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[RP] Il lupo e l'uccellino*.

Fanette_
Limoges, le 14 mars 1466

Bien étrange fin d'une journée qui pourtant, avait déroulé son cours en suivant une routine quasi-quotidienne. Fanette s'était installée dans un coin de la salle commune, comme chaque soir, s'efforçant d'oublier son humeur chafouine de la vieille en écoutant distraitement son tavernier et Nusha rire et se chamailler comme deux enfants. Ces deux-là avaient le mérite d'égayer ses soirées, et souvent même, d'accrocher un sourire amusé à ses lèvres.

Routine quasi-quotidienne, dans laquelle la fauvette expliquait encore à Janis qu'on ne pouvait pas interpeller les clients de l'auberge avec des sobriquets déplaisants. Non seulement c'était méchant pour ceux qui s'en voyaient affublés, mais si l'argument ne semblait guère le toucher, elle pouvait aussi préciser que c'était mauvais pour les affaires, et qu'on devait s'efforcer de choyer les convives plutôt que de les faire fuir.

Routine quasi-quotidienne encore quand la porte s'était ouverte, comme chaque soir, sur Limougeauds et voyageurs qui venaient ici, se mettre au chaud pour manger une assiette de soupe ou siroter une cervoise.

Pour la routine, ça c'était achevé là. La jeune femme clôturait plus ou moins facilement les comptes de la journée de la veille quand la Danoise était entrée. Sa haute silhouette semblait avoir retrouvé un maintien similaire à celui qu'elle avait avant d'être mère. Les quelques chemises colorées qu'elle avait adoptées à la Rochelle, étaient de nouveau reléguée au profit des vêtements d'homme, de couleur sombre, voire totalement noire, et elle portait à l'avenant ses cheveux désordonnés sur ses épaules.

Difficile de décrire les émotions contradictoires qui venaient d'empoigner Fanette en cet instant. La joie assurément, car, si elle n'en disait rien, l'amitié gâchée qu'elle portait à cette presque sœur lui manquait terriblement. L'espoir, celui de la voir sourire, de la savoir enfin heureuse et épanouie. Mais aussi la rancœur, pour s'être sentie coupable et ingrate tant de fois, quand il n'y avait pas lieu, l'amertume, pour avoir été la seule à si souvent s'excuser. Et enfin la crainte de verser d'autres larmes, si une fois de plus elle balayait d'un geste toutes les fâcheries et les mensonges blessants.

Svan avait respecté une raisonnable distance, s'installant à la même table, mais certainement pas aussi près qu'elle l'aurait fait avant. Si l'échange était cordial, Fanette s'était campée dans une réserve circonspecte, jouant une fois de plus son rôle d'épouse heureuse et comblée. La Danoise se livrait ou questionnait d'un ton résolument distant qui contrastait avec l'œil inquisiteur qui détaillait la fauvette.

Elle savait. Quel besoin de cacher l'absence de son diable, le manque, l'inquiétude, la vulnérabilité ou la peur du lendemain. La brune la connaissait suffisamment pour déceler tout cela dans ses affirmations faussement assurées, dans son regard un brin fuyant, ses traits fatigués ou ses mains qu'elle pressait parfois l'une contre l'autre un peu nerveusement.
Elle savait et pourtant Fanette persistait à lui mentir, répondant par l'affirmative à chaque question qui méritait réponse différente.

- Roman est ici ?
- Oui.
- Tu es heureuse ?
- Oui.
- Tu es bien sûre ? Roman est à Limoges ?
- Oui.
- Tout va bien ?
- Oui.


Et la future mère prenait sur elle pour ne pas ciller, persuadée à tort ou à raison, que Svan, tout comme Léorique la veille, ne se souciait guère de savoir si elle allait réellement bien ou non. Elle mentait donc, à son tour, quand elle aurait voulu se jeter dans ses bras, lui abandonner les larmes qu'elle réservait à son oreiller, lui livrer tout de ses tourments, et recueillir les siens à nouveau, comme avant, quand elles ne s'épargnaient aucune confidence. Elle voulait savoir pourquoi l'arcade Danoise, même dans la lueur de la chandelle, semblait noire et tuméfiée, pourquoi ses mains et ses avant-bras portaient des traces de coups, pourquoi elle avait la mine sombre et fatiguée des jours où elle l'avait connu...

Elle devrait sans doute choisir de la détester, pour de bon, durablement, définitivement, et tourner la page sur ces mois de complicité sororale, tout à la fois affectueuse, confiante et compréhensible, mais elle en était incapable, parce qu'en vérité, elle n'avait jamais cessé de l'aimer comme une sœur. D'ailleurs en cet instant, le cœur battant si fort qu'elle craignait que Svan ne l'entende, elle ne savait rien faire d'autre que de nouer nerveusement ses mains en attendant que le temps suspendu à ce moment de tension palpable reprenne son cours normal, sa routine quasi-quotidienne.

Un claquement de porte allait y mettre un terme, enfin ... quoique, la silhouette qui s'avançait, révélée progressivement par le halo des chandelles nombreuses et de quelques lampes à huile soulevèrent deux sourcils ébahis chez la propriétaire des lieux. Aucun doute que ses jambes se seraient dérobées de surprise si elle n'avait pas déjà été assise. Elle avait calmé son cœur, s'était efforcé de reprendre contenance, posant dans sa voix plus d'assurance qu'elle n'en avait en réalité avant d'accueillir le nouveau convive comme il se devait.

- Vous n'êtes pas le bienvenu ici Lucus, sortez !

Alors oui, peut-être allait-elle perdre là toute crédibilité auprès de son tavernier, mais, sur l'instant, elle n'avait rien su dire de plus aimable et de plus accueillant.
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--Svan.
S’il n’y avait pas eu ce fichu mandat à rendre expressément au Poitou sous peine de voir la comtesse la mettre sous les verrous pour son plus grand plaisir, Svan ne serait certainement pas passée par Limoges. Elle n’aime pas cette ville. Ville du début de son calvaire. Et elle se rendrait bientôt compte que ce serait aussi là que tu prendrais enfin fin. Enfin, elle se libérerait du poids d’une année faite de bien plus de pleurs que de rires, d’angoisse que de moments légers. La boucle serait bientôt bouclée.

Ce matin, elle s’était réveillée bien tard. Elle ne comptait pas rester plus d’une journée, le temps d’acheter de quoi manger pour la route, prendre un bain, passer de l’onguent sur ses hématomes et elle repartirait comme elle était venue, il y a un an : sans un mot. On lui avait proposé un contrat d’escorte, elle avait retrouvé son corps d’avant sa grossesse, ses vêtements d’avant aussi. Pour retrouver sa silhouette fine et un peu androgyne d’avant, elle avait bandé sa poitrine alourdie par la maternité. Les marques de coups sur son corps lui donnaient une énergie particulière. Fière d’avoir dépassé tout cela à grands coups de tartes dans la gueule reçues et données enfin elle se sentait revivre. Il n’y avait plus cette boule d’angoisse dans son ventre. Il n’y avait plus cette peur de ne pas être à la hauteur. Il n’y avait plus cette envie de pleurer quand elle pensait à son mariage. Elle était exactement celle qu’elle était, il y a un an. Un bébé en plus. Bébé qu’elle trouverait bien à placer le temps de faire ce qu’elle avait à faire. Sur les routes, ce n’était pas la place d’un enfant. Et puisqu’elle apprendrait dès ce soir par la bouche de Lucus que le père joue les victimes en disant que la vilaine danoise refusait qu’il voit sa fille, il n’aurait plus de nouvelles ni de l’une ni de l’autre. Il aurait des raisons de se plaindre comme ça. Ce n’est pas comme si durant trois jours, elle venait de s’en prendre plein la gueule, physiquement et en paroles pour qu’il puisse cracher sa haine afin de passer à autre chose et jouer son rôle. Si la seule conclusion à tout ça était qu’elle refusait tout contact, il aurait ce qu’il veut. Quitte à passer pour la salope de service, autant tenir son rôle à la perfection non ?

En attendant, elle était descendue en ville pour manger un peu. Et elle était passée devant une taverne au nom italien. Certaine qu’elle n’était pas là lors de sa dernière visite en novembre, elle regarda à l’intérieur, voir si elle pourrait piquer une petite spécialité de là-bas pour son repas de ce soir. Elle vit juste à l’intérieur une petite silhouette penchée sur une table. Elle aurait pu reconnaître ces cheveux parmi des milliers. Elle les avait suffisamment coiffés, coupés, tenté d’en faire quelque chose pour savoir à qui appartenait ces cheveux. Fanette. Alors son italien lui avait offert une taverne. Pour pallier son absence ? Pour que sa femme ait quelque chose à faire tandis qu’il partait durant des semaines ? Ou juste parce qu’elle le lui avait demandé ? Non. Fanette ne demande jamais rien. Elle ne réclame pas. Elle a été élevée comme ça : on ne demande rien et on se contente de ce qu’on a. La plupart du temps, des calottes sur le coin du nez. Et on dit merci.

Svan était rentrée sans vraiment se poser la question à savoir si elle serait la bienvenue ou pas. Il y a trois jours, elle jurait devant Zilo qu’elle ferait de la vie de Fanette un enfer. Elle lui en voulait tant de l’avoir trahie dans le Poitou. De trahison, il n’y en avait que dans la tête de Svan. Car c’était un malentendu. Mais elle la haïssait à cet instant-là. Et puis après, ces trois longs jours, la danoise avait pris le parti d’abandonner toute rancœur envers tout le monde car hormis pour se faire du mal à soi-même, cela ne servait strictement à rien. Elle laisserait faire la vie. Si ça se passe bien, tant mieux ; si ça se passe mal, tant pis. Observant autour d’elle, la décoration ressemblait à la propriétaire. Simple. Ce qui ne déplut pas à Svan qui avait pour toute extravagance dans sa vie, des braies jaunes. Devant Fanette se tenait l’ancienne danoise, celle qu’elle avait rencontrée un jour au bord de l’eau dans ce Limousin. Froide, le visage et les avant-bras marqués par les coups, tout de noir vêtue, les cheveux lâchés juste un peu plus courts qu’avant. Pourtant, un sourire s’étira lentement sur son visage fermé quand elle planta ses yeux dans ceux de Fanette. Pas un sourire mauvais ou moqueur, un sourire sincère, contente de la voir. Elle s’assit avec elle, ni trop près, ni trop loin. Que pouvait bien penser la vagabonde à ce moment-là ? Elle avait devant elle, non pas une Svan idiote et amoureuse ou enceinte et vulnérable. Elle avait devant elle, celle qui était devenue sa sœur. Celle qui l’avait protégée sur les routes. Et était-ce pour cela que malgré une distance logique après leur séparation fâchée, elles avaient si naturellement parlé ? Était-ce parce que Svan était enfin redevenue elle-même que Fanette avait accepté qu’elle s’assied à sa table et prenne de ses nouvelles ? Sans moquerie, sans sous-entendus. Elle lui expliqua avoir vu Zilo pour le bien de Tartine. Malheureusement pas pour le sien au vu de son état. Mais elle la rassura. Les coups furent rendus. Rageurs. Haineux. Elle aurait pu le tuer … littéralement. Elle aurait peut-être dû. Et cette bagarre de trois jours avait réveillé en elle son instinct de mercenaire. Parce qu’avant d’être une idiote amoureuse, elle ne pleurait pas sur les hommes. Elle tuait. Elle protégeait. Selon le contrat accepté.

Fanette continuait à faire comme si tout allait bien. Si elles ne sont pas réellement sœurs, elles ont un point commun : elles mentent. Mal. Très mal. Et Fanette ment. La danoise voit bien les prunelles qui brillent d’inquiétude pour son mari, ses doigts qui se tordent, ce nez qui s’allonge tant qu’elle va se le prendre dans l’œil. Elle lui laisserait le temps de lui avouer qu’elle n’a pas de nouvelles. Svan le sait mais elle la laisse venir à elle. Plus tard. Après le rebondissement de la soirée, quand Fanette aura retrouvé son calme, que la danoise aura discuté avec un fantôme de son passé, elles prendraient du temps pour elles.

Puis sur les coups de vingt-deux heures alors que Svan revenait pour dire au revoir à Fanette avec sa fille comme elle le lui avait promis, Lucus était entré sur ses pas. Svan l’observa longuement sans un mot pour lui. Pourquoi le ferait-elle ? Après des lettres échangées avouant ses sentiments à demi-mots, l’invitant à partager son lit, à se blottir dans ses bras pendant des semaines, il avait nié en bloc en faisant passer Svan pour une menteuse, une allumeuse et une traînée. Alors, non, elle n’avait pas voulu lui adresser ne serait-ce qu’un quelconque semblant d’intérêt. Il n’avait pas changé et son air bienheureux à saluer Fanette et l’assemblée comme si de rien n’était fit exploser la vagabonde. Elle lui avait assuré ne pas l’avoir vu depuis le Poitou et comme par hasard, ce soir, il était là. Il venait pour la danoise. Deux lettres plus tard, l’invitant à le rejoindre pour discuter confirmeraient leur intuition. Une troisième lui proposant de dormir avec lui ajouterait à l'évidence : il se foutait clairement de la gueule de ... Mais de qui en fait ? De Zilo en niant qu'il avait fait en sorte que Svan et lui se reprochent ? Ou de Svan, en tentant encore de la faire venir à lui pour ensuite rejeter la faute sur elle ? Et puis, il se passa quelque chose d’assez inattendu : entre Nusha qui voulut découper Lucus, Janis qui le menaçait avec un tisonnier et Fanette en rogne, Svan éclata de rire. Elle riait comme une enfant devant le spectacle dont elle était la cause. Trônant sur le fauteuil des nobles, vu qu’elle était la marionnettiste indirecte de tout ce petit monde, elle contempla son œuvre. Sa master piece même. Car l’improbable se passa. Fanette attrapa la hache de Nusha et la leva si haut au-dessus d’elle qu’elle avait bien failli se prendre une poutre. Et voilà, notre petite vagabonde, à qui Svan avait appris un an plus tôt à taper du poing pour se faire écouter, qui allait d’un coup d’un seul, trancher en deux le normand.
Janis
Il serait sacré certainement tavernier de l’année, il ne manquait pas de classe, très charmant avec autrui, toujours le mot pour rire et la délicate attention envers quiconque dans le besoin. Le cœur sur la main, emplit de politesse, agréable et sans l’ombre d’une parole méprisante. Oui Saturnin de la Fleur de Lys du Ciel Etoilé mériterait ce titre…mais pas notre Janis Corbières. Devenu acerbe, assez froid avec quiconque refusant de donner son nom et surtout nageant dans son océan d’arrogance ne mâchant jamais ses mots. Voilà un bref résumé de ce qu’était le bel Angevin, parce que ça on ne pouvait le nier il était beau.

Par deux fois dans une taverne il s’était fait remarquer, l’impétueux avait renversé une choppe en le faisant de façon délibérée ce qui avait plus qu’agacé la propriétaire des lieux. Le lendemain il revenait à la charge en jetant du purin sur une femme qu’il ne connaissait pas. Juste parce que celle-ci l’avait dévisagé. Pour cela il fut vite piégé par une chose qu’il n’avait pas l’habitude de côtoyer…la culpabilité…Ce sentiment affreux qui vous pousse à réagir différemment. Ce piège l’avait conduit à être le nouveau tavernier « de il lup… » bon la taverne au nom imprononçable.

Des jours durant où son travail était toujours bien fait. Le propre régnait dans l’établissement. Les clients étaient servis mais pour avoir l’amabilité en plus il fallait raquer un peu, ou sortir du lot. Ce qui ne semblait pas du tout évident. Il était dur de plaire à l’Angevin et pour cause son appartenance y était pour beaucoup. Les royalistes avaient gâché la fête quand ils décidèrent d’investir les remparts Angevines.

Du passage dans la taverne il y en avait un peu. Lui n’aimait que peu croiser du monde, d’abord parce qu’en général les gens qui venaient n’avaient pas ce petit grain de folie qui lui plaisait tant. Et la plupart du temps les cons étaient de sortie. Un soir il fit déguerpir un homme avec un tisonnier, l’homme s’en était pris à Fanette, Janis qui n’était pas du genre patient s’enquilla du premier truc qu’il trouvait sur son passage et lui administra un bon coup sur la face du gus. Rien à ajouter, l’homme fut éjecté de la taverne manu militari sans qu’il puisse riposter. Le lendemain, un soit disant mercenaire vantait ses mérites de n’avoir jamais perdu à un quelconque combat. Janis n’écoutait pas sa discussion de rustre, et quand celui-ci décida de monter se coucher, l’homme eut la mauvaise idée de s’en prendre à lui. Encore une fois Janis qui n’était jamais contre un défi se plia au jeu du désaxé. Sans vraiment de surprise Janis gagna…la virilité de l’homme en pâtit…

Quant aux soirs de beuverie, Fanette parlait beaucoup sans que Janis comprenne parfois le sens de ce qu’elle pouvait raconter… Peut-être parce qu’il s’en fichait complétement ou bien qu’elle était la seule à se comprendre mais qu’importe, elle était gentille. Janis avait un peu d’estime pour elle ce qui était déjà un grand pas vers la sociabilité. Janis profitait de se retrouver avec Nusha, son amie pour qui il avait de l’affection. Ça en était même déprimant, il fallait avouer que cette affection s’était vite transformée en frémissements…et de frémissements en sentiments…

Voilà qu’il était amoureux d’une femme accompagnée. Ils étaient proches, parfois ils leur arrivaient de dormir ensemble sans pour autant s’adonner au plaisir de la chair, Janis avait promis qu’il ne tenterait rien. Il s’en passait des choses dans cette taverne…et sans le moindre doute il s’en passerait encore bien longtemps après…




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Lucus
De retour de la mine et légèrement fatigué par sa rude journée. Il n'aimait pas trop ça, la mine, lui sa passion était de travailler durement dans son champ et de voir le fruit de son labeur sortir de terre. Un peu comme par magie mais à cette époque de l'année et par les températures encore très basses, il lui était impossible de commencer la semence. Il serait bien allé visiter les villes voisines pour récupérer quelques denrées sur les marchés et venir les revendre ici mais il fait trop froid pour entreprendre un voyage seul même s'il n'est que d'une seule nuit. Il devait donc se restreindre à aller à la mine, s'il y avait de la place car oui, Limoges était une grande ville d'environ 150 habitants avec deux mines mais le duché a pris la décision de n'ouvrir qu'une seule des deux à la fois avec seulement 25 places. Il paraissait donc évident que les places valait très chère, il pouvait très bien travailler 1 heure puis devoir rester 4 heures à attendre de pouvoir retrouver une place. Il avait l'habitude maintenant, la mine, une pause et aller récupérer ses quelques écus était devenue une petite routine pour lui.

La fin de la journée commencé à montrer le bout de son nez alors il avait été récupérer les quelques écus qui lui étaient dû et n'y une n'y deux, il marcha en direction de la taverne dans l'espoir de pouvoir s'abreuver légèrement comme à son habitude. Malheureusement pour lui, il aurait surement dû s'abstenir ce soir-là.
Passant non loin de la cathédrale, il vit une légère lueur de lampe à huile dans la nuit. Il s'arrêta un instant, et décida de s'avancer n'ayant jamais vu cette battisse auparavant. Après un léger temps de réflexion, il se dirigea dans la lumière. A peine arrivé près de la fenêtre, il aperçut deux silhouettes qui lui était familière et une troisième qu'il n'avait jamais vu. C'était bien Svan, Fanette et un inconnu. Il avait bien eu vent que Svan devait arriver en ville mais il ne s’attendait pas à la voir de si tôt. Il en voulait toujours un peu à Svan d'être parti sans prévenir, comme une voleuse mais il n'était pas quelqu'un de très méchant dans le fond et se disait qu'elle avait peut-être des vrais explications à lui donner cette fois. Le problème était qu'il restait Fanette et que lors de leurs dernière rencontre, elle n'était pas supère heureuse d'être avec lui et Zilofus. Il est possible que les deux acolytes aient légèrement forcés la main à Fanette pour qu'elle serve d'appât pour voler un enfant et le redonner de droit à son père.

Malgré ces petits différents avec Fanette, il décide de pousser la porte de la taverne. Il eut juste le temps d'entendre la porte claquer, qu'on le rappela à l'ordre.


- Vous n'êtes pas le bienvenu ici Lucus, sortez !

Elle était déjà en train de crier, Fanette. Il n'avait même pas encore eu le temps de dire bonjour qu'on voulait déjà qu'il parte. Alors par pur politesse, il décida de quand même rester pour voir ce qu'on ferait de lui s'il n'obéissait pas. La punission ne manqua pas de tomber, l'inconnu au yeux de Lucus était déjà en train de le menacer avec une Hache.
Après quelques échanges très brève avec Fanette, elle attrapa la hache et voulu trancher le pauvre homme en deux. Il n'était pas fous et savait que Fanette pour parfois être un peu folle et sans gênes, il pris donc ses jambes à son coup sans broncher.
Il promettra tout de même qu'il repasserait et partit à vive allure.
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Cronos.deblois
De passage a Limoges La Montagne remarqua une nouvelle taverne en ville.
il décida d'aller voir se si de plus près.

grand buveur et fin connaisseur en breuvages.
il franchie la porte t'elle qu'un guerrier, il regarda au tour de lui et remarque une personne très familière.

de ça voie Rock et de sa carrure imposante il posa sa main sur le comptoirs et passer commande.

bonjour tavernière, une Peinte si vous plait.
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Fanette_
- Oh! Cronos !

Elle était fière la fanette, fière de pouvoir recevoir chez elle l'homme qu'elle connaissait depuis maintenant un bon bout de temps, et qui s'était montré bienveillant en chaque occasion. C'est qu'il devait la trouver un peu changée la petite vagabonde famélique à qui il vendait des vivres à un prix dérisoire, il y a presque deux ans de cela.

Qui aurait pensé alors qu'un jour, elle finirait par avoir un toit, et surtout l'envie de se fixer un peu. Mais c'était arrivé, aussi sûrement qu'elle s’apprêtait à devenir mère, et sans doute à cause de cela.

Elle détailla l'homme accoudé au comptoir, sa large carrure, protégée en toute occasion d'un gambison de toile, toujours associé à sa cotte de mailles, son visage, taillé à la serpe, la barbe broussailleuse. Si la fauvette avait changé, plus ronde, plus affirmée, encore que ... il émanait toujours de Cronos la même bienveillante assurance.
Elle déposa en souriant une chope de cervoise devant lui, et prit place non loin.
Elle ne l'avait pas vu depuis quelques temps, et quelque bavardage lui changerait les idées.
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Cronos.deblois
La Montagne lui sourit.
il se souvient de la jeune et famélique demoiselle qu'elle était avant.
la regarda de haut en bas et voie qu'il a u du changement.

Par le bon corbeau, tu a bien changer Fanette..


était vraiment ravie de la voir, lui qui est la plus par du temps sur les routes dans les quartes coin du royaume.
il pris le breuvage que Fanette lui présenta.
il pris quelque gorger, puis il regarda au tour de lui.

je voie que l'oiseau construis son nie peux a peux.
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Fanette_
Fanette baissa les yeux à sa remarque, passant tendrement la main sur son ventre. Puis embrassa la salle du regard, s'attardant un peu sur quelques détails, comme si elle redécouvrait l'endroit qu'elle avait pourtant aménagé, il y a peu de temps. Enfin, les deux noisettes vinrent de nouveau se glisser dans celle du soldat.

- Ben, c'est qu'il était temps Cronos, vous ne croyez pas ? J'ai dix-sept ans à présent, je ne suis plus une petite fille.

L'infusion, posée sur un coin de la table bien avant qu'il arrive était sans doute froide à présent. La jeune femme noua ses doigts au gobelet d'argile et le porta à ses lèvres. Le doucereux parfum de verveine emplit ses narines, éveillant un sourire à ses lèvres. Quoi de plus naturel pour une fauvette, que de vouloir un nid, confortable et sécurisant pour accueillir sa progéniture.

Elle n'était plus une enfant, et si parfois, elle se sentait tout aussi vulnérable, elle n'en avait néanmoins plus le droit à présent. Bientôt, cette petite vie plantée au creux de son ventre pousserait son premier cri, et elle se devait, à défaut d'être forte, au moins le paraître, quel que soit ce qui l'attendait au devant, que son diable soit à ses côtés ou non.

Elle releva un sourire vers lui, marqua une petite pose, en achevant le fond de tisane, avant de le questionner.

- Où donc vous conduira votre prochain voyage Cronos, car, je me doute que vous en avez un en préparation, n'est-ce pas ?

Les récits de voyage, c'était bien pour cela que Fanette avait tenu à acheter une auberge, pour profiter de les entendre, puisque, tant qu'elle n'aurait pas mis au monde l'enfant de Roman, elle était contrainte à l'immobilité.
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Fanette_
Limoges, le 23 mars 1466


Les récits de voyage ...

Avant de rencontrer Roman, Fanette avait un rêve. Elle voulait découvrir le royaume et bien au-delà, emprunter chaque route tracée par les hommes, jusqu'au moindre chemin. Elle voulait ne s'arrêter qu'une fois arrivée au confins du monde. Au sud, elle aurait pu fouler de ses pieds nus les sables brûlants du désert, ou bien, admirer au nord, le ciel de glace, quand il s'illumine de lueurs irréelles.
Mais ses aspirations n'étaient pas celles de son époux. Bien que souvent sur les routes, ses voyages avait une utilité, qu'ils soient escortes ou contrat, l'italien n'était sans doute pas un rêveur.
Et puis, à présent, son ventre l'emmenait vers un autre horizon, moins aventureux, emplit sûrement de plus de tendresse. Alors la fauvette avait renoncé, par amour pour lui, son beau diable de la Saint-Jean, et pour l'enfant qu'elle allait lui offrir.

Mais, chaque jour, quand un étranger poussait la porte de son auberge, elle souriait. Et plus encore s'il acceptait de confier ses souvenirs, ses exploits et les terres qu'il avait traversées. Alors elle écoutait, une main caressante sur son ventre. Et des mots qui la berçaient, elle laissait naître des images de ces contrées qu'elle ne verrait peut-être jamais.

Elle s'en contentait à présent. Elle se plaisait à voyager ainsi, à travers ses récits livrés dans le confort feutré de la salle commune, chez elle, chez eux. Son auberge lui permettait ainsi de concilier ses rêves et son amour, et elle se réjouissait que Roman lui ait permis cet achat.

Et pour parfaire son bonheur, l'italien était enfin revenu, deux jours plus tôt, précédé par quelques présents annonçant son retour. Elle ordonnait depuis ses boucles rebelles grâce à deux délicats bijoux d'argent, et sa main souvent, glissait sur la reliure de cuir patiné, qui protégeait un ensemble de vélins de petite taille, dont le premier s'ornait d'un coquelicot séché, sa fleur préférée, et face auquel l'italien avait tracé dans sa langue quelques mots aussi doux à lire qu'à s'entendre prononcer.

Il lupo e l'uccellino, bientôt, elle glisserait à la plume, dans les feuillets de ce carnet, les détails de ce conte qu'elle s'était promis d'écrire, pour lui, pour l'enfant à venir.
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--Kieran.


    Ma maîtresse ou la " Patronne " comme dirait Alban, à savoir Amarante, m'a demandé d'aller travailler un peu dans la taverne de la Dame Fanette Corleone comme portier/videur.
    Je l'ai regardé un peu dubitatif. Les corleones ont pourtant la réputation de faire leur travail tout seul et je ne suis pas bâti comme Hercule, loin de là.

    Amarante m'explique alors que Fanette a quelques soucis avec certains clients qui lui veulent du mal. Je hoche la tête et lui promet de faire de mon mieux. Je sais me battre, toutes ses années à m'entraîner avec Gildas, n'ont pas été vaine.

    Je me présente donc au lieu indiqué "Il lupo e l'uccellino". Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais ça n'a pas vraiment d'importance.
    J'ouvre la porte et me présente.



      - Bonjour, je suis Kieran et je suis envoyé par Dame Amarante pour être votre portier tant que vous en aurez besoin.


    Je m'incline devant la femme qui porte la vie. J'ai ma tenue aux armes de la famille Dehuit. Je porte un gambeson doublé de cuir et je porte mon épée à la taille, ainsi qu'une dague fourré dans ma botte.



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Fanette_
[Un soir plus tôt ...]

- Qu'est qu'il y a ?
- Rien !
- Deux jours que tu es agréable avec tout le monde et qu'à moi, tu n'adresses plus la parole. J'ai le droit de savoir pourquoi je crois.
- Nan !
- Pourquoi ?
- Tu sauras rien !


Si elle se moquait de l'avis de ceux qu'elle ne connaissait pas, ou qui lui importaient peu, elle avait fini par s'attacher à son tavernier, et elle ne voulait pas qu'il quitte ce soir Limoges, sans lui confier la raison de sa fâcherie. Si elle avait des torts, elle voulait bien les reconnaître et s'en excuser, mais dans l'instant, elle ne trouvait rien qu'il puisse lui reprocher. Et finalement, face au silence qu'il lui opposait, elle finit par s'agacer.

- Je te croyais plus franc que ça ! Mais en vérité, t'es minable Janis !

Aussitôt prononcées, elle avait regretté ses paroles. Le jeune homme s'était imposé comme tavernier, ne lui laissant guère d'autres choix, quand elle s'était trouvée prise au dépourvu par le départ précipité d'Esneda et qu'elle était sans nouvelles de son époux. Il avait assumé toutes les corvées de l'auberge, la déchargeant du même coup de tous les efforts que son ventre rendait difficiles. Alors, sa voix s'était faite un peu moins tranchante.

- Comprends bien, je te suis reconnaissante de tout ce que tu as fait ici, pour moi, et, si je t'ai blessé, c'est bien involontaire et je m'en excuse, mais, je crois que j'ai le droit de savoir ce que tu me reproches. Je préfère la franchise, même si ça doit faire mal, au moins les choses sont dites !

Elle n'avait obtenu qu'un haussement d'épaules qui l'avait finalement de nouveau fâchée, et il avait fallu toute la diplomatie de Nusha pour rabibocher l'Angevin et la fauvette.

Elle avait retenu qu'il se sentait bien trop souvent mis à l'écart, quand Fanette discutait avec l'un ou l'autre des convives, quand elle causait froufrous avec Jasmine. Nusha avait éclaté de rire, qualifiant son comportement de jalousie, et avait sans doute un peu plus renfrogné le jeune homme, mais Fanette avait fait amende honorable. C'était vrai, assurément, c'était vrai parce qu'elle ne savait pas toujours l'associer à leurs discussions, parce que, quand il se mettait en retrait, ne répondant que par un hochement de tête, elle jetait l'éponge et le laisser retourner à son nettoyage sans insister.
Et puis, elle était sans doute aussi bien trop guimauve pour opposer du répondant à son insolence. Il s'agaçait des papotages futiles, des contes, des récits de voyage, des robes de bal. Mais finalement, tout n'était qu'une question de point de vue, et il n'était vraiment aucune raison valable de se faire la tête.

Alors, quand Nusha partie, il s'était approché, plantant un regard assuré dans les noisettes de la jeune femme, visage parfaitement impassible, ne trahissant aucune émotion, bonne ou mauvaise, elle l'avait laissé faire. Mais à ce petit jeu, Fanette n'était pas très douée. Elle s'était d'abord efforcée de le soutenir sans ciller, puis, avait fini par se rendre, esquissant un sourire auquel il avait répondu.

- Tu as vraiment un caractère de cochon Janis !

Il y consentait peut-être, mais, pour la faire mentir sans doute, l'avait prise dans ses bras le temps d'un câlin en lui soufflant :

- Ne répète jamais ça !

Elle avait acquiescé en souriant, amusée. Le secret serait gardé, et Janis pourrait conserver auprès de tous, son image d'Angevin insolent, froid, insensible et mal aimable, qui malgré tout, distrayait la jeune femme.


[Retour au jour présent, le 25 mars 1466]


L'air encore humide de ce matin de printemps s'était engouffré dans la salle commune quand elle en avait ouvert en grand toutes les fenêtres. Le dogue, assis devant le comptoir, battait de sa longue queue au sol, la veillant d'un regard attentif tandis qu'elle relevait bancs, tabourets, et même le lourd fauteuil. Elle l'avait gentiment chassé du bout de son balai quand elle s'appliquait à nettoyer le sol, mais Huan, opiniâtre, revenait toujours s'asseoir fidèlement sur sa trajectoire. Elle en était venue à bout, le distrayant du reste de la soupe de la veille pour achever son labeur. Puis, enroulée dans un grand châle de laine, elle s'était engouffrée dans la rue, se frayant un chemin parmi l'agitation matinale, jusqu'à la fontaine du Père Peigne.

Le chien de Yohanna semblait finalement s'être fait à la compagnie de la fauvette, et, hormis quand Raquel l'emmenait promener, il s'appliquait à suivre Fanette comme une ombre. La jeune femme s'était tout autant attachée à l'animal, qui, à défaut d'être bien féroce, lui tenait une agréable compagnie quand elle se trouvait seule. Pour l'heure, il était venu laper le filet d'eau, à grand renfort d'éclaboussures, tirant un rire léger à la jeune femme qui avait dû le repousser pour remplir ses seaux. Le retour était bien plus pénible que l'allée. Les deux anses de fer étaient lourdes à ses mains, tiraient sur ses épaules, la contraignant à une marche plus lente. Elle s'arrêtait parfois, reprenant un souffle rendu court par l'enfant qui pesait à son ventre. La fauvette pestait, son dos, à chaque pas, se faisait aussi douloureux que ses épaules et ses mains, et finalement, quand elle eut enfin passé le seuil de l'auberge, elle se laissa choir sur le premier siège venu, abandonnant les deux seaux à côté d'elle.

Elle tenta vainement de se redresser quand la porte s'ouvrit, laissant apparaître dans l'embrasure, la silhouette svelte d'un jeune homme. Elle porta sur lui un regard interrogateur. Il n'était pas commun d'avoir des clients à cette heure si peu avancée de la journée. Avant qu'elle n'ait le temps de poser une question, il se présenta.
La fauvette étira un sourire. Elle avait oublié l'aimable proposition d'Amarante. Elle se redressa, tapotant un peu ses jupes, et glissant quelques mèches indociles derrière son oreille pour se donner l'air plus présentable.

- Bonjour Sieur Kieran. Vous remercierez bien Amarante pour moi. Mais venez, entrez donc. Désirez-vous boire quelque chose, ou manger une assiette de soupe ?

Elle lui servit un sourire accueillant, s'effaçant un peu pour l'engager à entrer. Huan, curieux, s'était approché, truffe au vent pour s’imprégner de l'odeur du nouveau venu. Elle se glissa derrière l'étal de bois pour emplir un gobelet de terre cuite d'un vin agrémenté d'épices, et le posa devant lui.

- C'est que, pour tout vous dire Sieur Kieran, je crois que c'est inutile à présent. Mon époux est revenu, et il ne laissera personne m'importuner.

Elle hésita un instant, le regardant tremper ses lèvres dans sa boisson, et prenant son courage à deux mains, se décida à le mettre à contribution, même s'il n'était pas venu pour cela.

- Sieur Kieran, s'il vous plaît. Auriez-vous la gentillesse de m'approcher ces deux seaux et d'en vider un dans la marmite suspendue sur le feu ?

D'un geste du menton, elle lui indiqua, s'il était besoin, l'eau qu'elle avait laissée à l'entrée. C'était peut-être un peu cavalier, mais, elle n'avait guère d'autres solutions pour le moment. Elle ne tiendrait pas bien longtemps si elle devait assurer les corvées les plus pénibles, celle qui nécessitait de porter du poids. Pendant qu'il s'exécutait, Fanette récupéra sur une table le parchemin sur lequel elle avait rédigé une annonce. Roman lui avait laissé une bourse conséquente, afin de proposer quelques pièces en plus du repas et du gîte. Elle espérait que ce serait suffisant pour trouver rapidement quelqu'un.




URGENT : RECHERCHE TAVERNIER ou TAVERNIERE

Nourri et logé,
Pécule de cinq écus par jour.

Demandez Fanette
.

_________________
--Eleonore.de.naueriels.
Et un beau jour, un pigeon qui avait parcouru mille lieux à la recherche d'une rousse se posa enfin sur la fenêtre de l'auberge tant recherché:



Ma chère Fanette,

Les jours passent si vite depuis que j'ai Blanche! Entre la nourrir, la changer, la faire dormir, dormir pour moi aussi, suivre l'armée, ça n'arrête plus! Mais je savoure chaque instant que je passe avec elle et Benjamin.
Oh Fanette! Comme j'ai hâte que ce bonheur t'arrive!
Oui, on est reparti aussitôt... C'est ainsi. Mais je vais bien et Blanche aussi. C'est tout ce qui compte.
Il y a quelques jours, ce fut un peu difficile. Blanche pleurait tout le temps! Et je ne savais pas pourquoi! C'était horrible. Mais semble t-il qu'avec l'arrivée en abondance du lait, ça peut perturber l'enfant et son estomac. Elle commence à aller mieux et à redevenir sage... mais ce n'est pas encore tout à fait ça quand même. Au tout début, elle faisait de bonnes nuits me laissant ainsi la possibilité de dormir. Là, elle me réveille très souvent. Je commence à avoir beaucoup de mal à me reposer... Mais bon, Ben m'aide de son mieux et je suis heureuse de l'avoir.

Les yeux de ma princesse sont splendides... Tu devrais réécrire une histoire en décrivant les siens plutôt que ceux du Normand. C'est du passé et Blanche est le présent.
Son sourire... il est rare mais si mignon! et ses joues..... une pêche au soleil. Oh Fanette, je voudrais te la présenter!! Et au retour, on viendra. Elle aura grandi mais elle sera toujours aussi belle. J'en suis sûre.

On descend dans le Sud contre Namay. Tu as dû lire la Gazette n'est-ce pas?

Gourvan m'a dit que ton auberge était sympathique et chaleureuse! Je comptais bien y loger! Et il te faudra nous réserver une très bonne chambre!

Oui le dernier mois a été terrible. J'étais énorme! et j'avais mal partout. Je ne bougeais plus d'un pouce et j'étais heureux d'avoir les deux soeurs de Benjamin à la maison. Elles ont été très efficaces. Tu vois ton ventre prendre la forme de ses pieds ou même de sa tête? C'est tout à fait normal. Bébé a plus de place et donc quand il bouge, ça te déforme. Ne t'inquiète pas, tout va bien.
J'ai commencé à avoir des contractions très douloureuses 3 semaines avant l'accouchement. Et c'était normal donc ne t'inquiète pas si ça t'arrive. TU vas en pleurer mais c'est normal.

Je suis sûre que Ben aurait voulu te faire un berceau. On te l'aurait apporté en venant te rendre visite. Mais ça tombe à l'eau.... Je suis si déçue!

Je comprends ton oncle.... Roman te laisse bien trop longtemps sans nouvelle... il ne peut pas faire ça... Vous êtes mariés et il doit être là pour toi malgré son travail! C'est l'engagement qu'il a pris le jour du mariage... Tu dois lui dire! surtout à si peu de temps de ton accouchement.

Quand aux sentiments qui habitent ton coeur, tu dois aussi les chasser... Pour ton bébé... pour toi, pour que ton accouchement soit plus serein. Je comprends que ce doit être très difficile et je te soutiens autant que je le peux par la pensée, car malheureusement je ne peux faire plus...
Je voudrais pouvoir être là à la nouvelle cérémonie de ton baptême. J'ai raté ton mariage déjà et j'en suis tellement déçue. C'est un moment tellement important... Et avoir quelqu'un à ton baptême qui croit réellement au Très Haut t'aiderait à y aller plus sereinement.
Cependant, il ne t'arrivera rien du tout!!!!! Tu vas rester en vie!!! et te battre pour ton bébé et pour moi parce que je ne peux pas me passer de toi! C'est bien compris hein???

Courage! prends soin de toi! repose toi et donne moi des nouvelles!
Je t'embrasse.
Léo, Ben et Blanche.
Victoire.
[Chez Fanette Thénardier]

La journée avait été épique ! Épiquement drôle. Svan ne se souvenait pas avoir tant ri un jour. La taverne de Fanette lui permettait d’avoir bientôt son diplôme de tavernière après ce stage NON rémunéré et la danoise mettait tout en œuvre pour que sa maîtresse de stage soit ravie de ses prestations. Elle développait un style bien à elle en prenant soin de chaque client. Hier, elle avait réussi plus ou moins à en contenter trois. Gourvan avec son sourire angélique, Grégory avec ses pieds nus qui tapaient rapidement quand elle servait et Piou avec une coupe personnalisée ! Faut dire qu’elle était aussi bonne coiffeuse que serveuse et que le pauvre avait réussi l’exploit de repartir avec une coupe encore pire que celle qu’il avait en arrivant.

Heureusement qu’il y avait une bonne ambiance et que tout le monde riait car cette taverne est dirigée par un couple machiavélique. Les Thénardier à côté sont des enfants de chœur. Et Cosette à côté de Svan, c’est la vie au pays des bisounours. Il ne faut pas se laisser tromper par le joli petit minois de la propriétaire. Elle est terrible ! Elle ne le dira jamais et dit que Svan ment mais la danoise en est certaine, la soupe de Fanette est une soupe aux cailloux. Elle goûte rien sa soupe ! Enfin elle goûte les … légumes quoi. Même pas un petit bout de lard pour relever le tout ! Et puis, elle ne paie pas Svan ! Soupe de légumes et cheminée éteinte dans sa chambre -et encore quand elle ne dort pas dans la cave-, voilà tout ce qu’elle avait. Bon, si elle racontait ça à qui voulait l’entendre en prenant un air si malheureux, c’était pour embêter Fanette. Et ça marchait ! Et bien sûr, plus Fanette râlait, plus Svan continuait ! Mais c’était sans compter le vil mari de la vilaine propriétaire … Qui lui frappait carrément la pauvre danoise exploitée pour qu’elle aille plus vite ou pour qu’elle se pousse. Harcèlement moral ? Sexuel ? Mis au placard, enfin ... à la cave ? Une investigation est en cours et on ne veut pas dévoiler les secrets de l’enquête mais il se pourrait bien qu’il y ait aussi un trafic louche de bouteilles de vin. Entre autre chose ...

Hé oui car la danoise, en plus de :

- servir les chopes
- débarrasser et nettoyer les tables
- balayer et laver les sols
- faire les poussières
- ramener l’eau pour faire la vaisselle et la soupe (la soupe est peut-être faite à l’eau de vaisselle … attention !)
- remplir les pichets
- sourire aux clients
- détendre le dos de la proprio avec des massages douteux en l’écoutant parler des mille amants qu’elle a eus dans sa vie

Elle devait aussi faire les comptes. Enfin non, ça elle le faisait de bon cœur parce qu’elle aime ça jouer avec les chiffres. Si la Fanou est douée pour écrire des histoires, pour calculer c’est une autre paire de manches. A croire qu’elle ne connaît pas le principe de la retenue ! Et les multiplications sont plus qu’aléatoires … Donc Svan en pleine nuit avait tout repris. Depuis l’ouverture de la taverne. Et le résultat est troublant oui … Beaucoup trop d’argent transitait dans les caisses.

Alors ?

Blanchiment d’argent ?
Esclavagisme ?
Contrebande de vin italien ?
Revente illégale de soupe coupée à l’eau de vaisselle ?
Trafic de chanvre ?
Prostitution ?
Combats de bébés ?

Voici un mystère bien mystérieux en tout cas.
C’est la cour des Miracles à Limoges, cette taverne !

_________________
☙ Victoire ❧
Fanette_
Limoges, le 30 mars 1466

Fanette méritait sans doute plus encore le vilain surnom que lui donnait affectueusement sa tavernière. Tavernière qui, pour la peine s'était retrouvée à devoir tout faire, et même plus encore puisque la fauvette, épuisée d'on ne sait quoi, et prise de vertige depuis le matin du jour précédent, n'avait pas quitté son lit deux jours durant. La veille, la Danoise s'était régulièrement assise à son chevet, la relevant dans ses coussins pour lui poser en riant la petite Astrid dans les bras. L'enfançonne babillait joyeusement, tirant toujours un pâle sourire à la jeune femme, qui se rendormait aussitôt le départ de la brune. Elle avait senti bien souvent les lèvres de son diable s'attarder à son front, et s'était appliquée à avaler ce qu'il portait à sa bouche.

Ce soir, elle se sentait à peine mieux, mais son dos trop douloureux avait besoin de s'arracher au matelas d'étoupe. Alors, elle avait rejeté les couvertures à ses pieds, puis, lentement, avait basculé ses jambes hors du lit. A gestes lents, elle avait pris soin de se rendre un peu plus présentable, ordonnant un peu ses boucles avec le joli peigne que lui avait offert son époux, puis, enroulée dans un épais châle de laine, elle avait rejoint la salle commune, d'un pas prudent.

- Roman ?... Svan ?

Ni l'un, ni l'autre ne semblait être présent à cette heure, alors, elle s'était glissée derrière le comptoir, approchant une chaise pour s'y laisser choir. Son regard heurta la caisse, abandonnée sous l'étal de bois, et les parchemins où elle notait ses comptes s'éparpillaient autour. Alors, relevant les yeux pour balayer la pièce, elle découvrit avec surprise les tables souillées de quelques cervoises renversées, et la vaisselle sale encore empilée dans le seau. Au vu du désordre, il semblait évident que plus personne ne s'était occupé de l'endroit depuis qu'elle était souffrante. Elle ne parvenait à en comprendre la raison.

Svan, comme Janis avant elle, s'était proclamée tavernière, jamais elle n'aurait ainsi délaissé sa fonction sans rien lui dire, jamais elle ne serait partie sans la prévenir. Dans un effort, elle se releva en tenant son ventre, pour aller se poster en bas des escaliers.

- Svan ? SVAAAAN ?

Elle n'obtint de l'étage nulle réponse, aucun bruit. Alors, la main fermement accrochée à la rambarde, elle avait gravi les quelques marches pour vérifier la chambre. Le couffin d'osier d'Astrid n'était plus là, mais toutes les affaires de la Danoise étaient amoncelées sur le coffre au pied du lit. Fanette se figea un instant, l'inquiétude sourdant au coin de ses pensées. Rien de cela ne ressemblait à la brune volubile et extravertie qui avait amené aux soirs précédents tant d'animation dans la salle commune. Alors, ne sachant trop que faire, et surtout, n'étant guère en état de faire quoi que ce soit, elle se résigna à retourner s'asseoir. Le soir tombait, et la nuit ne tarderait pas à ramener son époux, et les premiers convives, désireux de se détendre un peu après une dure journée de labeur. Elle sortit de son écritoire, plume, petit flacon d'encre et un vélin qu'elle confierait ensuite à un gamin contre une ou deux pièces pour le remettre à qui de droit.





De Fanette di Medici Corleone
à vous, Messire Prévôt.

Je voudrais signaler un fait qui m'inquiète un peu. Ma tavernière est partie précipitamment, au vu de l'état dans lequel j'ai retrouvé la salle commune de mon auberge, sise au 2, rues des godets, dans le quartier de l'Abbessaille, à Limoges. Cela ne lui ressemble guère, elle qui d'ordinaire, se montre très appliquée dans son travail.
Sauriez-vous mener une enquête et me dire si j'ai des raisons de me tourmenter.
Vous remerciant par avance, je me tiens à votre disposition si vous vouliez d'autres renseignements.

Bien à vous
Fanette

_________________
--Svanja
On devrait toujours se méfier du calme. Les journées calmes … les gens calmes … ça cache toujours quelque chose. Et cette journée avait été bien trop calme pour Svan par rapport aux précédentes. Fanette, patraque, n’était pas venue aux bains publics. La danoise avait donc fait des allers-retours entre la chambre de Fanette et la salle commune pour s’occuper des comptes, voir les rares clients en journée et s’occuper d’elle. Pour tenter de lui remonter le moral, elle lui avait même laissé sa fille un peu, le temps qu’elles discutent ensemble. La fauvette devait certainement lui raconter un de ses fameux contes et ça laissait le temps à Svan de faire ce qu’elle avait à faire.

Son occupation du jour était de fabriquer une petite toque en poils de renard pour sa fille. Les beaux jours arrivent et l’enfant n’aura bientôt plus besoin d’avoir la tête couverte. Elle avait donc seulement quelques semaines pour trouver un moyen d’embêter le père de cette enfant si elles devaient le croiser dans les rues de Limoges. Au loin, il reconnaîtrait son ex-femme et il se dirait en toute logique que l’enfant qu’elle tient dans ses bras était leur fille. Mais de loin, la petite toque de renard pourrait lui faire croire qu’elle a les cheveux roux ! Bim bam boum, arrêt cardiaque, au revoir monsieur ! Svan avait tourné la page de leur mariage raté mais si elle pouvait l’emmerder un petit peu, ça la faisait rire. Elle avait donc passé sa journée à coudre la petite toque. Les poils roux de l’animal étaient magnifiques et elle irait parfaitement à sa fille. Vu le peu de monde qui était passé en journée, elle avait délaissé quelques chopes et assiettes et ferait le ménage ce soir avant d’aller se coucher.

Une fois fait, elle commença à s’ennuyer. Autant hier, ça avait été la folie, elle ne s’était pas arrêtée une minute … autant là … Alors elle écrivit à Lucus. Fanette le détestant, elle avait profité qu’elle soit en train de décéder dans son lit pour l’inviter à boire un coup avec elle. Elle lui avait promis sourires et bières à volonté. Il était donc venu. Tartine couchée, ils avaient discuté ensemble et allez savoir pourquoi il lui proposa de l’épouser. Mince, Svan est déjà promise à un autre et Lucus c’est un peu le truc impossible … Meilleur ami de l’ex-mari, c’est chaud. Même si elle ne lui avait jamais tu ses sentiments (ni même à Fanette qui roulait des yeux à chaque fois qu’elle tentait de le défendre), là, elle ne pouvait pas lui dire oui ! Un homme l’avait enlevée quelques semaines auparavant la trouvant tout à fait à son goût pour l’épouser. Alors le normand se pencha à son oreille pour lui murmurer qu’il allait l’enlever à son tour. Bah ouais en décembre, elle lui avait dit que s’il lui avait pris la main pour l’emmener loin de tout, elle l’aurait suivi. Il ne l’avait pas oublié et ce soir, il ne s’en priverait pas.

Le ravisseur un entra dans la taverne et Svan lui présenta Lucus. Son histoire d’amour improbable. Fou de jalousie, le ravisseur un toisa le futur ravisseur qui partit l’air de rien arranger un truc ou deux. Le poitevin (le ravisseur un donc !) demanda à la danoise de s’expliquer. Elle ne tut pas non plus les sentiments qu’elle éprouvait pour Lucus et il finit par claquer la porte. Quelle susceptibilité ! Le normand (futur ravisseur donc) revint pour lui dire au revoir parce qu’il partait. Ô rage, ô désespoir, déjà ? Bah oui. Mince. Mais pas seul ! Quoi ? Et alors que Piou (le ravisseur trois, non je déconne ! Piou, c’est le mec qui est reparti avec une coupe encore pire que celle qu’il avait en arrivant, la veille, vous vous souvenez ?) est arrivé au moment où Lucus enlevait Svan.


Piou ! Aide-moi ! Je me fais enlever !
Tu te fais enlever quoi ?


Non mais sérieux ? Comment voulez-vous que tout se passe bien quand la danoise est entourée de phénomènes pareils !? Lucus se présente quand même, bon prince, offre une chope à Piou et balance Svan sans ménagement hors de la taverne pour l’amener à sa charrette. Elle se frotta le bras parce que bon pour un faux enlèvement, il y avait été un peu fort quand même !

Écoute, je sais pas si tu es contente d'être avec moi ou pas mais c'est comme ça. On prend la route dans quinze minutes environ, si tu veux acheter quelques dernières choses sur le marché c'est maintenant ou jamais. Pense à prévoir deux jours de bouffe.
Et pour finir pour dormir, ça sera sur la route quand je serais fatigué.
Et voilà si tu as besoin de quelque chose tu me préviens, je ne suis pas un monstre ... Même si je t'enlève.


Il se mit alors à rire doucement. Et Svan avec.
Parce qu’elle ne croyait pas une seule seconde qu’il le ferait.

Et pourtant ...
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