natifs de Craon, en avaient déménagé à peine quelques semaines avant sa naissance, laissant en Anjou le reste de la famille.
Un Angevin donc, de haute stature, point encore épaissi par les ans, à l'esprit vif et affûté sous sa tignasse brune, et qui tenait sans doute de ses origines la verve irrespectueuse, et l'envie d'emmerder passablement son monde. Elle avait bien décelé dans le bleu du regard qui soutenait le sien, cette petite flamme insolente, quand il avait sciemment poussé au sol la chope pleine, posée devant lui. Fanette l'avait apostrophé, râlé, protesté, sans que l'ombre d'un regret ne vienne adoucir ses traits parfaitement froids et indifférents. Alors, le dos roidi du poids de cette vie, plantée au creux de ses entrailles, essoufflée par l'effort, et le pied encore douloureux d'une maladresse, elle s'était agenouillée au sol, pour éponger les dégâts. Et au lendemain, c'était pire encore. Il n'avait rien trouvé de mieux que d'embaumer la salle commune d'une fétide odeur de purin, qu'il était venu lancer sur Raquel, la jeune Andalouse qui occupait une chambre à l'étage depuis maintenant plusieurs jours.

C'était le coup de grâce. Fanette s'épuisait en silence, s'efforçant de ne pas juger le départ un peu précipité de sa tavernière, qui ne lui avait guère laissé le temps de se retourner. Rongée du manque de son diable, et de l'inquiétude grandissante qu'il ne lui soit arrivé malheur, la voilà qui, après avoir survécu à un enlèvement, un coup de couteau, et nombre d'humiliation allait devoir s'atteler à brosser le lisier nauséabond incrusté dans les lames du plancher par l'indélicat jeune homme. Elle en aurait pleuré sans doute, si elle n'avait pas déjà épuisé ses larmes, dans le secret de sa chambre. Gentiment, Raquel était venue la relever, lui prenant la brosse des mains pour s'atteler à finir ce qu'elle avait commencé.

Mais contre toute attente, l'Angevin s'était fait ange, peut-être vaincu par le sourire tour à tour amusé, attendri ou provoquant d'une Normande qui se défendait d'être amoureuse. La fauvette avait écarquillé les yeux quand le jeune homme lui formulait son impensable demande, presque une promesse, celle de nettoyer tout chaque jour de fond en comble, pour peu qu'elle accepte de l'embaucher comme tavernier.

Avait-elle bien le choix ? Esneda n'était plus là pour assumer sa part du travail, et la maison était bien trop grande pour son état. La place n'était sans doute pas très alléchante. Fanette offrait le gîte, le couvert et les boissons, et pouvait parfois ajouter quelques deniers, ou un écu si la recette le lui permettait, mais rarement plus, car il lui fallait sans cesse penser à renouveler le stock de vivre, de boissons ... et le menuisier attendait toujours d'être payé pour réparer les chaises brisées.

Alors, elle lui avait offert une poignée de main, franche et assurée, portant tout l'espoir d'avoir fait le bon choix, malgré un premier contact un peu difficile. Et ce jourd'hui, quelques jours à peine après l'arrivée du jeune homme derrière le comptoir de son auberge, rien n'avait pu la faire regretter. Janis lui était devenu indispensable, tant par son application que par son caractère impétueux et enjoué, et elle appréhendait ce jour, où le mal du pays le pousserait à rentrer chez lui.
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